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vendredi, 24 août 2007

La voix de son maître



« Sarkozy prend l’affaire en main et décide d’entendre Gbagbo » annonce le journal ivoirien d’opposition Le Nouveau Réveil — vendredi 24 août 2007 — http://news.abidjan.net/h/262323.html — à propos de l’affaire Kieffer !

Imaginons qu’un journal français ait titré pour une affaire similaire, ou pour une affaire pire — celle du Rainbow Warrior par exemple, ou le gouvernement français était effectivement coupable d’un attentat qui avait coûté la vie à un journaliste — ; imaginons qu’un journal français ait annoncé en titre d’article : « le président néo-zélandais
David Lange décide d’entendre Mitterrand » !

Il suffit d’imaginer la stupeur des lecteurs français pour avoir une idée de l’étrangeté du titre du Nouveau Réveil !… Sarkozy habilité à « entendre » Gabgbo : le ton paternaliste du discours de Dakar serait donc légitime ?!…





vendredi, 06 juillet 2007

Darfour — «pédagogie médiatique», ou : comment être sûr de ne rien comprendre…



Lu sur Afrikara, un article utile : il permet de démêler quelques nœuds médiatiques habituels concernant le conflit du Darfour. Je relèverai cinq précautions de cet article, que j’ai marquées (*), précautions indispensables pour sortir un peu du flou sémantique et de l'embrouillamini de la
«pédagogie médiatique» qui prévaut habituellement concernant le Darfour.



L’article d’Afrikara
— 03/10/2006
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1416&PHPSESSID=8bdb22622f01bb890ec793b825a2209a:


« Darfour, génocide en direct : Périssent les Faibles, surtout s’ils sont Africains !

Le conflit qui a éclaté au Darfour en mai 2003 a déjà eu les pires qualificatifs possibles, de génocide pour Colin Powell, à crime contre l’humanité pour le président français Jaques Chirac, il n’a pas arrêté depuis quelques années de susciter émotions, promesses généreuses, cris d’alarme. En septembre 2006, plus de 30 000 personnes manifestaient à New York contre cette tragédie humaine, ses plus de 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés, ses milliers de femmes violées, familles torturées, razziées, villages brûlés, exécutions de masses. Dany Glover ou Georges Clooney, personnalités réputée du cinéma mondiales, n’ayant pas hésité à s’afficher pour la cause du Darfour.

Une horreur indicible qui fait pourtant son chemin malgré vents et marées. Peut-être que si il y avait quelque part une véritable volonté d’arrêter ces déplacements de populations et massacres consécutifs aux combats entre milices dites «arabes» (*) Djandjawids, soutenues par le gouvernement et «ethnies» dites «africaines» (*), cela se serait su.

Ce conflit est très emblématique des intérêts des puissants et de la situation des faibles dans la géopolitique mondiale d’aujourd’hui. L’ONU -est-ce une surprise ?- est paralysée par l’implication de deux membres du Conseil de sécurité aux côtés des autorités soudanaises : la Russie fournisseur d’armes d’une répression sans nom d’un gouvernement sur une de ses populations -de l’Ouest- et la chine qui exploite le pétrole du pays.


A cette neutralisation de l’ONU, finalement bien faiblement utile à la paix dans le monde, lorsque de surcroît ses « grands pays » ne sont pas d’accord…, précède la vieille tradition de razzias esclavagistes menées par les populations arabes sur les Noirs (*), dans un climat politique dominé par une dictature militaire islamique.


Un conflit complexe donc. Politique, les Africains -non musulmans ou pas assez (*)- ayant toujours été muselés et sujets de brimades et servitudes, s’étant mis en rébellion contre le régime islamique au pouvoir ; économique avec des oppositions pour le partage de la terre entre paysans sédentaires et nomades; et religieux-culturel -«animistes» contre musulmans (*).

Au milieu de cette catastrophe humanitaire où les conditions d’existence des déplacés s’aggravent de jour en jour, en 2004, mai 2004 selon le journal allemand Zeit, la Syrie avait profité du cheptel humain africain, pour tester sur les populations africaines du Darfour, des armes biologiques. En accord de «coopération» avec le gouvernement soudanais ! Une information passée inaperçues en son temps.


Les tribulations de l’Union africaine, de l’UE et toutes les interpellations, appels et mobilisations ne parviennent aucunement à infléchir la violence du régime central du Soudan. Il faut reconnaître que le Darfour représente un bon «produit» dans l’imagerie occidentale inconsciente du monde. Des Noirs jamais moins indignes dans les images internationales retrouvent toute leur place dans les médias occidentaux. Une place utile à montrer un négatif, utile à démontrer indirectement les zones «civilisées» où il vaudrait mieux avoir le privilège de vivre, tout en se rendant sensible aux clichés dégradants et avilissants de peuples entiers pourtant visibles sur d’autres aspects.


Prenant la place jouée naguère par l’Ethiopie et les famines, le Darfour rassure aussi ceux qui n’imaginent l’Afrique que malade, en guerre, mourante, à aider, modalité subtile de contrôle des Etats modernes et riches, tout en inculquant aux Africains la haine de soi, l’indifférence aux autres, aux valeurs, à soi.


Le Darfour rempli ainsi une mission de reproduction des imaginaires de la modernité, de la civilisation et des barbaries, avec l’aide de tous ! »


Les cinq précautions commentées :

— 1) «milices dites "arabes"»
: «dites "arabes"» (avec les guillemets), précision indispensable ;

— 2) «"ethnies" dites "africaines"» : de même que les guillemets à «arabes», les guillemets à «ethnies» et à «africaines» sont fort utiles dans la mesure où tous, localement, sont «africains», et où il n’est pas indispensable de recourir à la notion d’«ethnie» ;

— 3) «les Africains - non musulmans ou pas assez -» : la précision «pas assez» musulmans, corrigeant «non musulmans» donne cette indication fort précieuse : le véritable problème local n’est pas «ethnique», mais relève de l’intégrisme du pouvoir (pouvoir soutenu en son temps, au-delà de la Chine et de la Russie, aussi par la France et les USA ! — ceci expliquant largement cela). Le régime intégriste a ainsi tout loisir de ne pas tolérer, et les chrétiens, et les musulmans… «pas assez» musulmans (que nos médias appellent les «Noirs» pour les distinguer des «Arabes», lesquels «Arabes» sont éventuellement aussi africains, voire «noirs» que les autres ! — mais lesdits «Arabes» sont adeptes d’un islam — arabe — qu’ils considèrent plus pur…

— 4) «"animistes" contre musulmans» : on comprend à la lecture de ce qui précède que les guillemets à «animistes» sont indispensables.


À cela s’ajoute

— 5) «la vieille tradition de razzias esclavagistes menées par les populations arabes sur les Noirs», «tradition»-prétexte sur laquelle s’appuient les intégristes au pouvoir — cette «vieille tradition» servait en effet d’alibi pour des razzias s’autorisant d’une… mission civilisatrice — «les bienfaits de la colonisation» — (musulmane en l’espèce) : réduire des populations en esclavage pour leur bien !

Où les puissances onusiennes, au-delà de leurs intérêts, manifestent un certain… embarras ; tandis que nos médias, sous prétexte de simplifier les choses pour le public (mais ont-ils bien saisi eux-mêmes), ethnicisent un problème autre, et du coup, embrouillent tout.

Pendant ce temps, les musulmans «pas assez» intégristes, non seulement subissent violences et massacres, mais servent en outre d’alibi à la bonne conscience du citoyen euro-américain lambda, qui peut s’en prendre aux «Arabes», finalement bien pires qu’on l’est chez nous : c’est ainsi que nos pouvoirs, se joignant à ce concert larmoyant mais inoffensif — d’un citoyen télévisuel qui ne comprend rien (et pour cause) —, peuvent continuer à s’indigner vertueusement contre les Chinois, les Russes… et accessoirement les Africains, décidément incurables !…

mardi, 29 mai 2007

Guerres, médias et autocritique



« Les médias américains peinent à faire leur autocritique »
titre Libération
pour un article annonçant en sous-titre :
« Un documentaire pointe leurs erreurs dans le traitement du conflit irakien. »
Article signé par DéVRY Thomas, correspondance de New York — daté du mardi 29 mai 2007 —
http://www.liberation.fr/actualite/monde/256710.FR.php


L’article annonce remarquablement la couleur dès sa première phrase. Je cite :

« Comme le chante Elton John, «Sorry seems to be the hardest word» («S'excuser est la chose la plus difficile»). Quatre ans après l'invasion de l'Irak […]la presse américaine semble toujours réticente à admettre son rôle de «facilitateur» dans la catastrophe irakienne. »

Voilà qui s’annonce intéressant pour qui suit la façon de faire de la presse française concernant la crise ivoirienne depuis 4 ans. Un article, écrit pour un journal français — et quel journal français, en regard de la crise franco-ivoirienne !

On peut aisément reprendre mot pour mot cette première phrase à deux détails près :

« Comme le chante Elton John, «Sorry seems to be the hardest word» («S'excuser est la chose la plus difficile»). Quatre ans après l’interposition en Côte d’Ivoire […]la presse française semble toujours réticente à admettre son rôle de «facilitateur» dans la catastrophe ivoirienne. »

(Heureusement, et malgré l’ « interposition » française, la crise en Côte d’Ivoire s’est trouvée depuis quelques mois une issue qui permet la paix jusqu’à présent — avec le dialogue direct.)

Reprenons la lecture de l’article de Libération, pour constater que la presse américaine, elle, se remet tout de même quelque peu en question — cela apparaît tout au long de l’article, sans compter le film qui est à la base de l’article — ce à quoi on pourrait ajouter le scandale d’Abou Graïb rapporté par la presse américaine —, quand la presse française se gardait bien de parler d’Abidjan nov. 2004, et d’enquêter sur le présumé « bombardement » de Bouaké.

Et pourtant le film amateur montrant les tirs sur la foule devant l’hôtel Ivoire qui circulait sur Internet, et où l’on voit Jean-Louis Coulibaly se faire décapiter par une balle de gros calibre, était connu : un extrait (non-significatif) en était montré par nos journaux télévisés. Il a fallu trois semaines et le reportage de Canal + diffusant en outre le bombardement du pont de Gaulle pour que les Français voient enfin ! — l’équivalent de « l'exception d'une poignée de reporters » américains (Canal + et les questions de Daniel Scheidemann à « Arrêt sur image » et dans « Rebonds » — bon alibi pour Libé !).

Et pourtant, rien en France d’équivalent à la remise en question américaine ; non plus qu’à cet autre documentaire « du vétéran Bill Moyers » signalé par l’article Libé, diffusé « début mai » (2007 ?) par la TV publique américaine : « recensant les principales charges (absence de questionnements des motifs de la Maison Blanche, crédulité des reporters, relégation des articles sceptiques en fin de journal...), ce journaliste respecté a recueilli les confidences penaudes d'un certain nombre d'acteurs de l'époque. L'ancien présentateur de CBS, Dan Rather, admet : «Nous n'avons pas assez creusé. Je ne crois pas que l'on puisse excuser ma performance et celle de la presse en général dans les préparatifs de la guerre.» 

Amende honorable qui n’est pas sans dignité, et dont on attendrait l’équivalent de la part des médias français, Libé en tête, concernant la Côte d’Ivoire. Mais rien de cela en France, quand en outre, contrairement à la guerre d’Irak, il ne s’agit pas d’une dictature, mais de dégommer un président démocratiquement élu — au prix des pires calomnies relayées par les médias français.

Poursuivons notre lecture : « 
L'ex-PDG de CNN, Walter Isaacson, pour expliquer le bilan médiocre de la chaîne qu'il dirigeait, lâche : "Il y avait une police du patriotisme dans la foulée du 11 septembre, et quand nous montrions des images de victimes civiles par exemple, nous recevions des coups de téléphone des annonceurs et du gouvernement qui nous taxaient d'antiaméricanisme..." 

Voilà qui nous replace en terrain connu en France, où les doigts ont aussi connu la couture du pantalon — certes des médias, mais aussi des opposants politiques, comme au PS —, mais personne pour reconnaître là l’équivalent d’« une police du patriotisme ».

Et pourtant en France aussi, nouvelle équivalence, comme pour leurs confrères américains, « si, à l'exception d'une poignée de reporters, la plupart des journalistes [français] se sont fait rouler dans la farine par l'administration [Chirac], ce sont les éditorialistes et chroniqueurs qui en ont été la vraie chambre d'écho. »

Il n’est pas jusqu’à ce « jeune "faucon de gauche" Peter Beinart [— à présent,] sa prestation fait peine à voir [… — qui] admet qu'il n'a jamais mis les pieds en Irak, qu'il n'est pas spécialiste du Proche-Orient, mais qu'il "a beaucoup lu sur la question" et que cela le rendait parfaitement apte à disserter doctement sur le conflit qu'il appelait de ses vœux... » — il n’est pas jusqu’à ce « jeune "faucon de gauche" » qui n’ait son équivalent : les nombreux ennemis plumitifs français de la démocratie ivoirienne — les fameux « spécialistes de la Côte d’Ivoire » — l’attaquant tout au long des coups de boutoirs diplomatico-militaires françafricains pour la renverser.

Mais en France, pas d’amende honorable. Ici, on pratique le « révisionnisme évolutif » ! Aussi, en France on ne saura pas si — comme « le Time, par exemple, [qui] n'a pas hésité à recruter comme chroniqueurs grassement payés » — certains de nos propriétaires de journaux et accessoirement marchands d’armes ou tout aussi accessoirement propriétaires de l’essentiel de l’économie de la Côte d’Ivoire, se sont payé de même le luxueux service de chroniqueurs, ni de quelle éventuelle façon.

En revanche, on trouvera moult critiques, dans ces mêmes journaux français, de la presse américaine qui a, elle, la décence de faire amende honorable.

Ne reste qu’à espérer que la leçon finale de l’article de Libé puisse valoir aussi en France : « pour la prochaine guerre, ses conseils seront utiles. »




 

samedi, 28 avril 2007

La rancune de RSF



 

Décidément RSF (Reporters au Service de la Françafrique) ne supporte pas la défaite de la coalition françafricaine en Côte d’Ivoire — et le fait savoir aujourd’hui via France 3, à l’appui du journaliste ivoirien Venance Konan, dont tout laisse à penser qu'il s'est laissé instrumentaliser par un reportage hostile à son pays.

Un reportage où, sans craindre la contradiction, quand Konan vient d’expliquer malgré lui que la presse ivoirienne est on ne peut plus plurielle, les journaux étant marqués par les opinions diverses qui traversent le pays et ses partis et courants, le reportage en conclut qu’il n’y a donc pas de liberté de la presse (sic !) !

Quant à Konan, il aurait été limogé de Frat-Mat pour y avoir émis des critiques contre Gbagbo à propos de l’affaire Trafigura (re-sic !) ! Alors puisque Konan ne peut pas s’exprimer dans la presse en Côte d’Ivoire (il s'y sentirait menacé), il va publier un livre (pour cela, pas de menace). Même son éditeur est gêné de devenir l’alibi d’un tel discours (il publie aussi Gbagbo).

Et revoilà Jean Hélène (tué à l’occasion d’un déplorable accrochage avec un policier, instrumentalisé en France de la façon que l’on sait). Et revoilà Kieffer et la filière cacao, dont le reportage omet évidemment de nous rappeler que l’enquête bloque à Paris — à propos des filières cacao, on oublie aussi volontiers
certains faits, gênants pour la Françafrique.

Retour sur le plateau télé : le représentant de RSF explique alors (CQFD) que la presse est plus libre en France qu’en Côte d’Ivoire (comparée à la Russie) (re-re-sic !) !

Apparemment, il n'a pas entendu parler — pour ne donner qu'un des nombreux exemples — de la démission du rédacteur de Paris-Match sur pression... amicale de Sarkozy auprès de son patron. Il avait eu le tort de laisser paraître dans son journal certaines informations mettant en question la merveilleuse entente conjugale, médiatisée auparavant avec soin, du couple Sarkozy...

Selon le reportage en question, le tort de la presse ivoirienne (c'est cela son absence de liberté !) c'est d'être trop plurielle (que l'auditeur avisé démêle le paradoxe). La preuve de la liberté de la presse française (point parfaite, concède le porte parole de RSF), c'est qu'elle parle d'une seule voix — étrangement accordée à celle de son unique groupe de copains propriétaires.

Bravo RSF ! Reporters au Service de la Françafrique, à n'en pas douter, est en train de gagner en crédibilité...

 



 

mercredi, 15 novembre 2006

Constitution vs 1721 ?



Quelle est cette étrange diversion qui se met en place ?

Alors que l’Onu a rejeté la proposition de la «communauté internationale» élyséenne de biffer la Constitution ivoirienne, la stratégie de la communication élyséo-politico-rebelle a été dès le départ de tenter de faire passer le contraire — en nous vendant par exemple, contre les faits, que Banny aurait obtenu les pleins pouvoirs !

Les observateurs internationaux ont beau constater qu’il n’en est rien, on enfonce le clou. La stratégie élyséo-politico-rebelle n’est manifestement pas abandonnée. La phase actuelle consiste à tenter d’opposer la Constitution et la résolution 1721 : Gbagbo ayant constaté qu’il restait du projet élyséen initial des scories inapplicables parce qu’en contradiction avec l’essence de la 1721 — et qui donc ne seront pas appliquées ; voilà que la com élyséo-politico-rebelle s’engouffre dans la brèche de ces scories pour tenter de mettre en opposition la 1721 et la Constitution, Banny défendant la première, Gbagbo «s’arc-boutant» sur la seconde. Ainsi l’invraisemblable titre de l’organe de Ouattara, «Le Patriote» de ce lundi 13 nov. : «avec ou sans Gbagbo, la 1721 sera appliquée» (sic !) !

Mais que l’on sache, c’est Gbagbo qui actuellement est le garant de la 1721, dont la colonne centrale est le refus d’une mise de facto de la Côte d’Ivoire sous tutelle élyséenne. C’est pourquoi le cœur de la 1721 est précisément le maintien de la Constitution comme garante de la souveraineté nationale sans laquelle le processus de paix volerait en éclat !

Situation lourde de menaces pour la stabilité de toute la sous-région, ce que précisément l’Onu a rejeté.



mardi, 07 novembre 2006

CQFD : Voilà qui est clair !



Lecture faite dans
24 Heures, journal de l’alliance rebelle de l’opposition françafricaine en Côte d'Ivoire, de l’interview de Sarkozy à Jeune Afrique — édifiant — :

Titre :

«Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, ministre français de l’Intérieur: "Alassane Ouattara fait honneur à l’élite africaine"»

24 Heures — mardi 7 novembre 2006 — http://news.abidjan.net/h/221431.html :

«
Le président de l’UMP, le parti au pouvoir en France, et ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, est un homme politique qui ne sait pas manier la langue de bois(*). Il vient de le prouver encore une fois, dans une interview parue dans la dernière livraison de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Sur l’immigration, la Françafrique, le Maghreb, l’Irak, mais aussi et surtout la Côte d’Ivoire. Il parle de Gbagbo, de Ouattara et de la nouvelle transition.

Nicolas Sarkozy connaît Alassane Ouattara et cela ne date pas d’aujourd’hui(**).
Interrogé par nos confrères de Jeune Afrique, François Soudan et Marwane Ben Yahmed, sur ses amitiés avec le président du Rassemblement des Républicains, RDR, et surtout sur l’influence que cette relation pourrait avoir sur sa lecture de la crise ivoirienne, le patron de l’UMP est allé droit au but : "Je connais Alassane Ouattara depuis l’époque où il était le directeur adjoint du FMI, et je pense qu’il fait partie de ces hommes qui font honneur à l’élite africaine. Cela dit, je connais beaucoup de gens sur le continent africain. Ce n’est pas pour cela que je m’ingère dans la vie politique de leur pays."

Et nos confrères de remuer le couteau dans la plaie. "Quel type de relations convient-il d’entretenir avec le président Gbagbo ?" lancent-ils au ministre français de l’Intérieur. "Cela dépend de lui et de son attitude à l’égard du processus de transition. S’il refuse des élections crédibles(***), je ne vois pas très bien quel genre de rapport nous pourrions avoir avec lui." Pour ceux qui entretiennent la légende selon laquelle les origines de la crise ivoirienne sont économiques et les ressources tirées de l’économie ivoirienne vitales pour la France, M. Sarkozy lâche sans regarder dans le rétroviseur : "La Côte d’Ivoire n’est pas un enjeu significatif pour l’économie de la France : elle représente moins de 0,2 % des exportations françaises"(****)
Moralité. Tous ceux qui comptent frénétiquement les jours qui nous séparent de la fin du mandat du président Jacques Chirac devront sans doute se raviser. Car Nicolas Sarkozy, le probable futur candidat de la droite à la prochaine élection présidentielle en France, n’est certainement pas un enfant de chœur.
Il n’a surtout pas la sagesse accommodante de Jacques Chirac(*****).
A.Sangaré
»


* Effectivement : «Kärcher», «racaille»…

** Certes, Neuilly et sa mairie ainsi que Mmes, sans compter l’ami commun et parrain du petit, Bouygues, en savent quelque chose.

*** C’est-à-dire concrètement : «s’il n’accepte pas que l’on change l’électorat !» — changement en vue duquel la «communauté internationale» élyséenne (que Sarkozy cautionne manifestement) organise le recul indéfini du désarmement et du redéploiement de l’administration dans les zones occupées ; rendant ainsi impossibles les élections !

**** CQFD : il persiste et signe : les Chinois n’en demandaient pas tant !

***** Il a été en effet très accommodant : il n’a fait qu’envoyer l’armée dans les rues, et n’est pas allé plus loin qu’affronter l’Onu jusqu’à l’humiliation. Mais jusqu’où Sarkozy ira-t-il donc plus loin ?!




jeudi, 19 octobre 2006

Une devinette…



Devinette : qui a pu tenir le propos suivant ?


« L’ONU devrait […] souligner que les décisions internationales doivent s’imposer à la loi nationale ». Qui donc a bien pu tenir un tel propos ?

Contre quel pays ennemi l’auteur de ce propos demande-t-il que soit mis fin à sa souveraineté ? (Puisqu’en l’occurrence, faut-il le préciser, par « loi nationale », il faut entendre la loi fondamentale, à savoir la Constitution.)

Quel pays, auteur de quels actes de terrorisme international se voit-il demander de la sorte la récusation de souveraineté ? Quelle haine inextinguible a-t-il pu susciter pour se voir attirer de la sorte le dédain — et de quel autre pays menacé ? Quelle espèce d’énorme menace pèse sur cet autre pays — nucléaire, chimique ? — grave en tout cas !

Que le lecteur ne cherche pas dans cette voie ! Il ne trouvera pas. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il s’agit d’un opposant, qui réclame cela contre son propre pays — la Côte d'IVoire — ! Il s’agit d’Alphonse Djédjé Mady, porte-parole du « Rassemblement houphouétiste pour la démocratie et la paix » (RHDP), regroupant l’ancien parti unique et ses dissidences diverses, légales et putschistes, qui tente par là de faire renverser le gouvernement élu dans son pays, gouvernement issu de la première alternance par les urnes. (Cit. AFP – Abidjan,
jeudi 19 octobre 2006 — 13h57.)

L’extrait de citation complet : « Nous souhaitons la clarification de certaines dispositions qui peuvent prêter à confusion. L’ONU devrait par exemple souligner que les décisions internationales doivent s’imposer à la loi nationale, car jusqu’ici, la primauté accordée à la Constitution [votée par référendum il y a 6 ans à 86% des voix à l’appel de tous les partis y compris celui de M. Djédjé Mady] a nourri les blocages ». (Sic !)




dimanche, 08 octobre 2006

Deux articles «coupés» sur blogs.nouvelobs.com

 



Articles disparus (c’est reparti). Cela faisait longtemps (relativement) que les ciseaux de nouvelobs.com ne s’étaient pas manifestés ! C’est le retour : deux articles viennent de sauter de mon blog : http://blogs.nouvelobs.com/Delugio/.

La «coupure» du premier tend bien à confirmer ce qu’y redoute son auteur. Il s’agit d’un article du Temps intitulé «La légitimité selon Alliot-Marie». Où une telle façon de «couper» une information ne peut que renforcer l’idée que les Ivoiriens sont fondés à s’interroger sur ce qui ressemble fort à une préparation médiatique du public français concernant un possible passage à l’acte militaire : tous les efforts diplomatiques et d’ «agit-prop» menés depuis Paris en vue du renversement de Gbagbo ayant échoué lamentablement.

La «coupure» du second peut ne pas surprendre. Il s’agit d’un article du
Courrier d’Abidjan, signalant que Gbagbo vient de gagner un nouveau procès contre la presse française, à nouveau devant justice française, pour diffamation. C’est son énième procès gagné de la sorte. Il s’agit cette fois de Libération, qui est à son tour condamné aux dommages et intérêts.
Cette coupure-là relève-t-elle de la solidarité des désinformateurs ?

Les articles «coupés» :



1) Le Temps — vendredi 6 octobre 2006 - http://news.abidjan.net/article/?n=216351 :

«La légitimité selon Alliot-Marie

La messe ne pouvait se dire sans le mot de la grande prêtresse. ça y est. Mme Alliot-Marie a parlé. En usant, sans rougir, d'informations mensongères. Pour elle, des provocations contre les Forces Licorne se prépareraient. Mais, comme toujours, " la France ne se laisserait pas faire. Parce que son action est… légitime, car elle se fait au profit de l'Afrique ". Bien, Madame. Mais question : pourquoi, un pays aussi légaliste que la France, peut-il, décider de rester de force dans un pays tiers dont les responsables demandent son départ ? Comment cette France, si légaliste, a-t-elle pu renier sa signature en refusant de mettre en œuvre les accords de défense qui la lient à la Côte d'Ivoire ? Comment la France, protectrice de la légalité devant l'Eternel, a-t-elle pu légaliser une rébellion armée ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi….
Non, Madame. La France a, depuis un certain 19 septembre 2002, quitté le chemin de la légalité. La France qui a " rétabli la légalité " au Gabon, en 1967, n'a rien à voir avec la chiraquie que Mme Alliot-Marie représente. Car, à défaut d'être démocratique, cette France là, respectait ses engagements. Avant de parler de légalité, Madame, souvenez-vous, toujours, du mensonge dont vous et un certain de Villepin avez usé pour ne pas assumer vos devoirs. Drôles de " légalistes chiraquiens ", pour qui, il n'y a que les imposteurs et les bandits armés qui méritent attention et soutien !
Jean-Louis Dimaert»



2) Le Courrier d’Abidjan Parution N° 834 du Vendredi 6 Octobre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15... :

«Gbagbo gagne son procès contre Libération

Diffamation : A la suite de la publication, le 04 octobre 2004 dans le quotidien français Libération d’un article intitulé «Le coup des bougies», qui accusait le président Gbagbo d’être responsable de la mort de Jean Hélène, une citation en diffamation devant le Tribunal Correctionnel de Paris avait été délivrée à l’encontre de M. Serge July et de Libération. La Cour d’Appel de Paris vient de rendre sa décision en faveur du président ivoirien dans cette affaire.

Le 21 octobre 2003, Jean Hélène, journaliste, correspondant en Côte d’Ivoire pour RFI tombait sous les balles assassines du sergent de Police Séri Dago qui continue à ce jour de purger sa longue peine de 17 années d’emprisonnement sans bénéficier d’aucune remise de peine. Malheureusement, dans cette affaire où de nombreux observateurs avaient unanimement salué la tenue irréprochable du procès qui s’en est suivi, le quotidien Libération va publier dans sa livraison du 04 octobre 2004 un article intitulé «Le coup des bougies» qui incrimine gravement le président Laurent Gbagbo. Sous la plume de Pierre Marcelle, le quotidien Libération va intoxiquer une partie de son lectorat qui n’a pas nécessairement connaissance des circonstances de l’assassinat du journaliste Jean Hélène qui remontait de surcroît à une année. En lui faisant croire qu’un président d’une République africaine, maltraité dans les médias français, était le meurtrier d’un journaliste, soit en qualité d’auteur, soit en qualité de commanditaire. Sous l’appellation à tout le moins méprisante de «Gbagbo l’Ivoirien», Pierre Marcelle ne s’embarrasse de fioritures pour le taxer à la fois «d’assassin du journaliste Jean Hélène» avant de le voir «plausiblement impliqué dans l’opération Julia à laquelle il prêta un aéronef». Fatigué d’une presse française qui lui cherche à tous les coups noise, Gbagbo n’a pas voulu laisser passer cette affaire sous silence. Aussi, a-t-il saisi Me Pierre Haïk, Avocat à la Cour, aux fins d’engager une action en diffamation contre Serge July et la société Libération. Mais par jugement rendu le 18 novembre 2005, le Tribunal avait débouté le président Laurent Gbagbo et relaxé Serge July ; considérant que les propos poursuivis relevaient du registre de l’opinion et de la polémique et n’étaient donc pas diffamatoires. Toute chose qui a soulevé le courroux de Me Pierre Haïk qui a vivement dénoncé les procédés malhonnêtes utilisés par le Conseil du journal pour tenter de travestir la réalité de ce dossier au motif que les propos poursuivis relevaient de la «polémique» et «de la liberté d’expression» et n’étaient à ce titre pas diffamatoires. A son tour, Me Pierre Haïk a interjeté appel contre cette décision qui a donc été plaidée devant la Cour d’Appel, le 29 juin dernier. Dans un courrier que Me Pierre Haïk a adressé à son client, et dont Le Courrier d’Abidjan a obtenu copie, l’avocat de Gbagbo s’est réjoui du nouvel arrêt que la 11ème Chambre de la Cour d’Appel de Paris vient de rendre en faveur du président de la République. «Je me réjouis de cette décision tant il me semblait intolérable que des propos aussi graves puissent être impunément tenus à votre encontre dans les colonnes d’un quotidien français». Dans l’attente de la copie intégrale de l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris, Me Pierre Haïk a bien voulu donner la primeur de la décision rendue par la Cour à son client tout en exprimant sa grande joie de voir cette Cour contredire les premiers Juges. «La 11ème Chambre de la Cour vient de rendre un arrêt dans lequel elle reprend notre argumentation et infirme le jugement des premiers Juges, considère que les propos tenus à l’encontre du Président Laurent Gbagbo sont bien diffamatoires, condamne en conséquence solidairement Serge July et la société Libération à lui régler la somme de 1 Euro au titre de réparation symbolique et 1 500 Euros au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale, ordonne la publication sous quinzaine dans le journal Libération de la mention de cette condamnation». Comme on le voit bien, tout comme dans l’affaire des escadrons de la mort, Gbagbo vient une fois encore de gagner son procès contre un organe de presse au service d’une guerre à l’hivernage, perdue d’avance. Après les organes de presse, les véritables commanditaires hexagonaux de la guerre contre Gbagbo vont-ils perdre la face ?
Nazaire Séry»





vendredi, 06 octobre 2006

Quelle menace sur les patriotes ivoiriens ?



 

Au jour où s’ouvre le sommet de la Cédéao à Abuja, dernière chance pour Chirac de rogner le pouvoir de Gbagbo, la France officielle passe aux menaces explicites. Que faut-il entendre dans cette reprise de voix des médias français ?

Après la gifle monumentale de la Chiraquie à l’Onu — où la diplomatie française n’a réussi ni à faire biffer la Constitution ivoirienne, ni même à faire sanctionner les leaders FPI ; alors qu’il est devenu évident au sommet de la francophonie de Bucarest qu’il ne s’agissait pour Chirac que de faire endosser par la «communauté internationale» sa volonté personnelle d’abattre le seul chef d’État du pré carré qui lui tient tête — Chirac en a dit publiquement son désespoir.

Tout cela dans un silence total des médias français ! Et voilà qu’en France, on réentend parler de la Côte d’Ivoire… pour entendre ce qui ressemble fort à des menaces, à peine voilées.

C’est à présent Alliot-Marie qui monte au créneau et donne de la voix en évoquant des «provocations» contre Licorne, Alliot-Marie fidèlement relayée par celui qui s’est fait depuis longtemps son porte-voix médiatique, Thomas Hoffnung de Libération.

Et que dit-il ? Que Gabgbo menace les immigrés ! C’est dans le titre de son article ! On croit rêver… Encore qu’on voyait la presse ivoirienne de l’opposition pro-française commencer à agiter le thème de la xénophobie — à commencer par les pro-Bédié qui ont remisé leur thème de l’ «ivoirité» suite sans doute aux conseils en communication de la Françafrique qu’ils représentent avec leur alliés ouattaristes et rebelles.

On croit rêver quand on sait que les immigrés africains en Côte d’Ivoire soutiennent largement Gbagbo — et ont même affronté au côté des patriotes ivoiriens les balles de Licorne.

Comment Hoffnung appuie-t-il la déclaration d’Alliot-Marie ? Par la même «provocation» d’Affi N’Guessan que stigmatise Alliot-Marie : Affi a relevé que les dirigeants de la Cédéao seraient bien inspirés d’être vigilants avant d’apporter leur appui aux menaces de Chirac : «La Cédéao ne doit pas oublier qu'elle a des millions de ressortissants en Côte-d'Ivoire. Chacun de ces pays doit penser à ceux-ci». «Menace sur les immigrés !» s’empresse d’écrire Hoffnung, porte-voix d’Alliot-Marie… Évidemment, les Français qui ne savent de la Côte d’Ivoire que ce qu’en ont dit les Hoffnung ne cilleront pas. Quel Français sait que les opposants aux chefs françafricains de la Cédéao soutiennent Gabgbo ? Quel Français sait que leurs ressortissants en Côte d’Ivoire, sont une source directe d’information auprès de leurs compatriotes des autres pays de la Cédéao ? Quel français sait donc qu’Affi ne met pas en garde les immigrés qui le soutiennent ! — mais les chefs françafricains qui pourraient dans leur pays faire les frais de leur soutien à Chirac ? Quel Français lit la presse d’opposition burkinabé, sénégalaise, togolaise, camerounaise — par où il pourrait savoir que l’on est désormais aux prises à un combat entre l’Afrique digne et la Françafrique ?

Où les tenants de l’Afrique digne ne s’y trompent pas : les propos d’Alliot-Marie répercutés par les Hoffnung et consort sont une menace directe contre Gabgbo et les patriotes. Cela à l’heure où toutes les manœuvres diplomatiques en vue d’un coup d’État constitutionnel ont échoué. Cela à l’heure où Paris n’a pas pu imposer le changement de l’électorat (ce que déplore naturellement Hoffnung).

Et qui visent les «provocations» dont parle Alliot-Marie ? Licorne ! Mais quel français sait que le pouvoir ivoirien demande depuis plusieurs semaines avec insistance le remplacement de Licorne par une force africaine. Qui sait que les principaux représentants d’Afrique sont d’accord ? À commencer par l’Afrique du Sud, pays présidé par celui dont la médiation a réussi.

Et pourquoi la Côte d’Ivoire demande-t-elle avec insistance le départ de Licorne ? Parce qu’il est devenu évident, pour toute l’Afrique, que Licorne n’est pas une force «d’interposition» mais une force partie au conflit !

Et Hoffnung de faire mine de s’étonner que lesdites «provocations» et «menaces» viennent d’Affi N’Guessan, «un modéré», c’est-à-dire signataire de Marcoussis — et (mais Hoffnung se garde bien de le préciser) vice-président de l’Internationale Socialiste. Et Hoffnung d’évoquer la peur qui serait celle d’Affi, à l’heure où la Côte d’Ivoire accumule les victoires diplomatiques ! S’il y a peur, ne serait-elle pas du côté de Chirac qui voit le pré carré lui échapper ? Encore que la force de frappe de Licorne que l’on refuse de retirer et qui a déjà fait ses preuves a de quoi inquiéter !

Il suffit de lire et d’écouter Affi pour savoir ce qu’il en est : Marcoussis a échoué (qui le niera ?). Marcoussis a échoué parce que Marcoussis n’était pas ce que cela prétendait être (un accord d’interposition), mais bien une façon de coup d’État françafricain. Si un Mamadou Koulibaly l’a dénoncé immédiatement en claquant la porte, Affi N’Guessan a opté alors pour jouer le jeu jusqu’au dévoilement de ce qu’il en était. Et aujourd’hui c’est devenu clair pour toute l’Afrique.

Où les reprises de voix de la nébuleuse françafricaine prennent une nette tonalité de mise en garde clairement menaçante…

 

 

 

 

jeudi, 21 septembre 2006

Onu : la Françafrique vient de céder du terrain

 



Dépêche sur Abidjan.net :
«
07:29 - L’ONU, les acteurs et les médiateurs de la crise en Côte d’Ivoire ont confirmé le report des élections et laissé aux instances collectives africaines le soin de décider prochainement de l’avenir du processus de paix.»

Bref la Côte d’Ivoire républicaine a eu (provisoirement) raison des manigances pour l’abattre. La clarté de Gbagbo a donc payé : il obtient exactement ce qu’il a proposé : que les instances collectives décident prochainement de l’avenir du processus de paix.

Cela contre la menace des sanctions
brandie jusqu’au dernier moment par Douste-Blazy «à l'égard des "dirigeants ivoiriens"» (selon AP - 9/20/2006 5:47:17 PM — http://news.abidjan.net/h/213746.html) — Douste-Blazy apparemment chargé d’offrir en outre une humiliation en forme de reculade à Paris : « Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a estimé mercredi à New York qu’un départ des forces internationales de Côte d’Ivoire serait un coup "terrible"» aurait-il dit (selon Soir Info - 9/20/2006 8:57:59 PM http://news.abidjan.net/h/213848.html)… Cela quand quelques jours avant, l’Élysée faisait valoir son désir de retirer Licorne.

Entre temps Gbagbo avait répliqué à cette «menace» qu’il serait temps, en effet, de retirer les troupes «d’interposition» — sachant très bien qu’elles se s’interposent plus qu’entre deux parties d’un pays dont le nord est tenu par une rébellion qui ne représente qu'elle même — les défections se multipliant jusqu’en haut lieu. Dernier exemple, Mme Enise Kanaté (ex-RDR), députée-maire de Mankono : «Je suis partie au FPI parce que je suis fatiguée de mentir aux populations {…} j'ai compris que le président Gbagbo avait raison» (dépêche de l’AIP San Pedro, 18 sept 2006).

Et
Douste-Blazy de juger cependant «terrible» la possibilité du départ de Licorne (on ne peut s’empêcher de se souvenir qu’il déclarait il y a quelques semaines que l’Iran était un facteur stabilisant : voilà les menaces des urnes ivoiriennes plus «terribles» que les menaces nucléaires…)

Pour les urnes, Douste contresigne les déclarations de l’Élysée, histoire de faire porter la responsabilité du report des élections sur les patriotes, qui les réclament instamment : il faut en premier lieu, dit-il, changer les listes électorales pour «
des listes électorales nouvelles et claires». Il est vrai que la Françafrique a une certaine expérience en matière de listes électorales «nouvelles et claires». On l’a vu récemment au Togo : «De la distribution sélective des cartes d’électeur à la proclamation de faux résultats en passant par le gonflement évident du fichier électoral, le processus a été vicié et entaché de beaucoup de fraudes» (Rodrigue KPOGLI — http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/ — 20.09.06). Cela avec pour résultat : «après chaque fraude électorale, on nous sort{…} cette idée de gouvernement d’union nationale, …une fabrication de la françafrique qui vise à légitimer une autorité illégitime voire inexistante…» (ibid.).

Quoiqu’il en soit, l’Onu n’a pas marché, quand bien même les rebelles, ayant la voie libre en l’absence de représentants ivoiriens issus des urnes, tentaient encore de prétexter leur refus de désarmer par la question de l’ «ivoirité» (selon Nord-Sud), prétexte qui ne marche plus auprès de quiconque : les rares médias français qui font écho à ce revers françafricain en termes d’«échec de l’Onu à sortir le processus de paix ivoirien de l'impasse» (Le Monde) ne prennent même plus la peine de mentionner cette thématique qui fit antan leurs choux gras.

Reste que ce recul face au peuple ivoirien risque de n’être que provisoire…