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mardi, 19 septembre 2006

Échec et désarroi de la «communauté internationale» élyséenne

 

«Le général Bentégeat révèle -"L’onde de choc souhaitée par la France n’a pas eu lieu"

Le Temps - mardi 19 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=213347 :

« Le déversement des déchets toxiques à travers le District d'Abidjan est- elle seulement la résultante d'une course effrénée des commanditaires vers le gain facile ? En tout cas, c'est ce que tente de nous faire croire le Premier ministre, Charles Konan Banny, à travers ces différentes adresses à la Nation. Mais après la sortie des autorités françaises dans ce que les Ivoiriens appellent le " déchetgate ", cette piste semble de plus en plus improbable. Et, la thèse d'un complot ourdi pour faire contrebalancer les Institutions de la république par un soulèvement populaire, comme le soutiennent certains analystes politiques, est plus que jamais à l'ordre du jour. Dans cette optique, les propos du chef d'Etat-major de l'armée française, le général Bentégeat sur les ondes de TV5, le dimanche dernier, finissent de convaincre les plus sceptiques. " Cette situation devait créer une onde de choc de la part des populations civiles et de la classe politique afin de demander des comptes au régime en place. Mais cela n'a pas été le cas (…). Cette inaction donne l'impression que le peuple ivoirien est devenu fataliste. " Dixit le CEMA français. Fort de cela, les ivoiriens doivent continuer à demeurer vigilants face à l'évolution de cette crise. Pour l'heure, les enquêtes en cours, telles que initiées par le premier ministre, doivent aller jusqu'à leur terme afin que tous ceux qui ont trempé dans cette affaire, à quelque niveau que ce soit, pour le compte des déstabilisateurs de la Côte d'Ivoire subissent toute la rigueur des lois ivoiriennes et internationales.

Jean David C.»


On n’a pourtant rien négligé, pas même la diffammation :

Reporters sans frontières - 9/18/2006 5:40:43 PM — http://news.abidjan.net/h/213303.html :

«Trois journalistes du Jour Plus condamnés à une lourde amende, leur avocat fait appel» {suspensif}

Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour savoir que cette façon d’accuser Mme Gabgbo et donc de viser le Président dans l’affaire des déchets toxiques relevait de la stratégie du jet d'encre. N’empêche que cela a servi Libération dans la guerre psychologique contre les patriotes ivoiriens.



Sanctions :

AFP - 9/18/2006 6:16:49 PM — http://news.abidjan.net/h/213306.html : «Côte d’Ivoire: report des sanctions contre deux proches de Laurent Gbagbo»

«Le Conseil de sécurité a différé l'adoption de sanctions contre deux nouvelles personnalités ivoiriennes proches du président Laurent Gbagbo, dans l'attente d'une réunion de haut niveau mercredi à l'ONU sur la Côte d'Ivoire, a-t-on appris lundi de source diplomatique.
Les sanctions visant l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, chef du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI), et le président du Parlement, Mamadou Koulibaly, qui devaient devenir effectives lundi matin, "ne sont pas entrées en vigueur", a déclaré à l'AFP cette source, qui a souhaité garder l'anonymat. {…}»


Le premier média à avoir lancé la suggestion élyséenne est Le Monde, dès le 06.09:

«L'ONU s'apprête à sanctionner des proches du président Gbagbo»
LE MONDE | 06.09.06 | 14h44  •  Mis à jour le 06.09.06 | 14h44
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-810017@51-627396,0.html

«Ce n'est plus qu'une question de jours, assure-t-on dans les milieux diplomatiques. Dès la semaine prochaine, si ce n'est avant, les Nations unies devraient sanctionner trois personnalités, toutes proches de la présidence ivoirienne, pour leur rôle dans les violences qui ont secoué le pays en juillet. "Il s'agit de gros poissons, des amis du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo", assure une source diplomatique française sans vouloir citer les noms.
Selon d'autres sources, le comité des sanctions de l'ONU viserait notamment l'ancien premier ministre Pascal Affi N'Guessan, l'actuel chef du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI), et le président du Parlement, Mamadou Koulibaly. {…}»

Fraternité Matin : http://news.abidjan.net/article/?n=211364 — ne s’y était pas trompé, qui titrait l’article du Monde (repris intégralement) :

«Paris veut neutraliser Gbagbo - Gestion de la transition»

Et la presse française d’aller de report en report de ces sanctions certaines — RFI est même passée du conditionnel du Monde à un indicatif !
D’ «avant la fin de la semaine» du 6 au 9, on est passé au «début de la semaine» suivante, puis «avant jeudi», puis «jeudi dans la journée», puis «avant la fin de la semaine» du 11 au 16, puis «au début de cette semaine». Finalement c’était bien de l’intox !

 

 

Et, enfoncement final, Gbagbo ne va pas à New York — ce qui dérange la «communauté internationale» élyséenne au point que le journal de Ouattara Le Patriote se fend, hier, d’une Une toute barrée de la seule annonce du contraire, en ces termes : «Gbagbo ira bel et bien à New York» ! — que la Présidence ivoirienne dément tranquillement aujourd’hui :

Soir Info - mardi 19 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=213443 :

«Réunion sur la Côte d’Ivoire - Gbagbo persiste : “ Je n’irai pas à l’ONU ”

"Le Président de la République a dit devant l’armée et la nation le jeudi 14 septembre 2006 qu’il ne prendrait pas part au mini-sommet sur la Côte d’Ivoire prévu à New York le mercredi 20 septembre 2006. Contrairement à des rumeurs que s’échinent à colporter certains médias, le Président Laurent Gbagbo confirme qu’il ne se rendra pas à New York, protestant ainsi contre l’attitude désinvolte du Groupe de Travail International." Le porte-parole de la Présidence de la République.»

 

 

vendredi, 15 septembre 2006

Contre l’appel du pied des médias français à la révolte contre la République, le peuple ivoirien ne se trompe toujours pas de cible



Le ministre ivoirien des Transports, Anaky Kobena — de la mouvance politico-rebelle —, accessoirement fondateur de la Compagnie Tommy ayant «traité» les déchets toxiques du Probo Koala, a subi aujourd'hui une prise à partie vigoureuse de la part du peuple ivoirien (cf. ci-dessous l’article de
Fraternité Matin).

Effet imprévu de l’appel du pied des médias français en Afrique au soulèvement contre le pouvoir ivoirien suite à la pollution ! C’est que dans les cercles français des médias et autres «spécialistes» de la Côte d’Ivoire, «pouvoir ivoirien» égale Gbagbo.

Et voilà, oh stupeur ! que le peuple ivoirien est mieux renseigné que nos «spécialistes». Pas plus tard qu’hier, Libération (relayant RFI et le journal d’opposition Le Jour - qui aujourd'hui convoque Le Monde ! -, un article du dossier de Libération étant repris aujourd’hui par les journaux d’opposition Autres et Le Patriote de Ouattara – si ce n’est pas une histoire de serpent qui se mord la queue !), Libération livrait à la vindicte populaire, en les nommant, les lampistes «proches de Gbagbo» qui viennent d’être «suspendus» sans autre forme de procès par le 1er ministre — qui doit tout de même donner des gages à la «communauté internationale» élyséenne qui l’a placé à son poste.

Libération les a livrés dans une citation… du ministre des Transports précisément, dont à aucun moment le journal «progressiste» ne rappelle, ni le nom, ni, encore moins, le fait qu’il est le créateur de la société Tommy incriminée dans l’épanchement des déchets toxiques à Abidjan, ni a fortiori le fait qu’il appartient à l’opposition politico-rebelle. En revanche Libération décrète que les coupables sont ceux qui ne lui ont pas refusé l’autorisation de créer sa société — et Libération de nommer l’élue (ça, Libération ne le dit pas !) FPI Mme Gbagbo, et les responsables du port et des douanes, qu’Anaky, intégralement cité par Libération, ne manque pas de charger nommément, Libération précisant qu’ils sont «proches de Gbagbo».

Les voilà donc aujourd’hui «suspendus» sans autre forme de procès, tandis qu’Anaky n’est nullement inquiété par la justice. Il est vrai que le ministre de la Justice, comme celui des Transports (et comme Libération si l’on en croit ses articles), appartient à la mouvance politico-rebelle françafricaine…

Et voilà que le peuple ivoirien, lui, victime de la pollution, s’y trompe moins que prévu ! Contre l’attente apparente de la Françafrique et de ses médias, les victimes de la pollution s’en prennent, outre à ceux que médias français et de l’opposition ivoirienne désignent à sa vindicte, à celui qui est resté à l’abri — même pas nommé par les médias pro-français…

Reste qu’on n’entend pas parler, dans les médias français, de l’appartenance politique du ministre pris à partie — quand on répète à l’envi que le DG du port est FPI et «proche de Gbagbo» : nos faiseurs d’opinion savent très bien que ce silence induit le public français à imaginer qu’Anaky aussi est du FPI. Ainsi Le Monde de ce jour, qui en outre — ne manquant au passage une nette prise de parti pour Banny qui se voit opposé à Gabgbo — se pose en fin d’article en interprète {original en regard du texte} de la Constitution ivoirienne en décrétant que le mandat de Gbagbo est terminé !

Sachant les moyens de retentissement de la presse française, qui alimente largement la presse ivoirienne d’opposition (cf. ci-dessus), la situation n’en reste pas moins fragile, les appels du pied persistant (voir pour aujourd’hui, 15.09, les dépêches l’Afp en boucle), en vue de l’échéance d’octobre, à appuyer vigoureusement quelques manifestations de colère aussi compréhensibles que désordonnées…



«LE MINISTRE ANAKY BLESSÉ, LES ODEURS SE REPANDENT DANS LA VILLE»

Fraternité Matin 15 septembre 2006 — http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=RC5zzy24029 :

«Affaires des déchets toxiques : »

par Barthélemy Kouamé :

«Le scandale des déchets toxiques connaît depuis ce vendredi matin un rebondissement. Plusieurs habitants de la ville d’Abidjan se plaignent de la propagation des odeurs desdits déchets. Le ministre des transports, Innocent Anaky Kobena, a fait les frais de la colère des populations de la Riviera, dans la commune de Cocody.

« La ville est gâtée. On ne peut plus respirer », entendaient-on ce matin au « carrefour de la vie », un célèbre endroit de la commune de Cocody. Plusieurs personnes, le nez dans le creux de la main, tentaient vainement d’avoir un véhicule de transport en commun. Au même moment, un véhicule de police faisait retentir sa sirène. La situation semblait confuse à cet endroit, autour de 10h (GMT).

Les populations manifestent dans plusieurs endroits de la ville contre la réapparition et la propagation des odeurs dues au déversement des déchets toxiques. C’est dans l’une de ces manifestations que le ministre des transports, dans le gouvernement démissionnaire, est tombé aux environs de 08h. Innocent Anaky Kobena, selon ses proches venait de quitter sa résidence au « Génie 2000 », dans la commune de Cocody pour se rendre à la levée du corps de son jeune frère décédé il y a trois semaines. « Le ministre et son épouse ont été molestés, blessés. Leur véhicule a été incendié », a déclaré Joël N’Guessan, Vice-Président du MFA, le parti du ministre Anaky, interrogé par téléphone à 10h30.

Selon M. N’Guessan, le ministre Anaky est maintenant hors de danger. « Sa garde l’a conduit au camp militaire d’Akouédo d’où le général Mangou (Philipe, chef d’Etat major des FANCI) est allé le chercher par hélicoptère à 10h », a ajouté le vice-président du MFA.

Ce vendredi, de nombreux habitants d’Abidjan affirment être touchés par les déchets toxiques. « Un camion citerne est venu à 3h du matin déverser les déchets dans une fosse à Angré extension », a témoigné Honoré Kouamé, riverain. « On sent fortement l’odeur des produits au petit marché d’Angré », a affirmé une jeune dame sous couvert d’anonymat. « Des déchets ont été déversés à la Riviera hier nuit, et maintenant nous ne pouvons plus resté à la maison », a indiqué Narcisse Aka., un habitant de la Riviera Palmerais, dans la commune de Cocody.

Notons que dans une adresse à la nation, livrée hier soir, le premier ministre Charles Konan Banny a suspendu plusieurs personnalités. Il s’agit du ministre des transports, du directeur général des douanes, du directeur général du Port autonome d’Abidjan et du gouverneur du district d’Abidjan. »




jeudi, 07 septembre 2006

Déchets toxiques. Démission du gouvernement ivoirien. Silence — pour l’instant persistant — de la presse française



Démission du gouvernement ivoirien. Silence de la presse française sur les déchets toxiques
— finalement rompu ! (voir en bas d'article)


Alors qu’une pollution massive par déversement de déchets toxiques a fait plusieurs morts et, pour l’heure 1500 blessés, la presse française maintient son silence sur le sujet. Le Monde d’hier soir (daté de ce matin 07.09.06 — http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-810017@...) parle bien de la Côte d’Ivoire mais pour nous faire une des sempiternelles annonces de ses souhaits — titre : «L'ONU s'apprête à sanctionner des proches du président Gbagbo» (pour les émeutes de juillet qui avaient stoppé l’identification effectuée sous la seule garantie des kalachnikovs des rebelles — sans doute en vue de ce que Le Monde appelle «organiser des élections incontestables»).

Dans presse ivoirienne, on reprend intégralement l’article du Monde pour que le lecteur puisse juger (dans Fraternité Matin —
http://news.abidjan.net/article/?n=211364) — signe à noter de la qualité de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire. Et Fraternité Matin, pas dupe — on a appris en Côte d’Ivoire à lire et à décrypter la presse française —, surtitre : «Paris veut neutraliser Gbagbo - Gestion de la transition».

Le Monde avance naturellement les noms de deux sur trois des «gros poissons, des amis du chef de l'État, Laurent Gbagbo» qui seraient à sanctionner, le président du FPI et celui de l’Assemblée nationale, naturellement. Reste à savoir quel peut être le fruit de cette pression sur l’Onu… «Quelles sanctions reste-t-il contre les patriotes ivoiriens ?» doit-on se demander. Le «gel des avoirs» (encore faut-il les avoir, ces avoirs) à l’étranger et l’interdiction de sortir du territoire a déjà prouvé son inefficacité — à l’heure de la communication mondialisée — contre ceux auxquels cela a été appliqué !

Et avec cela, pas un mot sur les déchets toxiques. Ce matin, tandis que le gouvernement a démissionné devant le scandale de cette pollution, Nouvelobs.com reprend une dépêche de l’AP (http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060907.OBS0874....), dépêche très prudente, citant la compagnie en cause, «Trafigura Beheer, basée aux Pays-Bas, {qui} a déclaré qu'une entreprise locale a pu déverser de façon irrégulière des résidus d'une cargaison de carburant qui avait été envoyée en Côte d'Ivoire».

Bref, en l’état actuel des informations données en France, on se demanderait presque s’il y a vraiment eu pollution. «Le décès de trois enfants a été attribué à des fumées toxiques émanant d'une cargaison d'essence qui avait apparemment été déversée près de quartiers résidentiels d'Abidjan».

Toutefois, «la France a annoncé mercredi l'envoi "immédiat" d'une "mission d'évaluation des risques de pollution"». Il y a donc bien eu quelque chose, qui a d’ailleurs causé un scandale. Ce pourquoi, tout de même, «le gouvernement ivoirien a démissionné dans son ensemble mercredi 6 septembre, a annoncé la radio officielle.» Et le conseil des ministres s’est tenu exceptionnellement en présence des représentants de la presse : http://news.abidjan.net/h/211326.html.

Et apparemment, c’est cette démission qui embarrasse à présent ! Pas de commentaire en France, à ma connaissance, mais le journal du RDR, Le Patriote, qui nous a habitués à se faire régulièrement la voix du pouvoir français en Côte d’Ivoire, s’indigne : «
Ça sent le deal politique ! Ça ne semble pas net. La démission du gouvernement et la reconduction de Charles Konan Banny par le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo pour former "un autre gouvernement" a le parfum d’une manœuvre politicienne» (http://news.abidjan.net/article/?n=211340).

Ou bien Le Patriote, qui s’indigne depuis plusieurs jours contre le gouvernement, aurait souhaité qu’il reste quand même aux affaires ! — ou bien il trahit les causes de l’embarras apparent qui est derrière le silence médiatique français, qui atteint même Libération, qui s’est pourtant fait une vocation de dénigrer la Côte d’Ivoire.
Wait and see* Peut-être une parole, un commentaire médiatique français va-t-il bientôt tomber…



Précision importante : Avec la MISE AU POINT DU PORT AUTONOME D’ABIDJAN RELATIVE AUX DECHETS TOXIQUES DEVERSES A ABIDJAN publiée dans le Courrier d'Abidjan (6.09.06) - où il apparaît que le PAA n'est pas en cause - et signalée hier sur ce blog, il faut signaler l'interview du Commandant Tano Bertin de la garde côtière accordée à Fraternité Matin : "On a été trompé".


* Dernière minute : le JT de 13 heures de France 2 de ce 7.09.06 a mentionné la démission du gouvernement signalée aussi par Le Figaro (avec AFP, AP, Reuters - 06.09.06 23h07). Le silence se rompt donc sur la pollution à Abidjan - suite à la démission du gouvernement (il semble qu'il ait fallu cela !). Le Monde a donné l'info aussi (LEMONDE.FR avec AFP | 07.09.06 | 09h39), mentionnant en outre la "compagnie grecque" propriétaire du navire Probo Koala qui parle de pollution "légale" !...






mercredi, 06 septembre 2006

Déchets toxiques à Abidjan – Un début d’explication du silence des médias français ?



Voilà une catastrophe écologique majeure : le déversement de déchets hautement toxiques amenés depuis le port autonome d’Abidjan en divers endroits de la ville. Déjà des morts et nombreuses personnes gravement malades. Des familles entières ont dû fuir leur domicile.

medium_bateau_poubelle.JPGL’affaire fait la Une de tous les journaux ivoiriens, est relevée par l’AFP,… et pas un mot en France.

Or, sans compter le fait que la gravité de la chose demanderait au moins un mot, on aurait là apparemment tout ce qu’il y a d’explosif, à un moment opportun : à quelques semaines de la rencontre de l’Onu où il va être question de la Côte d’Ivoire alors que les élections prévues ont été renvoyées sine die suite au refus rebelle de désarmer. Raison de plus de s’étonner de ce silence de nos médias pourtant d’ordinaire si prompts à relever tout ce qui peut nuire au pouvoir Gbagbo.

Les médias français ne nous ont-ils pas habitués à mettre à profit les périodes comme celle qui s’approche pour fragiliser autant que possible le pouvoir Gbagbo ? Ainsi, on nous a ressorti ces derniers temps l’affaire de la disparition de G.-A. Kieffer, pour nous livrer quelques conditionnels pas bien nouveaux — qui n’arrivent toujours pas atteindre celui qu’ils cherchent à viser, Gbagbo. À défaut de l’atteindre, ces conditionnels ont à nouveau servi à l’attaquer et à réclamer qu’il soit démis «de gré ou de force» (Hoffnung – Libération) (sic !).

Et en même temps, éclate une affaire énorme, susceptible de faire tomber bien du monde… et aucun média français ne s’en saisit ? Malgré la gravité écologique et sanitaire de la catastrophe ! Voilà qui est curieux !

Pourquoi donc un tel silence ?

Et si ce que dévoile L’inter (journal considéré comme ‘indépendant’ par les médias français) ci–dessous donnait l’explication ? À savoir : le pouvoir Gbagbo n’est probablement pas en cause ! Une attaque à ce point se révèlerait rapidement vaine — :


L’interhttp://news.abidjan.net/presse/linter.htm :

«La thèse du deal se précise. Voici le ministère incriminé»

«L’affaire du déversement des déchets toxiques à Abidjan continue de livrer ses secrets. Mieux, la thèse du deal se précise. L’Etat ivoirien par le truchement de son ministère des Transports, a accepté d’accueillir ces déchets toxiques sur le sol au détriment de la santé de ses populations. Ce, alors même que les responsables de ce navire pollueur ont pris soin d’informer les autorités ivoiriennes de la toxicité du produit qu’ils transportent. Pourquoi le ministère des Transports et le port d’Abidjan ont-ils quand même permis à ce bateau d’accoster. Le fait qui interpelle plus d’une personne c’est la célérité avec laquelle cette opération de vidange a été menée. Tout porte à croire que c’est une affaire parfaitement huilée depuis plusieurs semaines. Jugez-en vous même. Le 12 juillet 2006, la société Tommy spécialisée dans le vidange des eaux usées, l’entretien et le soudage des bateaux, reçoit son autorisation de création des mains du ministère des Transports {Ministre Innocent Kobena Anaky - Mouvement des forces de l'avenir, opposition bloc ‘houphouëtiste’}. Moins d’un mois après, soit le 09 août, le Port autonome d’Abidjan (Paa)* accorde à la société Tommy, le contrat pour le vidange du bateau ‘’Probo Koala’’. Un si gros marché pour une société qui a moins d’un mois d’existence. Dix (10) jours plus tard, le navire accoste avec son contenu toxique. Après avoir été codifié par les soins du service ‘’Point de contact’’ du port d’Abidjan, le navire devait être inspecté par les agents des affaires maritimes, direction rattachée au ministère des Transports et ceux du Ciapol, service spécialisé au ministère de l’Environnement. Mais de sources digne de foi, le navire n’aurait pas subi ces étapes. Pourquoi ? Le Ciapol affirme que les prélèvements ont eu lieu sur les sites, notamment à la décharge d’Akouédo et non pas sur le bateau ? Ce fait est des plus curieux dans la mesure où le Ciapol devait d’abord faire des analyses sur la toxicité du produit transporté avant de donner l’autorisation à la société Tommy de faire le vidange. Pourquoi, les choses se sont-elles passées ainsi ? Pourquoi, le Port a-t-il libéré le bateau alors que le Ciapol au vu des résultats de ses analyses sur les échantillons prélevés à Akouédo, a demandé la garde à vue de ce navire ? Bien des interrogations qui confirment la thèse d’un deal entre la société Tommy et le port, le ministère des Transports et même le district d’Abidjan qui a ouvert les portes de la décharge à une heure aussi avancée de la nuit.» JLG


Aurait-on là l’explication du silence de nos médias ? Silence similaire, apparemment, à celui concernant les tirs policiers sur des étudiants dont on n’a pas eu d’écho non-plus – cf. ce blog hier et l’article d’Anassé Anassé du Courrier d’Abidjan : http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14...).



* Précision importante :  MISE AU POINT DU PORT AUTONOME D’ABIDJAN RELATIVE AUX DECHETS TOXIQUES DEVERSES A ABIDJAN publiée dans le Courrier d'Abidjan (6.09.06) - où il apparaît que le PAA n'est pas en cause.



samedi, 02 septembre 2006

Les arcanes du plan élyséen pour la Côte d’Ivoire en regard de la réception annoncée de Faure Gnassingbé

 

(CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)

Les arcanes du plan élyséen pour la Côte d’Ivoire dévoilés ?

Est-ce par naïveté ? Car on n’ira pas jusqu’à penser qu’il est chargé de mission pour cela ! Toujours est-il que Thomas Hoffnung de Libération nous livre ce qui ressemble fort au motif de l’agitation de ces derniers jours contre le pouvoir élu ivoirien — entre l’affaire Kieffer, le plan Bongo, et la proposition chiraquienne de changer l’électorat.

Développement sur : http://delugio.zeblog.com/


L’opposition française à la réception élyséenne de Faure (suivi de "lettre à J. Chirac")

À l’heure où le Président de la République française réclame la confection de nouvelles listes d’électeurs en Côte d’Ivoire, il s’apprête à recevoir à l’Élysée le Togolais Faure Gnassingbé, pour lequel les confections diverses de listes d’électeurs n’ont pas suffi à le faire accéder au pouvoir : il a fallu, pour l’y faire accéder, aussi l’appui de bourrages et vols d’urnes, l’appui de l’armée et de la violence, et la ratification de la «communauté internationale»...

La suite sur : http://unevingtaine.hautetfort.com/ (01.09.06)



L'appel à manifester contre la réception à l'Élysée du dictateur togolais, publié sur le blog de Brigitte (http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/)  a disparu  aussi.
On le retrouvera ici : http://www.ufctogo.com/article.php3?id_article=1475
Ou ici : http://medda.over-blog.com/
Apparemment, il ne fait pas bon de mettre en ligne certaines choses en France
(?).



vendredi, 01 septembre 2006

L’opposition française à la réception élyséenne de Faure Gnassingbé (suivi de "lettre à J. Chirac")


À l’heure où le Président de la République française réclame la confection de nouvelles listes d’électeurs en Côte d’Ivoire, il s’apprête à recevoir à l’Élysée le Togolais Faure Gnassingbé, pour lequel les confections diverses de listes d’électeurs n’ont pas suffi à le faire accéder au pouvoir : il a fallu, pour l’y faire accéder, aussi l’appui de bourrages et vols d’urnes, l’appui de l’armée et de la violence, et la ratification de la «communauté internationale».

Bonne nouvelle : diverses associations et partis politiques se mobilisent (dans le silence des grands médias français) pour protester contre cette assomption dans les ors élyséens du successeur et fils de…

Hélas, il est à craindre qu’il ne faille demander à plusieurs des organisations signataires de la lettre ouverte ci-dessous et de l’appel à manifester (publié entre autres sur : http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/) de faire encore un effort. Avec une question : si leur effort, et surtout ceux du peuple togolais aboutissaient, les organisations signataires seraient-elles capables de ne pas dénigrer le vrai pouvoir élu togolais — aujourd’hui dans l’opposition ! — dans la tâche qu’il aurait à mener pour recréer le pays ?

Le parallèle ivoirien permet, hélas, d’en douter. Dès que l’opposition à la Françafrique a pu, à grand-peine, accéder au pouvoir gagné dans les urnes, la bien-pensance parisienne (et nombre des organisations et partis signataires de l’heureux appel d’aujourd’hui en faveur du Togo) s’est dressée contre lui ! Et cela jusqu’à ce jour : au moment où elle proteste contre la réception de Faure Gnassingbé à l’Élysée, elle ne dit pas un mot contre la proposition de ce même Élysée (à laquelle souscrit Faure, n’en doutons pas : Bongo lui-même s’en est fait le porte-parole) de confectionner de nouvelles listes électorales en Côte d’Ivoire !

C’est que le pouvoir ivoirien a dû mettre les mains dans la réalité concrète, s’atteler à construire un pays en le prenant en l’état où l’avait laissé la Françafrique. Et ça, c’est une autre paire de manches… qui apparemment, non seulement indiffère la bien-pensance, mais la rebute un peu, au point de regarder cela de haut, quand ce n’est pas dénigrer ceux qui s’y attèlent.

À ma connaissance, seul le pouvoir ivoirien s’est concrètement mouillé, par les prises de positions fermes de Mamadou Koulibaly (jugé extrémiste par la Françafrique) en faveur de la vraie légalité togolaise, aujourd’hui reléguée dans l’opposition.

Ce qui pose une question : la bien-pensance parisienne (dont quelques-unes des organisations signataires de la lettre ci-dessous) cherche-t-elle le bien du peuple togolais (ou ivoirien) ou se contente-t–elle de prendre des poses avantageuses qui ne mangent pas de pain ?



Lettre ouverte à Jacques Chirac, Président de la République française

Monsieur le Président,

Nous apprenons avec amertume et consternation que vous vous apprêtez à recevoir Faure Gnassingbé en visite officielle.
La diaspora togolaise, tous les Africains et leurs amis démocrates français condamnent avec véhémence cette invitation.
Les Togolais n’ont pas oublié le rôle néfaste que vous avez joué dans la sous-région en favorisant l’accession de Faure Gnassingbé au pouvoir, alors qu’ils ont massivement voté pour le candidat unique de l’Opposition, Bob Akitani.
Les Togolais n’oublieront pas non plus de si tôt, le soutien continu de la France pendant les 40 ans de dictature de son funeste père, Gnassingbé Eyadéma.
Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que lors de l’élection truquée du 24 avril 2005, élection que le monde entier a pu suivre à la télévision quand la presse internationale en faisait écho, des dysfonctionnements graves ont été notés : vol d’ urnes par les militaires, intimidation et massacre de la population, exactions à l’endroit des journalistes et des observateurs, bourrage des urnes, etc.
Ces exactions se sont soldées par l’assassinat de plus de 1500 Togolais et de plus de 50 000 réfugiés dont la plupart se trouvent encore au Bénin, au Ghana et au Burkina Faso, fuyant la machine répressive criminelle de Faure Gnassingbé et de l’armée tribale mise en place par son défunt père avec l’aide de la France.
Monsieur le Président, vous savez sûrement que les différents rapports des organisations des droits de l’homme ont condamné les agissements de ce régime et demandent que justice soit rendue.
A ce jour, rien n’est fait pour l’instauration de la paix au Togo.
Tout cela ne vous a pas empêché de lancer une invitation officielle à Faure Gnassingbé alors que logiquement ce dernier devrait être traduit devant une Cour internationale de justice.
Monsieur le Président, sachez que les Africains et en particulier les Togolais ne sont pas dupes de votre mépris pour l’Afrique et les Africains.
Monsieur le Président, vos agissements poussent les peuples africains qui, au demeurant, sont de tempérament paisible, à choisir la voie de la violence pour se libérer. L’exemple de la Côte d’ivoire en témoigne.
Cette invitation du jeune dictateur est un affront de plus, non seulement pour le peuple togolais, mais pour l’Afrique entière.
Monsieur le Président, les Togolais n’accepteront pas le diktat de la France qui se permet de leur imposer leurs dirigeants.
Le temps du néocolonianisme est révolu même si vous continuez à penser que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie. Le peuple togolais exige la liberté : aucune manœuvre, aucune légitimation ne peut le détourner de cette aspiration.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à l’expression de nos sentiments les plus sincères.
Paris le 24 août 2006

PREMIÈRES ORGANISATIONS SIGNATAIRES :
Les Organisations de la Diaspora Togolaise en France (CDPA, CTR, RNDP, UFC, ACT, Sursaut Togo, CACIT, ARECA,TEC,GAD, Aube Nouvelle...), COFANZO (Burkina-Faso), Les Verts, Parti Communiste Français, Mouvement des jeunes socialistes, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Survie, Mouvement des Indigènes de la République, Comité de Soutien au Peuple Togolais, la Ligue Communiste Révolutionnaire, La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (Togo), et l’Association des Travailleurs Maghrébins de France ...




mardi, 29 août 2006

Un présumé ravisseur de Kieffer aurait aussi participé aux attentats du 11 septembre



En arrière-plan
(ce qu’on ne nous dit pas :) Un suspect, Tony Oulaï, rappelle dans une lettre à Jacques Chirac publiée ce
matin par L’Intelligent d’Abidjan, qu’outre le fait d’être suspecté pour l’enlèvement de Kieffer, il a été accusé d’avoir été impliqué dans les attentats du 11 septembre (et a été emprisonné aux USA pour cela) !

Au premier plan : la rencontre de l’Onu du 15 septembre approchant, l’AFP livre des informations au conditionnel sur les liens que suppose RFI au conditionnel entre le pouvoir ivoirien et les meurtriers de Kieffer ! (sic)

Comme chaque fois qu’une échéance importante pour la Côte d’Ivoire s’annonce, les médias français se déchaînent contre le pouvoir ivoirien. Cette fois, à l’approche de la rencontre de l’Onu du 15 septembre c’est l’affaire Kieffer qui resurgit, avec rien de nouveau ! Répercutée dès les titres par les journaux télévisés du soir, l’AFP annonce que «les ravisseurs et meurtriers présumés de Kieffer auraient été identifiés» (au conditionnel), disant confirmer une information — tout aussi conditionnelle — de RFI (sic).


Citation :

Titre de la dépêche :

«Côte d'Ivoire : les ravisseurs et meurtriers présumés de Kieffer auraient été identifiés» — mais qui notera le «présumé» et le conditionnel ?

Dans le contenu de la dépêche :


«PARIS (AFP) - mardi 29 août 2006 - 18h14 - Les auteurs de l'enlèvement et du meurtre présumé du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 à Abidjan, auraient été identifiés par le juge français Patrick Ramaël, a indiqué mardi une source proche du dossier.

Le juge Ramaël, en charge de l'enquête, a en sa possession une liste de dix-sept personnes qui auraient participé à l'enlèvement, la séquestration, l'exécution ou le transport du corps, a précisé à l'AFP Bernard Kieffer, le frère du disparu, qui se trouvait à Abidjan en août avec le juge.

Certains d'entre eux seraient d'anciens combattants du FLGO (Front de libération du grand Ouest), une milice favorable au président ivoirien Laurent Gbagbo, active dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, a précisé une source proche du dossier, confirmant une information de Radio France Internationale (RFI). {…}»


Etc., etc., c’est-à-dire (sans compter l’évocation du 11 septembre qu’on tait — juge-t-on que ça ferait peu sérieux ?) rien de nouveau que ce qu’on nous dit — au conditionnel — depuis deux ans : «des proches de Gbagbo "seraient" en cause».

Seule nouveauté significative pour nous ressortir cette première nouvelle sur les télés françaises concernant la Côte d’Ivoire — visant à mettre à mal Gbagbo, naturellement et comme les autres fois —  seule nouveauté depuis la dernière «information» : l’échéance d’une rencontre de l’Onu sur la Côte d’Ivoire pointe à l’horizon. La batterie du dénigrement se met donc en branle…

La dépêche, qui tombe aux heures de grande écoute, reprend un article où Le Nouveau Réveil (organe de l’opposition bédiéiste de la mouvance politico-rebelle,
reprenant RFI, cité par l'AFP - serpent qui se mord la queue) citait il y a deux jours le frère du journaliste disparu.

Et, pour bien nous laisser penser qu’Oulaï serait en France pour échapper "aux griffes de Gbagbo", on oublie de préciser que c’est alors qu’il était à Dakar qu’il a été "exfiltré" pour la France où il a été arrêté en région parisienne, puis emprisonné, avant d'être relâché.

Publié donc deux jours avant la dépêche de l’AFP qui n’y ajoute rien, l’article du Nouveau Réveil, ou de RFI, ne dit rien de plus significatif que ce que l’on sait depuis deux ans. Ce matin, L’Intelligent d’Abidjan publiait donc une lettre de Tony Oulaï à Jacques Chirac. Lettre dans laquelle Oulaï, qui nie tout ce dont on l’accuse, rappelle qu’on l’a aussi accusé d’être complice de Zacharias Moussaoui pour le 11 septembre : chose que nos médias se gardent de rappeler (jugent-ils que ça ne ferait pas sérieux ?) — de même qu’ils se gardent de rappeler que Oulaï pourrait être compromettant pour une autre affaire : celle du présumé bombardement de Bouaké, où il était parmi les pilotes.

Cela sans négliger que puisque avec l’affaire Kieffer, il est question de cacao, on a là un bon moyen de noyer l’information importante de la semaine sur le trafic, passée sous silence en France, avec des informations autrement concrètes, et qui impliquent de tout autres poissons. Cf. l’enquête de Théophile Kouamouo : http://unevingtaine.hautetfort.com/archive/2006/08/28/la-...

Que n’attend-on pas d’avoir de vraies informations, pas au conditionnel, quelles qu’elles soient — plutôt que de nous livrer toutes les rumeurs allant dans le sens que l’on souhaite à la veille de rencontres significatives, comme celle de l’Onu du 15 septembre ?




samedi, 26 août 2006

Quand Tiken Jah tente de se justifier : laborieux et édifiant



Lecture de l’interview de Tiken Jah Fakoly par L'intelligent d'Abidjan 25/08/06 — http://news.abidjan.net/h/209108.html


(CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)

«{…} Gbagbo, tout le monde est conscient de sa lutte. La liberté de la presse est de son combat. Il méritait de gouverner la Côte d'Ivoire. Mais, il n'a pas eu la chance de rentrer par la grande porte. {…}»


C’est Tiken Jah Fakoly qui dit cela ! Bonne nouvelle il a enfin compris, pourrait-on penser… D’autant qu’à la question de Firmin Koto, qui l’interviewe,

«Que penses-tu de la politique extérieure par rapport à la Côte d'Ivoire?»

il va carrément répondre :

«Je pense que la politique extérieure a un impact négatif dans ce qui arrive à la Côte d'Ivoire. C'est clairement une guerre économique entre le colonisateur et notre pays. Le paradoxe c'est que l'Afrique est le continent qui a le plus de ressources au monde. J'ai lu récemment que les ressources minières représentent 75% dans le monde. Il est donc clair que l'Afrique est convoitée par les Occidentaux. C'est pourquoi, il faut que les dirigeants africains parlent d'une seule voix pour défendre les intérêts de l'Afrique. C'est vrai que la France pourrait soutenir une opposition ou une rébellion contre un pouvoir qui n'est pas en accord avec elle. J'ai l'habitude de dire que si nous sommes unis, ça va faire mal. Si les Ivoiriens étaient unis et qu'ils avaient mis en place une bonne démocratie, transparence, justice et égalité il n'y aurait pas cette guerre aujourd'hui.»

«Penses-tu à un réel retour de la paix en Côte d'Ivoire?»

«Oui mais à condition que tout le monde soit conscient de l'intérêt de la nation. {…}»



[Sur blogs.nouvelobs.com l'article censuré, intitulé "Tiken Jah va-t-il rejoindre la République ?", se terminait ici en ces termes : La bonne nouvelle se confirmerait-elle ? Tiken Jah va-t-il rejoindre le camp républicain ?
Pas si simple… La suite sur http://unevingtaine.hautetfort.com/]



Quand il vient de dire, un peu plus haut :

«{…} Gbagbo, tout le monde est conscient de sa lutte. La liberté de la presse est de son combat. Il méritait de gouverner la Côte d'Ivoire. Mais, il n'a pas eu la chance de rentrer par la grande porte. Après son élection dans des conditions calamiteuses, la première chose qu'il aurait dû faire était de prononcer un message d'unité. Ceci en promettant qu'après son mandat tous les partis allaient se présenter pour qu'enfin il y ait des élections justes et transparentes en Côte d'Ivoire.»


Sachant, comme le lui dit Firmin Koto, que Gbagbo n'a jamais terminé ce mandat en bonne et due forme — quand Tiken Jah vient de dire cela, on se dit : bon, tout va bien, il a enfin compris, il va donc pouvoir prendre son courage à deux mains, franchir le pas et dire qu’il s’est fait avoir et qu’il rejoint à présent le combat des patriotes.

Mais non, ce pas, il ne le franchit pas. Il a compris, mais ne l’a dit qu’au conditionnel : «C'est vrai que la France pourrait soutenir une opposition ou une rébellion contre un pouvoir qui n'est pas en accord avec elle».

Ce qui lui permet de se contorsionner tout au long de l’interview et de ne pas aller au-delà d’une réponse agacée à la question :

«Peux-tu dire franchement quelle est ta position par rapport à la rébellion?»

«{…}
Une fois pour de bon, j'aimerais dire que je n'ai aucun lien avec la rébellion. Mais, je comprends leur combat. {…}»

Et, en regard des trois années passées, c’est le moins qu’on puisse dire en effet : «il comprend leur combat» dont il a fait la promotion sur tous les continents, ce qui, disent les mauvaises langues — comme Alpha Blondy, rappelle-t-il —, lui a valu comme récompense au goût néo-colonial, le trophée des «victoires de la musique».

Voilà ce qu’il faut donc justifier, et qu’il est si difficile à présent de justifier. C’est ainsi que lorsque à sa remarque selon laquelle — en substance — Gbagbo aurait dû l’écouter (sic) et faire en sorte «qu'après son mandat tous les partis allaient se présenter pour qu'enfin il y ait des élections justes et transparentes en Côte d'Ivoire», Firmin Koto lui rétorque :

«Gbagbo n'a jamais terminé ce mandat en bonne et due forme…»

Tiken Jah bredouille, en guise de justification, cette étrange réponse :

«Oui, mais les dés étaient pipés au départ avec le forum de la réconciliation que j'appelle le forum de la distraction. Et c'est de là qu'est parti tout ce malaise. Au cours du forum de la réconciliation nationale, tous les partis et les couches sociales étaient représentés. Malheureusement, Laurent Gbagbo a refusé d'appliquer les résolutions de ce forum. C'est pas sérieux. La réalité est là. C'est pour cela que je dis que je comprends le problème des rebelles. Ce qu'on aurait pu obtenir par les revendications musicales a été finalement mais malheureusement obtenu par les armes. Toutes les avances en passant par l'acceptation de la candidature d'Ado. Nous avons chanté, Alpha, Fadal, moi et bien d'autres, mais personne n'a voulu nous écouter.»

Ah bon Gbagbo n’a pas appliqué les résolutions du forum ? — alors qu’il a fait entrer au gouvernement, et pas à des postes de figurants, des représentants de tous les partis, y compris celui d’ADO pour lequel la rébellion prendra les armes !

Ultime tentative d’auto-justification de Tiken Jah qui a aussi parlé de son exil au Mali parce que sa sécurité ne serait pas assurée en Côte d’Ivoire — renvoyant pour cela à Camara H, dont le public français se souvient du cadavre passé en boucle en 2003 dans tous les journaux télévisés pour contrer les manifestations pro-Gabgbo au lendemain de la tentative de coup d’État de Marcoussis. Allusion donc, mais sans précision supplémentaire de Tiken Jah, aux fameux «escadrons de la mort» que Le Monde avait envoyés alors dans les pattes de Gbagbo. Pas de précision supplémentaire parce que Tiken Jah sait très bien que, depuis, Le Monde a été condamné pour cela. Et Tiken Jah sait vraisemblablement que cela n’avait aucun sens pour les partisans de Gbagbo, d’aller casser un possible impact médiatique mondial des manifestations monstres en sa faveur en tuant un opposant et en exposant son cadavre sur le terre-plein central d’une route archi-fréquentée !

Tandis que Tiken Jah a oublié de dire que ça c’était dégradé pour Gbagbo bien avant le forum de réconciliation, en fait au jour même de son intronisation — avec le fameux charnier de Youpougon, dont éclate aujourd’hui que c’était un montage, comme les fameux «escadrons de la mort».

Tiken Jah le sent bien : il s’est fait avoir en prenant parti pour la rébellion, ou, selon ses termes, «en la comprenant». Mais que ne le dit-il pas clairement ?!




vendredi, 25 août 2006

2000...



Dans une chronique précédente, la comparaison me semblait s’imposer entre les 150 soldats qui arrivaient au Liban et les 5000 de la Licorne en Côte d’Ivoire.

Au moment où 170 soldats débarquent annonçant donc, non pas les 200 d’abord promis, mais finalement 2000 soldats français, la mise en perspective par rapport à la présence française en Côte d’Ivoire me semble prendre un sens nouveau non-négligeable. Je passe sur le nombre, et j’en viens à un parallèle significatif dans le problème : le désarmement.

Si, comme en Côte d’Ivoire, la force internationale tergiverse au Liban concernant le désarmement des «milices» — dixit le Président Chirac —, à savoir concrètement le Hezbollah, on débouchera sur la situation qu’on a promue en Côte d’Ivoire en n’exigeant jamais concrètement le désarmement de la rébellion et en ne fermant jamais la frontière-passoire par laquelle elle s’approvisionne en armes. Une rébellion, ou une milice, qui ne désarme pas, surarme !

Ça se voit en Côte d’Ivoire, ça s’est vu au Liban, où, non désarmé, le Hezbollah n’a fait que surarmer. Ce qui ne fait que pourrir une situation — pour des lendemains qui déchantent toujours plus faux.

Au point que c’est à se demander si ce n’est pas ce qu’on cherche ! — cela en regard de la façon dont on laisse calomnier ceux qui sont dans la légalité… Ainsi, pour la Côte d'Ivoire : légendes, promues par les médias français contre les patriotes, sur des «escadrons de la mort de Gabgbo», le concept français d’ «ivoirité», le charnier de Yopougon, autant de clefs de voûte d’un dénigrement médiatique, qui ont fait tant de mal… et qui aujourd’hui s’écroulent les unes après les autres.

Ainsi, Mamadou Koulibaly annonçait les aveux de l’exécutant de la macabre mise en scène du charnier de Yopougon. Notre Voie publie aujourd’hui son témoignage — tandis qu’on se souvient que la ministre-Marcoussis de la justice (mentionnée ci-dessous par le personnage) avait décidé en son temps de stopper l’enquête…


«
Charnier de Yopougon: Abou Kamagaté (le convoyeur des corps) raconte»

Notre Voie - 8/24/2006 7:36:54 PM — http://news.abidjan.net/h/208876.html :

«Dans le mois de mars 2003, Abou Kamagaté, 67 ans, de nationalité malienne, chauffeur de son état, est arrivé de son Mali natal pour, a-t-il annoncé, rencontrer les autorités judiciaires ivoiriennes. Des entretiens qu’il a eus avec ses hôtes, il ressort que M. Kamagaté est arrivé du Mali rien que pour faire des révélations sur le charnier de Yopougon. En exclusivité, nous vous proposons quelques-unes de ces révélations qui vont, sans nul doute, provoquer un séisme dans le microcosme politique ivoirien.

“Je suis Abou Kamagaté, chauffeur de camion-benne. Précisément, je livre du sable de construction. Je travaillais à la gare de sable d’Abobo, un quartier où j’ai habité, avant de la quitter précipitamment pour m’installer au Mali. Mon départ est lié à l’affaire du charnier de Yopougon. Affaire que j’ai contribué à monter de toutes pièces.
Tout a commencé dans la nuit du jour où le général Robert Guéi a capitulé devant la mobilisation des Ivoiriens. Cette nuit-là, Kaba, un ami coxer à la gare routière d’Abobo, m’a approché pour qu’on fasse un travail. Nous avions l’habitude de travailler ensemble dans le cadre de la livraison de sable. Cette fois-ci, Kaba est venu louer mes services pour un autre type de travail. A savoir transporter, non pas du sable, mais des cadavres sur recommandation de M. Ally Coulibaly, responsable de la Communication du RDR. Kaba m’a dit qu’Ally Coulibaly proposait 50 millions FCFA et souhaitait que les cadavres soient déposés derrière la MACA. J’ai tout, de suite, accepté de faire le travail.
Dans la même nuit, Kaba a fait venir six personnes qui m’ont rejoint à la gare de sable d’Abobo. Je ne les connaissais pas. Deux personnes sont montées devant et, le reste, derrière la benne que j’ai acquise en héritage de mon frère aîné Adama Kamagaté, décédé à la MACA.
Sur indication de Kaba, nous nous sommes rendus devant la pharmacie Sainte Odile (Dokui) d’Abobo. Nous avons ramassé les corps qui jonchaient le sol pour les mettre dans le camion. Je suis allé les déverser au lieu indiqué par Ally Coulibaly. Puis nous sommes allés à Cocody. Comme je ne connais pas le quartier, je ne suis pas en mesure de préciser les endroits exacts. J’ai fait cette nuit-là trois voyages. Les corps que nous avons déposés étaient habillés. Une fois le travail fini, je suis allé descendre les six personnes que Kaba avait envoyées à la gare de sable, exactement devant le domicile d’Adama Sanogo. Restés à deux, Kaba est venu me chercher à la gare de sable pour m’envoyer au domicile d’Ahmed Bassam. A 16 h, j’ai été reçu par Alassane Dramane Ouattara (ADO) et Ally Coulibaly. Ils m’ont félicité en me disant que “j’ai fait du bon travail”. ADO, tout en posant sa main sur mon épaule, m’a présenté à un Blanc en ces termes : “Voici le monsieur qui a déposé les corps au lieu indiqué. Allez faire votre travail!” Dans le salon d’Ahmed Bassam, se trouvaient, outre lui-même, Henriette Dagri Diabaté et Adama Toungara. C’est au domicile d’Ahmed Bassam que Kaba m’a remis les 50 millions FCFA. Il les a reçus des mains d’Ally Coulibaly. En me remettant l’argent, Kaba a ajouté que “je devais, dans les trois jours qui suivent, quitter la Côte d’Ivoire”. Puis Ally Coulibaly m’a donné trois documents en me recommandant de les garder soigneusement : un passeport, un billet d’avion, puis une interdiction de séjour sur le sol ivoirien.
Ce jour où je quittais Abidjan, j’ai été escorté jusqu’à Pogo dans une 4X4. Une fois à Sikasso, j’ai décidé de me construire une maison. J’ai donc remis la somme de 500.000FCFA à un de mes frères officier de police pour acheter un terrain. C’est lui qui m’a dit que l’argent était faux. On s’est rendu compte que les 50 millions FCFA étaient de faux billets. J’ai compris que Ally Coulibaly, ADO et autres m’avaient nargué. Ecœuré, j’ai décidé d’effectuer le voyage de Sikasso à Abidjan pour venir porter à votre connaissance ces faits. Il faut que les Ivoiriens sachent que l’affaire du charnier est du faux, tout comme les 50 millions F CFA que j’ai reçus pour ramasser les corps”.

Propos recueillis par Allan Aliali »



mercredi, 23 août 2006

Mais pour qui roule l’AFP ?!



Avec tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire :
— les anciens thèmes de dénigrement de la résistance à la Françafrique qui s’écroulent (cf. ce blog hier) ;
— les peuples de l’Afrique entière qui soutiennent les patriotes ;
— les populations du Nord qui secouent de plus en plus le joug rebelle ;
— les jeunes des deux camps qui signent un accord (au point de n’être pas suivis de façon toujours enthousiaste dans leurs partis respectifs) pour que l’identification se fasse de façon transparente ;
— le premier ministre qui reconnaît la légitimité de cette demande…

…bref, quand les diverses tentatives de reprise de pouvoir de ceux qui ont été battus dans les urnes semblent s’apprêter à tourner au fiasco, que fait l’AFP ? Elle résume tout cela en une dépêche où elle donne la parole aux tenants du pouvoir d’antan, les ex-ennemis et désormais alliés Bédié (ex-«ivoiritaire») et Ouattara (ex-«anti-ivoiritaire») que tout cela fâche, pour nous annoncer en titre : «
L'opposition ivoirienne demande à l'Onu de limiter les décisions de Gbagbo» ! (http://www.izf.net/izf/AFP2/francais/special/afrique/0608...)

Et on s’étonnera de découvrir que les agences de presse et autres médias français sont considérés en Côte d’Ivoire comme partisans — roulant pour l’opposition et la rébellion !