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jeudi, 21 septembre 2006
Onu : la Françafrique vient de céder du terrain
Dépêche sur Abidjan.net :
«07:29 - L’ONU, les acteurs et les médiateurs de la crise en Côte d’Ivoire ont confirmé le report des élections et laissé aux instances collectives africaines le soin de décider prochainement de l’avenir du processus de paix.»
Bref la Côte d’Ivoire républicaine a eu (provisoirement) raison des manigances pour l’abattre. La clarté de Gbagbo a donc payé : il obtient exactement ce qu’il a proposé : que les instances collectives décident prochainement de l’avenir du processus de paix.
Cela contre la menace des sanctions brandie jusqu’au dernier moment par Douste-Blazy «à l'égard des "dirigeants ivoiriens"» (selon AP - 9/20/2006 5:47:17 PM — http://news.abidjan.net/h/213746.html) — Douste-Blazy apparemment chargé d’offrir en outre une humiliation en forme de reculade à Paris : « Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a estimé mercredi à New York qu’un départ des forces internationales de Côte d’Ivoire serait un coup "terrible"» aurait-il dit (selon Soir Info - 9/20/2006 8:57:59 PM — http://news.abidjan.net/h/213848.html)… Cela quand quelques jours avant, l’Élysée faisait valoir son désir de retirer Licorne.
Entre temps Gbagbo avait répliqué à cette «menace» qu’il serait temps, en effet, de retirer les troupes «d’interposition» — sachant très bien qu’elles se s’interposent plus qu’entre deux parties d’un pays dont le nord est tenu par une rébellion qui ne représente qu'elle même — les défections se multipliant jusqu’en haut lieu. Dernier exemple, Mme Enise Kanaté (ex-RDR), députée-maire de Mankono : «Je suis partie au FPI parce que je suis fatiguée de mentir aux populations {…} j'ai compris que le président Gbagbo avait raison» (dépêche de l’AIP San Pedro, 18 sept 2006).
Et Douste-Blazy de juger cependant «terrible» la possibilité du départ de Licorne (on ne peut s’empêcher de se souvenir qu’il déclarait il y a quelques semaines que l’Iran était un facteur stabilisant : voilà les menaces des urnes ivoiriennes plus «terribles» que les menaces nucléaires…)
Pour les urnes, Douste contresigne les déclarations de l’Élysée, histoire de faire porter la responsabilité du report des élections sur les patriotes, qui les réclament instamment : il faut en premier lieu, dit-il, changer les listes électorales pour «des listes électorales nouvelles et claires». Il est vrai que la Françafrique a une certaine expérience en matière de listes électorales «nouvelles et claires». On l’a vu récemment au Togo : «De la distribution sélective des cartes d’électeur à la proclamation de faux résultats en passant par le gonflement évident du fichier électoral, le processus a été vicié et entaché de beaucoup de fraudes» (Rodrigue KPOGLI — http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/ — 20.09.06). Cela avec pour résultat : «après chaque fraude électorale, on nous sort{…} cette idée de gouvernement d’union nationale, …une fabrication de la françafrique qui vise à légitimer une autorité illégitime voire inexistante…» (ibid.).
Quoiqu’il en soit, l’Onu n’a pas marché, quand bien même les rebelles, ayant la voie libre en l’absence de représentants ivoiriens issus des urnes, tentaient encore de prétexter leur refus de désarmer par la question de l’ «ivoirité» (selon Nord-Sud), prétexte qui ne marche plus auprès de quiconque : les rares médias français qui font écho à ce revers françafricain en termes d’«échec de l’Onu à sortir le processus de paix ivoirien de l'impasse» (Le Monde) ne prennent même plus la peine de mentionner cette thématique qui fit antan leurs choux gras.
Reste que ce recul face au peuple ivoirien risque de n’être que provisoire…
18:50 Publié dans Analyses & commentaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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