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jeudi, 03 août 2006

Bouaké : pourrait-on enfin savoir ?



Voilà une dépêche de l’AFP qui, en peu de mots — et quelques silences inédits —, nous dit beaucoup de ce que l’on ne peut plus nous cacher concernant les événements de Bouaké :

«
La Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a émis un avis favorable à la déclassification de documents secret-défense de la Direction du renseignement militaire (DRM) sur le bombardement du camp français de Bouaké (Côte d'Ivoire) en novembre 2004.»

Le «révisionnisme évolutif» des médias français semble être désormais aussi (à en suivre l’AFP) le fait du ministère de la Défense.

On apprend dans cette dépêche (cf. plus bas) :

— que les conversations des pilotes —
donc les boîtes noires, que réclame depuis bientôt deux ans la justice ivoirienne, pour n’obtenir, semble-t-il, que du silence, voire l’insinuation par la presse qu’elles seraient en la possession des autorités ivoiriennes (qui n’ont pas eu accès aux avions détruits) — sont demandées auprès des autorités militaires françaises par la justice française ;

— que la seule fois en 80 avis, où le (la) ministre de la Défense n’a pas suivi un avis de
la CCSDN, c’est précisément pour l’affaire de Bouaké par Mme Alliot-Marie («sur un point de détail») ;

— qu’il n’est plus question concernant le (présumé) bombardement, que des pilotes biélorusses (silence éloquent en matière de «révisionnisme évolutif»). Finie la décision délibérée de la hiérarchie ivoirienne, voire venant du chef de l’État. Vraisemblablement, les pilotes biélorusses exfiltrés via le Togo commencent à être appelés à porter le chapeau : ils sont carrément nommés dans la dépêche !

— Comme le dit la dépêche, «i
l appartient maintenant à la ministre de la Défense de décider de la déclassification de ces documents»…

Je précise qu’on est là au cœur d’un des domaines de censure de mon blog sur nouvelobs.com. Deux autres domaines principaux étant le large soutient qu’obtiennent les patriotes ivoiriens dans le reste de l’Afrique (les articles de la presse non-ivoirienne, notamment celle de l’opposition burkinabé, camerounaise, ou les prise de position de quelqu’un comme l’ambassadeur d’Angola), et le large soutien populaire, en Côte d’Ivoire, de la résistance au déficit d’une rébellion en peau de chagrin dont nos médias tentent à la moindre occasion de gonfler l’importance.

La dépêche de l’AFP :


«Côte d'Ivoire: avis favorable à la déclassification de documents secret-défense sur Bouaké

PARIS (AFP) -
jeudi 03 août 2006 - 12h47 - La Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a émis un avis favorable à la déclassification de documents secret-défense de la Direction du renseignement militaire (DRM) sur le bombardement du camp français de Bouaké (Côte d'Ivoire) en novembre 2004.

Cet avis, daté du 21 juillet, a été publié jeudi au Journal officiel.

La CCSDN avait été saisie par la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie le 10 juillet après une demande de Florence Michon, unique juge d'instruction auprès du Tribunal aux armées de Paris (TAP).

Mme Michon est chargée de l'instruction ouverte après le bombardement le 6 novembre 2004 par des avions pilotés par des mercenaires biélorusses du camp français de Bouaké qui avait tué neuf soldats français et un civil américain.

Elle souhaitait obtenir "la communication des enregistrements des conversations tenues entre les pilotes des deux avions Sukhoï ayant bombardé le camp, leur retranscription et, le cas échéant, la traduction de ces retranscriptions".

A la suite de cette demande, la CCSDN a émis un avis favorable à la déclassification de deux fiches de la DRM, service de renseignements dépendant du ministère de la Défense, en date des 18 et 23 novembre 2004, et d'un CD-Rom.

Il appartient maintenant à la ministre de la Défense de décider de la déclassification de ces documents.

Les quelque 80 avis de la CCSDN, depuis sa création en 1998, ont toujours été suivis par les ministres concernés, sauf en 2005 sur un point de détail par Mme Alliot-Marie toujours sur ce dossier du bombardement de Bouaké.

Huit mercenaires biélorusses, arrêtés peu de temps après le bombardement, avaient été mis à la disposition de la France pendant quinze jours sans que celle-ci n'y donne suite, selon le témoignage de l'ancien ministre de l'Intérieur du Togo François Esso Boko, qui figure au dossier d'instruction. Selon M. Boko, parmi ces mercenaires, qui ont été exfiltrés depuis la Côte d'Ivoire vers le Togo, se trouvaient les deux pilotes de Sukhoï qui ont bombardé le camp français.

La déclassification de documents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services secrets français) a déjà permis à la justice française de prendre connaissance notamment des noms des deux pilotes, Yuri Sushkin et Barys Smahin.

L'avocat des parties civiles dans cette affaire, Me Jean Balan, a récemment demandé l'audition de Mme Alliot-Marie et du ministre de l'Intérieur de l'époque, Dominique de Villepin.»




mardi, 01 août 2006

Politique française de l’immigration et effets imprévus du processus d’identification en Côte d’Ivoire



Un but inattendu chez des «nouveaux Ivoiriens» : accéder via les «audiences foraines» ivoiriennes à la régularisation... en France :

On sait que la politique française de l’immigration, et notamment, à l’heure actuelle, la politique chiraco-sarkozienne, favorise, de par sa radicalité restrictive, la recherche par les candidats à l’immigration des moyens des plus divers pour être régularisés.

Un des moyens qui semble n’avoir pas été prévu par les autorités françaises, c'est l’usage des «audiences foraines» ivoiriennes telles qu'elles sont organisées — suite à ce qui a été mis en place sous les auspices de la France à Marcoussis.

Un des points de Marcoussis, voulu par le pouvoir français et son représentant Pierre Mazeaud était l’octroi de la nationalité ivoirienne à trois millions d’immigrés sahéliens. L’équivalent, si cela était requis pour la France, de la régularisation de 12 millions de sans papiers environ…


On sait que la question de l’identification en Côte d’Ivoire traîne depuis le temps d’Houphouët avec son usage temporaire aux périodes d’élections, de carte de séjour (instaurée par Ouattara) en nationalité provisoire…

La mise en ordre de ce fichier étant effectivement une nécessité, la Côte d’Ivoire s’est attelée à cela depuis quelques années. Les parrains de Marcoussis ont vu en cela un intérêt non-négligeable — la pratique est courante en Afrique — : modifier le potentiel électoral en faveur des candidats préférés de la Françafrique.

Pour cela, il s’agit naturellement d’être peu regardant sur le contrôle légal du processus d’identification. C’est sur ce point que le processus d’identification, et les audiences foraines, viennent de coincer en Côte d’Ivoire.

Ce que nos médias ont pris soin de ne pas nous rappeler, c’est que le désarmement des rebelles devait avoir lieu avant le processus d’identification — afin que celui-ci se déroule de façon sereine. La rébellion, qui devait désarmer (selon Marcoussis) au lendemain de son accession au pouvoir ne l’a toujours pas fait près de quatre ans après. Devant son refus, la «communauté internationale» lui a accordé un désarmement «concomitant» à l’identification — pour finalement laisser procéder à l’identification sans aucun désarmement ! Identification en l’absence de représentants de l’État et des partis politiques, donc, mais à l’ombre des kalachnikovs.

Ce en quoi les patriotes ont dénoncé un risque de fraude, suscitant de ce fait la réprobation de Paris et de la «communauté internationale», et une étrange jubilation des médias français de voir que le refus des patriotes s’était soldé par des bagarres avec les partisans de la rébellion (les médias français semblant y voir la preuve de leur existence — et parvenant à faire l’identification politique des blessés et du jeune décédé).

Par ces manifestations, les patriotes ont toutefois pu obtenir un accord en vue d’une identification qui se fasse de manière transparente.

En attendant, un certain nombre d’ «identifications» ont déjà eu lieu. Et tandis que les immigrés burkinabés notamment ne s’y sont pas trompés — leurs représentants ont appelé à ne pas se prêter à cette mascarade françafricaine à fin électorales —, d’autres candidats à la nationalité ivoirienne n’ont pas manqué.

Et oh surprise ! effet inattendu : pour plusieurs d’entre eux, ce n’est pas tant la nationalité ivoirienne qui les intéresse, que le tremplin qu’ils y voient, en l’obtenant, pour accéder à la nationalité… française, ou au moins au territoire français, via le statut potentiel de réfugiés politiques ivoiriens…

Lire l’enquête ci-dessous, effectuée par
Philippe Kouhon, correspondant permanent Europe du Matin d’Abidjan :



«
FRAUDE SUR LA NATIONALITE IVOIRIENNE - Des faux extraits de naissance ivoiriens découverts à Paris

Le Matin d’Abidjan —
Mardi 1 Aout 2006 http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...




medium_le_matin_-_faux_papiers.2.JPG

Depuis quelques jours, les autorités judiciaires officiant sur la place de Paris, singulièrement l'office français pour les réfugiés et apatrides (Ofpra), font face à plusieurs cas de faux extraits de naissance ivoiriens produits par des demandeurs d'asile politique. Une situation qui n'est pas sans rapport avec les audiences foraines qui ont cours actuellement en Côte d'Ivoire.

Ils sont des milliers à faire le rang, chaque jour, avec pour seul argument, la guerre en Côte d'Ivoire. Une situation qui nourrit, on le sait, le risque de persécution, comme le prévoit la convention de Genève sur le droit d'asile afin de bénéficier de la protection d'un pays tiers. Ces demandeurs d'asile politique n'ont pour unique pièce justificative, que l'extrait de naissance. Et ce sont les récents évènements de Bassam qui ont attiré l'attention des autorités françaises. Selon une source proche des services de l'immigration, des ressortissants guinéens et maliens, candidats à l'immigration en France, ont produit des extraits d'acte de naissance, établis à Bouaké. Mais pour leur malheur, ils seront confondus, lors du processus d'admission. C'est que, après l'introduction du dossier d'asile politique, un examen oral sanctionne la procédure. Occasion pour les requérants de prouver leur nationalité ivoirienne, à travers une connaissance solide du pays d'origine suite à un interrogatoire serré. Mais aussi et surtout, convaincre que l'on court le risque de persécution dans son pays d'origine, pour ses activités politiques ou encore son appartenance à une religion… De sources bien introduites, ils sont depuis quelques semaines, des centaines à se faire délivrer des extraits d'acte de naissance dans le quartier général de la rébellion, moyennant une contrepartie financière comprise entre 5 et 10 mille francs Cfa. A.C, 24 ans, originaire de la Guinée Conakry fait partie de ces faux Ivoiriens découverts par l'Ofpra. Il témoigne : " C'est un de mes oncles auquel j'avais expliqué mon projet d'émigrer en France qui m'a conseillé d'aller en Côte d'Ivoire et précisément à Bouaké pour acquérir un extrait de naissance ivoirien. Il m'a assuré que muni de ce document je pourrais aisément demander et obtenir l'asile politique ". Le cas des Guinéens est loin d'être isolé. Depuis l'ouverture du processus d'identification, Les services de l'immigration en Europe sont confrontés à ces ''néo Ivoiriens'', de plus en plus nombreux, qui prétendent fuir la guerre. Outre la France, l'on signale des demandes d'asile similaires dans plusieurs capitales européennes. Certes les mailles de la police se referment sur quelques uns mais ils sont tout aussi nombreux ceux qui arrivent à se sortir de la nasse. Moyennant finances, ces derniers s'appuient sur des Ivoiriens, qui les aident à passer avec brio, le " grand oral " en les instruisant au préalable sur les réalités ivoiriennes. Ainsi donc, munis de leurs papiers, ces faux Ivoiriens attendent sagement d'être sollicités pour les prochaines joutes électorales en Côte d'Ivoire.

Vers une élection Cedeao en Côte d'Ivoire
A en croire les recalés de l'Ofpra, le bradage massif de ces documents d'identité dans les zones assiégées, indique-t-on, se fait avec la complicité des chefs de guerre. Ce, en prévision des élections à venir. Ceci dit, cette pratique frauduleuse pourrait susciter la méfiance des représentations diplomatiques ivoiriennes, lors de l'établissement des cartes d'électeur. In fine, l'on court vers une sorte ''d'élection CEDEAO'' en Côte d'Ivoire. Ce triste constat pose avec acuité, la fiabilité des audiences foraines tenues sous leur forme actuelle, c'est-à-dire sans aucune garantie de transparence. C'est assurément un camouflet pour le premier ministre qui ne manque aucune occasion de clamer qu'il a pris des mesures nécessaires pour éviter que la nationalité ivoirienne ne soit bradée. Si Banny voulait des preuves, il les a désormais avec l'action de l'Office français pour les réfugiés et les apatrides (Ofpra). Reste à savoir ce que va donc décider le banquier venu de Dakar. Va-t-il continuer de laisser faire Soro et ses bandes armées ou au contraire mettre fin à cette vaste entreprise visant à modifier sensiblement le corps électoral dans notre pays ? Les prochains jours nous situeront sur la question. Mais il est bon de signaler que pour rallier à leur cause de nombreux étrangers, les responsables coalisés du Rdr et de la rébellion font miroiter aux uns, l'asile politique en Europe, et la suspension des frais de la carte de séjour délivrées aux étrangers vivant en Côte d'Ivoire. Suspendre les audiences foraines, désarmer et permettre le redéploiement de l'administration sur toute l'étendue du territoire ivoirien, avec le retour des sous-préfets et préfets, des tribunaux est le seul test crédible pour le retour à une paix durable en Côte d'Ivoire. Après un mépris souverain accordé aux revendications pourtant reconnues comme justes, du camp présidentiel, le premier ministre semble être aujourd'hui gagné par un début de lucidité, avec notamment la prise de nouvelles mesures, pour conduire les audiences foraines. Il n'est jamais tard pour bien faire dit l'adage. Il faut souhaiter que l'enfant de Morofè continue sur sa lancée correctrice. La paix en Côte d'Ivoire en dépend. Nécessairement.
Philippe Kouhon
Correspondant permanent Europe»




jeudi, 27 juillet 2006

Reste-t-il quelques sanctions onusiennes à grappiller contre la résistance panafricaine des patriotes ivoiriens ?



Le forcing qu’opère le pouvoir français au sein de la jungle onusienne pour obtenir de nouvelles sanctions contre la Côte d’Ivoire républicaine ne trompe apparemment que l’opinion française et ceux qui la font. Tandis que, cas exemplaire, Hoffnung tentait hier dans Libération (http://www.liberation.fr/actualite/monde/195448.FR.php) de nous vendre ce qu’il donne comme sa certitude que les rebelles — c’est juré ! une nouvelle fois, comme depuis trois ans et demi — désarmeront enfin quand l’identification sera terminée, la mobilisation des patriotes a obtenu une temporisation — et un accord qui vise à déboucher sur plus de transparence. Hélas cela s'est fait suite à ce que la volonté onusienne de passer en force contre les patriotes, là où on s’est toujours gardé de montrer quelque autorité que ce soit contre la rébellion françafricaine, ait occasionné des violences mortelles.

Cela dit, que signifie à présent cette énième promesse rebelle de désarmer après avoir quasiment tout obtenu ? Désarmer après le gonflage des listes d’électeurs de quelques millions d’inscrits ? On en sera effectivement presque, avec l’appui franco-onusien, à la réussite du coup d’État raté de 2002. La promesse des rebelles et de l’Onu que Hoffnung annonce sans rire revient à peu près à annoncer que le désarmement de la rébellion se fera après son obtention du pouvoir !

Et pour aider à cela, le pouvoir français fait le forcing à l’Onu pour obtenir des sanctions, tandis que, comme le constate amèrement Hoffnung, «l’Onu réfléchit». Ce que ne se demande pas Hoffnung, c’est ce à quoi peut bien réfléchir l’Onu. On en exige des sanctions nouvelles ! Le problème est que le sac à sanctions est presque vide, et a montré son inefficacité. Les leaders de la galaxie patriotique se sont vus interdire de sortir du territoire et se sont vus «geler leurs avoirs à l’étranger» (que manifestement, ils n’ont pas !). Effet de ces sanctions ? Nul ! et pour cause.

(Notons que pendant que l’Onu a sanctionné des patriotes manifestant à mains nues, elle laisse les mains libres, leurs avoirs à l’étranger et leur droit de circuler ou de parader sur les plateaux-télé parisiens aux auteurs de massacres avérés et reconnus par la même Onu ! Ou encore, après que la France ait détruit le potentiel militaire de l’armée légale et obtenu de l’Onu qu’elle ne puisse réarmer, on s’est bien gardé de fermer les frontières nord par où l’on sait pertinemment que les armes de la rébellion transitent.)


Et l’Onu réfléchit (comme le regrette amèrement Hoffnung qui voudrait qu’elle fasse plus ostensiblement le fond de tiroir de ses sanctions). Outre donc que son sac est presque vide, l’Onu réfléchit vraisemblablement, étant mieux renseignée que l’opinion française, sur l’effet prévisible que cet acharnement pourrait avoir sur l’opinion africaine en général. À titre d’exemple, sur ce blog hier, un article où l’on voit que l’opposition burkinabè soutient les patriotes ivoiriens (Burkinabè pourtant censément, selon les médias français, victimes de ces mêmes patriotes : étrange masochisme !). Toujours à titre d’exemple, voir ci-dessous un article de l’opposition camerounaise, qui elle aussi, soutient les patriotes ivoiriens. Cela sans compter le pouvoir sud-africain.

Contrairement à l’opinion française (et apparemment à Hoffnung), l’Onu n’ignore pas que pousser le bouchon trop ostensiblement trop loin contre la résistance des patriotes panafricains de Côte d’Ivoire pourrait déboucher sur des émeutes anti-françaises dans d’autres capitales d’Afrique ! Témoignage de Nathalie Yamb, journaliste camerounaise (Le Messager,
mardi 13 juin 2006) :
«Hier, à Douala, dans la rue, j’entendais des jeunes Camerounais parler. Ils évoquaient la situation en Côte d’Ivoire. Uni sono, ils affirmaient qu’ils allaient "casser du français" au Cameroun si l’armée de Chirac touchait au président ivoirien Laurent Gbagbo. Afrique, ta nouvelle guerre de décolonisation a commencé.»

Voilà qui donne à réfléchir partout, sauf, apparemment, dans la presse française !




*******

Le Messager (Douala - Cameroun) — 25-07-2006 — http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=29&am...:


«Côte-d’Ivoire. Les audiences de la discorde


L’identification de la population avant les élections, sans désarmement, relance la guerre des tranchées.

Les audiences foraines ouvertes en Côte-d’Ivoire pour l’identification de la population en vue de l’élection présidentielle attendue, tournent au drame. Dimanche, elles ont été au centre de violents affrontements entre partisans du pouvoir et ceux de l’opposition dans la ville de Divo, au centre ouest du pays, à près de 200 km d’Abidjan. Selon le maire de la ville, Dadié Kodé, ces affrontements qui ont commencé samedi et se sont poursuivis dimanche, auraient fait “ quatre morts et 17 blessés au moins, dont neuf par balles ”. On se rappelle que le Front populaire ivoirien (Fpi), parti dont est issu le président ivoirien Laurent Gbagbo, a lancé le 14 juillet, un mot d’ordre de boycott actif, pour s’opposer et même empêcher la tenue de ces audiences foraines, dans les conditions actuelles de leur organisation. Ce boycott a atteint un point critique avec l'opération " Ville morte" qui a paralysé la ville d'Abidjan mercredi dernier. Depuis, les audiences foraines sont non seulement perturbées, mais aussi accompagnées d’actes de violences ici et là.
Des 50 sites ouverts sur l’ensemble du pays, seule une vingtaine sont opérationnels, essentiellement en zone sous contrôle de la rébellion. Ailleurs, c’est pratiquement le chaos. Les audiences foraines n’ont pas pu avoir lieu dans 30 des 34 localités retenues en zone gouvernementale où elles ont souvent viré au pugilat. Dans la localité de Sinfra, le véhicule de liaison des magistrats a été incendié. A Abobo, quartier d’Abidjan sous contrôle du Rassemblement des républicains (Rdr) de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, des affrontements ont opposé des militants de ce parti aux Jeunes Patriotes. D’autres affrontements ont laissé quatre blessés sur le carreau dans la localité de Abengourou. Et rien n’indique que la liste des victimes ne pourrait pas s’allonger dans les prochains jours, puisque le Rassemblement des houphouëtistes qui regroupe les principaux partis de l’opposition, invite désormais ses militants à se “ mobiliser partout et en permanence pour débloquer les audiences foraines ”.

Le bien fondé des audiences
Comme les chemins de l’enfer, généralement pavés de bonnes intentions, à l’origine des audiences foraines, il y a une idée noble : identifier les personnes vivant en Côte-d’ivoire sans papiers et leur établir des pièces d’identité, cartes nationales d’identité pour les Ivoiriens, cartes de résident pour les originaires d’Afrique de l’Ouest et cartes de séjour pour les étrangers non originaires d’Afrique de l’Ouest ; les premiers devant prendre part aux élections ivoiriennes. L’opération qui concerne 3.5 millions de personnes dont près de deux millions sont dans le nord du pays, selon l'Institut national de la statistique, devrait durer deux mois et coûter quelque 20 milliards de francs Cfa à l’Etat ivoirien. En pratique, des équipes de magistrats et fonctionnaires de l'état civil se rendent dans les quartiers et villages pour établir des actes d'état civil aux personnes qui en sont dépourvues. Ces équipes ont notamment recours à des témoignages du voisinage pour établir qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Au vu de la loi, toute personne âgée de treize ans ou plus, peut prétendre à la nationalité ivoirienne, si elle prouve qu’un de ses parents est né sur le territoire ivoirien.
Toute la classe politique ivoirienne reconnaît le bien fondé de l’identification de la population vivant en Côte-d’Ivoire, y compris le Fpi. Devant l’histoire, le Front populaire ivoirien est l’initiateur des audiences foraines en Côte-d’Ivoire. Du temps où il était dans l’opposition, Laurent Gbagbo fut en mars 1998 le premier homme politique ivoirien à poser publiquement le problème crucial des personnes sans papiers dans leur propre pays et à souligner la nécessité de donner une existence juridique à des milliers d'Ivoiriens dont la naissance n'a pas été déclarée à l'état civil. Ce qui avait conduit le gouvernement Pdci (Parti démocratique de Côte-d’Ivoire) de l’époque, sous la pression de l’Union européenne, à procéder à une vaste campagne d’identification, notamment en baissant considérablement le coût de la carte nationale d’identité. Parvenu au pouvoir, le Fpi a fait voter une loi sur l’identification, la loi 2002-03 du 3 janvier 2002, dite ‘’Loi Boga Doudou’’, qui consacre notamment les audiences foraines dans le processus d’identification de la population.

Le Fpi pas d’accord
Aujourd’hui, les audiences foraines sont devenues un gros enjeu électoral. Les 3.5 millions de personnes à identifier pèsent lourd et peuvent faire pencher l’élection présidentielle cruciale attendue, dans un sens comme dans l’autre. Justement, le Fpi accuse ses adversaires politiques de vouloir se servir de l’identification pour nationaliser des étrangers, et ainsi, gonfler l’électorat et “ transformer artificiellement la minorité en majorité par des audiences foraines ”, selon les mots de Laurent Gbagbo. Redoutant des fraudes massives dans le nord de la Côte-d’Ivoire sous contrôle de la rébellion, véritable no man’s land interdit à toutes les forces politiques autres que le parti d’Alassane Ouattara, le Fpi avait demandé que l’identification de la population soit précédée du désarmement qui devrait permettre le retour de l’administration dans cette zone, et par conséquent rassurer les fonctionnaires chargés de mener les audiences foraines, et les populations qui y sont invitées, mais qui ont peur d’agir sous le diktat des rebelles toujours armés. Seulement, ce préalable qui relève objectivement du simple bon sens, n’a pas trouvé grâce auprès des médiateurs de l’Union africaine, le Congolais Sassou Nguesso notamment, qui a, en revanche, ordonné que l’identification et le désarmement se fassent concomitamment, donc en même temps.
Cette concomitance a, depuis, été reléguée aux calendes grecques. La communauté internationale a oublié le désarmement, il n’est plus question que de l’identification et des audiences foraines. Et, ceux qui osent revendiquer le désarmement ou demander une meilleure organisation des audiences foraines sont qualifiés d’ “ ennemis du processus de paix ” par la diplomatie française et menacés de sanctions individuelles par le Gti, groupe international de travail à qui le Conseil de sécurité de l’Onu a confié la tutelle de la Côte-d’Ivoire. Or, sans désarmement et retour de l’Etat dans le nord du pays, y a-t-il la moindre garantie de fiabilité de l’opération d’identification ? Les audiences foraines y sont cornaquées par les rebelles qui disent avoir pris les armes pour que Alassane Ouattara puisse être candidat et président, et par des responsables politiques du Rdr. Déjà, en zone gouvernementale, des militants du Rdr ont été arrêtés en possession de faux cachets des services et administrations, d’imprimés de certificats de nationalité, d’attestations de nationalité, de photocopies d’extraits de naissance, etc. Ce qui n’est pas pour délégitimer les craintes du Fpi quant aux possibilités de fraudes à la nationalité en zone sous contrôle de la rébellion.
La bataille des audiences foraines vient ainsi rappeler que le désarmement est la clé de la paix en Côte-d’Ivoire. Sans ce désarmement, il sera difficile d’organiser des élections crédibles dont les résultats n’annonceront pas de nouvelles guerres. Mais, y a-t-il véritablement du monde au sein de la communauté internationale pour vouloir ce désarmement, tant de fois ordonné mais jamais réalisé ?
Par Ambroise EBONDA
Le 25-07-2006»



mardi, 25 juillet 2006

L’étrange traitement par la presse française des difficultés des «audiences foraines» en Côte d’Ivoire



L’attitude — et la prise de partie — de la presse française sur la situation en Côte d’Ivoire, est générale, de l’Afp aux grands quotidiens. À titre d'exemple, parmi tant d’autres, le
journal permanent.com de nouvelobs.com : ci-dessous, un bref commentaire de la dépêche intitulée "L`opposition se mobilise pour les audiences foraines" (au lien suivant :) http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060724.OBS6195.....

Ce qui surprend à la lecture de cet article
(du 24.07.06 et de l’article d’aujourd’hui 25.07.06 — http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060725.OBS6356....), c’est l’absence totale du mot «désarmement» ! Or ce que déplore le FPI (et que ne laisse pas deviner l’article), c’est que lesdites «audiences foraines» (pour lesquelles «l’opposition se mobilise») se fassent malgré l’absence de désarmement, qui devait d’abord, naturellement (et selon l’Onu), être un préalable, puis, face à «l’impuissance» de la «communauté internationale» à l’imposer, se faire de façon «concomitante» à l’identification. Finalement le désarmement des groupes armés (les «FN»), qui devait avoir lieu au lendemain de Marcoussis, n’a toujours pas commencé !

Ce qui fait qu’avec «l’appui de la "communauté internationale"», les «audiences foraines» se font — et cela notamment en «zone rebelle» — à l’ombre des Kalachnikovs, sans la représentation des préfets ni a fortiori des partis politiques, ni même, apparemment, des journalistes (qui n’ont, par exemple, jamais signalé la séquestration durant de nombreux mois de 28 Camerounais, relâchés seulement ces derniers jours — cf. Le Courrier d’Abidjan, 22 Juillet 2006, l’article de Th. Kouamouo : «Le droit à la nausée» — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm).

C’est ainsi que la fameuse «opposition houphouëtiste» encensée par nos médias (qui a gardé le pouvoir pendant 40 ans avant de le perdre dans les urnes en 2000 et de rater le coup d’État de 2002 visant à le lui rendre — depuis lequel elle ne désarme pas) «défit {sic} les militants de Laurent Gbagbo en se mobilisant pour la poursuite du processus d’identification de la population».

Certes le public français n’est pas très au courant de la situation ivoirienne. Cependant, dès lors, et a fortiori, que vaut un tel article, où l’on ne trouve même pas le seul mot central en l’espèce pour comprendre les événements : «désarmement» ?!




lundi, 24 juillet 2006

France-Afrique. La dérive des continents et le silence du PS français



medium_logos_fpi_ps.JPGVoilà que la gauche d’appareil se met en rang d’oignons pour 2007. L’appareil du PS qui s’est rangé soigneusement derrière Chirac et Alliot-Marie quand l’armée française donnait secrètement (en tout cas à l’insu de l’opinion française jusqu’au reportage de Canal + trois semaines après) le feu contre les Ivoiriens – et ceux qui prétendent «rénover maintenant» le PS (Montebourg). Ce qui pose une question : y a-t-il une alternance possible en France ?

On sait à présent que le pouvoir chiraquien a ruiné, par son… «action d’éclat» en Côte d’Ivoire, le crédit de la France en Afrique. C’est à présent admis même par des porte-parole de la Françafrique, comme lorsque qu’un Stephen Smith himself affirme rien moins que : «la France a perdu l’Afrique le 6 nov. 2004 à Abidjan» !

Or qu’a fait la gauche à l’époque ? Par les voix de l’appareil du PS elle a… soutenu Chirac contre ses camarades de l’Internationale Socialiste luttant à mains nues contre des chars… français, il est vrai ! Qu’a fait l’aile contestatrice du PS (noyant les paroles de ceux qui savaient et disaient, comme Labertit, Emmanuelli ou Mélenchon) ? Par la voix de Montebourg (et son fameux appel à l’excommunication du FPI de l’Internationale Socialiste !), non-contente de se désolidariser du combat socialiste du FPI, la gauche française en a rajouté dans le dénigrement de ses camarades africains, voulant faire de leur patriotisme panafricain de la xénophobie ! Les patriotes et divers opposants aux pouvoirs françafricains des autres pays d’Afrique ne s’y sont pas trompés, qui ont rejoint le combat des Ivoiriens. Le pouvoir sud-africain a permis au plan mondial de rééquilibrer en faveur de la Côte d’Ivoire républicaine la pression diplomatique de la France officielle.

Et qu’ont dit les socialistes français ? Rien ! Ils n’ont pas saisi l’occasion pour revoir leur soutien à la politique chiraquienne en Afrique. Et aujourd’hui, préparant l’alternance, l’appareil qui a lâché ses camarades africains est rallié par la «contestation» qui a demandé de les excommunier !

Et pourtant, une alternance à gauche, une vraie alternance, avec un vrai soutien pour le combat socialiste mondial (et en l’occurrence africain) eût permis peut-être, de rendre à la France du crédit en Afrique. On ne voit pas vraiment comment la gauche elle-même pourra sortir la France de l’impasse où, par des réflexes d’un autre temps, l’a fourrée notre pouvoir. Est-il trop tard ? On veut espérer encore, mais jusqu’à quand ?

En décembre 2004, après que la trahison de la France officielle eût été suivie de la trahison des socialistes, était lancé l’appel suivant, qu’il est opportun de rappeler aujourd’hui :



«APPEL DU COLLECTIF DES ELECTEURS FRANCO-AFRICAINS DE GAUCHE
A toutes celles et à tous ceux que le parti socialiste Français a trompés, rejoignez-nous pour une prise d’opposition aux différentes déclarations de certaines personnalités politiques du Parti Socialiste (P.S.) Français.
(Lire le "Parisien" du 17/12/2004 N° 18746) dans lequel Monsieur Pierre MOSCIVICI, Secrétaire National aux Relations Internationales, a fait la déclaration suivante :

« Dans une circonstance tragique, une riposte était nécessaire car il ne fallait pas laisser penser qu’on peut impunément tuer des Français »

Cette riposte de l’armée Française qui a été applaudie par Pierre MOSCOVICI et Français HOLLANDE, a fait plus d’une cinquantaine de morts et plus de deux milles (2000) blessés sans compter la destruction de la quasi-totalité de l’aviation militaire Ivoirienne.

Comme si cela ne suffisait pas, un autre groupe de personnalités socialistes dirigé par Arnaud MONTEBOURG et Catherine TRAUTMAN a présenté le Parti Socialiste Français comme le défenseur des droits de l’homme qui œuvre dans le monde pour une paix juste et durable. Et que le Président GBAGBO "propage la haine de l’autre et organise la terreur".

Nos camarades Socialistes Français demandent que « le FPI soit exclu de la 2ème Internationale dans les meilleurs délais ».
Vous trouverez la liste des premiers signataires dans "Le Nouvel Observateur" N° 2097 du 23/12/2004.

S’il ne s’agit d’un complot ourdi contre la Côte d’Ivoire en particulier et l’Afrique en générale, comment peut-on plaider pour la démocratie et les droits de l’homme dans le monde et mettre sur un même pied d’égalité un pouvoir élu démocratiquement et une rébellion ?
Comment les Socialistes peuvent-ils soutenir une politique brutale, nationaliste, malhonnête et unilatérale qui méprise, tue, humilie les Africains et cambriole des banques Africaines ?
Même après la diffusion des images de canal+ sur les tueries d’Abidjan par l’armée Française, certains socialistes s’obstinent à faire bloc derrière CHIRAC.

Fort de ces faits ci-dessus dénoncés, nous, électeurs Franco-Africains de gauche et socialistes, avons compris que la Droite et la gauche Françaises mènent la politique de la pensée unique en Afrique, c’est-à-dire, une politique qui veut toujours maintenir le continent Africain dans une dépendance économique, politique et militaire. Une gauche socialiste qui soutient aveuglement Jacques Chirac juste parce que celui-ci défend les intérêts économiques de la France au détriment des Ivoiriens tués par l’armée terroriste de Chirac.

Et toujours des masques continuent de tomber. Des personnalités du P.S. comme Pierre Moscovici, François Hollande, Arnaud Montebourg et autres ne sont pas des humanistes, car leur vision politique socialiste n’est pas compatible avec les valeurs socialistes qu’ils prétendent soutenir.

C’est pourquoi, nous lançons un appel à tous les électeurs Franco-Africains de gauches de se mobiliser maintenant pour voter contre le parti socialiste aux présidentielles Françaises de 2007, histoire de maintenir le parti socialiste dans l’opposition le plus longtemps possible.

Chers Franco-Africains, pour une fois, unissons-nous à l’instar des communautés Juive, Musulmane, Chinoise etc. afin de constituer une force incontournable au sein de l’électorat de la Gauche Française.
Notre seule arme contre l’injustice que connaît l’Afrique, notre origine, reste désormais le bulletin de vote dans toutes les élections à venir. C’est la seule chose qui nous reste à faire pour venger nos morts et l’Afrique.
Il n’y a que de cette manière que nous pourrons réparer l’honneur tant bafoué de l’Afrique car la liberté ne se donne pas ; elle ne se négocie pas mais se conquiert sous la contrainte qui peut être de toute nature. Dans le cas présent, la droite {sic – lapsus intéressant si c’en est un !} Française mérite d’être sanctionnée pour avoir trahi son idéologie.

Franco-Africains socialistes, dites à vos enfants, femmes, amis (es) et connaissances d’aller s’inscrire nombreux sur les listes électorales de leurs mairies de résidence.
Des meetings de mobilisations et de sensibilisation seront organisés dans toute la France pour donner rendez-vous au parti socialiste en 2007 car sans vos voix les socialistes de HOLLANDE ne représentent rien devant la Droite Française unie.
Contact : cefag_42@hotmail.fr
M. LIADE
M. TIEBRO»



jeudi, 20 juillet 2006

Le cynisme de la «communauté internationale»



medium_abidjan_19.07.JPGVoilà des civils de deux pays sous les bombes de deux armées puissantes au Proche Orient et que fait l’Onu ? Elle menace de sanctions — qui ?… les patriotes ivoiriens qui manifestent sans armes contre un «processus d’identification» qui se fait sous le contrôle de bandes armées censées selon la «communauté internationale» avoir désarmé depuis trois ans et demi. Mais ladite «communauté internationale» n’a jamais pris le commencement d’une mesure pour rendre effectif ce désarmement qu’elle a demandé.

Sachant ce que signifie du coup un tel «processus d’identification» en vue d’élections pour lesquelles on s’apprête ainsi à remplir les urnes des voix d’un nombre suffisant de… supplétifs électoraux pour faire accéder au pouvoir les candidats de la «communauté internationale» pour lesquels la rébellion armée occupe la moitié du territoire depuis trois ans et demi — les patriotes tentent à mains nues, de s’opposer à cette mascarade.

Et l’Onu, qui a fermé les yeux sur les massacres perpétrés par ladite rébellion, menace — pas au proche Orient, pas les bandes armées en Côte d’Ivoire — mais les partisans d’élections qui ne se feraient pas sous la menace des Kalachnikovs !

Et la presse françafricaine de reprendre du poil de la bête pour dénoncer, tel Thomas Hoffnung de Libération ce matin, les jeunes patriotes — pardon les «jeunes patriotes» (avec guillemets, naturellement) qui seraient, eux, des «supplétifs» (sic) ! de Gbagbo, évidemment. Et Hoffnung de reprendre du service comme porte-parole de la rébellion françafricaine, qui n’aurait pris les armes que pour avoir des papiers ! — certes, il va falloir faire nombre en supplétifs électoraux !


Ci-dessous, le constat de
Théophile Kouamouo du Courrier d’Abidjan, rubrique «Le blog de Théo» — 768 du 19 juillet 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

«La mort de la diplomatie»

«
Il y a quelque chose d’irrationnel et d’effrayant dans la tragédie qui se déroule actuellement au Proche-Orient. Ceux qui avaient décidé, il y a quelques semaines, de se déconnecter momentanément de l’actualité, et qui rallument leur télévision, sont tétanisés. Tsahal, l’armée israélienne, se trouve au Liban et en Palestine, tandis que le Hezbollah envoie des dizaines de roquettes et de missiles sur Haïfa. Torrents de sang…
Que fait la diplomatie mondiale, la «communauté internationale» ? Rien. Plus aucun idéal ne l’anime. Chacun gère les intérêts de ses protégés, de ceux qui lui achètent des armes, de ceux qui lui rendent des services «stratégiques». La volonté d’éviter la guerre animant les pionniers de l’ONU, qui avaient vu mourir leurs frères, leurs fils, a disparu. Chacun compte ses sous et mesure ses arpents de terre. La guerre est devenue médiatique, groovy, quasiment routinière et sécurisante puisqu’elle épargne les pays qui comptent. Notre conscience a pris l’habitude de regarder les morts pendant le journal télévisé, au milieu du repas.
Les peuples vivant des guerres oubliées vont jusqu’à envier ceux qui meurent en mondovision. Combien de caméras ont filmé l’horreur de Guitrozon ? On ne réclame plus la paix. On exige que nos morts soient invités dans les chaumières du monde entier, à travers le journal de 20 heures. Nos yeux sont secs. Nos espoirs affaissés. Aucun grand dessein ne fait vibrer le monde. C’est le règne de la force. Claire et sans complexes au Proche-Orient, sournoise et maquillée de «maintien de paix» en Côte d’Ivoire.»




mercredi, 19 juillet 2006

En vue des élections en Côte d’Ivoire — Il faudra pourtant bien désarmer !



Quoiqu’en veuille de l’ «impuissance» de la «communauté internationale», il faudra bien en passer par le désarmement de la rébellion armée :

«{…} "Le président de l'Assemblée nationale que je suis", avertit Mamadou Koulibaly, ne va pas s'en laisser conter. "De par la loi, il est de mes prérogatives de désigner près de 300 représentants à la CEI {commission électorale indépendante}, à la commission centrale et dans les commissions délocalisées sur l'ensemble du territoire", fait-il remarquer. Hélas, regrette-t-il, les conditions du déploiement de ses commissaires ne sont pas réunies. A cause de la rébellion qui s'oppose à la libre circulation des personnalités dont lui-même. "Moi je suis interdit de séjour dans le Nord et dans toutes les zones sous occupation rebelle. Comment aller expliquer à un père de famille, à un Ivoirien que moi, interdit de séjour à Ferké, Korhogo, Odienné, Mankono, je serais capable d'assurer sa sécurité en le nommant à la CEI pour qu'il aille me représenter dans les commissions électorale, alors que moi-même je ne suis pas autorisé à y aller. Je n'ai pas le droit de conduire des jeunes Ivoiriens au casse-pipe", se justifie le député de Koumassi. Tout comme lui, il note que de fortes têtes de la résistance républicaine n'ont pas droit de cité au Nord, et certaines contrées de l'Ouest et du centre. Il en va ainsi du chef de l'Etat et la première Dame, Fologo, président du conseil économique et social "qui n'ont pas le droit de désigner d'autres Ivoiriens pour aller les représenter dans ces endroits." Pour sa part, Koulibaly met le pied dans le plat. "La CEI n'aura aucun représentant du président de l'Assemblée nationale. Je n'enverrai aucun représentant à la CEI tant qu'il n' y aura pas le désarmement, et on verra s'ils sont capables de faire des élections avec une commission électorale sans représentants du président de l'Assemblée nationale. Dans ce cas, le FPI en tirera les conséquences et la communauté internationale aussi", met au défi l'élu, sous le ''standing ovation'' de ses jeunes partisans. Le patron de l'institution parlementaire exige donc que la rébellion soit débarrassée de ses armes. Et qu'il vérifie lui-même des normes de sécurité avant d'y envoyer des missionnaires, "sinon, je ne serai pas cohérent avec moi-même." {…}» (http://news.abidjan.net/article/?n=202120)


Et si la raison de ce retard — de trois ans et demi déjà (depuis Marcoussis) du désarmement de la rébellion — avait été donnée par le Gal Bentégeat ? :

«Un pronostic sur les élections si elles ont lieu ?»

Général Bentégeat : «Nous avons quatre acteurs principaux acteurs que sont Soro, Bédié, Ouattara et Gbagbo. Déjà Soro n'est pas candidat. Ouattara lui, on n'en parle pas. Quant à Bédié avec quelques soutiens encore de son parti il n'a aucune chance de gagner les élections. Il reste un qui a toutes les chances de gagner ces élections {…}. Je veux parler du président Laurent Gbagbo. {…}»

Propos recueillis par Philippe Kouhon (correspondant Europe) — http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...


Évidemment, «la France condamne» les manifestations
http://news.abidjan.net/h/202599.html contre une identification qui se ferait à l’ombre des Kalachnikovs (et les médias nous travaillent pour nous resservir la vieille propagande selon laquelle on aurait donc affaire à de la «xénophobie» de la part des manifestants patriotes : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-796914@...).





samedi, 15 juillet 2006

Et si Zidane avait attendu pour régler ses comptes?



Telle est la solution qu’aurait préférée un internaute — appuyée de la thèse voulant que l’expulsion de Zinade ait nui à ses co-équipiers : http://blogs.nouvelobs.com/pyroman/index.php?afficheFichi...

J’avoue que cette thèse me tente. Elle présente cependant, à mes yeux, un inconvénient : elle reste — j’allais dire — strictement footbalistique. Au-delà de la «tasse», selon l’appellation anglaise du fameux trophée, il est vrai que la question du CV des copains interpelle… toujours sur un plan strictement footbalistique.

Je me demande toutefois si l’effet collatéral du geste de Zidane — et c’est là, j’ai essayé de le dire ces derniers jours, son intérêt essentiel : en deçà du football officiel et brillant, un coup de pied (ou de tête) dans la fourmilière officieuse du football des coups fourrés et autres insultes, harcèlement moral et racisme (cf. Aragonès ou Calderoli) jamais condamné clairement jusque là — ; je me demande si cet effet collatéral, lié à la notoriété de Zidane, et probablement non-prémédité, eût été produit dans les deux hypothèses qu'avance cet internaute : règlement de comptes au vestiaire en cas de victoire des Bleus (donc anonyme) ; sur le podium en cas de défaite — où le rapport avec les insultes aurait été fort improbablement fait. Et là, on aurait été fondé à soupçonner quelque chose de caractériel : aller tabasser sur le podium l’artisan de la défaite (l’auteur du but de l’égalisation) !

Aurait toujours manqué la force constatée de l’effet collatéral «du geste», a fortiori si le règlement de compte a posteriori relevait de l’ordre de la métaphore, et se réduisait donc à une série supplémentaire des déclamations tribunistiques auxquelles on est de toute façon habitué.

Décidément, à un plan non-strictement footbalistique, au regard de l’heureux effet collatéral sus-mentionné, les choses se sont passées au mieux !

Cela dit, à propos des remarques d’un autre internaute (http://blogs.nouvelobs.com/ARTEMIS/index.php?afficheFichi...) quant aux sanctions de l’acte, concernant Zidane : - une sanction footbalistique lui a déjà été infligée, - une enquête est en cours au plan de la Fifa, qui peut avoir des conséquences extra-footbalistiques. Reste que les injures aussi, notamment, le cas échéant, à caractère racial, tombent sous le coup de la loi. Et cet aspect des choses ne serait jamais venu au jour sans le grief sus-nommé et déjà en partie sanctionné : qui aurait eu l’idée d’aller fouiller les bandes vidéos pour y appliquer la lecture labiale ? Et, indépendamment des sentences des instituts de sondage, les Aragonès et autres Calderoli auraient continué à sévir sans être inquiétés. Sans trop rêver sur l’avenir concernant leur indécence, on peut espérer qu’ils soient plus portés à quelque, relative, rétention circonspective.



vendredi, 14 juillet 2006

Langue de bois : morceau d’anthologie. Un cas exemplaire.



Voilà un texte bref qui fait un véritable morceau de choix, digne d’une anthologie des exemples remarquables de maniement de la langue de bois.

Il s’agit d’un article paru dans Libération de ce jour (14 juillet, ça ne s’invente pas), sous le titre «Timide réchauffement diplomatique entre Lomé et Paris», signé de Thomas Hoffnung — http://www.liberation.fr/actualite/monde/193368.FR.php.

Gageons qu’avant la chute du mur de Berlin, cette brève composition de Thomas Hoffnung eût été donnée comme matière d’exercices dans les écoles de journalisme préparant les serviteurs de l’État à travailler à La Pravda.

Déjà le titre : «Timide réchauffement diplomatique entre Lomé et Paris». Où l’on se pince dès l’abord ! Ai-je bien lu ? L’inénarrable Hoffnung continue-t-il de peaufiner une carrière de comique ? — comme lorsqu’il nous expliquait (en déc. 2004) que les tirs des chars français sur le palais de Gbagbo, puis l’encerclement de l’hôtel Ivoire à Abidjan étaient la conséquence d’une erreur d’orientation : les chars français s’étaient trompés de route et l’État major français ne savait pas que l’Hôtel Ivoire était un des centres névralgiques du pouvoir ivoirien — il était donc étonné que les Français d’Abidjan menacés ne soient pas là ! Non, la foule des manifestants non armés sur lesquels on avait tiré n’étaient pas là pour protéger le pouvoir élu d’un coup d’État, mais pour menacer les Français — et tant pis s’ils n’étaient pas ici !

Hoffnung préparerait donc une retraite comme comique au Music Hall ? Eh non, apparemment ! — : si on lit la suite de l’article, on s’aperçoit que le titre ne doit pas être lu dans le registre de l’humour.

Hoffnung soutient vraiment que si Faure n’a toujours pas bénéficié comme papa d’une réception officielle bien comme il faut à Paris, c’est qu’il y a vraiment un «froid». Oh, certes, prudent, il use des guillemets, mais n’en dit pas moins ce qu’il annonce !

Apparemment si Hoffnung s’inspire du cinéma burlesque, il connaît moins ce genre de films policiers où le commanditaire d’un forfait évite de recevoir de façon trop ostensible l’exécutant qu’il en a chargé — jusqu’à ce que les vagues judiciaires soient passées.

C’est que manifestement pour Hoffnung, l’ «élection» de Faure, au prix de centaines de morts, et l’entérinement de cette «élection», ne doivent rien à Paris, qui a simplement «reconnu sa victoire, à l'instar de la communauté internationale». (Tiens, Hoffnung a perdu à nouveau l’usage des guillemets de «communauté internationale», qu’il semblait avoir découverts dans un article récent concernant la Côte d’Ivoire, où il tentait à grand coup d’esbroufe de sauver ce qui reste de crédit à Paris dans les démêlés judiciaires consécutifs aux événements de Bouaké de nov. 2004 : il s’agissait alors de nous vendre que, pour cette fois, Paris et la communauté internationale étaient d’accord pour laisser faire Gbagbo — sic).

La «communauté internationale» reste ce concept commode qui permet de dédouaner de toute façon toute action françafricaine. On est au cœur du maniement de la langue de bois. Et l’usage habile, tant du concept que de la concession ponctuelle des guillemets, montre qu’en la matière, Hoffnung est un expert.

Bref, «à l'instar de la communauté internationale», la France n’a fait que reconnaître, presque à contre-cœur, faut-il entendre, la victoire de Faure.

Cela dit, faut-il toujours entendre, notre diplomatie n’en était pas moins fâchée, de cette victoire ! Effectivement la langue de bois, et Hoffnung, ne peuvent que concéder qu’il y eut «fraude massive» ! Et donc, forcément, on est fâché ! — en «froid».

Et Hoffnung de nous resservir, en le plaçant naturellement dans la bouche du directeur de cabinet de Faure (bien utiles citations), le sempiternel poncif selon lequel les arrière-boutiques de la Françafrique, «c’est une autre époque».


Et donc, toute cette fâcherie était sérieuse, faut-il comprendre : «En réalité, la France attendait des gestes d'apaisement de la part des autorités de Lomé. Elle plaidait notamment pour l'ouverture d'un dialogue national qui serait parachevé par l'organisation de législatives "propres"», assure Hoffnung. Et poursuit-il, sans émettre le moindre doute quant à cette volonté parisienne d’élections «propres» (on aura noté ses guillemets), ça y est presque : «Une première étape a été franchie, lundi, avec la signature, par la majorité de l'opposition togolaise d'un accord politique "de base" portant, notamment, sur la mise en place d'une commission électorale indépendante. Toutefois, le principal adversaire du régime, l'Union des forces de changement de Gilchrist Olympio, a refusé de le parapher, parlant d' "escroquerie"». Aucun commentaire sur ce refus d’Olympio — bref, il pourrait y mettre un peu de bonne volonté !

Et pour conclure : «
Reste le cas Charles Debbasch», écrit Hoffnung. Cela pour nous dire quoi ? Que «Lomé n'a pas l'intention de l'expulser. Et Paris de le lui demander. Récemment, Debbasch, un ex-conseiller du président Giscard d'Estaing, a séjourné en France sans être inquiété.»

Bref, Paris voudrait bien, sans doute, «l’inquiéter», mais même s’il vient sur le territoire national, c’est tout de même embarrassant  pour nos bonnes relations avec le Togo : c’est eux, qui ne veulent pas le livrer !

Ce faisant, en nous donnant l’impression de nous apprendre, sur un ton détaché mais désapprobateur, ce que tout le monde sait, Hoffnung obtient un triple bénéfice : passer pour un vertueux dénonciateur d’un régime honni, regretter que Paris soit si «timide» à son égard, et du même coup, disculper totalement Paris, qui serait, hélas, si impuissant face à tout cela !

Si La Pravda avait pu prendre la leçon, le mur de Berlin serait peut-être encore en place…


mercredi, 12 juillet 2006

Zidane : un autre enjeu



Avez-vous remarqué que la fête italienne se cantonne en un îlot italien, dont le centre est le Cirque Maxime ? — cette arène de gladiateurs ; tout un symbole !

Îlot désormais en effet, car l’enjeu s’est bel et bien déplacé, quoiqu’il en soit de la joie de ceux qui ont rejoint cette fête et quoiqu’il en soit de leurs raisons.

Ainsi, f
ace à l’injustice qu’a subie la Côte d’Ivoire républicaine de la part du pouvoir français, je comprends très bien la joie qui peut animer certains de voir frustrer ce pouvoir d’une victoire au Mondial qui aurait forcément rejailli sur lui. Cela dit, l’enjeu est désormais ailleurs.

Le reste du monde est déjà passé à un autre sujet, qui dépasse le sport, la victoire italienne et la défaite des «bleus» : «l’affaire» Zidane-
Materazzi.

Car c’est ici qu’est désormais le véritable enjeu de ce Mondial. Et c’est ici du coup que pourrait être le fondement de la victoire italienne (si tant est que l’on puisse percer le mystère d’une victoire ou d’une défaite au foot !) : des jurons racistes ayant entraîné l’expulsion de Zidane et la démoralisation de «bleus» qui dominaient très largement. Dès lors, l’avantage aux tirs au but pouvait-il être vraiment du côté de l’équipe déstabilisée ? — et à quel prix : celui des injures racistes qui fleurissent sur les stades européens ?!

Ce qui fait que désormais, il est temps pour quiconque n’a pas perdu toute lucidité d’abandonner les cris de triomphe. Cela vaut aussi pour les Italiens.

On a cru dans un premier temps que Zidane sortait déchu du stade de Berlin et du Mondial. On commence à se réveiller de la léthargie des lendemains de fête — fût-elle gâchée. Il apparaît déjà que le geste de Zidane, loin de l’avoir diminué, l’aura au final probablement grandi.

Ne serait-ce que parce que l’humanité n’a jamais diminué un homme. Quelle que soit la victoire ou la défaite à un jeu où le hasard joue un rôle non négligeable, et qui n’en reste pas moins un jeu, il n’y a pas de honte à montrer de la faiblesse. Dans deux registres différents, les larmes de Thuram et le coup de tête de Zidane relèvent de la grandeur.

Et si leur teneur nous reste cachée, il est des mots dont la petitesse ne rejaillit en rien sur celui qui en est à ce point blessé.

Mais surtout, déjà se pose cette question, qui va bien au-delà des défaites et des victoires sportives :  et si «le geste» de Zidane était celui auquel il fallait enfin en venir pour mettre vraiment et clairement le holà — au-delà des déclarations lénifiantes concédées tardivement par la FIFA contre le racisme — à ce que tout le monde sait depuis longtemps et que dénoncent SOS Racisme, Licra et d’autres, en vain.

L’indécent sélectionneur espagnol insultant Thierry Henry en le traitant de «merdeux de Nègre» n’a à ce jour subi aucune sanction significative, le public continue de brailler son racisme contre les joueurs «de couleur», et ce Materazzi aurait continué impunément à déverser de sa bouche ses propos malodorants…

Et aujourd’hui certains s’offusquent de ce qui serait un «mauvais exemple» de Zidane ! Oh certes, il n’y a pas lieu d’exalter les coups de tête ! Mais cette façon de dénoncer le geste dénonciateur plutôt que la faute récurrente — autrement grave — qui sévit sur les stades, ressemble fort au carton rouge levé contre Zidane.

Ce carton rouge pourrait alors devenir aussi le panneau d'alerte enfin levé, qui verrait des sanctions enfin sérieuses contre l’indécence tue. Déjà, bonne nouvelle, SOS Racisme a demandé une enquête. Zidane serait alors le premier qui a dit la vérité, et de quelle façon — avec une éloquence qui remplace bien des mots. Et si, alors, la défaite des «bleus» devenait la victoire de la décence ?