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vendredi, 06 octobre 2006

Quelle menace sur les patriotes ivoiriens ?



 

Au jour où s’ouvre le sommet de la Cédéao à Abuja, dernière chance pour Chirac de rogner le pouvoir de Gbagbo, la France officielle passe aux menaces explicites. Que faut-il entendre dans cette reprise de voix des médias français ?

Après la gifle monumentale de la Chiraquie à l’Onu — où la diplomatie française n’a réussi ni à faire biffer la Constitution ivoirienne, ni même à faire sanctionner les leaders FPI ; alors qu’il est devenu évident au sommet de la francophonie de Bucarest qu’il ne s’agissait pour Chirac que de faire endosser par la «communauté internationale» sa volonté personnelle d’abattre le seul chef d’État du pré carré qui lui tient tête — Chirac en a dit publiquement son désespoir.

Tout cela dans un silence total des médias français ! Et voilà qu’en France, on réentend parler de la Côte d’Ivoire… pour entendre ce qui ressemble fort à des menaces, à peine voilées.

C’est à présent Alliot-Marie qui monte au créneau et donne de la voix en évoquant des «provocations» contre Licorne, Alliot-Marie fidèlement relayée par celui qui s’est fait depuis longtemps son porte-voix médiatique, Thomas Hoffnung de Libération.

Et que dit-il ? Que Gabgbo menace les immigrés ! C’est dans le titre de son article ! On croit rêver… Encore qu’on voyait la presse ivoirienne de l’opposition pro-française commencer à agiter le thème de la xénophobie — à commencer par les pro-Bédié qui ont remisé leur thème de l’ «ivoirité» suite sans doute aux conseils en communication de la Françafrique qu’ils représentent avec leur alliés ouattaristes et rebelles.

On croit rêver quand on sait que les immigrés africains en Côte d’Ivoire soutiennent largement Gbagbo — et ont même affronté au côté des patriotes ivoiriens les balles de Licorne.

Comment Hoffnung appuie-t-il la déclaration d’Alliot-Marie ? Par la même «provocation» d’Affi N’Guessan que stigmatise Alliot-Marie : Affi a relevé que les dirigeants de la Cédéao seraient bien inspirés d’être vigilants avant d’apporter leur appui aux menaces de Chirac : «La Cédéao ne doit pas oublier qu'elle a des millions de ressortissants en Côte-d'Ivoire. Chacun de ces pays doit penser à ceux-ci». «Menace sur les immigrés !» s’empresse d’écrire Hoffnung, porte-voix d’Alliot-Marie… Évidemment, les Français qui ne savent de la Côte d’Ivoire que ce qu’en ont dit les Hoffnung ne cilleront pas. Quel Français sait que les opposants aux chefs françafricains de la Cédéao soutiennent Gabgbo ? Quel Français sait que leurs ressortissants en Côte d’Ivoire, sont une source directe d’information auprès de leurs compatriotes des autres pays de la Cédéao ? Quel français sait donc qu’Affi ne met pas en garde les immigrés qui le soutiennent ! — mais les chefs françafricains qui pourraient dans leur pays faire les frais de leur soutien à Chirac ? Quel Français lit la presse d’opposition burkinabé, sénégalaise, togolaise, camerounaise — par où il pourrait savoir que l’on est désormais aux prises à un combat entre l’Afrique digne et la Françafrique ?

Où les tenants de l’Afrique digne ne s’y trompent pas : les propos d’Alliot-Marie répercutés par les Hoffnung et consort sont une menace directe contre Gabgbo et les patriotes. Cela à l’heure où toutes les manœuvres diplomatiques en vue d’un coup d’État constitutionnel ont échoué. Cela à l’heure où Paris n’a pas pu imposer le changement de l’électorat (ce que déplore naturellement Hoffnung).

Et qui visent les «provocations» dont parle Alliot-Marie ? Licorne ! Mais quel français sait que le pouvoir ivoirien demande depuis plusieurs semaines avec insistance le remplacement de Licorne par une force africaine. Qui sait que les principaux représentants d’Afrique sont d’accord ? À commencer par l’Afrique du Sud, pays présidé par celui dont la médiation a réussi.

Et pourquoi la Côte d’Ivoire demande-t-elle avec insistance le départ de Licorne ? Parce qu’il est devenu évident, pour toute l’Afrique, que Licorne n’est pas une force «d’interposition» mais une force partie au conflit !

Et Hoffnung de faire mine de s’étonner que lesdites «provocations» et «menaces» viennent d’Affi N’Guessan, «un modéré», c’est-à-dire signataire de Marcoussis — et (mais Hoffnung se garde bien de le préciser) vice-président de l’Internationale Socialiste. Et Hoffnung d’évoquer la peur qui serait celle d’Affi, à l’heure où la Côte d’Ivoire accumule les victoires diplomatiques ! S’il y a peur, ne serait-elle pas du côté de Chirac qui voit le pré carré lui échapper ? Encore que la force de frappe de Licorne que l’on refuse de retirer et qui a déjà fait ses preuves a de quoi inquiéter !

Il suffit de lire et d’écouter Affi pour savoir ce qu’il en est : Marcoussis a échoué (qui le niera ?). Marcoussis a échoué parce que Marcoussis n’était pas ce que cela prétendait être (un accord d’interposition), mais bien une façon de coup d’État françafricain. Si un Mamadou Koulibaly l’a dénoncé immédiatement en claquant la porte, Affi N’Guessan a opté alors pour jouer le jeu jusqu’au dévoilement de ce qu’il en était. Et aujourd’hui c’est devenu clair pour toute l’Afrique.

Où les reprises de voix de la nébuleuse françafricaine prennent une nette tonalité de mise en garde clairement menaçante…

 

 

 

 

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