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dimanche, 13 août 2006

Visite en Côte d’Ivoire de la présidente de l'Assemblée nationale d’Afrique du Sud



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 788 du Samedi 12 Aout 2006 http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

«Mme Baleka Mbeté: "Je suis venue confirmer la belle image de la Côte d'Ivoire"»

Par Cyrille Djedjed

«Visite - La présidente de l'Assemblée nationale de la République d'Afrique du Sud, Mme Baleka Mbeté a entamé hier vendredi une visite officielle de six jours en Côte d'Ivoire pour renforcer les bonnes relations entre la Côte d'Ivoire et l'Afrique du Sud et surtout entre les deux institutions.

La présidente de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, Mme Baleka Mbeté est arrivée hier dans la soirée à Abidjan pour une visite de six jours. A la tête d'une délégation de plus de dix personnes, elle a été accueillie à l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan par le président de l'Assemblée nationale, le Pr. Mamadou Koulibaly et certains parlementaires."Je rends une visite de courtoisie au parlement de Côte d'Ivoire. Vous vous souvenez que mon homologue de la Côte d'Ivoire nous a rendu visite l'année dernière à la tête d'une délégation de parlementaires. Dans le cadre de la création d'une relation bilatérale, nous avions pensé que nous devions constituer une délégation pour rendre visite à la Côte d'Ivoire. Je suis venue avec des parlementaires de différents partis politiques qui vont avoir des échanges avec leurs homologues de Côte d'Ivoire. Je suis venue voir la Côte d'Ivoire et surtout le peuple de Côte d'Ivoire. J'ai bon espoir que les deux pays ainsi que les deux parlements auront de bonnes relations", a-t-elle déclaré. Répondant à une question d'un journaliste sur l'image qu'elle a de la Côte d'Ivoire, Mme Baleka Mbeté n'est pas passée par quatre chemins pour relever la bonne image de la Côte d'Ivoire à travers l'Afrique et même dans le monde entier. "J'ai toujours su que ce pays est un beau pays. Je viens donc confirmer la belle image de la Côte d'Ivoire", a-t-elle indiqué. Pendant son séjour, la présidente du parlement sud-africain échangera aujourd'hui avec les différentes instances de l'Assemblée nationale, à savoir le bureau de l'Assemblée nationale, la conférence des présidents et différentes commissions. Cette visite sera aussi l'occasion pour Mme Baleka Mbeté d'échanger avec le président de la République, les présidents d'institutions, le Premier ministre et les femmes leaders de Côte d'Ivoire. La présidente de l'Assemblée nationale d'Afrique du Sud mettra ce séjour à profit pour visiter les villes de Yamoussoukro et de Grand-Bassam et aura des rencontres avec les chefs traditionnels et les communautés étrangères de ces localités. A Yamoussoukro, elle visitera précisément la Basilique Notre Dame de la Paix, l'Hôtel des députés, les grandes réalisations et autres points touristiques. Dans la première capitale de Côte d'Ivoire, elle se rendra chez le Roi de Moossou. Son départ pour l'Afrique du Sud est prévu pour le mercredi prochain dans la soirée.»




 

samedi, 12 août 2006

Élections et désarmement en Côte d’Ivoire



La dernière dépêche de l’AFP sur le sujet (
http://news.abidjan.net/h/206812.html) produisant une confusion inextricable consécutive à une volonté de justifier le sempiternel refus rebelle de désarmer, on pourra consulter l’article ci-dessous d’Anassé Anassé pour un obtenir une explication compréhensible quant la situation en Côte d’Ivoire concernant le processus d’identication (cette brève annonce de l'article ci-dessous a été CENSURÉE SUR blogs.nouvelobs.com en même temps que l'annonce de celui-ci). L'article :


Le Courrier d’Abidjan Parution N° 787 du Vendredi 11 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :


«
Sortie de crise – Le Premier ministre a échangé hier, avec les responsables des organes de régulation, des médias d’Etat et de la presse privée, au cours d’un déjeuner qui a eu lieu à l’hôtel Sofitel, à Abidjan-Plateau. Charles Konan Banny a fait le point des avancées du processus de sortie de crise, avant de s’engager solennellement devant les Ivoiriens quant à la tenue des élections, normalement prévues en octobre prochain.

Par
Anassé Anassé

C’est un Charles Konan Banny très optimiste sur le processus de paix, qui s’est adressé hier aux Ivoiriens. A travers le déjeuner de presse qu’il a offert aux responsables des médias publics et privés, ainsi qu’aux organes de régulation. Après avoir égrainé les indicateurs qui militent en faveur d’un espoir imminent de sortie de crise (armistice signé par l’Alliance des jeunes patriotes et la jeunesse du RHDP, implication de toutes les couches socio-professionnelles dans le processus de sortie de crise, retour du corps préfectoral et des maires dans les zones occupées, la définition d’un nouveau cadre juridique accepté par tous les acteurs, et régissant dorénavant le déroulement des audiences foraines et la délivrance des Certificats de nationalité, le pré-regroupement effectif des combattants et le démantèlement des groupes d’autodéfense, etc…), le Premier ministre s’est prêté au jeu des questions-réponses des journalistes. Et il n’y avait pas de questions taboues.
Dans cet exercice, le chef du gouvernement s’est attaché à rassurer les Ivoiriens quant à la primauté de la loi, des Accords de Linas-Marcoussis et de Pretoria et de la Résolution 1633 dans le règlement de la crise. Ainsi, répondant à une inquiétude de voir les élections se tenir en Côte d’Ivoire alors que le pays est toujours divisé et les rebelles encore en armes, comme ce fut le cas au Liberia et en Sierra Leone notamment ; Charles Konan Banny a pris solennellement un engagement devant les Ivoiriens. «Il n’y aura pas d’élections sans désarmement en Côte d’Ivoire», a martelé le Premier ministre. Qui a précisé que ce schéma est contraire à la Résolution 1633, qui prescrit que les élections constituent le couronnement du processus de sortie de crise, après l’identification et le DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion des combattants). Le chef du gouvernement a même ajouté que «les Ivoiriens n’envisagent pas les élections sans le désarmement et un pays divisé, (et qu’ils) n’accepteront pas d’aller voter sous la menace des armes».

Codification des audiences foraines et procédure de délivrance des Certificats de nationalité : Gbagbo et Banny sur la même longueur d’ondes

S’agissant du déroulement des audiences foraines et de la procédure de délivrance des Certificats de nationalité, le Premier ministre a insisté sur le fait que force doit rester à la loi. «La conduite des opérations de sortie de crise doit se faire dans le respect de la loi et de tous les accords, y compris la Résolution 1633» du Conseil de sécurité des Nations unies. Aussi, Banny a-t-il fait savoir que c’est pour coller à la légalité qu’il a édicté un nouveau guide consensuel des audiences foraines, et des dispositions pratiques devant régir dorénavant la délivrance des Certificats de nationalité ivoirienne. Ainsi, sur la question du couplage audiences foraines et de la délivrance du Certificat de nationalité, le Premier ministre a suivi la «jurisprudence Gbagbo». «Les juges des audiences foraines ne sont pas habilités à délivrer des Certificats de nationalité», a-t-il soutenu. Néanmoins, concernant le sort réservé aux Certificats de nationalité déjà délivrés en zones rebelles pendant les audiences foraines «wouya wouya», Konan Banny a manié avec succès l’art de l’esquive. «Ils sont là», s’est-il contenté de répondre. Le Premier ministre n’a pas, en effet, apporté la précision de savoir si ces documents obtenus dans l’illégalité, le cafouillage et le manque de transparence restent valides ou seront invalidés. La question demeure donc en suspens…

Banny optimiste pour la reprise du dialogue militaire

En ce qui concerne la récente déclaration de Soro Guillaume, chef visible de la rébellion, de suspendre la participation de ses bandes armées au processus de sortie de crise, le Premier ministre ne s’est pas voulu alarmiste. Charles Konan Banny a appelé les Forces de défenses et de sécurité ivoiriennes et les rebelles à renouer le plus tôt possible, et s’est déclaré prêt à examiner toutes les préoccupations (grades, arriérés de soldes…) posées par les deux états-majors. Le chef du gouvernement s’est dit disposé à consentir tous les sacrifices – surtout financiers – pour obtenir la paix pour son pays. Car, a fait comprendre Charles Konan Banny, «la recherche de la paix coûte certes cher, mais elle est de loin inférieure au coût de la guerre».




dimanche, 30 juillet 2006

CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : «"Spécialiste" de la Côte d’Ivoire !»



Suite à l'interview du «spécialiste» Antoine Glaser accordée au journal permanent.com de nouvelobs.com —
un commentaire de Théophile Kouamouo dans Le Courrier d’Abidjan — Vendredi 28 Juillet 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :


(Article CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)


«Le blog de Théo : «Spécialiste» de la Côte d’Ivoire !

Son nom est Antoine Glaser. Il est le rédacteur en chef de La Lettre du continent, lettre confidentielle dont les abonnements sont très chers parce qu’elle a réussi à faire croire qu’elle était très informée. Il écrit, avec Stephen Smith – ex-Libération, ex-Le Monde – des livres qui font autorité comme Ces Messieurs Afrique 1 et 2 et Comment la France a perdu l’Afrique. Il a donné, mercredi dernier, une interview au Nouvel Observateur, du haut de son statut de «spécialiste» de l’Afrique, donc de la Côte d’Ivoire. Assommant ! A la question «Quelles sont les conditions d’obtention de la nationalité ivoirienne et les problèmes qu’elle entraîne ?», il a répondu ceci : «Au départ, il fallait, pour l’obtenir, être né de père et de mère Ivoiriens. Puis les conditions ont changé, et il faut désormais qu’un des deux parents soit Ivoirien. Le cas d’Alassane Ouattara symbolise bien le flou qui entoure cette notion, Laurent Gbagbo a décidé qu’il pouvait être candidat à l’élection présidentielle alors même qu’il n’a pas la nationalité ivoirienne. Pour les habitants du nord, l’obtention de la carte d’identité fait d’eux des citoyens à part entière, qui peuvent exercer leur droit de vote. Or, encore une fois, Laurent Gbagbo s’appuie sur un article de la Constitution qui stipule qu’il est possible de voter seulement cinq ans après avoir obtenu la nationalité. D’un point de vue juste technique, un appel d’offre vient d’être lancé pour savoir quelle société fabriquera les cartes d’identité. Ça en dit beaucoup sur le processus en cours. Il est fortement probable que les 3 millions de personnes qui doivent encore être recensées ne puissent pas l’être avant la date du 31 octobre 2006». Formidable tissu d’amalgames et de contrevérités prouvant qu’Antoine Glaser n’a jamais lu ni le Code de la nationalité ni la Constitution ivoirienne et qu’il s’en fiche – la vérité est-elle seulement importante quand il s’agit du «continent maudit» ? Nous laissons le soin aux juristes de répondre point par point aux énormités de Glaser, qui confond allègrement nationalité et éligibilité, mais aussi Constitution, Code électoral et Code de la nationalité, et mélange tout avec tellement d’art que le lecteur français y comprend encore moins après l’avoir lu qu’avant. Et si c’était là l’effet recherché ?
Théophile Kouamouo»




vendredi, 28 juillet 2006

CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : Soldats français tués à Bouaké - L’État ivoirien demande une autopsie




medium_soir_info_bouake2.JPG«Bombardement d’un camp de soldats français à Bouaké - L’Etat ivoirien exige l’exhumation des corps»

Soir Info — N° 3576 du 28/7/2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=204193 :



(Article CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)


«
Le général Mathias Yamoun Doué, ancien chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) est à nouveau dans le viseur du parquet militaire, deux mois après un mandat d’arrêt international lancé à son encontre. Cette fois-ci, c’est à la requête des avocats de l’Etat ivoirien {qu’il} est sommé de comparaître {…} devant le juge militaire chargé du dossier du bombardement d’un camp de soldats français à Bouaké. Principal sachant dans cette rocambolesque affaire, le témoignage de Doué est très attendu. En effet, le dossier des 9 militaires français de l’opération Licorne {tués} à Bouaké {…} le 4 novembre 2004, vient d’être “ressuscité” par le parquet militaire, à la requête des avocats de l’Etat ivoirien.

Selon Me K.T.Y que nous avons rencontré, hier, au Tribunal militaire d’Abidjan (TMA), il est capital, pour la manifestation de toute la vérité, {…} de lever un certain nombre d’ambiguïtés qui entourent le dossier. C’est pourquoi, dira-t-il, les avocats de l’Etat réclament des preuves, notamment “les rapports d’autopsie et les certificats médicaux des personnes blessées” {…}. Pour lui, ces preuves minimales passent absolument par {une autopsie}. Cette “autopsie qui devrait être effectuée par des médecins légistes ivoiriens assermentés passe nécessairement par l’exhumation des corps de ces soldats qui auraient été tués par l’aviation ivoirienne le 04 novembre 2004 à Bouaké”.

Tués le 04 novembre 2004, les soldats avaient été, à brûle-pourpoint, évacués d’urgence en France, où ils ont été inhumés, sans qu’aucune autopsie n’ait été pratiquée, ouvrant la porte à des commentaires et échauffant la bile à des Ivoiriens qui avaient conclu à un simulacre d’assassinat. Dans une commission rogatoire signée du parquet militaire d’Abidjan, adressée le 15 juillet dernier au juge d’instruction militaire de Paris, les avocats exigent qu’il soit “produit au dossier les rapports d’expertise concernant les armes et les munitions utilisés lors du bombardement”. Ils exigent qu’il soit remis la copie du film sur le décollage des Sukhoï. Ils souhaitent, en outre, “auditionner le commandant Yssard, officier de liaison de la force Licorne près les autorités militaires chargées des théâtres des opérations à Yamoussoukro, en l’occurrence le général Philippe Mangou”.

Les enquêteurs, qui ont déjà entendu le co-pilote ivoirien, s’intéressent particulièrement au regard des renseignements parvenus au parquet militaire qui font état de ce que le pilote aurait, délibérément, largué des bombes sur le camp militaire français, alors que son co-pilote ivoirien s’y était opposé, à la boîte noire aujourd’hui introuvable du Sukhoï. Or, tout le mystère des bombardements est contenu dans cette fameuse boîte noire.

Le parquet militaire, tout comme les avocats de l’Etat, n’est toujours pas parvenu à démêler l’écheveau du mobile exact de l’attaque du camp français. “Qui a intérêt à ce que soit attaquée la base militaire et de qui les pilotes ont-ils reçu l’ordre de larguer les bombes sur le camp des français ?" Ce mystérieux ordre donné aux pilotes ivoiriens, la disparition de la boîte noire, les conversations entre les deux pilotes apparaissent, pour les avocats, comme des énigmes qu’il convient d’éclairer par tous les moyens.

Dans la quête de la vérité, les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire ont requis le parquet militaire de faire comparaître, par tous les moyens, le général Mathias Doué, ancien chef d’état-major des Fanci le principal sachant dans ce dossier, aujourd’hui en exil. “Entendu qu’il ressort du dossier que les renseignements militaires ont été rapportés par le général Mathias Doué, chef d’état-major au moment des faits, il y a lieu de convoquer à comparaître le général Mathias Doué aux fins d’être entendu sur les rapports, aussi bien verbaux qu’écrits qui lui ont été communiqués sur les faits commis à Bouaké par l’aviation ivoirienne. Qu’il échet d’ordonner sa recherche jusqu’à comparution, au besoin, par la force, devant le juge” indique la commission rogatoire transmise au juge militaire de Paris. Partout où il se trouve, Doué devrait être interpellé et mis à la disposition du parquet militaire, afin qu’il éclaire le tribunal. Deux mois après le mandat d’arrêt international émis contre le général Doué, il se retrouve à nouveau dans le viseur du parquet militaire, cette fois, à la requête des avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire.»



mercredi, 26 juillet 2006

CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : Coup d’État électoral en Côte d'Ivoire


medium_patriotes2.JPGSan Finna (journal burkinabè) N°373 du 24 au 30 Juillet 2006 — http://www.sanfinna.com/UMP.htm :


(Article CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)


«COUP D’ETAT ELECTORAL EN COTE D’IVOIRE
LES PATRIOTES REPRENNENT DU SERVICE



Comme ils se sont mobilisés au lendemain du 19 septembre 2002 contre la tentative de coup d’Etat militaire, comme ils sont remontés au charbon pour enrayer le coup d’Etat constitutionnel de Marcoussis et comme ils sont restés intraitables pour contrecarrer le coup d’Etat onusien après le refus d’appliquer les accords de Pretoria, aujourd’hui les Patriotes reprennent du service pour faire échec au coup d’Etat électoral en cours, et le terme ici n’est pas faible.


L’IDEE FIXE DU COUP D’ETAT

Toutes les entreprises pour démettre le président ivoirien ayant en effet échoué face à la fidélité de l’armée régulière, à la résistance opiniâtre des Patriotes et à la perspicacité du pouvoir (en dépit de l’inégalité des forces en présence), la «coalition internationale» pense avoir enfin trouvé une botte secrète. Laquelle ? Eh bien, des élections maîtrisées de bout en bout pour pouvoir éjecter une fois pour toutes, de façon inodore, insonore, incolore, l’indésirable président de son fauteuil. La stratégie est simple et bien éprouvée.

S’il est vrai qu’une élection est déterminée par le corps électoral, donc par ce pouvoir que constituent tous ceux qui sont en situation légale pour pouvoir voter, il suffit alors de prendre toutes les dispositions (plutôt mauvaises en la circonstance) pour avoir le surnombre à ce niveau. Dans la plupart des pays africains, il y a bien longtemps que cette recette est appliquée avec succès. Par le jeu combiné des votes multiples et notamment de ceux des étrangers, des listes parallèles, de l’omission des adversaires sur les listes, des encres non indélébiles, des cartes et bulletins en surnombre, de la domestication des structures électorales et avec l’aide de sondages bidouillés, des partis au pouvoir ont toujours su manœuvrer pour passer avec des scores même staliniens, construisant ainsi une démocratie de pure façade. La coalition internationale s’est persuadée que cette recette peut trouver à s’appliquer avec un bonheur encore plus subliminal en Côte d’Ivoire. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce pays est divisé en deux, avec au Nord un territoire où n’existe aucune vie démocratique, où n’existe aucune presse plurielle, où des rebelles en armes continuent de régner en maîtres et seigneurs. Dans cette partie du territoire, les archives ont pratiquement disparu, il n’y a pas d’Etat-civil, l’administration a plié bagages et avec elle, beaucoup de civils se sont retrouvés au Sud du pays.


IDENTIFICATION AVANT DESARMEMENT = COUP D’ ETAT ELECTORAL

On voit très bien qu’une identification de la population à travers des audiences foraines n’aboutira qu’à la confection de listes passoires pour les rebelles car ceux-ci pourront donner les pièces à qui ils veulent dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Ils le feront avec d’autant plus d’aisance qu’ils restent armés et qu’ils contrôlent la CEI. La fraude, mieux que dans les Etats de démocratie factice en Afrique, pourra se dérouler comme sur du billard. La rébellion aura dans le Nord une sorte de réservoir de votants acquis. Et comme elle a droit d’entrée au Sud (ce qui n’est pas le cas pour les partisans du président Laurent Gbagbo au Nord), elle pourra y grappiller des voix en «rab» pour pouvoir conforter son avance !
Au Nouveau Réveil, qui lui posait la question de savoir pourquoi les Patriotes manifestent "depuis le lancement des audiences foraines, Blé Goudé à juste titre répond : "Nous contestons les audiences foraines dans leur forme actuelle". Et de préciser que sur les lieux du déroulement de cette opération, doivent être présents "un magistrat, un médecin, préfet ou sous préfet, un témoin, un interprète, le chef du village, et les représentants des partis politiques. Si c'est le cas en zone gouvernementale, cela est-il possible dans les zones sous contrôle des rebelles ?" (in Le Nouveau Réveil du 21 07 06).

De cela, les adversaires de Laurent Gbagbo en ont parfaitement conscience ; c’est précisément pour cela que dans la gestion de la crise, l’ordre de priorité, en dépit de tous les accords passés depuis Marcoussis jusqu’au dernier en date de Pretoria, et contre toute logique, a été inversé, arrivant à mettre en bout de chaîne du processus de pacification, le désarmement et au début, l’identification. Autant envoyer des soldats sur le champ de bataille, promettant de faire suivre les armes et toute l’intendance, bref mettre la charrue avant les bœufs. On se demande d’ailleurs, soi dit en passant, pourquoi on insiste tant sur ces documents d’état-civil car la guerre n’a eu lieu qu’en 2002 et les Ivoiriens au Nord comme au Sud, déclaraient leurs enfants auprès de services compétents de l’Etat. On peut mettre sa main au feu que la plupart des Ivoiriens en âge de voter n’ont pas brûlé leurs pièces d’état-civil parce qu’il y a eu la guerre en 2002 !


LE REFUS DE LA FORFAITURE

Le grand hic dans cette affaire, c’est que la ficelle est tellement grosse qu’elle se voit comme le nez au milieu du visage. Le pouvoir ivoirien n’est pas dupe et c’est pour cela qu’il n’a de cesse d’en appeler au préalable du désarmement pour aller aux élections. Et comme la communauté internationale n’entend pas mettre l’accent sur cette exigence, les Patriotes ont donné de la voix. C’est ce qui explique les mouvements qu’on a constatés ces derniers jours. Il faut les voir comme l’expression d’un avertissement, comme un message pour dire que le coup d’Etat électoral ne passera pas. Le président ivoirien ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme «Je pense que le moment est venu de régler le problème du désarmement. Une fois que cela est réglé, il n’y aura plus de problème.. Depuis 4 ans, on nous dit : ‘Non, faites ça d’abord. Non, vous avez raison mais faites ça d’abord’. Et nous le faisons. Mais jusqu’où et jusqu’à quand ?». Sera-t-il entendu ? Arrêtera-t-on de continuer à faire comme si... ?

Le pouvoir lui, se prépare à toute éventualité et il sait mieux que quiconque que les élections dans les conditions voulues par la communauté internationale, c’est tout simplement sa mort. Alors, tant qu’à mourir, Laurent Gbagbo et les siens pourront choisir d’autres voies plus héroïques. C’est dire que la France a beau multiplier les communiqués comme au temps de l’ « Empire » et les Nations Unies menacer toujours les mêmes de sanctions, rien ne pourra ébranler la détermination de vivre du pouvoir et de ses alliés. Le ton vient d’être donné par Blé Goudé qui dit qu’il est un cabri mort et que de ses salons feutrés où elles menacent de prendre des sanctions contre les Patriotes, les Nations Unies n’ébranleront pas leur détermination. De façon plus concrète, le président du FPI, Affi Nguessan, annonce le boycott du Gouvernement pour les ministres FPI si d’ici une semaine, il n’est pas mis fin à la mascarade de l’identification. Un autre tournant dans ce dossier ivoiro/international à rebondissements !»

V.T»



dimanche, 23 juillet 2006

Pourquoi Mamadou Koulibaly dérange (1)



Mamadou KOULIBALY est un économiste talentueux qui a le «défaut» de pouvoir fournir des explications qui ruinent tous les faux motifs qui ont valu la guerre que subit la Côte d’Ivoire. Explications qui tournent essentiellement autour de questions économiques.

Mamadou KOULIBALY a de plus, par ses origines «nordistes», à l’instar de plusieurs autres patriotes «du nord», l’inconvénient de ruiner le mythe selon lequel la crise ivoirienne serait la conséquence d’une volonté d’ «ivoiristes» du sud de dénier leur nationalité au Ivoiriens du nord ! Voilà un homme de talent, qui à l’instar, donc, de bien d’autres patriotes, est du nord. Lui particulièrement, de par son argumentaire… chiffré, est des plus redoutables. Il est de plus, un des chefs de file du FPI (parti socialiste), le parti de Gbgabo, et préside l’Assemblée Nationale. Il est aussi celui qui verra d’emblée la nature pernicieuse de la rencontre de Marcoussis et en claquera la porte.

Autant de raisons pour lesquelles on le redoute et pour lesquelles on le fait passer, dans la presse françafricaine, pour un «extrémiste». Et on tente d’étouffer sa voix.

L’article ci-dessous paraîtra un peu long. Mamadou KOULIBALY y ayant expliqué clairement
(dès nov. 2002) la nature de la crise ivoirienne, il valait d’être repris en entier…



«
REBELLION OU COLONISATION DU TERRITOIRE IVOIRIEN (1ère partie)

Mamadou KOULIBALY


http://www.midici.com/midi/?midi=detailart&idart=1175
 


1 - LA REBELLION EST BIEN ARMEE ET SYMPATHIQUE DIT-ON

Depuis le 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire se trouve obligée d’affronter une rébellion armée, violente, meurtrière et lâche. En hommes comme en matériels de guerre cette rébellion est bien dotée. Des troupes entraînées au Burkina Faso entre autres, animées par des déserteurs de l’armée ivoirienne mis en déroute par leur chef le Général Robert GUEI en 2000 se sont coalisés contre l’Etat ivoirien. Cette attaque rebelle a révélé aux ivoiriens les faiblesses de leur pays et leur propre vulnérabilité. Ils ont été humiliés. Prétendu pays phare de la sous-region, pays moteur de l’UEMOA diront certains, pays leader en Afrique de l’Ouest selon d’autres, la Côte d’Ivoire n’a pas été capable de faire face à une attaque surprise et brutale : tous s’en étonnent. Cependant, la diplomatie aujourd’hui tend à donner en définitive raison à la Côte d’Ivoire : elle a été trahie. La campagne de propagande orchestrée autour des rebelles avec l’appui des grandes agences de communication et de la presse internationale a laissé accroire que les rebelles étaient de véritables « Robin des Bois » : ils sont sympathiques. Ils ne tuent point, ils ne volent pas et ne violent personne. Ils payent cash en billets de banque flambant neufs. Ils peuvent même se prévaloir d’avoir des amis haut placés dans la machine de l’Etat, dans les partis politiques d’opposition, dans la classe politique française, européenne et mondiale. Les rebelles ivoiriens sont forts et bien organisés.

Quelle est belle la guerre en Côte d’Ivoire ! se sont écriées certaines personnes ? L’organisation était impeccable. Les hommes à tuer ont été sélectionnés et exécutés lâchement. Les zones à assiéger ont été bien cadrées et ciblées. Les soldats, des mercenaires armées, et ceux de la presse ont été recrutés et l’opération a été déclenchée avec d’énormes moyens financiers. Seul semble avoir échappé aux rebelles la capacité de résistance de l’Etat de Côte d’Ivoire. Cette résistance avait besoin de temps. Les rebelles n’avaient pas de temps. Toutefois, une question vient à l’esprit. Pourquoi les rebelles ont-ils reçu un tel accueil dans l’opinion internationale ? Pourquoi les observateurs et des analystes ont-ils, à un moment donné, souhaité la chute du régime ivoirien ? Que reproche t-on de si grave au FPI, au pouvoir, au point de ne plus se contenter d’attendre les élections libres et démocratiques {…} et de vouloir, en violation de la Constitution, de la volonté de la Nation, et des traités internationaux, renverser le régime ?

Pour répondre à toutes ces questions il nous faut identifier les principaux reproches qui sont adressés aux ivoiriens et de leur porter réponse.

Ces reproches sont de plusieurs ordres : Certains sont juridiques, d’autres politiques mais une coalition multiforme regroupant tous ces mécontentements a trouvé des financements pour commettre des crimes contre l’Etat de Côte d’Ivoire. Cette coalition regroupe ceux qui reprochent au régime ivoirien d’être promoteur et adepte de l’idéologie de l’ivoirité. Il y a aussi dans ce groupe ceux qui ne veulent pas de la constitution, du code de la nationalité, du code foncier rural, de la loi sur l’identification. Après avoir parcouru ces reproches et les avoir analysés nous pourrons alors nous poser la question de leur attente déçue. Quoi qu’il en soit les ivoiriens se sentent humiliés et trahis. Dans l’avenir, plus rien ne sera comme avant. Le programme de la refondation était parti d’une hypothèse qui hélas vient de se révéler non pertinente. Les refondateurs ont pensé que la paix qui a été prônée depuis quarante ans était un acquis et qu’il ne restait qu’à refonder la Nation. Or cette paix n’était que peur. Une fois la liberté de parole et d’actions politiques retrouvée la peur s’est transformée en contestation de l’Etat dans ses fondements. La rébellion, au lieu de combattre la peur, arrive avec plusieurs années de retard pour hélas combattre la refondation. Toutefois, la rébellion nous prouve qu’une Nation ne peut se construire tant que la sécurité n’est pas garantie. La sécurité économique est nécessaire à la démocratie. La sécurité intérieure et extérieure est nécessaire à la construction nationale. Comme le disait Gbagbo Laurent, notre erreur a été de croire qu’il fallait refonder notre Nation. En réalité, c’est maintenant que nous devons fonder la Nation ivoirienne. Le sang qui est versé en est le prix. La rébellion armée nous renvoi ainsi aux fondations de la nation ivoirienne. Une belle leçon pour nous, devant notre histoire et devant l’humanité.


2 - LE REGIME IVOIRIEN ET L’IVOIRITE

Les rebelles, leur branche politique et leurs alliés reprochent au FPI d’être l’animateur d’un régime qui est endoctriné par l’ivoirité. Que vaut un tel reproche ?

A écouter les accusateurs, l’ivoirité serait un élément de la philosophie politique du FPI et que celui-ci l’appliquerait en tant que parti au pouvoir. Cette accusation est fondée sur deux présupposés qu’il faut distinguer. D’abord il est supposé que le FPI gère tout seul le pouvoir et peut donc faire tout ce qu’il veut. Ensuite il est admis que le FPI est « ivoiritaire » comme on l’entend souvent.

Ces deux présupposés méritent d’être analysés et durement chauffés pour savoir si oui ou non ils son recevables.

A)  Le FPI gère t-il tout seul le pouvoir alors qu’il est un parti minoritaire ?

Commençons par analyser l’idée selon laquelle le FPI gérerait seul le pouvoir d’Etat avant d’aborder celle qui soutient que le FPI est un parti minoritaire.

Le pouvoir politique aujourd’hui est réparti en plusieurs niveaux. Le pouvoir Présidentiel, le Législatif, le Municipal et le Départemental. Y a  t-il, au regard de l’attribution de ces pouvoirs par le peuple de Côte d’Ivoire, un pouvoir exclusivement détenu par le FPI ? A chaque fois que le peuple s’est exprimé par les urnes, les résultats ont permis de constater que le FPI est certes au pouvoir mais qu’il ne détient pas l’exclusivité de ce pouvoir.

Le FPI est au pouvoir parce que les présidentielles ont été remportées par Gbagbo Laurent, son candidat aux élections d’Octobre 2000 par 58,80% des suffrages exprimés contre 28,66 pour le Général Robert Guei son adversaire principal. L’absence de candidats du PDCI et du RDR n’a cependant pas empêché certains de leurs militants de voter pour le candidat du FPI dans le but de mettre fin à la transition militaire et d’engager la refondation. Cependant, les statistiques des élections législatives révèlent que le FPI n’a pas la majorité absolue au parlement. bien au contraire il obtient 96 Députés là où le PDCI s’en tire avec 98 sièges. Dès lors, au parlement, le FPI ne peut se prévaloir de faire adopter toutes les lois qu’il pourrait désirer. Il est obligé de négocier avec l’opposition qui réuni trois groupes parlementaires qui sont :  Solidarité (10 Députés), UDPCI (13 Députés), PDCI (98 députés). Pour le FPI qui a 96 députés, et quand on sait que les lois organiques doivent être votées par au moins 2/3 des voix des députés siégeant c’est à dire au moins 141 élus, on imagine difficilement comment il peut prétendre détenir la totalité du pouvoir. Malgré le mot d’ordre de boycott du RDR, 5 députés sont sortis de ses rangs parmi ceux de ses candidats qui ont bravé la Direction.

Aux municipales, le RDR remporte 64 communes, là où le FPI n’en aura que 33, le PDCI 59 et les indépendants 38. D’ailleurs, ces municipales montrent que le FPI a perdu certains de ses bastions tels que Gagnoa, Daloa, yakasse-Attobrou, et parfois, cela en faveur du RDR. Il convient cependant de retenir que ce parti n’est en rien majoritaire au sens où il n’a que 64 communes sur 157 soit 40%. Il reste quand même 60% des communes détenues par l’opposition au RDR. Le FPI n’a donc pas là aussi un règne absolu sur les communes. Aucun parti n’a d’ailleurs ce pouvoir.

Les dernières élections, celles qui ont porté sur le choix des conseillers généraux, ont enregistré l’entrée en compétition de tous les partis politiques. Au décompte final si l’on ne regarde que la présidence des conseils généraux, et en ne supposant que les présidents peuvent décider touts seuls de faire ce qui bon leur semble (ce que la loi ne dit d’ailleurs pas), le FPI s’en tire avec 22 Départements, le PDCI 18 et le RDR 10. Ici aussi le FPI aura 22 Départements sur 58 soit environ 37%. Il reste encore 63% des départements non directement gérés par le FPI.

Dès lors, l’idée selon laquelle le pouvoir serait détenu exclusivement par le FPI se révèle erronée. Le FPI est au pouvoir mais ce parti n’a pas l’exclusivité du Pouvoir. Le pouvoir, est partagé entre les différents partis politiques, qui, par le mode des scrutins se trouvent dans différents conseils, en gouvernants et opposants, pour se parler et gérer les affaires publiques du pays. Telle semblait être la formule de la réconciliation nationale adoptée par le peuple de Côte d’Ivoire. Dans le contexte ivoirien dire que le pouvoir est exclusivement détenu par le FPI, c’est refuser d’admettre que le pouvoir politique n’a jamais été aussi bien « partagé » en CI que depuis l’accession du président du FPI à la magistrature suprême. C’est confondre le pouvoir politique, dans son entièreté au pouvoir présidentiel. C’est méconnaître la nature démocratique du régime ivoirien. Et cela est dommageable.

B)  Le FPI exploite le fond doctrinal de l’ivoirité

Telle semble être la critique de fond que de nombreux observateurs adressent au FPI et à Laurent Gbagbo. Certains vont même jusqu’à soutenir que l’ivoirité est inscrite dans la constitution sans qu’ils ne soient capables eux-mêmes de définir ce que signifie ce terme. L’ignorance en la matière a été la règle et la propagande, ces deux dernières années n’a pas laissé la place à la réflexion sérieuse sur les relations entre la philosophie politique du FPI et l’ivoirité d’une part  et entre l’ivoirité et la constitution d’autre part. Seule, la première question sera abordée ici, la seconde étant traitée plus tard lorsque nous discuterons des reproches adressés à la Constitution. L’analyse de cette première relation nous conduira à admettre que le FPI non seulement n’est en rien responsable de la création et de la dynamique de l’ivoirité mais qu’en outre, il est le seul parti qui peut proclamer avoir été la principale victime de l’ivoirité. Victime d’une fausse accusation. Victime d’un tribalisme des défenseurs de l’ivoirité. Pour comprendre cela il suffit de savoir que l’ivoirité en tant que pratique est née avant l’ivoirité en tant que concept.

Il faut donc distinguer deux moments différents de notre histoire qui fondent l’ivoirité. Il y a le moment de l’ivoirité technocratique et celui de l’ivoirité tribaliste. Le premier ayant semé la graine, le second a labouré le sol pour servir au premier, ironie de l’histoire, les motifs d’une rébellion ivoiritaire et tribaliste. Qu’est ce donc à dire ?

     1 – L’ivoirité technocratique

L’ivoirité en tant que pratique a été introduit en Côte d’Ivoire  en provenance de l’esprit d’un technocrate qui, en 1990, après avoir été nommé Premier Ministre, n’a rien trouvé d’autre pour résoudre les problèmes des finances publiques que l’instauration de la carte de séjour, en vue de créer une discrimination entre ivoiriens et non ivoiriens.

En effet, en Côte d’Ivoire en 1989, Houphouët vieillissant, conspué par la foule pour mauvaise gestion, accusé par les bailleurs de fonds  pour surendettement, avait à faire face à une masse salariale trop élevée pour le budget de l’Etat. Le Ministre de l’Economie et des Finances d’alors proposait pour la résolution de cette crise financière la réduction de 15 à 45% des rémunérations des travailleurs ivoiriens. La rue refusa malgré l’insistance de Houphouët Boigny. C’est alors qu’en 1990 Allassane Ouattara devient Président d’un Comité Interministriel chargé de concevoir un programme de gestion de cette période. Par la suite, il fut nommé Premier Ministre. C’est aussi en 1990 que Ouattara Allassane appliqua pour la première fois l’ivoirité en Côte d’Ivoire. Dans son programme de redressement économique qu’il proposa au parlement d’alors, qui l’adopta sans débats, une stratégie qui consistait, dans la pure tradition des Programmes d’Ajustement Structurels (P.A.S) à stabiliser d’abord l’économie puis à la relancer ensuite.

La stabilisation consistait pour lui, en une centaine de jours, à maîtriser les finances publiques par une réduction drastique des dépenses de l’Etat, accompagnée par un accroissement des ressources. La seconde phase, celle de la relance de l’activité devait permettre à Ouattara, en bon technocrate, et cela en dix huit mois, d’engager des privatisations d’entreprises publiques. Si dans le processus de privatisation le Premier Ministre Ouattara s’est arrangé pour racheter une partie de ce qu’il vendait, dans la stabilisation il a innové.

Ouattara expliqua à l’époque, qu’il y avait trop d’étrangers indésirables en Côte d’Ivoire. Le recensement général de la population de 1988 donnait officiellement une population étrangère de 3.039.037 personnes sur un effectif total de 10.815.694, soit 28 %. Pour Ouattara, il était inadmissible qu’il y ait autant d’étrangers qui, dans notre pays , profitaient des biens et services publics sans débourser de contribution spécifique. Les routes, les ponts, les écoles, les centres de santé et autres services publics mis à la disposition des ivoiriens l’étaient aussi pour les étrangers sans que l’appartenance nationale ou non ne joue un rôle discriminatoire. Allassane Dramane Ouattara trouvait cela anormal. Sa vision technocratique de la question supposait qu’en faisant payer à chaque ressortissant étranger vivant en Côte d’Ivoire une taxe de séjour, et vu le nombre d’étrangers, qu’il pouvait collecter des ressources qui auraient évité alors les réductions de salaires, qui a failli emporter le régime de Houphouët Boigny. La taxe de séjour imaginée par ADO distinguait ainsi, pour la première fois, les étrangers vivant en Côte d’Ivoire des nationaux. Et parmi les étrangers la distinction était claire entre ceux venant de l’UEMOA et ceux venant de la CEDEAO. Ces deux premières catégories se distinguaient de celles des africains non-CEDEAO et des ressortissants de reste du monde non africain.

Chaque étranger devait être distingué de l’ivoirien. Cette distinction était soumise à une taxation adossée à la carte de séjour que Ouattara imposa aux étrangers vivant en Côte d’Ivoire. L’ivoirité technocratique, fondée sur une grossière arithmétique financière venait de créer un choc dans un environnement que les étrangers vivant en Côte d’Ivoire vont subir assez durement. Surtout que l’on était relativement proche de la période électorale et que les postes diplomatiques de la Côte d’Ivoire à l’étranger n’avaient pas été préparé à s’adapter à une telle alternative.

Il faut à ce stade de l’argumentation se rappeler que cette période de 1989/90 devait dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, voir se dérouler des élections multipartisanes. La rue qui s’était élevée contre la réduction des salaires demandait aussi des comptes aux gouvernants et exprimait son aspiration à la démocratie libérale multipartisane. Le mur de Berlin venait de chuter. Le vent de l’Est soufflait sur la Côte d’Ivoire, l’esprit de la Baule aussi. Les revendications démocratiques vont ainsi conduire au retour du multipartisme en Côte d’Ivoire. Dans un tel contexte, les pratiques du parti unique qui, jusqu’alors, consistaient pour Houphouët Boigny à désigner les députés et les maires comme s’il s’agissait de ministres devaient cesser. Plusieurs partis politiques plus ou moins importants firent alors leur apparition sur-le-champ politique sortant ainsi de la clandestinité. Dès lors, les élections qui habituellement n’étaient que plébiscites reprenaient leurs enjeux réels. Les électeurs exigeaient alors qu’il y ait plus de transparence. Cette exigence signifiait que l’on mette de l’ordre dans le fichier électoral et que la liste des électeurs soit révisée et apurée. Le principe étant alors que ne pouvaient voter que les Ivoiriens à l’exclusion de toutes les autres nationalités.

La Côte d’Ivoire allait mettre fin à quarante années de pratiques du parti unique. Pratiques dans lesquelles tous les résidents en Côte d’Ivoire pouvaient voter sans aucune restriction. La nationalité ivoirienne n’était donc pas, à l’époque, un privilège pour les ivoiriens.

Brusquement, avec le multipartisme, il est demandé aux étrangers de s’abstenir de participer aux votes. Ce fut un choc sans pareil pour les étrangers vivant en Côte d’Ivoire. Le scandale des scandales. L’on attendait alors dire qu’il y avait en Côte d’Ivoire une politique d’exclusion politique des étrangers qui, depuis toujours, avaient voté pour la désignation du Président de la République, des députés et des maires. Cette pratique du parti unique avait fini par être considérée par les étrangers vivant en Côte d’Ivoire comme un droit à la citoyenneté. Nombreux parmi eux, jusqu’aujourd’hui, ne veulent rient admettre d’autre. Seuls, les Européens s’abstenaient de voter à l’époque. Les Africains se voyaient délivrer d’ailleurs de fausses cartes d’identité par ADO en vue d’assurer le plébiscite de Houphouët Boigny, très affaibli par la crise et par la maladie.

Dans ce contexte, la carte de séjour était perçue comme une injure aux étrangers auxquels ADO demandait par ailleurs de servir de « bétail électoral » pour le PDCI dont lui même était le second personnage après Houphouët Boigny et avant Bédié. C’est ainsi, qu’une fois la loi sur la carte de séjour votée, les policiers et les forces de l’ordre qui traditionnellement se contentaient de racketter et de harceler les automobilistes,   découvraient un « nouveau produit de racketting :  L’étranger.

Dès lors, à partir de cette conception de l’ivoirité, les forces de l’ordre ont officiellement ouvert la chasse à l’étranger pour encaisser directement la taxe de séjour. Non seulement ADO n’a pas obtenu les recettes prévues, non seulement il n’a pas eu de programme avec le FMI et la Banque Mondiale mais en outre, il venait de semer la graine de la discorde entre les ivoiriens et les étrangers, dans une ambiance de multipartisme en apprentissage. Alors que certains policiers étaient envoyés pour saisir et retirer les fausses cartes d’identité distribuées pour des raisons électorales aux étrangers, d’autres couraient violer les lieux de cultes (mosquées et autres), faisaient le gué devant les marchés,  piégeaient les passants dans les coins de rues, et les gares routières à la recherche de l’étranger pour, soit lui faire payer la carte de séjour, soit le racketter. L’étranger, c’était les burkinabés, les Maliens, les Guinéens, les Ghanéens, les Béninois, les Nigériens, les Libériens, les Nigérians, les Togolais, les Camerounais et autres. Le Ministre de l’intérieur de l’époque s’appelait Lansana Palenfo (Général pushiste du CNSP de 1999/2000 et animateur militaire du MPCI, la rébellion actuelle, branche armée du RDR )

Les harcèlements des forces de l’ordre ont, à l’époque déjà, créé beaucoup d’émotion dans les milieux musulmans dont la tenue vestimentaire est semblable à celle des ressortissants des pays voisins comme le Mali, le Burkina, la Guinée, le Niger, le Sénégal et autres.

Les amalgames entre musulmans ivoiriens et musulmans étrangers, entre Nordistes de la Côte d’Ivoire et étranger datent de cette époque. Les tracasseries administratives et policières ne distinguaient pas entre un dioula de Côte d’Ivoire et un dioula du Mali, du Burkina ou d’ailleurs. Un dioula était un dioula et il ne s’agissait que d’un terme de ralliement de plusieurs groupes ethniques du nord de la Côte d’Ivoire et de groupes ethniques venus de l’étranger.

L’ivoirité dans la version de Ouattara à été la principale source de scission de la cohésion sociale en 1990. Les étrangers, pour éviter les tracasseries liées à la carte de séjour vont se lancer dans la recherche des fausses pièces d’identité. Ouattara pour contrer cette tendance à la fraude sur la nationalité engagera avec les généraux Guéï et Palenfo la confection de carte nationale d’identité infalsifiable. Un processus d’identification venait ainsi d’être engagé. C’est dans cette ambiance que Houphouët Boigny meurt et ouvre une guerre de succession sans pitié entre ceux qu’il avait positionné pour défendre son régime déclinant. Sur l’échiquier de la succession étaient en place trois civils et trois militaires. Les colonels Guéi (Défense), Bombet (Intérieur), et Tanny (Sécurité) qui étaient appuyés par trois civils dont Fologo (Secrétaire Général PDCI), Bédié (Dauphin et Président de l’Assemblée Nationale) et Ouattara (Premier Ministre). Très rapidement le jeu de la succession se jouera entre trois équipes, celles de Bédié, de Ouattara et de Guéï.

Bédié, constitutionnellement, prend le pouvoir non sans avoir essuyé les velléités de Ouattara qui s’organise par la suite avec Guéi pour, six ans plus tard, renverser Bédié en 1999. Puis Ouattara et Guéi se querellent pendant la transition  du CNPS et les soldats proches du premier désertent l’armée pour se réfugier dans le sanctuaire Burkinabé et tout cela avant l’arrivée du FPI au pouvoir en 2000. Les rebelles d’aujourd’hui, ceux du MPCI  sont les avatars des pushs manqués provoqués par l’ivoirité de Ouattara. Le FPI n’est donc pas le bourreau mais la victime de l’ivoirité qu’il a toujours combattu.

Sous l’ivoirité de Ouattara, c’est auprès du FPI que la communauté musulmane trouvait refuge. Lorsque les forces de l’ordre agressaient les musulmans sur les marchés, et  dans les mosquées c’est GBAGBO Laurent qui, le premier, s’interposait pour rappeler à Ouattara et au PDCI les amalgames dangereux à éviter. Les journaux proches du FPI comme la « Voie » et Nouvelle Horizon » menèrent des campagnes contre cette pratique discriminatoire et abusive aux côtés des leader musulmans. Hélas ! A la mort de Houphouët Boigny et avec l’accession de Bédié au pouvoir la graine semée par Ouattara trouve un jardinier qui théorise sur l’ivoirité. La Pratique du technocrate se renforce par une approche systématique et conceptuelle.

     2 - L’ivoirité tribaliste

L’exclusion politique des étrangers des élections nationales n’est pas l’ivoirité même si cela a créé un choc et a coïncidé avec la pratique de l’ivoirité technocratique. Mais l’imposition d’une carte de séjour sur les étrangers était la source de tracasseries explosives. Avec Bédié, des intellectuels se mettent au service de la cause de l’ivoirité et théorisent là dessus. L’ivoirité devient l’esprit du nouveau contrat social proposé  par le président Bédié. Historiens, philosophes, anthropologues, géographes, juristes, économistes, écrivains et autres intellos se mettent au service de la cause qu’ils présentent comme étant à la base d’études et de théories de l’humanisme ivoirien pour la synthèse culturelle. L’objectif pour ces intellectuels était alors de trouver dans l’ivoirité un concept fédérateur des différences entre les ethnies et tribus vivant, à l’origine, en Côte d’Ivoire. Les moyens seront dégagés pour mettre en mouvement tout le corps social ivoirien autour du thème, pour que chacun s’en imprègne, s’en convainque et en soit l’ardent défenseur. L’ivoirité en tant que concept fédérateur était alors obligé  de définir ce qu’il fédère : les ethnies et les tribus vivant en Côte d’Ivoire.

Plusieurs questions se posent alors aux théoriciens de l’ivoirité qu’ils ont  d’ailleurs eu beaucoup de mal à traiter. Comment fédérer des tribus et ethnies d’un pays donné ? Est-ce par agrégation ? Par sommation ? Certes la carte de séjour et l’identification réglaient la question de l’étranger. Le technocrate avait réussi mais il fallait maintenant entre ivoiriens savoir comment fédérer les ethnies et non les hommes. Au lieu de partir des citoyens, des individus, les théoriciens choisissent comme unité fondamentale d’analyser l’ethnie, la tribu. Mais comment fédérer des Baoulés à des bétés, à des yacoubas, à des abrons, à des attiés et abbeys, à des sénoufos, à des mahoukas,  etc….etc ?

Devant l’impossibilité épistémologique de fédérer des groupes ethniques, l’ivoirité restera tribale. Elle choisit la solution tribaliste de hiérarchiser les groupes ethniques selon des critères qu’il lui fallait déterminer.

Dans cette conception Bédiéiste de l’ivoirité la démocratie ne peut être que tribale avec des tribus aptes à gouverner et d’autres inaptes à la gestion des affaires publiques. D’un côté il y a les tribus issues des royaumes politiquement et socialement organisées et de l’autre des tribus dépourvues de véritables structures d’encadrement politique. Les premières laissent des traces dans l’histoire les secondes sont vite oubliées parce que des populations concernées sont pas arrivées à pousser l’organisation sociale jusqu’à la fondation de royaumes. Elles vivaient alors de chasse et de cueillette. Ce type de clivage selon Bédié a pesé sur l’organisation du pays après l’indépendance. Les tribus issues de royaumes auraient développé le sens de la hiérarchie. Mais ailleurs « les gens ont du mal à admettre les hiérarchies nouvelles y compris les hiérarchies démocratiques »( H K Bédié :Les chemins de ma vie. P21) Pour cette seconde catégorie de tribu, le chef est culturellement, soit le plus beau danseur du village, soit le plus fort au combat. Le fait de soumettre et de conditionner les hiérarchies démocratiques qui existent entre les individus dans les conceptions modernes des Etats à des hiérarchies tribales et ethniques selon des a- priori sur l’existence ou non d’origines royales donne à l’ivoirité ses bases les plus nauséabondes.

Le pouvoir d’Etat pourrait être réservé à des citoyens issus de groupes ethniques ayant une origine royale. Ainsi, les Baoulés selon cette thèse seraient originaires de l’Egypte pharaonique et auraient bousculé battu ou rusé avec de nombreux peuples pour finir par s’installer là où ils sont aujourd’hui. Chez les Baoulés les plus dignes à gouverner devrait se trouver soit à Yamoussoukro, soit Daoukro selon que le Président de la République est Houphouet Boigny ou Bédié. L’ivoirité construit un schéma révisionniste de l’histoire du peuplement de la Côte d’Ivoire pour justifier l’accession au pouvoir de tel ou tel homme politique. Ainsi Le pouvoir d’Etat ne se donne pas à des individus mais à des groupes ethniques, de préférence à ceux qui peuvent comprendre les hiérarchies démocratiques grâce aux origines royales de leurs tribus. Cette propriété se trouverait en côte d’Ivoire, selon Bédié, chez les peuples Akans et chez les nordistes. La politique se soumettrait ainsi à l’ethnie et les ethnies seraient elles mêmes hiérarchisées ; avec au sommet le groupe ethnique du Président. N’est-ce pas au nom de cette conception de l’ivoirité que les groupes ethniques du Nord de la Côte d’Ivoire revendique le pouvoir d’Etat en dehors des règles élémentaires de Démocratie ? N’est-ce pas au nom de cette ivoirité que les tribus du Nord pensent être aujourd’hui supérieures à toutes les autres ethnies du pays ?  Cette version tribale de l’ivoirité conjuguée à la mauvaise gestion, à la corruption, aux détournements de fonds publics, conduit en 1999 à justifier un coup d’Etat en Côte d’Ivoire contre Bédié. Les commanditaires étaient Ouattara et Guéï.

C) De là l’idée que le FPI est un parti minoritaire.

Ici aussi le FPI dont le candidat à la présidence de la république était un Bété, issu d’un petit groupe ethnique comparé aux groupes ethniques dont se réclament Bédié et Ouattara, malgré le choix de l’électorat dans la transparence, est considéré comme minoritaire. Lorsque les supporters de Ouattara, ou ceux de Bédié prétendent que le FPI est minoritaire en Côte d’Ivoire, ils veulent dire que les Bétés sont moins nombreux que les dioulas et les Akans et donc n’ont pas la légitimité tribale de gouverner la Côte d’Ivoire. L’ivoirité est ainsi à la base de la contestation actuelle du régime. Mais contrairement à ce que l’on peut penser à priori, le FPI n’en n’est en rien l’instigateur. Il en est la victime ; simplement parce que les adeptes de l’ivoirité considèrent que tribalement et culturellement, par ses origines (pas de royaumes) et par la taille de son groupe ethnique d’origine, Gbagbo ne peut pas être président de la république. Il est donc forcément un accident dans la succession de Houphouët Boigny qui a commencé en 1990 et qui s’est achevée en 2000. Il est tribalement minoritaire et politiquement illégitime car les Bétés n’ont pas eu de royaume comme les Dioulas et les Akans selon la théorie de l’ivoirité. Et la rébellion actuelle qui se veut nordiste, dioula et musulman est philosophiquement inspirée par l’ivoirité tribale. Cette Ivoirité est incompatible avec la refondation.

Pour le FPI, l’ivoirité est un concept qui ne mérite aucune attention sinon juste pour le  reconnaître et le déconseiller aux démocrates, aux républicains, et aux patriotes ivoiriens et étrangers pour qu’ils s’en méfient. Le FPI considère que pour la construction de la nation ivoirienne la dynamique de la refondation a besoin de faire la promotion de la Société de Droit et de l’Etat de droit. Hélas !!!  La rébellion vient nous rappeler que la Côte d’Ivoire a de nombreux ennemies sur le chemin de la refondation. Cette  fois c’est le droit que les ivoiriens se sont librement octroyé qui est contesté par ceux qui se sont coalisés contre le projet de construction d’une nation moderne par la voie de la liberté et de la démocratie.


3 - LA CONSTITUTION IVOIRIENNE EST INJUSTEMENT DETESTEE

Au-delà de la méprise sur les relations entre le FPI et l’ivoirité, la sympathie que de nombreuses personnes vouent à la rébellion ivoirienne trouve une explication dans l’idée que ces personnes se font de notre constitution. Elles sont nombreuses celles qui, sans jamais avoir lu notre constitution affirme qu’il s’y trouve inscrit l’ivoirité. Pour ce fait, ces personnes condamnent la constitution ivoirienne, la trouvent détestable et en viennent même, de cœur avec les rebelles, à exiger une révision de la constitution exactement comme le souhaite le RDR. Il s’agit ici aussi d’une méprise regrettable dont nous payons tous aujourd’hui le prix. De quoi s’agit t-il ?

La côte d’Ivoire a souffert pendant plus de quarante ans des méfaits du parti unique. La longévité au pouvoir du Président Houphouët Boigny a été l’une des plus grosses faiblesses de la Côte d’Ivoire. Les erreurs de sa politique sont restées étouffées et n’ont jamais été traitées à fond. Sa succession impose aujourd’hui une rébellion armée. Après tout, Ouattara comme Bédié et Guéï étaient chacun pour une raison qui lui est propre successeur potentiel de Houphouet Boigny. La rébellion est ainsi un avatar de l’houphouétisme.

Les différentes constitutions ivoiriennes consacraient dans leur article 9 le fait qu’une même personne pouvait rester au pouvoir tant qu’elle le voulait. La constitution ne limitait pas le nombre de mandat par Président. La nouvelle constitution, celle du 1er Août 2000, en son article 35 brise ce tabou. Désormais le Président de la République n’est rééligible qu’une seule fois. Après, il laisse la place à d’autres potentiels candidats. La constitution exclue donc par ce fait qu’un homme au pouvoir y reste toute sa vie. Or, il s’agit d’un désir que certaines personnes peuvent avoir. La constitution demande leur exclusion après deux mandats. De nombreux commentateurs trouvent cette disposition qui exclu pourtant bien des gens, comme étant préférable aux anciennes qui ne faisaient pas « très démocratiques »

Par ailleurs, le dauphinat constitutionnel qui a caractérisé une bonne partie de la carrière politique de Bédié cesse aussi avec la nouvelle constitution. La première constitution de la Côte d’Ivoire, celle du 31 octobre 1960 n’avait pas de système de dauphinat. En cas de vacance de la Présidence de la République « les fonctions du Président de la République sont provisoirement exercées par une personnalité choisie au sein de l’Assemblée Nationale par son Président. Si la durée du mandat présidentiel restant à courir est égale ou inférieure à 12 mois, il n’y a pas lieu à élection du Président de la République » disait le texte. Dans le cas contraire des élections ont lieu et le mandat du Président élu expirait avec celui de l’Assemblée Nationale. Dans un cas comme dans l’autre le Président désigné ou élu devenait de plein droit Président de la République avec les rangs, pouvoirs et prérogatives. C’était l’article 11.

C’est en 1990 que l’article 11 change et inscrit le dauphinat de plein droit pour la fin du mandat en cour. Après différentes révisions l’article 11 voit ses modalités se modifier mais le dauphinat demeure la constante. La nouvelle constitution de 2000 supprime le dauphinat en exigeant, vaille que vaille, de nouvelles élections au plus tard dans les quatre vingt dix jours. Le Président élu commence un nouveau mandat. Pendant l’intérim, le Président de l’Assemblée Nationale désigné par la constitution ne peut ni nommer de Premiers Ministres, ni mettre fin à leur fonction. Il ne peut ni constituer de gouvernement ni y mettre fin. Il ne peut, en outre, pas organiser de référendum ni prendre l’initiative de la révision de la constitution.

La nouvelle constitution fait ainsi appel  au peuple. Le dauphinat est désormais exclu de notre constitution. L’intérimaire bénéficie de pouvoirs très restreints. Il n’a ni les pleins droits, ni le temps de s’installer. De nombreux observateurs trouvent que ces nouvelles dispositions constitutionnelles sont plus démocratiques que le dauphinat alors qu’elle exclue de nombreuses attributions pour l’intérimaire. Mais personne ne s’en offusque. Néanmoins pour analyser ce qui est reproché à la constitution, il faut d’abord comprendre le code de la nationalité.

Notre code de la nationalité est une loi qui date de Décembre 1961 et qui a par la suite été révisé une fois en Décembre 1972. Ce code, fondé sur le droit du sang, défini la voie d’accès à la nationalité ivoirienne. Soit la personne concernée à l’un de ses parents ivoiriens, soit elle-même s’est naturalisée, soit enfin elle s’est mariée à un ivoirien. Ce code n’est donc pas fermé à l’intégration dans la nationalité ivoirienne de non ivoiriens à condition que ceux-ci le veuillent. Le code de la nationalité est de ce point de vu généreux. En outre, toute personne bénéficiant de la nationalité ivoirienne peut à tout moment y renoncer pour une autre nationalité, et cela en toute liberté. La même personne peut aussi, à tout moment, demander sa réintégration à la nationalité ivoirienne par le biais d’un décret. C’est à cause de toutes les facilités octroyées par le code de la nationalité que la constitution a verrouillé l’accès à la présidence de la République pour quiconque renoncerait ne serait-ce qu’une seule fois à sa nationalité. L’article 35 de  la constitution de 2000 fait obligation au prétendant à la présidence de la république de n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. On peut être ivoirien et ne pas être éligible à la présidence de la république. Cette clause est d’ailleurs valable pour toute constitution.

La constitution de 2000 exclut ainsi, naturellement, toutes les personnes qui ont déjà bénéficié de la double nationalité. Elles ne sont d’ailleurs pas les seuls à être exclus. Tous les jeunes de moins de quarante ans sont exclus de la compétition de façon arbitraire. Tous les vieux de plus de soixante quinze ans sont aussi exclus de façon arbitraire. Cette constitution exclut tous les Ivoiriens dont l’un des parents n’est pas ivoirien d’origine. Voilà encore un autre choix arbitraire. Elle exclut de la course tous les Ivoiriens naturalisés. Elle exclut tous les ivoiriens n’ayant pas vécu au moins dix années en Côte d’Ivoire dont cinq de façon continue, sauf pour les diplomates et les exilés politiques. Elle exclut les malades et les personnes de mauvaise moralité. Que d’exclus dans cette constitution ! Et pourtant, c’est elle, qu’au référendum, tous les partis politiques ont appelé à voter oui. 86% des suffrages exprimés ont adopté le texte. Que l’on consulte les constitutions du Burkina Faso ou d’Algérie, des Etats Unis ou de France et l’on découvrira les exclusions constitutionnelles à la Présidence de la République. Ces textes sont très certainement critiquables mais n’empêche qu’ils sont, à un moment donné de l’histoire des peuples, celles qui reflètent le mieux la volonté démocratique et populaire. Comme quoi la démocratie ne manque pas d’arbitraire surtout quand elle impose la dictature de la règle majoritaire comme moindre mal dans le calcul du consentement optimal dans une politique donnée.

Au Burkina par exemple, le Président de la République doit être burkinabé de naissance et né de parents eux-mêmes burkinabés. On peut d’ailleurs regarder les constitutions du Gabon , de Tunisie, de l’Algérie ou même d’autres pays. Il y a toujours exclusion d’une façon ou d’une autre. Pourquoi alors ce mauvais procès à la Côte d’Ivoire ?

La constitution ivoirienne est détestée parce qu’elle est la résultante d’un coup d’Etat (celui de 1999) qui avait pour but de porter un certain homme au pouvoir. Le coup une fois réussi, une transition de dix mois permet de confectionner une constitution qui disqualifie, malheur de malheur cet homme même s’il a appelé à voter « oui ». Du coup, puisqu’il y a un hic dans la stratégie initiale, les partisans de cet homme, Ouattara pour ne pas le nommer, estiment, pour marquer leur infortune que cette constitution ne fait pas l’unanimité. Parce que l’unanimité c’est eux et personne d’autre.

Et la critique, oubliant que l’on n’a pas besoin de l’unanimité pour une constitution, est allée en s’enflammant. La constitution exclut des ivoiriens entend-on dire comme si cela était une découverte alors que le peuple dans sa majorité a estimé qu’il devait, dans la phase actuelle de notre histoire en être ainsi.

Il s’agit d’un arbitraire démocratique et rien ne peut sauf, la mort de la république, changer cet état des choses. La rébellion aujourd’hui, comme le RDR depuis toujours, exige la révision de la constitution parce que ces différentes exclusions seraient motivées par l’ivoirité alors qu’il n’en est rien. Il s’agit uniquement de baliser les voies d’accession à la présidence de la république. Mais il reste la question de savoir si les rebelles obtiendront par la négociation ce que le RDR n’a pas obtenu par les urnes, par la rue et par les différentes tentatives antidémocratiques pour changer les institutions de la république. Ces différentes épreuves ont l’avantage de conforter les Ivoiriens dans la foi en leur constitution. Les différentes épreuves forgent ainsi progressivement un sentiment national fort sans lequel il est impossible de bâtir une nation. La rébellion a ceci de bénéfique qu’elle nous fait prendre conscience qu’il y a, au-delà de nos groupes ethniques, une entité abstraite à laquelle nous appartenons d’abord tous. Une grande nation est ainsi en construction. Les Ivoiriens sont très nombreux à y croire désormais. Bien que leur constitution  soit détestée, eux y croient. Et c’est cela qui compte. Telle est la limite de la liberté. Telle est la contrainte de la Démocratie


4 - LE CODE DE LA NATIONALITE DOIT ETRE VIOLE OU REVISE

La thèse de la violation ou de la révision du code de la nationalité revient aussi très souvent dans les commentaires que nous entendons. Comment en arrive t-on à cette conclusion ?

L’argumentaire de ceux qui défendent cette thèse est présenté de façon très pernicieuse. Ecoutons-les. Depuis vingt, trente ou quarante ans vivent ici en Côte d’Ivoire de nombreux étrangers et leur descendance qui ne savent plus où aller. Ces personnes depuis le temps qu’elles vivent ici ont perdu tout contact avec leur pays d’origine sans pour autant avoir pris les soins de se naturaliser en Côte d’Ivoire leur pays d’accueil.

Plusieurs de ces personnes ont eu accès aux papiers d’identité ivoirienne soit en falsifiant les pièces d’un des deux parents, soit en corrompant l’administration pour obtenir de faux extraits d’état civil desquels les autres faux papiers dérivent. Ces personnes, dont on dit qu’elles ont toute leur vie ici et ne savent vraiment pas où aller, exigent d’être intégrées, tous, à la nationalité ivoirienne. Au lieu de procéder par naturalisation elles ont préféré prendre les armes contre le code de nationalité. Elles se rebellent contre les ivoiriens. Que répondre à ce type d’arguments ?

D’abord qu’il n’y a nulle part au monde de code qui disent que lorsque le ressortissant d’un pays d’origine A, décide d’aller s’installer dans un pays B, après un certain nombre d’années dix, vingt ou trente ans, cette personne perd automatiquement sa nationalité d’origine pour être automatiquement versée dans la nationalité du pays d’accueil B. Bien au contraire, dans le cas du pays A, si le code est fondé sur le droit du sang, comme c’est le cas pour la plupart des pays dont les ressortissants sont en grand nombre en Côte d’Ivoire, alors, le ressortissant en question peut vivre tant qu’il voudra à l’étranger il ne perdra jamais sa nationalité d’origine. De surcroît, quel que soit le lieu où il sera, le droit du sang de la nation à laquelle il appartient à pour conséquence que toute sa progéniture aura la même nationalité que lui-même, sauf si elle décidait de se naturaliser ou si elle se mariait à des ressortissants du pays B. Alors, d’où vient-il que de nombreux burkinabés, maliens, guinéens, nigériens, nigérians, sénégalais et autres qui refusent de se naturaliser devraient être intégrés dans la nationalité ivoirienne par la force des armes ?

Ces personnes sont, jusqu’à leur naturalisation, régie par le code de nationalité du pays d’origine de leurs parents. Ensuite, le fait pour ses personnes de prendre les armes contre l’Etat ivoirien rend encore plus difficile leur intégration, car, pour de nombreuses personnes en Côte d’Ivoire, la rébellion est doublée d’une tentative de conquête lancée sur la Côte d’Ivoire par le Burkina faso, dont le Président prétend intervenir pour défendre les intérêts de ses ressortissants vivant en Côte d’Ivoire. Selon le Président et les différentes hautes autorités du Burkina, les ressortissants burkinabés et autres étrangers seraient l’objet de tracasseries de toutes sortes en côte d’Ivoire. Le Burkina officiellement selon le recensement général de la population de 1998, avait 2.238.598 ressortissants en Côte d’Ivoire. A ce titre le burkinabé devient le second groupe ethnique  de la Côte d’Ivoire juste après le groupe Akan 4.780.797. Malgré ce fait, une question vient à l’esprit. Quelle politique les autorités burkinabés mènent-elles pour mettre autant de monde en exil en Côte d’Ivoire ? Pourquoi le burkinabé qui ne venait en Côte d’Ivoire que pour des emplois saisonniers est-il soudainement obligé de s’exiler ? Est-ce de la déportation organisée par l’Etat burkinabé ? Est-ce le vote par les pieds pour fuir une dictature sanguinaire locale, ou bien alors ne s’agit-il que d’une technique d’envahissement de la Côte d’Ivoire par le Burkina ? La rébellion que de nombreuses personnes regardent comme un phénomène soudain n’est-elle pas l’excroissance d’un processus sournois de conquête de la Côte d’Ivoire par les pays voisins dont les ressortissants se battent aux côtés des rebelles ?

 Si non, comment comprendre que la communauté internationale au lieu de blâmer les autorités burkinabés pour leurs mauvaises politiques économiques et sociales qui provoquent la migration et l’exil systématique, se soit ému que le gouvernement ivoirien ait résisté à la tentative de coup d’Etat, soutenue, financée et organisée par les autorités burkinabés, venus en appui au RDR de Ouattara le fondateur pratique de l’ivoirité ? Par quel hasard de l’histoire le Président de Burkina faso se retrouve- t’il défenseur de l’ivoirité des gens du Nord de la Côte d’Ivoire? Comment une minorité politique jugée par les urnes peut elle prendre les armes contre une majorité, sinon que pour proclamer, que par l’ivoirité tribaliste elle se considère supérieure aux autres groupes ethniques non organisés en parti politique ? Le RDR manifeste encore une fois son tribalisme vis à vis des autres ivoiriens qu’il juge comme etant culturellement inférieure. D’où vient il donc que les militants du RDR nourrissent une telle haine pour la CI avec l’appui d’un gouvernement voisin qui exige l’ivoirisation d’office de tous ses ressortissants ?

Tout se passe en fait comme si les voisins de la Côte d’Ivoire lui en voulaient mais pourquoi donc ?

Les populations étrangères en Côte d’Ivoire en 1998 dépassent les quatre millions, avec 47% en moyenne nées en Côte d’Ivoire. Les burkinabés représentaient 56% de ces étrangers. Selon les départements où elles vivent, ces populations étrangères constituent au moins 30% de la population résidente pour Abidjan et Gagnoa sont proche des 45% pour Aboisso et Abengourou. Les statistiques révèlent que dans l’agriculture moderne 80% des salariés sont d’origines étrangères et 51% des investissements sont réalisés par les étrangers, ce qui permet aux étrangers de réaliser 52% de la production du secteur primaire soit 15% du PIB de la Côte d’Ivoire. Mais il ne s’agit nullement d’esclaves. Ces emplois sont relativement mieux rémunérés ici qu’au Burkina quand ils y existent.

Dans le secteur secondaire 24% environ des emplois sont occupés par les étrangers tandis que dans le tertiaire la part des étrangers est de 46% environ. Le commerce est contrôlé à 95% par les étrangers. A l’analyse on s’aperçoit que les étrangers ont un taux d’emplois très supérieur à la moyenne nationale. La Côte d’Ivoire ne peut donc pas, quand on est de bonne foi, être taxée de xénophobe. La nationalité s’obtient aussi facilement que l’emploi mais il faut en faire la demande. Ce n’est pas par la guerre que les deux millions de burkinabés deviendraient des ivoiriens. Le gouvernement burkinabé se trompe et met en péril l’existence même de tous ces ressortissants dont  certains n’ont pas  hésité à prendre les armes contre le pays qui les a reçus au moment ou le Burkina, le Mali, la Guinée et autres les chassaient sous différentes dictatures civiles ou militaires des années 60, 70 , 80 et 90.

Enfin, la situation des Burkinabés en  Côte d’Ivoire est présentée comme s’il s’agissait d’esclaves contraints au travail forcé. Les autorités burkinabés présentent la situation de leurs ressortissants en Côte d’Ivoire comme si ces derniers avaient été envoyés par elles en mission en Côte d’Ivoire. Or il n’en est rien. Les départs sont indépendants du gouvernement burkinabé qui très certainement a, quelque part, intérêt à encourager ces mouvements migratoires d’exil ou de conquête sur la Côte d’Ivoire.

Il est vrai que le PIB de  la Côte d’Ivoire représentait 40% du PIB de l’UEMOA en 2000 qui est pourtant une année de faible performance pour l’économie ivoirienne. Dans le même temps le PIB du Burkina ne représente que 9,5% environ avec 9,8% pour le Mali et 18% environ pour le Sénégal. Dans l’UEMOA  le dynamisme de l’économie ivoirienne attire le surplus de main-d’œuvre des pays voisins, car plus de 45% des activités industriels de l’UEMOA se déroulent en Côte d’Ivoire qui assure 40% des importations de l’Union et 53% des exportations.

Les ivoiriens, par ailleurs, n’ont jamais fermé l’emploi et protégé le marché du travail. Les étrangers y sont plus souvent employés que les ivoiriens. Ainsi par la générosité de la Côte d’Ivoire sur l’immigration, l’emploi, et les revenus, les pays de l’UEMOA bénéficient de transferts nets de notre pays de plus de 375 milliards de FCFA en 2000. Et le principal bénéficiaire de ces transferts est le Burkina 77 milliards soit 33% de ces recettes budgétaires. Les populations burkinabés vivent en Côte d’Ivoire et rapatrient, bon an mal an, dans leur pays d’origine entre 60 et 100 milliards de FCFA. Comment est-il donc venu à l’esprit du Burkina pour de participer à une agression terroriste contre la Côte d’Ivoire  malgré cette forte imbrication ? Pour répondre à cette question il faut regarder les critiques formulées contre le code foncier rural adopté en 1998 par la Côte d’Ivoire. La terre agricole, ressource rare est au centre de nombreuses convoitises.


5 - LE CODE FONCIER RURAL EXPROPRIE T’IL LES ETRANGERS ?

Le problème foncier de la Côte d’Ivoire se pose avec acuité. Les burkinabés en Côte d’Ivoire sont très souvent employés dans l’agriculture. Lorsque la boucle du cacao était à l’Est de la Côte d’Ivoire les plus gros villages burkinabés se rencontraient dans les régions d’Abengourou et Aboisso où les étrangers dépassent les 40% de la population. La Côte d’Ivoire, économie encore agricole n’a pas modernisé son système foncier et l’agriculture reste encore très extensive avec une pression démographique très forte de 3,8% par an comme moyenne nationale. Après l’épuisement des terres agricoles du sud-est, la boucle du cacao s’est déplacée vers l’Ouest et la pression démographique s’est exercée sur le foncier rural en absence de toute réglementation foncière moderne. La pression démographique dans les régions forestières du Sud Ouest dépasse à l’heure actuelle de très loin la moyenne nationale pour se situer à plus de 8% l’an.

La pression sur le foncier conduit à des conflits de droit de propriété qui restent sans issus, tellement la confusion règne entre les règles coutumières et les pratiques de l’époque du parti unique ou la terre était posée comme propriété de l’Etat, alors que tous savaient qu’elle était et demeure plutôt propriété des familles dans les villages. En outre, une règle non écrite pratiquée par Houphouët Boigny a été retenue comme principe au sens où la terre était supposée être la propriété de celui qui la mettait en valeur. Les nombreux étrangers qui ont eu le droit d’usage des sols ont, après plusieurs années d’exploitation, estimé que les terres leur appartenaient. Et sans se référer aux propriétaires coutumiers, plusieurs d’entre eux ont même, soit vendu des terres qui ne leur appartenaient pas, soit installé de nouveaux arrivants (colons) du Burkina.

Les conflits de droits d’usage et de propriété ont envenimé le Sud- Est, à tel point qu’en 1998 l’Etat ivoirien s’est doté d’un code foncier voté par tous les partis politiques avec le soutien des chefs de terre du Nord du pays. Selon ce code, la terre ne peut appartenir qu’à des ivoiriens mais tous les étrangers qui le souhaitent pourraient passer des contrats avec les propriétaires sur un marché foncier libre. Les étrangers déjà titulaires de titres fonciers conservent leurs titres mais ne pourraient le vendre qu’à des ivoiriens. La succession n’est possible que si les descendants de l’étranger propriétaire, se sont  soit naturalisés entre temps. Ici aussi la loi laisse toutes les possibilités à condition que les étrangers respectent le code foncier. Hélas, le Burkina en tête, il y a une contestation du code foncier rural ivoirien par les pays voisins, au prétexte que leurs ressortissants viendraient à être expropriés alors qu’ils n’ont d’ailleurs aucun titre foncier sinon, la loi ne leur poserait pas de problèmes. N’est-ce pas une attitude curieuse ? Peut on exproprier quelqu’un qui n’a jamais été propriétaire ? l’utilisation de la force armée pour s’approprier la terre en Côte d’Ivoire ne relève t-elle pas d’une logique de conquête coloniale ?

Rappelons qu’en 1998, le RDR, soutenu aujourd’hui dans la rébellion par l’Etat burkinabé, avait voté oui pour l’adoption de ce code foncier rural comme d’ailleurs le PDCI et le FPI. Le désir de rester propriétaire du terroir est vif dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. Par quel retournement de l’histoire, ici aussi, comme avec la carte de séjour et l’ivoirité le FPI peut-il être accusé de vouloir exproprier les burkinabés installés en Côte d’Ivoire, au point d’armer une rébellion meurtrière contre les institutions de la république ? Non seulement, Ouattara est à la base de l’ivoirité, mais en plus son parti le RDR n’a jamais contesté le code foncier rural. La convergence d’intérêt entre le RDR contestant le code de la nationalité et la constitution et l’Etat burkinabé  contestant le code de la nationalité et le code foncier conduit à ce type de résultat. Le RDR, parti putshiste, est ainsi en intelligence avec l’étranger pour conquérir la Côte d’Ivoire. Mais au compte de qui ? La question demeure aussi de savoir si, par la rébellion, le Burkina fera abroger le code de la nationalité. Le RDR, comme le Burkina, ne souhaite donc pas de ce fait qu’une stratégie d’identification ait lieu, pour extraire les étrangers et les détenteurs de faux papiers des fichiers d’état civil. D’où une autre critique contre l’Etat ivoirien. Quelle machine extraordinaire de conquête et de colonisation de la Côte d’Ivoire ! Les ivoiriens, hélas, mille fois hélas, la démonteront.


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Pourquoi Mamadou Koulibaly dérange (2)



«REBELLION OU COLONISATION DU TERRITOIRE IVOIRIEN (2ème partie)

Mamadou KOULIBALY



http://www.midici.com/midi/?midi=detailart&idart=1175
 


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6 - LA LOI SUR L’IDENTIFICATION DES PERSONNES EST ELLE INIQUE

En Côte d’Ivoire, la tradition a été de ne pas avoir de fichier d’Etat civil clair. Plus de la moitié de la population ne dispose pas de papiers qu’il aurait fallu avoir, dans un Etat moderne, pour appartenir à la nation.

Mais déjà, en début des années 90 face aux difficultés que créaient la carte de séjour Allassane Ouattara avait instauré la Carte d’identité infalsifiable qui devait nécessairement être adossée à un fichier d’Etat civil clair. Le processus d’identification que Ouattara conteste aujourd’hui date déjà de cette époque même si par la suite il a été retardé, détourné et abandonné.

Dans la refondation, la doctrine politique est l’économie sociale de marché. Cette économie de marché pour être sociale doit être riche ; et pour être riche il lui faut, non pas rechercher uniquement des revenus élevés, mais aussi et surtout accroître le capital dans le pays. Le capital est une conséquence des progrès que l’homme réalise chaque jour. Le capital ce n’est pas l’argent ou le salaire que l’on a. Le développement des pays dépend avant tout du capital par tête qui est à la source du produit par tête qui donne à son tour  le revenu par tête. La Côte d’Ivoire qui doit sortir de la trappe à pauvreté à plus que besoin d’élever le capital par tête dans tous les secteurs d’activité. C’est la part du capital par tête qui pousse à la hausse la productivité, qui à son tour devient source de nouvelle production qui enrichi la nation.

Or, en Côte d’Ivoire, le potentiel énorme de notre pays et le dynamisme de la population, reste encore des valeurs dormantes. Pour transformer ces potentiels et ce dynamisme en source d’efficacité capable d’impulser plus fortement le développement il faut en faire du capital. La transformation commence le jour où chaque bien, chaque objet, commencent à avoir un propriétaire. Le droit de la propriété est cette baguette magique qui transforme les biens en capital. Ecoutons à ce sujet Hernando de Soto un penseur péruvien (Président de l’Institut of Liberty and democracy que certains observateurs n’hésitent pas à présenter comme le deuxième « think-thank » le plus important du monde) dans « les mystères du capital », qui explique que c’est la protection des droits de la propriété et donc leur définition précise qui est au commencement du processus.

 « En se développant, les régimes de propriété des pays occidentaux ont donné naissance, imperceptiblement, à divers mécanismes,  qui se sont graduellement réunis dans un processus qui a fabriqué du capital comme jamais auparavant. Nous avons beau utiliser constamment ces mécanismes, nous ne sommes pas conscients qu’ils servent à générer du capital car ils ne sont étiquetés comme tels.

Ils nous apparaissent comme des parties du système de protection de la propriété, non comme des mécanismes imbriqués destinés à fixer le potentiel économique des biens afin que ceux-ci puissent être convertis en capital. En d’autres termes, ce qui crée le capital en occident est un processus implicite enfoui sous la complexité des régimes de propriétés formels.

Cela peut paraître trop simple ou trop compliqué. Mais demandons-nous s’il est possible d’utiliser de façon productive les biens qui n’appartiendraient pas à quelque chose ou à quelqu’un. Où confirmer l’existence de ces biens et les transactions destinées à les transformer et à élever leur productivité, si ce n’est dans le contexte d’un régime de propriété formel ? Où inscrire les caractéristiques économiques notoires des biens si ce n’est dans le registre et les titres fournis par un tel régime ? C’est la propriété formelle qui apporte le processus, le formalisme et les règles de fixation des biens dans un état qui permettra de les réaliser en tant que capital actif
 » L’auteur poursuit en expliquant des choses d’une puissance indéniable « l’essentiel de la propriété formelle peut aisément servir de garantie d’emprunt, d’apport lors d’un investissement, d’adresse pour le recouvrement des dettes, intérêts et impôts, de résidence pour l’identification de personnes à des fins commerciales, judiciaires ou civiques, ou encore de point de branchement fiable pour le réseau public d’électricité, d’eau, d’assainissement, de téléphone ou de télévision. Que de bâtiments des pays développés servent d’abri ou de lieu de travail, leur représentation mènent une vie parallèle, elles comportent diverses fonctions supplémentaires servant à garantir les intérêts d’autres partis » (P 38)

Ce formalisme commence par identifier d’abord les hommes, les populations. Savoir qui est qui ?  Qui vit où ?  Qui a quoi ?  Qui sait faire quoi ?  Qui vient d’où ?  Qui va où ? donne la clé d’accès au capital vivant.

Identifier le potentiel de propriétaires et le potentiel des biens commence par la description et l’organisation des activités de chacun. Ces informations sont préservées dans un registre d’Etat civil et elles servent à donner de la valeur aux titres de propriété. Les biens eux aussi sont enregistrés de même que les hommes. Le processus d’appropriation des biens par les hommes devient un transformateur de valeur lorsqu’il est régi par une série de règles juridiques précises et détaillées qui établissent des liens entre les hommes au sujet de l’utilisation des biens. Recenser les populations, les identifier et organiser toutes ces informations donnent à la population et à l’Etat la capacité de contrôler la valeur potentielle des biens et des hommes. L’identification, l’état civil sont à la base de la propriété formelle et donc de celle de la naissance du capital. L’identification assure la société qu’elle peut vivre en toute confiance. Identifier les hommes, définir les droits de la propriété sur les biens, relier les hommes et les biens, fait naître le capital dans une société   donnée. C’est pour cela que le code foncier rural est devenu une pièce maîtresse dans la stratégie de modernisation de la Côte d’Ivoire. Qui est propriétaire ? A t’il le droit de vendre le bien en question ? Comment exclure l’autre de l’usage de ce qui ne lui appartient pas ? Comment contracter avec l’autre ? Qui est l’autre ?

En vue de moderniser l’Etat de Côte d’Ivoire, le régime s’est donné une loi sur l’identification des personnes. Cette loi, par l’enregistrement de chaque personne vivant en Côte d’Ivoire, augmente par ailleurs le potentiel d’information sur la sécurité des biens et des personnes. Les empreintes digitales enregistrées et répertoriées amélioreraient les informations de la police judiciaire et faciliteraient la chasse contre les criminels qui ne respecteraient pas la loi ou leur contrat. Aucune économie moderne ne peut se construire sans ce type d’informations utiles à la propriété et à la sécurité garantes de la liberté démocratique. En Côte d’Ivoire, aucun fichier de ce genre n’existe. Ni les hommes, ni les biens ne sont identifiés et fichés. La criminalité a dépassé les limites inacceptables. L’économie informelle est devenue à la fois la règle et l’adversaire le plus redoutable de l’économie formelle. La refondation a décidé d’y mettre de l’ordre et cela dérange à la fois le RDR et le Burkina.

Pour le RDR, le processus d’identification dévoilera aux  yeux du monde que l’électorat de ce parti est essentiellement constitué de ressortissants de pays voisins qui parce qu’ils vivent en Côte d’Ivoire, estiment qu’ils sont devenus ivoiriens et doivent à ce titre être enregistrés. Chose que n’autorise ni le code de la nationalité ni la loi sur l’identification. Certes, on peut penser qu’il y a de nombreux ivoiriens militants et sympathisants du RDR mais pourquoi sont-ils aller chercher du renfort au Burkina et à l’étranger pour assassiner la République ? Quoi qu’il en soit, il est dit une chose. La carte d’identité nationale pour les Ivoiriens et la carte de séjour pour les étrangers. D’ailleurs, à défaut de l’avoir abrogé, la loi sur l’identification modifie et assouplit les conditions de l’identification pour les étrangers vivant en Côte d’Ivoire. Le coût financier a baissé, même s’il faut payer en une seule  fois, tandis que la durée de validité a été prolongée. Hélas !!!  Le RDR exige simplement que tous les étrangers vivant en Côte d’Ivoire soient purement et simplement considérés comme des ivoiriens. Cela aussi dans le but de faire arrêter de force le processus. La rébellion a de même pour objectif de faire arrêter de force ce processus d’identification. L’Etat Burkinabé préfère une Côte d’Ivoire pauvre et informelle alors que le peuple burkinabé a certainement intérêt que la Côte d’Ivoire soit mieux organisée et prospère.

L’Etat Burkinabé, dont la plupart des ressortissants vivants ici et qui s’occupent dans l’agriculture, estime que le processus d’identification qui permettra de classer toutes ces personnes comme étrangères à la  nationalité ivoirienne les exclurait automatiquement du schéma d’accession à la propriété foncière rurale.

L’Etat Burkinabé estime que la terre en Côte d’Ivoire doit être libre d’accès et que ses ressortissants soient reconnus comme étant soit des ivoiriens (puisqu’ils vivent ici depuis très longtemps déjà) soit propriétaires fonciers (même s’ils n’ont aucun titre foncier rural contrairement aux européens et à d’autres africains). L’Etat Burkinabé participe à la rébellion contre l’Etat ivoirien pour faire arrêter le processus d’identification qui mettrait à jour la colonisation sournoise de la Côte d’Ivoire par le Burkina Faso. Le Burkina avait un intérêt réel de déstabiliser la Côte d’Ivoire, le RDR aussi. Politiquement le Burkina Faso utiliserait le RDR pour contrôler le pouvoir et donc la réglementation du séjour, de l’identification et de l’appropriation de la terre. Allassane Ouattara n’est qu’un instrument aux mains de Blaise Compaoré pour atteindre l’objectif de la colonisation de la Côte d’Ivoire. Blaise le conquérant est l’employeur de Ouattara le rebelle.

Après les différents échecs électoraux du RDR, l’Etat du Burkina Faso s’est investit dans l’œuvre du renversement violent du régime ivoirien. Peine perdue. Il nous faut cependant nous expliquer avec le RDR et le Burkina. Cependant, l’attaque organisée par les rebelles du RDR n’aurait pas été aussi forte s’ils n’avaient pas eu des moyens financiers énormes. La question demeure de savoir à part le chef de l’Etat burkinabé qui d’autre avait intérêt à soutenir la rébellion en Côte d’Ivoire ? En attendant d’y voir clair, ébauchons des hypothèses fortes sur cette question et sur l’attitude de la France.


7 – QUE DIRE DU  FINANCEMENT DE LA REBELLION ET DE LA TRAHISON DE LA France ?

Trois différentes pistes sont aujourd’hui à suivre pour parvenir aux sources de financement de la rébellion si l’on met de côté les bailleurs de fonds traditionnels du RDR :  C’est-à-dire les militants, la direction et les donateurs divers. Pour une opération de cette envergure la rébellion a bénéficié d’énormes ressources. A défaut de les désigner et de les accuser posons simplement la question de savoir qui avait intérêt à ce qu’il survienne en Côte d’Ivoire ce type de catastrophe et pourquoi maintenant.

En la matière, il y a ceux qui négocient des contrats de concession de services publics et qui ne souhaitent pas « aller au marché »  transparent, préférant le gré à gré corrupteur, ceux qui avaient du cacao en stock et qui voulaient profiter de la période de forte demande pour étrangler l’offre et dégager des plus-value extraordinaires et ceux qui pour des raisons religieuses peuvent estimer que la rébellion est une occasion d’instauration d’un régime islamiste en Côte d’Ivoire. Les intérêts ne sont pas les mêmes pour ces trois groupes de personnes coalisés ; mais ils peuvent se coaliser autour d’un même objectif. Ils ont probablement été encouragés  discrètement par certaines classes politiques bien informées et bien renseignées en général. Les recherches doivent continuer en la matière pour nous permettre de comprendre ce qui s’est réellement passé.

Au sujet de l’opinion selon laquelle la France a trahi, il faut savoir que ce n’est pas la première fois que l’Etat français est pris en flagrant délit de non-respect de ses engagements. Déjà à la fin des années 80, alors qu’il était évident que des problèmes de moyens de paiements internationaux se poseraient à la Côte d’Ivoire, la France, au lieu de faire jouer les accords de coopération monétaire a préféré se cacher derrière une certaine « doctrine Balladur », selon laquelle pour arriver à la caisse du Trésor  public Français il fallait d’abord passer par le FMI et la Banque Mondiale à Washington. La France tuait ainsi De Gaulle pour ne pas avoir à respecter ses engagements. Une dévaluation nominale de plus de 100% du FCFA à eu lieu avec des mesures d’accompagnement mal organisées. C’était en 1994. Et l’on connaît la suite.

Cette fois aussi, en 2002 ce sont les accords de défense et de coopération militaire qui sont mis à l’épreuve. Leur application surprend la France qui explique qu’elle ne peut les appliquer par manque de preuves. Une fois les preuves réunies elle s’aperçoit que les accords sont caducs. Cette attitude de Paris a créé beaucoup d’émotions en Côte d’Ivoire et a ainsi alimenté un fort sentiment anti français dans notre pays. L’avenir nous dira comment gérer ces relations dans un nouveau partenariat, tenant compte de la mondialisation, de notre pauvreté et de notre expérience actuelle.


8 – CONCLUSION

Au total, une grande coalition s’est organisée pour « rectifier » la refondation ivoirienne. Elle n’a pas encore réussi mais on ne peut pas dire qu’elle a échoué. Les pays voisins de la Côte d’Ivoire à la tête desquels le Burkina se sont trompés sur la nature du conflit. Il ne s’agit ni d’une guerre religieuse, ni d’une mutinerie, mais d’une rébellion armée qui est doublée d’une volonté de conquête de notre pays par le Burkina Faso.

Nous devons désormais ne pas nous tromper de combat. Trop de gens ont intérêt à ne pas voir la refondation réussir. Ceux qui ne veulent pas de la constitution (le RDR), vont rencontrer ceux qui ne veulent pas du code de la nationalité (le RDR et le Burkina Faso entre autres) et ceux qui ne veulent pas du code foncier rural et de l’identification des personnes (le Burkina Faso et le RDR entre autres). Cette coalition a eu l’appui de bailleurs de fonds qui ont réussi à bloquer les réformes de la filière cacao et ceux désireux de négocier hors marché les renouvellements de contrats de concession.

Cette équipe a reçu l’appui de tous ceux qui ne supportent pas que l’on ait découvert qu’ils avaient des comptabilités multiples fraudant impunément avec le fisc ivoirien. Ce sont les ennemies de la refondation qui se sont coalisés.

Cette rébellion a quand même l’avantage de créer un sentiment national fort. Une nation est née. Elle est un melting pot extraordinaire d’ivoiriens d’origines comme d’ivoiriens d’adoption sans hiérarchie aucune entre eux. Ils aiment leur pays. Elle naît aussi avec l’appui des amis de la Côte d’Ivoire ici et dans les pays voisins et même plus loin. Aucun sentiment anti étrangers n’est cependant né. Les Ivoiriens savent faire la différence entre les rebelles et les autres. Entre les Etats voisins et les populations de ces Etats.

Les chefs d’Etat de la CEDEAO doivent accepter maintenant de poser des questions claires à Blaise Compaoré sur les raisons de son désir de coloniser la Côte d’Ivoire et pour le compte de qui il travaille. Car, il est à peine pensable, qu’impuissant à faire face à la demande de prospérité du peuple burkinabé, le Chef de l’Etat de ce pays en vienne brusquement à se préoccuper de ceux qui ont fuit sa politique au Burkina pour se refugier en Côte d’Ivoire où ils trouvent leur bonheur.

Nous ne savons pas encore tout ce qu’il nous faudrait savoir au sujet de cette rébellion. Aujourd’hui la Côte d’Ivoire paye le prix de son ignorance. Si, arrachant le masque de la rébellion vous lui demandez : qui es-tu ? elle vous répondra, je suis la haine de l’ordre que je ne sais établir et dont je dépens si fortement, je hais ce que le peuple est en train de bâtir alors que je le croyais incapable de quoi que ce soit, c’est pourquoi je me nomme rébellion, c’est à dire colonisation et rectification de la refondation. Une guerre est trop vraie pour être belle.»



samedi, 22 juillet 2006

CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : La résistance des patriotes ivoiriens dit non à une parodie d’élections sans désarmement

 

Histoire d'entendre autre chose que les «explications» qui nous sont servies en France — où les réticences des patriotes à l'égard de cette façon de «processus d'identification» sont systématiquement présentées comme entrave au «processus de paix» :


Fraternité matin — Samedi 22 Julliet 2006 — «Le CNRD dit non à une parodie d’élection sans désarmement» — http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=2jM8A3v324v :


(Article CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)


Audiences foraines

«"Le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD)  observe que malgré ses nombreux appels au dialogue et à la concertation lancés en direction du Premier Ministre et en dépit de toutes les concessions faites à la rébellion par l’état ivoirien, le Président de la République et le peuple de Côte d’Ivoire, tout semble indiquer une volonté d’aller à une parodie d’élections sans désarmement.
A trois mois de la date butoir pour la tenue des élections, le désarmement, la réunification du pays ne sont pas amorcés par le gouvernement. Pire, on assiste, dans la zone gouvernementale à une prolifération de milices organisées par les groupes rebelles et leurs alliés politiques. Ces milices ont récemment attaqué et blessé à l’arme blanche des populations civiles qui manifestaient pacifiquement contre la tenue des audiences foraines dans des conditions inacceptables.
En effet,
• l’administration n’est toujours pas déployée;
• les préfets, pour des raisons évidentes de sécurité ne peuvent pas retourner à leur poste et ne veulent pas nom plus accepter l’humiliation qui consiste à les loger dans des hôtels tandis que les rebelles occupent leur logement de fonction;
• les autres partis politiques non membres de la coalition politico-rebelle du G7 ne peuvent prendre part à ces audiences;
• la Commission Nationale de Supervision de l’Identification (CNSI) n’est encore pas déployée sur le territoire national;
• le Président de la République n’a pas signé le projet de décret d’affectation des magistrats faute de sa conformité avec les règles légales.
Une audience foraine est avant tout une audience, donc un jugement. Elle n’a de valeur que si elle réunit les conditions de sa tenue avec en outre la possibilité pour tout sachant de contribuer à la manifestation de la vérité. Or, dans les zones sous contrôle des Forces Nouvelles,  les armes sont encore présentes. L’étape du Désarmement Démobilisation Réunification (DDR) piétine dangereusement.
Le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD) prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur les graves dérapages du processus de sortie de crise:
a) Le GTI fait preuve de complaisance vis-à-vis de la rébellion et s’inscrit dans un schéma d’embrasement du pays;
b) Les audiences foraines, dans les conditions actuelles, sont entachées de grosses irrégularités. Ce qui compromet l’identification sincère, transparente et légale réclamée par tous.
c) L’état de Côte d’Ivoire a fait toutes les concessions possibles sans jamais entrevoir en retour le moindre signal de volonté de paix de la part du bloc rebelle qui multiplie les entraves à la sortie de crise sous le regard complice du GTI.
Rappelant que conformément à la Constitution Ivoirienne, le Président de la République reste en fonction en cas de non tenue des élections à la date butoir du 30 octobre 2006, le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD):
1- félicite les jeunes et les femmes patriotes qui, avec détermination, se sont démocratiquement opposés au bradage de la nationalité, sans la moindre violence ni casse en s’abstenant de répondre aux provocations et à la répression violente de certains éléments des forces de police;
2- demande le démantèlement effectif des milices des rebelles et de leurs alliés qui, pendant ces audiences, ont attaqué les populations à coups de machettes, de couteaux, de barres de fer dans de nombreuses localités de la zone sous contrôle gouvernemental;
3- Exige, conformément à tous les accords sur la crise ivoirienne et à la Résolution 1633 du Conseil de Sécurité, le désarmement immédiat de toutes les personnes détenant illégalement des armes et la réunification du pays;
4- Dénonce la tentative de modification artificielle de la démographie électorale par l’organisation d’une fraude massive sur l’identité à travers des audiences foraines illégales;
5- Considère comme nulles et de nul effet les audiences foraines dans leur version actuelle;
6- N’acceptera pas le prolongement du putsch manqué du 19 septembre 2002 en un nouveau coup d’état électoral;
7- Invite le Premier Ministre à la mise en œuvre sans délai du désarmement-réunification en application effective de la Résolution 1633 qui exige un désarmement sans condition et de  la concomitance qui a été tolérée au nom de la paix."

Fait à Abidjan, le 20 juillet 2006
Le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD)»



vendredi, 21 juillet 2006

CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : pourquoi la guerre perdure en Côte d’Ivoire



Une analyse de Mamadou Koulibaly

(Article CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)

Fraternité Matin
, «Mali, Burkina, Niger - comment la guerre a boosté leur croissance» - 20/7/2006 8:58:49 PM — http://news.abidjan.net/h/202781.html :


« La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié en février 2006 un rapport conçu pour être “ un instrument d’analyse prospective de la trajectoire des éléments clés de l’environnement international et formule des recommandations de politiques économiques ”. Ce rapport fait le bilan de l’activité économique dans les pays membres de l’UEMOA. Dans le contexte de crise de la Côte d’ivoire, il est fort intéressant de parcourir ce rapport. On y découvre une permanence du rôle de leader de la Côte d’Ivoire dans l’Union. Cependant ce pays est malmené par ses partenaires.

La Côte d’Ivoire et le poids de son leadership
Selon les agrégats macroéconomiques si nous mesurons le niveau de l’activité d’un pays par le Produit Intérieur Brut (PIB) réel il se révèle clairement que, depuis toujours dans l’Union, l’évolution du taux de croissance des pays et celle de l’ensemble s’est alignée sur celle de la Côte d’Ivoire. Dans l’ensemble des pays de la zone ce taux varie entre -5% et 9% et le lissage est plus net et colle plus à l’évolution de l’activité en Côte d’Ivoire qui a une tendance quasi similaire à celle de l’Union. Ce constat peut justifier la thèse de la Côte d’Ivoire leader de l’Union.
A partir d’un tel constat, il se pose des questions. Quels sont les mécanismes de transmission des effets de la croissance globale ? Peut-on attribuer les performances des pays de l’UEMOA uniquement au fait qu’ils appartiennent au même espace commun ? De quelle manière la croissance globale enregistrée dans l’Union influence-t-elle précisément la performance des Etats pris individuellement ? Et vice versa. Une bonne analyse des mécanismes de transmission des effets de la croissance nous aurait aidé à comprendre comment les pays profitent les uns des autres et comment certains profitent plus que d’autres ? Malheureusement ces questions ne sont pas traitées par le rapport de la BCEAO dont le titre est pourtant “ perspective Economique des Etats de l’UEMOA en 2006 ”. Comment accélérer les progrès économiques et sociaux si les mécanismes par lesquels les pays de l’Union s’influencent les uns les autres ne sont pas explicitement pris en compte?

Le libre échange fait bouger le monde
Le commerce est l’un des moyens privilégiés par lesquels la croissance est susceptible de se diffuser entre les pays. Et selon les données de l’organisation mondiale du commerce (OMC) le monde bouge et la crise économique est oubliée dans plusieurs pays du monde. Le commerce mondial est en croissance constante depuis quelques années. En 2005 il s’est accru de 6% pour se situer à plus de 12.400 milliards de dollars dont 10.000 pour les biens et 2.400 pour les services.
Cette évolution du commerce international est le résultat de la mondialisation dont les effets bénéfiques stimulent les exportations et importations entre les économies qui y participent. En terme réel, c’est-à-dire hors inflation, la croissance du commerce mondial reste soutenue. Cette croissance des échanges est beaucoup plus forte que la croissance économique. L’explication de ceci est que chaque pays vend et achète au reste du monde une part croissante de son produit intérieur brut. Avec la mondialisation les économies s’influencent plus que d’ordinaire et cela dépend du degré de liberté que chaque économie se donne. C’est l’accélération du commerce libre, la réduction des barrières protectionnistes, et la liberté économique qui expliquent cette poussée du commerce des biens et des services. En 2006 l’OMC prévoit de nouvelles hausses de 7%. Le monde bouge, et dans cette dynamique l’Allemagne et les Etats Unies sont en tête avant la Chine et le Japon. La France arrive en cinquième position avec 4,4%. Alors que l’Allemagne est à 9, 3% du commerce mondial et les Etats Unies à 8,7% les pays de l’UEMOA subissent le diktat protectionniste de la France qui déteste le libre échange.
En Asie l’acceptation des règles du libre échange est fortement corrélée au développement du commerce international des pays du Sud-Est asiatique. Les économistes qui ont étudié la question du “ miracle ” des dragons montrent que le principal moteur de la croissance de ces pays est l’accumulation du capital humain par l’éducation, la connaissance. Ils démontrent que le rôle du capital physique reste subsidiaire comparé à celui du capital humain. La connaissance de son environnement, celle du monde, la liberté de penser et de pensée, de s’exprimer, de contracter sont les ferments de ce capital humain.
En 2006, le taux de croissance du PIB sera dans la région asiatique de près de 10% et sera tiré par la Chine (9,5%) et l’Inde (7,6%). Selon l’OMC, les pays protectionnistes d’Afrique connaissent et maintiendront une croissance économique moindre. Sans la liberté des échanges jamais les pays d’Asie n’auraient connu un développement aussi spectaculaire. L’UEMOA quant à elle étouffe la croissance du commerce et des affaires. Le rapport de la BCEAO ne permet pas de conclure le contraire puisqu’il n’analyse pas les mécanismes essentiels de transmission.

Les statistiques officielles sont incomplètes
Avant la tentative de coup d’Etat des houphouëtistes, aidés en cela par la France, contre Laurent Gbagbo, les performances économiques des pays de l’UEMOA suivaient, avec un retard plus ou moins marqué, les performances de la Côte d’Ivoire qui traçaient alors la tendance globale de l’Union. La Côte d’Ivoire était donc leader mais depuis le début de la rébellion armée, qui occupe une partie de notre pays, les tendances sont plus contrastées. Certains pays de l’UEMOA comme le Mali, le Burkina, le Sénégal et le Niger obtiennent des taux de croissance record en 2003 par exemple, au plus fort de la crise ivoirienne, avec respectivement 7,6 % ; 8 % ; 6,5 % et 3,3% là où la Côte d’Ivoire affiche des taux négatifs de -1,6 % en 2002 et -1,5 % en 2003.
La plupart des Pays limitrophes de la Côte d’Ivoire qu’elle influençait par sa croissance économique ont pris leur envol en solitaires depuis que ce pays fait de la croissance faible ou négative. Ils croissent en PIB réel alors que la Côte d’Ivoire décline. Ces pays ne font ils pas de la croissance aux dépens de la Côte d’Ivoire ? Ce phénomène est encore plus marqué lorsque l’on raisonne en terme de PIB réel par tête. Alors, depuis qu’en 2002 la production par tête d’habitant en Côte d’Ivoire ne connaît que des évolutions négatives passant de -4,7 % à -2,2 % en 2005, cette variable, en ce qui concerne le Mali, le Burkina, le Sénégal et le Niger reste positive et significativement différente de 1. Les tendances pour l’UEMOA, entre 2002 et 2005, se détachent un peu de la convergence avec les variations de l’activité économique en Côte d’Ivoire. En clair, les pays voisins de la Côte d’Ivoire, et qui font de larges frontières avec elle profitent fortement de la crise ivoirienne. Il y a déplacement d’activités et déplacement de productions des zones occupées de la Côte d’Ivoire par les rebelles au profit des pays frontaliers. Nos malheurs leur profitent et leurs perspectives de croissance sont basées sur des hypothèses de durabilité des données actuelles de la Côte d’Ivoire.
L’UEMOA ne suit plus aussi systématiquement, positivement ou négativement, la Côte d’Ivoire. Elle suit maintenant les nouveaux leaders qui exportent une partie de la production ivoirienne et la comptabilise à leur propre profit. La Côte d’Ivoire fait figure de leader détesté alors qu’elle est la plus riche, la plus ouverte et la plus généreuse de tous les pays de l’Union. Le leadership ivoirien est devenu contestable avec la crise même si par ailleurs en terme de taux d’épargne intérieur le poids de la Côte d’ivoire n’a pas changé. La relance pourrait donc être très facile lorsque la France aura décidé de nous libérer.
Par quels mécanismes de transmission ce déplacement d’activités et de productions opère-t-il ? Le rapport de la BCEAO n’en parle pas. Les contributions sectorielles à la formation du PIB réel gardent, dans chacun des pays, les mêmes tendances avant et après le déclenchement de la rébellion. Les statistiques officielles sont incomplètes. Il serait important que l’on confronte les données du rapport aux les tendances des exportations et des importations des biens et des services entre les pays de l’Union avant et après 2002.
A défaut, et dans les faits, nous sommes obligés d’admettre que la rébellion, par le pillage et la contrebande des productions réalisées dans les zones occupées contribue à l’appauvrissement de la Côte d’Ivoire et des ivoiriens au profit de certains pays membres de l’Union. Le résultat global est que la croissance des pays frontaliers s’accentue au moment où celle de Côte d’Ivoire s’étrangle. L’or, le diamant, le cacao, le café et bien d’autres productions telles que le coton, l’anacarde, le bois qui font l’objet de pillage et d’économie de guerre laissent des traces que les statistiques officielles tentent d’éluder.
En outre, en terme de niveau de vie, les données du rapport montrent que seulement en Côte d’Ivoire la moyenne du taux d’inflation est positive. Les ivoiriens ont plus perdu en pouvoir d’achat que leurs voisins qui ont des évolutions négatives. Le Mali, le Niger, le Sénégal et le Burkina ont donc moins souffert de l’inflation que la Côte d’Ivoire. La hausse de leur production réelle pour une demande intérieure qui n’a pas significativement variée permet d’obtenir des baisses de prix à la consommation dans les pays voisins membres de l’Union. Les Etats et les populations de pays voisins tirent profit de la crise ivoirienne puisse que le coût de la vie y baisse plus vite qu’en Côte d’Ivoire.
L’absence de données détaillées sur le niveau de croissance record de certains pays de la zone UEMOA sur la période 2002-2006 laisse planer des doutes sur les sources de cette croissance. Une bonne connaissance des mesures de politiques budgétaires, monétaires et commerciales des pays de l’Union aurait été nécessaire pour préciser ce qui ressort de l’économie de guerre et ce qui est à attribuer à l’économie marchande normale. La crise en Côte d’Ivoire a développé, plus que de proportion, une gigantesque économie souterraine qui profite aux sanctuaires de la rébellion membres de l’UEMOA. Une maffia s’est installée. Comment la déloger surtout qu’elle inscrit son occupation de territoire ivoirien dans la durée et que la France l’y encourage ?

La solution chiraquienne est notre perte
Ce sont ces structures qui définissent le nouveau leadership dans l’UEMOA. L’économie de pillage, l’économie de prébende, l’économie de contrebande sont devenues les axes majeurs de comportement des individus et des Etats. Le marché ouvert, le libre contrat, le libre commerce sont traqués et liquidés au nom d’une certaine philosophie de la coopération et du bon voisinage dans l’Union. Les grandes lignes de cette philosophie ont été présentées par J. Chirac, le lider maximo installé au Palais de l’Elysée, lors du sommet France-Afrique de Bamako en fin d’année 2005. A ce propos écoutons Hervé Duray ( en décembre 2005) commentant les trois idées fortes du sommet telles qu’imposées par Chirac. Néo- colonialisme dit il.
“ Premièrement un brain-drain : pour remplacer les cerveaux français qui partent à l’étranger, on importera ceux d’Afrique. La France facilitera la délivrance de visas de longue durée à entrées multiples pour les entrepreneurs, cadres, chercheurs, professeurs et artistes africains, a annoncé samedi à Bamako le Président Français.
Deuxièmement le commerce libre ? Non, pas de ça chez nous ! On sait très bien qu’échanger c’est s’appauvrir !
“ Nous avons tous mis en garde contre certaines évolutions trop libérales qui risquent de nous conduire à une satisfaction donnée aux pays riches et aux pays émergents, en matière commerciale et notamment agricole, au détriment des pays les plus pauvres ” a expliqué Monsieur Chirac.
Troisièmement si le commerce libre est un fiasco garanti, l’aide au développement a prouvé son efficacité, il faut donc encore l’accroître :
“ Il faut en gros doubler et passer à 150 milliards (de dollars) par an l’aide publique au développement ” a-t-il estimé. “ Nous ne le ferons pas à partir des budgets des Etats seulement et par conséquence nous avons beaucoup insisté sur l’importance capitale à mettre en place des financements innovants qui permettent de rassembler cette somme, grâce à une taxation, sous une forme ou sous une autre, internationale. C’est vital ” a expliqué Monsieur Chirac
Chirac voudrait tuer toute tentative de développement en Afrique, il ne s’y prendrait pas autrement : contrôle bureaucratique sur les aides (mais “ innovant ” avec des partenariats privés publics flous pour détourner l’argent plus facilement peut-être !), contrôle des exportations, quotas, prix réservés (pour être certain que les producteurs n’aient aucune envie de s’améliorer) et pompe aspirant pour les plus doués. Voilà 40 ans qu’ils goûtent cette recette. Si ça a si bien marché ces 40 dernières années c’est sûr que le succès sera au rendez-vous en en remettant une couche ! ”
Nous ne voulons plus de cette forme de coopération, de commerce et d’intégration. Nous voulons vivre libre pour construire nous-mêmes notre prospérité. Cette perspective qui n’est pas chiraquienne nous impose de sortir le plus rapidement de cette guerre et de toute la logique jacobine à la française. La démocratie libérale nous attend pour nous conduire à la prospérité seule capable d’effacer la pauvreté et ses avatars. Qu’attendons nous pour nous y engager ? Certes les rebelles sont de véritables entraves dans cette perspective. C’est aussi pour cela qu’il nous faut en finir vite et radicalement avec la rébellion et toute la rébellion.

Il faut en finir avec le pacte colonial
Il apparaît de façon cristalline que, pour la France et ses complices dans la sous région les retombées obtenues à travers le pillage systématique des ressources de la Côte d’Ivoire depuis le début de la crise sont substantielles. Il est vraisemblable que le scénario de départ n’allait pas aussi loin que nous le voyons aujourd’hui. Chirac qui pensait certainement pouvoir réussir à écarter et à remplacer Gbagbo en moins d’une semaine, comme au bon vieux temps des Giscard d’Estaing ou Mitterrand, a heureusement mésestimé ses propres capacités et celles des ivoiriens et des autres africains qui, aujourd’hui, ont fait du cas ivoiriens un cas d’école dans un élan de patriotisme transfrontalier.
Si nous poursuivons un tel raisonnement, s’impose en filigrane, la conclusion que les financements mis en place pour détourner les richesses ivoiriennes (construction d’usines au Burkina etc. ) ne peuvent pas avoir fait l’objet d’un retour sur investissement après un si court laps de temps. Ce n’est pas demain que l’hexagone consentira à nous accorder tranquillement notre liberté, à moins que Chirac, s’inspirant de Charles X ( nom de règne du comte d’Artois, un bon viveur, fastueux et impopulaire devenu roi de France (1824-1830), exige de nous comme cela avait été le cas de Haïti en 1825, le versement d’une indemnité conséquente en contrepartie de sa reconnaissance de notre droit à la souveraineté, pour compenser le non amortissement de ses investissements en recherche de rentes et la soif de situations de rentes coloniales de la classe politique française et de ses obligés africains. Il ne s’agira alors que d’un simple renouvellement du pacte colonial.
Il existe encore pas mal de gens qui contestent la thèse selon laquelle la France aurait un intérêt quelconque à faire perdurer la crise en Côte d’Ivoire. L’analyse présenté ici réussira peut-être, pourquoi pas, à susciter des interrogations révélatrices chez certains de ces agnostiques: Comment la France, pourtant si allergique au libre échange, arrive-t-elle à se hisser à la cinquième place mondiale? Ou bien sa réticence s’applique-t-elle seulement aux pays contraints à être et à demeurer membres de sa zone d’influence?
“ Il n’est pas excessif d’écrire que les pauvres financent les riches, puisque, tous comptes faits, on a constaté l’an dernier que les transferts financiers du Sud au Nord ont dépassé de 30 milliards de dollars les transferts financiers inverses. Cruelle vérité. Ce sont les pauvres qui nous aident ”. L’auteur de ces propos : François Mitterrand, candidat à sa propre succession, lors de sa profession de foi électorale en avril 1988. Leçon : En dehors des règles de l’économie de marché ce constat de Mitterrand est nécessairement vrai. Telles sont les dures règles du commerce international pour les petites économies faiblement ouvertes sur le monde. Le pacte colonial ne peut être modernisé? Il doit être dénoncé complètement, abandonné entièrement et rejeté définitivement. Il le faut. Nous le pouvons et nous le devons.»

Par le Pr Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale ivoirienne




dimanche, 16 juillet 2006

Festival de cinéma de Ouagadougou : «La Victoire aux mains nues» censuré