mardi, 31 octobre 2006
«Avant la nouvelle résolution sur la Côte d’Ivoire, Chirac jette l'éponge à l’ONU»
Tel est le titre de Notre Voie reproduisant l’article de l’AFP ci-dessous.
Ironie, bien sûr, quand l’AFP, elle, avait titré son article (repris par Notre Voie) : «Côte d’Ivoire: calme fébrile à Abidjan avant une décision de l’ONU» (lundi 30 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=220218).
Notre Voie — mardi 31 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :
«Avant la nouvelle résolution sur la Côte d’Ivoire, Chirac jette l'éponge à l’ONU»
«Le calme prévalait lundi en Côte d'Ivoire, à quelques heures de la réunion de l'Onu sur la nouvelle transition du pays, entre un camp présidentiel satisfait de la reconduction attendue de M. Gbagbo et une opposition et une rébellion qui n'ont guère cherché à mobiliser la rue.
"On sent une certaine fébrilité à Abidjan, mais il n'y a pas de tensions ou d'incidents particuliers", notait lundi matin un officier français sur place, tout en estimant que des dérapages n'étaient pas à exclure.
"Il n'y a pas de tensions ou de manifestations prévues", a confirmé Amadou Coulibaly, l'un des porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR, opposition). "On ne descendra pas dans la rue, sauf si les patriotes (partisans du président Gbagbo, ndlr) sortent", a-t-il ajouté.
Or ces derniers, d'ordinaire si prompts à investir la rue, n'ont pas jugé utile de mobiliser ces derniers jours. "Il ne doit rien se passer le 31 octobre", a déclaré dimanche à la télévision publique ivoirienne leur leader, Charles Blé Goudé, en lançant même un appel au calme.
Même attentisme côté de la rébellion des Forces Nouvelles (FN), qui contrôle la moitié nord du pays depuis sa tentative de coup d'Etat contre M. Gbagbo en septembre 2002, et qui, officiellement, réclame son départ après le 31 octobre.
"Nous sommes dans une phase de vigilance extrême. On attend de voir comment la population va réagir après l'ONU", annonce Sidiki Konaté, leur porte-parole. Les FN, comme le camp présidentiel, sont souvent accusées par la communauté internationale de bloquer le processus de paix pour se maintenir au pouvoir.
Les responsables ivoiriens savent que l'Onu, qui doit se réunir mardi pour déterminer les modalités de la transition du pays à partir du 1er novembre, ne devrait guère bouleverser la donne.
Selon plusieurs diplomates, la résolution qui sera votée cette semaine devrait largement ressembler à la résolution 1633 adoptée en octobre 2005.
M. Gbagbo devrait à nouveau être reconduit pour an, en tandem avec le Premier ministre de transition Charles Konan Banny, désigné par la communauté internationale en décembre 2006 pour faire avancer le processus de paix. C'est ce que l'Union africaine (UA) a recommandé ces dernières semaines.
Les dernières interrogations concernent l'importance des pouvoirs respectifs du Premier ministre et du président, et, à un degré moindre, la marge de manoeuvre donnée à l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) pour organiser des élections, sans cesse reportées depuis octobre 2005 en raison des blocages politiques.
Selon plusieurs diplomates européens, le transfert des principaux pouvoirs du président Gbagbo à M. Banny, réclamé par la France, est loin de faire l'unanimité au Conseil de sécurité.
"On est les seuls à vouloir bouger parmi les membres permanents. La Chine, surtout, suivie par la Russie, reste opposée à toute atteinte à la souveraineté du président Gbagbo", explique un diplomate français.
"Certains pays pensent de plus que Banny n'a pas utilisé les pouvoirs qui lui étaient donnés l'an dernier et qu'il n'en a pas besoin de nouveaux. Il est donc à craindre que cela débouche sur un texte lénifiant, quasiment similaire à celui de l'an dernier", ajoute-t-il.
M. Banny lui-même a pris acte du rapport de force et annoncé qu'il ne rechercherait pas l'affrontement avec un président qui, contrairement à lui, peut mobiliser la rue et contrôle toujours l'armée ivoirienne.
"Je ne suis pas un gladiateur. Je ne rentrerai pas dans un schéma d'affrontement", a-t-il ainsi déclaré mardi au journal Le Monde.
"Le président Gbagbo peut estimer avoir gagné la partie: il va être renouvelé un an de plus, sans qu'on remette fondamentalement en cause ses pouvoirs. Il n'a même pas besoin de mobiliser", note un diplomate européen.
Source : AFP»
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mardi, 24 octobre 2006
«Voici la "bombe" que Paris prépare au Conseil de Sécurité»
Le Courrier d’Abidjan — mardi 24 octobre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15464
par Théophile Kouamouo :
«Diplomatie – La France fait circuler un projet de résolution scandaleux au Conseil de Sécurité des Nations Unies, dont l’adoption créerait immanquablement le chaos en Côte d’Ivoire. Le Courrier d’Abidjan vous en livre les grands points. D’ores et déjà, le Président Gbagbo a averti que la Côte d’Ivoire ne reconnaîtrait pas une résolution ne respectant pas la Loi fondamentale de son pays.
Le président français Jacques Chirac n’en démord pas. Malgré le fait que ses options maximalistes – portées par des hommes de paille comme Mohamed Ibn Chambas et défendues par des bureaucrates comme Pierre Schori et Rodolph Adada, chef de la diplomatie du Congo-Brazzaville – aient été présentées et rejetées à la CEDEAO et à l’UA, il persiste et signe. Avant son départ de l’Elysée, il doit à tout prix avoir définitivement neutralisé son ennemi juré, le Président ivoirien Laurent Gbagbo.
C’est ainsi que Paris fait circuler, dans les couloirs du Conseil de sécurité des Nations unies, un projet de résolution dont Le Courrier d’Abidjan a eu connaissance.
Ce projet aligne les propositions les plus indécentes.
Premièrement, il proclame la dissolution de l’Assemblée nationale.
Deuxièmement, il affirme la dissolution de la Constitution, en exigeant que la résolution à venir soit la seule règle de droit organisant la «transition».
Troisièmement, il affirme son soutien au dernier communiqué du GTI, qui désignait la Constitution comme la source de tous les blocages, ce que les communiqués de la CEDEAO et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont refusé de faire.
Quatrièmement, il prévoit que Charles Konan Banny doit nommer aux hautes fonctions civiles et militaires, formulation qui a été proposée à l’Union africaine et rejetée.
Cinquièmement, il indique que Banny peut recruter et payer de sa caisse une force armée qui dépendrait exclusivement de lui et ne dépendrait pas du Chef suprême des armées et de l’état-major, ce qui revient à une caution internationale pour la création d’une milice.
Sixièmement, il stipule que le Premier ministre prendra des décrets-lois et ordonnances en Conseil des ministres et en Conseil de gouvernement. Ces textes seront «signés et promulgués par lui», ce qui revient à neutraliser le Président de la République. Ces textes organiseront la délivrance des certificats de nationalité et des jugements supplétifs d’acte de naissance.
Septièmement, il indique que l’identification des populations et des électeurs relève uniquement du Premier ministre et du Haut représentant de l’ONU pour les élections. Le Haut représentant de l’ONU est la seule autorité qui devra, selon ce projet, arbitrer les conflits liés aux élections. Exit le Conseil constitutionnel, vive un hold-up électoral perpétré par Charles Konan Banny et la France sous couvert des Nations unies !
Huitièmement, il indique qu’un groupe de travail Licorne-ONUCI sera créé pour restructurer les Forces de défense et de sécurité et leur inculquer – ah ! les aspects positifs de la colonisation ! – «les valeurs d’intégrité et de morale républicaine». Ce qui revient à faire des «nouvelles FDS» une création ex nihilo de l’armée française, dont elle sera une filiale au lieu d’être la gardienne d’une souveraineté nationale ivoirienne combattue par Paris.
Neuvièmement, il indique qu’une évaluation du processus de paix suivie de «décisions» doit être faite d’ici le 30 avril, c’est-à-dire juste avant le départ de Jacques Chirac du pouvoir.
Le reste est à l’avenant. La France chercherait à semer la guerre en Côte d’Ivoire qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Il est en effet question de diviser les Forces de défense et de sécurité et de les transformer en milices rivales comme au temps chaotique des Cobras, des Ninjas et des Cocoyes au Congo-Brazzaville. Après avoir imposé le putschiste et chef de milice Denis Sassou Nguesso à la tête de la médiation, la Françafrique va-t-elle reproduire les recettes utilisées dans son pays pour arracher le pouvoir à un Président élu par les moyens du chaos et de l’implosion de la capitale ? Tout se passe en effet comme si l’existence de l’Etat était le principal obstacle au «plan» et qu’il fallait le désosser afin que, du vide, Paris recrée un contenu conforme au «nouvel ordre politique».
Ce qui est tout de même le plus frappant, c’est que le projet de résolution français reprend textuellement et intégralement les revendications du RHDP (le conglomérat des partis de l’opposition à la solde de Jacques Chirac), qui ont déjà été relayées par Kofi Annan dans ses dernières déclarations hargneuses contre le Président ivoirien Laurent Gbagbo. Pour l’Histoire nous publions la lettre du RHDP à Kofi Annan, reprise mécaniquement par la France et par Annan lui-même. Elle est une preuve parfaite d’une réalité décrite par le quotidien de Douala Le Messager en ces termes : «On n’aura plus beaucoup de raisons d’en douter. Dans la crise ivoirienne, la France est devenue un belligérant, une partie au conflit. Le Président ivoirien a désormais en face de lui les trois forces qui lui font la guerre et travaillent à sa chute : l’opposition armée emmenée par Guillaume Soro, l’opposition politique représentée par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié et l’opposition diplomatique pilotée par le président français Jacques Chirac».
L’offensive de Gbagbo
Pour sa part, le président ivoirien Laurent Gbagbo ne reste pas inactif. Informé des «missiles» que la France prépare contre lui, il s’affaire à se confectionner un bouclier antimissile. Il a déjà écrit à tous les chefs d’Etat membres permanents ou non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (donc à Jacques Chirac himself), mais aussi aux Présidents des pays membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Son message est sans équivoque : toute résolution remettant en cause la Constitution ivoirienne contreviendrait aux Chartes de l’UA et de l’ONU et serait par voie de conséquence rejetée par le gouvernement ivoirien dont il est le représentant légal et légitime. Le Président Laurent Gbagbo prend également à témoin les chefs d’Etat du CPS sur le fait que leurs résolutions sont purement et simplement déchirées par la France, qui veut faire admettre au Conseil de sécurité de l’ONU ce qu’elle n’a pas pu obtenir de l’Afrique. Le numéro un ivoirien a déjà entrepris un round diplomatique et reçoit de nombreux ambassadeurs pour évoquer avec eux la nouvelle tournure que prend la crise ivoirienne. La France veut la guerre en Côte d’Ivoire. Le monde entier doit le savoir.»
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samedi, 21 octobre 2006
En vue de la prochaine réunion du conseil de sécurité des Nations unies
PROCHAINE REUNION DE L'ONU — «Comment Annan veut parachever le complot de Chirac»
Le Matin d’Abidjan — Samedi 21 Octobre 2006 — http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act... :
par ROBERT KRA
«A peine les rideaux se sont refermés sur la 64e réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'union africaine que le secrétaire général sortant des Nations unies, Kofi Annan, donne de la voix pour réaffirmer sa volonté de suspendre la loi fondamentale ivoirienne. Cette sortie de Kofi Annan dont le parti pris et la complicité avec le président français Jacques Chirac dans le règlement de la crise ivoirienne ne souffrent d'aucun doute ne surprend pas dans le microcosme. Jacques Chirac a échoué au niveau des récents sommets qui ont réuni successivement les Etats ouest-africains et ceux qui sont membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine. Pourtant, le numéro 1 français n'a pas ménagé ses services durant les jours qui ont précédé cette rencontre. A la veille du sommet d'Addis-Abeba par exemple, Chirac s'est montré très actif et a dépêché des émissaires en direction des chefs d'Etat de tous les pays membres de cette institution. L'objectif de ce lobbying tous azimuts n'était autre que de faire adhérer les pays membres du Conseil de paix et de Sécurité de l'UA à son projet de déstabilisation des institutions de la République. Dans les messages adressés à ses pairs africains, Chirac prévoit le non renouvellement du mandat du Président Gbagbo dont la prorogation ne doit pas excéder les 12 mois après le 31 octobre 2006. Aussi la Constitution ivoirienne devrait être suspendue et les recommandations du conseil de paix et de sécurité ne devraient pas mentionner explicitement la primauté des résolutions onusiennes sur cette loi fondamentale de la Côte d'Ivoire ; enfin l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire devrait être dissoute purement et simplement au cours de cette nouvelle transition. Le complot ayant été éventé avant même l'ouverture du sommet c'est tout naturellement que le CPS de l'UA n'a pas tenu compte de la volonté du chef de l'Etat français qui est en guerre contre le président Gbagbo. Mais, la Françafrique qui a essuyé un échec lors de ces sommets africains sur la Côte d'Ivoire n'a pas encore dit son dernier mot. C'est ainsi que, le futur candidat à la présidentielle au Ghana, Kofi Annan, principal allié de Chirac contre Gbagbo aux Nations unies, entre en scène. Le secrétaire général de l'Onu indique dans un rapport rendu public au lendemain d’Addis-Abeba que "à chaque étape critique du processus de paix, certains des principaux dirigeants politiques ivoiriens ont eu recours à l'obstruction calculée, exploitant les failles dans les accords de paix, usant d'arguties juridiques et incitant souvent leurs partisans à la violence". Pour Kofi Annan, en effet, "cette transition doit être la dernière et la plus courte possible et constituer le dernier délai donné aux dirigeants de ce pays avant leur mise à l'écart. S'ils échouent encore, la Cedeao, l'UA et le CPS devraient envisager la mise en place d'arrangements transitoires, faisant appel à d'imminentes personnalités de la société civile non partisanes. Les instruments internationaux établissant les modalités de transition auront en cas de doute la prééminence sur la Constitution et les lois ivoiriennes". A quatre jours de la prochaine réunion du conseil de sécurité des Nations unies prévue le 25 octobre 2006, Annan annonce son intention de parachever le complot de la France contre la Côte d'Ivoire. Aussi, ses menaces et intimidations n'ont pour seul but que de préparer les esprits à la suspension dans un délai très court de la Constitution ivoirienne. Dans son schéma, Annan n'exclut pas la provocation en vue d'un soulèvement populaire dans le pays, ce qui justifiera une éventuelle mise de la Côte d'Ivoire sous la tutelle des Nations unies.»
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mercredi, 18 octobre 2006
Après la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA
«64E REUNION DU CONSEIL DE PAIX ET DE SECURITE DE L'UA, HIER Le coup d’Etat de Sassou Nguesso!»
Le Matin d’Abidjan — Mercredi 18 Octobre 2006 — http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act... :
par William-Varlet ASIA, envoyé spécial à Addis Abeba (Ethiopie) :
«La 64è réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, convoquée par le Président Gbagbo pour statuer sur la crise qui secoue la Côte d'Ivoire a eu lieu hier mardi à Addis Abeba. Le moins qu'on puisse en dire est que la Côte d'Ivoire n'est pas encore sortie de l'auberge, si l'on s'en tient aux actes honteux dont l'UA a fait preuve en dessaisissant le médiateur et en tentant de donner les pouvoirs de Gbagbo à Banny. Ce, au sortir de 10 heures de travaux.
Pour véritablement planter le décor de cette réunion, les audiences et autres lobbyings qui avaient pris le dessus la veille, ont refait surface ce mardi matin. Ainsi, le Président Gbagbo a-t-il pu recevoir en audience, tour à tour, et dès 10h30 GMT, le ministre angolais des Affaires étrangères et 15mn plus tard, son homologue du Rwanda. Toute chose qui laissait croire que les chefs d'Etat des pays cités se sont fait remplacer. D'ailleurs, le ministre d'Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré le confirmera plus tard. Lui qui revenait la veille d'une tournée de lobbying du Rwanda et du Burundi où il a eu des entretiens fructueux avec les présidents Paul Kagamé et Bingo Wa Mutawarika, dans la perspective même de ce sommet du CPS. De ce qui précède, il est sûr que M. Bohoun y est allé demander un soutien ferme de ces deux pays membres du CPS. Pendant que le Président Gbagbo recevait l'hôte rwandais, le président et médiateur Thabo Mbeki, arrivé très tard la veille, sollicitait une audience. Vers 11h47 mns GMT, l'homme fort de Pretoria pointait au Hilton Addis avec ses plus proches collaborateurs. On note parmi eux, la présence de M. Patrick Lekota, ministre de la Défense, président de l'ANC et incontournable à Pretoria sur le dossier de la crise ivoirienne. C'est en ce moment qu'un élément de la sécurité du président Mbeki fait la révélation suivante: "le nom du ministre Lekota ne figurait pas sur la liste officielle de ceux devant accompagner Le Chief Mbeki. Même après enregistrement et jusqu'à lundi, il était appelé à d'autres obligations. Mais, l'importance du sujet a contraint le président à le rappeler”. Conséquence, ce changement de dernière minute est à la base de l'arrivée tardive du Président Mbeki à Addis. N'empêche. C'est à 11 h45 que le médiateur, logé au Sheraton Addis Abeba, prend pied au Hilton Hôtel. Après un long tête-à-tête avec Blaise Compaoré, il rejoint par l'escalier, et non l'ascenseur, la suite du Président Gbagbo. S'ensuit alors un autre tête-à-tête de 15mn, à l'issue duquel Mbeki, Lekota, Gwadiso et Sokupa regagnent leurs bases. Vers 12 heures locales, les chefs d'Etat, de même que les chefs de gouvernement et toutes les personnes et institutions impliquées dans le règlement de la crise ivoirienne arrivent les uns après les autres au siège de l'UA. Le président de la commission, le Malien Alpha Omar Konaré, ouvre le bal, suivi de Blaise Compaoré, de Bongo arrivé très tard ce mardi matin, de Sassou, de Banny et enfin du Président Gbagbo, souriant et plus serein que jamais. Dans la salle des plénières du centre de conférence de l'UA, Wade, Mbeki, le président malawite et bien d'autres chefs d'Etat et de gouvernement sont déjà sur place. 6 chefs d'Etat sur 15 sont là. Compaoré, Sassou, Bongo, Bingo Wa Mutarika, Wade, Mbeki et le premier ministre Meless Zenawi. Les autres, à savoir Obasanjo, Dos Santos, Kagamé, Moubarak, Bouteflika, Biya Kufuor (pour ne citer qu'eux) se sont excusés et se sont fait représenter par de très proches collaborateurs.
Aperçu de l'exposé de Gbagbo
Une fois les obligations relatives à l'accueil et au protocole terminées, les travaux ont été ouverts par une séance à huis clos, réservée uniquement aux membres du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA, dont la teneur a failli être trahie par un direct qui a duré 3mn. Heureusement, les services de l'UA s'en sont rendus compte et ont donc interrompu le passage télé qui faisait le direct du discours d'ouverture du président Sassou NGuesso. Après quoi, plus rien à se mettre sous la dent, excepté les bruits de couloirs généralement infondés. C'est finalement à 15h50 GMT que l'on aperçoit le Président Gbagbo. Ce dernier, de même que quelques collaborateurs s'engouffrent dans les différents véhicules de commandement. Destination : l'hôtel Hilton : "le chef a fini son exposé. Etant donné que la Côte d'Ivoire n'est pas membre du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA, il prend donc congé de ses pairs qui vont procéder à la délibération", nous informe un diplomate ivoirien ayant pris part au huis cos. C'est alors que nous poussons un peu plus loin la curiosité. "Dans l'ensemble, le Président Gbagbo s'est très bien défendu. C'est un exposé encore plus fouillé que celui produit le 6 octobre dernier à Abuja devant les pays de la CEDEAO, qu'il a fait. Son volumineux rapport a passé au peigne fin tous les acquis, tous ses sacrifices à la demande du médiateur Mbeki qu'il a salué au passage. Le président a aussi identifié les blocages et ceux qui en sont responsables. Il a aussi fait part de sa volonté d'en finir avec cette crise qui n'a que trop duré, en demandant à l'UA de prendre des mesures courageuses pour aider la Côte d'Ivoire ou à tout le moins, de lui donner les moyens de former un gouvernement propre à lui, afin de relever le chalenge de la réunification. Au passage, le président a averti contre la volonté chez certaines personnes de biaiser dans les prises de décisions. Il a, pour finir, dit, dans la droite ligne de son exposé, que le débat sur le maintien ou non de la Constitution ivoirienne ne devrait même pas avoir lieu. La Constitution ivoirienne ne se négocie pas, a-t-il dit. De la même façon, il a trouvé ridicule l'arrangement qui voudrait que ses pouvoirs reviennent au Premier ministre Banny. Dans l'ensemble, ce fut un autre grand discours de rupture", relève notre interlocuteur. Qui ajoute en sus que l'exposé du Président Gbagbo était si dense et complet, avec des éléments nouveaux qui ont surpris plus d'un, que l'ensemble des pays anglophones et surtout ceux d'Afrique Australe, un peu loin du conflit ivoirien, ont sollicité une rallonge de sa séance d'exposé afin, disent-ils, de se faire une vraie idée de ce conflit plutôt que de se contenter de coupures de presse et de rapports de canaux d'informations occidentaux. C'est volontiers qu'il s'est prêté à cet exercice qui a satisfait les uns et les autres." En quittant le centre de conférence de l'UA, le Président Gbagbo a laissé en base arrière, quelques lieutenants dont Désiré Tagro, son porte-parole, Mme Sarata Touré et d'autres collaborateurs, chargés d'apprécier éventuellement le communiqué final et de lui faire cas, le plus rapidement, des zones d'ombres qu'il pourrait y avoir. Cependant, concède encore notre interlocuteur, la partie fut très serrée: "Selon l'ordre du jour, Ibn Chambas, secrétaire général de la CEDEAO, Pierre Schori, représentant spécial de Annan en Côte d'Ivoire, Gérard Stoudman, haut représentant chargé des élections, M. Banny et enfin le Président Gbagbo devaient faire chacun son exposé. Les trois premiers se sont acquittés de leur devoir avec la partialité qu'on leur connaît. En dernier ressort, au lieu d'inviter Banny à exposer, le Président Sassou fait plutôt appel au président Gbagbo au crachoir. Fin de non-recevoir. Le chef de l'Etat ivoirien estime que la civilité protocolaire devrait plutôt faire du Premier ministre le premier exposant. Réaction d'approbation dans la salle. Banny expose donc, tant bien que mal, en demandant un renforcement de pouvoirs pour mener à bien sa mission, avant de céder la place au Président Gbagbo pourl'exposé dont je vous ai donné les grandes lignes..."
Thabo Mbeki se retire
Le discours a donc fait son effet selon notre source. Plus tard, on apprendra officiellement que le président Gbagbo a fait 5 requêtes fondamentales dans son adresse. Il a appelé tour à tour à condamner la rébellion, à exiger son désarmement, à la suppression de la zone de confiance, à l'application pure et simple de la Constitution et des lois de Côte d'Ivoire et enfin au maintien à son poste du médiateur Thabo Mbeki. Le président Gbagbo a en outre demandé à former un gouvernement propre à lui avec un Premier ministre de son choix. Après cette séance d'information, s'en sont suivis les débats sous forme de questions-réponses, sanctionnés peu après par une pause. Plus tard les seuls présidents des pays membres du CPS ont été appelés pour la séance de délibérations. Le président Wade qui n'y trouvait certainement pas son compte a quitté la salle vers 7 heures locales. Destination, la Mecque, nous dit-on. Les délibérations ont duré jusqu'à 18h50, heures locales quand la salle des plénières a été ouverte au public. Là, le responsable communication de l'UA fait savoir que "le projet de communiqué final va être soumis à un comité restreint comprenant 4 pays. Ce sont, l'Afrique du Sud, en tant que membre permanent du CPS et assurant la médiation, le Congo pour le statut du président Sassou, un pays de la CEDEAO et un dernier pays, certainement de l'Afrique du Nord. Le travail consistera pour ce groupe-là, à apporter toutes les corrections possibles avant adoption en tant que communiqué final". On retient cependant et selon les premiers bruits qui ont couru que le médiateur Thabo Mbeki s'étant senti inutilement vilipendé par les uns et les autres, a décidé sagement de se dessaisir du dossier ivoirien. L'Ua arguera de ce que Mbeki a agi ainsi parce que son pays vient de se voir nommé depuis avant-hier membre du conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui est faux. Tout compte fait, le communiqué final fait cas du maintien en l'état de la Constitution, du renforcement des pouvoirs de l'ONUCI et du GTI pour conduire le processus de sortie de crise, de pouvoirs renforcés pour Banny, qui a maintenant autorité et pouvoirs dits renforcés sur l'Armée dite "intégrée" suivis de possibilité de nommer dans la haute administration civile et militaire. Et la possibilité d'opérer par ordonnances et décrets en Conseil des ministres. Mais on retiendra que l'UA a mis 2 heures pour pondre un communiqué qu'il avait du mal à rendre public. Simplement parce qu'à chaque fois et par un simple jeu de combines, il fallait barrer tel paragraphe ou ajouter un terme comme "intégré" pour la soi-disant nouvelle armée. En outre, si la version anglaise du communiqué final ne dit rien en son point 13 sur le cas Mbeki, la troisième mouture de la version française fait cas de son dessaisissement du dossier ivoirien. Comment dans un tel contexte peut-on faire confiance aux Africains eux-mêmes dans la résolution des crises qui les frappent? Un ministre burkinabé, membre de la délégation du président Compaoré, pouvait même s'en délecter, puisqu'il annonçait à un confrère de l'opposition, que "Tout ce que Gbagbo a demandé, on ne lui a pas donné". Après plusieurs heures de tergiversations, c'est finalement Sassou Nguesso, lui-même, qui est venu faire sa conférence de presse. Il dira en substance que la période de transition remise en selle ne devra pas excéder 12 mois et de finir par un "Nous pensons que tout sera mis en œuvre pour qu'il nous soit possible d'organiser les élections en Côte d'Ivoire...nous devons prendre le contre-pied des blocages...il est bien entendu que nous n'irons pas de report en report" Et vlan ! Aux yeux de la Côte d'Ivoire républicaine. Rodolphe Adada qui suivait de près son maître, peut enfin tomber dans les bras de Pierre Schori, en criant, "We did it !", "Nous avons réussi'', notre mission, semblait -il dire. A Gbagbo de jouer maintenant sa partition. Le voici reine d'Angleterre s'il le veut bien. La vraie lutte ne fait que commencer.
Comment la CEDEAO sacrifie Mbeki et la paix
La CEDEAO a montré hier qu'elle n'est pas favorable à la paix en Côte d'Ivoire. Le 06 octobre dernier, elle a produit un premier communiqué officiel publié partout dans la presse avant de se rebiffer pour en envoyer un autre, faisant office de recommandations à l'UA, mais jamais publié. C'est à ce même jeu qu'elle s'est adonnée hier à Addis Abeba. Revenons cependant sur le point focal de ce communiqué secondaire d'Abuja, jamais formalisé et transmis à l'UA par des canaux non moins officiels. L'un des paragraphes de ce prétendu communiqué écrit au noir, décide de mettre en chantier les volontés de la Françafrique, sans tenir compte des recommandations, ni des obligations du dernier sommet de Yamoussoukro avec Annan, ni même de la qualité de la médiation Mbeki encore moins des sacrifices consentis par le Président Gbagbo. Ce paragraphe dont nous avons pu obtenir copie dit ceci: "Les chefs d'Etat et de gouvernement ont exprimé le besoin d'éviter les médiations multiples et parallèles dans le cadre du règlement de la crise en Côte d'Ivoire et ont convenu que le président de l'Union africaine et son homologue de la CEDEAO devraient conduire les efforts de médiation, pendant que le GTI entreprendrait une espèce de suivi et de médiation journalière du processus tout en servant de conduit pour toute contribution extérieure devant s'insérer dans ce nouveau processus de médiation. Dès lors, on comprend aisément pourquoi à sa sortie de l'Elysée le week-end dernier, le président Sassou Nguesso faisait allusion à "des décisions d'envergure" qui devraient être prises dans la capitale éthiopienne, pour régler la crise ivoirienne. A la vérité, pour un Sassou Nguesso conditionné par Chirac, ces décisions ne devraient valoir que parce qu'elles doivent écarter le médiateur Mbeki dans le règlement de la crise ivoirienne, C'était donc cela le sens de l'allégeance à Chirac. Le sens du grand boucan de Sassou sur le perron de l'Elysée. Mais surtout la manifestation du forcing de la CEDEAO qui est passé outre les obligations démocratiques et républicaines pour faire adopter enfin son noir schéma.
Pourquoi Mbeki a décidé de se retirer
Ce n'est pas tant parce que sa démarche est imparable, qu'elle gêne énormément Paris. Ce n'est pas tant parce qu'il est intraitable que le président Mbeki s'attire les foudres de la CEDEAO par Chirac interposé. Depuis avant-hier, le sommet d'Addis a permis une autre révélation. L'Afrique du Sud vient de décrocher au Conseil de Sécurité de l'Onu un poste dévolu à l'Afrique. L'information qui court encore les couloirs feutrés du siège de l'Onu devra être officialisée dans 2 mois. Mais déjà, elle n'est pas du goût de Chirac qui estime sa chère Françafrique doublée au profit du nouvel ogre sud-africain. Il faut donc empêcher Mbeki de gagner sur cet autre terrain. Certains grands pays d'Afrique sont donc invités à comploter contre Mbeki. La sanction et l'humiliation suprême, le faire donc partir de la tête de la médiation dans la crise ivoirienne. Pendant longtemps, Sassou et ses sbires ont manqué de courage pour le dire haut et fort. Hier, avec la complicité de la CEDEAO, la Françafrique a atteint son but. Mais pour combien de temps quand l'on sait qu'assis au Conseil de Sécurité de l'ONU, Mbeki sera encore plus fort, en ce sens que l'Afrique du Sud aura toute latitude de bloquer les résolutions farfelues de la France dans le cadre du règlement de la même crise ivoirienne. Chirac est-il vraiment sorti de l'auberge? Que non, car il n'a fait que déplacer, sans résoudre, le problème ivoirien. De l'avis des observateurs, "il est plus intéressant que Mbeki soit sorti des griffes de la CEDEAO. Dans sa position actuelle, il sera plus redoutable que jamais. En fait, ce sommet n'a fait que complexifier la crise ivoirienne". Et les pays de l'Afrique digne qui ont bien vite compris le sens de la volonté de la CEDEAO ont donc refusé de cautionner la mascarade, en boycottant cette réunion. C'est le président malawite qui a d' ailleurs bien posé le problème, lors de son intervention: "Je ne comprends pas comment est-ce qu'on peut donner les pouvoirs du président à un Premier ministre. Nous-mêmes assis ici ne l'accepterons jamais, c'est pourquoi, je voudrais qu'il ne soit pas donné de suite à cette requête. Même Bongo l'a approuvé. Tard dans la nuit pourtant, Sassou Nguesso et ses sbires donnaient mandat à Banny pour prendre la République. Ainsi va l'Afrique.»
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mardi, 17 octobre 2006
«Ouverture du sommet de l’UA aujourd’hui - Des étincelles en l’air - la françafrique joue son va-tout!»
Le Matin d'Abidjan — mardi 17 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=218226
Par Guillaume N'Guettia :
«Il y a de l'électricité dans le ciel d'Addis-Abeba. Le sommet de l'UA qui s'y tient aujourd'hui, est l'occasion rêvée par Chirac et ses obligés, pour donner forme à la dislocation de l'armée, et la dilution du corps électoral. En face, le camp présidentiel veille.
"La réalité est que nous arrivons présentement dans une période où quelque chose va se passer. " Ainsi s'est exprimé hier sur les ondes de la radio locale de l'ONU, Gerard Studman. Une sortie, après celle de Pierre de Schori, à quelques jours d'intervalle, par le même canal. Et qui situe sur l'enjeu du sommet du Conseil de paix et de sécurité. A entendre le haut commissaire onusien chargé des élections, la connexion anti Gbagbo joue son va-tout à Addis-Abeba, où se tiennent les tractations. Conduite par Chirac, la nébuleuse françafricaine se jette corps et âme dans la bataille diplomatique. A défaut d'obtenir le départ de Laurent Gbagbo, Chirac et ses complices de l'ONU ne font pas mystère de dépouiller le président ivoirien de ses prérogatives. Gérard Studman reprécise cette option. " Le Premier ministre va jouer un rôle qu'il faut à l'avenir, plus important que ce qu'on a vu jusqu'à maintenant ", soutient-il, pour lever à jamais le voile sur l'ambition de fouler la Constitution au pied. C'est clair, la réunion qui s'ouvre ce mardi est capitale pour l'Elysée. Paris manœuvre ferme, en vue de démanteler les points clé du régime ivoirien. En attendant de tout finaliser à New York dans les jours à venir, la tribune de l'organe statutaire de l'Union africaine va servir de tremplin. Le haut représentant chargé des élections n'en fait pas mystère. Et deux axes majeurs sont explorés. De fait, s'accordent de nombreux observateurs, le démantèlement des Forces de défense et de sécurité dans sa nomenclature actuelle est de mise. Sous le couvert d'une ''restructuration'' aux contours des plus flous, l'Elysée et ses obligés veulent anéantir la force militaire de Gbagbo. C'est de notoriété, l'armée est dans le viseur de la coalition politico-armée. La Grande muette est accusée de faire corps avec la présidence de la République. Konan Banny est donc pressenti pour exécuter la décapitation de l'état-major des FDS, que dirige le Général Philippe Mangou. "Il faut restructurer les forces armées comme au Liberia ou en Sierra Leone", conçoit Studman, pour coller aux desiderata de la rébellion qui réclame depuis des lustres ''un état-major intégré''. Il est donc mis en œuvre, le schéma des deux pays sus-cités, où l'armée n'existait plus après de longues années de crise armée. Si ce passage en force est obtenu à Addis-Abeba, alors la voie est balisée pour dénaturer le corps électoral, au profit de Ouattara. Le processus d'identification est l'occasion pour le GTI de naturaliser en masse des ressortissants de pays voisins, et en faire des électeurs potentiels, contre les normes prescrites. Ce, après obtention de certificats de nationalité au cours des audiences foraines. Là-dessus, Gerard Studman est sans ambiguïté. " Il ne faut pas respecter la loi, parce que c'est la loi ", martèle le fonctionnaire international pince sans rire, pour marquer le dédain de l'ONU pour les prescriptions en vigueur. Il conseille de délivrer des papiers d'identité " dans des conditions flexibles. " Adieu donc le guide des audiences foraines édité par les services de la Primature, et qui a valu une volée de bois vert de la rébellion à Banny. Si le représentant de Kofi Annan est d'avis que " la Côte d'Ivoire n'est pas sous tutelle ", il prône néanmoins que la CEDEAO soit l'ange gardien de ce pays. L'organisation sous-régionale, dans le plan de déstabilisation de Gbagbo, devra veiller à l'application des pouvoirs, que la communauté internationale, qui se résume en fait à la France, veut octroyer au Premier ministre. Avant l'ouverture du sommet, la presse parisienne joue sa partition. ''Le Monde'' dans sa parution de ce week-end, dévoile le plan de sortie de crise conçu par Chirac et ses affidés au sein de la CEDEAO. Selon le quotidien, le communiqué officiel de la réunion d'Abuja est truffé de bluff. A ceux qui estiment que ce communiqué n'a pas abordé " la question clé de la répartition des pouvoirs entre le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo et le Premier ministre Charles Konan Banny ", Le Monde qui se veut dans les secrets des dieux, apporte un démenti. " La réalité est différente. Le texte de 5 feuillets que Le Monde a pu consulter constitue un tournant. Certes les chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest recommandent que le ''le Président Gbagbo demeure chef de l'Etat'', mais ils préconisent de le dépouiller de tous ses pouvoirs au profit de Konan Banny ", éclaire le quotidien français. Et de préciser : " Ce dernier disposera de tous les pouvoirs nécessaires, qu'il s'agisse d'établir des listes électorales fiables, ou de désarmer les diverses milices. Pour neutraliser le chef de l'Etat, lui et ses ministres auront la possibilité de gouverner par ordonnances ou décrets-lois." Constat, le haut représentant chargé des élections et Le Monde voguent sur les mêmes eaux. Mettant à nu le projet de la Françafrique, qui vise à parachever le coup d'Etat de septembre 2002. Ceci dit, à la pratique, cette option s'avère plutôt difficile à réaliser. Dans le camp des résistants républicains, le maintien de la Constitution et les prérogatives présidentielles ne sont pas négociables. Le camp présidentiel veille. Autant dire que ce matin, il y a des étincelles dans le ciel d'Addis-Abeba.»
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lundi, 16 octobre 2006
Crise ivoirienne : la Déclaration du CNRD
Notre Voie — lundi 16 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :
Le Président de la République qui est demeuré à son poste conformément aux dispositions constitutionnelles, vient de participer à la réunion au sommet de la CEDEAO, convoquée sur la crise ivoirienne. Cette réunion s'est tenue à quelques jours de l'échéance fixée par la résolution 1633 du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la réalisation de la feuille de route du Premier Ministre Charles Konan Banny.
A l'occasion de cette importante réunion et dans la droite ligne de son discours de rupture prononcé devant les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) à la veille de la rencontre de New York, le président de la République a brillamment défendu, devant ses pairs de la CEDEAO, sa solution de sortie de crise.
Aujourd'hui, les Ivoiriens et les amis de la Côte d'Ivoire notent avec satisfaction que le cercle des africains, soutenant le combat du peuple de Côte d'Ivoire pour sa dignité et sa liberté s'agrandit de jour en jour, tant au niveau des dirigeants politiques qu'à celui des populations.
Le CNRD (Congrès National de la Résistance pour la Démocratie) qui s'est engagé, depuis sa création, à convaincre l'ensemble de nos compatriotes sur l'impérieuse nécessité d'unir le pays autour de l'idéal républicain, sans considération de chapelle politique, se réjouit d'être de plus en plus entendu. En effet, de nombreux dirigeants et hauts cadres de partis politiques membres de la coalition politico rebelle du G7 se rangent publiquement du côté de la république et de la légalité. Ces cadres se démarquent en masse des positions incongrues de certains partis politiques (dont ils sont membres des instances) qui ont pris fait et cause pour la rébellion et pour la prise du pouvoir par les armes.
Persistant dans sa folie destructrice du socle de la nation et se refusant à tout retour en arrière après être allé si loin, la coalition politico rebelle du G7 n'a d'autre recours que de s'en prendre aux personnalités et chefs d'état africains de la trempe des Présidents Thabo M'beki, Konaré, Amadou Toumani Touré, etc. qui ont choisi d'œuvrer à l'éveil d'une Afrique longtemps marginalisée et humiliée.
Au mépris de toute règle diplomatique, de tout code de bonne conduite, ils couvrent de leur venin ceux qu'ils adulaient hier. Parallèlement, ils feignent de ne pas voir que leurs parrains, d'ici comme d'ailleurs, croulent sous le poids des scandales sur fond de trahison, de manigances et de coups bas, révélant ainsi leur vrai visage. Ils sont un véritable danger pour l'émancipation de l'Afrique et pour la démocratie.
Les récentes déclarations de Soro Guillaume qui invite ses alliés de l'ombre à "ne plus compter sur les instances que sont la CEDEAO, l'Union Africaine et les Nations Unies pour mener le combat à (notre) place et à ne plus demander à la communauté internationale d'enlever Gbagbo du pouvoir à ( notre) place" achèvent de convaincre les Ivoiriens que ce sont des pouvoirs extérieurs à la Côte d'Ivoire qui constituaient l'essentiel de la capacité de nuisance de la rébellion.
La crise ivoirienne reste et demeure une tentative de coup d'état qui s'est muée en une rébellion. Cette rébellion doit donc être condamnée et c'est parce que cette condamnation n'a pas été sincère que les accords de Linas Marcoussis ont été un échec dans leur application.
Le CNRD (Congrès National de la Résistance pour la Démocratie) rappelle que personne, ni aucune puissance ne peut venir à bout de la résistance d'un peuple et de sa soif de justice, si pauvre soit ce peuple.
C'est sans doute faute de l'avoir compris que le Premier Ministre Charles Konan Banny a échoué dans sa mission. Il a échoué malgré le soutien franc et sincère du Président de la République qui l'a doté de tous les pouvoirs et moyens nécessaires à l'accomplissement de ladite mission.
Maintenant qu'il a reconnu son échec, il serait logique que le Premier Ministre Charles Konan Banny remette sa démission au Président de la république.
Contre toute justice et sagesse il a choisi le sentier du positionnement personnel, ratant le boulevard de son propre futur politique.
Le Premier Ministre Charles Konan Banny est venu compliquer l'état du problème; il restait à faire le désarmement. Lui, était plus soucieux de:
- plaire à son mandant extérieur et faire sa volonté au détriment des intérêts de son pays. En conséquence, on a pu constater :
- une grande complaisance à l'endroit de la rébellion et de ses alliés;
- sa duplicité dans une alliance stratégique avec le GTI en vue du délitement de l'état;
- son refus obstiné de collaborer avec l'Assemblée Nationale.
- user de méthodes dilatoires pour masquer le refus de ses mandants d'aller à la paix. On peut relever ainsi:
- le parachutage de la "concomitance" du désarmement et de l'identification, non prévue dans aucun accord;
- la préférence de l'illégalité à des fins électoralistes;
- la recherche effrénée de pouvoirs supplémentaires alors que sa nomination ne repose sur aucun suffrage populaire;
- la tentation à défier vainement l'autorité du Président de la république, démocratiquement élu.
- voyager en quête de soutiens extérieurs pour le renforcement de ses pouvoirs, même quand le front social était en ébullition;
Ironie du sort et comme une cerise sur la gâteau de son échec, le Premier Ministre Charles Konan Banny dont le premier engagement à ce poste a été de débarrasser le district d'Abidjan de ses ordures, termine sa mission dans un district qui n'a jamais été aussi sale qu'aujourd'hui avec en sus le scandale des déchets toxiques.
Le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD)
- salue à nouveau la grandeur d'esprit et la courageuse fermeté dont continue de faire preuve SEM le Président de la République dans son nouveau plan de résolution de la crise ivoirienne;
- félicite le Président de la république, SEM Laurent Gbagbo pour sa très brillante participation à la réunion de la CEDEAO qui lui a valu l'admiration de ses pairs;
- assure le Président de la république, SEM Laurent Gbagbo de son total soutien et de sa disponibilité à poursuivre le combat de la résistance pour la libération et la dignité de notre peuple;
- remercie les chefs d'état et les peuples africains pour leur soutien au peuple de Côte d’Ivoire dans sa juste et légitime quête de liberté, de dignité et de progrès économique et social et les assure de son infinie reconnaissance;
- remercie particulièrement et solennellement le président Thabo M'beki de la république sœur d'Afrique du Sud, pour son soutien juste et constant dans le combat que mène le peuple ivoirien pour sa souveraineté;
-invite solennellement et respectueusement le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'Union Africaine à endosser le plan de sortie de crise proposé par le Président Laurent Gbagbo, seul moyen de cessation des souffrances des populations et de la surenchère du bloc politico rebelle dont les actions sont aux antipodes de la morale;
- prie le Président de la république, SEM Laurent Gbagbo de bien vouloir former un gouvernement de salut national, dès lors que le processus de sortie de crise tel que défini par la Résolution 1633 des Nations Unies est un échec.
- demande, en raison de leur rôle nocif dans la résolution de la crise ivoirienne, la dissolution immédiate du GTI et le départ de la force Licorne et au besoin son remplacement par des forces africaines;
- demande que le médiateur de l'Union Africaine, le président Thabo M'beki, pour sa parfaite connaissance du dossier ivoirien et son esprit d'équité, soit la seule personnalité, en dehors du chef de l'état ivoirien, à présenter aux institutions internationales, tout texte, tout dossier ou projet de résolution sur la crise ivoirienne;
- exige la suppression de la zone de confiance et son passage sous contrôle gouvernemental pour que cessent les pires souffrances qu'y subissent les populations et que se fasse la réunification du pays;
- exige la démission du Premier Ministre Charles Konan Banny ;
-félicite le peuple de Côte d’Ivoire pour son combat exemplaire désormais connu et respecté à l'extérieur de nos frontières;
- invite tous les ivoiriens, toutes tendances politiques confondues, à continuer de se mobiliser pour faire échec au plus long coup d'état de l'histoire contemporaine;
Fait à Abidjan le 12 Octobre 2006
Le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD)
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samedi, 14 octobre 2006
«Déstabilisation du régime - Des diplomates français s’élèvent contre Chirac»
Le Matin d'Abidjan — samedi 14 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=217821 :
par Philippe Kouhon,
Correspondant Europe :
«L’acharnement du Président français et ses services sur le Président Gbagbo est mal perçu d’un grand nombre de Français dont des diplomates. Ces derniers s’élèvent contre l’attitude du Président français qui engage toute la France dans un conflit de personnes et d’intérêts malsains. Ils se sont confié à un conseiller du chef de l’Etat ivoirien.
Logé dans le tout premier cercle des proches du président ivoirien depuis seulement huit mois, M. Sylvain de Chambry, est en guerre contre les médias français. Lui-même d'origine française, le nouvellement nommé, conseiller en communication politique pour l'espace européen, pour le compte du président Laurent Gbagbo, arpente chaque jour les locaux des médias français pour " porter le message du n°1 ivoirien ."
Quoi de plus logique. Mais comment peut-on réussir une t-elle mission quand on est soit même lié par le sang et le sol avec la France ? En tout cas loin d'être un simple travail d'expert en communication, la mission de monsieur De Chambry est plus qu'une mission " d'amour que j'ai pour le personnage du chef de l'Etat ivoirien ". S'exprimant hier face aux correspondants des journaux ivoiriens en France, l'homme a dit être particulièrement séduit par la simplicité du N°1 ivoirien. " Quand à Abidjan j'ai sollicité une audience à la présidence, je m'apprêtais à voir un boulanger avec une poêle ou un boucher avec une hache."
" L'AFP et RFI sont loin d'être des médias objectifs "
Du contenu de sa mission, voici ce qu'il a dit aux journalistes : " Je suis allé moi-même devant le président lui proposer mes services. Les débuts ont été difficiles mais lorsque le contact s'est établi, j'ai été très heureux du privilège et flatté de la confiance que le président a placée en ma modeste personne. J'ai une équipe de communicants qui travaille en Côte d'Ivoire et en France. Nous décryptons tous les sujets traités dans les médias concernant la Côte d'Ivoire. En cas de contrevérité, nous apportons des rectificatifs. La fonction de communicateur a plusieurs volets. Mais nous essayons de remplir notre cahier de charge au maximum. Vu le contexte politique actuel de la Côte d'Ivoire, il est clair que les avis sont partagés selon la ligne éditoriale du média et le camp qu'on occupe. C'est pourquoi, en tant que français, et au vu de la portée ou l'audience des médias internationaux tels que RFI et l'AFP, je me suis insurgé contre la méthode employée pour rendre les informations en provenance de la Côte d'Ivoire. Si cela est fréquent pour les pays africains, je suis désolé que ces deux presses soient loin d'être des médias objectifs en ce qui concerne la Côte d'Ivoire et son président. Je l'ai maintes fois signifié à leurs différents responsables. La question de la parité se pose. Je ne peux pas supporter que la parole soit donnée à tour de bras aux rebelles et seulement une ou deux fois tous les six mois au camp présidentiel. A l'AFP (agence France presse), je regrette le trop de commentaire fait au sujet de la Côte d'Ivoire. L'AFP étant par excellence une agence, une source d'information pour plusieurs médias du monde. ". Puis de poursuivre : " l'autre volet de ma mission concerne la décrispation des relations entre la France et la Côte d'Ivoire. Pour ne pas dire le rapprochement des deux chefs d'Etat. Il n'est un secret pour personne, la crise ivoirienne dure parce que le président Chirac a décidé volontairement de bouder son homologue ivoirien. Lui-même l'a reconnu à Bucarest quand il dit ne plus se souvenir de son dernier coup de fil avec le président Gbagbo. Je ne peux pas comprendre que 72% de l'opinion ivoirienne soit favorable à un président démocratiquement élu dans un pays souverain et en face on trouve des personnes qui légitiment des acteurs d'un coup d'Etat manqué et qui s'est mué en rébellion. Mais ce que je regrette en tant que français, c'est de regarder avec impuissance mon pays soigner avec mes impôts des gens qu'on appellerait ici en occident des terroristes, alors qu'en plus de leurs salaires de ministres ivoiriens, payés par les contribuables de la seule partie sous contrôle des forces loyalistes, ces rebelles continuent de piller la zone sous leur contrôle en direction des pays limitrophes.
Beaucoup de diplomates français que j'ai rencontrés m'ont dit qu'ils ne comprennent pas non plus l'attitude de l'Elysée en Côte d'Ivoire. " M. De Chambry a par ailleurs reconnu que la parade n'est pas simple mais avec qu'un peu de conscience et de responsabilité, les deux principaux acteurs que sont Chirac et Gbagbo sauront placer en avant l'intérêt des peuples et non celui des multinationales, qui ont pour seuls objectifs de faire du bénéfice.
M. De Chambry qui se déplace régulièrement en Côte d'Ivoire dit y être le bienvenu et en sécurité. " Je me promène dans les rues d'Abidjan librement sans être escorté par des blindés. Aussi, ce que j'ai remarqué c'est qu'il y a de plus en plus de blancs en Côte d'Ivoire qui malheureusement ne parlent pas le français. C'est dommage pour la France ! " Le nouveau conseiller auprès du président ivoirien a tenu à partager en fin d'entrevue une pensée du président Gbagbo qui est la suivante : " je serai le meilleur ambassadeur de la France si elle accepte de revoir sa vision."»
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mercredi, 11 octobre 2006
Après l’appel d’Affi N’Guessan à la Cedeao
«Dominique Gnissi (Pdt de la jeunesse burkinabè en CI) : “Nous ne nous sentons pas concernés par une quelconque menace”»
L’Inter — mercredi 11 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/linter.htm
par Hippolyte Oulaï :
«Ayant assisté au meeting d’Affi N’Guessan à Mossikro, dans la commune d’Attécoubé le lundi 2 octobre dernier, Dominique fait remarquer que le président du Fpi n’a fait qu’interpeller les chefs d’Etat de la Cedeao qui se sont réunis le vendredi 6 octobre à Abuja pour ébaucher un nouveau schéma de sortie de crise en Côte d’Ivoire. “ Il les invitaient à prendre des décisions populaires, responsables et qui respectent la légalité constitutionnelle en Côte d’Ivoire. Il les exhortaient à ne pas commettre l’erreur de prendre des décisions qui viendraient envénimer la situation au risque de mettre à feu et à sang un pays qui est le creuset de la dispora africaine ”, a déclaré Dominique Gnissi. Selon lui, Affi N’Guessan appellait la Cedeao à ne pas faire plaisir à la France en prenant des décisions incendiaires qui vont brûler la Côte d’Ivoire. Car, les conséquences d’une détérioration de la situation n’épargneraient personne, y compris la forte communauté étrangère. Donc, pour Dominique Gnissi, l’adresse d’Affi N’Guessan à la Cedeao n’était qu’une interpellation et non des propos incendiaires comme le déplorait Kofi Annan, encore moins une mise en garde ou des menaces comme le feraient croire la presse étrangère, Rfi et Bbc. “ Nous ne nous sentons pas concernés par une quelconque menace. Si nous sommes menacés, nous le dirons. Nous sommes assez responsables pour le dénoncer ”, a confié Dominique Gnissi, qui dénonce une campagne d’intoxication au dessein inavoué. Se prononçant sur le sommet d’Abuja, il a annoncé que son association a déposé un courrier à la représentation permanente de la Cedeao à Abidjan, le mercredi 4 octobre. Dans ce courrier, l’Ajb-CI écrit que “ l’Ua et la Cedeao ont l’obligation solennelle d’œuvrer pour des élections libres et démocratiques en Côte d’Ivoire en respectant sa Constitution votée à 86%. Refuser de régler la question ivoirienne par cette voie, c’est accepter de légitimer la rébellion et d’être à son service pour des raisons inavouées. La communauté étrangère africaine en Côte d’Ivoire, par le biais de la jeunesse burkinabé, dit non à cette férule humiliante et lance une voie suppliante mais pleine de réalisme à tous les chefs d’Etat africains pour que la crise ivoirienne se règle dans la légalité et le respect de la Constitution ivoirienne ”. Selon Dominique Gnissi, le représentant permanent de la Cedeao à Abidjan a refusé de transmettre à Abuja ce courrier appuyé par une pétition des jeunesses étrangères en Côte d’Ivoire.»
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lundi, 09 octobre 2006
«Comment Gbagbo a ruiné les espoirs des rebelles»
Notre Voie — lundi 9 octobre 2006 - http://news.abidjan.net/article/?n=216783
Par Augustin Kouyo Envoyé spécial à Abuja :
«Il est 20h20 min le vendredi 6 octobre, au Transcorp Hilton d'Abuja. Pierre Schori, Gérard Stoudmann, Rodolphe Adada et Charles Konan Banny discutent debout et rient aux éclats sous les regards des journalistes et des membres des délégations des différents pays venus au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Juste à côté, dans la vaste salle des congrès de l'hôtel, réunis autour d'une table en U, onze chefs d'Etats de la sous-région et trois représentants de leurs présidents planchent sur la crise ivoirienne depuis près de neuf heures. Après avoir dressé un sévère réquisitoire contre le régime de Laurent Gbagbo et proposé qu'il soit dépouillé de tous ses pouvoirs au profit du Premier ministre, les personnalités citées plus haut ont été priées de sortir de la salle afin de permettre aux chefs d'Etat et à leurs représentants de travailler entre eux. Mais contrairement à ce que nous avions écrit, et selon des sources crédibles, Charles Konan Banny a été autorisé, à la demande du président Gbagbo, à assister à cette séance au cours de laquelle le projet de résolution préparé par la CEDEAO a été discuté.
Dans le hall, tout le monde s'impatiente. Parce que, la réunion traîne en longueur. Les journalistes guettent tous les mouvements. Et se ruent vers l'entrée de la salle des congrès à chaque fois qu'un président sort pour aller se soulager. On se demande ce qui fait traîner les choses. Il a fallu attendre jusqu'à 21h 20 min pour voir la longue attente prendre fin avec l'annonce de la fin du sommet.
Le communiqué final montre clairement que faute d'avoir réussi à dépouiller leur collègue Laurent Gbagbo de ses pouvoirs, les chefs d'Etat de la CEDEAO ont opté pour le statu quo ante en indiquant que la résolution 1633 reste le seul cadre de règlement de la crise ivoirienne. En réalité, les choses n'ont pas été aussi simples pour eux face à la perspicacité de leur homologue ivoirien.
La tentative de coup d'Etat
Dès que les chefs d'Etat se sont retrouvés entre eux, lecture a été faite du projet de résolution. Un projet qui attribue les pouvoirs de l'exécutif au Premier ministre et fait du président de la République un président protocolaire. Et qui remet également en cause la légitimité de l'Assemblée nationale. La réaction du président Gbagbo est immédiate. Il menace de claquer la porte si ses homologues chefs d'Etat n'abandonnent pas ce discours qui n'est rien d'autre que celui du chef rebelle Soro Guillaume. Cette menace a le don de faire prendre conscience aux membres de la CEDEAO du risque d'échec qui se profile à l'horizon. Le président Gbagbo leur distribue des exemplaires de la Constitution ivoirienne puisqu'ils soutiennent qu'ils ne l'ont pas lue. Le reste ne sera plus qu'une partie de démolition d'un complot préparé dans les officines de la Ffrançafrique. Laurent Gbagbo expliquera et expliquera à ses homologues qu'il tient ses pouvoirs de la Constitution ivoirienne et non de quelque autre institution que ce soit. Et que nul ne peut se permettre de les lui arracher. Au final, le sommet a adopté des recommandations à transmettre au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine. Des recommandations qui sont fondamentalement différentes de celles contenues dans le projet de résolution. Le rêve de la France et de ses valets d'avoir en Côte d'Ivoire un Premier ministre doté de tous les pouvoirs de l'exécutif a été brisé. Tout comme le sommet a mis fin au désir de certains de dissoudre l'Assemblée nationale.
On comprend la déception des rebelles qui attendaient que le sommet prononce la fin du mandat de Gbagbo. Mais le camp présidentiel a le triomphe modeste. Puisqu'il y a encore d'autres étapes dans les prochains jours. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, bien sûr, mais aussi, le Conseil de sécurité des Nations unies. Il s'agira surtout pour le président Gbagbo de faire comprendre au monde entier qu'il tient ses pouvoirs de la Constitution de son pays et qu'il a assez fait la volonté de la rébellion.
Rendez-vous est donc pris pour Addis-Abeba le 17 octobre.»
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samedi, 07 octobre 2006
Sommet d’Abuja : la montagne a accouché de sa souris
«Sommet sur la Côte d`Ivoire - La Cedeao maintient le suspense»
Soir Info — 7 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/h/216678.html :
par Charles TRA BI :
«Il était vu comme la rencontre de la "dernière chance" pour la Côte d’Ivoire. Mais au finish, le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cecdeao) sur la crise ivoirienne, qui s’est tenu, hier vendredi 6 octobre à Abuja, en présence de 11 chefs d’Etat sur les 15 que compte l’organisation sous régionale, n’a finalement rien décidé. Ouvert par le président du Nigeria Olusegun Obasanjo et un discours du nigérien Mamadou Tandja en tant que président en exercice de la Cédéao, ce sommet, qu’on avait annoncé crucial car devait faire des propositions concrètes sur les questions qui fâchent dans le processus de paix en Côte d’Ivoire, a mis au grand jour les divergences profondes sur l’épineux dossier ivoirien. « Des propositions concrètes doivent être adoptées pour conduire à des élections démocratiques en Côte d’Ivoire », avait pourtant indiqué, en ouverture, le président nigérien, avant que les 11 chefs d’Etat ne se réunissent à huis clos. Un huis clos de plus de huit heures, dont le communiqué final laisse planer toujours le suspense sur la question ivoirienne, avant les réunions de l’Union africaine (Ua) et de l’Onu d’ici à la fin d’octobre. Dans sa dernière édition d’Afrique Soir d’hier, Rfi a indiqué que c’est le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui, le premier, est sorti de la salle du huis clos, mais s’est refusé à toute déclaration. Une demie heure plus tard, c’est le chef de l’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui, à son tour, est sorti de la salle, préférant également ne rien dire sur le huis clos. Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui, dit-on, serait sorti plus d’une fois de la salle de réunion, s’est également refusé à tout commentaire, assurant qu’il avait suffisamment parlé devant ses pairs de la Cedeao. Le président ivoirien, tout au long de son intervention, a constamment posé le problème du désarmement. Mais selon Rfi, le communiqué qui a sanctionné le sommet d’Abuja n’en dit pas un mot. Un communiqué qui s’est limité à saluer les ‘’efforts déployés par le gouvernement ivoirien pour la mise en œuvre de la feuille de route’’, avant de déplorer les "nombreux obstacles qui ont rendu impossibles l’organisation des élections à la date du 30 Octobre". Le communiqué final sorti du huis clos des chefs d’Etat de la Cedeao a réaffirmé surtout que "seule la mise en œuvre de la disposition 1633 des Nations unies, constitue, pour la Cedeao, le cadre du règlement idéal de cette crise". Enfin, les chefs d’Etat de la Cedeao ont apporté leur soutien aux forces de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) et aux forces françaises Licorne. Rappelons que le sommet d’Abuja devait notamment aborder l’épineuse question des prérogatives de l’exécutif ivoirien. L’opposition politique et armée avait demandé à la Cedeao de donner tous les pouvoirs de l’exécutif au Premier ministre de transition, Charles Konan Banny, exigeant la mise à l’écart du président Laurent Gbagbo, pour que soit installé un triumvirat de transition à la tête du pays. Le camp présidentiel ivoirien, lui, réclament le désarmement des rebelles du nord, désarmement qui reste, aux yeux du parti au pouvoir, la seule tâche qui doit conduire à l’organisation des élections en Côte d’Ivoire. Mais le communiqué final qui a sanctionné le huis clos des chefs d’Etat de la Cedeao, réunis hier à Abuja, ne s’est pas clairement prononcé sur ces questions qui restent toujours pendantes, en attendent les prochaines rencontres de l’Ua et de l’Onu.»
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