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mercredi, 06 septembre 2006

Urgent... affaire déchet toxique - le gouvernement ivoirien vient de démissionner



Fraternité Matin -
http://news.abidjan.net/presse/fratmat.htm - Dernière mise à jour: 21 H 31 (GMT) 


URGENT.....AFFAIRE DÉCHET TOXIQUELE GOUVERNEMENT IVOIRIEN VIENT DE DÉMISSIONNERLE PREMIER MINISTRE IVOIRIEN CHARLES KONAN BANNY A PRÉSENTÉ LA DÉMISSION DE SON GOUVERNEMENT AU CHEF DE L'ÉTAT LAURENT GBAGBO LORS D'UN CONSEIL DES MINISTRES QUI S'EST TENU CE MERCERDI 6 SEPTEMBRE À YAMOUSSOUKRO. À L'ORIGINE, L'AFFAIRE DU DÉVERSEMENT À ABIDJAN DE DÉCHETS TOXIQUES EN PLUSIEURS ENDROITS PROVOQUANT LA MORT DE PLUSIEURS PERSONNES SELON DIVERSES SOURCES HOSPITALIERES. LE PREMIER MINISTRE EST CHARGER DE CONSTITUER UNE NOUVELLE ÉQUIPE GOUVERNEMENTALE.


mardi, 05 septembre 2006

Pollution chimique à Abidjan et tirs à balles réelles de policiers sur des étudiants.



Silence impressionnant de nos médias. Qui fait se demander : comment fonctionnent-ils ?

Deux affaires très graves ont secoué la Côte d’Ivoire au moment où l’on nous resservait à satiété en France des conditionnels à peine modifiés depuis deux ans sur l’affaire Kieffer… Rien de bien nouveau. Rien de suffisamment significatif en tout cas, on a pu le constater, pour mobiliser de la sorte les grands quotidiens et les titres des journaux télévisés français.

En même temps, deux affaires tragiques — pollution chimique à Abidjan (ayant déjà tué) et tirs à balles réelles (faisant aussi des morts) de policiers sur des étudiants — ; deux affaires tragiques dont les échos sont affaiblis au point qu’on ne les a pas entendus…

Au moment où on a beaucoup ré-entendu parler d’une affaire connue. Comprenons-nous bien : un homme a disparu, il est bon qu’on ne l’oublie pas.

Mais pourquoi nous resservir ces nouveautés qui n’en sont pas vraiment, précisément ces-jours-ci ? À quelques semaines d’échéances importantes pour la Côte d’Ivoire. Ce qui ne peut que poser des questions, quand nos médias nous ont habitués à soulever de façon récurrente ce genre de lièvres à ces périodes, donnant l’impression — aux esprits mal tournés ! — de vouloir influencer les décideurs onusiens…

Et voilà que ressort à ce moment-là cette triste affaire dont on ne sait rien de précis, évoquant des questions de cacao. La voilà qui s’accompagne du vœu explicite, dans un grand quotidien français (Libération), de voir Gbagbo «passer la main de gré ou de force» ! Tout cela sans que l’on mentionne le trafic de cacao bien établi, celui-là, depuis la zone rebelle et exfiltré par le port du Togo dont on reçoit le chef dynastique — dans le silence de nos médias — ; trafic dénoncé par le président de l’assemblée nationale ivoirienne, et objet d’une enquête fournie, et pas réfutée, du Courrier d’Abidjan.

Au même moment, deux affaires chargées de nouveauté celles-là, hélas ; deux affaires très graves, sont passées sous silence ! À ma connaissance en tout cas, on n’en a à ce jour, pas eu écho en France :

Le déversement de déchets toxiques en grande quantité au port d’Abidjan — pollution chimique qui a déjà fait des morts et de nombreux blessés ;

Et les tirs à balle réelle par des policiers sur des étudiants, faisant de nombreux morts et blessés, cela accompagné de viols, en présence du directeur de l’école nationale de police — comme le montre un film signalé ce jour par Le Courrier d’Abidjan.

Pourquoi un tel silence ?

Développements sur les deux affaires selon deux journaux ivoiriens :



LE SCANDALE DES DÉCHETS TOXIQUES
• Deux enfants décédés
• Le désarroi des populations


Fraternité Matin — mardi 5 septembre 2006 — http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=M8GD1WbWD5L :

L’HISTOIRE D’UN BATEAU QUI TRAUMATISE

par Jean-Rock K-KIRINE :

« Plus de 528 m3 principalement d’hydrogène sulfuré (H2S), de la soude (NaOH) et du mercaptan, des produits très toxiques pouvant entraîner la mort, ont été déversés sur 7 sites répertoriés pour le moment à travers la ville d’Abidjan depuis le 19 août 2006. Ce sont la décharge d’Akouédo, le Plateau Dokui, Vridi canal, N’Dotré, proche du Banco, route d’Allépé après le corridor de la Gesco, et le bas-fond vers l’école de police.
Arrivée au Port autonome d’Abidjan (PAA), le vendredi 18 août 2006, au quai de la Pétroci, le navire russe battant pavillon panaméen, le «Probo Koala» a, durant plus de 30 heures, déchargé son contenu qu’il a dénommé «Slops» (eaux usées, contenant un peu de pétrole). Or, d’après les analyses réalisées par les laboratoires de la SIR pour le compte du CIAPOL, il s’agit bien d’hydrogène sulfuré, de soude et du mercaptan.
Le courrier électronique envoyé le 17 août 2006 au Capitaine N’Zi Kablan, donne quelques éléments de réponses quant au contenu du navire. Dans ce courrier, M. Jorge Marrero de la société Trafigura LTD, qui a affrété le navire, basée en Espagne, a précisé qu’il s’agissait de produits chimiques (Chimicals Slops). Il demandait par ailleurs au capitaine de prendre toutes les dispositions afin d’éviter tout problème environnemental.
L’affaire fait grand bruit aujourd’hui à tel point que M. Jean-Pierre Valentini, un des directeurs de la société Trafigura devrait fouler le sol ivoirien dans les toutes prochaines heures.
Le  Centre ivoirien antipollution (CIAPOL) qui a pris connaissance de ce document a géré le transport des déchets. Un des plus proches collaborateurs de M. Doh André, directeur de ce centre, M. Bayé Etienne, inspecteur des installations classées, a assisté aux rotations des camions, le mercredi 23 août 2006, de 22 H à 3 H du matin. Et ce, malgré les réunions tenues au sein du CIAPOL, sur le déversement du produit toxique à travers la capitale économique. Le directeur du CIAPOL affirme n’avoir pas été, lors des réunions, informé de la teneur des produits disséminés à travers la ville. Or le 21 août 2006, M. Doh transmet par courrier N° 00261/MINEF/CIAPOL/DIR/Ads, «une mise en demeure» au commandant du navire «PROBO KOALA» lui demandant de rester à quai pour que ses services procèdent aux différents contrôles et examens du produit. A cette date, il reçoit les résultats d’analyse d’échantillon qui ont été prélevés à la décharge d’Akouédo, en provenance du navire. D’un côté, le CIAPOL joue la carte du protecteur et de l’autre il supervise les opérations de déversement à travers la ville, avec la société Tommy. Cette structure spécialisée dans le vidange des eaux usées des navires, détient un agrément probatoire délivré par le ministère des Transports, N° 169/MT/DGAMP/DTMSL du 12 juillet 2006 valable pour un an.
Le 21 août 2006, la société Tommy, par le biais des transporteurs qu’elle a sous-traité pour l’aider dans sa tâche s’est présenté à la décharge d’Akouédo avec un produit industriel, en provenance de Vridi. Et pour 500 000 F cfa, en fonction du tonnage, elle a déversé sa cargaison.
Bien qu’ayant reçu des informations sur les déchets toxiques, le district d’Abidjan a délivré des autorisations de déversement de ces types de produits à la décharge.
Selon un des transporteurs, M. Bayé Etienne, un autre responsable du CIAPOL, lui aurait demandé de verser du Grésil sur les lieux du déversement pour atténuer les odeurs. Le navire, le  PROBO KOALA, aurait été refoulé avec son chargement dans cinq pays africains. Dont le dernier en date est le Nigeria. Après s’être débarrassé de sa cargaison en Côte d’Ivoire, il est en partance pour l’Estonie.
De sources informées, le navire aurait cherché pendant plus de huit mois un pays pour l’accueillir. 
Le PAA, plus précisément la capitainerie, est garante des installations portuaires de la société WAIBS, consignataire du PROBO KOALA. C’est la capitainerie également qui autorise l’accostage et l’appareillage des navires. Le commandant du port, M. Bombo, qui a été entendu par la police, n’a pas plus été inquiété, même après avoir donné l’autorisation au navire de quitter le port. Malgré les courriers soupçonnant le navire d’avoir transporté des produits autres que des Slops (eaux usées).
Il faut savoir que dans le secteur industriel, l’hydrogène sulfuré intervient dans différents processus de production. Notamment dans la fabrication de fibres synthétiques ainsi que dans les cokeries et raffineries. L’hydrogène sulfuré  obtenu lors du raffinage du gaz naturel est le plus souvent transformé immédiatement en soufre.
Sur le plan pathologique et toxicologique, surtout chez les hommes et les mammifères, le H2S est une substance irritante et un poison nerveux et cellulaire. Il provoque l’irritation des yeux ainsi que des organes respiratoires. L’inhalation prolongée de sulfure d’hydrogène peut causer la dégénérescence du nerf olfactif (rendant la détection du gaz impossible). L’inhalation du gaz, même en relativement faible quantité, peut entraîner une perte de connaissance. Des lésions au niveau des bronches, des nausées et, en forte concentration, des lésions des nerfs olfactifs, des convulsions, des engourdissements et finalement la mort par apnée. En général, les personnes atteintes sont par la suite allergiques au H2S. Les affections provoquées par le H2S font partie des maladies professionnelles à déclaration obligatoire dans les pays occidentaux. Chez les végétaux, les dommages sont peu importants. Les plantes utiles les plus sensibles à cette substance sont le navet, la tomate, le concombre et le soja.
Selon des études réalisées à la demande du ministère de la Santé français en 1981, et disponibles sur l’Internet «effets de l’hydrogène sulfuré sur l’homme (OMS 1981)», il existe deux seuils de toxicité des “seuils des effets létaux ” (S.E.L.) et des “seuils des effets irréversibles ”
Les résultats d’analyse montrent que les effets sont 8 à 10 fois supérieurs au seuil autorisé dans les deux cas.
Selon, les informations communiquées par le ministre de la Santé, il y a deux morts. Deux enfants d’une dizaine d’années.
D’un autre côté, il a fallu attendre cette catastrophe pour que la Société ivoirienne de raffinage (SIR) mette en place une nouvelle procédure d’enlèvement de Slops au quai PETROCI Holding. A savoir : la demande d’autorisation douanière comprenant une escorte douanière pour l’enlèvement des slops, le certificat d’origine du produit à enlever, le certificat de quantité délivré par un organisme agréé en Côte d’Ivoire. Et enfin, un document certifiant la destination finale des Slops et indiquant le nom de la société pour le compte de qui l’opération s’effectue.

Repères

Riposte. Dès les premiers instants, le Premier ministre a décidé de la mise en place d’un Comité interministériel qui s’est réuni le mercredi 30 août à la Primature sous la présidence du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, M. Paul-Antoine Bohoun Bouabré.
Interpellations. Une enquête judiciaire a déjà permis l’interpellation de six personnes. Ces objectifs sont de déterminer clairement les responsabilités.
Soins. Des dispositions sanitaires ont été prises pour accueillir les populations touchées dans les principaux centres de santé que sont le CHU de Treichville et le CHU de Cocody pour la prise en charge médicale des malades. »



Quand les policiers font le lit de la rébellion à Abidjan

Le Courrier d’Abidjan Parution N° 806 du Lundi 4 Septembre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

par
Anassé Anassé :

« Danger – Le comportement irresponsable des policiers, qui ont attaqué le Campus jeudi et vendredi derniers, montre à quel point ce corps constitué chargé de maintenir l’ordre public est un bras séculier de la rébellion en zone gouvernementale.


Passée la vive émotion suscitée par la double barbarie policière sur le Campus, en fin de semaine dernière, l’on s’interroge encore sur les motivations réelles de tels agissements ; indignes d’un corps constitué chargé de maintenir l’ordre public.
Le jeudi 31 août 2006, une escouade d’élèves-policiers armés jusqu’aux dents, prenant prétexte de ce qu’un des leurs a été molesté lundi à la gare Sotra d’Adjamé par des étudiants, fait irruption sur le Campus universitaire de Cocody, pour se rendre justice. Pendant plus de quatre heures, ces élèves sous-officiers pensionnaires de l’Ecole nationale de Police, sise à moins de 50 mètres de l’Université de Cocody, violent les franchises universitaires. Ils saccagent tout sur leur passage, tirent à balles réelles et à bout portant sur des étudiants en pleins examens ; pourchassent - kalachs, revolvers et pistolets aux poings - tous ceux qu’ils rencontrent sur le Campus. Des cas de viols d’étudiantes sont même signalés. On se croirait dans le Far West américain, ou dans une série policière digne de «24 Heures Chrono»… Le bilan est lourd : un étudiant, répondant au nom de Assé Konan Olivier, inscrit en CBG 2ème année (Biosciences), après avoir reçu une balle dans la tête, a succombé des suites de ses blessures. Ce rodéo des policiers sur le Campus a également fait plus d’une vingtaine de blessés par balles, dont certains très graves.
Le lendemain vendredi, 1er septembre 2006, le président de la République Laurent Gbagbo reçoit dans la matinée – séparément – à son domicile, les responsables de la police, avec à leur tête, le ministre de l’Intérieur Joseph Dja Blé ; et le bureau national de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), conduit par son secrétaire général, Koffi Serges. Après plusieurs heures d’entretiens croisés – sans doute houleux -, le ministre de l’Intérieur annonce l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables. On croyait alors l’incident clos pour de bon, et le calme revenu sur le Campus, victime d’une vindicte policière hors norme. Mais, c’était mal connaître la nouvelle race de «famille kaki». Ce même vendredi en fin d’après-midi, rebelote. Les élèves sous-off refont une nouvelle descente musclée sur le Campus et dans d’autres résidences universitaires, notamment à la Cité Mermoz. En réaction à un autre accrochage survenu entre deux policiers et des étudiants, au parking de l’Université.
Depuis, des interrogations fusent de partout. Comment des élèves-policiers encore en formation peuvent-ils braver l’autorité de l’Etat, surtout après l’appel au calme lancé par leur ministre de tutelle ? Pourquoi des élèves-policiers peuvent-ils faire fi des injonctions du président de la République, chef suprême des Armées, et retourner sur le Campus pour faire régner leur loi : l’arbitraire ? Comment les élèves-policiers ont-ils pu avoir accès aussi facilement à la poudrière de leur école pour se procurer des armes de guerre, et les utiliser à deux reprises contre des civils sans être nullement inquiétés ?
De deux choses, l’une. Soit cette double expédition punitive des policiers sur le Campus démontre de la faiblesse de l’Etat et de ses institutions, à telle enseigne que le plus petit «garde floko» se croit permis de faire «sa» loi. Ou alors, ces élèves-policiers, bénéficiant de soutiens obscurs et de complicités internes, voulaient par de tels agissements, provoquer des émeutes et une insurrection à Abidjan, à l’approche du 31 octobre. Chose rêvée par le G7 pour transporter la rébellion en zone gouvernementale. L’histoire est un témoignage. Avant le 19 septembre 2002, une série d’incidents provoqués par des policiers - ils tiraient sur des chauffeurs de taxis et de gbakas pour 500 Fcfa - avait amené le gouvernement à lever les barrages sur les routes. Les assaillants en ont profité pour acheminer des armes de guerre à Abidjan, et constituer un commando pour attaquer la République. Les élèves-policiers de la présente promotion voulaient certainement rééditer l’exploit de leurs devanciers, en créant la chienlit à Abidjan pour faire le lit de la rébellion.
Certes, le directeur de l’Ecole de Police, le général Lago Daléba, a été relevé de ses fonctions. Mais le président de la République doit encore sévir. A défaut de destituer le ministre de l’Intérieur, le commissaire Joseph Dja Blé ou limoger Yapo Kouassi, le directeur général de la Police, les élèves-policiers de la présente promotion doivent être purement et simplement radiés. Car ces crimes crapuleux commis sur des étudiants aux mains nues ne sauraient rester impunis. »




lundi, 04 septembre 2006

À l’heure où l’on tait les enquêtes de la presse ivoirienne sur le trafic de cacao depuis la zone rebelle via la Burkina vers le port de Lomé…



Tandis qu'on nous a resservi les mêmes sempiternels conditionnels sur l’affaire Kieffer... au moment où Paris reçoit Gnassingbé (information et appels à manifester 'coupés' sur blogs.nouvelobs.com) dont le port sert au passage du cacao "exfiltré" depuis les zones occupées du nord de la Côte d’Ivoire; Mamadou Koulibaly, qui a dévoilé ce trafic, confirme ses affirmations, ratifiées par l’enquête de Théophile Kouamouo du Courrier d’Abidjan.
Le reportage de Soir info sur le meeting de Mamadou Koulibaly à Anyama :



Mamadou Koulibaly : «Si ce que je dis est faux poursuivez-moi !»

Soir Info — lundi 4 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=210671 :

«Le président de l’Assemblée nationale, Koulibaly Mamadou, est revenu à la charge, samedi dernier, au complexe sportif d’Anyama. Il y a deux semaines (le 20 août précisément), alors qu’il était au stade de la cité de la cola, le numéro 2 Ivoirien portait des accusations contre des responsables du Rassemblement des républicains (RDR). Le week-end dernier, profitant de la sortie officielle du groupe “ Femmes du nord engagées pour la paix ”, M. Koulibaly a enfoncé le clou. Il a mis au défi quiconque douterait de ses révélations, d’ester contre lui en justice. “ Si ce je dis est faux, poursuivez-moi ! Dites au ministre de la Justice qui est Mpci (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, une composante de la rébellion des Forces nouvelles, Ndlr) d’activer le procureur de la République pour que nous voyons clair dans cette histoire ”, a déclaré Koulibaly Mamadou, en présence de certains députés et de Charles Blé Goudé, président de l’Alliance des jeunes patriotes pour le sursaut national. “ Ils disent qu’ils vont porter plainte. Le ministre de la Justice est dioula. Il s’appelle Madou comme moi. Que Koné Mamadou qui est Mpci, que (Adama) Bictogo qui est Rdr viennent me prendre. Je les attends. Les gens d’Anyama veulent la vérité. Venez prendre Mamadou Koulibaly pour lui mettre les chaînes ”, a t-il défié dans un tonnerre d’applaudissements. “ Lorsque la presse a fait cas des déchets qui ont été déversés dans des eaux à Abidjan, le ministre de la Justice a été prompt. Immédiatement, il a saisi le procureur de la République. Mais pourquoi, il ne dit rien concernant le trafic du cacao alors que ce sont les mêmes journaux qui ont traités, à la même date, des deux affaires ? ”, s’est interrogé le député de Koumassi dont la quasi-totalité du discours a été fait en malinké. Au cours d’un meeting au stade d’Anyama, le 20 août dernier, Koulibaly Mamadou a dénoncé l’implication d’Adama Bictogo dans le trafic du café et du cacao ivoirien en direction du Burkina Faso. Selon lui, le secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques du Rdr a bénéficié de la bagatelle de 250 milliards de F cfa pour les besoins de la cause. Concernant Ally Coulibaly, le chef du Parlement l’a accusé d’avoir corrompu un monsieur pour monter de toutes pièces l’affaire du “ charnier de Yopougon ” en octobre 2002. La direction du Rdr (Amadou Gon Coulibaly, Ally Coulibaly, Amadou Soumahoro, Adama Bictogo...) avait cru bon de réagir à ces accusations, une semaine après, soit le 26 août dernier, à la gare routière d’Anyama. “ Toutes celles qui sont venues me voir ont eu un seul mot à la bouche : ‘’Nous sommes fatiguées. Nous avons été mises dans un cul-de-sac. Nous avons été trompées. Nous voulons la paix’’. Mais on ne peut avoir la paix, sans un minimum de vérité. J’ai dit quelques vérités ici, il y a deux semaines. Ceux qui ont été indexés sont venus ici. Ils n’ont pas répondu aux accusations portées contre eux. Ils ont dit qu’ils répondront après. La réponse qu’ils ont apportée a été la bastonnade de Diabaté Bêh (membre du secrétariat général du Fpi, Ndlr) à Boundiali. Son pêché aura été d’avoir participé au meeting du 20 août dernier ”, a déploré le troisième vice président du Front populaire ivoirien (FPI), Koulibaly Mamadou.

La France accusée

“ Cela fait trois ans que l’argent du coton n’est pas remis aux paysans au nord. Il est vendu dans la sous région. 50 à 60 000 tonnes du café et du cacao quittent les zones rebelles pour ces pays. Et, c’est Jacques Chirac qui donne toute la garantie. C’est l’Etat français qui gère la réassurance de ce trafic de sorte que ces produits traversent la sous région sans problème. Et, ce n’est pas gratuit. Cela permet à Chirac de financer sa campagne. Cela permet à la direction du Rdr de se faire de l’argent. Et, les populations du nord s’appauvrissent ”, a dit l’ancien ministre de l’Economie et des Finances. “ Les populations du nord ont élu des présidents de Conseils généraux dans tous leurs départements. Au lieu de développer ces départements, avec les 2 à 3 milliards de F cfa qui étaient prévus pour le budget, ils se sont alliés aux Blancs. Sans le consentement des populations, ils ont achetés des armes (...). Ils ont dit qu’ils allaient faire partir Gbagbo en un jour. En un jour, ils n’ont pas pu. Ils ont dit qu’en deux jours, ils allaient le prendre...et ils sont allés de fausses promesses en fausses promesses Cela fait quatre ans et Gbagbo est toujours là ”, a moqué le baron du parti au pouvoir. “ Ceux qui sont à Azaguié ne peuvent pas dire qu’ils n’y a pas de Dioula à Azaguié. Il y a des Dioula à Daloa. Ils viennent certes du nord, mais ils sont Dioula de Daloa. Il y a des Dioula partout en Côte d’Ivoire. Tu te dis leader et tu dis qu’il n’y a pas de Dioula à Anyama (...). Tous ceux qui disent qu’il n’y a pas de Dioula en Côte d’Ivoire ne connaissent pas la Côte d’Ivoire. Or, ils veulent diriger la Côte d’Ivoire. Que la direction sache qu’il y a des Dioula partout en Côte d’Ivoire ”, a réagi le chantre du franc-flottant. “ Ils disent qu’il n’y a pas de Dioula à la tête de l’Etat. Si tu veux être un grand, il faut aller à l’école. Or, au lieu de faire partir les enfants à l’école, ils détruisent les écoles ”, a fustigé M. Koulibaly. Qui dit douter de la thèse selon laquelle le parti de M. Ouattara défend la cause des musulmans.

“ Ce que j’ai vécu à Kong ”

Selon lui, il a été, avant la guerre, à Kong, dans le département de Ferkessédougou, par deux fois. “ La première fois, j’ai été bien accueilli par l’imam, le chef de village, le chef de canton et la population. Avant de demander les nouvelles, l’imam m’a dit d’aller faire mes prières à la mosquée. Ce que j’ai fait. Là-bas, ils m’ont fait part de leurs difficultés. Ils m’ont dit : Madou, aide-nous ! ”, a raconté le chef du parlement Ivoirien. “ Une fois à Abidjan, j’ai pris attache avec tous les cadres et élus de Kong. C’est ainsi que j’ai été à Marcory-résidentiel, chez Gaoussou Ouattara (le frère aîné du leader du Rdr, Alassane Ouattara, Ndlr). Il m’a demandé de lui permettre de préparer le voyage. Je l’ai relancé plusieurs fois. Une semaine, deux semaines, trois semaines...ne voyant pas de réaction positive, j’ai pris des caméras de la télévision et j’ai pris la direction de Kong ”, a t-il expliqué. A en croire Koulibaly Mamadou, des conseillers municipaux, sur instruction de leur maire Gaoussou Ouattara, lui ont fait voir des vertes et des pas mûres. “ Une fois à Kong, ils m’ont interdit de filmer la ville. Etant chez l’imam, l’heure de la prière arriva. L’Imam, le chef de village et le chef de canton ont demandé qu’on parte à la mosquée. Les envoyés de Gaoussou Ouattara se sont opposés. Ils ont dit que Gaoussou ne voulait pas du tout que je prie à la mosquée de Kong. Et, nous sommes restés là jusqu’à ce que la prière finisse ”, a regretté le parrain de la sortie officielle du groupe “ Femmes du nord engagées pour la paix ”. Et de poursuivre : “ Sur le chemin du retour, je suis allé chez le sous-préfet de Kong pour lui faire les civilités. Et, j’en ai profité pour faire ma prière. Quand nous avons quitté Kong, en pleine brousse, un homme à bicyclette nous barre la voie. Je descends les vitres et il me dit ceci : ‘’Je suis venu de la part des sages de Kong. Ils disent qu’ils n’ont pas du tout apprécié ce qui vient de passer. Ils me chargent de vous dire que si vous venez ici la prochaine fois, allez voir directement la famille des Coulibaly et ils verront si vous ne serez pas reçu’’ ”. Pour Koulibaly Mamadou, un parti qui dit défendre les musulmans ne se comportent ainsi. C’est pourquoi, il a demandé à tous ceux qui ont tourné le dos au Rdr -surtout à la vingtaine d’association des femmes présente à la cérémonie- d’investir les cours, les quartiers, les villages, les communes, les sous préfectures, les préfectures pour expliquer leur décision. De la sorte, s’est-il convaincu, le chef de l’Etat français verra que les musulmans et les nordistes ne soutiennent pas le Rdr. Et, la donne changera avec le retour de la paix en Côte d’Ivoire, a terminé Koulibaly Mamadou.
par Sylla ARUNA »




À remarquer, sur l’affaire Kieffer : le seul média français, à ma connaissance, à avoir confronté ses sources, les témoins, est TF1, journal de 20h00 samedi 2 septembre, présenté par Claire Chazal, qui donne ici des leçons à plusieurs journaux français, dont on doit constater qu’ils se contentent de dire, sans plus même s’en cacher, leur désir de voir le pouvoir élu ivoirien être démis «de gré ou de force» ! (cit. Libération sic !) (Cela a été relevé sur ce blog ainsi que sur http://delugio.zeblog.com/, notamment ces derniers jours pour cette même affaire Kieffer). Le reportage de TF1 valait donc d’être mentionné : Tony Oulaï, principal mis en cause, relâché par la justice française «parce que rien n’a pu être retenu contre lui», s’y voit accorder tout simplement, lui aussi, la parole :
http://s.tf1.fr/FluxJt/jt20d02092006/jt20d02092006r05.asx (Si le lien ne s'ouvre pas, le copier et le coller, à l'onglet "fichier" de votre lecteur médias, dans "ouvrir une url").




mercredi, 30 août 2006

«L’ultime bataille de Chirac contre Gbagbo»



Après les effets d’annonces médiatiques (genre sempiternels mêmes conditionnels sur l’affaire Kieffer qui permettent de masquer le détournement de cacao via le port des «amis personnels»)….

Après les «dossiers de presse» se voulant «appui» à ce dont on rêve…

… Voilà le cœur du problème enfin dévoilé. Le porte parole-attitré de l’Élysée en Afrique — alias «le rigolo» — vient de reprendre du service pour nous expliquer un étrange «plan» ; tandis que le maître nous explique tout haut que, puisque le peuple ivoirien n’est pas d’accord avec lui, il faut le changer !… Lire ci-dessous :



«L’ultime bataille de Chirac contre Gbagbo»

Le Courrier d’Abidjan Parution N° 801 du Mardi 29 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm

par Silué Nannougou

«
Listes électorales – A l’occasion de la conférence des ambassadeurs de France, Jacques Chirac lance une campagne sur des listes électorales «renouvelées» en Côte d’Ivoire. Il vient au secours du bloc rebelle, qui n’a pas pu intégrer son électorat illégal lors des audiences foraines.

Le président français, Jacques Chirac (qui quitte le pouvoir en avril prochain) est sans doute en train de mener sa dernière bataille dans le cadre de la guerre au long cours qu’il mène contre le numéro un ivoirien, Laurent Gbagbo, depuis le 19 septembre 2002.
Il s’agite de plus en plus pour une «nouvelle liste électorale». Taillée sur mesure en vue d’obtenir l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir. Chose qu’il n’a pas réussi par les armes.
Selon l’Agence française de presse (AFP), Chirac a déclaré hier, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France, qu’ «en Côte d'Ivoire, il n'y pas d'autre sortie de crise que des élections ouvertes et sincères fondées sur des listes électorales renouvelées».
Cette sortie de l’Elysée répond à un seul objectif : venir au secours du bloc rebelle quant au dossier de la confection des listes électorales. On se souvient que le président Mbeki a déjà tranché cette question. Et ce, depuis le 11 juillet dernier dans un courrier adressé au président Gbagbo. A cette date, le président sud-africain a indiqué que l’Institut national de la statistique (l’INS) est la seule structure habilitée à confectionner le listing électoral.
La suite a été un tir groupé du bloc rebelle, regroupé au sein du RHDP, contre le président ivoirien.
Ayant tenté en vain de faire fléchir le successeur de Nelson Mandela, le bloc rebelle a finalement posé le problème à «Papa Chirac». Convaincu que de toute façon, sans un tripatouillage de la liste électorale, Bédié et Alassane mis ensemble ne peuvent pas gagner la prochaine l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Dès lors, une intervention musclée de Chirac s’avère obligatoire pour parachever le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002. Au moyen de «listes électorales renouvelées ». Confectionnées et taillées à la mesure pour l’évincement de Gbagbo.
Ainsi le bras de fer entre les présidents français et sud-africain est-il de nouveau engagé. Annonçant des débats houleux lors de la toute prochaine réunion du Conseil de sécurité.»



lundi, 28 août 2006

La presse française évoquera-t-elle cela ?



«Trafic de "cacao de la guerre": les preuves qui accablent Bictogo et le RDR»



Le Courrier d’Abidjan Parution N° 798 du Vendredi 25 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

par
Théophile Kouamouo :


«Révélations – Adama Bictogo, «homme d’affaires» d’Alassane Ouattara, a été accusé par le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, d’être au centre d’un vaste trafic de cacao de contrebande passant par le Burkina Faso et le Togo. «Le Courrier d’Abidjan» révèle ici les détails de son «business de la honte».


Un meeting. Il a juste fallu un meeting du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, au cours duquel il a fait des révélations sur l’implication d’Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, dans le trafic du «cacao de la guerre» (de la zone rebelle au Togo en passant par le Burkina Faso) pour que la panique s’empare du concerné et de toute la nébuleuse RDR-MPCI.
Depuis dimanche dernier, date du meeting de Mamadou Koulibaly, Adama Bictogo se signale par un activisme médiatique sans précédent. Tout y passe. La santé mentale de Mamadou Koulibaly est mise en doute. Ses origines ethniques font l’objet de commentaires ambigus tendant à le présenter comme «traître à la cause». Son «irresponsabilité», son «inconstance», sa «misère morale» sont stigmatisées. Se considérant diffamé, Bictogo ne va pourtant pas jusqu’à annoncer clairement une plainte contre le président de l’Assemblée nationale. A la question du quotidien DNA, «quand est-ce que vous allez porter plainte ?», il répond de manière évasive : «Mon avocat est en train de voir les voies à suivre. Les dispositions vont être prises. Pour l’heure, je ne sais pas quand je le ferai. En tout cas je me réserve le droit de porter plainte contre lui.»
Adama Bictogo sait bien que porter la polémique sur le terrain judiciaire reviendrait, pour lui, à ouvrir une boîte de Pandore très compromettante pour lui.
En effet, son rôle central dans le trafic des «fèves du sang» est confirmé par de nombreuses sources au sein de la finance internationale, et par des documents ultra-confidentiels dont Le Courrier d’Abidjan a obtenu copie. Votre journal préféré est sur les traces du business honteux d’Adama Bictogo depuis plusieurs mois. Le 5 octobre 2005, nous avons publié les résultats de nos premières investigations et recoupements.

Un appartement de 300 millions dans une banlieue chic de Paris

Nous avons révélé, à l’époque, l’existence d’une filière d’exportation, en contrebande, du cacao cultivé en zone rebelle à travers le Burkina Faso et le port de Lomé et le rôle d’Adama Bictogo dans ce commerce crapuleux. «Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, a toujours su combiner combat politico-militaire avec profits privés gigantesques. Le conseiller spécial du ministre de l’Agriculture ne vient-il pas d’entrer en possession, le 27 août 2005, d’un appartement de 3 millions de FF (300 millions de F CFA) à Courbevoie, en région parisienne, à l’adresse 1, square Henri Regnault ? En tout cas, son amour du risque profite à l’internationale de la guerre dont son maître à penser, Alassane Ouattara, et le «tuteur» Blaise Compaoré sont des actionnaires de référence : ses comptes à la banque d’affaires d’origine britannique HSBC en France ont été fermés en septembre 2002, étant jugés «préoccupants» et «indésirables», en raison d’un soupçon de trafic d’armes ou de blanchiment d’argent.
Quelques jours plus tôt, la guerre éclatait en Côte d’Ivoire… Quoi qu’il en soit, Adama Bictogo est un des «hommes d’affaires» du bloc rebelle, chargé de trouver des «bons filons» permettant de rémunérer de la meilleure manière le pillage systématique des zones acquises à la force de la kalach et désormais protégées de facto par l’armée française. Parmi ces zones, celles de Man, Danané, Vavoua, Bangolo, riches en cacao et en café. Comment exporter ces matières premières souvent extorquées sans aucune autre forme de procès aux paysans qui les exploitent ? La réponse est toute trouvée : transiter par le Burkina Faso, à partir du «port sec» de Fengolo, pour déboucher sur d’autres ports ouest-africains, notamment celui de Lomé. (…) Pour exporter de manière efficiente les «fèves de la guerre», Adama Bictogo écume les places financières européennes avec une carte de visite qui le présente comme le «conseiller spécial du ministre de l’Agriculture» ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, qui est en vérité son associé dans ses activités crapuleuses, lui fournissant une «couverture». Une sorte de brevet de respectabilité (…) . A priori, les officiels d’un pays servent les intérêts de ce pays, dans le respect de la loi de ce pays… Dans ses pérégrinations, Adama Bictogo entre en contact avec la SOEXIMEX. C’est une entreprise de vente de produits alimentaires et agroalimentaires, ainsi que de distribution de pièces de rechanges et de vente de véhicules automobiles (marque COGEFO). Depuis sa création, elle est détenue par un actionnaire unique, une holding se trouvant au Luxembourg (COFIDA), elle-même détenue par la famille Dagher-Hayek. La SOEXIMEX exerce principalement en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, où elle bénéficie d’un réseau de relations qui se sont solidifiées au fil des années. Mais le début du XXIè siècle est difficile pour le groupe dont les bureaux en France se trouvent au 31/33 rue Pleyel, à Saint-Denis. D’un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros en 2002 (un peu moins de 80 milliards de F CFA), la SOEXIMEX est passée à un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros en 2003 (un peu plus de 50 milliards de FCFA), soit une chute de près de 30%. Les causes de cette anémie ? La parité euro-dollar, qui affaiblit la compétitivité des exportateurs européens, mais également les exportateurs de pièces détachées asiatiques, qui raflent des parts de marché en raison de leurs bas prix.
La déstabilisation de la Côte d’Ivoire et la création d’un marché sauvage dans le Nord du pays, sans fiscalité, sans entraves, constituent une aubaine pour la firme européenne. La concurrence est faible, les majors soucieuses de leur image ne se bousculant pas. Les marges sont bien plus importantes. Les relations avec les maîtres des lieux (notamment Adama Bictogo, qui est le seul interlocuteur de la firme, et a montré qu’il sait se faire respecter et obtenir le cacao en maintenant les profits maximum pour ses partenaires outre Méditerranée) facilitent les choses. Les fèves transitent par le Burkina Faso, les rebelles et l’armée burkinabé se mettant au garde-à-vous à la vue des camions de Bictogo. SOEXIMEX n’intervient qu’à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, où elle paie directement Adama Bictogo, lequel remplit ipso facto son compte dans ce qui fut «le pays des hommes intègres». Les bénéfices de Bictogo sont tellement grands qu’il est en train d’implanter une usine de conditionnement de cacao à Bobo-Dioulasso pouvant traiter 500 tonnes par jour (ce qui montre bien que la «nébuleuse» compte poursuivre la guerre et la partition de la Côte d’Ivoire pendant longtemps), dont le responsable, français, est bien connu des milieux spécialisés en Côte d’Ivoire : Jean-Luc Desverchère. (…) Après l’escale de Bobo-Dioulasso, le cacao est acheminé jusqu’au port de Lomé, en quatre jours environ. Il ne reste plus qu’à SDV, l’armateur détenu par la multinationale française Bolloré, liée par contrat d’exclusivité à SOEXIMEX, à acheminer les «fèves de la guerre» sur les marchés européens. Les jolies petites têtes blondes qui mangeront du chocolat à Noël auront-ils un souvenir pour les enfants soldats et déplacés de guerre qui sont la contrepartie de ce commerce de la honte ? Le business est aussi immoral que juteux. Il permet à SOEXIMEX de voir son chiffre d’affaires remonter à 116 millions d’euros, à peu près la performance de 2002, l’activité illégale en Côte d’Ivoire dopant littéralement les résultats. L’appétit vient en mangeant, d’autant plus que les promesses d’Adama Bictogo se font de plus en plus mirobolantes. En 2005, SOEXIMEX veut exporter 80 000 tonnes de cacao (14 000 tonnes ont déjà été sorties durant les premiers mois de l’année)», écrivions-nous.

Côte d’Ivoire Fruit : une entreprise basée… au Burkina Faso !

A ce stade de notre enquête, nous savions que la SOEXIMEX avait contacté une de ses banques traditionnelles, le Crédit lyonnais, pour le financement de la traite de cacao. Nous savions aussi que des fortes sommes, tournant autour de 50 milliards de FCFA, étaient mobilisées en France dans un but d’acheminement vers le compte de l’entreprise d’Adama Bictogo à Ecobank Burkina Faso. Dans le maquis complexe des montages financiers douteux, nous pensions que cette somme provenait uniquement de cet établissement financier français.
Nous en savons désormais plus tant sur les montages financiers permettant de faire «tourner» l’activité illégale d’Adama Bictogo que sur l’entreprise du «conseiller spécial» du ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly.
Nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que la banque d’affaires française Natexis Banques Populaires a financé, dans un premier temps, l’activité de SOEXIMEX et de Bictogo pour un montant d’au moins 10 millions d’euros (environ 6,5 milliards de F CFA). Nous pouvons aussi dire que SOEXIMEX – société de négoce fondée en 1963 dont le président du directoire s’appelle Joseph Dagher et le DG du secteur négoce Lucien Dagher – travaille principalement, pour toutes les affaires de négoce, avec la Société générale et Calyon (filiale du Crédit agricole, qui vient d’avaler le Crédit lyonnais, banque historique des Dagher).
Au sujet de l’activité d’Adama Bictogo, les choses sont aussi plus claires – et plus accablantes. En effet, il a une société enregistrée au Burkina Faso, qui s’appelle… Côte d’Ivoire Fruit. Cette entreprise s’occupe de la collecte du cacao en zone rebelle, de l’acheminement à Bobo-Dioulasso (au Burkina Faso) où se trouve une usine de conditionnement, puis du transport jusqu’au port de Lomé. Il faut noter qu’Adama Bictogo, en parfait opportuniste, a créé ANEMA, une société d’import-export à Abidjan (qu’il contrôle à 51%, le reste étant entre les mains de SOEXIMEX).

Un trafic garanti par une entreprise d’Etat en France !

Si Adama Bictogo est le président directeur général de Côte d’Ivoire Fruit, Jean-Luc Desverchère, un Français bien connu dans le milieu du négoce est directeur général adjoint. La société a «positionné» deux responsables des achats à Man et à Vavoua (Martial N’Cho et Luc Erhard Kouassi). Le responsable du convoyage des fonds et produits est Souleymane Bictogo quand le responsable de l’usine de Bobo Dioulasso se nomme Souley Ouédraogo. Par ailleurs, il est bon de savoir que pour camoufler le caractère contrebandier de leurs exportations, les promoteurs de Côte d’Ivoire Fruit et de SOEXIMEX ont attribué à leur marchandise une origine inconnue jusqu’à nos jours – il s’agit d’un cacao «West Africa», là où il est de coutume d’indiquer les pays de provenance des «commodities» (matières premières).
Une fois de plus, le scandale du «cacao de la guerre» montre à quel point la France est impliquée et se réjouit de la crise en Côte d’Ivoire. Si on peut arguer que les banques qui ont financé cette activité illégale sont privées, on est forcément ahuri de voir que la police d’assurance «risques politiques» est prise en charge par la Caisse centrale de Réassurance (CCR), entreprise détenue par l’Etat français, qui «se distingue de ses concurrents en proposant, avec la garantie de l’Etat, des couvertures illimitées pour des branches spécifiques telles que les catastrophes naturelles en France et les risques de guerre (60 % de son chiffre d’affaires)», selon son site Internet. Si ce n’est pas une manière d’encourager le commerce de contrebande et la fraude fiscale en contrebande, cela y ressemble fort. «Il est un fait constant et indéniable que la prospérité qu’avait connue la Côte d’Ivoire a pu aussi bénéficier à tous les autres pays de la sous-région. De même, depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, des biens tels que des voitures, des marchandises et d’autres produits fabriqués dans ce pays circulent dans les pays voisins. C’est le cas du café et même du cacao dont certains pays limitrophes tels que le Burkina Faso seraient devenus exportateurs (…) Les pays limitrophes qui, soit ne découragent pas, soit s’abstiennent de sanctionner tous ceux qui participent au commerce illicite des biens souvent volés ou acquis en violation des lois et règlements, devraient être considérés comme des complices. (…) La Commission estime que tous les pays ainsi que toutes les personnes qui participent aux actes de pillages ou de recels de produits ivoiriens, devraient porter une part de responsabilité car il y a là une activité illicite et criminelle qui devrait être découragée», écrivaient en octobre 2004 les rapports de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Côte d’Ivoire. En garantissant ce type de business, la France officielle se fait complice d’une activité considérée comme «illicite et criminelle» par l’ONU. Qui va punir la France ?
Tels sont les faits, qui ne demandent qu’à être présentés publiquement à l’occasion du procès qu’Adama Bictogo promet à Mamadou Koulibaly.»

 

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«Un énorme trafic de cacao éclabousse le RDR, le Burkina et une grande banque française – Enquête»

Le Courrier d’Abidjan - mercredi 5 octobre 2005 — http://news.abidjan.net/article/?n=151886 :

«Comment les bras droits d’Alassane Ouattara, en complicité avec une firme européenne véreuse et un important établissement financier français – le Crédit Lyonnais – exportent frauduleusement le cacao ivoirien en passant par le Burkina Faso et le Togo. Où l’on se rend compte que les profits générés par la déstabilisation de la Côte d’Ivoire s’évaluent à plusieurs milliards de F CFA. Au cœur d’un scandale qui ne saurait rester sans suite.

Amadou Gon Coulibaly, Adama Bictogo, Koné Zakaria : un point commun caractérise ces trois membres assez connus du bloc rebelle. Ces dernières semaines, ils se font remarquer par un activisme et une pyromanie qui ne semble pas avoir de fin. Amadou Gon Coulibaly, ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement de réconciliation nationale, clamait ainsi il y a dix jours aux transporteurs pro-Ouattara que «le 1er novembre, nous serons au Palais quand les refondateurs seront dans la rue». Quant à Adama Bictogo, il demandait à ses supporters à N’Douci de «descendre dans la rue le 31 octobre pour chasser Gbagbo.» Pendant ce temps, Koné Zakaria, sur «ses» terres de Vavoua, harcèle la population civile et menace les dignitaires religieux musulmans qui osent lui tenir tête, fait couper l’eau et l’électricité dans la ville pour punir les populations de leur tiédeur.
Outrances et violence habituelles de la coalition rebelle ? Pas seulement. Ces trois individus agissent, si l’on peut dire, en symbiose. Ils sont les artisans ivoiriens d’un énorme trafic international de cacao de contrebande, de «fèves de la guerre». L’instabilité et l’augmentation du risque Côte d’Ivoire étant une de leurs techniques pour «squeezer» le marché, faire paniquer la Bourse de New York et de Londres et augmenter les profits de la nébuleuse internationale dans laquelle ils s’insèrent, ils jouent leur rôle. Ils créent une ambiance…
En effet, nos sources au sein de la finance internationale, se fondant elles-mêmes sur des documents très précis et qui sont déjà connus des milieux politiques et diplomatiques africains, nous ont permis de remonter la filière d’une vaste opération de criminalité financière internationale, où sont impliqués des dignitaires du RDR (le parti d’Alassane Ouattara), le Burkina Faso de Blaise Compaoré, une firme de négoce basée au Luxembourg… et un grand établissement financier français !

50 milliards des caisses du Crédit lyonnais au compte d’Adama Bictogo

Les membres de cet attelage improbable sont impliqués dans un «business de la guerre» qui a permis, il y a quelques jours, le transfert, sur le compte d’Adama Bictogo à Ecobank Burkina Faso, d’une somme de 80 millions d’euros (c’est-à-dire 50 milliards de F CFA) sortie tout droit des caisses du Crédit Lyonnais de Saint-Denis, dans la région parisienne. Un pactole qui pourrait bien financer des armes supplémentaires pour la rébellion et la reprise de la guerre, étant donné que c’est le sang et les larmes des peuples d’Afrique qui a toujours nourri ce genre de trafics très juteux.
L’association Adama Bictogo – SOEXIMEX – Crédit lyonnais se fonde sur les intérêts bien compris des trois parties et des intérêts plus larges que chacune d’elles représente. Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, a toujours su combiner combat politico-militaire avec profits privés gigantesques. Le conseiller spécial du ministre de l’Agriculture ne vient-il pas d’entrer en possession, le 27 août 2005, d’un appartement de 3 millions de F à Courbevoie, en région parisienne, à l’adresse 1, square Henri Regnault ? En tout cas, son amour du risque profite à l’internationale de la guerre dont son maître à penser, Alassane Ouattara, et le «tuteur» Blaise Compaoré sont des actionnaires de référence : ses comptes à la banque d’affaires d’origine britannique HSBC en France ont été fermés en septembre 2002, étant jugés «préoccupants» et «indésirables», en raison d’un soupçon de trafic d’armes ou de blanchiment d’argent. Quelques jours plus tôt, la guerre éclatait en Côte d’Ivoire… Quoi qu’il en soit, Adama Bictogo est un des «hommes d’affaires» du bloc rebelle, chargé de trouver des «bons filons» permettant de rémunérer de la meilleure manière le pillage systématique des zones acquises à la force de la kalach et désormais protégées de facto par l’armée française. Parmi ces zones, celles de Man, Danané, Vavoua, Bangolo, riches en cacao et en café. Comment exporter ces matières premières souvent extorquées sans aucune autre forme de procès aux paysans qui les exploitent ? La réponse est toute trouvée : transiter par le Burkina Faso, à partir du «port sec» de Fengolo, pour déboucher sur d’autres ports ouest-africains, notamment celui de Lomé. Ce trafic a été vivement critiqué par le pré-rapport de l’ONU (jamais publié officiellement par les services de Kofi Annan), et dont a fait état le président ivoirien Laurent Gbagbo dans son dernier discours à la Nation. Le rapport disait : «Il est un fait constant et indéniable que la prospérité qu’avait connue la Côte d’Ivoire a pu aussi bénéficier à tous les autres pays de la sous-région. De même, depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, des biens tels que des voitures, des marchandises et d’autres produits fabriqués dans ce pays circulent dans les pays voisins. C’est le cas du café et même du cacao dont certains pays limitrophes tels que le Burkina Faso seraient devenus exportateurs (…) Les pays limitrophes qui, soit ne découragent pas, soit s’abstiennent de sanctionner tous ceux qui participent au commerce illicite des biens souvent volés ou acquis en violation des lois et règlements, devraient être considérés comme des complices. (…) La Commission estime que tous les pays ainsi que toutes les personnes qui participent aux actes de pillages ou de recels de produits ivoiriens, devraient porter une part de responsabilité car il y a là une activité illicite et criminelle qui devrait être découragée.»
Pour exporter de manière efficiente les «fèves de la guerre», Adama Bictogo écume les places financières européennes avec une carte de visite qui le présente comme le «conseiller spécial du ministre de l’Agriculture» ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, qui est en vérité son associé dans ses activités crapuleuses, lui fournissant une «couverture». Une sorte de brevet de respectabilité, car la race des serviteurs de l’Etat organisant le pillage sans vergogne de son économie n’est pas très répandue dans le monde. A priori, les officiels d’un pays servent les intérêts de ce pays, dans le respect de la loi de ce pays…

Une usine de traitement de cacao à… Bobo-Dioulasso

Dans ses pérégrinations, Adama Bictogo entre en contact avec la SOEXIMEX. C’est une entreprise de vente de produits alimentaires et agroalimentaires, ainsi que de distribution de pièces de rechanges et de vente de véhicules automobiles (marque COGEFO). Depuis sa création, elle est détenue par un actionnaire unique, une holding se trouvant au Luxembourg (COFIDA), elle-même détenue par la famille Dagher-Hayek. La SOEXIMEX exerce principalement en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, où elle bénéficie d’un réseau de relations qui se sont solidifiées au fil des années. Mais le début du XXIè siècle est difficile pour le groupe dont les bureaux en France se trouvent au 31/33 rue Pleyel, à Saint-Denis. D’un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros en 2002 (un peu moins de 80 milliards de F CFA), la SOEXIMEX est passée à un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros en 2003 (un peu plus de 50 milliards de FCFA), soit une chute de près de 30%. Les causes de cette anémie ? La parité euro-dollar, qui affaiblit la compétitivité des exportateurs européens, mais également les exportateurs de pièces détachées asiatiques, qui raflent des parts de marché en raison de leurs bas prix.
La déstabilisation de la Côte d’Ivoire et la création d’un marché sauvage dans le Nord du pays, sans fiscalité, sans entraves, constituent une aubaine pour la firme européenne. La concurrence est faible, les majors soucieuses de leur image ne se bousculant pas. Les marges sont bien plus importantes. Les relations avec les maîtres des lieux (notamment Adama Bictogo, qui est le seul interlocuteur de la firme, et a montré qu’il sait se faire respecter et obtenir le cacao en maintenant les profits maximum pour ses partenaires outre Méditerranée) facilitent les choses. Les fèves transitent par le Burkina Faso, les rebelles et l’armée burkinabé se mettant au garde-à-vous à la vue des camions de Bictogo. SOEXIMEX n’intervient qu’à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, où elle paie directement Adama Bictogo, lequel remplit ipso facto son compte dans ce qui fut «le pays des hommes intègres». Les bénéfices de Bictogo sont tellement grands qu’il est en train d’implanter une usine de conditionnement de cacao à Bobo-Dioulasso pouvant traiter 500 tonnes par jour (ce qui montre bien que la «nébuleuse» compte poursuivre la guerre et la partition de la Côte d’Ivoire pendant longtemps), dont le responsable, français, est bien connu des milieux spécialisés en Côte d’Ivoire : Jean-Luc Desverchère.

2000 rotations de camions de 33 tonnes

Après l’escale de Bobo-Dioulasso, le cacao est acheminé jusqu’au port de Lomé, en quatre jours environ. Il ne reste plus qu’à SDV, l’armateur détenu par la multinationale française Bolloré, liée par contrat d’exclusivité à SOEXIMEX, à acheminer les «fèves de la guerre» sur les marchés européens. Les jolies petites têtes blondes qui mangeront du chocolat à Noël auront-ils un souvenir pour les enfants soldats et déplacés de guerre qui sont la contrepartie de ce commerce de la honte ?
Le business est aussi immoral que juteux. Il permet à SOEXIMEX de voir son chiffre d’affaires remonter à 116 millions d’euros, à peu près la performance de 2002, l’activité illégale en Côte d’Ivoire dopant littéralement les résultats.
L’appétit vient en mangeant, d’autant plus que les promesses d’Adama Bictogo se font de plus en plus mirobolantes. En 2005, SOEXIMEX veut exporter 80 000 tonnes de cacao (14 000 tonnes ont déjà été sorties durant les premiers mois de l’année). La grande traite arrive à grands pas. L’entreprise contacte donc sa banque, le Crédit Lyonnais de Saint-Denis. Qui décaisse, la semaine dernière, 80 millions d’euros (50 milliards de F CFA environ), sur le compte du bras droit d’Alassane Ouattara à Ecobank, au Burkina Faso.
A la veille du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Addis-Abeba, les preuves de ce trafic de la honte sont sur la place publique internationale. Elles acculent un peu plus le RDR, qui montre sa part liée indiscutable avec une rébellion meurtrière qui refuse à l’Afrique de l’Ouest la paix dont elle a droit. Elles mettent encore plus en difficulté le Burkina Faso et Blaise Compaoré, qui ne pourra pas les rejeter du revers de la main – et qui devra expliquer comment 2000 rotations de camions de 33 tonnes entre la zone rebelle et son pays n’ont pas pu attirer la curiosité de ses services… Elles créeront à n’en point douter un séisme au Crédit Lyonnais, banque qui a longtemps alimenté la rubrique des scandales politiques en France, qui a été rachetée par le Crédit agricole et a investi des sommes mirobolantes dans une campagne de publicité où elle affichait son nouveau logotype… et sa nouvelle virginité. Le Crédit Lyonnais, obsédé par ses commissions, ne savait donc pas à qui il donnait de l’argent ? L’établissement financier n’a-t-il pas indirectement financé les achats d’armes de la rébellion, en lui fournissant du cash ?
En s’impliquant dans cette transaction sulfureuse, le Crédit Lyonnais ne met-il pas en danger les intérêts et la réputation de sa filiale ivoirienne, la SIB ? La France, en tant qu’Etat, déjà sur la sellette, acceptera-t-elle d’ouvrir une information judiciaire sur cette affaire, dès que la justice ivoirienne s’en saisira ? Cette histoire sans morale donne en tout cas de l’épaisseur à l’accusation de Thabo Mbeki accusant «certaines forces qui ont intérêt à perpétuer la déstabilisation de la région». C’est que la guerre en Côte d’Ivoire alimente des comptes en banque à Paris et à Ouagadougou. Entre autres…
Théophile Kouamouo »



jeudi, 24 août 2006

Au MEDDA : merci pour ce message



Mes remerciements à Christian Bailly-Grandvaux, du MEDDA, pour le signalement de mon blog http://delugio.zeblog.com/, et pour l’action du MEDDA dans ce combat qui n’est pas facile à faire comprendre. Je me souviens ainsi que la publication de cet article : http://medda.over-blog.com/article-155480.html sur mon blog http://blogs.nouvelobs.com/Delugio/ avait été refusée en son temps par la censure de blogs.nouvelobs.com…
Tous mes encouragements au

MEDDA Mouvement Européen de Défense de la Démocratie en Afrique
Pour une redéfinition des relations Europe-Afrique
http://medda.over-blog.com/ :


«
Mardi 22 Août 2006
Un BLOG a voir absolument

Chèr(e)s ami(e)s,

Le combat de l'Afrique contre l'impérialisme n'est pas terminé, loin de là. Malheureusement, les Français ne se sentent pas concernés par les situations qu'engendrent le néo-colonialisme et les réseaux politico-maffieux (principalement ceux de la droite française) en terre africaine.

Pourtant, on nous parle d'immigration à longueur de journée et de ces soi disant méfaits. Si les africains et autres populations sur-exploités se sentaient bien chez eux, dans une véritable démocratie qui vit avec l'exploitation rationnelle et juste des ressources de son pays, je peux croire qu'il n'y aurait aucune immigration clandestine des ces peuples vers les pays occidentaux. Voit-on des américains des USA immigrés clandestinement en Europe?
L'Afrique détient les plus grandes richesses du monde actuellement et reste pourtant le continent le plus pauvre. Cet anachronisme devrait nous faire réfléchir sur ce que deviennent ces richesses et à qui elles profitent.

Pour cela, les français doivent s'interesser de près aux causes de ce déséquilibre, et avec l'aide de l'internet aujourd'hui, ils ne devraient pas avoir de peine à trouver les réponses, car ces dernières ne se trouvent pas dans les médias de grande diffusion mais sont facilement accessible sur le Net.

Dans cet objectif, je vous livre ci dessous, l'adresse d'un blog sérieux et riche d'analyses pertinentes. N'hésitez pas à propager cette adresse autour de vous, d'inciter vos proches, amis, collègues à y aller faire un tour ainsi que sur le blog du MEDDA bien sur.

http://delugio.zeblog.com/

Votre dévoué
Christian Bailly-Grandvaux»





lundi, 21 août 2006

Ça ressemble à une fable de La Fontaine



… Et ça se passe dans le silence des médias français — qui répercutent de la façon que l’on sait le moindre semblant de gêne qu’oppose la rébellion ivoirienne au pouvoir élu de son pays…


«Pendant qu’il parle "paix négociée" en Côte d’Ivoire : Wade veut désarmer ses rebelles par la force»

Le Courrier d’Abidjan Parution N° 793 du Samedi 19 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm

par
Anassé Anassé :

«
Or donc il n’y a pas mille façons de faire entendre raison à un rebelle. Le président sénégalais vient de l’apprendre à ses dépens. En effet, depuis trois jours, Me Abdoulaye Wade a décidé de reconquérir la Casamance, riche territoire situé au Sud du Sénégal, par la voie des armes. Le «Pape du Sopi» a engagé – par surprise – les hostilités contre les rebelles du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC), le mouvement indépendantiste armé qui occupe la région depuis 1982.
L’armée sénégalaise, dirigée par son tout nouveau chef d’Etat-major, le Général de Division Abdoulaye Fall – celui-là même qui a servi en Côte d’Ivoire à la tête de la MICECI puis de l’ONUCI et qui a aidé, avec la force française Licorne, à la consolidation des positions des rebelles dans le Centre, le Nord et l’Ouest du pays -, a décidé de mettre fin à une rébellion qui dure maintenant depuis près de vingt-cinq ans. Pour ce faire, elle a lancé depuis trois jours, une offensive tous azimuts (airs et terre) contre les positions rebelles du MFDC, dans le Nord de la Casamance. Les combats font en ce moment rage entre l’armée sénégalaise et le mouvement indépendantiste armé dirigé par l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor. En dépit d’un énième «accord général de paix» (cessez-le-feu) signé le 30 décembre 2004 entre le gouvernement sénégalais et la direction du MFDC, et devant mettre fin à une rébellion indépendantiste armée qui a fait des centaines de morts depuis son déclenchement, en 1982. Des négociations de paix, prévues par cet accord, ont été reportées à deux reprises, fin 2005 et début 2006.
C’est donc en parfaite violation du cessez-le-feu que le président Abdoulaye Wade, chef suprême des armées du Sénégal, a commencé à pilonner depuis jeudi, les positions de sa rébellion casamançaise. Des combats qui vont certainement encore faire de nombreux morts et déplacés dans les rangs de la population civile, mais le président Wade n’en a cure. Car il veut coûte que coûte recouvrer l’intégralité de son territoire. Toute chose que n’a pu faire son prédécesseur Abdou Diouf, actuel Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Pourtant, en novembre 2004, quand le président ivoirien Laurent Gbagbo avait donné l’ordre aux Forces de défense et de sécurité ivoiriennes de reconquérir de force le reste du territoire ivoirien, illégalement occupé par les bandes armées de Soro Guillaume, le président sénégalais s’était retrouvé en première ligne des chefs d’Etat qui ont condamné «avec la dernière énergie», la violation du cessez-le-feu en Côte d’Ivoire. Et dans une réunion informelle de la CEDEAO - improvisée et sponsorisée par la France – à Abuja, au Nigeria, Abdoulaye Wade était de ceux qui ont réclamé avec urgence – et obtenu – l’embargo sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’histoire rattrape le président sénégalais. Celui qui a le plus torpillé le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire et qui a néanmoins reçu, en mai 2006, le prix Houphouët-Boigny (2005) pour la Recherche de la Paix – Houphouët «yako !» -, engage la guerre contre ses rebelles pour restaurer la paix au Sénégal.
En optant pour la solution militaire pour mettre fin à une rébellion quasi-trentenaire dans son pays, le président Abdoulaye Wade montre la voie à son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. Que la paix négociée est une utopie, et que toute rébellion se mate. Wade mérite vraiment son sobriquet du «Pape du changement»
»




vendredi, 18 août 2006

Laurent Gbagbo — “La crise ivoirienne, le Cameroun et moi”



Le Messager
(Douala – Cameroun) — 18 août 2006 — http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=110&a...


Questions, et réponses, sur l’actualité brûlante (audiences foraines, après-octobre, etc…), mais aussi, plus largement, les différentes polémiques qui ont émaillé les quatre années de guerre en Côte d’Ivoire (ivoirité, xénophobie, escadrons de la mort, etc…).


medium_messager_gbagbo.JPG«Dans un entretien accordé la semaine dernière à Melvin Akam et diffusé hier jeudi sur les antennes de la télévision camerounaise “Canal 2 International’’, le président ivoirien revient avec simplicité et franc-parler, sur les péripéties de la crise ivoirienne, dont il dit que son pays va bientôt sortir. Il accepte également de parler de sa vie d’ancien opposant, devenu chef d’un des Etats les plus importants d’Afrique. Où l’on découvre un président qui reste un homme, pour ne pas devenir un zombie présidentiel, et trouve du temps pour regarder les matches de tennis féminin ou du Fc Barcelone de Samuel Eto’o qu’il dit aimer. Un homme aussi qui est reconnaissant au Cameroun de l’avoir fait connaître, aux Camerounais de l’avoir aidé du temps de son exil et de continuer à le soutenir. Lisez plutôt.

Merci monsieur le président de la République de Côte d’Ivoire de nous accorder cet entretien. Comment vous portez-vous quelques jours après avoir échappé à un incendie au palais présidentiel libérien à Monrovia ?
Je me porte plutôt bien. Ce n’est pas l’incendie de Monrovia qui m’a empêché d’attraper une grippe comme d’habitude. J’ai un peu perdu la voix, mais ça va mieux.

La presse ivoirienne parle de cet incendie comme d’un acte prémédité, un acte criminel en quelque sorte. Que s’est-il passé à Monrovia ?
Tant que les enquêteurs libériens ne nous ont pas donné les résultats de leurs investigations, chacun est libre de faire des supputations. Mais en ce qui nous concerne, la thèse de l’acte prémédité, je l’ai entendue de la bouche de madame Ellen Johnson, le chef d’Etat du Libéria. Nous étions trois chefs d’Etat pris dans cet incendie : John Kuffor du Ghana, Ellen Johnson du Libéria et moi-même. J’ai demandé à madame Johnson s’il s’agissait d’un court-circuit. Elle m’a répondu non, et que le gouvernement libérien avait des informations suivant lesquelles, le 26 juillet, des gens allaient tenter de faire quelque chose contre son gouvernement. Ce n’était pas une surprise pour elle. Alors je lui ai demandé s’il s’agissait des gens de l’opposition. Elle m’a répondu non ; elle pensait plutôt que c’était les gens de l’ancien président Charles Taylor. Donc vous voyez que c’est de la bouche même de madame le chef de l’Etat du Libéria. Elle m’a dit qu’elle avait ordonné des enquêtes. S’il y a autre chose, que ces enquêtes nous livrent, à ce moment-là, on croira autre chose. Mais pour le moment, en tout cas en ce qui me concerne, c’est la seule source que j’ai dans la tête parce que c’est ce qu’elle m’a dit.

Monsieur le président, parlons de la Côte d’Ivoire. Votre pays vient de célébrer les 46 ans de son indépendance. C’est un pays divisé depuis quatre ans et qui s’installe dans une situation de ni paix, ni guerre ; en tout cas c’est l’impression qu’on a de l’extérieur. Où en êtes-vous avec le processus de sortie de crise et de normalisation ?
On va sortir de la crise. Vous savez, dans l’histoire du monde, on a eu beaucoup de crises comme celle-là. Des crises plus ou moins longues. La guerre de 1914-1918 était une crise à l’échelle du monde. Elle a duré quatre ans. La guerre 1939-1945 est une crise à l’échelle du monde. Elle a duré cinq à six ans à peu près. Il y a eu d’autres crises. Je peux citer la guerre des cent ans. Je crois que cette crise que nous traversons nous ennuie, nous embête et nous enferme. Mais c’est une crise. Et on ne peut pas passer une vie humaine sans traverser de crise. Une nation ne peut pas naître et grandir sans traverser de crise. C’est cela la nature. Je crois qu’il nous faut assez de courage et de panache pour en sortir. Le temps que ça prendra, je ne pense pas que cela puisse prendre très longtemps, on en sortira et on sera plus fort.

Quels sont les signes qui vous font croire que vous allez en sortir bientôt ?
Parce que d’abord les héros sont fatigués. Les combattants sont fatigués de se battre. Cela, c’est le premier signe. Et c’est un signe qui ne trompe jamais. Quand ceux qui se battent sont fatigués de se battre, la bataille s’arrête, faute de combattants. Ensuite, il y a que tout le monde juge aujourd’hui que cette guerre est inutile. Donc, il y a des signes comme le pré - regroupement des combattants, des signes comme le dialogue militaire, la paix entre les jeunes qui ont pacifié la rue. Des signes comme ceux-là, montrent que les héros sont fatigués et que nous ne sommes plus loin de la sortie de crise.

Les signes sont là mais on vous accuse toujours de bloquer le processus de sortie de crise. Certains disent que vous avez l’habitude de remettre en cause les accords qui sont déjà conclus. D’autres vous qualifient même de boulanger qui roule tout le monde dans la farine y compris vos pairs africains…
Certains ont une image plus gentille et me qualifient de pâtissier. Je crois quand même que c’est un peu plus gentil que boulanger (Rires). Les gâteaux c’est plus agréable que du pain surtout quand le pain est fruste.

Donc cela ne vous agace pas…
Non. Je pense que tout homme politique a toujours des surnoms qu’on lui donne. Si cela l’agace, il ne fait pas la politique. Quand on fait la politique, on reçoit des surnoms de partout. Moi si je vous cite aujourd’hui les surnoms que certains chefs d’Etat ont, je pense que certains parmi eux vont vraiment se fâcher. Mais moi je ne me fâche pas parce que je pense que c’est la règle du jeu.
Ce qui se passe en Côte d’Ivoire, c’est un coup d’Etat qui a eu lieu et qui a échoué. Ce coup d’Etat n’a pas atteint son objectif, c’est-à-dire renverser un régime. Le coup d’Etat s’est mué en guerre civile, puis en occupation d’un espace territorial assez important. Donc, quand je ramène tout le monde à la loi, des gens font comme si les ramener à la loi, c’est leur nuire. Mais ils ont échoué ; donc, les lois existent. Quand on fait un coup d’Etat, c’est pour mettre à bas les lois. C’est pourquoi celui qui fait un coup d’Etat est hors-la-loi. Mais celui qui n’a pas fait de coup d’Etat trouve son intérêt à appliquer et respecter les lois et de dire que les lois vivent et qu’elles vivront. Par conséquent, il y a toujours, entre les deux parties de la discussion, deux manières différentes de voir les choses : moi je vois le pays à travers les lois, eux ils le voient à travers le coup qu’ils ont fait. Je ne peux l’accepter car je ne suis pas un putschiste.


“J’ai signé plus de décrets de naturalisation que mes prédécesseurs, les présidents Gueï et Bédié.”

Je voudrais vous prendre un cas : l’identification de la population qui semble être un préalable aux élections. Vous avez appelé les Ivoiriens à se rendre massivement aux audiences foraines pour se faire identifier je crois. Parallèlement, certains de vos partisans organisent le boycott actif des mêmes audiences foraines. Est-ce que ces audiences gênent le camp présidentiel ?
Vous pouvez le demander à ceux qui ont appelé au boycott des audiences foraines. Chacun est responsable de ce qu’il fait. Moi je ne suis pas chef d’un parti, je suis chef de l’Etat. J’ai appelé à aller aux audiences foraines. Mais les audiences foraines, ça ne veut pas dire la foire. Les audiences foraines, c’est une audience à laquelle on va et on demande un jugement supplétif d’acte de naissance ou un jugement d’acte de décès. C’est tout. On ne délivre pas d’acte de nationalité à une audience foraine. Quiconque le fait, contrevient à la loi. Je crois que ceux dont vous parlez comme mes partisans, quand ils se sont révoltés et qu’ils ont appelé à boycotter les audiences foraines, ils n’ont pas appelé à boycotter les audiences foraines en elles-mêmes. Ils ont appelé à boycotter les audiences foraines qui délivrent frauduleusement des certificats de nationalité parce que ce n’est pas le rôle des audiences foraines de délivrer des certificats de nationalité. C’est au président du tribunal qui seul a compétence pour délivrer des certificats de nationalité qu’il appartient de le faire. D’ailleurs, il ne s’agit pas seulement du camp présidentiel. Le Premier ministre Charles Konan Banny a fait rédiger par son cabinet un guide pratique des audiences foraines où c’est dit clairement qu’on n’y délivre pas des certificats de nationalité. Donc ce n’est pas une affaire de camp présidentiel, c’est une question de droit.

La question de la nationalité étant manifestement au centre de la crise ivoirienne, pour vous, qu’est-ce que c’est qu’être Ivoirien ?
Etre Ivoirien c’est avoir la nationalité ivoirienne, c’est tout. C’est simple.

Vous êtes à la tête d’un pays dont un quart de la population est d’origine étrangère…
Non ! Donc un quart de la population est étrangère. Parce que les Ivoiriens qui sont d’origine étrangère sont plus nombreux.

Parmi ces étrangers, il y en a qui sont de la deuxième génération. Ils sont nés en Côte d’Ivoire et n’entendent pas en partir. Comment faut-il les intégrer ?
Que dit le droit ?
En Côte-d’Ivoire, prévaut le droit du sang et non le droit du sol. Et donc, si vous êtes né en Côte d’Ivoire et que vous êtes de père et de mère étrangers, vous n’êtes pas Ivoirien. Si vous êtes étranger et que vous voulez devenir Ivoirien, alors vous en faites la demande. Je rappelais les chiffres il n’y a pas longtemps : depuis bientôt six ans que je suis là, j’ai signé plus de décrets de naturalisation que mes prédécesseurs, les présidents Gueï et Bédié. Je signe en moyenne 163 décrets de naturalisation par an. Pour vous donner une idée, sachez que le président Houphouët-Boigny en a signé en moyenne 168 par an. Donc nous sommes très proches du point de vue de la quantité. D’ailleurs, lorsque vous êtes connu, le président de la République signe rapidement le décret de naturalisation et vous évite de passer par toutes les formalités au ministère de la Justice, au ministère de l’Intérieur. C’est simple. Mais on ne peut pas dire que comme je suis en Côte d’Ivoire depuis longtemps, je vais faire des faux papiers pour me faire passer pour un Ivoirien. C’est de la délinquance. Et cette délinquance-là est passible de jugement, il faut le rappeler à chaque instant. Devenir Ivoirien, ce n’est pas compliqué. Si vous allez entre Yamoussoukro et Daloa, vous trouverez des villages qui ont des noms burkinabés : Koudougou, Garango, Kopela, c’est des villages où des gens d’origine burkinabé se sont installés. Ils ont tous demandé la nationalité ivoirienne, ils l’ont acquise, ils sont aujourd’hui tous des Ivoiriens. Ils font tout comme des Ivoiriens : ils votent, ils sont candidats. Je viens même d’ériger la commune de Koudougou comme commune de plein exercice. Vous voyez donc que nous on n’a pas ce problème existentiel. Seulement, il faut suivre la loi. Celui qui ne suit pas la loi et qui veut frauder ou tricher, on le poursuit.

Parlons du désarmement, un autre problème qui est au cœur de la crise ivoirienne. Avez-vous les moyens aujourd’hui d’obtenir de la rébellion qu’elle dépose les armes ?
Moi j’ai les moyens. C’est la communauté internationale qui m’empêche d’utiliser les moyens que j’ai. J’ai acquis des moyens. Quand je suis arrivé au pouvoir, j’ai trouvé un pays dont l’armée n’était pas armée. Il n’y avait pas d’armes. C’est ce qui a d’ailleurs permis à ceux qui ont fait ce coup d’Etat manqué devenu guerre civile, de faire les coups de force. On n’avait pas d’armes. Maintenant, on s’est équipé. Avec la crise de novembre 2004, les Français ont détruit seulement des avions. Mais l’armement d’une armée n’est pas constitué seulement que d’avions. Aujourd’hui, nous sommes capables de les désarmer de force. Mais, on est rentré dans un système où il y a beaucoup d’accords, beaucoup de négociations qui ont eu lieu, nous appliquons donc la constitution, les lois, les textes négociés et les résolutions.


“On n’a pas à prendre les armes pour se plaindre. La communauté internationale n’a pas à donner l’impression d’encourager ceux qui prennent les armes parce qu’il y a des problèmes. Elle a à encourager les gens à discuter, à respecter les règles de l’égalité.”

Justement, comment jugez-vous le traitement du dossier du désarmement par la communauté internationale ?
Mal ! Je pense que le dossier du désarmement est mal traité. Beaucoup de gens racontent n’importe quoi et ne prennent pas le taureau par les cornes. C’est le reproche que je peux faire à la communauté internationale. Elle met tout à la charge du chef de l’Etat et tout au crédit des rebelles. Elle fait comme si la rébellion était une nation prospère, tranquille, légitime et légale qu’un méchant loup appelé Gbagbo est venu brusquement attaquer, avec ses hommes et qu’il dérange. Je dérange donc la rébellion. Or la rébellion est en tort. Par essence, la rébellion a tort du fait qu’elle est une rébellion. Tant qu’on ne l’affirme pas, et tant qu’on n’agit pas en conséquence, on se trompe. Voilà la première erreur de la communauté internationale.
La deuxième est une erreur d’analyse. On fait comme si ce coup d’Etat est dû au fait qu’une partie de la population est marginalisée, malmenée. On n’a pas hésité à parler de Musulmans qui sont malmenés en Cote d’Ivoire, méprisés…mais c’est faux. Parce que l’histoire de la Côte d’Ivoire est connue à travers toutes les régions. Il y a eu la crise du Sangwi où les Agnis ont été indexés un moment ; il y a eu la crise du Kebié où les Bétés étaient accusés un moment, aujourd’hui il y a la crise du Nord. Seulement, hier, lorsque nous, nous étions victimes, nous n’avons pas pris les armes pour autant. On n’a pas à prendre les armes pour se plaindre. La communauté internationale n’a pas à donner l’impression d’encourager ceux qui prennent les armes parce qu’il y a des problèmes. Elle a à encourager les gens à discuter, à respecter les règles de l’égalité.
Il s’agit en fait d’un groupe d’individus qui ont pris les armes pour faire un coup d’Etat, pour amener une équipe nouvelle au pouvoir. Je ne suis pas le seul contre qui ils ont pris les armes. Ils ont d’abord pris les armes contre Bédié en décembre 1999. Ce coup d’Etat n’a réussi qu’à moitié : il a réussi à renverser le régime de Bédié, mais il n’a pas réussi à installer au pouvoir les gens que les putschistes voulaient. Celui qu’ils ont placé au pouvoir pour animer le gouvernement intérimaire a tenté lui aussi d’être candidat et d’être président. Je suis allé aux élections et je l’ai battu. Ils ont donc continué puisque le deuxième objectif n’était pas atteint à savoir, mettre une équipe précise au pouvoir. Ils ont tenté un coup d’Etat en janvier 2001 et ils ont échoué ; puis un autre en septembre 2002 qui s’est mué en rébellion. C’est dans cette crise-là que nous sommes. Donc, il s’agit de la conquête du pouvoir autrement que par les urnes. Les questions de nationalité et d’identité sont juste instrumentalisées par un groupe d’individus qui veulent arriver au pouvoir. Je ne l’accepterai pas.

L’identification et le désarmement étant encore à faire, techniquement, l’élection présidentielle attendue que la résolution 1633 du Conseil de sécurité des Nations unies voudrait pour le 30 octobre 2006 au plus tard, peut-elle encore avoir lieu à cette date-là ?
Je n’en sais rien. Mais ce n’est pas cela ma préoccupation. Ce qui est important c’est qu’on se mette en position de faire les élections. Il faut travailler à tout afin qu’on soit en position de faire des élections. Si elles arrivent avant, tant mieux. Si elles arrivent le jour même c’est tant mieux. Si elles arrivent après, c’est bien aussi, pourvu qu’on aille aux élections et que le peuple de Côte d’Ivoire choisisse librement ses dirigeants.

Si la présidentielle arrive après le 30 octobre prochain, la question se pose quand même de savoir comment la Côte d’Ivoire sera gouvernée…
La Côte d’Ivoire a des textes. Les articles 38 et 39 de la constitution ivoirienne règlent ce problème-là. Et c’est sur ces articles-là que l’Union africaine s’est appuyée en 2005 pour reconduire mon mandat, n’oubliez pas que les élections présidentielles auraient dû se tenir en octobre 2005. Pour l’Union africaine, le 30 octobre, c’était plutôt un souhait. Alors les gens qui n’ont pas participé aux débats croient qu’on nous somme d’organiser les élections avant le 30 octobre. Pour notre propre bien, il faut qu’on aille le plus tôt possible aux élections. On n’a pas besoin de nous donner un délai pour notre propre bien. C’est nous les premiers concernés. C’est à nous, le 30 octobre venu, de décider s’il faut se donner plus de temps pour mieux peaufiner le processus afin qu’on ait des élections transparentes. Mais, tout est compris dans la constitution
Vous voulez dire que le cas échéant, vous resterez en fonction ?
Tout est dans la constitution. Le jour où ces dispositions constitutionnelles ont été votées, j’étais député à l’Assemblée nationale. Je vais vous faire une confidence : j’avais voté contre. J’étais député de l’opposition et nous venions de faire le boycott actif des élections de 1995. C’est après cela que le président Bédié avait proposé ce texte de loi. Nous avions vu là une manière pour lui de créer les conditions de se maintenir au pouvoir. Donc nous avions voté contre. Je connais bien ce texte.
Mais ce n’est pas un problème de savoir qui va être président après le 30 octobre. C’est celui qui a été élu et qui est reconduit par les articles 38 et 39 de la constitution jusqu’à ce que les élections aient lieu ; et celui-là c’est moi et je vous dis que je souhaite qu’on ait les élections le plus tôt possible parce que mieux vaut que la Côte d’Ivoire sorte de cette situation bancale pour entrer dans une ère de clarification.

Monsieur le président, vous avez déclaré un jour que le poste de président de la République c’est un fauteuil. Ce n’est pas un banc. De l’extérieur, on a l’impression que ce fauteuil-là est devenu un banc. Et, sur ce banc, d’aucuns voudraient même que vous soyez un peu dans la situation de la Reine d’Angleterre, sans pouvoirs réels. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire qui a le pouvoir de décision : le président Laurent Gbagbo, le Premier ministre Charles Konan Banny ou la communauté internationale ?
(Impatient) Charles Banny, je travaille avec lui et il travaille sur les textes édictés par la communauté internationale pour la sortie de crise. Mais dans un pays c’est facile. Quand vous voulez savoir qui a le pouvoir, demandez-vous qui signe les décrets, qui signe les projets de loi, qui ratifie les traités, qui promulgue les lois, qui nomme aux hautes fonctions administratives et militaires etc. Une fois que vous avez répondu à ces questions, vous savez qui a le pouvoir.

Donc vous n’êtes pas la Reine d’Angleterre ?
Je ne peux pas être la Reine d’Angleterre, je ne suis pas candidat à cela. J’ai été élu pour être président de la république dans un régime politique qui est le nôtre et qui n’est pas un régime parlementaire.

Y a-t-il un risque que la crise ivoirienne ferait courir à la sous-région Afrique de l’ouest et même à l’Afrique tout entière ?
A la sous-région Afrique de l’Ouest, c’est sûr, puisque dans les Etats de l’Uemoa (Union économique et monétaire Ouest-africaine ndrl) la Côte d’Ivoire est le pays le plus économiquement solide. Si donc ce pays est en panne, cela rejaillit immanquablement sur les autres. Nous avons le port d’Abidjan, le plus grand port de la sous-région, qui est, après le port de Durban, le deuxième port d’Afrique et malgré la crise, nous faisons des performances. Donc si la Côte d’Ivoire est en panne, à cause du port, à cause de sa capacité industrielle, à cause de sa capacité agricole, à cause de sa capacité de croissance nous mettons l’Afrique de l’Ouest en panne. C’est pourquoi il faut qu’on en sorte vite.


“Kléber, ce n’était pas un endroit pour régler une crise. C’était un endroit pour arracher le pouvoir des mains légitimes pour le mettre dans des mains illégitimes.”

Lorsque vous vous retrouvez entre chefs d’Etat est-ce que vous avez l’impression que vos pairs africains ont suffisamment conscience de ce risque-là ?
Oui. Ils en ont parfaitement conscience.

Est-ce qu’ils vous aident à en sortir ?
Ça je n’en sais rien. Qu’ils soient conscients des risques que fait courir la crise ivoirienne à l’Afrique, oui. Mais qu’ils m’aident à en sortir, je ne peux pas vous répondre.

Lorsque vous interrogez votre propre démarche dans la résolution de la crise ivoirienne. Est-ce que quelques fois vous ne vous dites pas “ ici, j’ai fait une erreur ”?
Ah si. J’ai fait une erreur de naïveté en croyant que les accords, qui étaient signés avant que je ne sois au pouvoir, seraient automatiquement appliqués. Mais je ne veux pas en dire plus.

Si c’était à refaire lorsque vous rentrez de Rome après avoir appris que votre pays a été attaqué est-ce que vous déclareriez tout de suite la guerre à la rébellion après votre arrivée ?
Mais j’ai dit que l’armée n’était pas armée. Si c’était à refaire, j’aurais commencé d’abord à acheter les armes immédiatement au lieu d’attendre un certain délai. Ce que j’ai fait après d’ailleurs. Les choses auraient peut-être pris une autre allure.

Est-ce que vous ne chercheriez pas d’abord à comprendre et peut-être à discuter avec ceux qui ont pris les armes ?
Non. Je connais l’histoire de ce coup d’Etat comme ma poche. Je connais les acteurs et leurs visées. Ce n’est même pas moi qui suis visé, c’est le pouvoir. Ce sont des choses connues.

Si c’était à refaire vous repartiriez à Kléber ?
Non. Parce que ce n’était pas un endroit pour régler une crise. C’était un endroit pour arracher le pouvoir des mains légitimes pour le mettre dans des mains illégitimes.

Si c’était à refaire vous accepteriez Marcoussis ?
Non. D’ailleurs pour Marcoussis, on m’a évité. Je n’ai pas été invité à Marcoussis parce que le texte de Marcoussis ne méritait pas d’être signé. Quand je l’ai vu, il était déjà signé. Mais je l’ai accepté parce que les annexes disent clairement que quand un gouvernement de réconciliation nationale sera formé, le processus de désarmement commencera. J’ai cru naïvement à cette phrase. J’ai formé le gouvernement de réconciliation nationale en mars 2003, nous sommes aujourd’hui en août 2006 et le désarmement n’est toujours pas fait. Donc avec des si c’était à refaire, on répondrait souvent non parce que maintenant on sait alors qu’avant on ne savait pas. Des erreurs sont faites parce qu’on ne savait pas.

A vos yeux, la France garde-t-elle un rôle à jouer dans la résolution de la crise en Côte d’Ivoire ?
Tout le monde garde un rôle à jouer : la France, les Nations unies, l’Union africaine, la Cédeao, l’Uemoa. Mais le rôle le plus important à jouer c’est les Ivoiriens eux-mêmes. Après les Ivoiriens, c’est les Africains. Un texte comme celui de Marcoussis n’aurait jamais été signé dans une capitale africaine. Les chefs d’Etat même s’ils se détestent ils ont au moins peur que ce qui arrive à l’autre leur arrive aussi. Par conséquent, ils n’auraient jamais pensé à un texte aussi mauvais que celui-là. Donc, la France, comme tout le monde, a un rôle à jouer. Je demande à tous ceux qui ont un rôle à jouer, de venir nous aider. Mais j’insiste : c’est les Ivoiriens qui ont le plus grand rôle à jouer.

Parce que la question se pose aujourd’hui ; dans quel sens faut-il fonder les relations franco-ivoiriennes particulièrement sur le plan militaire ?
Je crois que les Africains en général n’ont pas vu les signes. Depuis le gouvernement d’Alain Juppé, les Français avaient déjà clairement montré leur intention de se retirer progressivement des théâtres d’opération en Afrique. Mais c’est leur pays, c’est leur armée. Ils ont raison de faire ce qui est bien pour eux. Mais les Africains n’ont pas lu ces signes-là. Et au lieu d’en tirer les conséquences et de travailler en tenant compte de ce fait nouveau pour assurer leur propre intégrité territoriale, ils ne l’ont pas fait à temps. C’est pourquoi des crises comme celle-ci, nous laissent sans moyens.

La présence d’une base militaire française à Abidjan ne vous gêne-t-elle pas ? Vous ne demandez pas sa fermeture ?
Mais c’est des questions qu’on traite après, quand on est sorti de la crise. En Côte d’Ivoire on dit toujours : “ on ne cherche pas à ôter sur soi les magnans alors qu’on est sur les magnans ”. Nous sommes encore dans la crise, on n’est pas sorti de la crise et on ne va pas maintenant résoudre les problèmes de l’après-crise.
“ à force de vouloir trop se mettre dans la peau de chef d’Etat, certains se suicident sans le savoir. Ils deviennent des zombies présidentiels au lieu d’être des chefs d’Etat. Moi, je mène ma vie tranquillement. ”
Monsieur le président, nous allons maintenant parler de vous. Vous êtes un opposant qui s’est battu 20 ans pour arriver au pouvoir par les urnes et vous y êtes parvenu. Comment résumeriez-vous votre itinéraire politique ?
Trente ans. Dix ans de lutte dans la clandestinité marxiste-léniniste… Mao. Et puis, en 1976-80, j’ai expliqué à mes amis qu’avec cette forme de lutte, Houphouët règnerait en toute quiétude, sans discontinuer et qu’on ne pourrait jamais changer de régime. En 1980, j’ai annoncé qu’il fallait qu’on change, qu’on lutte pour la démocratie en Côte d’Ivoire et pour la conquête du pouvoir par des voies démocratiques. Le livre qui marque la rupture s’intitule Côte d’Ivoire, pour une alternative démocratique que j’ai commencé à écrire en 1980 et qui a paru en 1983. C’est ça la rupture.
Donc 1980-90, je suis toujours dans l’opposition. Mais une opposition semi-ouverte, une opposition démocratique. Ce n’était plus totalement la clandestinité pour moi bien que mon mouvement soit encore clandestin. Le Front populaire ivoirien (Fpi) que j’ai créé en 1982 est encore clandestin mai moi je ne suis plus clandestin. Comme je dis, il faut faire la démocratie. Et la constitution, bien qu’étant à parti unique, prévoyait la création des partis politiques. Houphouët disait alors, “ c’est un rêveur, laissons le rêver, faire des petites conférences et puis quand il sera fatigué il s’arrêtera ”.

Quand on est président voit-on le monde de la même façon que quand on est dans l’opposition ?
Certaines fois oui. Cela dépend des sujets. Sur certains sujets comme la démocratie, je vois le monde de la même façon. J’ai décidé de ne pas mettre quelqu’un en prison à cause de ses idées parce que j’ai moi-même été trop arrêté. Ce sont d’ailleurs les arrestations qui m’ont fait. A travers les arrestations, on m’a élevé ; on m’a érigé au rang d’adversaire politique et peut-être que si je n’avais pas été autant arrêté, je n’aurais pas eu mon destin d’aujourd’hui.
Moi, j’ai décidé de ne pas mettre les journalistes en prison pour les opinions qu’ils émettent dans leur travail et cette décision, je l’ai fait traduire en texte de loi. Donc sur les points touchant à la liberté et à la démocratie, je crois que je continue de voir le monde de la même manière.
Mais il y a des choses qu’on voit de façon différente. La gestion des deniers publics par exemple. Quand on est opposant, on croit qu’il y a toujours de l’argent dans les caisses de l’Etat et qu’on utilise à tours de bras. Un Etat n’est pas permanemment riche. Dans certaines périodes, il arrive à l’Etat d’avoir des difficultés.

Entre l’homme Gbagbo et le chef l’Etat, qu’est-ce qui a changé ?
Pas grand-chose. Vous savez, en Afrique, même quand on vous nomme directeur on fait la fête dans votre famille, dans votre village. Quand j’ai été élu président, ni mon père, ni ma mère, ni mes jeunes frères et sœurs n’ont pensé à faire une fête parce que c’était évident qu’après toutes ces années de lutte, je devienne président de la République. Quand j’ai été élu, j’étais à ma résidence privée à la Riviera, et à un moment donné, la sécurité présidentielle m’a demandé d’aménager ici à la résidence présidentielle parce qu’il y avait plus de sécurité ici. Donc entre l’homme Gbagbo et le président, rien n’a fondamentalement changé.

Vous sortez vraiment de l’ordinaire. Vous avez été récemment témoin d’un mariage à la mairie de Cocody…
… oui, c’est très souvent que je suis témoin à des mariages.

…Vous allez présenter des condoléances dans des quartiers…
… je vais présenter des condoléances, je vais à des funérailles, je prends souvent le volant de ma voiture pour conduire…

D’aucuns diraient que vous avez du mal à vous faire à votre nouveau statut de chef d’Etat depuis six ans…
Ah si. Etre chef d’Etat c’est prendre des décisions pour gouverner la nation et œuvrer au bien être des populations. Je le fais, je travaille. Mais ce n’est pas pour cela que je dois me mettre en prison.

Puisque vous le pensez vraiment, comment vous définiriez-vous : comme un chef de village, un opposant qui est au pouvoir ou un chef d’Etat atypique ?
Non. Je suis un chef d’Etat point. Je suis un président de la république point. Je ne suis pas un chef de village, je ne suis pas un président atypique. Je suis président de la République, je fais mon travail. Mais je pense que mon travail ne doit pas tuer l’homme. J’ai remarqué en lisant l’histoire de certains chefs d’Etat que à force de vouloir trop se mettre dans la peau de chef d’Etat, ils se suicident sans le savoir. Ils deviennent des zombies présidentiels au lieu d’être des chefs d’Etat. Moi, je mène ma vie tranquillement. Je n’ai pas beaucoup de temps mais il y a des moments où je prends ma voiture et je me promène. J’ai bien sûr mes aides de camp avec moi puisque étant devenu président, je ne peux plus marcher tout seul. Mais je prends ma voiture et je conduis quand il n’y a pas trop de monde. Une fois, alors qu’on allait à la plage à Bassam, on a été pris dans un embouteillage dans lequel je suis resté deux ou trois heures. Je ne le fais pas pour narguer les gens. Je le fais parce que j’en ai besoin. Pour pouvoir faire mon travail de président après, il faut que l’homme soit en forme : pas seulement au plan physique, mais aussi dans la tête, dans le mental.

Quand on est dans l’opposition on croit à des valeurs, on proclame des principes. Est-ce que lorsqu’on est arrivé au pouvoir, on peut demeurer vertueux ?
Oui. Ecoutez, moi je suis socialiste. Je pense que l’Afrique est le continent qui a le plus besoin de socialisme car le socialisme, c’est la démocratie. Le socialisme c’est aussi faire en sorte que le pouvoir ne soit pas confisqué par un individu et résoudre les problèmes des citoyens. J’essaie de faire en sorte que la démocratie aille mieux et les gens parlent. Les gens aiment parler. Vous savez comment on baptise mon ère ? “La parole est libérée”. Chacun se lève et il parle. Je suis content que cela arrive sous mon ère.
Je suis en train de mettre sur pied la décentralisation pour que le pouvoir ne soit pas confisqué par un seul individu. Je viens de communaliser presque toute la Côte d’Ivoire et nous avons maintenant plus de 700 communes, nous avons des conseils généraux de département, avec des budgets annuels. C’est bien, ça bouge, ça c’est la gauche, c’est du socialisme. J’ai fait voter la loi sur l’assurance maladie universelle pour que chacun ait ce qu’on appelle en France la Sécu. Il faut se soigner. J’ai institué la carte de sécurité sociale pour se soigner. Je ne l’ai pas encore mise en pratique à cause de la guerre, mai la loi est déjà votée.
Enfin, j’ai fait en sorte que les enfants aillent à l’école. J’ai supprimé l’obligation pour les élèves d’être en uniforme parce qu’il y avait des parents dont les enfants restaient à la maison parce qu’ils n’avaient pas les moyens de leur acheter l’uniforme. Nous distribuons les livres gratuitement dans les écoles primaires. Ce sont là des principes que je proclamais quand j’étais dans l’opposition. Maintenant, je les mets en pratique.

Mais sur le plan des droits de l’homme même avant la rébellion, votre bilan n’était pas très reluisant. Comment le socialiste l’explique-t-il ?
Mais ce n’est pas vrai. Tout ce qui se passait sur le plan des droits de l’homme et qui se passe d’ailleurs encore, c’est à cause de la crise que nous traversons aujourd’hui. Je vous ai dit que cette crise a commencé en 1999 mais je vois que vous ne me croyez pas beaucoup. En 1999, un coup d’Etat a renversé Bédié et le général Gueï est arrivé au pouvoir. Il y a eu deux tentatives de putsch pendant que Robert Gueï était là : juillet et septembre 2000. Au moment des élections en novembre 2000, il y a eu des bagarres. Il y a eu près de 300 morts à Abidjan parce que l’un et l’autre des candidats se proclamait président.
Voilà le bilan des droits de l’homme avant la crise actuelle. Cependant, c’est cette crise-là qui a commencé en 1999 qui continue encore jusqu’à aujourd’hui. C’est la crise avec la volonté de certains de faire un coup d’Etat qui amène les morts.
Sinon moi-même je suis très fier de raconter à tout le monde que les journaux français s’étaient plu à raconter que j’avais tué des gens, que j’avais créé les escadrons de la mort. Vous savez pourquoi ils ne le disent plus ? Parce que je les ai attaqués devant les tribunaux français et j’ai gagné le procès, notamment contre Le Monde. C’est pourquoi ils ne le disent plus. Et j’étais heureux que ce soit les journaux français condamnés par les tribunaux français parce que si c’était en Côte d’Ivoire, on allait dire que les tribunaux sont à la solde du président. En Côte d’Ivoire, je n’ai jamais attaqué un journaliste pour cela. Mais en France j’étais fier de les attaquer et la vérité a été dite, le droit a été dit. J’ai gagné contre Le Monde, j’ai gagné contre Paris-Match.

Monsieur le président, on vous accuse aussi de cogérer le pouvoir avec votre épouse, madame Simone Gbagbo et qu’elle contribuerait à radicaliser vos positions. Que répondez-vous à cela ?
Rien du tout. Dans tous les pouvoirs, quels que soient les époques et les continents et, c’est l’historien qui vous parle, il y a toujours eu l’aile des durs et l’aile des modérés.

Mais comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu non plus…
Oui mais quelques fois on fabrique des fumées, on va mettre le feu pour provoquer l’arrivée de la fumée. Moi je regarde tout cela avec beaucoup d’amusement. Je sais très bien comment je gouverne. Je sais comment je travaille. Demandez un peu à mes collaborateurs. Mes décisions je les prends moi-même. Souvent même, je les prends tout seul.


“J’aime Eto’o Fils. Je regarde tous les matches du Fc Barcelone quand je peux. Dans le Barça, il y a deux joueurs que j’adore : Samuel Eto’o et Ronaldinho. Pour moi, c’est deux très grands joueurs.”

Monsieur le président nous allons parler un tout petit peu des relations entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Quels rapports entretenez-vous avec le président camerounais Paul Biya ?
On a des rapports polis et bons dans l’ensemble. Malheureusement, on n’a pas autant de rapports que je l’aurais souhaité. Je dois quand même dire que la Côte d’Ivoire avait depuis longtemps une ambassade au Cameroun et que cette ambassade avait été fermée. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi. L’ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun est rentré en Côte d’Ivoire, il est devenu maire de Bouaké. Puis il est décédé et on n’a jamais nommé son successeur. Et c’est moi qui ai réveillé cette ambassade. Quand nous sommes allés à Yaoundé en 2001, pour le sommet France-Afrique, j’en ai parlé un peu avec le président Paul Biya. Je lui avais fait la promesse que dès mon retour je ressusciterai l’ambassade. Et j’y ai affecté un diplomate de carrière qui est aussi mon ami, Paul Ayoman qui a été mon directeur de protocole. J’ai au moins fait ça.
Sinon, j’aime beaucoup le Cameroun, j’aime beaucoup les Camerounais et je pense qu’eux aussi nous aiment beaucoup. Malheureusement, on n’a pas des rapports suivis, aussi fréquents, aussi denses qu’on aurait souhaité. On va essayer d’y remédier.

Les Camerounais vous aiment mais ils sont un peu tristes que le Côte d’Ivoire ait pris la place du Cameroun pour la Coupe du monde. Comment justement avez-vous jugé la prestation des éléphants en Allemagne ?
D’abord, le lendemain de notre qualification, le président Paul Biya m’a appelé. C’était le premier coup de fil que j’avais eu dans cette journée-là. Je voudrais quand même que les Camerounais sachent que leur président a été très fair-play. Ensuite, j’étais content que nous allions en Coupe du monde. Mais je n’aime pas beaucoup la manière de sélectionner. Je l’ai dit à l’ambassadeur Jacques Anoma qui est le président de la fédération ivoirienne de football. Mais il m’a répondu que c’est pour une question d’argent qu’on fait les poules avec les matches aller et retour et que la Caf et la Fifa gagnent de l’argent en faisant cela.
Je lui ai dit qu’il était plus sage à mes yeux d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations et que les cinq premières équipes aillent à la Coupe du monde. Je suis persuadé que si on appliquait ce système, et la Côte d’Ivoire, et le Cameroun allaient être en Coupe du monde. En tout cas je souhaitais, pour la Coupe du monde passée, que le Cameroun et le Côte d’Ivoire y soient ensemble. Cela n’a pas été le cas. Tant pis. Maintenant quant à l’appréciation de la prestation de la Côte d’Ivoire en Coupe du monde, j’aurais souhaité qu’on aille un peu plus loin. Mais je comprends aussi ces jeunes gens qui étaient un peu transis ce qui était un peu normal vu que c’était leur première participation. J’airais préféré qu’on aille au deuxième tour mais on n’y a pas été. Notre jeu a été plaisant et nous savons maintenant sur quoi nous devons axer nos efforts : marquer des buts, gagner.

Lorsque le président Gbagbo n’est pas en train de travailler sur les grands dossiers de la Côte d’Ivoire que fait-il de son temps libre ?
Je cause avec des amis, j’aime bien discuter, parler de tout et de rien, sauf de la politique. J’aime aussi regarder les matches de tennis féminin ; j’adore le tennis féminin. C’est mon sport préféré. C’est Steffi Graff qui m’a introduit dans le tennis. Je ne la connais pas mais c’est à l’époque où elle était à son apogée que j’aimais le tennis féminin parce qu’elle venait jouer et en 45-50 minutes, elle a liquidé son match et s’en va s’asseoir. C’était propre et net. Maintenant, j’aime bien regarder les sœurs Williams qui sont malheureusement sur le déclin. Je crois que c’est Maria Sharapova que je vais soutenir maintenant parce qu’elle est à la fois gracieuse et forte, mais elle n’a pas encore suffisamment de force dans les bras. Ses services ne font pas encore assez mal.
Ou bien alors je regarde le football. J’étais déjà fan du football. Mais je le suis devenu plus encore depuis que nos joueurs, les Africains, font les championnats en Europe. Alors dites à Samuel Eto’o Fils que je l’aime beaucoup, je regarde le Fc Barcelone. Dans le Barça, il y a deux joueurs que j’adore : Samuel Eto’o et Ronaldinho. Je regarde tous les matches du Barça quand je peux. Pour moi, c’est deux très grands joueurs. Je regarde naturellement tous les matches de Chelsea à cause de Drogba, tous les matches d’Arsenal à cause de Kolo Touré et Eboue ; tous les matches de Psv Eindoven quand je peux à cause de notre Arouna Kone et puis, mon joueur que j’aime beaucoup, Aruna Dindane.

Vous écrivez aussi beaucoup et vous venez de rééditer votre livre “Soundiata, Lion du Mandingue’’…
Je ne prends pas l’écriture comme un temps libre, comme un loisir. Elle fait partie de mon travail, de mon métier politique. J’ai toujours écrit sur la politique. Même quand j’écris une pièce de théâtre, c’est de la politique. La preuve, lisez Soundiata et vous verrez.
La spécificité de Soundiata c’est que c’est un livre prophétique. J’ai écrit ce livre quand j’avais 26 ans. J’étais en prison. Nous étions 48 en prison. Je ne pensais pas que j’allais avoir la carrière politique que j’ai eue. J’ai pris la plume et le soir, quand on refermait la porte, j’écrivais. J’avais acheté un cahier et j’écrivais dedans. Au début, c’était un poème c’est pourquoi le prologue est long. Je voulais faire un poème épique. J’écrivais et à un moment donné, j’ai mis des personnages. La première version d’ailleurs, ce n’est pas celle-là. Dans la toute première version qui n’a jamais été éditée, il y avait une scène décrivant la guerre. Après j’ai constaté que j’ai fait la carrière politique qui était décrite dans Soundiata. Au fur et à mesure que je m’en rendais compte, mes cheveux se dressaient. C’est vraiment un livre prophétique, au sens fort du terme.


“J’estime que je ne peux pas être au poste où je suis et accepter que les gens souffrent comme j’ai souffert. Je suis un enfant du Ghetto et ça aussi ça dérange.”

Soundiata, a été un lutteur qui a remporté des victoires. Contre lui-même d’abord avant de vaincre le monde. C’est l’image que vous souhaiteriez que l’on garde de vous ?
En tout cas c’est l’image que j’ai de moi et que les gens ont de moi aussi. Je suis un lutteur. Je suis un homme qui n’aime pas le combat en général. Je suis un homme placide. Mais comme on dit, si vous rentrez dans mes 18 mètres, alors je bondis. Je veux dire que quand on me marche sur les pieds et qu’on viole mes droits à respirer librement et tranquillement, je bondis. Quand on attaque les gens que je défends et que la loi a placés sous mon autorité, je bondis, je ne peux pas rester tranquille. Je deviens comme une mère poule qui défend ses poussins. J’aurais aimé, par pensée personnelle, par philosophie individuelle, ne pas faire les combats actuels. Mais je ne peux pas ranger ces combats tant qu’on agresse la Côte d’Ivoire, tant qu’on agresse les Ivoiriens.

Lorsque Laurent Gbagbo ne sera plus président de la république de Côte d’Ivoire que fera-t-il ?
Ecrire. J’ai déjà emmagasiné tellement de choses qu’il faudra développer. Tous les jours, nous faisons un petit verbatim c’est-à-dire qu’il y a quelqu’un dans mon cabinet qui relève les événements qui se passent. Il les note et les met sur support informatique. Il le fait tous les jours depuis que je suis président. Donc rien que tout cela peut m’occuper le restant de ma vie. J’ai vraiment de quoi écrire. Et puis j’ai d’autres thèmes. J’ai des pièces de théâtre. Mais il est important que je rende compte parce que mon arrivée au pouvoir est quand même atypique. C’est l’accession au pouvoir d’un enfant du Ghetto. Vous savez, vous êtes jeune, mais relisez un peu les biographies des premiers chefs d’Etat que nous avons eus. Chacun se définissait comme fils de chef, comme riche etc. Moi, je ne suis rien de tout cela. Je suis l’enfant d’une femme pauvre, qui était chaque jour au marché pour que ses enfants mangent quelque chose. Je suis le fils d’un homme tout aussi pauvre, qui a fait la guerre et qui à son retour, voyant les injustices coloniales, a pris la carte de la Sfio en 1947, un mouvement de gauche en France. Mon père était un écorché vif qui luttait en permanence contre les injustices françaises en Afrique. Je suis son fils. Et il était pauvre, là aussi, je suis son fils. Aujourd’hui, ce que je gagne en tant que président de la République, je ne l’ai jamais gagné avant. Parfois, je l’utilise pour aider ceux qui sont dans le besoin. J’estime que je ne peux pas être au poste où je suis et accepter que les gens souffrent comme j’ai souffert. Je suis un enfant du Ghetto et ça aussi ça dérange.

Monsieur le président de la république, nous arrivons au terme de notre entretien, merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre emploi de temps qu’on imagine très chargé. Merci beaucoup.
Merci. Je voudrais vraiment saluer mes frères camerounais. Je pense souvent à eux. Je ne suis pas démagogique quand je le dis. Le Cameroun a joué des rôles importants dans ma carrière. Quand j’ai écrit Soundiata, personne ne voulait l’éditer. A l’époque c’était le parti unique. Puis j’ai écrit un autre livre sur la conférence de Brazzaville et c’est les Editions CLE de Yaoundé, à qui on avait envoyé le texte, qui m’ont fait signer un contrat. C’est donc le Cameroun qui m’a fait connaître comme auteur. A l’époque on a beaucoup parlé de moi dans les journaux pour présenter mon livre. Et je vous suis reconnaissant pour cela. Et aujourd’hui encore, j’ai beaucoup d’amis au Cameroun qui soutiennent le combat que nous menons. J’ai rencontré beaucoup de cadres de l’Upc quand j’étais en exil et j’ai rencontré beaucoup d’autres Camerounais. Et là, vous venez m’offrir la parole pour que je parle aux Camerounais, je vous suis reconnaissant à vous, mais à l’ensemble du peuple camerounais. Je vous remercie. 

Par Entretien mené à Abidjan par Melvin AKAM»  



mercredi, 16 août 2006

Des députés sud-africains et ivoiriens unis contre la Françafrique



Le Matin d’Abidjan
— Mercredi 16 Aout 2006 — http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act... :

«Des membres du parlement sud-africain soutiennent le combat du président de l'Assemblée nationale contre les ennemis de l'Afrique.

Une délégation d'une dizaine de députés sud-africains, conduite par la présidente du parlement de la nation arc-en-ciel, Mme Baleka Mbeté, vient d'effectuer une visite de travail de trois jours à Abidjan. Outre le président de la République, celui du conseil économique et social, le ministre de la Réconciliation nationale et la Première dame, les parlementaires ont rencontré leurs homologues ivoiriens. C'était avant-hier lundi 14 août à l'Assemblée nationale au Plateau. A l'occasion, les hôtes de M. Mamadou Koulibaly et les différents parlementaires, présents, ont travaillé avec la commission des Affaires générales et institutionnelles. Cela peu avant le discours officiel de la présidente de l'Assemblée nationale de la République sud-africaine. C'est un discours de soutien et de reconnaissance au parlement ivoirien. Et surtout un appel à l'intégrité contre l'impérialisme nouveau des pays occidentaux. Selon Mme Baleka un parlement est l'outil principal de la mise en œuvre de la politique d'un Etat, fut-il en difficulté. Par conséquent, les députés doivent faire bloc autour de la politique nationale en tout temps. C'est pour cela que le parlement, a-t-elle expliqué, est redevable à l'Etat et à la Nation. Le tout étant pour l'homologue de Mamadou Koulibaly qu'une Assemblée nationale permette constamment au pouvoir en place de réguler la stabilité et garantir la paix. C'est dire que les différentes querelles autour de la fin constitutionnelle du mandat de l'Assemblée nationale ivoirienne ont été mal vues par SEM Baleka Mbeté et ses pairs. En tout état de cause, celle-ci a félicité le professeur Mamadou Koulibaly. Pour sa fermeté et sa constance dans ses prises de position dans l'offensive contre la Françafrique. Un parlement au bord de l'éclatement mais soudé en dernier ressort par le président Mamadou Koulibaly, est l'un des arguments qui ont conduit les députés sud-africains à s'engager totalement auprès de leurs homologues ivoiriens. Car, ils espèrent que la paix retrouvée au sein de l'hémicycle va s'étendre au peuple ivoirien. Le n°2 du régime de Thabo Mbeki, médiateur dans la crise ivoirienne, fait observer que l'hospitalité et le calme constaté à Abidjan par sa délégation rassurent que les Ivoiriens sont soucieux de vivre en paix. Désormais, les députés africains et ivoiriens en particuliers devraient s'investir dans les combats d'intérêt national. Car, l'Afrique, regrette Mme Baleka, ne doit plus être un espace de jeu, ni d'expérimentation de nouvelles politiques expansionnistes des pays occidentaux. Elle charge les organisations africaines telles l'UA, la CEDEAO, le NEPAD de faire en sorte que l'Afrique gagne le respect de l'occident. Et se fasse une place de choix dans le concert des continents.
Bidi Ignace»



lundi, 14 août 2006

Décès de Carlos Belli Bello, ambassadeur d'Angola en Côte d'Ivoire



Le Matin d’Abidjan
— Lundi 14 Aout 2006 — http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act... :


«
LA DIPLOMATIE ANGOLAISE EN DEUIL
L’ambassadeur Belli Bello est décédé


Très malade depuis quelque temps, SEM Belli Bello, ambassadeur de l’Angola en Côte d’Ivoire, qui s’est distingué par ses prises de position en faveur du pouvoir en place dans la crise ivoirienne, a été évacué vendredi dernier dans son pays afin d’y suivre des soins. Malheureusement, il n’a pu traverser le week-end. SEM Belli Bello est mort hier à Luanda dans le centre hospitalier où il a été admis. Les médecins angolais n’ont pas pu sauver la vie de cet ami de la Côte d’Ivoire qui aimait à interpeller vivement la communauté internationale dans toutes ses composantes sur les dangers de ses manœuvres pour renverser le pouvoir en place à Abidjan. Dans le milieu des diplomates en poste à Abidjan, il était reconnu comme un homme qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Et qui se fichait pas mal du langage diplomatique et ses exigences. Il n’y a pas encore longtemps, l’envoyé de Dos Santos avait fait la une des journaux avec des interviews révélations où il démontait les manœuvres souterraines de la Françafrique et ses relais africains pour faire un coup d’Etat en Côte d’Ivoire. Au passage, il avait vivement rappelé à l’ordre l’Union africaine, la France et l’Onu qui encourageaient les opposants ivoiriens dans leurs tentatives sans cesse renouvelées d’obtenir par la voie diplomatique ce que la rébellion et Jacques Chirac n’ont pu obtenir par les armes. Et sur tous les grands sujets, Belli Bello s’est posé comme le contrepoids aux dérives de certains chefs d’Etat surtout africains et des institutions internationales concernant la crise ivoirienne. Avec la mort de Carlos Belli Bello, la Côte d’Ivoire perd ainsi un ami de taille. Qui a rappelé à Pierre Schori ses années de militantisme pour le triomphe des valeurs démocratiques. Et qui a toujours associé sa vie à celle de l’Afrique du Sud pour refuser que l’on continue de bafouer les Africains. E. Akani»



Fraternité Matin — 14 août 2006 http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=0ZQ58ktlCut :


«BELLI-BELLO DÉCÉDÉ DES SUITES D’UNE OPÉRATION

L’ambassadeur d’Angola en Côte d’Ivoire a tiré sa révérence, samedi, dans un hôpital de Cap Town, en Afrique du Sud, à 62 ans.

L’ambassadeur de la République d’Angola en Côte d’Ivoire, Son Excellence Carlos Belli-Bello est décédé samedi 12 août à 22 heures à l’hôpital de CapTown en Afrique du sud après dix jours d’hospitalisation. Le diplomate angolais, victime d’une intoxication alimentaire, a été  hospitalisé initialement pendant 4 jours  à la Polyclinique Sainte Anne-Marie d’Abidjan sans succès, avant d’ être évacué en Afrique du sud où il a une subi une opération apparemment réussie car Son Excellence Carlos Belli-Bello selon nos sources a eu un état de convalescence encourageant. Il a même suivi des informations à la télévision  avant de replonger dans un coma dont il n’a pu se sortir car le samedi 12 août, la mort avait pris rendez-vous avec lui à 22 heures. Son Excellence Carlos Belli-Bello accrédité près de la République de Côte d’Ivoire en novembre 2005 avait vite gagné la sympathie des Ivoiriens par ses prises de positions courageuses à l’endroit de la France et de l’Onu qui dans la résolution de la crise ivoirienne s’illustraient par des entreloupettes. Ce militant de la révolution africaine et des souverainetés nationales n’appréciait guère que les solutions à la crise soient exclusivement politiques, que la constitution soit sacrifiée et que par conséquent les autorités démocratiquement élues soient sacrifiées sur l’autel des arrangements politiques. Les Ivoiriens qui se reconnaissaient dans sa lutte lui ont même dédié une fête grandiose à la place Saint- Jean de Cocody. Le diplomate angolais ne se privait pas de donner des conférences publiques pour éclairer la conscience des Ivoiriens sur le fonctionnement de l’Onu comme lorsqu’il prit une part active au colloque sur le patriotisme africain en avril dernier au palais de la Culture, à l’initiative de l’ Ong Phoenix et de la Première dame de Côte d’Ivoire, Madame Simone Ehivet Gbagbo. Les patriotes ivoiriens perdent avec la disparition de Son Excellence Carlos Belli-Bello, un grand ami, qui ne ménageait aucun effort pour les accompagner sur le chemin difficile de la restauration de la dignité de la Côte d’Ivoire et dans la lutte pour redonner à leur combat tout son sens noble.
Franck Armand ZAGBAYOU»



Cf. sur http://delugio.zeblog.com/ un article de février-mars 2005 d'un journal burkinabè d'opposition rendant hommage à ses prises de position en faveur de la Côte d'Ivoire républicaine:

«LE CRI DU CŒUR DE L’AMBASSADEUR ANGOLAIS CARLOS BELLI BELLO»
(Article CENSURÉ en son temps sur blogs.nouvelobs.com)


San Finna (journal burkinabè) N°352 du 27 Février au 05 Mars 2006 — http://www.sanfinna.com/ARCHIVES/Archives352/CoalitionIra... — au lien suivant : http://delugio.zeblog.com/68800-au-lendemain-du-deces-de-...