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lundi, 05 mars 2007

Accord de Ouaga : c'était donc si simple ?

 

Il suffisait donc que l'on mette à l'écart la "communauté internationale" et élyséenne pour qu'elle accepte de se retirer !? Adieu veaux, vaches, cochons et Marcoussis ? - :

"Côte d'Ivoire: Paris envisage "un retrait de la communauté internationale" après l'accord de Ouagadougou"

AP | 04.03.2007 | 22:43 -
http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/
20070304.FAP7591/cote_divoire_
paris_envisage_un_retrait_de_la_communaute.html
 :

"La ministre française déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, a estimé dimanche que la communauté internationale pouvait désormais envisager un "retrait" de Côte d'Ivoire après l'accord signé à Ouagadougou entre le gouvernement et la rébellion.

La ministre française, dont le pays compte 3.350 militaires en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'opération Licorne, a également exprimé l'espoir que cet accord permette d'aboutir, "avant la fin de l'année", à des élections "démocratiques, transparentes et libres" dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Interrogée sur France-Info pour savoir si cet accord inter-ivoirien signifiait la fin de l'opération Licorne, Mme Girardin a répondu: "Oui, et même je crois que, dès maintenant, on peut envisager effectivement un retrait de la communauté internationale, sans doute progressif, mais je crois que maintenant les conditions sont réunies pour que les Ivoiriens eux-mêmes arrivent à surmonter leurs difficultés".

"La communauté internationale, je l'espère, n'aura plus rien à faire maintenant sur ce dossier ivoirien", a martelé la ministre française déléguée à la Coopération. "J'espère que cet accord est conclu de bonne foi, sans arrière-pensées et (...) que nous allons arriver, avant la fin de l'année, à des élections démocratiques en Côte d'Ivoire."

Mme Girardin a qualifié cet accord de "très grand succès" pour les Ivoiriens et a notamment souligné qu'il prévoyait des "modalités très précises" qui laissent espérer une mise en oeuvre effective. "Si vous regardez le détail de cet accord, c'est vraiment sur tous les sujets sur lesquels la résolution 1721 avait prévu des dispositifs que l'accord précise des modalités pratiques (...): comment identifier la population, comment désarmer", a-t-elle noté.

Ces sujets constituaient, selon elle, le coeur de la crise ivoirienne. "On était dans une situation de blocage sur les différents sujets qui sont les ingrédients de la crise ivoirienne, notamment le problème de l'identification de la population", a souligné Mme Girardin.

Plus généralement, la ministre s'est félicitée du climat de confiance retrouvé entre Ivoiriens. "C'est une très grande satisfaction pour nous de voir que les Ivoiriens ont retrouvé cette confiance entre eux qui leur manquait et se sont en quelque sorte appropriés toutes les solutions que la communauté internationale avait préconisées", a-t-elle dit.

Outre les 3.350 militaires français de l'opération Licorne, quelque 7.100 soldats sont présents en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). AP"

 

jeudi, 01 mars 2007

"Activisme suspect de Paris avant la signature de l’«accord de Ouaga» - Comment la France veut torpiller le dialogue direct"



Le Courrier d'Abidjan - Mercredi 28 Fevrier 2007 - http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=13000

par Anassé Anassé :


"Et revoilà la France ! Paris entre en action, au moment où les négociations inter-ivoiriennes de Ouagadougou tirent à leur fin, et où tout semble être bouclé dans la capitale burkinabé. Brigitte Girardin, ministre française déléguée à la coopération, effectue une «mission commandée» ce mercredi à Ouaga, et demain jeudi à Abidjan.
Selon l’AFP qui donne l’information, «Mme Girardin doit s’entretenir mercredi (dans la capitale burkinabé) avec le président Blaise Compaoré, nouveau médiateur dans la crise ivoirienne, puis avec le chef de la rébellion des Forces nouvelles, Guillaume Soro, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi». Jeudi à Abidjan, en prélude à la 13ème réunion du Groupe de Travail international (GTI) qui se tiendra vendredi dans les locaux de l’ONUCI, la ministre française déléguée à la Coopération rencontrera d’autres acteurs de la crise ivoirienne. Notamment «le Premier ministre Charles Konan Banny et certains membres de l’opposition présents à Abidjan, dont Alassane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (RDR)», poursuit l’Agence France Presse.
Pourquoi la France décide-t-elle maintenant d’entrer directement en scène dans le «dialogue direct ?», s’interrogent certains observateurs de la crise ivoirienne. L’objectif de la mission de Mme Girardin est simple : Paris veut avoir un droit de regard sur l’accord – qu’on dit déjà prêt – que s’apprêtent à parapher le président ivoirien Laurent Gbagbo et le chef rebelle Guillaume Soro, demain jeudi (ou après-demain vendredi) à Ouagadougou.
Au début des négociations inter-ivoiriennes, l’Elysée qui avait donné sa caution au dialogue direct par la voix de Michel de Bonnecorse, chef de la cellule africaine de la présidence française, a laissé le «facilitateur» Blaise Compaoré mener les pourparlers à sa guise. Les deux délégations ivoiriennes (camp présidentiel et rébellion) vont donc tomber d’accord très rapidement sur certains points qui représentaient pourtant des positions inconciliables il n’y a pas si longtemps. Ainsi, Dakoury-Tabley (chef de la délégation rebelle) et Désiré Tagro (émissaire du président Laurent Gbagbo) s’entendent sur l’identification, le processus électoral (recensement des électeurs), le DDR, la réinsertion des combattants, etc. ; autant de points de discorde qui sont aplanis entre les deux camps.
Puis vint le sommet Afrique-France – ou Françafrique, c’est selon. A son retour de Cannes, le président burkinabé, qui a fait l’objet de pressions de Jacques Chirac, change de méthodologie. Blaise Compaoré élargit les discussions à d’autres acteurs du conflit ivoirien : Licorne, l’ONUCI, le RHDP (Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, dont les intérêts sont défendus par le secrétaire général du PDCI-RDA, Alphonse Djédjé Mady). Le dialogue devient donc indirect… Malgré ces présences «inutiles» dans la capitale burkinabé, la fumée blanche n’est pas loin de sortir de Ouagadougou. C’est à ce moment précis que Paris décide d’intervenir.
En envoyant sa ministre déléguée à la Coopération rencontrer successivement Compaoré, Soro, Banny, ADO (et peut-être Bédié), Jacques Chirac veut certainement faire capoter les négociations de Ouagadougou afin de se remettre au centre du dossier ivoirien. L’échec des pourparlers de Lomé, et Linas-Marcoussis qui s’est ensuivi, restent encore vivaces dans les esprits."


samedi, 17 février 2007

"Comment faire rentrer la Françafrique et ses crimes dans les élections de 2007?"



Afrikara.com - 21/09/2006 - http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=14...

"Il n’est plus besoin de revenir sur le demi-siècle au moins de crimes françafricains, ce système parallèle et criminel qui gère et oriente les anciennes possessions françaises, dans le sens de la corruption des processus démocratiques, le pillage des ressources africaines, et le blocage de l’émergence au développement de ces nations. Un des problèmes, et savoir-faire stratégique de cette architecture prédatrice qui structure de façon invisible voire occulte les relations afro-françaises, réside dans l’absence de publicité des crimes, de leur identification, et de la mise cause directe et individuelle des participants. Entreprises, partis et personnalités politiques africaines et européennes, se défilent du regard démocratique des sociétés qui leur accordent mandat et honorabilité. Le silence et les mensonges d’état font partie du crime mais ne l’épuisent pas.

Quitte à ce que, en connaissance de cause des électeurs français choisissent sans détour de prolonger les crimes de la Françafrique , estimant qu’il y va de leurs intérêts, au quel cas ces crimes auraient une légitimité populaire, il est néanmoins nécessaire démocratiquement que les citoyens en soient informés et en apprécie les contours, conséquences éventuelles.

Il est plus que probable que le résultat d’une mise à nue du système ne soit pas à l’avantage des françafricains, sinon ils ne se donneraient pas tant de peine pour subvertir les faits, les masquer, financer des éditions, papiers, journalistes à la solde pour donner des pillages en Afrique les versions les moins dérangeantes pour l’élite au pouvoir. Et d’élite il est souvent question : entre les financements occultes des campagnes électorales qu’aucun candidat des partis de gouvernement n’ignore, puisque ELF a toujours arrosé d’abord la droite gaulliste puis la gauche et la droite sous Mitterrand, respectant d’ailleurs les factions telles que les Balladuriens parmi lesquels ont comptait un certain Nicolas Sarkozy de fraîche rupture… ; les soutiens actifs aux autocrates, les privatisations des opérations militaires et barbouzeries, le sac françafricain ne manquerait pas de grain à moudre devant une cour de justice.

En attendant, tous ceux qui sont contre l’application de ce régime d’exploitation qui broie des vies et des existences depuis la fin formelle des colonies le financent tout de même par les impôts directs et indirects. Les Congolais de France ou Français d’origine congolaise ont par exemple contribué au financement de la guerre qui a détruit leur pays, menée par ELF société d’état à son profit via Sassou Nguesso actuel président du Congo-Brazzaville et de l’Union africaine…

Un certain nombre d’associations tentent d’attirer l’attention sur cette question, derrière la bannière de la campagne « Etat d’urgence planétaire » sur les élections présidentielles et législatives de 2007.publiée le 18 mai 2007. Le CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement) coordonne cette campagne d’interpellation des candidats sur les relations Nord-Sud, Survie, qui est membre du Comité de pilotage, est investie dans ce projet et tout particulièrement sur la thématique de la politique de la France en Afrique. Objectif un contrôle citoyen et parlementaire de la politique africaine de la France.

Il s’agit de jouer sur l’interpellation des partis politiques et des candidats, et sur la mobilisation citoyenne, relativement aux enjeux de la solidarité internationale. Cela fait 20 ans que le CRID s’inscrit dans cette démarche, la vérité oblige à relever que les résultats ne sont pas mirobolants. Chaque année voit les décisions nationales françaises prises en catimini, dans des officines parallèles, résultant dans l’envoi de troupes à l’étranger, de forces spéciales, de déstabilisation ou tentatives de déstabilisations de régimes -Côte d’Ivoire. L’arrivée d’un vote des originaires des colonies devenus français pourra peut-être changer la donne, si un travail de sensibilisation citoyenne parvient à construire et animer une attention électorale nouvelle sur la question.

Certes les moyens manqueront toujours pour de telles initiatives, mais elles ont le mérité d’exister, de pousser le principe démocratique jusqu’au bout et confronter le principes de la république des Droits de l’Homme à leurs contradictions, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Tchad ou en Birmanie.

A terme il faudra aussi que les interpellations de politiques, le contournement des médias françafricains financés par les Bouygues, Bolloré, Total, Orange et autres prédateurs en terre africaine, soient relayés par des actions, propositions pesant directement et en permanence sur le champ politique. De fait les changements apparaissants sur la scène géopolitique africaine, avec l’augmentation du nombre d’acteurs étrangers difficiles à coaliser avec les anciens [Malaisie, Chine, Inde, Brésil,…] rendront probablement un service involontaire à ceux qui ne supportent plus la survivance criminelle de cette régulation afro-française. Ces changements ne seront pas automatiquement synonymes d’amélioration du bien-être des Africains si ceux-ci n’innovent pas dans les stratégies politiques, géopolitiques et économiques."



mardi, 13 février 2007

Les porte-voix d’un Président sortant : après Pierre Péan, Brigitte Girardin



Le propos de Benjamin Silué sur le
livre-entretien de fin de mandat réalisé avec le journaliste Pierre Péan, titré «L’Inconnu de l’Elysée», vaut pour Brigitte Girardin qui affirme avec un aplomb qui confine au «toupet» : «l'après-Chirac inquiète les Africains» — propos qui devient le titre de son interview au Figaro.
Effectivement, sachant les successeurs probables de Chirac, il y a de quoi s’inquiéter… mais pas exactement pour les raisons qu’avance Brigitte Girardin !
Apparemment, le Président français a décidé de préparer une retraite vraisemblable et se donne des porte-voix !
Où, en guise de scoop, et comme en-tête de programme explicatif de l’œuvre mémorable de Chirac en Afrique (mais pas exactement pour les raisons qu’y ont vu les peuples africains — dont il connaît si bien l’âme), la
ministre déléguée au Développement nous explique d’emblée — comme la Françafrique le répète depuis sa création — que «ce que l'on appelle la ‘Françafrique’ n'existe plus depuis longtemps»… Il n’y a en effet qu’à vérifier par les faits (Benjamin Silué en rappelle quelques-uns)…
Une interview d’une énormité qui se
passe de commentaires supplémentaires — et qui vaut d’être citée intégralement ! — :


LE FIGARO
Propos recueillis par ALAIN BARLUET ET PIERRE ROUSSELIN.
Publié le 12 février 2007
http://www.lefigaro.fr/international/20070212.FIG00000029...


«Le ministre délégué au Développement évoque les thèmes qui seront évoqués au sommet France-Afrique qui s'ouvre mercredi à Cannes.



LE FIGARO. - Les relations entre la France et l'Afrique ont-elles évolué ?

Brigitte GIRARDIN. -
Ce que l'on appelle la « Françafrique » n'existe plus depuis longtemps. Nous avons désormais avec les pays africains une relation de partenariat. Nous n'imposons plus nos projets de coopération, nous en discutons. Nous nous inscrivons dans leur stratégie de développement. Avec la réforme de la coopération, nous avons mis fin au saupoudrage qui faisait que nous déversions de l'argent sans évaluer ce que nous faisions. Désormais, chaque année, nous évaluons chaque projet. C'est un respect que nous devons tant aux Africains qu'aux contribuables français. Chaque euro dépensé doit l'être avec efficacité.

En quoi notre approche de l'aide au développement a-t-elle changé ?

Nous avons changé nos méthodes. Mais surtout, nous sommes parvenus à convaincre que l'aide budgétaire, même accrue, ne suffira pas à éradiquer la pauvreté ou combattre le sida. Non seulement, nous avons donc doublé notre effort budgétaire d'aide au développement par rapport au gouvernement Jospin, mais, surtout, le président Chirac a été le premier à ouvrir la voie de financements innovants pour le développement : avec la taxe sur les billets d'avion, on dispose ainsi de ressources stables et prévisibles qui permettent d'élaborer de véritables stratégies de développement. Et au-delà de cet effort de solidarité, il y a aussi une prise de conscience qu'en aidant le Sud on s'aide soi-même. Par exemple, on ne réglera pas le problème de l'immigration clandestine uniquement par une politique sécuritaire et répressive, sans une politique de développement pour que ces populations aient des perspectives, d'emploi notamment, dans leur pays d'origine.

Peut-on parler d'un recul de la France en Afrique ?

C'est une idée répandue qui ne correspond absolument pas à la réalité. En termes d'aide, il y a un problème de visibilité dans la mesure où nous consacrons une part plus grande de nos interventions à l'aide multilatérale. Mais nous avons, en fait, quasiment triplé notre financement des projets d'aide bilatérale. Pour rectifier cette impression qui n'est pas juste, j'ai créé un nouveau logo France Coopération qui figure maintenant sur tous les projets où il y a de l'argent français.

Si la France n'est plus le « gendarme de l'Afrique », conserve-t-elle néanmoins suffisamment d'influence pour résoudre les crises ?

Que la France ne soit plus « le gendarme de l'Afrique » est une très bonne chose. Le monde a évolué. Nous avons des accords de défense et de coopération militaire que nous honorons avec les pays africains. Nous participons aussi à des opérations de maintien de la paix de l'ONU, comme en Côte d'Ivoire, ou de l'UE, en RD Congo. De plus en plus, nous intervenons aussi bien dans le cadre d'opérations de l'ONU, que des enceintes régionales africaines, ou encore en appui technique à la formation des armées africaines. En Côte d'Ivoire ou ailleurs, un même processus se dessine : les Africains prennent eux-mêmes en main leur destin et s'impliquent dans les crises régionales pour essayer de les résoudre. Ils portent ensuite leurs propositions devant l'ONU qui intervient pour les aider à sortir des crises qu'ils traversent.

En Côte d'Ivoire, cela ne fonctionne pas...

Il y a des crises que la communauté internationale n'arrive pas à résoudre parce qu'il manque le minimum de volonté des partenaires concernés d'y parvenir. On ne peut pas se substituer aux Ivoiriens et faire le travail à leur place. Espérons que la relance actuelle du dialogue aboutira à une véritable sortie de crise et à des élections libres. Et n'oublions pas que les forces de l'ONU appuyées par les soldats français de Licorne ont permis d'éviter des massacres et la guerre civile. Notre souhait comme celui de la communauté internationale est d'arriver au plus vite à une situation où la présence de Licorne et de l'Onuci ne sera plus nécessaire.

Les Africains s'inquiètent-ils d'un départ de Jacques Chirac du pouvoir ?

Pour tous les chefs d'État et les ministres africains que je rencontre, l'image de Jacques Chirac est exceptionnelle. Ils sont inquiets parce qu'ils ne veulent pas perdre le meilleur avocat qu'ils n'ont jamais eu. La dimension personnelle et affective de ses relations avec l'Afrique est unique.»





lundi, 12 février 2007

La dernière imposture de Jacques Chirac, «ami de l’Afrique»



Le Courrier d'Abidjan - Lundi 12 Fevrier 2007 - http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=12678

par Benjamin Silué :

"La perspective de la retraite politique rend-elle le président français fou ? Ou pense-t-il que les «Français sont des veaux», selon l’expression du général Charles De Gaulle ? En tout cas, dans un livre-entretien de fin de mandat réalisé avec le journaliste Pierre Péan, titré «L’Inconnu de l’Elysée», le président français tente de se poser en avocat de l’Afrique libre. Il n’hésite pas à insulter des faits connus de tous ceux qui ont un peu de culture – ce qui revient à injurier ses compatriotes, qu’il tient pour des demeurés.
Jacques Chirac explique qu’il a été un fervent soutien de l’ANC – «à l’insu de tous», relève tout de même le journaliste Perre Péan. «J'ai été militant de l'ANC de Mandela depuis la fin des années 60, le début des années 70. J'ai été approché par Hassan II, le roi du Maroc, pour aider au financement de l'ANC», raconte Jacques Chirac. «Qui pourrait confirmer votre engagement ?», demande Pierre Péan. «Mandela», réplique le locataire de l’Elysée. «Il était en prison. Qui d’autre ?», insiste le journaliste. «Probablement Desmond Tutu», ajoute, pince-sans-rire, Jacques Chirac. L’ancien archevêque du Cap porteur de valises ? Pourquoi pas ?
Jacques Chirac nous raconte que Hassan II était son vis-à-vis dans ce soutien. «Il a soutenu l'ANC dès le départ. Le souverain, qui avait une fortune personnelle importante, versait de l'argent à l'ANC (...) Il avait constitué un réseau de gens qui aidaient au financement de l'ANC. Il m'avait choisi pour cela...», affirme M. Chirac, sans autres précisions.

Quand Chirac glorifiait Buthelezi

Le président français sait-il qu’il subsiste des traces de l’interview qu’il avait donnée à Jeune Afrique Economie au début des années 1990 et dans laquelle il citait, parmi ses amis africains, Mangosothu Buthelezi, leader de l’Inkhata Zulu, au milieu de dictateurs françafricains ? Dans la même interview, il traitait l’ANC de parti tribal xhosa avec une virulence qui avait laissé ses interviewers perplexes. De plus, Hassan II, l’ancien roi du Maroc (décédé et qui ne peut donc plus témoigner), a été plusieurs fois accusé par des dignitaires de l’ANC de soutenir l’apartheid. Ainsi, en 1962, lors d’une tournée maghrébine, Nelson Mandela avait été reçu par Bourguiba (Tunisie) et Ahmed Ben Bella (Algérie), tandis qu’Hassan II le snobe et interdit à tout officiel de son pays de le recevoir. Pendant l’apartheid, le Maroc achetait des armes sud-africaines. Dès qu’il est arrivé au pouvoir, Mandela a en toute logique choisi le camp de l’allié algérien et du Polisario «progressiste» contre le Maroc hostile. Jusqu’à présent, le Maroc et l’Afrique du Sud ont des relations notoirement mauvaises, qui influent d’ailleurs sur les relations entre le Maroc et la Côte d’Ivoire… Hassan II, chef d’un réseau de financement de l’ANC ? Il a bien caché son jeu ! On se souvient également que Jacques Chirac était Premier ministre lors de l’assassinat à Paris de Dulcie September, perpétré conjointement par les services secrets français et sud-africain du temps de l’apartheid !

L’homme de la Françafrique dénonce le pillage des matières premières du continent

Jacques Chirac, dans son dernier livre-entretien, fustige la colonisation et l’exploitation de l’Afrique. «L'esclavage a toujours existé en Afrique au profit des Arabes et avec la complicité de chefs locaux. Puis est venue la traite, qui a duré quatre siècles. Cela a été un phénomène massif, perpétré également avec la complicité de chefs tribaux. On a pris les meilleurs on a pillé le sang des Africains», souligne M. Chirac.
«Et puis après on a dit que les Africains n'étaient bons à rien. Ensuite est survenue la deuxième +calamité+, les curés et les imams qui se sont rués sur les bois sacrés et ont détruit l'expression culturelle», poursuit-il. La troisième «calamité internationale» a été celle des «antiquaires».
Evoquant les Africains, il assure qu'«après leur avoir volé leur culture, on leur a volé leurs ressources, leurs matières premières en se servant de leur main-d'oeuvre locale. On leur a tout piqué et on a répété qu'ils n'étaient bons à rien. Maintenant, c'est la dernière étape : on leur pique leurs intelligences en leur distribuant des bourses, et on persiste à dire de ceux qui restent: +ces Nègres ne sont décidément bons à rien+"».
Imposture monumentale ! Jacques Chirac peut critiquer la traite négrière, il n’était pas là. En revanche, il fait partie de ceux qui ont pillé l’expression culturelle des Africains. L’on se souvient qu’il avait reçu, au début de son premier mandat, un masque malien volé. L’on sait aussi que son musée des Arts premiers contient le fruit de nombreux pillages en Afrique. Par ailleurs, Jacques Chirac est au cœur de tous les réseaux volant les ressources et les matières premières de l’Afrique, comme le démontrent d’excellents ouvrages tels que La Françafrique et Noir silence de François-Xavier Verschave et Afrique : pillage à huis clos de Xavier Harel ?
De qui se moque donc le futur ex-président français ?"



 

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mercredi, 07 février 2007

Étrange arrestation


Le Matin d’Abidjan & L'humanité


Le Matin d’Abidjan
— mercredi 7 février 2007 — http://news.abidjan.net/h/236209.html :

«
Incarcération d’un jeune patriote a Paris - Ce que la justice française lui reproche»

par
Philippe Kouhon :

«Le mystère qui entoure jusque là l’arrestation d’un jeune pariote ivoirien à Paris reste entier. Au point que la presse française qui semblait n’accorder aucune importance au sujet a décidé de s’y interesser. Cela fait deux semaines que le jeune patriote ivoirien, Yapo Assi Innocent dit Kalaï est écroué à Paris. Interpellé à son domicile en banlieue parisienne le 23 janvier dernier, "Kalaï ne sera pas de nouveau entendu par la justice française avant fin février", avait averti maître Carine Bourdier, l'avocate commise d'office et qui a assisté le jeune prévenu, le premier jour de l'instruction. C'était le jeudi 25 janvier, le jour de son incarcération à la prison parisienne de la santé. Depuis, sa compagne peine à obtenir de la juge d'instruction, un permis de visite. De leur côté, les deux avocats désignés par les proches de Kalaï ont dû batailler fort pour arriver à rencontrer leur client et organiser la défense des juges d'instruction et des avocats; qui ont prétexté du secret d'instruction pour justifier son action; nous avons donc pu en savoir davantage sur les motifs de l'arrestation du jeune patriote. Une source proche du dossier nous a en effet confié ceci : "Le jeune ivoirien aurait appartenu à un groupe de manifestants qui ont pillé et saccagé un Lycée français à Abidjan lors des évènements de novembre 2004… Mais sur les photographies prises sur les lieux, on voit juste un groupe de jeunes manifestants devant plusieurs appartements…On ne sait pas où exactement… Dans tous les cas, ni la police, ni la gendarmerie, encore moins la justice, n'ont de preuves formelles de la participation de votre ami à ces actes… Seulement ils savent qu'il (Kalaï) en sait beaucoup…Et espèrent qu'il parlera ". Et d'ajouter : " C'est d'ailleurs sur plainte du directeur du lycée français, rapatrié en France aux premières heures des évènements, en même temps que plusieurs autres familles françaises vivant en Côte d'Ivoire, qu'une commission rogatoire a été ordonnée par la juge Ducos (affaire civile)…Ce qui est différent de l'enquête de la juge Florence Michon du tribunal aux armées qui s'occupe des affaires militaires telles que le bombardement du camp français de Bouaké". Au moment de l'interpellation déjà, deux des gendarmes qui ont effectué le déplacement du domicile du jeune couple ivoirien disaient revenir d'Abidjan. Dès les premières heures de leur interpellation, il avait été proposé à Kalaï de collaborer en échange d'un titre de séjour. Véritable chantage qui rappelle les cas de IB (l'un des chefs de la rébellion ivoirienne) et Tony Oulai (un déserteur de l'armée ivoirienne), interpellés en France dans le cadre d'une "atteinte à la sûreté de l'État ivoirien", écroués puis relâchés avec en prime, des cartes de séjour. Ce, après avoir été maintenus longtemps à la prison de la santé et utilisés comme appâts; soit pour renouer avec Abidjan, soit pour tenter d'incriminer Laurent sur des sujets comme les évènements de novembre 2004 à Bouaké et Abidjan. Les patriotes ivoiriens résidant en l'Europe se disent "très préoccupés" par l'arrestation de l'un des leurs. Depuis donc l'incarcération à Paris du jeune Yapo Innocent Assi, ils sont nombreux à venir aux nouvelles. Des appels de Londres, Allemagne, Suisse, Autriche, USA, Italie, Belgique…sont enregistrés chaque jour, par le petit comité parisien de soutien à sa cause. Le week-end dernier, ils ont appelé à une mobilisation pour la "libération de leur camarade". Et au dire du président du comité, Pacome Zégbé, les patriotes ivoiriens veulent se faire entendre lors du prochain sommet France-Afrique (14-17 février à Cannes), surtout en prenant une part active aux manifestations qui rentrent dans le cadre du contre-sommet, à Paris, à Cannes et à Lyon. De son côté, l'ambassade de Côte d'Ivoire en France, qui a reçu ce week-end, la réponse à sa note d'explication auprès du Quai d'Orsay souhaite jouer sa partition. "Maintenant que nous avons la réponse des autorités françaises, nous allons faire ce qui est de droit", nous confiait, S.E.M. Hyacinthe Kouassi.»


L'humanité :

«Étrange arrestation

Depuis le 23 janvier, un jeune partisan de Gbagbo est détenu à la Santé. Les Ivoiriens de Paris, partisans de Laurent Gbagbo, s'organisent pour protester contre l'arrestation, le 23 janvier, d'Innocent Yapo et son incarcération à la prison de la Santé. Il a été arrêté à son domicile des Yvelines puis interrogé par les gendarmes, sur ses activités en Côte d'Ivoire, en novembre 2004. Dans le contexte d'une rébellion ''tenant'' toute la partie nord du pays, cette date marque le bombardement du camp de la force française ''Licorne'' à Bouaké, par deux avions pilotés par des mercenaires ''slaves'', qui a causé la mort de neuf militaires français. Le doute subsiste sur le déroulement de l'opération. La justice ivoirienne demande, entre autres, l'autopsie des neuf morts. En représailles, en novembre, intervient la destruction au sol, de l'aviation ivoirienne par l'armée française, puis des manifestations antifrançaises réprimées par les soldats de ''Licorne'' dans Abidjan, avec 67 morts ivoiriens. Du 4 au 13 janvier dernier, trois magistrats ivoiriens sont venus à Paris, rencontrer le juge d'instruction du tribunal des armées pour demander l'exécution de commissions rogatoires internationales pour l'audition de militaires français. Mais la démarche n'a pas abouti, comme le révèle l'interview du procureur d'Abidjan réalisée le 17 janvier par Philippe Kouhon, corres-pondant en France du Matin d'Abidjan. C'est dans ce contexte qu'Innocent Yapo a été arrêté pour un dossier présenté par la juge d'instruction comme "une affaire d'État". On lui reprocherait vol et pillage en réunion avec voie de faits, sur la base de témoignages de Français qui se sont portés partie civile dans la destruction de leurs biens, lors des mani-festations d'Abidjan. Les Ivoiriens de Paris dénoncent une provocation alors que la situation semble se détendre dans leur pays. Jacques Chirac, ayant invité Laurent Gbagbo au sommet France-Afrique, à Cannes, du 14 au 16 février, le maintien en détention de ce ''témoin'', voire de ce ''lampiste'', semblerait plutôt mal venu. Surtout après le refus de la justice de coopérer à l'enquête ivoirienne.»



lundi, 05 février 2007

Règlement de la crise ivoirienne - Le rôle du Burkina Faso



macotedivoire.info - 05-février-2007 - http://www.macotedivoire.info/alaune.php?action=lire_mess...

par Armand Bohui :

"Plusieurs observateurs de la crise ivoirienne se demandent pourquoi les discussions se passent au Burkina Faso et si le dialogue est véritablement direct. Des précisions méritent d’être faites…
Certains diront : "c’est de là-bas qu’est partie la guerre et c’est encore de là bas que devrait venir la paix. Ils ont certainement raison. Car il est constant que le Burkina Faso, pays frère de la Côte d’Ivoire a quelque chose à avoir avec la guerre imposée à la Côte d’ivoire depuis bientôt cinq ans.

Au plus fort des combats entre les rebelles et les loyalistes, des éléments de l’armée régulière du Burkina Faso ont été pris, y compris des civils qui ont participé aux cotés des rebelles à combattre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d’Ivoire. Concernant les rebelles ivoiriens, c’est au Burkina Faso qu’ils ont établi pour certains leurs bases et c’est surtout dans ce pays frère qu’ils ont été entraînés. Le Burkina de Blaise Compaoré n’est donc pas étranger à la guerre qui se passe en Côte d’Ivoire. Le Président Blaise Compaoré lui-même s’est plusieurs fois prononcé sur la crise ivoirienne sans précaution, estimant à la suite du président français, que le président ivoirien dont le pays a été attaqué doit faire l’objet de poursuites judiciaires. Tous ces souvenirs font que des ivoiriens n’arrivent pas à comprendre pourquoi le règlement de la crise devrait se passer au Burkina Faso. Ils s’interrogent sur le rôle exact du président du Faso dans cette crise.

Blaise n’est pas médiateur

Dans le processus initié par le président ivoirien, il n’y a pas de médiation. Le président Blaise Compaoré dont le pays abrite les négociations inter-ivoiriennes n’est pas un médiateur et ne remplace aucunement le président sud-africain Thabo Mbeki. Au cours de leur dernier sommet, la CEDEAO et l’UA ont demandé au président burkinabé de faciliter "le dialogue direct" entre le Président de la République de Côte d’Ivoire et la rébellion. Par conséquent le Chef de l’Etat Burkinabé n’est que facilitateur. En demandant au président Compaoré d’être facilitateur, les Africains sont conscients que cette requête se justifie. Ils savent qu’au Burkina Faso, les rebelles ivoiriens seront à l’aise et aussi en sécurité. Il reste à savoir si on peut parler de "dialogue direct" dans un autre pays.

Le dialogue est-il direct ?

Dans le cadre de règlement de la crise proposé par le président ivoirien, il y a cinq propositions. La plus importante est de l’avis de beaucoup d’analystes, "le dialogue direct". Cela signifie que les rebelles doivent être face-à-face avec le Président de la République. L’essentiel étant de discuter sans intermédiaire, le lieu importe peu. Pourvu que les discussions se passent entre les seules deux parties. C’est pourquoi il faut estimer que le dialogue est direct."

 



 

lundi, 29 janvier 2007

Incarcération d'un jeune patriote ivoirien à Paris (suite)



Le Matin d'Abidjan :: Lundi 29 Janvier 2007 :: http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...

"
INCARCERATION D'UN JEUNE PATRIOTE A PARIS - Les autorités ivoiriennes montent au créneau"

par Philippe Kouhon
(correspondant Europe) :

"Le sort de Yapo Assi Innocent, jeune patriote ivoirien arrêté à Paris il y a cinq jours, puis écroué depuis le jeudi 25 janvier dernier à la prison de la Santé à Paris, est désormais entre les mains de la justice française. " Il ne sera pas entendu à nouveau avant fin février ", nous confiait hier Me Bourdié Carine, l'avocate commise d'office par la justice française elle-même. Laquelle avocate est contestée par les parents et proches du prévenu. Qui entendent la dessaisir du dossier pour le confier à Me Françoise Cotta, très réputée en la matière. On annonce même la constitution d'un collectif d'avocats. C'est dire à quel point l'affaire est " sérieuse ". A Paris où réside le jeune patriote depuis 13 mois, la représentation diplomatique ivoirienne, à travers l'ambassadeur Kouassi Hyacinthe, s'est saisie du dossier. Joint hier au téléphone, le diplomate a dit " être très préoccupé " par cette arrestation qui " intervient au moment où le brouillard commence à se dégager entre Paris et son pays la Côte d'Ivoire ", au vu des bonnes intentions affichées par les autorités des deux pays. Depuis Nancy à l' Est de la France, où il est en déplacement, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France " a donné l'ordre de suivre le dossier ", révèle M. Koffi Fana, premier conseiller de l'ambassade. " Nous avons contacté les autorités françaises, surtout le Quai d'Orsay qui, dans pareille circonstance, nous informe immédiatement. Et depuis, nous attendons les réponses", précise-t-il. Hier après midi, quand nous nous rendions à notre ambassade sise au 102, rue Raymond Pointcaré dans le 16e arrondissement, la diplomatie ivoirienne n'avait toujours pas de retour d'info du Quai d'Orsay. " Nous allons engager une procédure d'explication. Car au vu de ce que nous avons lu dans la presse, si les dires des gendarmes et des magistrats français en charge du dossier se confirment, il n'est pas normal que pour de telles suspicions, nous ne soyons pas informés ", explique madame Sissoko, vice consul à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Aux premières heures de l'interpellation de Yapo Innocent, les gendarmes puis la juge en charge du dossier parlaient d'une " affaire d'Etat ayant trait au bombardement du camp de la force Licorne de Bouaké et manifestation de jeunes patriotes devant l'hôtel Ivoire en novembre 2004." De leur côté, les jeunes patriotes ivoiriens vivant à Paris qui s'étaient heurtés à la colère du juge Ducos le jeudi 25, jour de l'instruction de Yapo, au tribunal de grande instance de Paris, n'entendent pas baisser les bras. Constitué en comité de crise, ils entendent multiplier les actions en vue de la libération de leur camarade. " Nous allons dans les prochains jours nous mobiliser dans toute la France pour la libération de notre ami " avance, M. Adégué Amos, l'un des responsables du comité. " Je voudrais dire à tous les patriotes épris de liberté, à travers le monde entier, de se joindre à nous. Des opportunités telles que le prochain sommet France-Afrique à Cannes du 14-16 février prochain seront explorées ", rappelle -t-il. Avant de terminer : " Nous comprenons enfin que la France veut nous distraire dans ce dossier de la tuerie des Ivoiriens devant l'hôtel Ivoire. Cette interpellation manu militari suivie d'incarcération rapide de Yapo Assi est une réelle provocation à laquelle nous allons répondre. " Les prochains jours nous situeront."



vendredi, 26 janvier 2007

Autour de Bouaké et de l'Hôtel Ivoire



Ci-dessous, lu dans
Le Matin d'Abidjan, mais pas lu dans les journaux français, qui confirment cependant le malaise en dénichant un "instructeur" français des pilotes slaves des Sukhoï (tiens, on ne savait pas qu'il y avait aussi, en plus des "Slaves", des - ou au moins un - Français...). C'est L'Express qui a découvert et interviewé ledit "instructeur", L'Express repris par tous les autres qui continuent d'en rajouter dans le "révisionnisme évolutif".
On arrête (cf. ci-dessous) des patriotes ivoiriens à Paris, tout en cherchant à prévenir ce dont on laisse à penser que ça va finir par éclater concernant Bouaké : Gbagbo n'avait rien à voir - non plus peut-être que les Sukhoï (on refuse toujours l'autopsie des soldats français tués)...


Le Matin d'Abidjan - Vendredi 26 Janvier 2007 :: http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...:


"TRIBUNAL DE PARIS HIER
Juges français et jeunes patriotes se battent"

par Philippe Kouhon
(Correspondant Europe) :

"Interpellé tôt le mardi dernier en banlieue parisienne, Yapo Assi Innocent a passé 48h de garde à vue dans les geôles de la brigade criminelle de la gendarmerie sise à la porte de Bagnolet (20e arrondissement) au 154, boulevard Davout. Hier matin, il a été entendu par deux juges d'instructions aux affaires pénales de Paris avant d'être écroué vers 17h à la prison de la santé dans le 14e arrondissement. Madame Ducos et M. Sommerer qui ont entendu le jeune patriote se sont heurtés à un groupe de jeunes patriotes ivoiriens de Paris qui étaient présents dans les locaux du tribunal, peu avant l'instruction. Il est 10h, en effet, quand nous nous pointons au palais de la justice dans le 4e arrondissement (M° Cité). Sur place, une dizaine d'Ivoiriens attendaient. " Le jeune Yapo Assi Innocent sera bel et bien entendu ce matin à 11h dans le cabinet de la juge d'instruction, Mme Ducos ", apprend-on des services du greffe. Nous sommes conduits au 2e étage porte D rejoints par cinq autres Ivoiriens visiblement très au courant de l'affaire dont la compagne ivoirienne de Kalaï. Nous nous informons auprès de la garde d'entrée de la juge en question. " Vous n'avez pas à être là. C'est une affaire sérieuse et ici ce n'est pas une galerie publique ", nous lance , un garde visiblement sur les nerfs. " J'ai appris que mon compagnon sera assisté par un avocat commis d'office. Je souhaiterais le connaître car de mon côté j'en ai commis un autre ", explique la compagne du patriote dont nous taisons pour l'instant le nom pour des raisons de sécurité. Cinq minutes plus tard, trois autres Ivoiriens arrivent dans le hall. Et alors que le groupe échangeait avait la garde du cabinet de la juge, deux personnes sortent du cabinet, pour prendre un café dans le hall. Ce sont Mme Ducos, assisté de M. Sommerer. Nous engageons une discussion avec les deux juges qui, très vite, s'énervent devant l'intransigeance de la foule qui leur faisait comprendre que l'avocat commis d'office pour assister Kalaï et dont tout le monde ignore l'identité n'avait pas l'assentiment des proches de l'accusé. Les Ivoiriens, en majorité des jeunes gens, les informent qu'ils ont pris avocat pour défendre le mis en cause : Me Françoise Cotta. " Elle n'est pas mieux que celui que nous avons choisi pour Yapo. D'ailleurs, cet avocat fait partie des douze meilleurs du barreau ", rétorquent les deux juges. A dire vrai, ils connaissent bien l'avocate pour sa propension à défendre ceux qui sont traqués par les autorités françaises. Surtout quand ils appartiennent à des minorités. Pour une telle affaire donc, la justice française n'avait aucun intérêt à permettre que la défense du prévenu soit assurée par un avocat de la notoriété de Me Cotta. " Que reprochez-vous au jeune ", risquons-nous. "C'est une affaire de secret d'Etat. Nous n'avons aucune information à vous donner. Monsieur Yapo est majeur. Il saura se défendre", répondit l'un des juges. Et d'ajouter: " Vous devez savoir de quoi il est question si vous êtes des vrais Ivoiriens. Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est une affaire très compliquée. " Une rude discussion débute alors entre le groupe d'Ivoiriens et les deux juges. Conséquence : très vite, la gendarmerie qui s'est déployée en grand renfort éjecte la dizaine d'Ivoiriens du palais. Avec nos compatriotes, nous nous retrouvons donc dehors, malgré notre carte de presse que nous exhibions. Tant le groupe se rend au cabinet de Me Cotta Françoise. Elle accepte de nous écouter et nous promet de tout faire pour savoir davantage un peu plus tard. Rendez-vous est pris pour 18h30. Finalement, nous apprendrons que l'avocate commise d'office n'était qu'une secrétaire de conférence très intégrée dans le système. A la fin de l'audience, il s'est juste contenté de dire un mot à la compagne du prévenu : " C'est moi qui vient d'assister votre copain. Mais pour des raisons de secret professionnel, je ne vous en dit pas plus. Vous êtes libre de prendre un autre avocat… " Me Cotta qui est très réputée dans ce genre d'affaires et qui a eu le temps d'introduire une de ses substituts dans le réseau nous révélera : " J'ai eu des accrochages avec la juge Ducos. Elle fait un blocus total. J'ai dû envoyer au palais Me Talia Coquis qui rapporte que Yapo se porte bien et qu'il est incarcéré à la prison de la santé. Il ne sera pas entendu à nouveau avant février prochain. C'est une détention provisoire qui peut se tendre sur plusieurs mois. Mais j'aurai connaissance du dossier lorsque lui-même me désignera. " Et de poursuivre : " Selon les informations en ma possession, Yapo serait cité dans l'affaire de l'Hôtel Ivoire, une conséquence du bombardement du camp français de Bouaké en novembre 2004. J'ai aussi vu Me Bourdié Carine qui l'a assisté. Elle a dit que la juge d'instruction ne s'opposera pas à une demande de permis de visite." Il est 20h quand nous quittons le bureau de Me Françoise Cotta, rue du Louvre (1e arrondissement de Paris). Vu les raisons avancées pour justifier cette arrestation, il est clair que c'est l'Etat ivoirien qui est visé. Le pouvoir en place à Abidjan qui hésite à porter plainte contre la France meurtrière de Chirac est averti."



 

vendredi, 19 janvier 2007

Interview/ Blé Goudé , président du Cojep ''Les rebelles vont partir d'eux mêmes''



Le Matin d’Abidjan
14/01/2007 — http://www.lematindabidjan.com/visual_viepol.php?num_viep...

Propos recueillis par
Fabrice Tété :

«
Samedi soir, sous le coup de 19h GMT, le président de l'Alliance des jeunes patriotes et secrétaire exécutif des mouvements panafricains était sur la chaîne camerounaise Canal 2 international. Blé Goudé a une fois de plus expliqué la crise ivoirienne et permis aux nombreux téléspectateurs de mieux appréhender le combat de la jeunesse ivoirienne qui commence à s'étendre au reste du continent. Un entretien que nous proposons en intégralité.

Doit-on vous appeler commandant, général ou président Blé?
Je suis Charles Blé Goudé, président du COJEP, aujourd'hui secrétaire exécutif du mouvement panafricain. L'appellation ''général'', cela est arrivé dans un contexte où la Côte d'Ivoire a été attaquée par des rebelles. Revenu de l'Angleterre, j'ai mis en place une structure qu'on appelle l'Alliance des jeunes patriotes dont l'objectif était de prendre la rue et à travers la mobilisation de masse, arrêter la rébellion. C'est-à-dire comment décourager ceux qui ont pris les armes à travers la mobilisation des masses. Telle était la problématique que j'avais posée. Voilà d'où est venu le surnom ''général'', sinon je suis Charles Blé Goudé.

Je suis le directeur de publication d'un journal nigérien qu'on appelle ''La Giffe''. Alors au Niger et un peu partout en Afrique, on vous a connu à travers les médias étrangers, notamment français, comme un fauteur de troubles, un xénophobe. Alors qui est vraiment Charles Blé Goudé ?
Celui qui sème le trouble, c'est celui qui manifeste contre les normes. Je ne pense pas que cela a été notre cas. Des Ivoiriens, en collaboration avec la France qui les manipulent et avec la complicité de certains leaders politiques, prennent des armes et attaquent la Côte d'Ivoire. A la tête de ce groupe, Soro Guillaume, un ami à moi, un ancien secrétaire général du mouvement estudiantin sous qui j'ai travaillé. Pendant que lui a les armes en main, mes amis et moi nous prenons la rue. Une, deux et trois fois, nous le faisons. Et les médias étrangers, pendant qu'ils présentent les rebelles comme des gens gentils, des gens mignons, nous présentent comme des voyous, des semeurs de troubles. Alors moi, je laisse les gens, l'opinion juger. Entre ceux qui prennent les armes et ceux qui prennent la rue, qui sont les vrais voyous ? Mais cela nous amène à comprendre l'origine de la crise ivoirienne. En fait, dans la conception du plan de déstabilisation de la Côte d'Ivoire, l'on n'avait pas compté avec les jeunes patriotes, puisque moi je n'étais pas là. Notre entrée en scène les a déroutés. C'est à partir de là qu'ils se sont organisés pour lancer cette campagne de diabolisation qui, avec le temps, est en train de changer. Puisque je parle avec le Nigérien, avec le Camerounais, cela veut dire que les choses ont évolué aujourd'hui. Je suis allé au Niger, au Cameroun, les jeunes de ces pays africains doivent comprendre que c'est un schéma classique de diabolisation de tous les leaders africains qui disent non à l'ordre ancien.

Ça fait quand même quatre ans que cette crise dure, il y a eu des réunions, un peu partout en Afrique même en Europe. Des accords ont été signés, mais c'est toujours le statu-quo, les choses n'évoluent pas, qu'est-ce qui bloque ?
Ce qui bloque, ce sont ceux qui organisent les différentes tables rondes, parce qu'en les organisant, ils ont un agenda secret qui est très différent de ce que les Ivoiriens attendent. C'est quoi un agenda secret ? C'est de faire signer des accords qui n'ont pas pour objectif de trouver une solution à la crise ivoirienne, mais plutôt de trouver des mécanismes pour humilier le chef de l'Etat ivoirien, réduire ses pouvoirs et le bouter hors pour mettre en place un genre de préfet local qui est un genre de prolongement de l'administration française en Côte d'Ivoire. Ce que nous n'acceptons pas. Alors, les gens ont peur de faire le point des accords. La table de négociations est une table de donner et de recevoir. Quand on demande au chef de l'Etat ivoirien à Marcoussis, en France, de démettre son premier ministre d'antan afin de mettre en place un nouveau premier ministre dit de consensus, ce qui a été fait, et qu'en retour on lui promet le désarmement qui jusqu'aujourd'hui n'est pas fait, qui bloque les accords ? Deuxièmement, on lui demande d'intégrer les rebelles et leurs chefs dans le gouvernement dit de réconciliation nationale, il le fait et en retour il n'y a pas de désarmement. A qui la faute ? La réunion se déplace à Pretoria où on demande au Président Gbagbo d'user de ses prérogatives en fonction de la constitution ivoirienne, notamment l'article 48, pour faire d'Alassane Ouattara un candidat. Je rappelle que M. Ouattara s'est vu refuser la participation aux élections en 1995 par Henri Konan Bédié qui est aujourd'hui son partenaire. Parce que, disait-il, il n'est pas Ivoirien. Le Président Gbagbo a donc usé de l'article 48 pour faire d'Alassane Ouattara un candidat. Ce qui n'est pas normal, parce que ceux qui ont demandé ça au Président Gbagbo doivent savoir qu'ils ont posé un acte irrégulier, un acte antidémocratique. Car la révision de cette disposition constitutionnelle devait intervenir par référendum.

L'ivoirité ayant été adoptée par référendum, on ne peut pas demander à quelqu'un ce genre de choses?
Je voulais d'abord vous dire que l'ivoirité n'a jamais été adoptée par référendum en Côte d'Ivoire. M. Henri Konan Bédié, président de la République de Côte d'Ivoire de 1993 à 1999, a mis en place ce concept d'ivoirité et il revendique la paternité de ce concept. Dans son livre qu'il a écrit intitulé ''Les chemins de ma vie'', cela est marqué là-dedans. Donc ça n'engage que lui. Malheureusement, cela a pris tout le pays et ce sont ceux qui n'ont pas cassé ces pots qui sont en train de payer. C'est pourquoi je dis que le Président Gbagbo a résolu un problème que le Président Bédié a créé avant de partir. Un genre de bombe à fragmentation qui était prête à exploser dans les mains de n'importe qui. Alassane Ouattara est candidat grâce à Gbagbo, mais le désarmement n'est pas toujours intervenu et nous partons d'accords en accords. Sans que personne ne puisse lever le petit doigt pour faire la pression sur les rebelles afin qu'ils fassent aussi leur part de sacrifice, c'est-à-dire déposer les armes, réunifier le pays pour qu'on parte aux élections.

Au Cameroun, les gens s'attendaient à voir un Blé Goudé mesurant 2 m, pour 200 Kilos. On a plutôt un monsieur de taille normale qui ne fait pas 80 Kg à vue d'œil. D'où tirez-vous cette force ?
Mais il y a grandeur et grandeur. Un grand homme n'est pas forcément celui qui est géant. Maintenant vous savez, nous sommes à la recherche en Afrique de leaders qui ont un lien historique dans leur action avec le peuple. J'ai été leader des élèves et étudiants, et à ce titre j'ai porté leurs revendications. Alors c'est cette jeunesse là aujourd'hui qui connaît notre passé, qui sait que nous n'avons jamais fléchi qui travaille avec nous. Et qui sait également que nous avons été constant dans le combat, que nous avons des convictions fermes. C'est tout, à part cela, il n'y a rien d'autre.

Il y a quelques semaines, l'ONU a pris la résolution 1721 qui est censée quand même pouvoir créer les conditions d'un retour de la paix en Côte d'Ivoire. On s'est rendu compte que l'opposition civile et armée l'a acceptée quand le camp Gbagbo et les jeunes patriotes l'ont refusée. Alors que reprochez-vous à la 1721 ?
D'abord je m'inscris en faux, le camp Gbagbo n'a pas rejeté la 1721. Le président Gbagbo non plus n'a pas rejeté cette résolution. Mais nous disons que la solution à la crise ivoirienne ne se trouve pas dans une résolution. Parce qu'une résolution qui s'écarte volontairement de la réalité ivoirienne ne peut-être appliquée. On ne peut pas rester à New York et puis prendre des décisions qui n'ont rien à voir avec la situation de crise en Côte d'Ivoire. Comment pouvez-vous comprendre qu'on parte à une réunion aussi importante du conseil de sécurité de l'ONU sans que personne ne puisse évoquer la question du désarmement, dans un conflit comme celui que nous vivons en Côte d'Ivoire, où il y a une partie contrôlée par des gens armés ? Mais pourquoi on n'en parle pas ? Il n'y a aucun paragraphe dans cette résolution qui traite du désarmement des rebelles. Ce qui est incceptable.

Cette résolution aurait été bien préparée par les Français sous prétexte que ce pays est votre ancien colonisateur ?
Mais je vous dis que cette résolution est la dernière mouture de ce que la France avait préparé. La France avait demandé la suspension de la constitution ivoirienne, la mise à l'écart du président Gbagbo. En fait, elle veut bouter hors le président de la République. Elle est poussée par la haine contre celui-ci qui est un président atypique, qui refuse d'aller dans le sens d'un sous-préfet local. Cela dit, la 1721, nous ne l'avons pas rejetée. Seulement que tous ceux qui prennent des résolutions, tiennent compte des réalités de la Côte d'Ivoire. C'est que des individus ont pris des armes et ont agressé la République. En leur donnant satisfaction par-ci par-là, en accédant à leurs requêtes, on encourage d'autres rébellions ailleurs en Afrique. Or il faut décourager toute rébellion. Si un enfant fait des gaffes tout le temps à la maison et que vous accédez à tous ses caprices, pourquoi voulez-vous qu'il arrête ? Quand Soro Guillaume et tous ses rebelles occupent une partie du pays ou il n'y a pas d'impôt qui est versé dans les caisses de l'Etat, et qu'ils sont payés par l'Etat sans qu'on leur fasse une quelconque pression, et qu'on leur déroule le tapis rouge à Paris comme dans d'autres capitales africaines, pourquoi voulez-vous qu'ils déposent les armes ? Ils ne le feront pas. A leur place, moi je ne le ferai pas. Mais s'il y a une pression réelle, une volonté manifeste de la communauté internationale et de tous ceux engagés dans la résolution de la crise à amener les rebelles à désarmer, ils vont le faire.

Guillaume Soro, vous l'avez dit, est votre ami. Est-ce que vous ne pouvez pas utiliser ces relations avec lui comme le pensent beaucoup de gens pour trouver une autre issue à la crise ivoirienne ?
Mais ceux qui pensent ainsi se trompent parce que ce n'est pas un problème de sentiments, c'est un problème d'intérêt national, mais d'intérêts particuliers surtout. Il ne sert à rien que lui et moi nous nous appellions pour parler de notre passé. Il s'agit plutôt de savoir ce qu'on peut faire pour apporter une solution à la crise ivoirienne. Pour mettre fin aux souffrances des populations. Or Soro, me semble-t-il, est déjà allé trop loin. Il a promis monts et merveilles à des jeunes gens qu'il a recrutés, qui ont fait la guerre à sa place, et qui lui ont donné tout ce qu'il possède aujourd'hui. Deuxièmement, les Français et lui ont trempé dans trop de complots. Trop de secrets les lient aujourd'hui, et Soro est devenu l'otage des Français. Avait-il de l'argent pour payer des armes, nourrir les rebelles ? Des personnes ici et là, lui ont fait des prêts, j'en suis convaincu. Il lui faut donc utiliser la partie sous son contrôle pour rembourser. Mais quand tout sera fini, un jour, il déposera les armes. Voici tant d'interpellations, d'interactions qui dépassent les relations entre lui et moi, c'est pourquoi je ne rêve pas du tout.

On vous a vu devant les chars français les mains nues en novembre 2004 avec vos partisans en train de tenir tête aux soldats français. Qu'est-ce qui se passait dans votre tête dans ces instants-là ?
A ce stade, c'est une seule chose qui a lieu d'être. C'est que notre vie n'a plus d'importance. Quand vous avez des milliers de personnes qui croient en vous, j'estime que votre vie n'est plus importante. Ceux qui sont morts devant l'Hôtel Ivoire, sur le pont De Gaulle, tués par les Français à coup de chars, ceux qui sont morts, tués par les rebelles, sont des gens qui ont des familles comme moi. Ils ont répondu à notre appel et nous ne sommes pas de ces leaders qui appellent les gens dans la rue pendant qu'ils sont cachés dans les ambassades. Alors quand nous appelons nos amis, c'est tout à fait normal que nous prenions le devant des choses. A ce moment, rien ne se passe dans nos têtes, sauf que nous voulons trouver une solution à la crise ivoirienne.

A l'issue du récent sommet du COJEP, vous avez été donc élu secrétaire exécutif du mouvement panafricain. Alors que comptez-vous faire dans l'immédiat pour pouvoir permettre aux jeunes africains d'entamer le combat que vous avez déjà engagé en Côte d'Ivoire ?
Dans l'immédiat, il faut d'abord former le secrétariat exécutif, c'est un travail d'équipe qui doit être composé de différents pays. Je vais d'abord commencer à donner des missions précises et concises à nos amis dont les pays peuvent accepter de les laisser travailler. Ensuite établir des stratégies pour que les autres puissent travailler là où il y a des difficultés. Mais je pense qu'au cours de nos travaux, nous avons tous accepté d'aller au risque. C'est vrai qu'il y a des chefs d'Etat qui ne pourront pas permettre à leurs jeunes de critiquer vertement le colonialisme, l'ancienne puissance coloniale qui est la France ou tout autre pays occidental. Il faut qu'ils comprennent que plus jamais, on doit permettre que demain soit comme hier. Et que c'est notre détermination qui amènera les autres à comprendre que l'Afrique a son mot à dire. Le premier combat, c'est de comprendre que l'on nous divise, les gens opposent la Côte d'Ivoire au Burkina Faso et pendant qu'on se bat, la France se lèche les doigts. L'on oppose le Cameroun à un autre pays et pendant qu'ils se battent, la même France se lèche les babines. Alors la solution se trouve dans la solidarité africaine, la solution se trouve dans l'union africaine, mais je ne parle pas d'une union africaine qui est le prolongement de l'Union européenne; parce que je suis encore étonné que le président de l'Union africaine avant d'être élu, est nommé depuis Paris. Comment vous expliquez que le président Sassou Nguesso pour résoudre une crise en Côte d'Ivoire, quitte le Congo et atterrit à Paris pour avoir un entretien de plus d'une heure avec Chirac avant de venir à Abidjan ? Arrêtons ce bibéronnisme politique. Pour cela, les sociétés changeant par génération, c'est notre devoir d'expliquer aux jeunes africains que le cas en Côte d'Ivoire fait partie des schémas classiques qui ont éliminé Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Kwamé N'Kruma. Mais pendant combien de temps allons-nous nous laisser manipuler par les européens qui ont peur de l'Afrique qui a été le berceau de l'humanité? Aujourd'hui, je pense que nous militons à Abidjan, c'est déjà un pas vers la révolution.

On vous attribue d'avoir dit que le palais de la République à Abidjan appartient à la France. Est-ce que cela serait vrai ?
Je ne connais pas celui qui l'a dit. Mais ce n'est pas tout à fait faux. Est-ce que quelque chose nous appartient encore en Afrique ? Je ne parle même pas de la Côte d'Ivoire. Notre électricité, notre eau, notre communication téléphonique est gérée par la France. Où sont les symboles de notre souveraineté ? Mais non contente de cela, elle veut encore nommer nos chefs d'Etat à notre place. La réponse est que les Africains doivent comprendre que ce que les Français ne peuvent pas accepter, les européens ne peuvent pas accepter chez eux, nous devons les refuser en Afrique. Je ne pense pas que les Français puissent accepter que les Allemands gèrent leur téléphone à leurs places et vice-versa. Mais ici, c'est eux qui gèrent tout et quand il y a un chef d'Etat africain qui refuse, tout de suite on le diabolise. Regardez, dès que le président Kagamé a décidé de mettre sur pied une commission d'enquête sur le génocide du Rwanda, on l'a accusé de tous les maux d'Israël. Mais en tant qu'un monsieur crédible convaincu et déterminé, il a pris la décision qui s'imposait et Paris s'est calmé du coup. Ces histoires du juge Bruguière ou quoi se sont calmées en même temps. Parce qu'il a court-circuité l'adversaire. Il faut qu'à l'image du Rwanda, les pays africains à défaut de rompre leurs relations, puissent arrêter le bibéronnisme politique et prendre le devant des choses. Ils sont élus par leur peuple et non par Paris.

M. Blé Goudé, le 05 février 2005, si ma mémoire est bonne, l'ONU avait pris des sanctions contre vous et deux autres leaders ivoiriens. On sait que vous avez encore des discours du plus en plus virulents contre la France. Ne craignez-vous pas d'autres sanctions ?
Moi je n'ai pas été mis au monde par mon père pour caresser la France. Je ne suis pas en mission sur cette terre pour caresser la France C'est pour cela que je ne vais pas quitter mon pays. Mais je dis, je ne suis pas né dans un avion et ma vie ne se limite pas à des voyages. Mon père est au village, il est dans sa plantation. Mais il y a des gens qui sont nés dans le luxe et qu'ils ne peuvent pas se passer des voyages. Je ne suis pas de ceux-là. Tant que je peux me promener en Côte d'Ivoire, me rendre dans mon village, cela me suffit. Mais bientôt j'irai en Afrique, s'ils s'amusent à continuer, je prends l'avion et j'y vais. Il appartiendra maintenant aux peuples africains de me refouler.

On a bien vu le président Mugabe du Zimbabwe lui aussi interdit de voyager par les Nations unies, mais Chirac l'a bien accueilli au sommet Franco-Afrique et là on n'a plus parlé d'interdiction, l'Onu n'a rien fait. N'est-il pas temps pour vous de voyager en Afrique ?
Je laisse d'abord les Africains comprendre le problème ivoirien parce qu'on l'a dénaturé. On a fait croire aux Burkinabés que les Ivoiriens ne veulent pas les voir en Côte d'Ivoire, mais cela est archi-faux. On se sert de l'ignorance en Afrique pour manipuler les populations parce qu'on n'a plus d'argument. Il fallait que les rebelles se trouvent une base arrière à travers les pays frontaliers à la Côte d'Ivoire, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Ghana mais ça n'a pas marché. Au Libéria, le changement de régime a permis de sécuriser la frontière. Comment donc rallier les burkinabés à leur cause ? Il faut qu'ils se fassent passer pour leurs bienfaiteurs, en posant des problèmes de cartes d'identité, de papiers en Côte d'Ivoire. Mais cela peut se résoudre. J'ai écouté le ministre de l'intérieur en France dire qu'il faut chasser les Africains qui ne sont pas en règle et qu'il faut durcir la loi. Je vois des jeunes sénégalais qui meurent chaque jour dans la mer, des jeunes maliens qui sont toujours rapatriés dans avions, attachés, cela ne choque aucunement les Africains. Mais c'est le problème ivoirien qu'on dramatise, qui choques. Ne nous trompons pas de combat et d'adversaire. Donc, je laisse les gens comprendre d'abord la nature du problème ivoirien et puis ensuite je prendrai mes responsabilités. Mais d'abord mon pays étant membre de l'Onu, j'observe pour l'heure cette décision, quitte à eux de se rendre compte qu'ils se sont trompés et on verra.

Vous avez été en prison huit fois sous les différents régimes. Quand le président Houphouet-Boigny, mourant, gouvernait, je peux imaginer que vous n'aviez que 21 ans quels étaient vos rapports avec lui ?
Non, je n'ai pas eu des rapports avec le président Houphouet-Boigny parce que j'étais encore au lycée. Ce sont plutôt mes devanciers qui dirigeaient le mouvement qui ont eu des rapports avec lui. Mais cela dit, j'étais membre du mouvement et je sais que les rapports entre lui et la FESCI n'ont jamais été tendres. Tant qu'avec Houphouet qu'avec Alassane Ouattara qui était premier ministre. C'est même ce dernier qui a dissout le mouvement estudiantin. Il était interdit d'activités en Côte d'Ivoire et être membre cette situation était un délit. On poursuivait les étudiants jusque dans leurs chambres, dans la maison de leurs parents et on les jetait en prison. Après Houphouet est venu Henri Konan Bédié et c'est avec lui que nous avons courir toute sorte de brimades, d'arrestations, de tracasseries jusqu'à ce qu'on nous enchaîne dans notre lit d'hôpital parce que malade en prison. Et c'est ceux-là qui aujourd'hui, sous l'influence de la France, parlent de démocratie. Cela choque, c'est pourquoi la majorité de la jeunesse ivoirienne ne les suit pas.

On a d'ailleurs une photo qui vous montre enchaîné sur le lit d'hôpital au CHU de Treichville. Je voudrais vous demandez ce qui s'est passé au point d'arriver-là ?
J'étais secrétaire général de la FESCI et nous étions en 1999. Les étudiants devaient poser des revendications sur la table du gouvernement. Au lieu et place des négociations, le gouvernement a brandi des menaces, et a procédé à l'arrestation d'étudiants, d'élèves, même de ceux de moins de 13 ans. Jusqu'à ce que moi-même je sois arrêté. Alors à l'issue des brimades, j'ai été malade et le pouvoir a refusé de me donner les soins adéquats. ''Médecins sans frontières'' intervient et finalement je suis admis dans un centre hospitalier de la place à Abidjan. Je n'arrivais pas à dormir et on m'avait mis sous somnifère. A mon réveil, je trouve une grosse chaîne nouée à mon pied, je demande au garde qui me surveillait, il me dit qu'il ne fait qu'exécuter les ordres qu'il a reçus. Voilà ce qui s'est passé.

Aujourd'hui quand vous voyez ces gens qui ont procédé comme ça et qui parlent de droits de l'Homme, à savoir, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, qu'est-ce que vous pensez d'eux ? Du mépris, de la haine ?
Non ! Non ! Je n'ai pas de mépris, ni de haine pour eux. Je vois simplement l'hypocrisie et la sournoiserie faites hommes. Des gens qui disent ce qu'ils ne pensent pas. Je vous ai dit que c'est M. Ouattara qui a dissous le mouvement estudiantin. Lui aujourd'hui qui fait des problèmes des étrangers son cheval de bataille, la carte de séjour en Côte d'Ivoire, c'est bien lui qui l'a introduite. L'irruption de policiers dans une mosquée pour la première fois en Côte d'Ivoire a été faite sous Alassane Ouattara à Abidjan pour contrôler les cartes de séjour des étrangers. Je suis donc surpris qu'un tel monsieur soit devenu le défenseur des étrangers. Mais seulement parce qu'il veut les utiliser comme bétail électoral. Il connaît aujourd'hui les thèmes sensibles au plan international que sont entre autres l'intégration, la xénophobie alors il joue là-dessus. Pourtant, il n'est pas étranger à cela. Parlant de démocratie monsieur Bédié, lui, a passé tout son temps à mettre des journalistes en prison. Mais pendant que nous sommes en guerre et que le pays est coupé en deux, et que Bédié et Ouattara sont les parrains de la rébellion en Côte d'Ivoire, aucun opposant n'est emprisonné, aucun journaliste non plus. Ça, ce sont les symboles de la démocratie, ce sont les repères. Quand vous allez dans le pays vous regardez la presse, elle n'est pas inquiétée. C'est un pas, l'opposition aussi mène ses activités librement. C'est également un pas. Mais la Côte d'Ivoire est en guerre et les journaux qui sont proches du pouvoir ne sont pas acceptés dans la zone des rebelles journalistes qui leurs sont proches ne sont pas inquiétés à Abidjan c'est un pas. Il faut que les Africains comprennent qu'il y a quelque chose de bizarre qui se passe en Côte d'Ivoire et que MM. Ouattara et Bédié sont en fait les bourreaux de la Côte d'Ivoire, qui ont préparé cette bombe à fragmentation. Il faut poser le problème en Côte d'Ivoire autrement, la vérité c'est que la France ne veut pas d'un chef d'Etat qui puisse lui dire non. La France veut un chef d'Etat qui est du genre lèche-bottes. Le nôtre ne l'est pas. C'est pourquoi la France a fabriqué tous ces prétextes pour l'enlever du pouvoir, mais nous n'allons pas l'accepter et nous ne l'accepterons pas. Parce que pour nous, Gbagbo est un autre Sankara, Lumumba, N'Krumah. Comment expliquez-vous que pour combattre l'ivoirité, aujourd'hui ces mêmes rebelles sont dans une coalition avec le concepteur de l'ivoirité ? ce n'est pas bizarre ça ? Les raisons profondes de la crise ivoirienne sont à chercher ailleurs, c'est tout.

Lors d'une rencontre avec les chefs traditionnels, le président Gbagbo a dit qu'il faut trouver des voies autres sans passer par les armes pour sortir de la crise. Pensez-vous que cela est possible compte tenu du point de non retour que les différentes parties ont atteint ?
Pour moi, les rebelles vont partir d'eux-mêmes, quand les populations même sous leur contrôle vont commencé à être fatiguées. Le temps a fait son effet, les gens du Nord en Côte d'Ivoire ont fini par comprendre que quand les rebelles se sont retrouvés à Marcoussis, ils n'ont posé aucun problème du Nord. Ils ont plutôt posé des problèmes de portefeuilles ministériels et depuis ils sont tranquilles. Ils ne mènent plus la guerre. Pourtant les problèmes à cette partie du pays persistent toujours. La guerre n'a rien apporté au Nord, au contraire elle l'a détruit. Plus personne ne veut rester dans cette région, mais comme c'est le Nord de notre pays, il faut reconquérir cet espace, à travers les prochaines élections. Les fils du Nord doivent comprendre que les rebelles ne travaillent pas pour leurs intérêts. Des fils du Nord ont été tués par les rebelles eux-mêmes. Ils sont connus de tous.»