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lundi, 18 septembre 2006

Les déchets toxiques comme arme de guerre économique. On a bien lu des histoires de pollution de la chaîne alimentaire dans la presse française…



«Prétendue contamination des produits ivoiriens / Vers le grand retour des produits périmés importés»


Le Temps — lundi 18 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=213147 :

par Bamba Mafoumgbé :

«Dans la mouvance de la crise des déchets toxiques, la Côte d'Ivoire risque de devenir le dépotoir des produits périmés.

Il ne se passe de jour sans que des chaînes de télévision et de radio via Internet, ne donnent des informations alarmantes, sur le scandale de "l'affaire déchets toxiques". En effet, dès que cette crise a éclaté au grand jour, avec la démission du gouvernement du Premier ministre Banny, des informations envoyées à des internautes vivant aux Etats-Unis d'Amérique (USA) faisaient état de l'impossibilité de consommer le poisson ivoirien et le thon ivoirien dont le Port automne d'Abidjan (PAA ) est le premier exportateur en Afrique. Une autre rumeur allait même plus loin, pour dire que les produits des industriels ivoiriens de la volaille étaient aussi contaminés. Depuis, cette campagne a pris de l'ampleur. Avec un message émanant du Bureau pour la Coordination des Affaires humanitaires, (OCHACI) repris parfois en boucle sur des chaînes de télévisions françaises accessibles sur le bouquet. Y compris des journaux de ce même pays. Ce message dit ceci : " 11 sites de déversements des déchets toxiques sont identifiés à ce jour mais d'autres risquent d'être découverts. Des sources sûres indiquent qu'un nombre important de déchets ont été déversés en mer et dans la lagune ainsi qu'à proximité des zones maraîchères, ce qui redouble les inquiétudes quant à de possibles effets polluants sur la chaîne alimentaire ". Une information maladroitement exploitée par des intérêts qui en veulent à la Côte d'Ivoire. A la vérité, il s'agit à travers cette campagne insidieuse, de remettre en cause, la qualité des produits d'origine Côte d'Ivoire, dont les conserves de thon produites par des industriels du thon dont certains ont repris récemment leurs activités. Ce, après un long moment de fermeture. C'est le cas de la Société Conserve de Côte d'Ivoire, (SCODI) qui a été repris par le Groupe OMKA, (Omais et Mohamad (Khachab). Chez Castelli Côte d'Ivoire, spécialisée dans la fabrication de conserve de thon à destination du marché de l'Union européenne (UE). Tout comme à Bertrand Rochet Export (BPE) qui conditionne et traite les fruits de mer, avant de les acheminer vers les grandes surfaces, l'heure est à la sérénité. Surtout qu'aucun cas de mort suspect de poisson n'a été découvert sur la mer ou sur la lagune comme c'était le cas lors de la marée noire provoquée par la Canadian Natural Resource (CNR). Mieux , du côté des aviculteurs tel que, Coco-Service, dont les environs ont reçu la visite des marchands de déchets toxiques, le service de communication de cette société est formel: "jusqu'à preuve du contraire, nos œufs et la production de pondeuses reformées sont toujours de très bonne qualité. Et aucun cas de mort suspect de pondeuse n'a été enregistré ".
A la vérité, cette campagne a un double objectif. Primo, saper la qualité des produits ivoiriens comme les œufs, les conserves de thon et les produits de l'industrie avicole. Deux secteurs qui offrent à la Côte d'Ivoire, non seulement des entrées fortes de devises mais aussi, des emplois. Rappelons que le port de pêche à lui seul traite annuellement plus de 400.000 tonnes de poissons dont environ 200 mille tonnes, y compris les poissons frais, emprunte les circuits de la distribution. En plus, les autres secteurs d'activités, en particulier ceux de l'informel, contribuent largement au développement du poisson en Côte d'Ivoire. Ces secteurs sont entre autres, la réparation de filets, les laveurs de cales et les trieurs de poissons. Le tout avec une offre de plus de 2500 emplois permanents en majorité des femmes et plus de 1000 travailleurs occasionnels en période de grande production. Du côté des armateurs de la pêche fraîche, ils emploient plus de 2000 salariés dont des marins et font vivre plus de 1500 personnes. En outre, il convient de préciser que la filière poisson, c'est en terme économique, un chiffre d'affaires annuel de 230 milliards de F CFA. Dont 9 milliards de F CFA pour les 14 armements à la pêche locale qui traitent par an, plus de 30 mille tonnes sur un total de 400 mille tonnes. Si le gouvernement n'y prend garde, ce petit poumon essentiel de l'économie ivoirienne , risque de prendre du plomb dans l’aile. Il en ira de même certainement du cacao ivoirien et des produits dérivés tels que le chocolat. En les présentant comme impropres à la consommation. Secundo, face à cette nouvelle donne, en attendant de juguler la crise et traiter les sites, la communauté internationale, les ONG opérant dans l'humanitaire et la défense du Droit des consommateurs vont se saisir de tous les cas de morts d'animaux et pertes en vies humaines pour confirmer la thèse "d'improprété", pour réclamer le retrait des produits "made in Côte d'Ivoire" des grandes surfaces. Ce, aussi bien en interne qu'à l'étranger. Entre-temps, les consommateurs ivoiriens, très friands des effets de mode, seront contraints à se mettre aux produits importés. Non seulement d'origine douteuse mais parfois avariés et refoulés des marchés occidentaux. Citons entre autres, les produits laitiers, les abats de volaille et même des produits pharmaceutiques. Qui profiteront ainsi de la situation, pour non seulement envahir le marché mais aussi concurrencer les entreprises locales dont certaines ont momentanément fermé du fait de la nuisance causée par les fameux déchets toxiques. Sans attendre, les résultats d'une quelconque enquête et des analyses, "tous les conteneurs de fruits et légumes en provenance de la Côte d'ivoire et à destination du marché UE sont soumises à une analyse stricte dont le coût est de 459 mille FCFA, soit 700 Euros par conteneur ", nous a indiqué un transitaire opérant dans le secteur ananas et bananes.
Déjà, en plus des manifestations d'humeur qui perturbent beaucoup, les jours ouvrables, il convient d'ajouter que depuis quelques jours, une dizaine d'entreprises et établissement financiers situées dans la zone industrielle de Vridi, où se trouve un site de déchargement des fameux déchets ont délocalisé temporairement leurs activités. Si elles n'ont pas carrément fermé. Toutes choses qui, selon un chef d'entreprise rencontré sur place, risquent de grossir le lot des travailleurs mis en congé technique et partant, la vague des manifestants qui obstruent par moments des artères de la commune de Cocody dont l'un des villages, Akouédo et ses environs sont sinistrés du fait de la présence de plusieurs infectés. Toutes les conditions de l'agitation sociopolitique à grande échelle, étant réunies, il ne restera qu'aux pyromanes tapis dans l'ombre, de passer à l'acte. Ainsi, après les déchets toxiques, la Côte d'ivoire va être une destination des produits de grande consommation périmés. A l’image du Nigeria qui est spécialisé dans l'importation des déchets d'ordinateurs pendant que le Togo ou le Bénin se distinguent dans l'importation des véhicules d'occasion et les équipements électriques hors d'usage.
Les entreprises membres de la Confédération Génération des Entreprises de Côte d'Ivoire, (CGECI), la Chambre de Commerce et d'Industrie de Côte d'Ivoire (CCICI) et les structures paraétatiques comme Codinorm, le LANEMA et la Direction de la Promotion de la Qualité (DPQN) sont interpellées.»



Et par ailleurs :


«En partance pour la France - Deux patrons de Trafigura arrêtés» {puis disparus ?…}

L'intelligent d'Abidjan — lundi 18 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=213191 :

par Ismaël Dembélé :

«Venus en Côte d'Ivoire pour disent-t-ils apporter leur assistance aux autorités ivoiriennes, les principaux responsables de la société Trafigura qui tentaient de partir en catimini vers Paris Samedi soir, ont été interpellés.
Le vol Air France du samedi 16 septembre en partance pour Paris a décollé sans deux de ses passagers, en l'occurrence Claude Gauguin et Jean Pierre Valentini. Responsables de la société Trafigura qui a affrété le navire Probo Koala, les concernés sont considérés comme des témoins clé dans l'enquête en cours. A ce titre le procureur a autorisé le report de leur départ afin qu'ils soient entendus sur procès verbal.
Les responsables de la sécurité à l'aéroport ont voulu éviter la même légèreté qui a conduit le directeur des opérations maritimes du Port actuellement à la Maca, à autoriser le départ du Probo Koala. Alors que le Ciapol avait demandé l'arraisonnement du navire pollueur, le colonel Bombo avait mis en avant des questions de procédure. En dépit donc des pressions et des intimidations, les responsables de Trafigura n'ont pas pu partir et les responsables de la sécurité de l'aéroport ont exigé un ordre écrit avant tout embarquement éventuel de Claude Chaudin et de Jean Pierre Valentini.
De nombreux observateurs se demandent si Mme Safiatou Bah N'Daw a entendu ces témoins clé, qui durant leur séjour à Abidjan ont été aperçus à plusieurs reprises du côté de la Primature. Ils s'étonnent aussi de ce que le procureur de la République prompt à conduire en prison Tibet Bi et des journalistes,n'ait pas été très vigilant sur la question afin de faire entendre sur PV,les patrons de Trafigura venus de façon volontaire contribuer à la manifestation de la vérité.
Samedi nuit, des personnalités et des ministres seraient intervenus en vain pour obtenir l'embarquement des patrons de Trafigura dans l'avion Air France. Comme si la légèreté coupable et la négligence ayant conduit au déversement des déchets ne suffisaient pas. Comme si le chef de l'état et le premier ministre prêchent dans le désert lorsqu'ils parlent de sanctions.
Mieux, c'est Eugène Kouadio en personne, chef de cabinet du Premier ministre, qui s'est rendu à l'aéroport pour chercher les responsables de Trafigura et exiger la restitution de leurs passeports. Ce qui leur a permis de se fondre dans la nature alors qu'ils étaient attendus à la PJ.
»




vendredi, 15 septembre 2006

Quel degré de toxicité ?



medium_toxique.JPG«
L’immunité diplomatique de l’ambassadeur de France est-elle efficace contre les émanations toxiques ?»

C’est une des questions (cf. la photo : au centre, l'ambassadeur de France) que pose, dans Notre Voie, Jacques Silué, Maître-assistant à l’Université d'Abidjan, en regard d’un certain nombre de faits concernant l’affaire des déchets toxiques.

Si les médias français ont été très silencieux en France, on l’a constaté, jusqu’à la démission du gouvernement puis jusqu’au moment où l’affaire leur a semblé pouvoir être mise à profit pour attaquer la résistance ivoirienne ; la rupture du silence des médias français en Afrique s’est faite d’une autre façon : pour déplorer que les Abidjanais ne manifestent pas de façon marquée contre le Président !

Et Jacques Silué d’énumérer un certain nombre de faits curieux. Une liste que l’on peut dire non-exhaustive : il se limite aux bizarreries manifestes. On pourrait ajouter par exemple le fait étrange que des déchets à l’odeur si excessivement nauséabonde aient été déversés en plein cœur d’Abidjan et en plusieurs endroits bien choisis ! Les pollueurs sont généralement plus discrets…


L’article :




Notre Voie
No. 2488 14 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :

«
Les déchets toxiques d'Abidjan ont déjà, en très peu de temps, fait couler beaucoup d'encre et de salive. L'affaire est certainement grave puisqu'elle a provoqué mort d'hommes et fait de nombreux malades sans parler des désagréments causés par des déménagements forcés (à ne pas confondre avec le déplacement massif de populations). Comme si l'on recherchait à donner à cette affaire toxique un retentissement médiatique encore plus fort, on en a amplifié l'apparente gravité avec la dissolution spectaculaire du gouvernement, une première dans l'histoire de la Côte d'Ivoire. L'affaire a même réussi à noyer le sommet de Yamoussoukro mais surtout la réunion du GTI. Mais au moment où la justice s'active pour déterminer les responsabilités et que les experts cherchent à déterminer la nature et le degré de toxicité des déchets, il faut garder la tête froide et re-examiner cette affaire à travers le prisme de la crise ivoirienne qui nous a habitué aux intrigues les plus inattendues.

Spontanéité de l'aide ; empressement à répondre à la demande d'aide ; les experts français ne portent pas de masques

La période
L'affaire des déchets est survenue à un moment quelque peu crucial de la vie politique ivoirienne en crise, précisément à quelques jours seulement de la tenue de la réunion mensuelle du GTI qui, on le sait, avait été curieusement décalée de quelques jours comme pour respecter quelque timing. Mais profitant de l'effet gazeux des déchets, le GTI a réussi à annoncer son remake de tentative de noyautage des institutions républicaines en entreprenant de placer la résolution 1633 au-dessus de la Loi fondamentale ivoirienne.

La bizarre manifestation du jeudi 07
Dans la nuit du mercredi 06 au jeudi 07, les organisateurs de la ville morte pour cause de dissémination de déchets toxiques se sont employés à effrayer et à ameuter les populations. Ces organisateurs, sans le moindre début de preuve, n'ont pas hésité à affirmer que les déchets étaient radioactifs et qu'ils avaient déjà fait 77 morts ! En réalité, un chiffre voulu très précis pour le rendre plus vraisemblable aux fins de frapper suffisamment l'imaginaire des Ivoiriens et les convaincre à sortir massivement. La mobilisation n'ayant pas atteint le niveau des démonstrations de forces patriotiques, RFI dont tout le monde connaît l'impartialité, n'a pas pu s'empêcher de s'étonner de la timidité des populations abidjanaises, se plaignant presque de la torpeur des manifestants. Quelque chose à méditer sereinement.

La sérénité des ressortissants européens
La sérénité des ressortissants européens est tout aussi déconcertante. En effet, lorsque l'on connaît le haut niveau d'éveil écologique des occidentaux souvent témoins, eux, de fréquents accidents dus aux accidents industriels aux émanations toxiques dévastatrices, on ne peut que s'étonner de n'avoir ni entendu aucune instruction des chancelleries européennes à destination de leurs ressortissants qui leur sont si chers, ni observé le moindre signe de panique chez ces derniers. Connaissant le degré de conscience écologique très élevé des occidentaux, on devrait observer, ne serait-ce qu'un début de rapatriement ou au moins de relocalisation. Rien de tout cela, curieux non ? Et si nos frères occidentaux étaient relativement bien informés de la modicité de la teneur toxique des déchets au point que ceux dont les bureaux sont situés à Vridi, une zone normalement affectée, continuent d'aller au boulot sans montrer la moindre inquiétude ?

L'immunité diplomatique protégerait-elle l'ambassadeur de France ?
Un autre détail qui n'a peut-être pas échappé aux observateurs attentifs, c'est cette image du journal télévisé de 20 h du vendredi 08 septembre reprise à “la une” de Fraternité matin du samedi 09. L'image montre très clairement le Premier ministre Banny, la ministre déléguée à la Coopération française, le ministre de l'Environnement et quelques membres de la délégation filmée sur le site “normalement très intoxiqué” d'Akouédo arborant strictement des masques de protection contre les émanations supposées toxiquement mortelles. Chose curieuse, l'ambassadeur de France n'en a point. Sans doute, son immunité diplomatique est-elle, elle aussi, efficace contre les émanations toxiques. Ou bien le diplomate français saurait-il que les déchets n'ont pas le caractère hautement toxique qu'on veut leur attribuer ?

La spontanéité de l'aide française et l'enchaînement des événements
En outre, les experts français dépêchés depuis la Gaulle et qui se sont montrés d'une extraordinaire spontanéité seraient-ils eux aussi vaccinés contre nos déchets au point de se passer de masques de protection ? Enfin, la rapidité d'acheminement de l'aide matérielle française signifierait-elle qu'ils étaient déjà prêts à intervenir bien avant la révélation de l'affaire des déchets ? Ce ne sont que des interrogations, même si elles peuvent paraître violentes. Dans les catastrophes, revoyons aussi la chaîne des sociétés citées dans l'affaire.

Une structure d'accueil spéciale pour les déchets
Le cas de la société Tommy mérite qu'on s'y penche aussi. Cette société, qui s'est portée volontaire pour le traitement des déchets toxiques, a entamé sa procédure de constitution légale il y a seulement trois mois. C'est-à-dire juste après le départ même des déchets d'Europe... Avant même que l'on ne soit situé sur les conclusions des investigations judiciaires, n'a-t-on pas des raisons sérieuses de croire que cette société a été mise sur pied dans le seul but de servir de structure d'accueil aux déchets ? Et pour quelle fin ?

Du charnier de Yopougon aux déchets toxiques d'Abidjan
On aurait finalement tort d'accuser de paranoïa ceux qui ont déjà trouvé des similitudes troublantes entre les déchets d'Abidjan et le fameux charnier de Yopougon annoncé, en son temps, dans l'espoir d'un soulèvement populaire. Dans le cas des déchets toxiques, ceux qui ont compté sur un soulèvement de la population, soulèvement qui, selon leurs calculs, aurait dû être aiguillé par une conscience écologique aiguë se sont peut-être trompés. La crise imposée aux Ivoiriens depuis quatre ans ne leur donne justement plus le loisir de s'inquiéter de considérations écologiques. Ils sont comme immunisés contre l'inattendu “Didiga”. Il ne faut peut-être pas donner tort à ceux qui pensent que derrière les déchets toxiques se cache un plan B de renversement du pouvoir en Côte d'Ivoire. Le président Gbagbo avait d'ailleurs relevé avec amertume qu'“après avoir livré la guerre militaire à la Côte d'Ivoire, on lui servait à présent des déchets
toxiques”.

Comme on le voit, certains faits, comportements et indices autour des tas de déchets toxiques sont si intrigants que l'on peut être amené à se demander si, finalement, les gestionnaires internationaux et nationaux de déchets toxiques ne recherchaient pas beaucoup une toxicité politique, à défaut de la toxicité chimique qui, en réalité, est sans commune mesure avec la radioactivité dévastatrice de l'accident nucléaire de Tchernobyl dont les effets avaient été ressentis à des milliers de kilomètres du site sibérien… Alors vigilance ! ! !

Une contribution de Jacques Silué S..
Maître-assistant
Université d'Abidjan»



Suites «judiciaires» (outre les suites médiatico-diplomatiques déjà constatées dans les jours précédents)… : la suspension des responsables du port et des douanes «proches de Gabgbo». Quid du créateur de la société Tommy, le ministre d’opposition politico-rebelle ?


«Banny a-t-il le pouvoir de suspendre des DG?»


Le
Temps - 15/9/2006 - http://news.abidjan.net/article/?n=212811

«On croyait le Premier ministre Charles Konan Banny en tandem avec le Président Laurent Gbagbo. En tout cas, c`est ce qu`il a laissé croire. Mais sa énième sortie hier, à la télévision nationale laisse entrevoir un conflit d`autorité dont souffre le Gouverneur de la BCEAO. En effet, au moment où le peuple ivoirien attend un nouveau gouvernement qui éloignerait le vide crée suite à l`affaire des déchets toxiques, Banny a encore outrepassé ses pouvoirs de Premier ministre du gouvernement de transition. Il a non seulement pris le contre-pied de la décision du Président de la République de ne pas "s`immiscer dans les affaires d`ordre judiciaire ", mais il a court-circuité et le procureur de la République et le procureur militaire commissaire du gouvernement qui poursuivent leurs enquêtes {cf. article ci-dessous}. On est alors en droit de se poser la question de savoir que veut Banny ? Pourquoi ne va-t-il pas dans le sens de la justice comme le conseille le Président de la République ? Banny aurait-il des documents que n`auraient pas le procureur de la République et le commissaire du gouvernement et qui prouveraient que ceux qu`il a suspendus " provisoirement " sont coupables dans l`affaire des déchets toxiques ? Qu`est-ce qui justifie cette précipitation avec laquelle il sanctionne, alors que même le Président de la République s`en est remis à la justice et que cette justice n`a pas encore bouclé son enquête ? Banny a-t-il le pouvoir de démettre des hautes fonctions de l`Etat à la place du Président de la République ? A ce qu’on sache, seul le Président de la République a le pouvoir discrétionnaire de nommer à des hautes fonctions de l’Etat et de démettre. Banny voudrait-il montrer aux Ivoiriens qu`il est de connivence avec le GTI qui lui demande de ravir le pouvoir au Président Gbagbo ? Que veut donc Banny et de quoi parle-t-il - lui dont l`action s`arrête à la démission de son gouvernement et qui devait reprendre à la composition d`un nouveau - quand il s`immisce dans une affaire qui dépasse son pouvoir ? Les jours à venir nous situeront.
Simplice Allard»



«Mesures transitoires/ Gossio, Gnamien Konan et Amondji suspendus»


Le
Temps - 15/9/2006 - http://news.abidjan.net/article/?n=212809

«Comme prévu, le Premier ministre Charles Konan Banny s'est adressé hier, à la Nation. Il a fait savoir des mesures transitoires et indiqué la réouverture provisoire de la décharge d'Akouédo; le temps de débarrasser le district d'Abidjan des tas d'immondices visibles dans tous les coins de rues. En outre, le Premier ministre Banny a annoncé la formation du nouveau gouvernement pour les prochaines heures. Non sans mentionner que les opérations d'enlèvement des déchets toxiques et de dépollution vont commencer le 17 septembre prochain. Toujours au titre des mesures transitoires, il a annoncé la suspension des Directeurs généraux du Port autonome d'Abidjan (PAA) et des Douanes. Que sont respectivement, Marcel Gossio et le Colonel Major Gnamien Konan. De même que le Gouverneur du district d'Abidjan, Pierre Djédji Amondji et le Directeur des Affaires maritimes du ministère des Transports. " Ces mesures conservatoires en accords avec les règles de la gestion administrative, pourront entraîner la révocation des concernés si les enquêtes établissent leur culpabilité. Qu'une distinction à cet égard, soit faite entre responsabilité et culpabilité", a conclu le Premier ministre Banny.
B. M»





jeudi, 14 septembre 2006

Refus d’aller à New York : Gbagbo contacte Ivoire Forum



http://www.ivoireforum.com/a_la_une.asp?id=1018 :

Le président ivoirien Laurent Gbagbo, on l’a dit est un lecteur assidu du journal Ivoire Forum. Non seulement il le lit de manière quotidienne, mais il en extirpe les éléments les plus essentiels pour sa politique. Pour preuve, il y a deux semaines, comparativement à la prochaine assemblée de l’ONU qui doit également se plancher sur la situation politico-rebelle en Côte d’Ivoire, le journal en ligne Ivoire Forum avait annoncé et conseillé au PR de ne point répondre à la convocation du SG de l’ONU le Ghanéen Kofi Annan. Le président a considéré notre point de vu et ne mettra pas les pieds à new York.
Devant toute la hiérarchie militaire, SEM. Gbagbo a été, on ne peut plus clair "Je n'irai pas à New York et n'y enverrai aucune délégation"…Je n'irai pas pour protester contre la manière cavalière et impolie dont le GTI (Groupe de travail international, chargé d'évaluer les progrès du processus de paix ivoirien) traite les histoires de mon pays…Le GTI est incapable de nous aider à désarmer les rebelles et à aller aux élections" a-t-il indiqué à qui veut vouloir l’entendre avant de terminer net: "Je ne veux pas cautionner la mascarade…Les négociations sont terminées".
Maintenant, on attend à Abidjan, ce que les barracudas de M. Chirac viendra semer à Abidjan.
Depuis le 19 septembre, on a tout vu : tirs à l’arme automatique, destruction des notre flotte aérienne, tentative d’assassinat et d’enlèvement, et maintenant déchets toxiques. Mais Ivoirien meurent pas !!!!!!!!.

Gervaise. Assoumou



«Le vrai plan B de la France»



Le Courrier d’Abidjan
— Parution N° 815 du 14 septembre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14881:


par
Théophile Kouamouo :


«Analyse – De nombreux observateurs, y compris parmi les proches du président Gbagbo, pensent que les prochains rounds ne visent qu’à une réorganisation du partage du pouvoir. Pourtant, Paris se prépare à tenter le tout pour le tout pour en finir avec le numéro un ivoirien. A quelques mois de la retraite politique de Jacques Chirac…

A quelle sauce la résistance ivoirienne sera-t-elle mangée dans les prochains jours, si comme le mouton du sacrifice, elle accepte les règles d’un jeu diplomatique qui la condamne ?
La configuration prônée par Omar Bongo (Gbagbo président sans pouvoirs, ADO vice-président et chef de gouvernement, Soro premier ministre, Bédié préposé à la rédaction d’une nouvelle Constitution) étant plus ou moins écarté, tous les analystes se concentrent sur le schéma de Paris, plus ou moins «officialisé» et quasiment annoncé par le GTI : la Constitution est dissoute, Gbagbo reste président, mais Banny a des pouvoirs accrus.
Sur cette base, de nombreux acteurs des cercles politiques proches de la République pensent que la bataille d’octobre 2006 sera à peu près la même chose que celle d’octobre 2005. Et que le résultat sera à peu près le même. Le clan des «risquophobes» du camp présidentiel est d’ores et déjà dans ses petits calculs sur le partage du pouvoir, les postes de ministres et de directeurs généraux à défendre, les réflexes de survie à avoir en attendant le grand départ de Jacques Chirac en mai 2007. Et s’ils se trompaient ?
De sources concordantes, les stratèges de la Françafrique comptent bien accélérer leur machine pour obtenir une neutralisation du président Gbagbo, sans possibilité de rémission. Le décor est déjà mis en scène. Paris, qui estime pouvoir abattre ses cartes, ne fait plus semblant. La ministre française de la Coopération, Brigitte Girardin, avoue elle-même n’avoir jamais vu le président Gbagbo et n’avoir jamais demandé à le voir. Paris profère des menaces, notamment sur les listes électorales, avec la même virulence qu’en septembre 2002. Tout un scénario machiavélique est mis en place pour faire apparaître le président ivoirien comme l’obstacle à la paix.
Les stratèges du plan savent que les décrets de l’ONU ne valent pas grand-chose par eux-mêmes : la résolution 1633 ne demandait-elle pas le désarmement «immédiat» de la rébellion ? Ils ne se contenteront pas de textes onusiens alors que Kofi Annan s’en va en décembre et que Jacques Chirac suivra quelques mois plus tard. Ils essaieront de mettre la main sur l’Etat de Côte d’Ivoire par la force.
Un coup d’Etat du troisième type, à la fois mené par l’opposition politico-militaire, l’ONU et la force Licorne (chargée de mettre en application les résolutions), se prépare.
A New York, il ne s’agira pas que de mettre la Constitution en veilleuse. Il s’agira aussi de donner une «légitimité internationale» à la prise en main de l’armée par le Premier ministre. D’où la dernière salve du GTI concernant les nominations aux responsabilités «civilo-militaires». Paris prépare donc une marginalisation de la Légion de l’Honneur et la création d’un nouvel état-major fait des supplétifs de Licorne, qui viendront, sous prétexte de liquidation des «milices», terroriser les jeunes patriotes. Les jeunes patriotes liquidés, le champ serait libre dans un contexte où le camp présidentiel a quasiment abandonné tous les instruments idéologiques de l’Etat.
Ce qui est en jeu, c’est véritablement le renversement du président Gbagbo. La Constitution mise à l’écart, l’ONU pourra très vite statuer, quelques semaines après le vote du «nouvel arrangement institutionnel», sur une série de mesures criminalisant le président de la République, au point de le transformer en zombie lâché par une partie de son propre camp, corrompue par la Françafrique.
Le président Laurent Gbagbo et les patriotes authentiques sont-ils prêts à faire face au vrai plan B de la France ? Si elle se présente de manière plus sournoise, la situation actuelle est au moins aussi grave que celle de novembre 2004. Mais les patriotes ne se battront pas s’ils n’ont pas un leadership franc et conséquent. »




mercredi, 13 septembre 2006

La Côte d’Ivoire entre déchets toxiques et tentatives de déstabilisation



Pendant que d’aucuns s’agitent et tentent de dissoudre leur responsabilité derrière la multiplication des sociétés écrans et autres intermédiaires, fût-ce au prix d’insinuations, voire de diffamations — pendant qu’à l’ombre de tout cela, et fût-ce en usant de cela (comme le dénonce ci-dessous Mamadou Koulibaly) se poursuivent les grandes manœuvres diplomatico-médiatiques visant à influencer l’Onu contre la Côte d’Ivoire républicaine, — pendant ce temps, celle-ci pose des actes concrets de solidarité :


«COLLECTE DE DONS - Les Ivoiriens répondent à l`appel de Blé Goudé»


Le Matin d'Abidjan - 9/12/2006 8:39:26 PM — http://news.abidjan.net/h/212358.html :

«
La chaîne de solidarité initiée par le président de l'Alliance des jeunes patriotes de Côte d'Ivoire pour venir en aide aux victimes des déchets toxiques a démarré officiellement hier à l'hôtel communal de Cocody.

En collaboration avec le Syndicat national des étudiants en sciences de la santé (SYNESS), représenté par le Dr Saraka, une équipe de médecins effectuera une permanence aux heures ouvrables pour collecter les dons des ivoiriens pour la prise en charge médicale des victimes. Aussi les membres du SYNESS se sont engagés à se déployer sur les 36 centres de prise en charge pour aider les équipes locales à prendre soin des personnes intoxiquées. Cette action humanitaire vise à démontrer à l'opinion nationale que la jeunesse patriotique n'est pas indifférente au drame des déchets toxiques, a expliqué Charles Blé Goudé dont l'objectif principal est d'aider à soulager les malades et de leur exprimer sa solidarité et celle des ivoiriens en général. C'est un moyen de faire comprendre aux Ivoiriens qu'ils doivent apprendre à se prendre en charge en pareille situation en mettant fin à la politique de la main tendue vers l'extérieur pour régler ce genre de drame a expliqué le président de l’Alliance qui a ajouté que cette action vient en appoint aux efforts de l'Etat. Ainsi, il a appelé chaque Ivoirien à s'investir dans cette action et remercié les jeunes médecins et les donateurs de la première journée de cette collecte de dons. Pour le Dr Saraka, porte parole des jeunes médecins, il s'agit, à travers leur mobilisation, de résoudre le problème de l'accessibilité des médicaments et des soins à tous les malades concernés. C'est un moyen, en outre, de jouer leur part dans ce drame que vit la Côte d'Ivoire et de venir en appoint au dispositif sanitaire déployé par le gouvernement, a-t-il signifié. Les Ivoiriens ont répondu favorablement à l'appel du leader de la galaxie patriotique. Parmi eux, le président de l'Assemblé nationale, le Pr Mamadou Koulibaly. Accompagné d'une délégation de membres de l'institution nationale, il est venu remettre la contribution du parlement ivoirien composée de médicaments d'une valeur d'un million de Fcfa. Dans son propos, le Pr Mamadou Koulibaly a salué et félicité les jeunes patriotes et les médecins. Pour lui, cette affaire est un acte de terrorisme pour annihiler tous les efforts de sortie de crise en cours. En témoigne, selon lui, la période choisie pour ce scandale et les sites touchés par l'intoxication. Il s'est indigné de la complicité des autorités ivoiriennes et espère que la justice fera son travail pour sanctionner les coupables. Par ailleurs, espère que ce scandale honteux permettra aux Ivoiriens d'être solidaires et de ne plus brader leur pays pour des intérêts personnels. Les artistes ivoiriens ont adhéré à l'action des jeunes patriotes. Réunis au sein de l'Union nationale des artistes de Côte d'Ivoire (UNARTCI), ils ont offert des médicaments d'une valeur de 500 000 F cfa. " “Nous soutenons les actions qui tendent à sortir la côte d'Ivoire des problèmes ", a dit Gadji Céli, le président de cette union. Mme Sidjiri Bakaba, administratrice générale du palais de la culture, a apporté son soutien avec un lot de médicaments. De façon personnelle, de nombreux Ivoiriens ont également participé à cette action humanitaire en donnant qui, de l'argent qui des médicaments. Cette initiative sera maintenue jusqu'à ce que le mal soit écarté, a souligné le Dr Saraka. Pour sa part, Charles Blé Goudé entend initier dans le même ton un Téléthon dans les jours à venir pour que les Ivoiriens fassent parler leur cœur.
CAROL OFFI
»



mardi, 12 septembre 2006

«Déchets toxiques a Abidjan - Des révélations sur la société affréteur du Probo-Koala»



Soir Info
— mardi 12 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=212119 :

par Ahou Nazaire KIKIE :

«Affréteur du Probo Koala, navire qui a déversé des déchets toxiques à Abidjan, la multinationale du “ trading ” pétrolier et des matières premières, Trafigura, est une société de l’ombre à la réputation sulfureuse. Selon des renseignements assez précis, elle est très active en Afrique, où elle commercialise le pétrole de plusieurs pays tels que le Congo-Brazaville, l’Angola et le Cameroun. Immatriculée aux Pays-Bas, mais avec ses bureaux à Londres et des ramifications dans de nombreux paradis fiscaux, Trafigura a été créée, en 1993, par deux Français : Claude Dauphin et Eric de Turckheim. Ces “ traders ” ont été formés à la bonne école. Ils sont d’anciens collaborateurs du “ pape ” du négoce du pétrole, le très contesté homme d’affaires américain Marc Rich, condamné à 325 ans de prison pour fraude fiscale aux Etats-Unis, avant d’être amnistié par Bill Clinton, quelques jours avant la fin du second mandat de ce dernier. Omniprésent sur le marché mondial du pétrole, Trafigura n’en est pas à son premier coup tordu. Cette société est l’un des principaux acteurs du scandale du programme des Nations Unies “Pétrole contre nourriture ”, où des milliards de dollars, entre 1996 et 2003, ont été frauduleusement détournés, partagés entre les dirigeants du régime de Saddam Hussein et des intermédiaires occidentaux alléchés par l’appât du gain. Ainsi, Trafigura est-elle abondamment citée dans l’épais rapport sur l’Irak. Rapport de l’enquêteur de la Cia Charles Duelfer (publié en octobre 2004 et disponible sur le site internet de la Cia), puis dans celui (rendu public le 27 octobre 2005) de la commission d’enquête indépendante mise en place par l’Onu et présidée par Paul Volcker, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine. Trafigura est d’abord accusée d’avoir reçu du régime de Saddam Hussein, 25 millions de barils de pétrole, en association avec un Français, l’homme d’affaires corrézien Patrick Maugein, proche ami du président Jacques Chirac. La firme a aussi été épinglée par l’Onu pour avoir commis une fraude portant sur 500 000 barils de pétrole irakien, en 2001. Là encore, en association avec un Français, l’homme d’affaires Jean Paul Cayre, de la société Ibex. Ce pétrole, acquis frauduleusement, avait été chargé à bord du supertanker Essex, intercepté par les autorités américaines, aux larges des Antilles. Dans cette affaire, le 25 mai dernier, devant le tribunal de Houston, au Texas, Trafigura a plaidé coupable et reconnu avoir violé la loi fédérale américaine et l’embargo des Nations unies dans le cadre du programme “ Pétrole contre nourriture ”. La société a accepté de payer deux fois 9,9 millions de dollars d’amende. La première tranche de cette somme correspond aux profits tirés de ces ventes frauduleuses et la seconde à des pénalités. Plus récemment, Trafigura est apparue lors de différentes procédures judiciaires à Londres et New York, dans le dossier baptisé “ Kensington ” des sociétés écrans utilisées par le président actuel d’un pays de l’Afrique centrale pour vendre du pétrole sur les marchés internationaux, en échappant aux saisies de créanciers réclamant leur dû. Trafigura dispose d’ailleurs dans ce pays, d’une filiale baptisée Puma-Congo, dont le nom rappelle étrangement Puma Energy, son correspondant en Côte d’Ivoire. Filiale qu’elle contrôle à 50%. Les 50 % étant détenus selon des sources bien introduites, par Bruno I, neveu du président en question et par Antoinette, la sœur de l’épouse de ce chef d’Etat. Enfin, en 2000, Trafigura avait été impliquée dans le scandale des réserves pétrolières stratégiques de l’Afrique du Sud, que la compagnie avait pu racheter à prix “ bradé ” avec la complicité de décideurs locaux. L’affaire qui se soldait par une perte de 30 millions de dollars pour les finances des contribuables sud-africains, s’est finalement réglée à l’amiable deux ans plus tard. Cette fois, c’est en Côte d’Ivoire, avec cette histoire de déchets toxiques, que la société Trafigura refait parler d’elle.»




lundi, 11 septembre 2006

En marge de la pollution, la «communauté internationale» poursuit ses grandes manœuvres

 



Analyse dans
Le Courrier d’Abidjan Parution N° 812 du lundi 11 septembre 2006 http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Laser : les preuves de la mauvaise foi du GTI»

par Sylvie Kouamé :



«
Analyse – Dans son dernier communiqué, le GTI a dévoilé les prismes mensongers par lesquels il regarde la crise ivoirienne. Il refuse de reconnaître les vrais responsables de l’obstruction de la résolution 1633. Et s’acharne sur la Constitution, dont Linas-Marcoussis et Pretoria (qui ont concédé de nombreux avantages au bloc rebelle) sont indissociables.


«Dans un western, le premier qui dégaine a gagné. En l’état actuel de la Côte d’Ivoire, c’est l’inverse : celui qui tire le premier est un homme mort». C’est la confidence que faisait il y a quelques mois le président ivoirien Laurent Gbagbo à un de ses proches, si l’on en croit l’hebdomadaire Jeune Afrique. Son axiome pourrait bien se vérifier dans la nouvelle guerre diplomatique qui oppose la Françafrique à la Côte d’Ivoire libre, si la diplomatie ivoirienne, dont il est le chef, fait preuve de pugnacité et décide de se battre – ce qui n’a pas été le cas, plusieurs fois, dans des circonstances pourtant favorables.
Le dernier communiqué du GTI est une aubaine pour la résistance ivoirienne. Parce qu’il met à nu la stratégie de la Chiraquie pour les prochains mois, dont l’objectif est de permettre l’aboutissement du coup d’Etat constitutionnel ébauché à Linas-Marcoussis après l’échec du coup de force du 19 septembre 2002.
Une stratégie préparée depuis le vote de la résolution 1633. En effet, ce texte onusien n’était pas ce qu’attendait la France. Entrée, après novembre 2004, dans une logique progressive de «criminalisation internationale» et de marginalisation radicale du régime ivoirien, elle pensait en finir avec lui grâce à un embargo éreintant la Côte d’Ivoire mais épargnant le Burkina Faso, fournisseur de la rébellion en armes, et par le biais de nombreuses sanctions finissant par jeter l’opprobre sur tous les piliers du camp présidentiel – y compris Gbagbo lui-même. La médiation sud-africaine, en montrant la lourde responsabilité des rebelles dans l’impasse ivoirienne et en plaidant pour une bonne cohabitation au sommet entre le président et le Premier ministre, a compliqué le plan français et lui a rendu la Résolution 1633 amère. C’est tout ce que Paris n’a pas pu imposer en 2005 au Conseil de sécurité qui s’est retrouvé dans les premiers communiqués du GTI décrétant la mise à mort de l’Assemblée nationale et demandant la gestion de la Côte d’Ivoire par des «ordonnances présidentielles» de Banny. L’objectif était de prendre en otage et de dévoyer le processus électoral, en truquant notamment les listes électorales, pour y ajouter un électorat étranger favorable à Alassane Ouattara – donné perdant par tous les sondages. Les oukases du GTI n’ont pas eu de grands effets sur la situation réelle de la Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas permis la mise à mort de la Loi. Ils n’ont pas permis le déroulement des audiences foraines «wouya-wouya», qui ont été arrêtées par Charles Konan Banny lui-même et réinscrits dans le cadre de la loi.
L’attitude opportuniste du GTI, qui fait semblant de soutenir Charles Konan Banny tout en avalisant la stratégie de l’opposition (laquelle a bloqué le processus de désarmement), est très lisible dans le 10ème communiqué final du GTI. Elle pourra être exploitée durant les prochaines discussions au Conseil de sécurité.

Le GTI refuse de voir les obstructions de la rébellion à l’action de Banny

Qui a empêché l’application de la résolution 1633 de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ? Qui a refusé de se soumettre au chronogramme de Pretoria sur le processus de désarmement comme le demandait le point 12 de la résolution 1633 ? Qui a obstrué la feuille de route de Charles Konan Banny, prévoyant le désarmement et l’identification de la population ? Qui a entravé le Plan national DDR, dont parle le point 13 de la résolution ? Qui a ignoré le point 14 du texte onusien, exigeant des «Forces nouvelles qu’elles appliquent sans délai le programme de désarmement, démobilisation et réintégration afin de faciliter le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, la réunification du pays et l’organisation d’élections dès que possible» ? Qu’est-ce qui bloque «l’opération d’identification» dont parle le point 15 de la résolution ?
Le GTI ne veut pas répondre à ces questions pour faire le bilan de l’application de la résolution 1633. Et pour cause. Ce sont les rebelles qui ont mis un terme au processus DDR, pour contester le Guide des audiences foraines concocté par la Primature et par elle seule. Ce sont les rebelles qui ont fait de l’activisme contre les audiences foraines, dès lors qu’elles ont été faites dans le cadre de la loi, et menacé de chasser les responsables de l’administration préfectorale devant les superviser. C’est le ministre de la Justice qui a refusé de déployer dans tout le pays les magistrats nommés par le président de la République, avec l’accord du Premier ministre. Le GTI n’en parle pas, et au contraire fait du lobbying pour la rébellion et contre le Guide des audiences foraines en plaidant pour des mesures «exceptionnelles» et «dérogatoires». Drôle de manière de soutenir Banny !

Le GTI veut à tout prix opposer le président et le Premier ministre

Si le «Conseil des gouverneurs» est aveugle face aux obstacles suscités par l’opposition et la rébellion, il pousse le zèle jusqu’à inventer un conflit entre Laurent Gbagbo et Charles Konan Banny, jusqu’à imaginer des entraves posées par le président à l’action du Premier ministre. Sur quoi ont donc porté les «conflits d’interprétation juridique» entre Gbagbo et Banny ? Le GTI doit pouvoir y répondre.
A quel moment Banny s’est-il plaint de l’impossibilité d’exercer ses pouvoirs ? La résolution 1633 «souligne que le Premier Ministre doit disposer de tous les pouvoirs nécessaires, conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis, ainsi que de toutes les ressources financières, matérielles et humaines voulues, en particulier dans les domaines de la sécurité, de la défense et des affaires électorales». Se fondant sur ce bout de phrase, le Premier ministre a demandé et obtenu du président de la République qu’il nomme des hommes proches de lui aux ministères de la Défense et de la Sécurité et qu’il prenne en main lui-même le ministère de l’Economie et des Finances – le portefeuille de la Communication étant la cerise sur le gâteau…
Le GTI fait dans la falsification en invoquant «les nominations aux emplois civils et militaires» que la 1633 aurait confiées à Banny… ce qui est rigoureusement faux ! On lit à loisir ce texte onusien sans rien y voir de tel. Pis : le Premier ministre n’a jamais demandé officiellement une nomination au président de la République sans l’avoir obtenue.

Sanctions onusiennes : le GTI joue le jeu de la France et se piège

Le Monde l’a annoncé dans son édition datée de jeudi. Citant des sources françaises, le quotidien affirmait que «dès la semaine prochaine, si ce n’est avant, les Nations unies devraient sanctionner trois personnalités, toutes proches de la présidence ivoirienne, pour leur rôle dans les violences qui ont secoué le pays en juillet». Il ajoutait que dans la ligne de mire de la France, il y avait Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, et Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale. Dans son dernier communiqué, le GTI tente de plaider le dossier de Paris en demandant «l’adoption de sanctions individuelles à l’encontre, en particulier, des responsables d’entraves au processus de paix et de réconciliation». Le problème est que, sur la question des audiences foraines, ceux qui posent des entraves aujourd’hui ne sont pas ceux qui, hier, demandaient qu’elles se déroulent selon la loi – et ont été entendus. Imagine-t-on des sanctions qui ne prendraient pas en compte Guillaume Soro, qui en mettant un terme au dialogue militaire, a entravé le processus de paix et de réconciliation ? Imagine-t-on des sanctions punissant un mouvement social à qui il a été finalement fait justice sur la question des audiences foraines ?

Le GTI renie Linas-Marcoussis, Pretoria et la résolution 1633

Le GTI affirme, en substance, que c’est la Constitution qui a empêché l’application de la Résolution 1633, et demande de jeter la Loi fondamentale aux orties à travers «un nouveau cadre de transition». Pourtant, la Résolution 1633, comme tous les autres accords sur la Côte d’Ivoire, a été rédigée en prenant en compte la Constitution. Dire que c’est la Constitution le problème, c’est affirmer que c’est à l’ONU de porter le chapeau de l’échec de la résolution 1633, qui résulte de ses propres contradictions. Pire : demander un nouveau cadre de résolution de la crise qui irait à l’encontre de la «dualité institutionnelle» conciliant la Loi fondamentale et les accords de paix, c’est mettre à mort les compromis précédents et forcément renier leurs acquis. Linas-Marcoussis, qui fonde le «gouvernement de réconciliation nationale», est fondé sur la Constitution. Les accords de Pretoria, qui rendent Alassane Ouattara éligible et qui fondent la présence du Haut représentant de l’ONU pour les élections, reconnaissent la Constitution. Si le cadre global de ces accords est aboli, l’Etat de Côte d’Ivoire devra retourner à sa configuration d’avant Linas-Marcoussis pour négocier avec la rébellion et la France. Est-ce le souhait du GTI ?
Plus profondément, on doit s’interroger sur le rôle de la communauté internationale cornaquée par Paris en Côte d’Ivoire. Travaille-t-elle dans le cadre d’un processus de paix ou d’un processus de dépossession violente du président Gbagbo ? En effet, alors que le G7 a bloqué pendant un an à la fois le désarmement et l’identification, on veut lui donner plus de pouvoir dans le cadre de la formule «1+4» qui montre pourtant son inanité en République démocratique du Congo. Alors que le numéro un ivoirien a en permanence, contre l’avis de la galaxie patriotique, déblayé le terrain pour son Premier ministre, on veut le neutraliser en faisant disparaître la Constitution, la loi et en définitive, la Nation ivoirienne. Ceux qui le font ne préparent ni la paix ni la réconciliation. Ils organisent un coup d’Etat et mettent en place les ingrédients d’une guerre civile.»



 

dimanche, 10 septembre 2006

Chose rare : quand l’opposition RDR donne raison à Mamadou Koulibaly !



Dans
Le Courrier d’Abidjan Parution N° 811 du Samedi 9 Septembre 2006 http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«Koulibaly réagit au communiqué du GTI»

par
Silué Nannougou :

«
Mamadou Koulibaly : "C’est la preuve qu’il vaut mieux revenir à une solution africaine"

Joint par Le Courrier d’Abidjan, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, a commenté le communiqué final du GTI. Particulièrement en ce qui concerne ses jugements sur la résolution 1633, qui ne serait plus suffisante pour garantir une sortie de crise, parce qu’elle serait neutralisée par la Constitution. "Ce n’est pas la Constitution qui pose problème, c’est la France. Le GTI vient de prouver par là que l’ONU n’est plus capable d’appliquer une résolution qu’elle a taillée sur mesure. C’est surtout la preuve qu’il vaut mieux revenir à une solution africaine, à une solution ivoirienne. On était en droit d’attendre de l’ONU que les rebelles soient sanctionnés pour le pillage des ressources au Nord mais elle n’en a pas été capable."
»



Comme si le RDR, parti central du bloc politico-rebelle que Mamadou Koulibaly a nommément mis en cause (lors de ses meetings à Anyama) dans l’organisation de ce pillage voulait donner raison au Président de l’Assemblée nationale, il répercute dans les colonnes de son organe Le Patriote des éléments importants à son appui ! — :

«Banque mondiale : Pays les plus pauvres de la planète
La Côte d’Ivoire classée 72è sur 76 pays
»

Le Patriote No. 2083 du Vendredi 8 Septembre 2006 — http://fr.allafrica.com/stories/200609080673.html :

«Que les pays pauvres en soient avertis. La prestigieuse institution internationale, à savoir la Banque mondiale, ne lave plus le linge sale en privé. Elle vient de rendre public pour la première fois, son classement annuel des pays pauvres. Des surprises, il y en a à tire-larigot; et suivant les bons et les mauvais points distribués, l’on découvre au grand jour les meilleurs élèves d’un côté, et de l’autre, les mauvais.
A travers des critères bien établis, dont le management économique, la politique structurelle, la politique sociale, la gouvernance..., la Banque mondiale réalise annuellement un classement des 76 pays les plus pauvres de la planète. Classement qui permettra à l’institution de déterminer les sommes qui seront prêtées, quand bien même la publication de telles données pourrait à l’avenir porter préjudice à leur crédibilité. Car certains gouvernements véreux, on en relève à la pelle, n’hésiteraient pas, si ce n’est déjà fait, à tronquer les données macroéconomiques, histoire de jouir des largesses de la Banque et attirer au passage un nombre conséquent d’investisseurs.
A la tête de ce classement prestigieux l’Arménie. Ce petit pays asiatique d’un peu plus de trois millions d’habitants a obtenu la note de 4,3 sur 6 au palmarès 2005. S’ensuivent immédiatement le Cap-Vert, Samoa et Sainte-Lucie avec respectivement 4,1-4,0-4,0. Ils sont suivis par la Tanzanie, Saint-Vincent et les Grenadines, le Honduras, l’Ouganda et le Ghana qui engrangent chacun la note de 3,9. Tandis que la Géorgie (10e) les Maldives, Bhoutan (12e), la Dominique (13e) l’Inde (14e), chacun 3,8 points sur 6. Alors que le Mali est classé vingtième (3,7 points), l’on retrouve trois autres pays africains à la 46e, 47e et 48e positions, à savoir le Cameroun, le Niger et la Mauritanie. L’Angola, malgré ses ressources énergétiques abondantes, ne pointe qu’à la 70e place.
Comme à l’accoutumée, ce sont encore des pays africains qui se disputent à qui mieux mieux les neuf dernières places. Ainsi, la Guinée-Bissau avec 2,7 points de moyenne arrive à la 68ème place, suivie respectivement du Soudan, de l’Angola, de l’Erythrée, de la Côte d’Ivoire, du Togo, des Comores, de la Centrafrique et le dernier des derniers à savoir le Zimbabwe (76ème). Bien que ce classement soit discutable, il n’est pas étonnant que le pays de Mugabe arbore le bonnet d’âne. Harare connaît l’une des inflations les plus élevées de l’histoire de la Banque. Au point que pour avoir 1 dollar américain, il faut actuellement 101 000 zimbabwéens. Je vous laisse imaginer le ras-le-bol des commerçants et autres trafiquants qui, pour acheter une chaîne à musique ou un climatiseur mobilisent des... conteneurs de billets.
(Source Tunis hebdo)
»




samedi, 09 septembre 2006

«Refus du bloc rebelle d'entrer dans le nouveau gouvernement: Le plan B de Chirac en route»



… une analyse proposée dans
Notre Voie — No. 2484 du Samedi 9 Septembre 2006 — http://www.notrevoie.com/a_la_une.asp?id=15812 :

par Paul D. Tayoro :

«
Ainsi donc, les rebelles et leurs alliés du RHDP refusent d’entrer dans le nouveau gouvernement de Banny. Leurs arguments cachent mal les véritables raisons de cette forfaiture.

C'est connu désormais, le bloc rebelle a annoncé lui-même qu'il refuse de faire partie du nouveau gouvernement que Banny se propose de former, parce que celui-ci, en remettant sa démission au président Gbagbo, lui a fait allégeance. Pour Djédjé Mady et ses amis, cette action devrait être faite en direction de la communauté internationale qui serait ainsi la présidente de la République de Côte d'Ivoire.
Les Ivoiriens, qui cherchent encore à comprendre l'attitude des rebelles et leurs alliés, se demandent pourquoi des hommes, qui ont déjà gouverné ou qui aspirent à le faire, ont une telle réaction.
Il faut comprendre que ces gens ne font rien ni par eux-mêmes ni pour leur propre compte. A la mi-septembre, le Conseil de sécurité doit se réunir pour parler encore une fois du processus de paix en Côte d'Ivoire. A cette occasion, la France compte faire adopter une résolution qui maintient le président Gbagbo en place, mais sans aucun pouvoir. Le rigolo du Gabon l'a dit à la sortie d'une rencontre avec Chirac. Ce dernier veut une sorte de gouvernement avec Gbagbo à la présidence pour la forme, Dramane Ouattara vice-président et chef du gouvernement, Guillaume Soro Premier ministre et Konan Bédié président d'une Assemblée constituante.
Cette formule, qui ne pourra être appliquée qu'en passant certainement sur le corps des Ivoiriens, constitue le fameux plan B conçu par l'Elysée pour, au bout, remettre le pouvoir à Dramane Ouattara qui a promis de gouverner par procuration, pour les seuls intérêts de la France.
Mais voici que l'affaire de la tuerie des étudiants par des élèves-policiers assistés de plusieurs dizaines de rebelles infiltrés et celle des déchets toxiques vient tout remettre en cause avec la démission de Banny. Ce qui s'est passé à l'université est la réalisation de l'appel lancé par le ministre Joseph Dja Blé dans Fraternité Matin. Il soutenait qu'avec lui, c'en était fini de l'impunité dont bénéficie la FESCI et qu'il était donc prêt à casser cette organisation estudiantine. Pourquoi ? On sait que les étudiants sont toujours les premiers à accourir vers la résidence du président Gbagbo quand celle-ci est menacée par les forces qui occupent le pays. Cela s'est, entre autres, vérifié en novembre 2004. Pourquoi peuvent-ils réagir avec autant de promptitude ? Parce qu'ils sont au campus, à quelques pas de la résidence du chef de l'Etat. Il fallait donc créer une situation de panique due au sentiment d'insécurité, afin de les en faire partir avant la mi-septembre où le plan B doit être appliqué.
Pour ce qui est des déchets toxiques, les enquêtes sont en cours. Mais on sait déjà que des membres du gouvernement sont impliqués jusqu'au cou dans cette affaire. Non seulement la réception des déchets toxiques leur permet de gagner beaucoup d'argent, mais, et surtout, elle peut créer un sentiment de panique générale au sein de la population. Chose que le bloc rebelle pourrait exploiter dans la perspective de la mi-septembre.
Une seule chose n'avait pas été prévue : l'honnêteté du Premier ministre Charles Konan Banny, qui, devant l'ampleur de la catastrophe et la preuve du laxisme coupable du gouvernement, a choisi de démissionner.
Le bloc rebelle et ses commanditaires sont pris de court. Dans la même nuit, Dramane Ouattara se rend en voiture à Accra, la capitale ghanéenne, pour s'enfuir du pays. A 22 heures, mercredi dernier, il prend l'avion pour disparaître comme à son habitude. La démission du gouvernement ne le rassurait pas. Les enquêtes qui sont en cours, pour expliquer ce qui s'est passé au campus, déterminer comment les déchets toxiques sont arrivés en Côte d'Ivoire et savoir qui tire profit de ces crimes, non plus.
A quelques jours de la mi-septembre, la démission remise au président Gbagbo est, en fait, une reconnaissance de ses pouvoirs constitutionnels. Une mise à mort du plan B de la France, son dernier “kata”.
La parade réside dans le refus d'entrer dans le gouvernement afin de provoquer une crise qui pourrait durer jusqu'à la mi-septembre et donner ainsi toutes ses chances de réalisation au plan B.
Voilà, selon une source bien introduite auprès de la rébellion, ce qui explique le communiqué du bloc rebelle qui se dit totalement surpris par la démission du gouvernement. Histoire de faire comprendre que cette situation perturbe ses plans.»




jeudi, 07 septembre 2006

Déchets toxiques. Et si l’on avait là la raison du mystérieux silence de plusieurs jours des médias français ?



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 809 du Jeudi 7 Septembre 2006 http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Les acteurs du trafic passent à table et s’accusent»

par Danielle Tagro, Sylvestre Konin et Théophile Kouamouo :

«Révélations – Le Port autonome attaque le ministre des Transports. La société consignataire Waibs évoque toutes les autorisations reçues par le bateau. Le propriétaire et le locataire du Probo Koala reconnaissent la toxicité des déchets déversés à Abidjan. Et accusent Tommy. L’on se rend compte aussi que Trafigura, la multinationale au centre du scandale, a été citée dans le scandale «Pétrole contre nourriture» et est liée à un proche du président français Jacques Chirac.



L’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan ne sera pas le fait divers passager que beaucoup d’intérêts tapis dans l’ombre avaient espéré qu’elle soit. Elle se présente d’ores et déjà comme une gigantesque affaire d’Etat aux ramifications internationales incroyables. Et les rats commencent à quitter le navire Probo Koala ! Un à un, les acteurs cités dans le trafic passent à table et se «balancent» les uns les autres. Qui sont-ils ? Que disent-ils ?
A la fin de la chaîne, on retrouve la société Tommy, agréée le 12 juillet en qualité d’avitailleur spécialisé en matière de vidange des navires par un arrêté du ministre des Transports, Anaky Kobena – la seule à garder le silence jusqu’ici. C’est elle qui a récupéré les déchets à bord du navire et organisé leur dispersion sauvage dans les communes d’Abidjan. Mais elle n’est pas seule. C’est au Port autonome d’Abidjan que le Probo Koala, dont le consignataire ivoirien est la société Waibs, a accosté et a été déchargé. C’est la compagnie Trafigura Ltd, spécialisée notamment dans le négoce des produits pétroliers, qui est responsable de la cargaison du bateau, qu’elle a affrété. Le bateau, qui bat pavillon panaméen, étant lui-même propriété de la compagnie grecque Prime Marine Management INC, basée au Pirée. Les aveux et explications des uns et des autres permettent, d’ores et déjà, de remonter quelque peu la chaîne de responsabilité.

Le Port autonome d’Abidjan accuse en bloc le ministre des Transports, Anaky Kobena

La ligne de défense du Port autonome d’Abidjan est centrée autour d’une interrogation : pourquoi le ministre des Transports a-t-il, «contre toute attente», donné à la société Tommy, très opportunément, un agrément (là où une seule compagnie était spécialisée dans le secteur depuis de nombreuses années), une attestation en vue de la réception du produit toxique par la décharge publique d'Akouédo et un accord d'escorte douanière, lui permettant d’exercer en toute légalité (voir article Cyrille Djedjed). L’argumentaire ainsi développé est politiquement efficace, puisqu’il réinstalle le débat dans une dichotomie camp présidentiel-opposition. Mais les procédures ISPS ont-elles été scrupuleusement respectées, de bout en bout ? Le port n’avait-il pas, en dehors de tous les démembrements de l’Etat, l’obligation de procéder à ses propres vérifications ? La question reste posée et le sera tant que des précisions techniques plus convaincantes ne seront pas données.

Le consignataire ivoirien ne veut assumer que le rôle «d’intermédiaire»

Sous réserve d’anonymat, un cadre de la société Waibs, consignataire du bateau, s’est confié au Courrier d’Abidjan. Il tient à dire que Waibs n’a pas choisi de travailler avec la compagnie Tommy, mais qu’elle lui a été imposée. «Dans la nomination que nous avons reçue, Trafigura nous a demandé de contacter la société Tommy parce qu’au préalable il y avait eu un échange entre la société Tommy et Trafigura. Compte tenu des assurances données par Tommy, Trafigura nous a dit de prendre contact avec la société Tommy dont les références sont en attache du message de nomination. Contrairement à ce que les gens disent, nous n’avons pas coopté Tommy. La société Tommy a été imposée à Waibs pour suivre ces opérations», se défend-il. Le cadre de Waibs qui s’est confié au Courrier d’Abidjan nous a montrés un ensemble d’autorisations que Tommy avait eus les autorisations, poussant sa société, qu’il qualifie de «simple tuteur» du bateau, à être rassurée. «Quand un bateau arrive, toutes les autorités du port viennent à bord pour faire des vérifications et on le déclare. Tommy a eu une autorisation de la Douane, un agrément. Tommy a eu une autorisation de la décharge, un reçu d’Akouédo et une lettre de garantie. En plus, il y avait une escorte douanière ! Si un bateau vient au port et commet une infraction, dans ce cas-là, le port nous adresse un courrier pour nous le dire et cela engage notre responsabilité. Mais notre responsabilité se limite à l’enceinte du port. Petroci a accordé au bateau l’autorisation de venir sur le quai. Ce n’était pas un navire clandestin.»
Le cadre de Waibs affirme que le Probo Koala ne transportait pas des déchets toxiques mais des slops, c’est-à-dire des simples résidus de nettoyage de cales sans grande toxicité. Ce sont d’ailleurs ces fameux slops que la compagnie Tommy avait évoqués dans ses courriers aux autorités portuaires…

Le propriétaire du bateau affirme qu’il s’agissait de déchets toxiques, et que les autorités étaient au courant

Peut-on être plus royaliste que le roi ? Le propriétaire du bateau confirme sans peine que le Probo Koala a bel et bien «vidangé» des déchets toxiques à Abidjan. «Il ne s'agissait pas d'une cargaison toxique mais de déchets de précédentes cargaisons rendus toxiques par réaction chimique», a affirmé à l’AFP M. Kouleris, directeur des opérations de la compagnie grecque. «Toute l'opération était parfaitement légale, ce que nous pouvons comprendre est que Tommy a disposé ses déchets comme elle n'aurait pas dû le faire», a-t-il dit. Il a également précisé à l’AFP que le bateau, propriété de Prime Marine Management, n'était de toute manière pas sous sa responsabilité, étant affrété depuis un an et demi par la compagnie multinationale Trafigura.

La compagnie Trafigura enfonce Tommy

La compagnie Trafigura, spécialisée dans le trading des produits pétroliers et des métaux, ne nie pas non plus la toxicité de ses déchets. «Trafigura Beheer, soucieuse, a pris connaissance du rapport établissant que le résidu de la cargaison de gazole du Probo Koala, navire affrété par le groupe, a été vidé à Abidjan de manière inconsidérée», a réagi mercredi, dans un courrier électronique envoyé à l'AFP à La Haye, la société-mère de Trafigura, basée en Hollande.
«Cela a été fait en dépit des communications émanant du groupe aux autorités (ivoiriennes, ndlr) à propos de la composition des déchets, et d'une demande écrite assortie des documents requis afin que les déchets soient traités selon les lois de ce pays», affirme ce communiqué. Trafigura, qui confirme que les déchets étaient un mélange de gazole, d'eau et de soude caustique, assure être prête à «assister de tous les moyens la nouvelle commission gouvernementale à Abidjan».

Qui est vraiment Trafigura ?

Cela ne serait-il pas trop facile, finalement, de mettre en cause une société nouvellement créée, qui a tout l’air d’une société-écran ? Trafigura, habituée des activités en mer, ne savait-elle pas que la Côte d’Ivoire ne disposait pas de stations de déballastage capable de traiter ce type de déchets toxiques ? Les données de ce type sont disponibles sur les bases de données internationales ! Pourquoi avoir choisi pour une tâche aussi délicate une étrange compagnie agréée moins d’un mois plus tôt ? Intrigant ! D’autant plus que M. Kouleris, directeur des opérations du propriétaire grec du bateau, a indiqué à l’AFP que Tommy appartenait «au groupe local Puma Energy». Or, un voyage sur le site de Puma Energy International (dont Puma Energy Côte d’Ivoire est une filiale), nous apprend qu’en l’an 2000, «Trafigura Beheer BV, l'un des partenaires présents dès la fondation du groupe, a pris la pleine propriété et la gestion de Puma qui comprend maintenant treize sociétés d'exploitation dans dix pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Australie». Mais si Puma Energy appartient à Trafigura et que Tommy appartient à Puma Energy, Tommy appartient à Trafigura ! Les enquêteurs ivoiriens gagneraient à étudier les statuts de Tommy, pour connaître ses propriétaires et les différentes connexions dont ils peuvent se prévaloir.
Trafigura n’est de toute façon pas une compagnie «propre». Cette compagnie a été citée par une commission d’enquête onusienne dans le cadre du scandale «Pétrole contre nourriture» en Irak, dans laquelle les réseaux françafricains de Jacques Chirac et de Charles Pasqua étaient mêlés. Selon le journal satirique et d’investigation français Le Canard Enchaîné et le défunt François-Xavier Verschave, Trafigura est liée à un proche ami de Jacques Chirac, Patrick Maugein, Corrézien comme lui, et qui fait partie de son réseau d’influence en Afrique. Trafigura a été créée par des anciens traders du sulfureux Marc Rich, «empereur des traders» américain, impliqué dans une fraude fiscale de 50 millions de dollars… et gracié par Bill Clinton à la fin de son second mandat ! Et Patrick Maugein est un ancien trader de Marc Rich…
Trafigura n’est pas, par ailleurs, une entreprise inconnue sur la place d’Abidjan. Cette compagnie a réalisé une grande partie du chiffre d’affaires de la Société ivoirienne de raffinage (SIR), dans le cadre de ses activités de trading. Les responsables du Probo Koala sont donc bien connus en Côte d’Ivoire, et font de bonnes affaires ici !
Il est sans doute donc logique de s’interroger. Pourquoi avoir donné, en Côte d’Ivoire, sans appel d’offres, une telle importance à une telle compagnie «à problèmes» ? Le gouvernement va-t-il faire annuler tous les contrats de cette multinationale de mauvaise réputation coresponsable, quoi qu’on dise, de cette catastrophe ?»


Bref, pas de grain à moudre dans le cadre du sport préféré de nos médias : dénigrer le combat de la résistance et des patriotes ivoiriens...


Et si, du coup,
la démission du gouvernement Banny, qui à la fois dévoile l'ampleur du scandale, et qui a sans doute surpris la Françafrique obligée de sortir du silence, se trouvait relever du compromis (n'oublions pas que Banny est là par la volonté de la "communauté internationale") ? L'article ci-dessous est utile à ce sujet :


Le Courrier d’Abidjan Parution N° 809 du Jeudi 7 Septembre 2006
http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Charles Konan Banny, irresponsable jusqu’au bout !»

par
Sylvestre KONIN :

«
Quand nous disions que Charles Konan Banny était incurablement irresponsable, d’aucuns croyaient qu’il s’agissait de calomnies gratuites proférées par un «extrémiste haineux». Sa réaction d’hier dans l’affaire des déchets toxiques déversés sur Abidjan finira certainement par convaincre les plus sceptiques. Dans ce scandale inqualifiable, l’Etat a gravement dysfonctionné, et des ministres mouillés jusqu’au cou. Et que fait notre Premier ministre ? Les a-t-il contraints à la démission pour les livrer à la Justice ? Non ! Les a-t-il limogés comme il le faut parce qu’ils manquent de dignité et d’honneur pour démissionner d’eux-mêmes ? Non ! Notre cher Premier ministre irresponsable ne peut et ne veut sanctionner personne dans son fameux Gouvernement de crabes et de scorpions, pour ne fâcher ni les uns, ni les autres ! Alors que fait-il ? Il propose la démission globale de son gouvernement ! Beau à première vue ! Mais seulement pour ceux qui ont la vue courte ! Parce que la solution de Banny est une solution de lâcheté. Il refuse de sanctionner, donc il passe par l’artifice d’une pseudo sanction globale qui n’indexe personne. Et il le fait parce qu’il a reçu la garantie du Président Gbagbo de le reconduire immédiatement pour qu’il forme un nouveau Gouvernement. On reprendra donc les mêmes crabes et les mêmes scorpions, moins quelques uns ! Et nous serons donc invités à tirer la conclusion que c’était eux, les «responsables» qu’il fallait sanctionner, et qu’ils sont donc ainsi sanctionnés. Eux s’en sortiront avec la couverture de ministres que leurs différents partis n’ont pas souhaité reconduire. Voilà la comédie qui est servie à la population contaminée de façon aussi odieuse. Ce qu’il nous aurait fallu ? Que Banny renvoie les ministres impliqués, de façon responsable et sans faux-fuyant. Il faut que, sous nos tropiques, on apprenne à sanctionner individuellement les gens pour les mettre devant leurs responsabilités individuelles plutôt que de se cacher continuellement derrière des collectifs ethniques, religieux ou politiques. Et si Banny trouve la faute si grave qu’il pense que c’est tout le Gouvernement qui doit payer, il faut que ce soit pour de vrai ! Il ne doit pas nous ramener les mêmes grigous, et le Président, lui, ne doit plus les accepter ! D’ailleurs, s’il s’agissait d’une vraie démission-sanction, le Président Gbagbo aurait dû commencer par ne pas nous reconduire Banny. Il aurait dû en profiter pour nommer un Premier ministre responsable sans équivoque devant lui et lui seul, pour que, lui, soit responsable devant le peuple qui lui a fait confiance et lui a confié la sécurité des ses vies et de ses biens. Hélas, pour notre malheur, le Président Gbagbo, va reconduire ce Premier ministre irresponsable, qui à son tour, va nous reconduire à peu de choses près le même Gouvernement irresponsable et incompétent. Dans une adresse publique intitulée «Monsieur le Président, notre Etat s’effondre» publiée dans Le Courrier d’Abidjan du 29 Août dernier, j’avais averti le Président Gbagbo en ces termes : «En continuant ainsi ce laisser-faire généralisé, vous décrocherez peut-être la palme d’or du «démocrate» le plus accompli, mais vous n’aurez plus d’Etat». Aujourd’hui, plus personne n’a besoin d’analyse ni de démonstration pour constater que nous y sommes.»



Quand on lit par ailleurs la dépêche ci-dessous, on est fondé à se poser ces questions...

http://www.lintelligentdabidjan.org/Depeche2000/index.php... :
L'Intelligent d'Abidjan : Dépêche 4:26 pm

15 H 15 Le point de l’actualité avant la formation du nouveau gouvernement :

Arrivé à Abidjan en fin de matinée ce Jeudi 07 Septembre 2006,le Premier ministre reçoit depuis 14H45 le collectif des victimes des déchets toxiques. Le RHDP a annoncé une déclaration à partir de 17 H au siège du PDCI-RDA à Cocody.
Depuis 13 Heures Anaki Kobenan le leader du MFA, et ministre des Transports dans le gouvernement sortant anime une conférence de presse.
Lors de son point de presse quotidien, le porte -parole du quai d’Orsay a réaffirmé le soutien sans réserve de la France à Charles Konan Banny.


Insatisfait, cela dit, le Quai d’Orsay, comme en témoigne l’AFP citant le bloc politico-rebelle du «G7» : «
Le G7 accuse M. Banny d'avoir fait allégeance à M. Gbagbo en lui remettant sa démission, alors qu'il n'a selon elle de compte à rendre qu'à la communauté internationale» (ABIDJAN (AFP) -
jeudi 07 septembre 2006 - 22h54 - http://www.izf.net/izf/AFP2/francais/special/afrique/0609...)… Cela dans une dépêche qui stipule que «Le nouveau gouvernement ivoirien sera connu "la semaine prochaine" après une série de "consultations"»…