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lundi, 11 septembre 2006

En marge de la pollution, la «communauté internationale» poursuit ses grandes manœuvres

 



Analyse dans
Le Courrier d’Abidjan Parution N° 812 du lundi 11 septembre 2006 http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Laser : les preuves de la mauvaise foi du GTI»

par Sylvie Kouamé :



«
Analyse – Dans son dernier communiqué, le GTI a dévoilé les prismes mensongers par lesquels il regarde la crise ivoirienne. Il refuse de reconnaître les vrais responsables de l’obstruction de la résolution 1633. Et s’acharne sur la Constitution, dont Linas-Marcoussis et Pretoria (qui ont concédé de nombreux avantages au bloc rebelle) sont indissociables.


«Dans un western, le premier qui dégaine a gagné. En l’état actuel de la Côte d’Ivoire, c’est l’inverse : celui qui tire le premier est un homme mort». C’est la confidence que faisait il y a quelques mois le président ivoirien Laurent Gbagbo à un de ses proches, si l’on en croit l’hebdomadaire Jeune Afrique. Son axiome pourrait bien se vérifier dans la nouvelle guerre diplomatique qui oppose la Françafrique à la Côte d’Ivoire libre, si la diplomatie ivoirienne, dont il est le chef, fait preuve de pugnacité et décide de se battre – ce qui n’a pas été le cas, plusieurs fois, dans des circonstances pourtant favorables.
Le dernier communiqué du GTI est une aubaine pour la résistance ivoirienne. Parce qu’il met à nu la stratégie de la Chiraquie pour les prochains mois, dont l’objectif est de permettre l’aboutissement du coup d’Etat constitutionnel ébauché à Linas-Marcoussis après l’échec du coup de force du 19 septembre 2002.
Une stratégie préparée depuis le vote de la résolution 1633. En effet, ce texte onusien n’était pas ce qu’attendait la France. Entrée, après novembre 2004, dans une logique progressive de «criminalisation internationale» et de marginalisation radicale du régime ivoirien, elle pensait en finir avec lui grâce à un embargo éreintant la Côte d’Ivoire mais épargnant le Burkina Faso, fournisseur de la rébellion en armes, et par le biais de nombreuses sanctions finissant par jeter l’opprobre sur tous les piliers du camp présidentiel – y compris Gbagbo lui-même. La médiation sud-africaine, en montrant la lourde responsabilité des rebelles dans l’impasse ivoirienne et en plaidant pour une bonne cohabitation au sommet entre le président et le Premier ministre, a compliqué le plan français et lui a rendu la Résolution 1633 amère. C’est tout ce que Paris n’a pas pu imposer en 2005 au Conseil de sécurité qui s’est retrouvé dans les premiers communiqués du GTI décrétant la mise à mort de l’Assemblée nationale et demandant la gestion de la Côte d’Ivoire par des «ordonnances présidentielles» de Banny. L’objectif était de prendre en otage et de dévoyer le processus électoral, en truquant notamment les listes électorales, pour y ajouter un électorat étranger favorable à Alassane Ouattara – donné perdant par tous les sondages. Les oukases du GTI n’ont pas eu de grands effets sur la situation réelle de la Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas permis la mise à mort de la Loi. Ils n’ont pas permis le déroulement des audiences foraines «wouya-wouya», qui ont été arrêtées par Charles Konan Banny lui-même et réinscrits dans le cadre de la loi.
L’attitude opportuniste du GTI, qui fait semblant de soutenir Charles Konan Banny tout en avalisant la stratégie de l’opposition (laquelle a bloqué le processus de désarmement), est très lisible dans le 10ème communiqué final du GTI. Elle pourra être exploitée durant les prochaines discussions au Conseil de sécurité.

Le GTI refuse de voir les obstructions de la rébellion à l’action de Banny

Qui a empêché l’application de la résolution 1633 de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ? Qui a refusé de se soumettre au chronogramme de Pretoria sur le processus de désarmement comme le demandait le point 12 de la résolution 1633 ? Qui a obstrué la feuille de route de Charles Konan Banny, prévoyant le désarmement et l’identification de la population ? Qui a entravé le Plan national DDR, dont parle le point 13 de la résolution ? Qui a ignoré le point 14 du texte onusien, exigeant des «Forces nouvelles qu’elles appliquent sans délai le programme de désarmement, démobilisation et réintégration afin de faciliter le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, la réunification du pays et l’organisation d’élections dès que possible» ? Qu’est-ce qui bloque «l’opération d’identification» dont parle le point 15 de la résolution ?
Le GTI ne veut pas répondre à ces questions pour faire le bilan de l’application de la résolution 1633. Et pour cause. Ce sont les rebelles qui ont mis un terme au processus DDR, pour contester le Guide des audiences foraines concocté par la Primature et par elle seule. Ce sont les rebelles qui ont fait de l’activisme contre les audiences foraines, dès lors qu’elles ont été faites dans le cadre de la loi, et menacé de chasser les responsables de l’administration préfectorale devant les superviser. C’est le ministre de la Justice qui a refusé de déployer dans tout le pays les magistrats nommés par le président de la République, avec l’accord du Premier ministre. Le GTI n’en parle pas, et au contraire fait du lobbying pour la rébellion et contre le Guide des audiences foraines en plaidant pour des mesures «exceptionnelles» et «dérogatoires». Drôle de manière de soutenir Banny !

Le GTI veut à tout prix opposer le président et le Premier ministre

Si le «Conseil des gouverneurs» est aveugle face aux obstacles suscités par l’opposition et la rébellion, il pousse le zèle jusqu’à inventer un conflit entre Laurent Gbagbo et Charles Konan Banny, jusqu’à imaginer des entraves posées par le président à l’action du Premier ministre. Sur quoi ont donc porté les «conflits d’interprétation juridique» entre Gbagbo et Banny ? Le GTI doit pouvoir y répondre.
A quel moment Banny s’est-il plaint de l’impossibilité d’exercer ses pouvoirs ? La résolution 1633 «souligne que le Premier Ministre doit disposer de tous les pouvoirs nécessaires, conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis, ainsi que de toutes les ressources financières, matérielles et humaines voulues, en particulier dans les domaines de la sécurité, de la défense et des affaires électorales». Se fondant sur ce bout de phrase, le Premier ministre a demandé et obtenu du président de la République qu’il nomme des hommes proches de lui aux ministères de la Défense et de la Sécurité et qu’il prenne en main lui-même le ministère de l’Economie et des Finances – le portefeuille de la Communication étant la cerise sur le gâteau…
Le GTI fait dans la falsification en invoquant «les nominations aux emplois civils et militaires» que la 1633 aurait confiées à Banny… ce qui est rigoureusement faux ! On lit à loisir ce texte onusien sans rien y voir de tel. Pis : le Premier ministre n’a jamais demandé officiellement une nomination au président de la République sans l’avoir obtenue.

Sanctions onusiennes : le GTI joue le jeu de la France et se piège

Le Monde l’a annoncé dans son édition datée de jeudi. Citant des sources françaises, le quotidien affirmait que «dès la semaine prochaine, si ce n’est avant, les Nations unies devraient sanctionner trois personnalités, toutes proches de la présidence ivoirienne, pour leur rôle dans les violences qui ont secoué le pays en juillet». Il ajoutait que dans la ligne de mire de la France, il y avait Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, et Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale. Dans son dernier communiqué, le GTI tente de plaider le dossier de Paris en demandant «l’adoption de sanctions individuelles à l’encontre, en particulier, des responsables d’entraves au processus de paix et de réconciliation». Le problème est que, sur la question des audiences foraines, ceux qui posent des entraves aujourd’hui ne sont pas ceux qui, hier, demandaient qu’elles se déroulent selon la loi – et ont été entendus. Imagine-t-on des sanctions qui ne prendraient pas en compte Guillaume Soro, qui en mettant un terme au dialogue militaire, a entravé le processus de paix et de réconciliation ? Imagine-t-on des sanctions punissant un mouvement social à qui il a été finalement fait justice sur la question des audiences foraines ?

Le GTI renie Linas-Marcoussis, Pretoria et la résolution 1633

Le GTI affirme, en substance, que c’est la Constitution qui a empêché l’application de la Résolution 1633, et demande de jeter la Loi fondamentale aux orties à travers «un nouveau cadre de transition». Pourtant, la Résolution 1633, comme tous les autres accords sur la Côte d’Ivoire, a été rédigée en prenant en compte la Constitution. Dire que c’est la Constitution le problème, c’est affirmer que c’est à l’ONU de porter le chapeau de l’échec de la résolution 1633, qui résulte de ses propres contradictions. Pire : demander un nouveau cadre de résolution de la crise qui irait à l’encontre de la «dualité institutionnelle» conciliant la Loi fondamentale et les accords de paix, c’est mettre à mort les compromis précédents et forcément renier leurs acquis. Linas-Marcoussis, qui fonde le «gouvernement de réconciliation nationale», est fondé sur la Constitution. Les accords de Pretoria, qui rendent Alassane Ouattara éligible et qui fondent la présence du Haut représentant de l’ONU pour les élections, reconnaissent la Constitution. Si le cadre global de ces accords est aboli, l’Etat de Côte d’Ivoire devra retourner à sa configuration d’avant Linas-Marcoussis pour négocier avec la rébellion et la France. Est-ce le souhait du GTI ?
Plus profondément, on doit s’interroger sur le rôle de la communauté internationale cornaquée par Paris en Côte d’Ivoire. Travaille-t-elle dans le cadre d’un processus de paix ou d’un processus de dépossession violente du président Gbagbo ? En effet, alors que le G7 a bloqué pendant un an à la fois le désarmement et l’identification, on veut lui donner plus de pouvoir dans le cadre de la formule «1+4» qui montre pourtant son inanité en République démocratique du Congo. Alors que le numéro un ivoirien a en permanence, contre l’avis de la galaxie patriotique, déblayé le terrain pour son Premier ministre, on veut le neutraliser en faisant disparaître la Constitution, la loi et en définitive, la Nation ivoirienne. Ceux qui le font ne préparent ni la paix ni la réconciliation. Ils organisent un coup d’Etat et mettent en place les ingrédients d’une guerre civile.»



 

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