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lundi, 12 février 2007
La dernière imposture de Jacques Chirac, «ami de l’Afrique»
Le Courrier d'Abidjan - Lundi 12 Fevrier 2007 - http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=12678
par Benjamin Silué :
"La perspective de la retraite politique rend-elle le président français fou ? Ou pense-t-il que les «Français sont des veaux», selon l’expression du général Charles De Gaulle ? En tout cas, dans un livre-entretien de fin de mandat réalisé avec le journaliste Pierre Péan, titré «L’Inconnu de l’Elysée», le président français tente de se poser en avocat de l’Afrique libre. Il n’hésite pas à insulter des faits connus de tous ceux qui ont un peu de culture – ce qui revient à injurier ses compatriotes, qu’il tient pour des demeurés.
Jacques Chirac explique qu’il a été un fervent soutien de l’ANC – «à l’insu de tous», relève tout de même le journaliste Perre Péan. «J'ai été militant de l'ANC de Mandela depuis la fin des années 60, le début des années 70. J'ai été approché par Hassan II, le roi du Maroc, pour aider au financement de l'ANC», raconte Jacques Chirac. «Qui pourrait confirmer votre engagement ?», demande Pierre Péan. «Mandela», réplique le locataire de l’Elysée. «Il était en prison. Qui d’autre ?», insiste le journaliste. «Probablement Desmond Tutu», ajoute, pince-sans-rire, Jacques Chirac. L’ancien archevêque du Cap porteur de valises ? Pourquoi pas ?
Jacques Chirac nous raconte que Hassan II était son vis-à-vis dans ce soutien. «Il a soutenu l'ANC dès le départ. Le souverain, qui avait une fortune personnelle importante, versait de l'argent à l'ANC (...) Il avait constitué un réseau de gens qui aidaient au financement de l'ANC. Il m'avait choisi pour cela...», affirme M. Chirac, sans autres précisions.
Quand Chirac glorifiait Buthelezi
Le président français sait-il qu’il subsiste des traces de l’interview qu’il avait donnée à Jeune Afrique Economie au début des années 1990 et dans laquelle il citait, parmi ses amis africains, Mangosothu Buthelezi, leader de l’Inkhata Zulu, au milieu de dictateurs françafricains ? Dans la même interview, il traitait l’ANC de parti tribal xhosa avec une virulence qui avait laissé ses interviewers perplexes. De plus, Hassan II, l’ancien roi du Maroc (décédé et qui ne peut donc plus témoigner), a été plusieurs fois accusé par des dignitaires de l’ANC de soutenir l’apartheid. Ainsi, en 1962, lors d’une tournée maghrébine, Nelson Mandela avait été reçu par Bourguiba (Tunisie) et Ahmed Ben Bella (Algérie), tandis qu’Hassan II le snobe et interdit à tout officiel de son pays de le recevoir. Pendant l’apartheid, le Maroc achetait des armes sud-africaines. Dès qu’il est arrivé au pouvoir, Mandela a en toute logique choisi le camp de l’allié algérien et du Polisario «progressiste» contre le Maroc hostile. Jusqu’à présent, le Maroc et l’Afrique du Sud ont des relations notoirement mauvaises, qui influent d’ailleurs sur les relations entre le Maroc et la Côte d’Ivoire… Hassan II, chef d’un réseau de financement de l’ANC ? Il a bien caché son jeu ! On se souvient également que Jacques Chirac était Premier ministre lors de l’assassinat à Paris de Dulcie September, perpétré conjointement par les services secrets français et sud-africain du temps de l’apartheid !
L’homme de la Françafrique dénonce le pillage des matières premières du continent
Jacques Chirac, dans son dernier livre-entretien, fustige la colonisation et l’exploitation de l’Afrique. «L'esclavage a toujours existé en Afrique au profit des Arabes et avec la complicité de chefs locaux. Puis est venue la traite, qui a duré quatre siècles. Cela a été un phénomène massif, perpétré également avec la complicité de chefs tribaux. On a pris les meilleurs on a pillé le sang des Africains», souligne M. Chirac.
«Et puis après on a dit que les Africains n'étaient bons à rien. Ensuite est survenue la deuxième +calamité+, les curés et les imams qui se sont rués sur les bois sacrés et ont détruit l'expression culturelle», poursuit-il. La troisième «calamité internationale» a été celle des «antiquaires».
Evoquant les Africains, il assure qu'«après leur avoir volé leur culture, on leur a volé leurs ressources, leurs matières premières en se servant de leur main-d'oeuvre locale. On leur a tout piqué et on a répété qu'ils n'étaient bons à rien. Maintenant, c'est la dernière étape : on leur pique leurs intelligences en leur distribuant des bourses, et on persiste à dire de ceux qui restent: +ces Nègres ne sont décidément bons à rien+"».
Imposture monumentale ! Jacques Chirac peut critiquer la traite négrière, il n’était pas là. En revanche, il fait partie de ceux qui ont pillé l’expression culturelle des Africains. L’on se souvient qu’il avait reçu, au début de son premier mandat, un masque malien volé. L’on sait aussi que son musée des Arts premiers contient le fruit de nombreux pillages en Afrique. Par ailleurs, Jacques Chirac est au cœur de tous les réseaux volant les ressources et les matières premières de l’Afrique, comme le démontrent d’excellents ouvrages tels que La Françafrique et Noir silence de François-Xavier Verschave et Afrique : pillage à huis clos de Xavier Harel ?
De qui se moque donc le futur ex-président français ?"
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