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mercredi, 30 août 2006

«L’ultime bataille de Chirac contre Gbagbo»



Après les effets d’annonces médiatiques (genre sempiternels mêmes conditionnels sur l’affaire Kieffer qui permettent de masquer le détournement de cacao via le port des «amis personnels»)….

Après les «dossiers de presse» se voulant «appui» à ce dont on rêve…

… Voilà le cœur du problème enfin dévoilé. Le porte parole-attitré de l’Élysée en Afrique — alias «le rigolo» — vient de reprendre du service pour nous expliquer un étrange «plan» ; tandis que le maître nous explique tout haut que, puisque le peuple ivoirien n’est pas d’accord avec lui, il faut le changer !… Lire ci-dessous :



«L’ultime bataille de Chirac contre Gbagbo»

Le Courrier d’Abidjan Parution N° 801 du Mardi 29 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm

par Silué Nannougou

«
Listes électorales – A l’occasion de la conférence des ambassadeurs de France, Jacques Chirac lance une campagne sur des listes électorales «renouvelées» en Côte d’Ivoire. Il vient au secours du bloc rebelle, qui n’a pas pu intégrer son électorat illégal lors des audiences foraines.

Le président français, Jacques Chirac (qui quitte le pouvoir en avril prochain) est sans doute en train de mener sa dernière bataille dans le cadre de la guerre au long cours qu’il mène contre le numéro un ivoirien, Laurent Gbagbo, depuis le 19 septembre 2002.
Il s’agite de plus en plus pour une «nouvelle liste électorale». Taillée sur mesure en vue d’obtenir l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir. Chose qu’il n’a pas réussi par les armes.
Selon l’Agence française de presse (AFP), Chirac a déclaré hier, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France, qu’ «en Côte d'Ivoire, il n'y pas d'autre sortie de crise que des élections ouvertes et sincères fondées sur des listes électorales renouvelées».
Cette sortie de l’Elysée répond à un seul objectif : venir au secours du bloc rebelle quant au dossier de la confection des listes électorales. On se souvient que le président Mbeki a déjà tranché cette question. Et ce, depuis le 11 juillet dernier dans un courrier adressé au président Gbagbo. A cette date, le président sud-africain a indiqué que l’Institut national de la statistique (l’INS) est la seule structure habilitée à confectionner le listing électoral.
La suite a été un tir groupé du bloc rebelle, regroupé au sein du RHDP, contre le président ivoirien.
Ayant tenté en vain de faire fléchir le successeur de Nelson Mandela, le bloc rebelle a finalement posé le problème à «Papa Chirac». Convaincu que de toute façon, sans un tripatouillage de la liste électorale, Bédié et Alassane mis ensemble ne peuvent pas gagner la prochaine l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Dès lors, une intervention musclée de Chirac s’avère obligatoire pour parachever le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002. Au moyen de «listes électorales renouvelées ». Confectionnées et taillées à la mesure pour l’évincement de Gbagbo.
Ainsi le bras de fer entre les présidents français et sud-africain est-il de nouveau engagé. Annonçant des débats houleux lors de la toute prochaine réunion du Conseil de sécurité.»



mardi, 29 août 2006

Un présumé ravisseur de Kieffer aurait aussi participé aux attentats du 11 septembre



En arrière-plan
(ce qu’on ne nous dit pas :) Un suspect, Tony Oulaï, rappelle dans une lettre à Jacques Chirac publiée ce
matin par L’Intelligent d’Abidjan, qu’outre le fait d’être suspecté pour l’enlèvement de Kieffer, il a été accusé d’avoir été impliqué dans les attentats du 11 septembre (et a été emprisonné aux USA pour cela) !

Au premier plan : la rencontre de l’Onu du 15 septembre approchant, l’AFP livre des informations au conditionnel sur les liens que suppose RFI au conditionnel entre le pouvoir ivoirien et les meurtriers de Kieffer ! (sic)

Comme chaque fois qu’une échéance importante pour la Côte d’Ivoire s’annonce, les médias français se déchaînent contre le pouvoir ivoirien. Cette fois, à l’approche de la rencontre de l’Onu du 15 septembre c’est l’affaire Kieffer qui resurgit, avec rien de nouveau ! Répercutée dès les titres par les journaux télévisés du soir, l’AFP annonce que «les ravisseurs et meurtriers présumés de Kieffer auraient été identifiés» (au conditionnel), disant confirmer une information — tout aussi conditionnelle — de RFI (sic).


Citation :

Titre de la dépêche :

«Côte d'Ivoire : les ravisseurs et meurtriers présumés de Kieffer auraient été identifiés» — mais qui notera le «présumé» et le conditionnel ?

Dans le contenu de la dépêche :


«PARIS (AFP) - mardi 29 août 2006 - 18h14 - Les auteurs de l'enlèvement et du meurtre présumé du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 à Abidjan, auraient été identifiés par le juge français Patrick Ramaël, a indiqué mardi une source proche du dossier.

Le juge Ramaël, en charge de l'enquête, a en sa possession une liste de dix-sept personnes qui auraient participé à l'enlèvement, la séquestration, l'exécution ou le transport du corps, a précisé à l'AFP Bernard Kieffer, le frère du disparu, qui se trouvait à Abidjan en août avec le juge.

Certains d'entre eux seraient d'anciens combattants du FLGO (Front de libération du grand Ouest), une milice favorable au président ivoirien Laurent Gbagbo, active dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, a précisé une source proche du dossier, confirmant une information de Radio France Internationale (RFI). {…}»


Etc., etc., c’est-à-dire (sans compter l’évocation du 11 septembre qu’on tait — juge-t-on que ça ferait peu sérieux ?) rien de nouveau que ce qu’on nous dit — au conditionnel — depuis deux ans : «des proches de Gbagbo "seraient" en cause».

Seule nouveauté significative pour nous ressortir cette première nouvelle sur les télés françaises concernant la Côte d’Ivoire — visant à mettre à mal Gbagbo, naturellement et comme les autres fois —  seule nouveauté depuis la dernière «information» : l’échéance d’une rencontre de l’Onu sur la Côte d’Ivoire pointe à l’horizon. La batterie du dénigrement se met donc en branle…

La dépêche, qui tombe aux heures de grande écoute, reprend un article où Le Nouveau Réveil (organe de l’opposition bédiéiste de la mouvance politico-rebelle,
reprenant RFI, cité par l'AFP - serpent qui se mord la queue) citait il y a deux jours le frère du journaliste disparu.

Et, pour bien nous laisser penser qu’Oulaï serait en France pour échapper "aux griffes de Gbagbo", on oublie de préciser que c’est alors qu’il était à Dakar qu’il a été "exfiltré" pour la France où il a été arrêté en région parisienne, puis emprisonné, avant d'être relâché.

Publié donc deux jours avant la dépêche de l’AFP qui n’y ajoute rien, l’article du Nouveau Réveil, ou de RFI, ne dit rien de plus significatif que ce que l’on sait depuis deux ans. Ce matin, L’Intelligent d’Abidjan publiait donc une lettre de Tony Oulaï à Jacques Chirac. Lettre dans laquelle Oulaï, qui nie tout ce dont on l’accuse, rappelle qu’on l’a aussi accusé d’être complice de Zacharias Moussaoui pour le 11 septembre : chose que nos médias se gardent de rappeler (jugent-ils que ça ne ferait pas sérieux ?) — de même qu’ils se gardent de rappeler que Oulaï pourrait être compromettant pour une autre affaire : celle du présumé bombardement de Bouaké, où il était parmi les pilotes.

Cela sans négliger que puisque avec l’affaire Kieffer, il est question de cacao, on a là un bon moyen de noyer l’information importante de la semaine sur le trafic, passée sous silence en France, avec des informations autrement concrètes, et qui impliquent de tout autres poissons. Cf. l’enquête de Théophile Kouamouo : http://unevingtaine.hautetfort.com/archive/2006/08/28/la-...

Que n’attend-on pas d’avoir de vraies informations, pas au conditionnel, quelles qu’elles soient — plutôt que de nous livrer toutes les rumeurs allant dans le sens que l’on souhaite à la veille de rencontres significatives, comme celle de l’Onu du 15 septembre ?




lundi, 28 août 2006

La presse française évoquera-t-elle cela ?



«Trafic de "cacao de la guerre": les preuves qui accablent Bictogo et le RDR»



Le Courrier d’Abidjan Parution N° 798 du Vendredi 25 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

par
Théophile Kouamouo :


«Révélations – Adama Bictogo, «homme d’affaires» d’Alassane Ouattara, a été accusé par le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, d’être au centre d’un vaste trafic de cacao de contrebande passant par le Burkina Faso et le Togo. «Le Courrier d’Abidjan» révèle ici les détails de son «business de la honte».


Un meeting. Il a juste fallu un meeting du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, au cours duquel il a fait des révélations sur l’implication d’Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, dans le trafic du «cacao de la guerre» (de la zone rebelle au Togo en passant par le Burkina Faso) pour que la panique s’empare du concerné et de toute la nébuleuse RDR-MPCI.
Depuis dimanche dernier, date du meeting de Mamadou Koulibaly, Adama Bictogo se signale par un activisme médiatique sans précédent. Tout y passe. La santé mentale de Mamadou Koulibaly est mise en doute. Ses origines ethniques font l’objet de commentaires ambigus tendant à le présenter comme «traître à la cause». Son «irresponsabilité», son «inconstance», sa «misère morale» sont stigmatisées. Se considérant diffamé, Bictogo ne va pourtant pas jusqu’à annoncer clairement une plainte contre le président de l’Assemblée nationale. A la question du quotidien DNA, «quand est-ce que vous allez porter plainte ?», il répond de manière évasive : «Mon avocat est en train de voir les voies à suivre. Les dispositions vont être prises. Pour l’heure, je ne sais pas quand je le ferai. En tout cas je me réserve le droit de porter plainte contre lui.»
Adama Bictogo sait bien que porter la polémique sur le terrain judiciaire reviendrait, pour lui, à ouvrir une boîte de Pandore très compromettante pour lui.
En effet, son rôle central dans le trafic des «fèves du sang» est confirmé par de nombreuses sources au sein de la finance internationale, et par des documents ultra-confidentiels dont Le Courrier d’Abidjan a obtenu copie. Votre journal préféré est sur les traces du business honteux d’Adama Bictogo depuis plusieurs mois. Le 5 octobre 2005, nous avons publié les résultats de nos premières investigations et recoupements.

Un appartement de 300 millions dans une banlieue chic de Paris

Nous avons révélé, à l’époque, l’existence d’une filière d’exportation, en contrebande, du cacao cultivé en zone rebelle à travers le Burkina Faso et le port de Lomé et le rôle d’Adama Bictogo dans ce commerce crapuleux. «Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, a toujours su combiner combat politico-militaire avec profits privés gigantesques. Le conseiller spécial du ministre de l’Agriculture ne vient-il pas d’entrer en possession, le 27 août 2005, d’un appartement de 3 millions de FF (300 millions de F CFA) à Courbevoie, en région parisienne, à l’adresse 1, square Henri Regnault ? En tout cas, son amour du risque profite à l’internationale de la guerre dont son maître à penser, Alassane Ouattara, et le «tuteur» Blaise Compaoré sont des actionnaires de référence : ses comptes à la banque d’affaires d’origine britannique HSBC en France ont été fermés en septembre 2002, étant jugés «préoccupants» et «indésirables», en raison d’un soupçon de trafic d’armes ou de blanchiment d’argent.
Quelques jours plus tôt, la guerre éclatait en Côte d’Ivoire… Quoi qu’il en soit, Adama Bictogo est un des «hommes d’affaires» du bloc rebelle, chargé de trouver des «bons filons» permettant de rémunérer de la meilleure manière le pillage systématique des zones acquises à la force de la kalach et désormais protégées de facto par l’armée française. Parmi ces zones, celles de Man, Danané, Vavoua, Bangolo, riches en cacao et en café. Comment exporter ces matières premières souvent extorquées sans aucune autre forme de procès aux paysans qui les exploitent ? La réponse est toute trouvée : transiter par le Burkina Faso, à partir du «port sec» de Fengolo, pour déboucher sur d’autres ports ouest-africains, notamment celui de Lomé. (…) Pour exporter de manière efficiente les «fèves de la guerre», Adama Bictogo écume les places financières européennes avec une carte de visite qui le présente comme le «conseiller spécial du ministre de l’Agriculture» ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, qui est en vérité son associé dans ses activités crapuleuses, lui fournissant une «couverture». Une sorte de brevet de respectabilité (…) . A priori, les officiels d’un pays servent les intérêts de ce pays, dans le respect de la loi de ce pays… Dans ses pérégrinations, Adama Bictogo entre en contact avec la SOEXIMEX. C’est une entreprise de vente de produits alimentaires et agroalimentaires, ainsi que de distribution de pièces de rechanges et de vente de véhicules automobiles (marque COGEFO). Depuis sa création, elle est détenue par un actionnaire unique, une holding se trouvant au Luxembourg (COFIDA), elle-même détenue par la famille Dagher-Hayek. La SOEXIMEX exerce principalement en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, où elle bénéficie d’un réseau de relations qui se sont solidifiées au fil des années. Mais le début du XXIè siècle est difficile pour le groupe dont les bureaux en France se trouvent au 31/33 rue Pleyel, à Saint-Denis. D’un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros en 2002 (un peu moins de 80 milliards de F CFA), la SOEXIMEX est passée à un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros en 2003 (un peu plus de 50 milliards de FCFA), soit une chute de près de 30%. Les causes de cette anémie ? La parité euro-dollar, qui affaiblit la compétitivité des exportateurs européens, mais également les exportateurs de pièces détachées asiatiques, qui raflent des parts de marché en raison de leurs bas prix.
La déstabilisation de la Côte d’Ivoire et la création d’un marché sauvage dans le Nord du pays, sans fiscalité, sans entraves, constituent une aubaine pour la firme européenne. La concurrence est faible, les majors soucieuses de leur image ne se bousculant pas. Les marges sont bien plus importantes. Les relations avec les maîtres des lieux (notamment Adama Bictogo, qui est le seul interlocuteur de la firme, et a montré qu’il sait se faire respecter et obtenir le cacao en maintenant les profits maximum pour ses partenaires outre Méditerranée) facilitent les choses. Les fèves transitent par le Burkina Faso, les rebelles et l’armée burkinabé se mettant au garde-à-vous à la vue des camions de Bictogo. SOEXIMEX n’intervient qu’à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, où elle paie directement Adama Bictogo, lequel remplit ipso facto son compte dans ce qui fut «le pays des hommes intègres». Les bénéfices de Bictogo sont tellement grands qu’il est en train d’implanter une usine de conditionnement de cacao à Bobo-Dioulasso pouvant traiter 500 tonnes par jour (ce qui montre bien que la «nébuleuse» compte poursuivre la guerre et la partition de la Côte d’Ivoire pendant longtemps), dont le responsable, français, est bien connu des milieux spécialisés en Côte d’Ivoire : Jean-Luc Desverchère. (…) Après l’escale de Bobo-Dioulasso, le cacao est acheminé jusqu’au port de Lomé, en quatre jours environ. Il ne reste plus qu’à SDV, l’armateur détenu par la multinationale française Bolloré, liée par contrat d’exclusivité à SOEXIMEX, à acheminer les «fèves de la guerre» sur les marchés européens. Les jolies petites têtes blondes qui mangeront du chocolat à Noël auront-ils un souvenir pour les enfants soldats et déplacés de guerre qui sont la contrepartie de ce commerce de la honte ? Le business est aussi immoral que juteux. Il permet à SOEXIMEX de voir son chiffre d’affaires remonter à 116 millions d’euros, à peu près la performance de 2002, l’activité illégale en Côte d’Ivoire dopant littéralement les résultats. L’appétit vient en mangeant, d’autant plus que les promesses d’Adama Bictogo se font de plus en plus mirobolantes. En 2005, SOEXIMEX veut exporter 80 000 tonnes de cacao (14 000 tonnes ont déjà été sorties durant les premiers mois de l’année)», écrivions-nous.

Côte d’Ivoire Fruit : une entreprise basée… au Burkina Faso !

A ce stade de notre enquête, nous savions que la SOEXIMEX avait contacté une de ses banques traditionnelles, le Crédit lyonnais, pour le financement de la traite de cacao. Nous savions aussi que des fortes sommes, tournant autour de 50 milliards de FCFA, étaient mobilisées en France dans un but d’acheminement vers le compte de l’entreprise d’Adama Bictogo à Ecobank Burkina Faso. Dans le maquis complexe des montages financiers douteux, nous pensions que cette somme provenait uniquement de cet établissement financier français.
Nous en savons désormais plus tant sur les montages financiers permettant de faire «tourner» l’activité illégale d’Adama Bictogo que sur l’entreprise du «conseiller spécial» du ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly.
Nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que la banque d’affaires française Natexis Banques Populaires a financé, dans un premier temps, l’activité de SOEXIMEX et de Bictogo pour un montant d’au moins 10 millions d’euros (environ 6,5 milliards de F CFA). Nous pouvons aussi dire que SOEXIMEX – société de négoce fondée en 1963 dont le président du directoire s’appelle Joseph Dagher et le DG du secteur négoce Lucien Dagher – travaille principalement, pour toutes les affaires de négoce, avec la Société générale et Calyon (filiale du Crédit agricole, qui vient d’avaler le Crédit lyonnais, banque historique des Dagher).
Au sujet de l’activité d’Adama Bictogo, les choses sont aussi plus claires – et plus accablantes. En effet, il a une société enregistrée au Burkina Faso, qui s’appelle… Côte d’Ivoire Fruit. Cette entreprise s’occupe de la collecte du cacao en zone rebelle, de l’acheminement à Bobo-Dioulasso (au Burkina Faso) où se trouve une usine de conditionnement, puis du transport jusqu’au port de Lomé. Il faut noter qu’Adama Bictogo, en parfait opportuniste, a créé ANEMA, une société d’import-export à Abidjan (qu’il contrôle à 51%, le reste étant entre les mains de SOEXIMEX).

Un trafic garanti par une entreprise d’Etat en France !

Si Adama Bictogo est le président directeur général de Côte d’Ivoire Fruit, Jean-Luc Desverchère, un Français bien connu dans le milieu du négoce est directeur général adjoint. La société a «positionné» deux responsables des achats à Man et à Vavoua (Martial N’Cho et Luc Erhard Kouassi). Le responsable du convoyage des fonds et produits est Souleymane Bictogo quand le responsable de l’usine de Bobo Dioulasso se nomme Souley Ouédraogo. Par ailleurs, il est bon de savoir que pour camoufler le caractère contrebandier de leurs exportations, les promoteurs de Côte d’Ivoire Fruit et de SOEXIMEX ont attribué à leur marchandise une origine inconnue jusqu’à nos jours – il s’agit d’un cacao «West Africa», là où il est de coutume d’indiquer les pays de provenance des «commodities» (matières premières).
Une fois de plus, le scandale du «cacao de la guerre» montre à quel point la France est impliquée et se réjouit de la crise en Côte d’Ivoire. Si on peut arguer que les banques qui ont financé cette activité illégale sont privées, on est forcément ahuri de voir que la police d’assurance «risques politiques» est prise en charge par la Caisse centrale de Réassurance (CCR), entreprise détenue par l’Etat français, qui «se distingue de ses concurrents en proposant, avec la garantie de l’Etat, des couvertures illimitées pour des branches spécifiques telles que les catastrophes naturelles en France et les risques de guerre (60 % de son chiffre d’affaires)», selon son site Internet. Si ce n’est pas une manière d’encourager le commerce de contrebande et la fraude fiscale en contrebande, cela y ressemble fort. «Il est un fait constant et indéniable que la prospérité qu’avait connue la Côte d’Ivoire a pu aussi bénéficier à tous les autres pays de la sous-région. De même, depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, des biens tels que des voitures, des marchandises et d’autres produits fabriqués dans ce pays circulent dans les pays voisins. C’est le cas du café et même du cacao dont certains pays limitrophes tels que le Burkina Faso seraient devenus exportateurs (…) Les pays limitrophes qui, soit ne découragent pas, soit s’abstiennent de sanctionner tous ceux qui participent au commerce illicite des biens souvent volés ou acquis en violation des lois et règlements, devraient être considérés comme des complices. (…) La Commission estime que tous les pays ainsi que toutes les personnes qui participent aux actes de pillages ou de recels de produits ivoiriens, devraient porter une part de responsabilité car il y a là une activité illicite et criminelle qui devrait être découragée», écrivaient en octobre 2004 les rapports de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Côte d’Ivoire. En garantissant ce type de business, la France officielle se fait complice d’une activité considérée comme «illicite et criminelle» par l’ONU. Qui va punir la France ?
Tels sont les faits, qui ne demandent qu’à être présentés publiquement à l’occasion du procès qu’Adama Bictogo promet à Mamadou Koulibaly.»

 

*



«Un énorme trafic de cacao éclabousse le RDR, le Burkina et une grande banque française – Enquête»

Le Courrier d’Abidjan - mercredi 5 octobre 2005 — http://news.abidjan.net/article/?n=151886 :

«Comment les bras droits d’Alassane Ouattara, en complicité avec une firme européenne véreuse et un important établissement financier français – le Crédit Lyonnais – exportent frauduleusement le cacao ivoirien en passant par le Burkina Faso et le Togo. Où l’on se rend compte que les profits générés par la déstabilisation de la Côte d’Ivoire s’évaluent à plusieurs milliards de F CFA. Au cœur d’un scandale qui ne saurait rester sans suite.

Amadou Gon Coulibaly, Adama Bictogo, Koné Zakaria : un point commun caractérise ces trois membres assez connus du bloc rebelle. Ces dernières semaines, ils se font remarquer par un activisme et une pyromanie qui ne semble pas avoir de fin. Amadou Gon Coulibaly, ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement de réconciliation nationale, clamait ainsi il y a dix jours aux transporteurs pro-Ouattara que «le 1er novembre, nous serons au Palais quand les refondateurs seront dans la rue». Quant à Adama Bictogo, il demandait à ses supporters à N’Douci de «descendre dans la rue le 31 octobre pour chasser Gbagbo.» Pendant ce temps, Koné Zakaria, sur «ses» terres de Vavoua, harcèle la population civile et menace les dignitaires religieux musulmans qui osent lui tenir tête, fait couper l’eau et l’électricité dans la ville pour punir les populations de leur tiédeur.
Outrances et violence habituelles de la coalition rebelle ? Pas seulement. Ces trois individus agissent, si l’on peut dire, en symbiose. Ils sont les artisans ivoiriens d’un énorme trafic international de cacao de contrebande, de «fèves de la guerre». L’instabilité et l’augmentation du risque Côte d’Ivoire étant une de leurs techniques pour «squeezer» le marché, faire paniquer la Bourse de New York et de Londres et augmenter les profits de la nébuleuse internationale dans laquelle ils s’insèrent, ils jouent leur rôle. Ils créent une ambiance…
En effet, nos sources au sein de la finance internationale, se fondant elles-mêmes sur des documents très précis et qui sont déjà connus des milieux politiques et diplomatiques africains, nous ont permis de remonter la filière d’une vaste opération de criminalité financière internationale, où sont impliqués des dignitaires du RDR (le parti d’Alassane Ouattara), le Burkina Faso de Blaise Compaoré, une firme de négoce basée au Luxembourg… et un grand établissement financier français !

50 milliards des caisses du Crédit lyonnais au compte d’Adama Bictogo

Les membres de cet attelage improbable sont impliqués dans un «business de la guerre» qui a permis, il y a quelques jours, le transfert, sur le compte d’Adama Bictogo à Ecobank Burkina Faso, d’une somme de 80 millions d’euros (c’est-à-dire 50 milliards de F CFA) sortie tout droit des caisses du Crédit Lyonnais de Saint-Denis, dans la région parisienne. Un pactole qui pourrait bien financer des armes supplémentaires pour la rébellion et la reprise de la guerre, étant donné que c’est le sang et les larmes des peuples d’Afrique qui a toujours nourri ce genre de trafics très juteux.
L’association Adama Bictogo – SOEXIMEX – Crédit lyonnais se fonde sur les intérêts bien compris des trois parties et des intérêts plus larges que chacune d’elles représente. Adama Bictogo, proche d’entre les proches d’Alassane Ouattara, a toujours su combiner combat politico-militaire avec profits privés gigantesques. Le conseiller spécial du ministre de l’Agriculture ne vient-il pas d’entrer en possession, le 27 août 2005, d’un appartement de 3 millions de F à Courbevoie, en région parisienne, à l’adresse 1, square Henri Regnault ? En tout cas, son amour du risque profite à l’internationale de la guerre dont son maître à penser, Alassane Ouattara, et le «tuteur» Blaise Compaoré sont des actionnaires de référence : ses comptes à la banque d’affaires d’origine britannique HSBC en France ont été fermés en septembre 2002, étant jugés «préoccupants» et «indésirables», en raison d’un soupçon de trafic d’armes ou de blanchiment d’argent. Quelques jours plus tôt, la guerre éclatait en Côte d’Ivoire… Quoi qu’il en soit, Adama Bictogo est un des «hommes d’affaires» du bloc rebelle, chargé de trouver des «bons filons» permettant de rémunérer de la meilleure manière le pillage systématique des zones acquises à la force de la kalach et désormais protégées de facto par l’armée française. Parmi ces zones, celles de Man, Danané, Vavoua, Bangolo, riches en cacao et en café. Comment exporter ces matières premières souvent extorquées sans aucune autre forme de procès aux paysans qui les exploitent ? La réponse est toute trouvée : transiter par le Burkina Faso, à partir du «port sec» de Fengolo, pour déboucher sur d’autres ports ouest-africains, notamment celui de Lomé. Ce trafic a été vivement critiqué par le pré-rapport de l’ONU (jamais publié officiellement par les services de Kofi Annan), et dont a fait état le président ivoirien Laurent Gbagbo dans son dernier discours à la Nation. Le rapport disait : «Il est un fait constant et indéniable que la prospérité qu’avait connue la Côte d’Ivoire a pu aussi bénéficier à tous les autres pays de la sous-région. De même, depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, des biens tels que des voitures, des marchandises et d’autres produits fabriqués dans ce pays circulent dans les pays voisins. C’est le cas du café et même du cacao dont certains pays limitrophes tels que le Burkina Faso seraient devenus exportateurs (…) Les pays limitrophes qui, soit ne découragent pas, soit s’abstiennent de sanctionner tous ceux qui participent au commerce illicite des biens souvent volés ou acquis en violation des lois et règlements, devraient être considérés comme des complices. (…) La Commission estime que tous les pays ainsi que toutes les personnes qui participent aux actes de pillages ou de recels de produits ivoiriens, devraient porter une part de responsabilité car il y a là une activité illicite et criminelle qui devrait être découragée.»
Pour exporter de manière efficiente les «fèves de la guerre», Adama Bictogo écume les places financières européennes avec une carte de visite qui le présente comme le «conseiller spécial du ministre de l’Agriculture» ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, qui est en vérité son associé dans ses activités crapuleuses, lui fournissant une «couverture». Une sorte de brevet de respectabilité, car la race des serviteurs de l’Etat organisant le pillage sans vergogne de son économie n’est pas très répandue dans le monde. A priori, les officiels d’un pays servent les intérêts de ce pays, dans le respect de la loi de ce pays…

Une usine de traitement de cacao à… Bobo-Dioulasso

Dans ses pérégrinations, Adama Bictogo entre en contact avec la SOEXIMEX. C’est une entreprise de vente de produits alimentaires et agroalimentaires, ainsi que de distribution de pièces de rechanges et de vente de véhicules automobiles (marque COGEFO). Depuis sa création, elle est détenue par un actionnaire unique, une holding se trouvant au Luxembourg (COFIDA), elle-même détenue par la famille Dagher-Hayek. La SOEXIMEX exerce principalement en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, où elle bénéficie d’un réseau de relations qui se sont solidifiées au fil des années. Mais le début du XXIè siècle est difficile pour le groupe dont les bureaux en France se trouvent au 31/33 rue Pleyel, à Saint-Denis. D’un chiffre d’affaires de 117 millions d’euros en 2002 (un peu moins de 80 milliards de F CFA), la SOEXIMEX est passée à un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros en 2003 (un peu plus de 50 milliards de FCFA), soit une chute de près de 30%. Les causes de cette anémie ? La parité euro-dollar, qui affaiblit la compétitivité des exportateurs européens, mais également les exportateurs de pièces détachées asiatiques, qui raflent des parts de marché en raison de leurs bas prix.
La déstabilisation de la Côte d’Ivoire et la création d’un marché sauvage dans le Nord du pays, sans fiscalité, sans entraves, constituent une aubaine pour la firme européenne. La concurrence est faible, les majors soucieuses de leur image ne se bousculant pas. Les marges sont bien plus importantes. Les relations avec les maîtres des lieux (notamment Adama Bictogo, qui est le seul interlocuteur de la firme, et a montré qu’il sait se faire respecter et obtenir le cacao en maintenant les profits maximum pour ses partenaires outre Méditerranée) facilitent les choses. Les fèves transitent par le Burkina Faso, les rebelles et l’armée burkinabé se mettant au garde-à-vous à la vue des camions de Bictogo. SOEXIMEX n’intervient qu’à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, où elle paie directement Adama Bictogo, lequel remplit ipso facto son compte dans ce qui fut «le pays des hommes intègres». Les bénéfices de Bictogo sont tellement grands qu’il est en train d’implanter une usine de conditionnement de cacao à Bobo-Dioulasso pouvant traiter 500 tonnes par jour (ce qui montre bien que la «nébuleuse» compte poursuivre la guerre et la partition de la Côte d’Ivoire pendant longtemps), dont le responsable, français, est bien connu des milieux spécialisés en Côte d’Ivoire : Jean-Luc Desverchère.

2000 rotations de camions de 33 tonnes

Après l’escale de Bobo-Dioulasso, le cacao est acheminé jusqu’au port de Lomé, en quatre jours environ. Il ne reste plus qu’à SDV, l’armateur détenu par la multinationale française Bolloré, liée par contrat d’exclusivité à SOEXIMEX, à acheminer les «fèves de la guerre» sur les marchés européens. Les jolies petites têtes blondes qui mangeront du chocolat à Noël auront-ils un souvenir pour les enfants soldats et déplacés de guerre qui sont la contrepartie de ce commerce de la honte ?
Le business est aussi immoral que juteux. Il permet à SOEXIMEX de voir son chiffre d’affaires remonter à 116 millions d’euros, à peu près la performance de 2002, l’activité illégale en Côte d’Ivoire dopant littéralement les résultats.
L’appétit vient en mangeant, d’autant plus que les promesses d’Adama Bictogo se font de plus en plus mirobolantes. En 2005, SOEXIMEX veut exporter 80 000 tonnes de cacao (14 000 tonnes ont déjà été sorties durant les premiers mois de l’année). La grande traite arrive à grands pas. L’entreprise contacte donc sa banque, le Crédit Lyonnais de Saint-Denis. Qui décaisse, la semaine dernière, 80 millions d’euros (50 milliards de F CFA environ), sur le compte du bras droit d’Alassane Ouattara à Ecobank, au Burkina Faso.
A la veille du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Addis-Abeba, les preuves de ce trafic de la honte sont sur la place publique internationale. Elles acculent un peu plus le RDR, qui montre sa part liée indiscutable avec une rébellion meurtrière qui refuse à l’Afrique de l’Ouest la paix dont elle a droit. Elles mettent encore plus en difficulté le Burkina Faso et Blaise Compaoré, qui ne pourra pas les rejeter du revers de la main – et qui devra expliquer comment 2000 rotations de camions de 33 tonnes entre la zone rebelle et son pays n’ont pas pu attirer la curiosité de ses services… Elles créeront à n’en point douter un séisme au Crédit Lyonnais, banque qui a longtemps alimenté la rubrique des scandales politiques en France, qui a été rachetée par le Crédit agricole et a investi des sommes mirobolantes dans une campagne de publicité où elle affichait son nouveau logotype… et sa nouvelle virginité. Le Crédit Lyonnais, obsédé par ses commissions, ne savait donc pas à qui il donnait de l’argent ? L’établissement financier n’a-t-il pas indirectement financé les achats d’armes de la rébellion, en lui fournissant du cash ?
En s’impliquant dans cette transaction sulfureuse, le Crédit Lyonnais ne met-il pas en danger les intérêts et la réputation de sa filiale ivoirienne, la SIB ? La France, en tant qu’Etat, déjà sur la sellette, acceptera-t-elle d’ouvrir une information judiciaire sur cette affaire, dès que la justice ivoirienne s’en saisira ? Cette histoire sans morale donne en tout cas de l’épaisseur à l’accusation de Thabo Mbeki accusant «certaines forces qui ont intérêt à perpétuer la déstabilisation de la région». C’est que la guerre en Côte d’Ivoire alimente des comptes en banque à Paris et à Ouagadougou. Entre autres…
Théophile Kouamouo »



samedi, 26 août 2006

Quand Tiken Jah tente de se justifier : laborieux et édifiant



Lecture de l’interview de Tiken Jah Fakoly par L'intelligent d'Abidjan 25/08/06 — http://news.abidjan.net/h/209108.html


(CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)

«{…} Gbagbo, tout le monde est conscient de sa lutte. La liberté de la presse est de son combat. Il méritait de gouverner la Côte d'Ivoire. Mais, il n'a pas eu la chance de rentrer par la grande porte. {…}»


C’est Tiken Jah Fakoly qui dit cela ! Bonne nouvelle il a enfin compris, pourrait-on penser… D’autant qu’à la question de Firmin Koto, qui l’interviewe,

«Que penses-tu de la politique extérieure par rapport à la Côte d'Ivoire?»

il va carrément répondre :

«Je pense que la politique extérieure a un impact négatif dans ce qui arrive à la Côte d'Ivoire. C'est clairement une guerre économique entre le colonisateur et notre pays. Le paradoxe c'est que l'Afrique est le continent qui a le plus de ressources au monde. J'ai lu récemment que les ressources minières représentent 75% dans le monde. Il est donc clair que l'Afrique est convoitée par les Occidentaux. C'est pourquoi, il faut que les dirigeants africains parlent d'une seule voix pour défendre les intérêts de l'Afrique. C'est vrai que la France pourrait soutenir une opposition ou une rébellion contre un pouvoir qui n'est pas en accord avec elle. J'ai l'habitude de dire que si nous sommes unis, ça va faire mal. Si les Ivoiriens étaient unis et qu'ils avaient mis en place une bonne démocratie, transparence, justice et égalité il n'y aurait pas cette guerre aujourd'hui.»

«Penses-tu à un réel retour de la paix en Côte d'Ivoire?»

«Oui mais à condition que tout le monde soit conscient de l'intérêt de la nation. {…}»



[Sur blogs.nouvelobs.com l'article censuré, intitulé "Tiken Jah va-t-il rejoindre la République ?", se terminait ici en ces termes : La bonne nouvelle se confirmerait-elle ? Tiken Jah va-t-il rejoindre le camp républicain ?
Pas si simple… La suite sur http://unevingtaine.hautetfort.com/]



Quand il vient de dire, un peu plus haut :

«{…} Gbagbo, tout le monde est conscient de sa lutte. La liberté de la presse est de son combat. Il méritait de gouverner la Côte d'Ivoire. Mais, il n'a pas eu la chance de rentrer par la grande porte. Après son élection dans des conditions calamiteuses, la première chose qu'il aurait dû faire était de prononcer un message d'unité. Ceci en promettant qu'après son mandat tous les partis allaient se présenter pour qu'enfin il y ait des élections justes et transparentes en Côte d'Ivoire.»


Sachant, comme le lui dit Firmin Koto, que Gbagbo n'a jamais terminé ce mandat en bonne et due forme — quand Tiken Jah vient de dire cela, on se dit : bon, tout va bien, il a enfin compris, il va donc pouvoir prendre son courage à deux mains, franchir le pas et dire qu’il s’est fait avoir et qu’il rejoint à présent le combat des patriotes.

Mais non, ce pas, il ne le franchit pas. Il a compris, mais ne l’a dit qu’au conditionnel : «C'est vrai que la France pourrait soutenir une opposition ou une rébellion contre un pouvoir qui n'est pas en accord avec elle».

Ce qui lui permet de se contorsionner tout au long de l’interview et de ne pas aller au-delà d’une réponse agacée à la question :

«Peux-tu dire franchement quelle est ta position par rapport à la rébellion?»

«{…}
Une fois pour de bon, j'aimerais dire que je n'ai aucun lien avec la rébellion. Mais, je comprends leur combat. {…}»

Et, en regard des trois années passées, c’est le moins qu’on puisse dire en effet : «il comprend leur combat» dont il a fait la promotion sur tous les continents, ce qui, disent les mauvaises langues — comme Alpha Blondy, rappelle-t-il —, lui a valu comme récompense au goût néo-colonial, le trophée des «victoires de la musique».

Voilà ce qu’il faut donc justifier, et qu’il est si difficile à présent de justifier. C’est ainsi que lorsque à sa remarque selon laquelle — en substance — Gbagbo aurait dû l’écouter (sic) et faire en sorte «qu'après son mandat tous les partis allaient se présenter pour qu'enfin il y ait des élections justes et transparentes en Côte d'Ivoire», Firmin Koto lui rétorque :

«Gbagbo n'a jamais terminé ce mandat en bonne et due forme…»

Tiken Jah bredouille, en guise de justification, cette étrange réponse :

«Oui, mais les dés étaient pipés au départ avec le forum de la réconciliation que j'appelle le forum de la distraction. Et c'est de là qu'est parti tout ce malaise. Au cours du forum de la réconciliation nationale, tous les partis et les couches sociales étaient représentés. Malheureusement, Laurent Gbagbo a refusé d'appliquer les résolutions de ce forum. C'est pas sérieux. La réalité est là. C'est pour cela que je dis que je comprends le problème des rebelles. Ce qu'on aurait pu obtenir par les revendications musicales a été finalement mais malheureusement obtenu par les armes. Toutes les avances en passant par l'acceptation de la candidature d'Ado. Nous avons chanté, Alpha, Fadal, moi et bien d'autres, mais personne n'a voulu nous écouter.»

Ah bon Gbagbo n’a pas appliqué les résolutions du forum ? — alors qu’il a fait entrer au gouvernement, et pas à des postes de figurants, des représentants de tous les partis, y compris celui d’ADO pour lequel la rébellion prendra les armes !

Ultime tentative d’auto-justification de Tiken Jah qui a aussi parlé de son exil au Mali parce que sa sécurité ne serait pas assurée en Côte d’Ivoire — renvoyant pour cela à Camara H, dont le public français se souvient du cadavre passé en boucle en 2003 dans tous les journaux télévisés pour contrer les manifestations pro-Gabgbo au lendemain de la tentative de coup d’État de Marcoussis. Allusion donc, mais sans précision supplémentaire de Tiken Jah, aux fameux «escadrons de la mort» que Le Monde avait envoyés alors dans les pattes de Gbagbo. Pas de précision supplémentaire parce que Tiken Jah sait très bien que, depuis, Le Monde a été condamné pour cela. Et Tiken Jah sait vraisemblablement que cela n’avait aucun sens pour les partisans de Gbagbo, d’aller casser un possible impact médiatique mondial des manifestations monstres en sa faveur en tuant un opposant et en exposant son cadavre sur le terre-plein central d’une route archi-fréquentée !

Tandis que Tiken Jah a oublié de dire que ça c’était dégradé pour Gbagbo bien avant le forum de réconciliation, en fait au jour même de son intronisation — avec le fameux charnier de Youpougon, dont éclate aujourd’hui que c’était un montage, comme les fameux «escadrons de la mort».

Tiken Jah le sent bien : il s’est fait avoir en prenant parti pour la rébellion, ou, selon ses termes, «en la comprenant». Mais que ne le dit-il pas clairement ?!




vendredi, 25 août 2006

2000...



Dans une chronique précédente, la comparaison me semblait s’imposer entre les 150 soldats qui arrivaient au Liban et les 5000 de la Licorne en Côte d’Ivoire.

Au moment où 170 soldats débarquent annonçant donc, non pas les 200 d’abord promis, mais finalement 2000 soldats français, la mise en perspective par rapport à la présence française en Côte d’Ivoire me semble prendre un sens nouveau non-négligeable. Je passe sur le nombre, et j’en viens à un parallèle significatif dans le problème : le désarmement.

Si, comme en Côte d’Ivoire, la force internationale tergiverse au Liban concernant le désarmement des «milices» — dixit le Président Chirac —, à savoir concrètement le Hezbollah, on débouchera sur la situation qu’on a promue en Côte d’Ivoire en n’exigeant jamais concrètement le désarmement de la rébellion et en ne fermant jamais la frontière-passoire par laquelle elle s’approvisionne en armes. Une rébellion, ou une milice, qui ne désarme pas, surarme !

Ça se voit en Côte d’Ivoire, ça s’est vu au Liban, où, non désarmé, le Hezbollah n’a fait que surarmer. Ce qui ne fait que pourrir une situation — pour des lendemains qui déchantent toujours plus faux.

Au point que c’est à se demander si ce n’est pas ce qu’on cherche ! — cela en regard de la façon dont on laisse calomnier ceux qui sont dans la légalité… Ainsi, pour la Côte d'Ivoire : légendes, promues par les médias français contre les patriotes, sur des «escadrons de la mort de Gabgbo», le concept français d’ «ivoirité», le charnier de Yopougon, autant de clefs de voûte d’un dénigrement médiatique, qui ont fait tant de mal… et qui aujourd’hui s’écroulent les unes après les autres.

Ainsi, Mamadou Koulibaly annonçait les aveux de l’exécutant de la macabre mise en scène du charnier de Yopougon. Notre Voie publie aujourd’hui son témoignage — tandis qu’on se souvient que la ministre-Marcoussis de la justice (mentionnée ci-dessous par le personnage) avait décidé en son temps de stopper l’enquête…


«
Charnier de Yopougon: Abou Kamagaté (le convoyeur des corps) raconte»

Notre Voie - 8/24/2006 7:36:54 PM — http://news.abidjan.net/h/208876.html :

«Dans le mois de mars 2003, Abou Kamagaté, 67 ans, de nationalité malienne, chauffeur de son état, est arrivé de son Mali natal pour, a-t-il annoncé, rencontrer les autorités judiciaires ivoiriennes. Des entretiens qu’il a eus avec ses hôtes, il ressort que M. Kamagaté est arrivé du Mali rien que pour faire des révélations sur le charnier de Yopougon. En exclusivité, nous vous proposons quelques-unes de ces révélations qui vont, sans nul doute, provoquer un séisme dans le microcosme politique ivoirien.

“Je suis Abou Kamagaté, chauffeur de camion-benne. Précisément, je livre du sable de construction. Je travaillais à la gare de sable d’Abobo, un quartier où j’ai habité, avant de la quitter précipitamment pour m’installer au Mali. Mon départ est lié à l’affaire du charnier de Yopougon. Affaire que j’ai contribué à monter de toutes pièces.
Tout a commencé dans la nuit du jour où le général Robert Guéi a capitulé devant la mobilisation des Ivoiriens. Cette nuit-là, Kaba, un ami coxer à la gare routière d’Abobo, m’a approché pour qu’on fasse un travail. Nous avions l’habitude de travailler ensemble dans le cadre de la livraison de sable. Cette fois-ci, Kaba est venu louer mes services pour un autre type de travail. A savoir transporter, non pas du sable, mais des cadavres sur recommandation de M. Ally Coulibaly, responsable de la Communication du RDR. Kaba m’a dit qu’Ally Coulibaly proposait 50 millions FCFA et souhaitait que les cadavres soient déposés derrière la MACA. J’ai tout, de suite, accepté de faire le travail.
Dans la même nuit, Kaba a fait venir six personnes qui m’ont rejoint à la gare de sable d’Abobo. Je ne les connaissais pas. Deux personnes sont montées devant et, le reste, derrière la benne que j’ai acquise en héritage de mon frère aîné Adama Kamagaté, décédé à la MACA.
Sur indication de Kaba, nous nous sommes rendus devant la pharmacie Sainte Odile (Dokui) d’Abobo. Nous avons ramassé les corps qui jonchaient le sol pour les mettre dans le camion. Je suis allé les déverser au lieu indiqué par Ally Coulibaly. Puis nous sommes allés à Cocody. Comme je ne connais pas le quartier, je ne suis pas en mesure de préciser les endroits exacts. J’ai fait cette nuit-là trois voyages. Les corps que nous avons déposés étaient habillés. Une fois le travail fini, je suis allé descendre les six personnes que Kaba avait envoyées à la gare de sable, exactement devant le domicile d’Adama Sanogo. Restés à deux, Kaba est venu me chercher à la gare de sable pour m’envoyer au domicile d’Ahmed Bassam. A 16 h, j’ai été reçu par Alassane Dramane Ouattara (ADO) et Ally Coulibaly. Ils m’ont félicité en me disant que “j’ai fait du bon travail”. ADO, tout en posant sa main sur mon épaule, m’a présenté à un Blanc en ces termes : “Voici le monsieur qui a déposé les corps au lieu indiqué. Allez faire votre travail!” Dans le salon d’Ahmed Bassam, se trouvaient, outre lui-même, Henriette Dagri Diabaté et Adama Toungara. C’est au domicile d’Ahmed Bassam que Kaba m’a remis les 50 millions FCFA. Il les a reçus des mains d’Ally Coulibaly. En me remettant l’argent, Kaba a ajouté que “je devais, dans les trois jours qui suivent, quitter la Côte d’Ivoire”. Puis Ally Coulibaly m’a donné trois documents en me recommandant de les garder soigneusement : un passeport, un billet d’avion, puis une interdiction de séjour sur le sol ivoirien.
Ce jour où je quittais Abidjan, j’ai été escorté jusqu’à Pogo dans une 4X4. Une fois à Sikasso, j’ai décidé de me construire une maison. J’ai donc remis la somme de 500.000FCFA à un de mes frères officier de police pour acheter un terrain. C’est lui qui m’a dit que l’argent était faux. On s’est rendu compte que les 50 millions FCFA étaient de faux billets. J’ai compris que Ally Coulibaly, ADO et autres m’avaient nargué. Ecœuré, j’ai décidé d’effectuer le voyage de Sikasso à Abidjan pour venir porter à votre connaissance ces faits. Il faut que les Ivoiriens sachent que l’affaire du charnier est du faux, tout comme les 50 millions F CFA que j’ai reçus pour ramasser les corps”.

Propos recueillis par Allan Aliali »



jeudi, 24 août 2006

Au MEDDA : merci pour ce message



Mes remerciements à Christian Bailly-Grandvaux, du MEDDA, pour le signalement de mon blog http://delugio.zeblog.com/, et pour l’action du MEDDA dans ce combat qui n’est pas facile à faire comprendre. Je me souviens ainsi que la publication de cet article : http://medda.over-blog.com/article-155480.html sur mon blog http://blogs.nouvelobs.com/Delugio/ avait été refusée en son temps par la censure de blogs.nouvelobs.com…
Tous mes encouragements au

MEDDA Mouvement Européen de Défense de la Démocratie en Afrique
Pour une redéfinition des relations Europe-Afrique
http://medda.over-blog.com/ :


«
Mardi 22 Août 2006
Un BLOG a voir absolument

Chèr(e)s ami(e)s,

Le combat de l'Afrique contre l'impérialisme n'est pas terminé, loin de là. Malheureusement, les Français ne se sentent pas concernés par les situations qu'engendrent le néo-colonialisme et les réseaux politico-maffieux (principalement ceux de la droite française) en terre africaine.

Pourtant, on nous parle d'immigration à longueur de journée et de ces soi disant méfaits. Si les africains et autres populations sur-exploités se sentaient bien chez eux, dans une véritable démocratie qui vit avec l'exploitation rationnelle et juste des ressources de son pays, je peux croire qu'il n'y aurait aucune immigration clandestine des ces peuples vers les pays occidentaux. Voit-on des américains des USA immigrés clandestinement en Europe?
L'Afrique détient les plus grandes richesses du monde actuellement et reste pourtant le continent le plus pauvre. Cet anachronisme devrait nous faire réfléchir sur ce que deviennent ces richesses et à qui elles profitent.

Pour cela, les français doivent s'interesser de près aux causes de ce déséquilibre, et avec l'aide de l'internet aujourd'hui, ils ne devraient pas avoir de peine à trouver les réponses, car ces dernières ne se trouvent pas dans les médias de grande diffusion mais sont facilement accessible sur le Net.

Dans cet objectif, je vous livre ci dessous, l'adresse d'un blog sérieux et riche d'analyses pertinentes. N'hésitez pas à propager cette adresse autour de vous, d'inciter vos proches, amis, collègues à y aller faire un tour ainsi que sur le blog du MEDDA bien sur.

http://delugio.zeblog.com/

Votre dévoué
Christian Bailly-Grandvaux»





mercredi, 23 août 2006

Mais pour qui roule l’AFP ?!



Avec tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire :
— les anciens thèmes de dénigrement de la résistance à la Françafrique qui s’écroulent (cf. ce blog hier) ;
— les peuples de l’Afrique entière qui soutiennent les patriotes ;
— les populations du Nord qui secouent de plus en plus le joug rebelle ;
— les jeunes des deux camps qui signent un accord (au point de n’être pas suivis de façon toujours enthousiaste dans leurs partis respectifs) pour que l’identification se fasse de façon transparente ;
— le premier ministre qui reconnaît la légitimité de cette demande…

…bref, quand les diverses tentatives de reprise de pouvoir de ceux qui ont été battus dans les urnes semblent s’apprêter à tourner au fiasco, que fait l’AFP ? Elle résume tout cela en une dépêche où elle donne la parole aux tenants du pouvoir d’antan, les ex-ennemis et désormais alliés Bédié (ex-«ivoiritaire») et Ouattara (ex-«anti-ivoiritaire») que tout cela fâche, pour nous annoncer en titre : «
L'opposition ivoirienne demande à l'Onu de limiter les décisions de Gbagbo» ! (http://www.izf.net/izf/AFP2/francais/special/afrique/0608...)

Et on s’étonnera de découvrir que les agences de presse et autres médias français sont considérés en Côte d’Ivoire comme partisans — roulant pour l’opposition et la rébellion !




mardi, 22 août 2006

Après les «escadrons de la mort» et l’«ivoirité», le «charnier de Yopougon» :



Le troisième pilier du dénigrement de la Côte d’Ivoire républicaine en train de s’écrouler à son tour...



En commun avec les deux autres, ce lieu central de la diabolisation de la Côte d’Ivoire républicaine a trouvé sa caisse de résonance (au minimum) dans les médias français et françafricains.

Le Monde a été condamné par les tribunaux français pour sa promotion des fameux «escadrons de la morts de Gbagbo» — condamnation qu’en général les Français ignorent. Le concept d’«ivoirité» promu par la presse française quasi-unanime (seul Bernard Debré s’était opposé à l’époque à cette caricature) a fait long feu.

Quant au charnier de Yopougon, dont la découverte au moment de l’investiture de Gbagbo était promue par RFI, on savait déjà par les autopsies qu’il recelait quelques bizarreries, comme la présence de fusillés décédés par noyades…

Mamadou Koulibaly vient de porter le coup fatal à ce troisième pilier du dénigrement, promu via les médias français :


«Les graves révélations de Mamadou Koulibaly» titrait hier Le Courrier d’Abidjan Parution N° 794 du Lundi 21 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

«Charnier de Yopougon – Le président de l’Assemblée nationale, le Pr. Mamadou Koulibaly a dévoilé, hier au cours d’un grand meeting au stade d’Anyama, comment le charnier de Yopougon a été monté de toute pièce par les déstabilisateurs de la Côte d’Ivoire. Et pourquoi le chef des hommes qui ont exécuté l’opération à Abidjan s’est repenti, après avoir été expatrié au Mali.
La Côte d’Ivoire a en sa possession des preuves importantes sur le charnier de Yopougon (la plus grande commune de Côte d’Ivoire), a expliqué le président de l’Assemblée nationale, le Pr. Mamadou Koulibaly. Selon lui, les cadavres présentés comme étant des gens massacrés par le pouvoir du président Gbagbo sont en réalité des corps des événements qui ont suivi l’élection présidentielle de 2000.
"Ce sont les morts des massacres perpétrés par Boka [Yapi] et ses hommes qui ont été ramassés pour constituer le charnier de Yopougon (…). Et l’autopsie a clairement montré que ces gens n’ont pas été tués au même endroit et de la même manière. On a découvert que certains sont morts par noyade, certains ont été asphyxiés, d’autres ont été tués par balles ou à l’arme blanche…" {…}
Le Pr. Mamadou Koulibaly précise surtout que «le monsieur qui a été chargé de mener l’opération était allé au Mali quelques temps après avoir fait le travail qui lui était confié. Mais il est revenu à Abidjan parce que ceux qui lui ont demandé de ramasser ces cadavres pour eux l’ont trompé. Ils lui ont remis 10 millions de francs de faux billets…. Nous sommes allés avec lui chez le juge. On l’a filmé avec les témoins. {…}»



Cf. plus bas, l’article de
Fraternité Matin - 21 août 2006.


La nature des réactions de la presse d’opposition politico-rebelle ne fait que donner l’impression d’un net désarroi ; ce qui confirme le sentiment que Mamadou Koulibaly n’a pas lancé de tels propos à la légère.

Exemple, Le Patriote, journal du RDR de Ouattara, propose pour toute contradiction — http://news.abidjan.net/h/208278.html — :
— l’idée paradoxale que Mamadou Koulibaly appelant les populations du Nord à rejoindre sans crainte la République, prônerait de la sorte la sécession !
— que son report du témoignage de l’homme chargé de l’opération selon lequel les 57 cadavres du charnier ont été entassés là à dessein est à assimiler aux propos de Le Pen faisant de la Shoah un détail de l’histoire ! Dernier clin d’œil désespéré au public français et françafricain, qui a été jusque là si fidèle pour soutenir le dénigrement de la République ivoirienne…


Les populations du Nord, elles, ne suivent pas cette argumentation désespérée :

«
Touré Moussa (chef central des Malinké d`Anyama) - “Nous sommes d`accord avec Mamadou Koulibaly”»
titre ainsi Notre Voie - 8/21/2006 — http://news.abidjan.net/h/208237.html.


Quand on sait que dans l’opinion africaine en général — témoin, les réactions à l’interview de Gbagbo au Cameroun (cf. 2e article ci-dessous) — les effets du dénigrement médiatique orchestré sont passés, il ne manquait plus que ce dernier coup, et le ralliement de plus en plus net des populations des zones occupées au camp républicain (que Le Patriote tente de présenter comme «sécession»), pour que l’isolement de la thèse médiatique françafricaine ne soit ignoré que des Français.

Je ne désespère cependant pas d’un sursaut. Et je renvoie à l’appel du Pr Maurice Gnagne au Pr Bernard Debré — http://delugio.zeblog.com/ — pour que l’on perçoive bien qu’il n’y a rien d’anti-Français dans ce retournement de situation… mais qu’il serait temps de se réveiller.


******


Fraternité Matin - 21 août 2006 -
«Les révélations de Mamadou Koulibaly - Crise ivoirienne»

http://news.abidjan.net/article/?n=208131 :

«Le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly était hier face aux ressortissants du nord du pays, résidant à Anyama.
Ce sont plusieurs centaines de Malinké et Sénoufo qui ont pris d’assaut le stade municipal de la capitale de la colas, pour écouter leur “ fils et frère ”, venu leur expliquer les tenants et aboutissants de la crise ivoirienne.
Contrairement à ses interventions habituelles, le président Mamadou Koulibaly a entretenu pendant près d’une heure ses parents en malinké pour mieux passer son message.
Evoquant les raisons de la crise ivoirienne, le président de l’Assemblée nationale a indiqué que la rébellion a menti aux nordistes en leur faisant croire que le combat qu’elle mène est le leur. C’est-à-dire entre nordistes et sudistes ou entre musulmans et chrétiens. Faux, explique Mamadou Koulibaly, pour qui la crise ivoirienne n’est rien d’autre que la traduction de l’intérêt géo-politique de la France qui est en jeu sur le territoire ivoirien. Pour l’orateur, le vrai adversaire de la Côte d’Ivoire dans la crise qu’elle traverse est la France. Qui dans sa volonté d’imposer un Chef d’Etat en Côte d’Ivoire pour continuer de piller les richesses, a armé des rebelles pour défendre leurs intérêts, comme cela a toujours été depuis la colonisation. Et le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara, est le cheval sur lequel mise la France. Puisque ce dernier avec la politique de privatisation dans les années 90, a permis à la France d’avoir des structures stratégiques, telles que l’eau et l’électricité.

Charnier de Yopougon
LA CONFESSION DU METTEUR EN SCÈNE DÉJÀ EN FILM

Dans sa course à la déstabilisation de la Côte d’Ivoire, la France a utilisé plusieurs stratégies dont le charnier de Yopougon, pour salir le pouvoir en place.
A ce sujet, la vérité est enfin connue, à en croire le président Mamadou Koulibaly. Qui a révélé que le principal auteur de ce charnier monté de toutes pièces par le RDR est enfin connu. Bientôt le film témoignage sera diffusé sur les antennes nationales.
Selon le président de l’Assemblée nationale, un propriétaire de camion de sable aurait été approché en 2000 par Aly Coulibaly le porte-parole du RDR, pendant la crise qui a suivi l’élection du Président Gbagbo, afin que ce transporteur ramasse et assemble des cadavres dans la forêt du Banco, contre la bagatelle de 10 millions de francs CFA. Seulement le salaire promis a été payé en faux billets de banque. L’auteur du prétendu charnier s’en rendra compte seulement pendant son exil au Mali où tous ces billets ont été refusés sur le marché. S’étant donc senti floué, explique le président de l’Assemblée nationale, ce transporteur dont l’identité n’a pas été révélée a décidé de se mettre à table.

Trafic café-cacao vers le Mali et le Burkina
BICTOGO A REÇU 250 MILLIARDS
Revenant à la crise elle-même, Mamadou Koulibaly a expliqué à “ses parents”, que contrairement à ce qui leur a été dit, la situation conflictuelle que vit le pays ne profite qu’à certains individus dont Adama Bictogo du RDR, qui aurait reçu 250 milliards, pour le trafic de cacao et café qu’organise la rébellion vers le Mali et le Burkina.
Face donc à tout ce que le président de l’Assemblée nationale a qualifié de mensonge et d’endoctrinement des populations du nord, il a demandé à “ses parents”de ne pas céder aux discours tendant à opposer les musulmans aux chrétiens et le nord au sud. “Evitez les discours tribalistes”, a lancé le président Mamadou Koulibaly aux nordistes. Avant de les inviter à véhiculer ce message à leur frères restés dans les zones occupées. Pour lui, dès que les Malinké diront non aux mensonges de la rébellion, la guerre finira en Côte d’Ivoire.
Le président de l’Assemblée nationale a profité de sa présence à Anyama pour traduire au Chef de l’Etat, la volonté des jeunes de cette cité de tourner le dos à toutes velléité d’association aux mouvements rebelles. “M. le président, les jeunes d’Anyama disent que l’erreur est humaine. Mais ne pas la reconnaître est grave. C’est pour cela que les populations d’Ayama disent qu’elles ne veulent plus être les têtes de pont de la rébellion au sud”. Le président de l’Assemblée nationale était accompagné à Anyama par le Directeur général du Port, Marcel Gossio, du secrétaire national de la JFPI Konaté Navigué et de certains députés du groupe parlementaire FPI.
Auteur: Marc YEVOU»



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 795 du Mardi 22 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm :

Article de
Benjamin Silué :

«Constat - Après son interview sur la télévision privée camerounaise Canal 2, la côte du président de la République de Côte d’Ivoire est montée dans l’opinion publique camerounaise. Au pays de Paul Biya, on comprend mieux le combat que Laurent Gbagbo mène pour l’Afrique.

Un véritable événement. C’est ainsi que les observateurs ont qualifié l’interview du président Gbagbo à la chaîne de télévision privée camerounaise Canal 2. Alors que le même jour, pratiquement à la même heure, le FC Barcelone de la superstar Samuel Eto’o disputait un match contre l’Espanyol, où joue le gardien camerounais Carlos Kameni, la majorité des téléspectateurs a préféré regarder l’interview du président Gbagbo.
Qu’ont-ils retenu ? «Dans le fond, les Camerounais connaissent très bien la crise ivoirienne, et les explications de Gbagbo les confortent dans l’idée qu’ils ont : un coup d’Etat manqué qui se mue en rébellion», explique un analyste qui a effectué une enquête d’opinion rapide. Le flou engendré par la propagande de RFI et consorts existe tout de même, et les mises au point du numéro un ivoirien sont bienvenues, selon un autre observateur.
«Les Camerounais ont été séduits par sa simplicité, et sa fierté d’être un enfant du ghetto qui n’accepte pas que d’autres souffrent comme il a souffert hier», entend-on également.
Le Forum des lecteurs du quotidien Le Messager, qui a publié l’entretien en intégralité, montre également le point de vue des Camerounais sur la question. Un lecteur affirme par exemple : «Je pense que le président Gbagbo est sincère et il faut le soutenir. On ne peut pas soutenir la rébellion dans un pays au point de lui dérouler un tapis rouge et demander au président élu de céder son pouvoir aux putschistes. La communauté internationale devait aider la Côte d’Ivoire à se débarrasser des putschistes. Le pouvoir doit être pris par les urnes. Les Européens encouragent en Afrique ce qui ne peut faire l'objet d'un rêve chez eux. Je souhaite bon courage à Gbagbo. Qu'il tienne bon», écrit un lecteur. Les débats dans les forums camerounais sur Internet (cameroon-info.net, cameroonlink.net, etc…) laissent également entrevoir la même tendance.
Selon nos informations, de nombreux membres du gouvernement camerounais, mais aussi de la société civile, ont appelé l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun, Paul Ayoman, pour lui traduire leurs félicitations et leur admiration envers le président Gbagbo. «J’en suis à me demander pourquoi ne l’avoir pas fait plus tôt, pourquoi ne pas le faire dans d’autres pays ? Cette crise est aussi une guerre de communication. Et il n’y a pas mieux que ce genre de communication, où des Africains parlent à d’autres Africains des problèmes d’un pays d’Afrique. Sans intermédiaires», nous a par exemple confié un journaliste camerounais.»




lundi, 21 août 2006

Ça ressemble à une fable de La Fontaine



… Et ça se passe dans le silence des médias français — qui répercutent de la façon que l’on sait le moindre semblant de gêne qu’oppose la rébellion ivoirienne au pouvoir élu de son pays…


«Pendant qu’il parle "paix négociée" en Côte d’Ivoire : Wade veut désarmer ses rebelles par la force»

Le Courrier d’Abidjan Parution N° 793 du Samedi 19 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm

par
Anassé Anassé :

«
Or donc il n’y a pas mille façons de faire entendre raison à un rebelle. Le président sénégalais vient de l’apprendre à ses dépens. En effet, depuis trois jours, Me Abdoulaye Wade a décidé de reconquérir la Casamance, riche territoire situé au Sud du Sénégal, par la voie des armes. Le «Pape du Sopi» a engagé – par surprise – les hostilités contre les rebelles du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC), le mouvement indépendantiste armé qui occupe la région depuis 1982.
L’armée sénégalaise, dirigée par son tout nouveau chef d’Etat-major, le Général de Division Abdoulaye Fall – celui-là même qui a servi en Côte d’Ivoire à la tête de la MICECI puis de l’ONUCI et qui a aidé, avec la force française Licorne, à la consolidation des positions des rebelles dans le Centre, le Nord et l’Ouest du pays -, a décidé de mettre fin à une rébellion qui dure maintenant depuis près de vingt-cinq ans. Pour ce faire, elle a lancé depuis trois jours, une offensive tous azimuts (airs et terre) contre les positions rebelles du MFDC, dans le Nord de la Casamance. Les combats font en ce moment rage entre l’armée sénégalaise et le mouvement indépendantiste armé dirigé par l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor. En dépit d’un énième «accord général de paix» (cessez-le-feu) signé le 30 décembre 2004 entre le gouvernement sénégalais et la direction du MFDC, et devant mettre fin à une rébellion indépendantiste armée qui a fait des centaines de morts depuis son déclenchement, en 1982. Des négociations de paix, prévues par cet accord, ont été reportées à deux reprises, fin 2005 et début 2006.
C’est donc en parfaite violation du cessez-le-feu que le président Abdoulaye Wade, chef suprême des armées du Sénégal, a commencé à pilonner depuis jeudi, les positions de sa rébellion casamançaise. Des combats qui vont certainement encore faire de nombreux morts et déplacés dans les rangs de la population civile, mais le président Wade n’en a cure. Car il veut coûte que coûte recouvrer l’intégralité de son territoire. Toute chose que n’a pu faire son prédécesseur Abdou Diouf, actuel Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Pourtant, en novembre 2004, quand le président ivoirien Laurent Gbagbo avait donné l’ordre aux Forces de défense et de sécurité ivoiriennes de reconquérir de force le reste du territoire ivoirien, illégalement occupé par les bandes armées de Soro Guillaume, le président sénégalais s’était retrouvé en première ligne des chefs d’Etat qui ont condamné «avec la dernière énergie», la violation du cessez-le-feu en Côte d’Ivoire. Et dans une réunion informelle de la CEDEAO - improvisée et sponsorisée par la France – à Abuja, au Nigeria, Abdoulaye Wade était de ceux qui ont réclamé avec urgence – et obtenu – l’embargo sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’histoire rattrape le président sénégalais. Celui qui a le plus torpillé le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire et qui a néanmoins reçu, en mai 2006, le prix Houphouët-Boigny (2005) pour la Recherche de la Paix – Houphouët «yako !» -, engage la guerre contre ses rebelles pour restaurer la paix au Sénégal.
En optant pour la solution militaire pour mettre fin à une rébellion quasi-trentenaire dans son pays, le président Abdoulaye Wade montre la voie à son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. Que la paix négociée est une utopie, et que toute rébellion se mate. Wade mérite vraiment son sobriquet du «Pape du changement»
»




dimanche, 20 août 2006

150…



150 soldats français envoyés, sans grand enthousiasme nous dit-on, au Liban. Et effectivement, quand on se souvient de 1983 et de l’attentat revendiqué par le Hezbollah : 56 soldats français tués, on est porté à comprendre qu’il y ait hésitation. Rien n’indique que le risque de boucherie se soit atténué… Où ce qui suit n’est en aucun cas un appel à plus de présence militaire française sur les lieux !

Cette précision à mon sens indispensable étant posée, ce n’est donc pas à ce point que je m’interroge sur une éventuelle… incohérence (?)…

150 soldats français pour la Finul, force aux prises à de puissantes armées qui ont fait quelques 1000 ou 2000 morts civils en un mois de guerre «officielle», sans compter le quotidien «normal».

medium_doh_ben_laden.JPG10 000 soldats «internationaux» en Côte d’Ivoire, dont la moitié de soldats français non-casques bleus — «Licorne» — pour s’interposer entre l’armée légale et une rébellion composée de 437 dissidents de cette armée au matériel difficilement comparable à celui des protagonistes du conflit proche-oriental, et de bandes armées (dont un spécimen célèbre sur la photo en médaillon).

Novembre 2004. Destruction des moyens militaires aériens ivoiriens et tentative française de prise d’Abidjan («pour protéger nos ressortissants») suite à la mort de neuf soldats français à Bouaké dans des circonstances toujours pas établies. Le tout à grand renfort de menaces (dont le doigt télévisuellement agité de Raffarin). 63 morts par balles parmi les manifestants ivoiriens et plus d’un millier de blessés.

23 octobre 1983. Attentat à Beyrouth, avéré celui-là, et volontaire, revendiqué par le Hezbollah : explosions simultanées de deux camions piégés devant les casernes des marines américains et de l'Armée française. 56 parachutistes français (et 241 marines américains) de la Force multinationale sont tués. La veille de l'attentat, les deux futurs «martyrs» étaient longuement reçus par le guide «spirituel» du Hezbollah, cheikh Mohamed Hussein Fadlallah. Quelle riposte de la France ? «On ne touche pas impunément à un soldat français» disait en substance Raffarin agitant son doigt vingt ans après, repris en chœur à droite et à gauche — cela concernant cette fois un acte dont on ne connaît toujours pas les auteurs et dont a fortiori l'intentionnalité n'est toujours pas prouvée. Disons que les choses ont dû changer en vingt ans, époque où l'on ne ripostait pas de façon claire concernant un acte revendiqué...

Je précise à nouveau que ceci n’est évidemment pas un appel à une politique plus belliqueuse au Proche-Orient mais une interrogation.

Reste, outre l’impression fournie par la photo en médaillon, le sentiment d’une… incohérence — au minimum…



Autre chose — qui n’a rien à voir ? — :


UEDEN, une nouvelle association de soutien à Gbagbo
AIP — 19 août 2006 — http://www.rezoivoire.net/news/read_aip.php?newsid=863

Une association de soutien au Président Gbagbo, dénommée Union des Electrices du Grand Nord (UEDN) créée par le député-maire de Mankono, Mme Kanaté Elise, ancienne militante du Rassemblement des Républicains actuellement au Front Populaire Ivoirien (FPI) a été lancée samedi, en présence du Pr Dédy Séry, représentant le président du FPI, M. Affi N'Guessan.

Le député-maire de Mankono a viré au FPI depuis le 04 août 2006, rappelle-t-on.

Selon Mme Kanaté UEDEN se fixe pour objectif de jeter les bases de la victoire éclatante du candidat Gbagbo dans le grand nord, à partir de la mobilisation des femmes, lors de la prochaine élection présidentielle.

"Nous devons ramener toutes les électrices du grand nord au Président Gbagbo et ces enjeux électoraux exigent que nous puissons nous mobiliser dès maintenant", a-t-elle dit.

Le Pr Dédy Séry a, pour sa part, salué cette initiative du député-maire de Mankono et a invité toutes les femmes du grand nord à adhérer à ce mouvement dans lequel, elles doivent avoir un engagement clair et sans équivoque.

"Le FPI vient de capturer un éléphant. (...) A partir d'aujourd'hui, grâce à vous, le FPI doit faire une offensive dans le nord", a-t-il ajouté.

Plusieurs associations de soutien à Gbagbo, notamment, Deux millions de filles pour Gbagbo, le Front Patriotique pour la Libération du Grand Nord (FPLGN) et des danses traditionnelles issues du grand nord, se sont associées à la cérémonie.