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dimanche, 02 septembre 2007

Doudou Diène, rapporteur des Nations-Unies contre le racisme...



SUR LE DISCOURS DE SARKOZY

« Le silence des chefs d’Etat africains est étonnant ! »*

http://www.sudonline.sn/spip.php?article4991

Genève – «Pour Nicolas Sarkozy l’homme noir est attaché à la nature, il ne peut pas faire le saut quantique de la nature à la civilisation et il est resté collé à la nature. » Nicolas Sarkozy est venu à Dakar avec un discours révisionniste. On a appris que Mbeki a remercié Sarkozy pour sa prestation à Dakar. Le rapporteur des Nations-Unies contre le racisme, le Sénégalais Doudou Diène, interrogé sur sa lecture du discours de Nicolas Sarkozy partage l’opinion de beaucoup d’intellectuels africains qui demandent à Me Wade, actuellement en vacances en Suisse, de répondre à son homologue français. Encore qu’il court le bruit au niveau de la Diaspora noire que « les Sénégalais sont des traîtres ». Certains se demandant combien d’euros Me Wade a-t-il reçu pour laisser Sarkozy perpétrer à Dakar le crime contre l’Humanité pour reprendre l’expression de l’historien Mamadou Diouf de Columbia University. Des Africains étudient par ailleurs les modalités de saisine du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme.

M. Diène, il est constant pour tout observateur averti que Nicolas Sarkozy à Dakar, a péché par ignorance, arrogance en se trompant dangereusement d’époque. Quelle est votre lecture de sa déclaration ?

« Ce n’est qu’une juxtaposition de textes différents avec des propos forts sur la culture africaine et sur l’homme africain. Deuxièmement, et le plus critique, c’est la posture politique. Comment comprendre qu’un homme d’Etat français puisse venir dire aux Africains ce qu’ils sont, ce qu’ils doivent faire. Sur ce point c’est au pouvoir politique de répondre à Nicolas Sarkozy. Cette réponse est attendue même après son départ. Le dernier élément, c’est la vision historique qu’a le Président français du Continent africain. M. Sarkozy pèche par ignorance. Il a dans sa vision historique de l’Afrique reproduit mot à mot les stéréotypes sur l’homme Noir qui a été décrit comme un être inférieur par des savants des Lumières pour légitimer l’esclavage et plus tard la colonisation. Et c’est de cette littérature qu’est née l’anthropologie du racisme anti-Noir en décrivant une absence de civilisation de l’Afrique et de l’homme Africain. Pour Nicolas Sarkozy l’homme noir est attaché à la nature, il ne peut pas faire le saut quantique de la nature à la civilisation et il est resté collé à la nature. C’est là une reproduction des vieilles constructions idéologiques qui ont été faites à l’encontre des autres peuples non-européens. Malgré tout ce qui a été fait par des scientifiques français comme africains à l’image du parrain de l’Université de Dakar Cheikh Anta Diop, que Nicolas Sarkozy a délibérément oublié dans son adresse à la jeunesse africaine. C’est un silence voulu. Un silence idéologique. »

Même quand il passe la pommade aux Africains, c’est pour mieux les rabaisser. Quand on connaît bien le débat en France, ne peut-on pas dire que Sarkozy ne s’adressait pas uniquement à la jeunesse africaine ?

« Ce discours exprime la montée de deux courants idéologiques en Occident. Premièrement, le courant du révisionnisme historique qui est en train de monter et qui a été illustré par le débat sur la « dimension positive de la colonisation ». Dans leur posture révisionniste des historiens essaient de démontrer que l’esclavage était l’œuvre même des victimes. Le deuxième courant propose une relecture ethnique des faits sociaux. Les tenants de ce courant suggèrent par exemple que l’immigration n’est plus un phénomène dont il faut avoir une lecture historique de tous les peuples mais exclusivement de peuples dont les valeurs culturelles ne sont pas en conformité avec la civilisation. Il s’agit d’intellectuels de renom comme le philosophe français Alain Finkielkraut ou l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse qui avait considéré que la révolte des banlieues était liée à la polygamie. C’est un courant assez profond. Ce que dit Nicolas Sarkozy est donc une expression politique d’un courant idéologique profondément révisionniste. Cependant, on ne peut pas accuser Nicolas Sarkozy d’être raciste. Il ne l’est peut-être pas. Le problème se trouve en France même. C’est la crise identitaire que vit la République française. Le surgissement d’un courant avant-gardiste et révisionniste est lié à une certaine idée d’une Europe blanche et chrétienne. Ces vieilles constructions identitaires sont en contradiction avec la société européenne d’aujourd’hui. »

N’est ce pas le signe avant-coureur d’un tournant historique très profond ?

« Il y a aujourd’hui une interprétation ethnique qui veut valider le retard de l’Afrique en en faisant un Continent anhistorique. Pour ces occidentaux les immigrés constituent une menace. Une seule question à Nicolas Sarkozy comment interprète-t-il le fait que des milliers d’Africains se retrouvent dans les cimetières français ? N’étaient-ils pas appelés au nom de la « mère-patrie » pour défendre la Liberté et la Démocratie ? »

Partagez-vous l’idée que Me Abdoulaye Wade doit répondre à Me Nicolas Sarkozy ?

« Il y a une interpellation des hommes politiques africains par le fait qu’un homme politique français vienne chez eux leur apporter une relecture historique de leur histoire, de leur propre être et de l’histoire de la colonisation. Leur silence est étonnant ! Le Chef de l’Etat sénégalais devrait donner son point de vue. Dans un esprit de dialogue critique, courtois mais de fond. Ce dialogue critique-là est attendu par les peuples sénégalais et africain. Et ce n’est pas seulement le Président du Sénégal qui est interpellé. De même les intellectuels africains sont interpellés. Il est temps qu’il se réapproprie la connaissance et la réécriture de leur propre histoire. Quelles sont les recherches faites dans nos universités sur l’histoire de l’Afrique ? Quels sont les efforts des autorités politiques sur l’enseignement de l’histoire africaine ? De même les intellectuels français et européens sont interpellés dans ce débat. Quels sont les travaux récents qui ont été faits sur l’histoire de la France et de l’Afrique ? Ces intellectuels doivent se positionner sur l’histoire coloniale. C’est en définitive leur propre société multiculturelle qui les interpelle. »

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, (ContinentPremier ONU – Genève)



* Il n'est pas chef d'Etat, mais notons la réponse d'un responsable africain : celle du Président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly.

 

vendredi, 31 août 2007

"Témoignage de Berté Seydou - Les doutes de l’épouse de Kieffer"



Le Courrier d'Abidjan
No: 1098 du Jeudi 30 Aout 2007 —
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15717


par Sylvie Kouamé :

« L’opération médiatique de la «nébuleuse», consistant à présenter sur France 3 du «réchauffé» (c’est-à-dire le témoignage de Berté Seydou, disponible depuis plus d’un an) a-t-elle eu les effets escomptés? En tout cas, elle a suscité de la réserve chez de nombreux observateurs, y compris… Osange Silou-Kieffer, l’épouse antillaise de l’ancien journaliste de La Tribune.
Dans une interview au quotidien Nord-Sud, Mme Kieffer revient sur les «révélations» de France 3. Elle affirme ne pas avoir vu le reportage avant sa diffusion et admet que le témoignage de Berté Seydou est sujet à caution. «Je n’ai pas été informée du déplacement du journaliste de France 3. J’ai découvert ce reportage, cette interview en même temps que tous les Français qui étaient devant leur télévision jeudi soir. Ceci dit, si c’est un témoignage qui a été consigné il y a un an, ce n’est pas un témoignage qui a été rendu public. Le fait que France 3 le rende public, n’est pas une mauvaise chose. Qu’on identifie des lieux, qu’il explique ce qui s’est passé… même si, comme dit le procureur, ça peut être un témoignage qui peut être contesté, c’est un témoignage qui existe. Il y en a beaucoup de choses dans ce dossier qui sont encore plus contestables que le témoignage de M. Seydou et d’autres qui sont beaucoup plus crédibles. Ça fait partie d’un tout lié à l’enlèvement de Guy-André Kieffer.» Si l’on suit le raisonnement de Osange Silou-Kieffer, l’élémentaire devoir de prudence doit s’imposer à une presse française qui se fonde sur des pièces dont la crédibilité est relative pour accuser, de manière très légère, le président ivoirien.
Mme Kieffer, qui avoue au passage que ce que Berté a dit à France 3 est différent de ce qu’il a affirmé au juge Ramaël (au sujet de son statut de témoin oculaire ou de témoin de second rang) va plus loin et s’interroge lourdement – comme Le Courrier d’Abidjan, dès le lendemain de la diffusion de l’élément sur France 3 – sur le fait que Berté Seydou témoigne à visage découvert. «Moi la seule chose qui me gêne dans ce reportage, c’est que ce monsieur témoigne à visage découvert. Quand il avait pris contact avec moi, il avait dit qu’il ne voulait pas qu’on sache qui il était. Qu’il témoigne maintenant à visage découvert, je me suis dit soit il est inconscient, ou alors il est un témoin téléguidé, mais pourquoi ?» Une question se pose de toute façon : où se trouve aujourd’hui Berté Seydou ? En France, comme Jean-Tony Oulaï ? Interrogée sur ce que devient Tony Oulaï et sur son statut en France, Osange Silou-Kieffer avoue sa perplexité : «Je ne sais pas. Le juge me dit que Jean Tony Oulaï est placé sous contrôle judiciaire. Oulaï, lui, soutient qu’il ne l’est pas, puisqu’il a donné quelques interviews à quelques confrères en l’affirmant. Il est pour moi un peu dans ce dossier, comme l’arlésiennne. C’est quelqu’un qu’on voit partout. A l’heure qu’il est, je suis incapable de dire s’il a été un des exécutants premier des donneurs d’ordre, juste en dessous des commanditaires ? Est-ce qu’il a participé avec autant de force que le dit M. Seydou (…) ou est-ce qu’il s’agit de règlements de comptes entre les Ivoiriens ? Je ne sais pas.»
Décidément, le «scoop» de France 3 pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. »

Voir aussi, de Sylvie Kouamé : 
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15697.





 

mardi, 28 août 2007

Affaire Kieffer - Procureur Tchimou : “Une nouvelle piste nous conduit en France”



Le Courrier d'Abidjan
No: 1095 du Lundi 27 Aout 2007 — http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15654


par Michelle Topé :

C’est sûrement dans le pays de Nicolas Sarkozy que se cache l’assassin (?) du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. Dans une conférence de presse samedi dernier au parquet, le procureur de la République a révélé que l’enquête en vue de mettre le grappin sur celui ou ceux qui aurait (ent) attenté à la vie de Kieffer les mène tout droit en France. «Jusque là, nous avons exploité des pistes purement externes. Quand l’affaire a éclaté, tout le monde voyait la Présidence (…). Ça ne nous a rien donné pendant 3 ans. Il y a des pistes internes qui sont assez importantes pour nous aujourd’hui et qu’il y a lieu de prendre en compte. Pendant longtemps, les gens ont fait savoir que Guy-André Kieffer était venu en Côte d’Ivoire sur invitation du président de la République. Et nous avons suivi cette piste. Par la suite, nous nous sommes rendus compte que non! Il n’était pas venu en Côte d’Ivoire en tant que journaliste, mais plutôt en tant qu’un consultant d’une société bien déterminée qui a fonctionné pendant un certain temps ici en Côte d’Ivoire dans le domaine du négoce. Mais, sans vous donner trop de précisions, il n’ y avait pas une bonne ambiance dans cette structure. Elle a fini par disparaître. Chacun est parti de son côté. (…) Guy-André Kieffer avait-il des ennemis? J’ai demandé au juge d’instruction de faire faire une enquête de moralité sur la personne du disparu. Je pense que nous avons assez d’éléments. La nouvelle piste nous conduit en France. Nous allons l’exploiter mais ensemble avec nos collègues français», a développé Raymond Tchimou.

Pourquoi le témoignage de Berté Seydou ne fait pas avancer l’enquête

Visiblement étonné de la sortie de Berté Seydou sur la télévision publique française France 3, le procureur de la République s’est fait fort de réagir sans laisser une minute s’écouler. Arguments à l’appui, il a démonté le scénario présenté par le prétendu témoin oculaire de l’enlèvement de Kieffer.
«Son témoignage ne nous fait pas avancer», a fait remarquer le magistrat. Selon lui, il n’y a rien de nouveau sous le ciel même si le témoignage émeut plus d’un. Auditionné le 23 août, Seydou Berté rapportait les mêmes faits. Le seul nouvel aspect, c’est que, un an après, il devient un témoin oculaire. Sinon, tout ce qu’il a dit a déjà été exploité. «Dans le cas de cette procédure, tous les lieux et sites dont il fait mention dans le reportage ont été, en son temps, perquisitionnés par les juges français et ivoiriens en charge de ce dossier», a déclaré M. Tchimou qui met par ailleurs en doute l’histoire dite par M. Seydou. «Comment un chauffeur de taxi a pu être témoin d’un fait pareil ?», s’interroge-t-il, avant d’ajouter: «C’est tout de même un peu gros ce qu’il a dit». Selon ses explications, le nommé Berté Seydou n’était qu’un des chauffeurs d’un des taxis du présumé coupable, le capitaine Jean-Tony, ex-membre des Services spéciaux ivoiriens. N’étant pas le chauffeur personnel du capitaine, et donc n’étant pas à bord de la fameuse 4X4 avec laquelle le captif aurait été enlevé et conduit à la Présidence avant d’être conduit deux jours après dans une villa (Cocody-Angré) puis dans une ferme aux volailles (PK17) où il aurait été abattu, comment aurait-il pu assister à une quelconque exécution de Kieffer ? Question. «Ce genre d’individu profite de la crainte des parents pour les escroquer et s’enrichir. C’est donc une aubaine pour Berté Seydou d’empocher de l’argent car la famille du disparu a promis des récompenses à qui aiderait à trouver leur époux, père et frère», a répondu M. Tchimou.
En outre, Berté Seydou, en son temps, avait livré plusieurs versions des faits à la justice. Toutefois, le magistrat l’invite à mettre à la disposition de la justice les nouvelles pièces qu’il détient - si nouvelles pièces il y a - au lieu d’en faire un chou gras dans la presse.



 

dimanche, 26 août 2007

Procureur Tchimou: “Le témoignage de Berthé Seydou est une affabulation”



Le Courrier d'Abidjan
samedi 25 août 2007 — http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15628

par Cyrille Djedjed :

"Le témoignage d’un homme affirmant avoir assisté à l’exécution de Guy André Kieffer, ce journaliste franco-canadien disparu en Côte d’Ivoire depuis trois ans, accuse nommément les autorités ivoiriennes. Berthé Seydou, dans un reportage diffusé jeudi dernier par la chaîne de télévision publique France 3, prétend que le journaliste aurait été enlevé par un commando, détenu deux jours à la Présidence, avant d’être abattu. Le «témoin» se présente comme le chauffeur du chef de ce commando, Jean Tony Oulaï, inculpé en France en 2006. «Ils l’ont envoyé à la ferme parce que c’est le lieu des exécutions… les exécutions se passaient à ce niveau. Oulaï a donné le signal par un pistolet, et deux éléments ont mitraillé André Kieffer», affirme Berthé Seydou.
Mais pour le procureur de la République Raymond Tchimou, il n’en est rien. Dans une interview à la radio française RTL, il a qualifié hier «d’affabulations» le témoignage de Berthé Seydou sur la disparition de Guy-André Kieffer. «En vue de rechercher la vérité, nous avons déjà vérifié cette piste. C’est de l’affabulation. Ça été une fausse piste. Quand il dit que André Kieffer a été arrêté, enlevé puis accompagné à la Présidence et qu’il est resté là-bas pendant deux jours avant qu’il soit assassiné, ce sont de fausses déclarations. Il n’y a aucune base réelle. Quel intérêt a le Président de la République ou la Présidence a à enlever un journaliste ? Jusqu’à aujourd’hui, le dossier que nous avons en main nous permet simplement de dire que l’individu a disparu. Jusque là, on parle d’assassinat, d’enlèvement, nous en tant que magistrat, nous avons besoin de preuves tangibles. Est-ce qu’il a été effectivement assassiné ? Il faut d’abord qu’on retrouve le corps», a déclaré Raymond Tchimou.
En d’autres termes, pour le procureur de la République, il ne s’agit pas d’un rebondissement dans cette affaire mais plutôt du réchauffé que les Français veulent proposer aux Ivoiriens et à l’opinion internationale. Le procureur de la République a par ailleurs annoncé au Courrier d’Abidjan qu’il donnerait une conférence de presse ce samedi à 10 heures au Parquet d’Abidjan.
Ce même jeudi, la femme et le frère du journaliste ont été reçus à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Le président français a assuré à Osange et Bernard Kieffer de la «priorité» de ce dossier pour l’Etat français. Nicolas Sarkozy s’est engagé à discuter du dossier avec le président ivoirien Laurent Gbagbo. Du côté de la présidence ivoirienne, aucune déclaration n’avait été encore rendue publique à l’heure où nous bouclions ce numero."



vendredi, 24 août 2007

La voix de son maître



« Sarkozy prend l’affaire en main et décide d’entendre Gbagbo » annonce le journal ivoirien d’opposition Le Nouveau Réveil — vendredi 24 août 2007 — http://news.abidjan.net/h/262323.html — à propos de l’affaire Kieffer !

Imaginons qu’un journal français ait titré pour une affaire similaire, ou pour une affaire pire — celle du Rainbow Warrior par exemple, ou le gouvernement français était effectivement coupable d’un attentat qui avait coûté la vie à un journaliste — ; imaginons qu’un journal français ait annoncé en titre d’article : « le président néo-zélandais
David Lange décide d’entendre Mitterrand » !

Il suffit d’imaginer la stupeur des lecteurs français pour avoir une idée de l’étrangeté du titre du Nouveau Réveil !… Sarkozy habilité à « entendre » Gabgbo : le ton paternaliste du discours de Dakar serait donc légitime ?!…





mercredi, 15 août 2007

Lu sur le site de Greenpeace: «Accord atomique Franco-Lybien : La France irresponsable»



Lu sur le site de Greenpeace


26 juillet 2007


Paris, France — Le 26/07/07 - Greenpeace dénonce fermement l'accord de coopération atomique entre la France et la Libye et la vente d'un réacteur nucléaire au pays dirigé par le colonel Kadhafi. Cet accord pose un énorme problème de prolifération nucléaire et se situe dans la droite ligne de la politique française d'exportation irresponsable de sa technologie nucléaire.


« Officiellement, le réacteur vendu à la Libye aurait pour but de dessaler l'eau de mer pour l'alimentation du pays en eau douce. De qui se moque t-on ? La motivation profonde des Etats à accéder au nucléaire a toujours été un enjeu de pouvoir comme l'a encore récemment montrer le Brésil à travers le discours du Président Lula annonçant il y a 15 jours la relance du nucléaire dans son pays : « [Avec le nucléaire] je pense que nous allons être beaucoup plus considérés, comme nation, comme la puissance que nous voulons être » » s'indigne Frédéric Marillier, chargé de la campagne énergie à Greenpeace.

Prolifération nucléaire
Greenpeace s'alarme du début de relance du nucléaire au niveau mondial qui pose une difficulté majeure en termes de prolifération nucléaire. Les exemples pakistanais et indiens détenteurs de la bombe nucléaire – ou plus récemment nord-coréen et iranien – illustrent ce risque lié au développement du nucléaire. La longue liste des pays souhaitant aujourd'hui accéder à cette technologie(1) montre l'ampleur du bouleversement en terme de sécurité mondiale que représentera une généralisation accrue du nucléaire et l'impossibilité de contrôles internationaux déjà problématiques actuellement(2).

La diplomatie atomique française
Après Giscard d'Estaing et Chirac qui avaient conclu des accords avec l'Iran du Shah, l'Irak de Saddam Hussein, ou encore l'Afrique du Sud de l'Apartheid, c'est au tour du gouvernement Sarkozyste de se lancer dans la dissémination nucléaire.

« A travers cet accord, ce sont les vieux démons de la diplomatie atomique française qui resurgissent » déclare Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. « Pour bien positionner la France dans la course aux ressources naturelles de la Libye, pétrole et gaz en tête, on troque du nucléaire sans se préoccuper de la sécurité mondiale. »

Enfin, Greenpeace fustige les propos de Claude Guéant qualifiant le nucléaire « d'énergie renouvelable ». « Nous aurons à cœur, notamment dans le cadre du Grenelle de l'environnement, de rappeler au gouvernement que le nucléaire est un risque majeur pour l'environnement et la santé et une pollution irréversible notamment à travers ces déchets ingérables » conclut Frédéric Marillier.

Areva a besoin d'uranium
La Lybie l'ancien Etat-voyou, incarnation jadis du terrorisme d'Etat, est redevenu fréquentable. Mieux, il est, affirmait récemment le porte-parole de l'Elysée, un « partenaire stratégique » de la France notamment quand Areva a besoin d'uranium. Selon le journal « Le Monde », le président français a signalé qu'"un deuxième projet" était actuellement en cours, "la recherche avec les Libyens pour savoir s'il y a des ressources en uranium en Libye". "On en a trouvé au Niger [Petit oubli de Greenpeace concernant
cet autre aspect des relations franco-nigéro-lybiennes ?]. Le contexte géologique est le même. Areva a besoin d'uranium", a-t-il ajouté, estimant les stocks d'uranium libyens actuels à plus de 1 600 tonnes. Selon Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, des ingénieurs d'Areva ont déjà procédé à "un premier repérage (...) il y a trois semaines ou un mois pour étudier exactement la faisabilité de l'opération". "Pour les centrales nucléaires, il n'y a pas cinquante constructeurs en France, il n'y en a qu'un seul, Areva", a ajouté M. Guéant. Un porte-parole du groupe nucléaire français a confirmé qu'il avait bien été sollicité. Un programme franco-libyen de recherche et de prospection dans le sud du pays va être lancé.

(1) Algérie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Biélorussie, Chili, Egypte, Géorgie, Ghana, Indonésie, Iran, Jordanie, Kazakhstan, Malaisie, Maroc, Namibie, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Venezuela, Vietnam, Yémen, etc.

(2) « Une renaissance mondiale du nucléaire (...) dépasserait totalement les capacités de l'Agence internationale de l'énergie atomique à surveiller les puissances nucléaires » estime une étude du cercle de réflexion Oxford Research Group
.



Suite de l’accord atomique Franco-Lybien : Selon Bernard Kouchner, la fourniture d'un réacteur à Tripoli est une "hypothèse". Jusqu’où ira l’irresponsabilité française ?

Par Greenpeace France, mardi 31 juillet 2007 à 18:17.

PARIS, 31 juil 2007 (information AFP) -Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé ce mardi que la livraison par la France d'un réacteur nucléaire à la Libye n'était encore qu'une "hypothèse". Greenpeace est effaré de constater le manque de sérieux et de préparation du gouvernement français sur des dossiers aussi sensibles que le nucléaire. Jusqu’où ira leur irresponsabilité ?

« Nicolas Sarkozy est certes un « champion » de la communication à tout va mais sur un dossier aussi complexe que le nucléaire ça fait froid dans le dos de constater que l’Elysée n’a aucune notion de la dangerosité et des conséquences d’un tel accord avec un pays comme la Libye » s’indigne Fréderic Marillier chargé de la campagne énergie de Greenpeace.

« Le ministre des affaires étrangères fait marche arrière et contredit les déclarations de l’Elysée. Nous exigeons donc du gouvernement qu’il annule officiellement la livraison du réacteur nucléaire à la Libye et que dorénavant, tout projet d’accord de coopération sur le nucléaire soit rendu public et discuté au minima par le parlement » rajoute Fréderic Marillier.

Ci-dessous la dépêche AFP : "Il y a eu des grincements (en Allemagne) en particulier parce qu'on a évoqué l'hypothèse, qui n'est pas du tout avérée", de la fourniture d'un réacteur à la Libye, lors du voyage du président Nicolas Sarkozy à Tripoli mercredi dernier, a déclaré M. Kouchner à l'issue d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. M. Kouchner a insisté devant la presse sur le fait que le document signé lors de ce voyage n'était "pas un protocole", mais un simple "mémorandum d'engagement, un cadre éventuel" pour un "éventuel réacteur nucléaire". "Je vous rappelle que c'est pour désaliniser l'eau de mer, ce n'est pas pour faire la guerre, et que c'est contrôlé complètement", en particulier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "si cela se fait, et il n'est pas sûr que ça se fasse (...) personne n'en sait rien", a-t-il dit.

"Il n'y a pas eu de rapport entre la firme qui pourrait le faire et la Libye, donc c'est une perspective", a poursuivi M. Kouchner. Le chef de la diplomatie française a reconnu "qu'en Allemagne en effet on a protesté", et indiqué qu'il avait parlé lundi au téléphone avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. "Il y a des décisions qui ne font pas plaisir", a-t-il ajouté, interrogé sur les critiques allemandes. L'accord nucléaire franco-libyen, signé dans la foulée de la libération des infirmières et du médecin bulgares détenues en Libye, a suscité de vives critiques en Allemagne, dans la quasi-totalité de la classe politique comme dans la presse. En France, l'opposition de gauche et les écologistes ont émis des critiques identiques. Il est notamment reproché à cet accord de ne pas avoir fait l'objet d'une concertation européenne et d'aggraver les risques de prolifération du nucléaire à usage militaire.




lundi, 06 août 2007

Une lecture burkinabè du discours de Dakar



San Finna N° 424 du 30 Juillet au 05 Août 2007 —
http://www.sanfinna.com/ARCHIVES/Archives424/CoalitionIra... :


par
VT :

« PREMIERE TOURNEE AFRICAINE DU PRESIDENT SARKOZY
UN AFFRONT A L’AFRIQUE ET UNE RUPTURE QUI FAIT "PSCHITT"

Le premier contact du candidat Sarkozy avec l’Afrique a été plutôt tumultueux. Mais en panachant -au contact des réalités- son discours sur l’immigration choisie avec une forte dose de rupture avec les réseaux et autres officines de la Françafrique, il avait su, à défaut de susciter l’engouement à son endroit, se faire concéder une sorte de bénéfice du doute. Mais sa sortie sur le continent en tant que président, qui devait donner l’occasion d’officialiser les principes de ce nouveau partenariat avec l’Afrique, n’a pas comblé tous les espoirs attendus.


L
e ton était déjà donné avec l’inscription de la Libye comme première étape de sa tournée.

Tripoli l’a confondu en mettant à nu son empressement à toucher des dividendes économiques d’une immixtion dans le dossier des soignants bulgares et à capitaliser indûment des plus-values de prestige diplomatique et médiatique. Pour ce faire, le président français n’aura pas hésité à avaler des couleuvres avec un Kadhafi qui n’a même pas daigné se déplacer à l’aéroport pour le recevoir et un accueil qui dans l’ensemble a été plutôt hautain et frisquet.

Pour ne pas arranger les choses, il retrouvera à son retour des opinions plutôt remontées contre lui car en passant contrat sur le nucléaire civil avec le fantasque Kadhafi, il est apparu aux yeux des écologistes et de certains partenaires comme un opportuniste qui joue avec le feu et qui est parti, dit-on déjà dans ces cercles, pour surclasser George Bush dans l’ aveuglement politique.

Au Sénégal, où l’on s’attendait à une espèce de discours sinon de Bayeux ou de Brazzaville, à tout le moins de La Baule, Nicolas Sarkozy, à part l’engagement à aider le Sénégal pour la tenue du procès Hissène Habré, n’a pas fait fort.


L’ INJURE MONUMENTALE A L’AFRIQUE


Il a choisi, dans une démarche inqualifiable, d’aller à Dakar pour blesser dans leur âme, les Africains, en mettant à la limite de l’eau au moulin au discours sur l’inégalité des races. Jugez-en par ses propos tenus à l’Université Cheick Anta Diop : « Le paysan africain ne connaît que l'éternel recommencement du temps, rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et de mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Mais, sous prétexte d’asséner des vérités en France comme en Afrique, il va incroyablement plus loin et verse dans l’injure : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir, jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin". C’est terrible. Même Jean-Marie Le Pen, au fond, n’est pas allé aussi loin. Si pour l’ universitaire gabonais A. Bissiélo, interviewé par RFI le 28 juillet dernier, le propos était « décalé, anachronique », à la limite du « négationnisme », Alpha Oumar Konaré pour sa part, aura, avec les mots tranchants qu’on lui connaît, fustigé cette appréciation outrageante sur les Africains et avoué avec tristesse, s’agissant des perceptions que Nicolas Sarkozy a de son nouveau partenariat avec l’Afrique, que ce n’est pas « exactement le genre de rupture qu’on aurait espéré ».

Avec un tel jugement définitif, que fait Sarkozy de la dynastie des Pharaons noirs qui, du 18 ème au 17 ème siècle avant Jésus Christ, a régné sur l’Egypte et la Nubie réunifiées ? Où met-il Musa, ce Sultan de l’empire malien qui, avant Christophe Colomb, a expédié une centaine de navires jusqu’aux Amériques ? Que dit-il de l’empire du Monomotapa ? Que fait-il de El hadj Omar, considéré à l’époque de ses pèlerinages à la Mecque, comme l’un des monarques les plus puissants du monde ? Que retient-il du rayonnement mondial de Tombouctou au Moyen-âge et quel jugement porte-t-il par rapport aux Chaka Zoulou, Samory Touré…. ? Tous ces hommes et tous ces témoignages de vitalité, d’imagination, de projection dans l’avenir, sont-ils le reflet d’une momification de l’esprit africain dans le rituel et le passé ? Il y a là de la part de ce « quinqua », né après la seconde guerre mondiale, plus qu’un manque de tact, une méconnaissance du temps qui passe et des réalités socio-économiques d’une Afrique fortement urbanisée et dont les fils, majoritairement de souche paysanne, se distinguent dans les filières de pointe au point de constituer un capital appréciable qui ne lui a pas échappé à travers sa politique d’immigration choisie.


LA PROFESSION NEGATIONNISTE


Nicolas Sarkozy était décidément en verve. Au sujet de la colonisation française, décomplexé, il dévalue le rôle de la France, se refuse à la repentance et demande au contraire d’admettre un partage de responsabilités entre la France et l’Afrique avant de tourner la page. Certes, on peut accepter que les rois nègres, à travers le commerce triangulaire et que certains valets, après la période coloniale, ont participé et continuent de participer à la curée du continent, à ses souffrances, mais sans perdre pour autant le sens du juste partage des responsabilités. Que fait en effet le président français de la perpétuation de l’exploitation du continent à travers le système néo-colonial, les réseaux de la Françafrique, comptables du pillage de l’Afrique et de ses meurtrissures par des coups d’Etat et autres rébellions ? Où a-t-il mis le rôle des multinationales comme Elf, Areva.., la participation suspectée de son pays au génocide rwandais, aux déstabilisations en RDC, au Congo… ? Quid des massacres de civils ivoiriens aux mains nues par l’armée française ?

Mais là où cependant, on peut être d’accord avec le président français, c’est lorsque, s’adressant aux jeunes d’Afrique, il les interpelle en ces termes : « Si vous voulez la liberté », la démocratie », si vous voulez sortir de "l'arbitraire", de "la corruption", de "la violence", du "parasitisme" et du "clientélisme", et mériter l’aide de la France, c'est à vous "de le décider". Ici, Nicolas Sarkozy met le doigt sur la nécessité qui revient aux peuples d’Afrique de battre en brèche ce cliché qui veut qu’ils soient des peuples mineurs, ayant vocation à se complaire dans l’assujettissement.

Mais pour être totalement cohérent avec son propos, il aurait dû éviter, dans le même temps qu’il met les jeunes africains au défi de prendre si ouvertement partie pour les dictateurs africains car de la Libye jusqu’au Gabon en passant par le Sénégal, c’est bien ce qu’il a fait, et parfois à la limite de la provocation gratuite.


LA RUPTURE RENIEE ?


A Tripoli, il est venu faire ses dévotions à Kadhafi qui l’ a remercié en le regardant de haut. A Dakar, pour flatter l’ « ego » de Wade, il s’est transformé en élève, allant jusqu’à accepter cette repentance qui l’horripile tant puisqu’il avoue son erreur par rapport à l’immigration choisie et rend grâce au président sénégalais de l’avoir ramener sur terre en l’éclairant.

Cette attitude louangeuse envers les chefs d’Etat qui sont loin de passer pour des parangons de vertu démocratique, il l’a également eue par rapport à Omar Bongo. A Libreville il n’a pas hésité à rendre hommage au « rôle du président » dont il rappelle qu’il est le « doyen des chefs d’Etats africains » et pour lequel il précise qu’ « en Afrique, le doyen, cela compte ». Mais là où les bras nous en tombent, c’est quand, revêtant sa robe d’avocat, il affirme, s’agissant du Gabon : «Je ne pense pas que ce soit le pays qui ait le plus à rougir du point de vue de la démocratie interne ».

Cette sortie africaine, pour dire vrai, a révélé un visage insoupçonné de Nicolas Sarkozy, et ses propos des plus vexatoires pour les Africains n’ ont pas encore fini de développer leur onde. Mais le comble dans tout cela, c’est que ses reniements, en renforçant inutilement des hommes comme Kadhafi, Wade et Bongo, ont pour conséquence de dresser contre lui des centaines de millions d’Africains. En prenant partie pour ces dirigeants prébendaires vissés au pouvoir et dévalués dans l’opinion, il s’est rapetissé.

Tout cela fait mal au cœur à tous ceux qui se sont mépris sur l’homme. La rupture a-t-elle fait long feu ? Il faut attendre de voir venir, opter de mettre sous le coup d’un faux pas, ces égarements en espérant qu’à l’occasion de sa seconde tournée en Afrique noire, prévue pour la rentrée, il rattrape le coup. Si alors cela ne se faisait pas, il aurait définitivement pris le parti de provoquer entre lui et l’Afrique utile, celle de la jeunesse et de l’avenir, une véritable rupture. »




jeudi, 02 août 2007

Enquête sur l’attentat de Bouaké : «Les pistes mènent vers certains membres de la commission d’enquête internationale»



Fraternité Matin - jeudi 2 août 2007 - http://news.abidjan.net/article/?n=259829 :

«
Commission internationale d’enquête sur l’attentat de Bouaké : "Les pistes mènent vers certains membres"»

par
Elvis Kodjo :

«
Ouvrant une petite brèche sur l’attentat dont a été victime le Premier ministre le 29 juin dernier à Bouaké, le commissaire du gouvernement a fait savoir que “les choses avancent”. De nouveaux éléments recueillis auprès des habitants d’un petit village qui ont relaté ce qui s’est passé chez eux quelques heures avant le coup, permettent d’en savoir un peu plus, a-t-il fait savoir. L’enquête ne sera toutefois pas facile, a-t-il indiqué, car les pistes mènent vers certains membres de la commission internationale d’enquête mise sur pied. Le commissaire du gouvernement devrait se rendre incessamment à l’étranger (dans un pays qu’il n’a pas indiqué) pour faire procéder à une analyse balistique des balles et autres éléments trouvés sur les lieux de l’attentat.»


Même info sur L’Inter - jeudi 2 août 2007 - http://news.abidjan.net/presse/linter.htm :

«Enquête sur l’attentat du Fokker 100
De nouveaux indices trouvés
L’implication de militaires étrangers de plus en plus confirmée
»

par Marcelle AKA :

«Ces nouveaux éléments ont été remis aux enquêteurs ivoiriens, qui du reste, sont à pied d’œuvre pour combler l’attente des Ivoiriens et de la communauté internationale quant à l’identité réelle des auteurs dudit attentat ainsi que ses commanditaires. Ainsi, selon ce rapport confidentiel des services secrets ivoiriens, l’hypothèse de l’implication de certains membres de la Commission d’enquête internationale n’est-elle pas à écarter. Une source proche du dossier se veut d’ailleurs formelle dans ce sens. "Les indices dont ils (les enquêteurs) disposent impliquent certaines personnes dont des militaires étrangers". C’est pourquoi pour plus de clarté dans cette affaire, les membres de la commission nationale souhaiteraient entendre comme témoins ces personnes, aujourd’hui bien identifiées sur lesquelles pèsent ces soupçons. Nos sources, nous ont par ailleurs confirmé que la commission d’enquête nationale se dit prête à aller au bout de cette affaire. Outre ces indices trouvés, le commissaire du Gouvernement, Ange Kessi Kouamé, qui dirige l’enquête nationale est en train, selon une source proche du parquet militaire, de procéder à une expertise balistique sur les débris de balles et les douilles. Bien que se voulant peu bavard sur cette affaire, nous avons réussi à arracher au procureur militaire quelques mots. S’agissant ainsi de l’évolution de l’enquête, Ange Kessi affirme que celle-ci suit son cours normal. "Les résultats de l’expertise balistique seront diffusés de sorte que la population soit au même niveau d’information" confie-t-il sans omettre de signaler quelques difficultés rencontrées sur le terrain.»




mardi, 31 juillet 2007

«Flamme de la paix à Bouaké hier: La guerre définitivement enterrée»



Notre Voie
- mardi 31 juillet 2007 - http://news.abidjan.net/h/259413.html

par
Faustin Yao K. envoyé spécial à Bouaké :

« 
Plusieurs milliers d’Ivoiriens ont assisté hier au stade municipal de Bouaké à la cérémonie d’incinération des armes dénommée « Flamme de la paix » en présence du Premier ministre Guillaume Soro, du président Laurent Gbgabo qui était accompagné de six chefs d’Etat africains. Le stade municipal de Bouaké qui abritait hier la cérémonie d’incinération des armes dénommée “Flamme de la paix”, a refusé du monde. Présents dans la ville depuis la veille, plusieurs milliers d’Ivoiriens ont joint hier à Bouaké leurs voix à celle du président Laurent Gbagbo qui, depuis l’arrêt des hostilités par les militaires, n’a de cesse de déclarer que la guerre est terminée. Hier à Bouaké, plusieurs milliers de personnes ont définitivement enterré la guerre. “La guerre est finie”, ont repris en chœur comme un seul homme, quelque de 35 000 personnes. Cela, à la demande du président Laurent Gbagbo qui, dans une brève allocution, a tenu à saluer la présence de l’ex-Premier ministre Seydou Diarra et de Mme Thérèse Houphouet-Boigny, veuve du premier président de la Côte d’Ivoire. Après quoi, il a déclaré que la “Flamme de la paix” marque le début de la phase de préparation des élections. Au Premier ministre qu’il a encouragé à « transformer l’essai de Bouaké », le chef de l’Etat a déclaré qu’il donnera des consignes pour que la Côte d’Ivoire parvienne vite aux élections. L’évocation des élections par le chef de l’Etat a été accueillie par des vivats et des applaudissements des milliers de jeunes et femmes en délire dans un stade archicomble.
Vêtus pour la plupart aux couleurs du drapeau national, ils avaient commencé à occuper très tôt les gradins du stade municipal de Bouaké, malgré la fine pluie qui a arrosé la capitale du Centre. Ils sont venus en voiture et à moto. Mais c’est surtout en marchant que le gros lot du public s’est rendu au stade à cause des barrages de sécurité dont les premiers se situaient à quelques kilomètres avant le lieu de la cérémonie. Ainsi donc, plusieurs centaines de femmes patriotes ont-elles fait le trajet à pied en chantant ou en scandant des slogans en hommage au Premier ministre et au président de la République. A peine installées sur les gradins que les amazones de Bro Grébé ont commencé à mettre l’ambiance, rivalisant avec les nombreux groupes arrivés avant elles. Groupes qui avaient installé plusieurs banderoles et pancartes tout le long de la grille de sécurité.
Sur le côté droit de la tribune officielle, le masque Zaouli esquisse des pas de danse provoquant un délire dans le public. Très vite, l’ambiance monte et la holà parcourt le stade. Après un premier essai réussi selon certains, plusieurs autres holàs ont été faites cette fois avec la participation des diplomates, les membres du gouvernement et autres personnalités présentes dans la tribune d’honneur. Les premiers rangs de la tribune d’honneur étaient occupés par les généraux Philippe Mangou et Soumaila Bakayoko. Sur la même rangée, on pouvait voir les présidents Faure Gnassingbé du Togo, Nino Viera de la Guinée Bissau, Yahi Boni du Bénin, Amadou Toumani Touré du Mali, le facilitateur Blaise Compaoré du Burkina Faso et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud. Etaient également présents à leurs côtés, les représentants des présidents du Ghana, du Sénégal, du Niger et de l’Angola.
L’étage au dessus de la loge présidentielle était occupé par les ambassadeurs, les chefs des missions diplomatiques et les représentants d’organisations internationales. A droite, étaient assis les membres du gouvernement et les présidents d’institution. Tandis que le côté gauche était occupé par les parlementaires, les élus, les représentants des partis politiques, les directeurs de société et autres diverses personnalités. Les gradins justes en dessous de la loge présidentielle étaient occupés par les journalistes. Tout ce beau monde suivait le Zaouli, lorsque, peu avant 11 heures, les premiers artistes sont annoncés. Tour à tour, Wédji Ped, Malou Amley, les descendants de Sakoloh et le duo Yodé-Siro arrachent des applaudissements à la foule. C’est alors qu’arrive le doyen Amédée Pierre, accompagné pour l’occasion du comédien Léonard Groguet. Quand arrive la prestation de l’artiste Lato Crespino, les femmes applaudissent à tout rompre. Annoncé comme l’avocat- défenseur des femmes, les premières notes de sa musique provoquent un délire dans le stade. L’artiste en rajoute à l’ambiance par le tour de l’air de jeu qu’il fait en jonglant avec un ballon de la tête et des pieds. Il est 11 heures 38 min lorsque le maître de cérémonie annonce l’arrivée du président de la République et du Premier ministre aux abords du stade. Rapidement, les clameurs et les chants s’élèvent dans tout le stade. “Gbagbo ayooo ! Gbagbo ayooo !”, peut-on entendre dans un stade en liesse. L’orchestre de la Gendarmerie qui s’était entre temps positionné sur la piste d’athlétisme devant la tribune entonne un air. “C’est le genre de musique qui rythme les grands hommes dans les grandes occasions. Après ce que je viens de voir, je peux quitter la presse”, confie un confrère très enthousiaste. Laurent Gbagbo et Guillaume Soro entament un tour d’honneur sous les applaudissements de la foule. A son passage devant chaque groupe, les pancartes et les banderoles sortent accompagnées de cris de toutes sortes. La tension monte et l’émotion est visible sur plusieurs visages.
En regardant vers la loge présidentielle, on peut apercevoir les yeux recouverts de Bailly José, chargé de surveiller le siège réservé au chef de l’Etat. Accoudé sur le siège présidentiel, l’homme, les yeux rouges, étouffe quelques sanglots et s’essuie les larmes. Il croise les bras et regarde le chef de l’Etat qui achève le tour du stade en compagnie de Soro. Au même moment, les sapeurs pompiers et le SAMU transportent une dame sur un brancard. Renseignement pris, elle est tombée seule en pleurant. Plusieurs autres personnes seront régulièrement transportées par les services de santé tout au long de la cérémonie. Invité à prendre la parole après l’exécution de l’hymne national par la musique de la Gendarmerie, le Premier ministre est accompagné par quelques « Soro ayooo ! Soro ayooo ! » vite stoppés par la rapidité avec laquelle le Premier ministre rejoint le pupitre. « Messieurs les présidents, regardez ce peuple debout, ce grand peuple qui crie sa soif de paix. La paix est là à Bouaké. Après Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire et Yamoussoukro, capitale politique de notre pays, nous décrétons Bouaké capitale de la paix », a expliqué le Premier ministre. Avant d’ajouter que “Si hier nos turpitudes nous ont conduits à la guerre, aujourd’hui notre détermination doit nous conduire à la paix”. Guillaume Soro qui estime que l’arrivée du Président Laurent Gbagbo à Bouaké après cinq ans d’absence, signifie que le pays est réunifié. Il a alors a invité les déplacés de guerre à retourner chez eux. En outre, il a demandé pardon aux parents des victimes de la guerre.
Poursuivant, le Premier ministre a affirmé que la grande mobilisation des populations à l’occasion de la Flamme de la paix est un motif d’encouragement qui doit conduire les uns et les autres à aller de l’avant dans la sortie de crise. “Nul n’a le droit de ramer à contre courant du processus de paix. Tournons le dos aux intrigues et aux attentats. Que chacun comprenne bien que ce processus est irréversible”, a-t-il indiqué. Estimant que le temps est venu d’avancer dans la justice en n’excluant personne.
Après la fin de leurs interventions, le chef de l’Etat et le Premier ministre ont procédé à l’incinération d’un lot de 2000 armes. Cela, au terme d’un cérémonial auquel ont pris part les généraux Phillippe Mangou et Soumaïla, Bakayoko, des éléments des FDS, des FAFN et des forces impartiales. »


mercredi, 18 juillet 2007

Résolution 1765, lancement du parti de Zémogo: silence de la presse française + suite du brouillage sur la demande d'enquête internationale après l'attentat de Bouaké



«Nouvelle Résolution de l’ONU, lancement du parti de Zémogo: Le silence suspect de la presse française»


Notre Voie No.: 2738 du Mercredi 18 Juillet 2007 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm

par Dan Opéli :

«Très bavards sur la situation politique en Côte d’Ivoire depuis le début de la crise ivoirienne en septembre 2002, les médias français se montrent désormais peu enthousiastes à ouvrir leurs colonnes et leurs micros aux évènements politiques se rapportant à ce pays. Le silence dont ils font preuve au sujet de la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l’ONU et du lancement officiel d’un parti politique créé par des anciens collaborateurs d’Allassane Ouattara, confirme ce constat. La nouvelle Résolution de l’ONU sur la Côte d’Ivoire a été rendue publique lundi mais, jusqu’à hier mardi, à 15h GMT, Radio France International (RFI) n’en avait pas encore parlé. Les sites Internet des quotidiens français ne mentionnaient nulle part l’information. L’affaire des infirmières bulgares en Libye, la condamnation à vie des 35 opposants éthiopiens constituaient les seuls faits que relataient lemonde.fr, liberation.fr et le figaro.fr sur l’Afrique. L’Agence France Presse ( AFP) qui leur sert très souvent de sources, a juste fait une brève lundi soir. Non seulement celle-ci n’a pas été reprise par les autres médias français mais aussi, elle a très vite disparu des dépêches de l’Agence. Pourtant, tous ces médias avaient habitué leurs lecteurs et auditeurs à des comptes rendus et commentaires répétés après chaque résolution sous l’ère Annan. Ils leur arrivait parfois de balancer les principales dispositions avant leur adoption, se vantant d’avoir eu copie des résolutions avant même leur publication officielle. “Cette résolution intervient dans un contexte apaisé et la résolution n’apporte pas d’élément capital par rapport à ce contexte. Or vous savez, ces médias aiment le sensationnel’’, a justifié hier un confrère au cours d’une cérémonie dans un hôtel d’Abidjan.

Ce qui ne dérange pas Gbagbo

“Le sensationnel intéresse tous les médias, mais pour le cas précis, les médias français observent le mutisme parce qu’aucune des dispositions de la résolution ne dérange le président Gbagbo. Pire, ses dispositions gênent l’opposition, dont les animateurs sont leurs alliés depuis le début de la crise. Tout ce qui gène Bédié et surtout Ouattara gêne la France officielle et la presse française. Tout ce qui ne dérange pas Gbagbo les dérange », a immédiatement réagi un autre.
Depuis l’accord de Ouagadougou qui a mis fin aux turpitudes de l’opposition ivoirienne dans la crise qui secoue le pays il y a près de 5 ans, le maintien du mandat du Haut réprésentant de l’ONU pour les élections constituait pour MM. Bédié et Ouattara, une “question d’honneur’’. Or la 1765 ‘’met un terme’’ à ce mandat. En outre, alors que la France a été le rédacteur exclusif des précédentes résolutions, il revient que la présente n’a pas été l’affaire de la seule France. Ce qui en rajoute à la perte d’influence de la métropole sur le dossier ivoirien dans lequel elle a fait preuve d’une attitude condamnable. La presse française ne pouvait donc pas applaudir un document qui s’apparente à une sanction de Paris et de ses alliés ivoiriens dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire.
Le black out sur le lancement officiel de l’Alliance pour la Nouvelle Côte d’Ivoire de Zémogo Fofana procède également de la gêne qu’éprouvent nos confrères par rapport à ‘’ce qui gêne l’opposition’’ en général et Ouattara en particulier. Les fondateurs de l’ANCI sont des anciens collaborateurs de Ouattara, le principal cheval de la France dans l’assaut contre le régime Gbagbo et donc le préféré des médias français. Le départ de Zémogo Fofana et Jean-Jacques Béchio constituait déjà un coup dur pour l’ami Ouattara. La création par eux d’un parti politique disposé à encourager le retour de la paix en Côte d’Ivoire ne pouvait que déplaire. Aussi l’évènement a été sciemment ignoré par les médias français mais aussi par les autres médias occidentaux dont les animateurs sont tous des membres du réseau Ouattara. Imaginons qu’un petit secrétaire de base du Front populaire ivoirien (FPI) dont est issu le chef de l’Etat, annonce la création d’un autre parti. Quelle attitude adopteront nos confrères ? RFI et les autres amplifieront l’événement et mettront un accent sur le charisme de ce partisan de Gbagbo et la force du mouvement qu’il a créé.
Au total, la presse française prouve encore là qu’elle est un maillon du réseau international qui n’est donc pas prêt à accompagner un processus de sortie de crise qui ne chiffonne pas Laurent Gbagbo. »



«Attentat contre Guillaume Soro: Comment la France a voulu empêcher une enquête internationale»

Notre Voie No.: 2738 du Mercredi 18 Juillet 2007 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm

par Didier Depry :

« La France s’est lancée dans une initiative visant à manipuler l’opinion internationale pour discréditer l’enquête internationale voulue par le gouvernement ivoirien pour faire la lumière sur l’attentat contre le Premier ministre Guillaume Soro. Pour ce faire, les services de contre-espionnage militaire et la diplomatie française ont été mis à contribution. Selon une source diplomatique, généralement bien informée, les militaires français stationnés à Bouaké ont produit une note d’information destinée à leur hiérarchie dans laquelle ils se disculpent et émettent des hypothèses concernant l’origine de l’attentat contre Guillaume Soro survenue le 29 juin dernier à l’aéroport de Bouaké.
Suivant cette note d’information, l’entourage du Président Laurent Gbagbo ne serait pas étranger à la planification du coup de Bouaké. La France accuse donc le camp présidentiel ivoirien d’avoir tenté d’éliminer le Premier ministre. Pour donner du coffre à cette campagne d’intox, la France a produit quatre exemplaires de la note d’information au contenu irréaliste qu’elle a transmis à l’ONU, au Président burkinabè Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne et au magazine françafricain « Jeune Afrique ». La dernière copie étant restée à l’Elysée. C’est l’ambassadeur de France à l’ONU, Jean-Marc De la Sablière qui a remis à Ban Ki-moon, la copie destinée aux Nations Unies après l’en avoir informé.
Visiblement, l’objectif de la France, en remettant ce faux rapport de l’armée française sur le drame de Bouaké, était d’obtenir de l’ONU et du médiateur Blaise Compaoré, qu’ils fassent pression sur Soro afin qu’il renonce à l’ouverture d’une enquête internationale. D’autant que “le coupable”, selon la France, était déjà trouvé. A savoir le camp présidentiel ivoirien.
Malheureusement pour Sarkozy et ses hommes, “cela n’a aucun impact sur la suite à donner à la requête du gouvernement ivoirien parce que c’est le Conseil de Sécurité qui décidera de la composition de la commission d’enquête internationale qui sera mise sur pied. Les membres de cette commission seront indépendants et ne rendront compte qu’à l’Assemblée générale (organe délibérant), via le Conseil de Sécurité”, précise la source diplomatique.
Le vendredi 29 juin 2007, l’avion présidentiel transportant le Premier ministre Guillaume Soro et sa délégation a essuyé des tirs à l’arme lourde à l’aéroport de Bouaké. Cet attentat a fait 4 morts et de nombreux blessés. Ce drame s’est passé au vu et au su des forces de l’ONUCI et de la force française Licorne. Le lendemain de l’attentat, Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces Nouvelles, a fait plané dans la presse, une lourde suspicion sur le rôle des soldats français stationnés à l’aéroport de Bouaké dans cette tentative d’assassinat du Premier ministre ivoirien. Ce dernier réclamé l’ouverture d’une enquête internationale pour faire la lumière sur cette affaire afin d’épingler les auteurs. Le conseil des ministres tenu le mercredi 11 juin dernier a entériné cette position du Premier ministre Guillaume Soro. C’est ainsi que le jeudi 12 juin, le ministre des Affaires étrangères, Youssouf Bakayoko, a saisi, au nom du gouvernement ivoirien, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon pour que les Nations Unies conduisent cette enquête indépendante. Le représentant spécial adjoint du SG de l’ONU en Côte d’Ivoire, Georg Charpentier, a réceptionné au cabinet du ministre, la saisine de l’Etat ivoirien. La balle est maintenant dans le camp des Nations unies. »