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mercredi, 12 juillet 2006

Zidane : un autre enjeu



Avez-vous remarqué que la fête italienne se cantonne en un îlot italien, dont le centre est le Cirque Maxime ? — cette arène de gladiateurs ; tout un symbole !

Îlot désormais en effet, car l’enjeu s’est bel et bien déplacé, quoiqu’il en soit de la joie de ceux qui ont rejoint cette fête et quoiqu’il en soit de leurs raisons.

Ainsi, f
ace à l’injustice qu’a subie la Côte d’Ivoire républicaine de la part du pouvoir français, je comprends très bien la joie qui peut animer certains de voir frustrer ce pouvoir d’une victoire au Mondial qui aurait forcément rejailli sur lui. Cela dit, l’enjeu est désormais ailleurs.

Le reste du monde est déjà passé à un autre sujet, qui dépasse le sport, la victoire italienne et la défaite des «bleus» : «l’affaire» Zidane-
Materazzi.

Car c’est ici qu’est désormais le véritable enjeu de ce Mondial. Et c’est ici du coup que pourrait être le fondement de la victoire italienne (si tant est que l’on puisse percer le mystère d’une victoire ou d’une défaite au foot !) : des jurons racistes ayant entraîné l’expulsion de Zidane et la démoralisation de «bleus» qui dominaient très largement. Dès lors, l’avantage aux tirs au but pouvait-il être vraiment du côté de l’équipe déstabilisée ? — et à quel prix : celui des injures racistes qui fleurissent sur les stades européens ?!

Ce qui fait que désormais, il est temps pour quiconque n’a pas perdu toute lucidité d’abandonner les cris de triomphe. Cela vaut aussi pour les Italiens.

On a cru dans un premier temps que Zidane sortait déchu du stade de Berlin et du Mondial. On commence à se réveiller de la léthargie des lendemains de fête — fût-elle gâchée. Il apparaît déjà que le geste de Zidane, loin de l’avoir diminué, l’aura au final probablement grandi.

Ne serait-ce que parce que l’humanité n’a jamais diminué un homme. Quelle que soit la victoire ou la défaite à un jeu où le hasard joue un rôle non négligeable, et qui n’en reste pas moins un jeu, il n’y a pas de honte à montrer de la faiblesse. Dans deux registres différents, les larmes de Thuram et le coup de tête de Zidane relèvent de la grandeur.

Et si leur teneur nous reste cachée, il est des mots dont la petitesse ne rejaillit en rien sur celui qui en est à ce point blessé.

Mais surtout, déjà se pose cette question, qui va bien au-delà des défaites et des victoires sportives :  et si «le geste» de Zidane était celui auquel il fallait enfin en venir pour mettre vraiment et clairement le holà — au-delà des déclarations lénifiantes concédées tardivement par la FIFA contre le racisme — à ce que tout le monde sait depuis longtemps et que dénoncent SOS Racisme, Licra et d’autres, en vain.

L’indécent sélectionneur espagnol insultant Thierry Henry en le traitant de «merdeux de Nègre» n’a à ce jour subi aucune sanction significative, le public continue de brailler son racisme contre les joueurs «de couleur», et ce Materazzi aurait continué impunément à déverser de sa bouche ses propos malodorants…

Et aujourd’hui certains s’offusquent de ce qui serait un «mauvais exemple» de Zidane ! Oh certes, il n’y a pas lieu d’exalter les coups de tête ! Mais cette façon de dénoncer le geste dénonciateur plutôt que la faute récurrente — autrement grave — qui sévit sur les stades, ressemble fort au carton rouge levé contre Zidane.

Ce carton rouge pourrait alors devenir aussi le panneau d'alerte enfin levé, qui verrait des sanctions enfin sérieuses contre l’indécence tue. Déjà, bonne nouvelle, SOS Racisme a demandé une enquête. Zidane serait alors le premier qui a dit la vérité, et de quelle façon — avec une éloquence qui remplace bien des mots. Et si, alors, la défaite des «bleus» devenait la victoire de la décence ?




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