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lundi, 06 août 2007

Une lecture burkinabè du discours de Dakar



San Finna N° 424 du 30 Juillet au 05 Août 2007 —
http://www.sanfinna.com/ARCHIVES/Archives424/CoalitionIra... :


par
VT :

« PREMIERE TOURNEE AFRICAINE DU PRESIDENT SARKOZY
UN AFFRONT A L’AFRIQUE ET UNE RUPTURE QUI FAIT "PSCHITT"

Le premier contact du candidat Sarkozy avec l’Afrique a été plutôt tumultueux. Mais en panachant -au contact des réalités- son discours sur l’immigration choisie avec une forte dose de rupture avec les réseaux et autres officines de la Françafrique, il avait su, à défaut de susciter l’engouement à son endroit, se faire concéder une sorte de bénéfice du doute. Mais sa sortie sur le continent en tant que président, qui devait donner l’occasion d’officialiser les principes de ce nouveau partenariat avec l’Afrique, n’a pas comblé tous les espoirs attendus.


L
e ton était déjà donné avec l’inscription de la Libye comme première étape de sa tournée.

Tripoli l’a confondu en mettant à nu son empressement à toucher des dividendes économiques d’une immixtion dans le dossier des soignants bulgares et à capitaliser indûment des plus-values de prestige diplomatique et médiatique. Pour ce faire, le président français n’aura pas hésité à avaler des couleuvres avec un Kadhafi qui n’a même pas daigné se déplacer à l’aéroport pour le recevoir et un accueil qui dans l’ensemble a été plutôt hautain et frisquet.

Pour ne pas arranger les choses, il retrouvera à son retour des opinions plutôt remontées contre lui car en passant contrat sur le nucléaire civil avec le fantasque Kadhafi, il est apparu aux yeux des écologistes et de certains partenaires comme un opportuniste qui joue avec le feu et qui est parti, dit-on déjà dans ces cercles, pour surclasser George Bush dans l’ aveuglement politique.

Au Sénégal, où l’on s’attendait à une espèce de discours sinon de Bayeux ou de Brazzaville, à tout le moins de La Baule, Nicolas Sarkozy, à part l’engagement à aider le Sénégal pour la tenue du procès Hissène Habré, n’a pas fait fort.


L’ INJURE MONUMENTALE A L’AFRIQUE


Il a choisi, dans une démarche inqualifiable, d’aller à Dakar pour blesser dans leur âme, les Africains, en mettant à la limite de l’eau au moulin au discours sur l’inégalité des races. Jugez-en par ses propos tenus à l’Université Cheick Anta Diop : « Le paysan africain ne connaît que l'éternel recommencement du temps, rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et de mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Mais, sous prétexte d’asséner des vérités en France comme en Afrique, il va incroyablement plus loin et verse dans l’injure : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir, jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin". C’est terrible. Même Jean-Marie Le Pen, au fond, n’est pas allé aussi loin. Si pour l’ universitaire gabonais A. Bissiélo, interviewé par RFI le 28 juillet dernier, le propos était « décalé, anachronique », à la limite du « négationnisme », Alpha Oumar Konaré pour sa part, aura, avec les mots tranchants qu’on lui connaît, fustigé cette appréciation outrageante sur les Africains et avoué avec tristesse, s’agissant des perceptions que Nicolas Sarkozy a de son nouveau partenariat avec l’Afrique, que ce n’est pas « exactement le genre de rupture qu’on aurait espéré ».

Avec un tel jugement définitif, que fait Sarkozy de la dynastie des Pharaons noirs qui, du 18 ème au 17 ème siècle avant Jésus Christ, a régné sur l’Egypte et la Nubie réunifiées ? Où met-il Musa, ce Sultan de l’empire malien qui, avant Christophe Colomb, a expédié une centaine de navires jusqu’aux Amériques ? Que dit-il de l’empire du Monomotapa ? Que fait-il de El hadj Omar, considéré à l’époque de ses pèlerinages à la Mecque, comme l’un des monarques les plus puissants du monde ? Que retient-il du rayonnement mondial de Tombouctou au Moyen-âge et quel jugement porte-t-il par rapport aux Chaka Zoulou, Samory Touré…. ? Tous ces hommes et tous ces témoignages de vitalité, d’imagination, de projection dans l’avenir, sont-ils le reflet d’une momification de l’esprit africain dans le rituel et le passé ? Il y a là de la part de ce « quinqua », né après la seconde guerre mondiale, plus qu’un manque de tact, une méconnaissance du temps qui passe et des réalités socio-économiques d’une Afrique fortement urbanisée et dont les fils, majoritairement de souche paysanne, se distinguent dans les filières de pointe au point de constituer un capital appréciable qui ne lui a pas échappé à travers sa politique d’immigration choisie.


LA PROFESSION NEGATIONNISTE


Nicolas Sarkozy était décidément en verve. Au sujet de la colonisation française, décomplexé, il dévalue le rôle de la France, se refuse à la repentance et demande au contraire d’admettre un partage de responsabilités entre la France et l’Afrique avant de tourner la page. Certes, on peut accepter que les rois nègres, à travers le commerce triangulaire et que certains valets, après la période coloniale, ont participé et continuent de participer à la curée du continent, à ses souffrances, mais sans perdre pour autant le sens du juste partage des responsabilités. Que fait en effet le président français de la perpétuation de l’exploitation du continent à travers le système néo-colonial, les réseaux de la Françafrique, comptables du pillage de l’Afrique et de ses meurtrissures par des coups d’Etat et autres rébellions ? Où a-t-il mis le rôle des multinationales comme Elf, Areva.., la participation suspectée de son pays au génocide rwandais, aux déstabilisations en RDC, au Congo… ? Quid des massacres de civils ivoiriens aux mains nues par l’armée française ?

Mais là où cependant, on peut être d’accord avec le président français, c’est lorsque, s’adressant aux jeunes d’Afrique, il les interpelle en ces termes : « Si vous voulez la liberté », la démocratie », si vous voulez sortir de "l'arbitraire", de "la corruption", de "la violence", du "parasitisme" et du "clientélisme", et mériter l’aide de la France, c'est à vous "de le décider". Ici, Nicolas Sarkozy met le doigt sur la nécessité qui revient aux peuples d’Afrique de battre en brèche ce cliché qui veut qu’ils soient des peuples mineurs, ayant vocation à se complaire dans l’assujettissement.

Mais pour être totalement cohérent avec son propos, il aurait dû éviter, dans le même temps qu’il met les jeunes africains au défi de prendre si ouvertement partie pour les dictateurs africains car de la Libye jusqu’au Gabon en passant par le Sénégal, c’est bien ce qu’il a fait, et parfois à la limite de la provocation gratuite.


LA RUPTURE RENIEE ?


A Tripoli, il est venu faire ses dévotions à Kadhafi qui l’ a remercié en le regardant de haut. A Dakar, pour flatter l’ « ego » de Wade, il s’est transformé en élève, allant jusqu’à accepter cette repentance qui l’horripile tant puisqu’il avoue son erreur par rapport à l’immigration choisie et rend grâce au président sénégalais de l’avoir ramener sur terre en l’éclairant.

Cette attitude louangeuse envers les chefs d’Etat qui sont loin de passer pour des parangons de vertu démocratique, il l’a également eue par rapport à Omar Bongo. A Libreville il n’a pas hésité à rendre hommage au « rôle du président » dont il rappelle qu’il est le « doyen des chefs d’Etats africains » et pour lequel il précise qu’ « en Afrique, le doyen, cela compte ». Mais là où les bras nous en tombent, c’est quand, revêtant sa robe d’avocat, il affirme, s’agissant du Gabon : «Je ne pense pas que ce soit le pays qui ait le plus à rougir du point de vue de la démocratie interne ».

Cette sortie africaine, pour dire vrai, a révélé un visage insoupçonné de Nicolas Sarkozy, et ses propos des plus vexatoires pour les Africains n’ ont pas encore fini de développer leur onde. Mais le comble dans tout cela, c’est que ses reniements, en renforçant inutilement des hommes comme Kadhafi, Wade et Bongo, ont pour conséquence de dresser contre lui des centaines de millions d’Africains. En prenant partie pour ces dirigeants prébendaires vissés au pouvoir et dévalués dans l’opinion, il s’est rapetissé.

Tout cela fait mal au cœur à tous ceux qui se sont mépris sur l’homme. La rupture a-t-elle fait long feu ? Il faut attendre de voir venir, opter de mettre sous le coup d’un faux pas, ces égarements en espérant qu’à l’occasion de sa seconde tournée en Afrique noire, prévue pour la rentrée, il rattrape le coup. Si alors cela ne se faisait pas, il aurait définitivement pris le parti de provoquer entre lui et l’Afrique utile, celle de la jeunesse et de l’avenir, une véritable rupture. »




jeudi, 02 août 2007

Enquête sur l’attentat de Bouaké : «Les pistes mènent vers certains membres de la commission d’enquête internationale»



Fraternité Matin - jeudi 2 août 2007 - http://news.abidjan.net/article/?n=259829 :

«
Commission internationale d’enquête sur l’attentat de Bouaké : "Les pistes mènent vers certains membres"»

par
Elvis Kodjo :

«
Ouvrant une petite brèche sur l’attentat dont a été victime le Premier ministre le 29 juin dernier à Bouaké, le commissaire du gouvernement a fait savoir que “les choses avancent”. De nouveaux éléments recueillis auprès des habitants d’un petit village qui ont relaté ce qui s’est passé chez eux quelques heures avant le coup, permettent d’en savoir un peu plus, a-t-il fait savoir. L’enquête ne sera toutefois pas facile, a-t-il indiqué, car les pistes mènent vers certains membres de la commission internationale d’enquête mise sur pied. Le commissaire du gouvernement devrait se rendre incessamment à l’étranger (dans un pays qu’il n’a pas indiqué) pour faire procéder à une analyse balistique des balles et autres éléments trouvés sur les lieux de l’attentat.»


Même info sur L’Inter - jeudi 2 août 2007 - http://news.abidjan.net/presse/linter.htm :

«Enquête sur l’attentat du Fokker 100
De nouveaux indices trouvés
L’implication de militaires étrangers de plus en plus confirmée
»

par Marcelle AKA :

«Ces nouveaux éléments ont été remis aux enquêteurs ivoiriens, qui du reste, sont à pied d’œuvre pour combler l’attente des Ivoiriens et de la communauté internationale quant à l’identité réelle des auteurs dudit attentat ainsi que ses commanditaires. Ainsi, selon ce rapport confidentiel des services secrets ivoiriens, l’hypothèse de l’implication de certains membres de la Commission d’enquête internationale n’est-elle pas à écarter. Une source proche du dossier se veut d’ailleurs formelle dans ce sens. "Les indices dont ils (les enquêteurs) disposent impliquent certaines personnes dont des militaires étrangers". C’est pourquoi pour plus de clarté dans cette affaire, les membres de la commission nationale souhaiteraient entendre comme témoins ces personnes, aujourd’hui bien identifiées sur lesquelles pèsent ces soupçons. Nos sources, nous ont par ailleurs confirmé que la commission d’enquête nationale se dit prête à aller au bout de cette affaire. Outre ces indices trouvés, le commissaire du Gouvernement, Ange Kessi Kouamé, qui dirige l’enquête nationale est en train, selon une source proche du parquet militaire, de procéder à une expertise balistique sur les débris de balles et les douilles. Bien que se voulant peu bavard sur cette affaire, nous avons réussi à arracher au procureur militaire quelques mots. S’agissant ainsi de l’évolution de l’enquête, Ange Kessi affirme que celle-ci suit son cours normal. "Les résultats de l’expertise balistique seront diffusés de sorte que la population soit au même niveau d’information" confie-t-il sans omettre de signaler quelques difficultés rencontrées sur le terrain.»




mardi, 31 juillet 2007

«Flamme de la paix à Bouaké hier: La guerre définitivement enterrée»



Notre Voie
- mardi 31 juillet 2007 - http://news.abidjan.net/h/259413.html

par
Faustin Yao K. envoyé spécial à Bouaké :

« 
Plusieurs milliers d’Ivoiriens ont assisté hier au stade municipal de Bouaké à la cérémonie d’incinération des armes dénommée « Flamme de la paix » en présence du Premier ministre Guillaume Soro, du président Laurent Gbgabo qui était accompagné de six chefs d’Etat africains. Le stade municipal de Bouaké qui abritait hier la cérémonie d’incinération des armes dénommée “Flamme de la paix”, a refusé du monde. Présents dans la ville depuis la veille, plusieurs milliers d’Ivoiriens ont joint hier à Bouaké leurs voix à celle du président Laurent Gbagbo qui, depuis l’arrêt des hostilités par les militaires, n’a de cesse de déclarer que la guerre est terminée. Hier à Bouaké, plusieurs milliers de personnes ont définitivement enterré la guerre. “La guerre est finie”, ont repris en chœur comme un seul homme, quelque de 35 000 personnes. Cela, à la demande du président Laurent Gbagbo qui, dans une brève allocution, a tenu à saluer la présence de l’ex-Premier ministre Seydou Diarra et de Mme Thérèse Houphouet-Boigny, veuve du premier président de la Côte d’Ivoire. Après quoi, il a déclaré que la “Flamme de la paix” marque le début de la phase de préparation des élections. Au Premier ministre qu’il a encouragé à « transformer l’essai de Bouaké », le chef de l’Etat a déclaré qu’il donnera des consignes pour que la Côte d’Ivoire parvienne vite aux élections. L’évocation des élections par le chef de l’Etat a été accueillie par des vivats et des applaudissements des milliers de jeunes et femmes en délire dans un stade archicomble.
Vêtus pour la plupart aux couleurs du drapeau national, ils avaient commencé à occuper très tôt les gradins du stade municipal de Bouaké, malgré la fine pluie qui a arrosé la capitale du Centre. Ils sont venus en voiture et à moto. Mais c’est surtout en marchant que le gros lot du public s’est rendu au stade à cause des barrages de sécurité dont les premiers se situaient à quelques kilomètres avant le lieu de la cérémonie. Ainsi donc, plusieurs centaines de femmes patriotes ont-elles fait le trajet à pied en chantant ou en scandant des slogans en hommage au Premier ministre et au président de la République. A peine installées sur les gradins que les amazones de Bro Grébé ont commencé à mettre l’ambiance, rivalisant avec les nombreux groupes arrivés avant elles. Groupes qui avaient installé plusieurs banderoles et pancartes tout le long de la grille de sécurité.
Sur le côté droit de la tribune officielle, le masque Zaouli esquisse des pas de danse provoquant un délire dans le public. Très vite, l’ambiance monte et la holà parcourt le stade. Après un premier essai réussi selon certains, plusieurs autres holàs ont été faites cette fois avec la participation des diplomates, les membres du gouvernement et autres personnalités présentes dans la tribune d’honneur. Les premiers rangs de la tribune d’honneur étaient occupés par les généraux Philippe Mangou et Soumaila Bakayoko. Sur la même rangée, on pouvait voir les présidents Faure Gnassingbé du Togo, Nino Viera de la Guinée Bissau, Yahi Boni du Bénin, Amadou Toumani Touré du Mali, le facilitateur Blaise Compaoré du Burkina Faso et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud. Etaient également présents à leurs côtés, les représentants des présidents du Ghana, du Sénégal, du Niger et de l’Angola.
L’étage au dessus de la loge présidentielle était occupé par les ambassadeurs, les chefs des missions diplomatiques et les représentants d’organisations internationales. A droite, étaient assis les membres du gouvernement et les présidents d’institution. Tandis que le côté gauche était occupé par les parlementaires, les élus, les représentants des partis politiques, les directeurs de société et autres diverses personnalités. Les gradins justes en dessous de la loge présidentielle étaient occupés par les journalistes. Tout ce beau monde suivait le Zaouli, lorsque, peu avant 11 heures, les premiers artistes sont annoncés. Tour à tour, Wédji Ped, Malou Amley, les descendants de Sakoloh et le duo Yodé-Siro arrachent des applaudissements à la foule. C’est alors qu’arrive le doyen Amédée Pierre, accompagné pour l’occasion du comédien Léonard Groguet. Quand arrive la prestation de l’artiste Lato Crespino, les femmes applaudissent à tout rompre. Annoncé comme l’avocat- défenseur des femmes, les premières notes de sa musique provoquent un délire dans le stade. L’artiste en rajoute à l’ambiance par le tour de l’air de jeu qu’il fait en jonglant avec un ballon de la tête et des pieds. Il est 11 heures 38 min lorsque le maître de cérémonie annonce l’arrivée du président de la République et du Premier ministre aux abords du stade. Rapidement, les clameurs et les chants s’élèvent dans tout le stade. “Gbagbo ayooo ! Gbagbo ayooo !”, peut-on entendre dans un stade en liesse. L’orchestre de la Gendarmerie qui s’était entre temps positionné sur la piste d’athlétisme devant la tribune entonne un air. “C’est le genre de musique qui rythme les grands hommes dans les grandes occasions. Après ce que je viens de voir, je peux quitter la presse”, confie un confrère très enthousiaste. Laurent Gbagbo et Guillaume Soro entament un tour d’honneur sous les applaudissements de la foule. A son passage devant chaque groupe, les pancartes et les banderoles sortent accompagnées de cris de toutes sortes. La tension monte et l’émotion est visible sur plusieurs visages.
En regardant vers la loge présidentielle, on peut apercevoir les yeux recouverts de Bailly José, chargé de surveiller le siège réservé au chef de l’Etat. Accoudé sur le siège présidentiel, l’homme, les yeux rouges, étouffe quelques sanglots et s’essuie les larmes. Il croise les bras et regarde le chef de l’Etat qui achève le tour du stade en compagnie de Soro. Au même moment, les sapeurs pompiers et le SAMU transportent une dame sur un brancard. Renseignement pris, elle est tombée seule en pleurant. Plusieurs autres personnes seront régulièrement transportées par les services de santé tout au long de la cérémonie. Invité à prendre la parole après l’exécution de l’hymne national par la musique de la Gendarmerie, le Premier ministre est accompagné par quelques « Soro ayooo ! Soro ayooo ! » vite stoppés par la rapidité avec laquelle le Premier ministre rejoint le pupitre. « Messieurs les présidents, regardez ce peuple debout, ce grand peuple qui crie sa soif de paix. La paix est là à Bouaké. Après Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire et Yamoussoukro, capitale politique de notre pays, nous décrétons Bouaké capitale de la paix », a expliqué le Premier ministre. Avant d’ajouter que “Si hier nos turpitudes nous ont conduits à la guerre, aujourd’hui notre détermination doit nous conduire à la paix”. Guillaume Soro qui estime que l’arrivée du Président Laurent Gbagbo à Bouaké après cinq ans d’absence, signifie que le pays est réunifié. Il a alors a invité les déplacés de guerre à retourner chez eux. En outre, il a demandé pardon aux parents des victimes de la guerre.
Poursuivant, le Premier ministre a affirmé que la grande mobilisation des populations à l’occasion de la Flamme de la paix est un motif d’encouragement qui doit conduire les uns et les autres à aller de l’avant dans la sortie de crise. “Nul n’a le droit de ramer à contre courant du processus de paix. Tournons le dos aux intrigues et aux attentats. Que chacun comprenne bien que ce processus est irréversible”, a-t-il indiqué. Estimant que le temps est venu d’avancer dans la justice en n’excluant personne.
Après la fin de leurs interventions, le chef de l’Etat et le Premier ministre ont procédé à l’incinération d’un lot de 2000 armes. Cela, au terme d’un cérémonial auquel ont pris part les généraux Phillippe Mangou et Soumaïla, Bakayoko, des éléments des FDS, des FAFN et des forces impartiales. »


mercredi, 18 juillet 2007

Résolution 1765, lancement du parti de Zémogo: silence de la presse française + suite du brouillage sur la demande d'enquête internationale après l'attentat de Bouaké



«Nouvelle Résolution de l’ONU, lancement du parti de Zémogo: Le silence suspect de la presse française»


Notre Voie No.: 2738 du Mercredi 18 Juillet 2007 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm

par Dan Opéli :

«Très bavards sur la situation politique en Côte d’Ivoire depuis le début de la crise ivoirienne en septembre 2002, les médias français se montrent désormais peu enthousiastes à ouvrir leurs colonnes et leurs micros aux évènements politiques se rapportant à ce pays. Le silence dont ils font preuve au sujet de la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l’ONU et du lancement officiel d’un parti politique créé par des anciens collaborateurs d’Allassane Ouattara, confirme ce constat. La nouvelle Résolution de l’ONU sur la Côte d’Ivoire a été rendue publique lundi mais, jusqu’à hier mardi, à 15h GMT, Radio France International (RFI) n’en avait pas encore parlé. Les sites Internet des quotidiens français ne mentionnaient nulle part l’information. L’affaire des infirmières bulgares en Libye, la condamnation à vie des 35 opposants éthiopiens constituaient les seuls faits que relataient lemonde.fr, liberation.fr et le figaro.fr sur l’Afrique. L’Agence France Presse ( AFP) qui leur sert très souvent de sources, a juste fait une brève lundi soir. Non seulement celle-ci n’a pas été reprise par les autres médias français mais aussi, elle a très vite disparu des dépêches de l’Agence. Pourtant, tous ces médias avaient habitué leurs lecteurs et auditeurs à des comptes rendus et commentaires répétés après chaque résolution sous l’ère Annan. Ils leur arrivait parfois de balancer les principales dispositions avant leur adoption, se vantant d’avoir eu copie des résolutions avant même leur publication officielle. “Cette résolution intervient dans un contexte apaisé et la résolution n’apporte pas d’élément capital par rapport à ce contexte. Or vous savez, ces médias aiment le sensationnel’’, a justifié hier un confrère au cours d’une cérémonie dans un hôtel d’Abidjan.

Ce qui ne dérange pas Gbagbo

“Le sensationnel intéresse tous les médias, mais pour le cas précis, les médias français observent le mutisme parce qu’aucune des dispositions de la résolution ne dérange le président Gbagbo. Pire, ses dispositions gênent l’opposition, dont les animateurs sont leurs alliés depuis le début de la crise. Tout ce qui gène Bédié et surtout Ouattara gêne la France officielle et la presse française. Tout ce qui ne dérange pas Gbagbo les dérange », a immédiatement réagi un autre.
Depuis l’accord de Ouagadougou qui a mis fin aux turpitudes de l’opposition ivoirienne dans la crise qui secoue le pays il y a près de 5 ans, le maintien du mandat du Haut réprésentant de l’ONU pour les élections constituait pour MM. Bédié et Ouattara, une “question d’honneur’’. Or la 1765 ‘’met un terme’’ à ce mandat. En outre, alors que la France a été le rédacteur exclusif des précédentes résolutions, il revient que la présente n’a pas été l’affaire de la seule France. Ce qui en rajoute à la perte d’influence de la métropole sur le dossier ivoirien dans lequel elle a fait preuve d’une attitude condamnable. La presse française ne pouvait donc pas applaudir un document qui s’apparente à une sanction de Paris et de ses alliés ivoiriens dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire.
Le black out sur le lancement officiel de l’Alliance pour la Nouvelle Côte d’Ivoire de Zémogo Fofana procède également de la gêne qu’éprouvent nos confrères par rapport à ‘’ce qui gêne l’opposition’’ en général et Ouattara en particulier. Les fondateurs de l’ANCI sont des anciens collaborateurs de Ouattara, le principal cheval de la France dans l’assaut contre le régime Gbagbo et donc le préféré des médias français. Le départ de Zémogo Fofana et Jean-Jacques Béchio constituait déjà un coup dur pour l’ami Ouattara. La création par eux d’un parti politique disposé à encourager le retour de la paix en Côte d’Ivoire ne pouvait que déplaire. Aussi l’évènement a été sciemment ignoré par les médias français mais aussi par les autres médias occidentaux dont les animateurs sont tous des membres du réseau Ouattara. Imaginons qu’un petit secrétaire de base du Front populaire ivoirien (FPI) dont est issu le chef de l’Etat, annonce la création d’un autre parti. Quelle attitude adopteront nos confrères ? RFI et les autres amplifieront l’événement et mettront un accent sur le charisme de ce partisan de Gbagbo et la force du mouvement qu’il a créé.
Au total, la presse française prouve encore là qu’elle est un maillon du réseau international qui n’est donc pas prêt à accompagner un processus de sortie de crise qui ne chiffonne pas Laurent Gbagbo. »



«Attentat contre Guillaume Soro: Comment la France a voulu empêcher une enquête internationale»

Notre Voie No.: 2738 du Mercredi 18 Juillet 2007 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm

par Didier Depry :

« La France s’est lancée dans une initiative visant à manipuler l’opinion internationale pour discréditer l’enquête internationale voulue par le gouvernement ivoirien pour faire la lumière sur l’attentat contre le Premier ministre Guillaume Soro. Pour ce faire, les services de contre-espionnage militaire et la diplomatie française ont été mis à contribution. Selon une source diplomatique, généralement bien informée, les militaires français stationnés à Bouaké ont produit une note d’information destinée à leur hiérarchie dans laquelle ils se disculpent et émettent des hypothèses concernant l’origine de l’attentat contre Guillaume Soro survenue le 29 juin dernier à l’aéroport de Bouaké.
Suivant cette note d’information, l’entourage du Président Laurent Gbagbo ne serait pas étranger à la planification du coup de Bouaké. La France accuse donc le camp présidentiel ivoirien d’avoir tenté d’éliminer le Premier ministre. Pour donner du coffre à cette campagne d’intox, la France a produit quatre exemplaires de la note d’information au contenu irréaliste qu’elle a transmis à l’ONU, au Président burkinabè Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne et au magazine françafricain « Jeune Afrique ». La dernière copie étant restée à l’Elysée. C’est l’ambassadeur de France à l’ONU, Jean-Marc De la Sablière qui a remis à Ban Ki-moon, la copie destinée aux Nations Unies après l’en avoir informé.
Visiblement, l’objectif de la France, en remettant ce faux rapport de l’armée française sur le drame de Bouaké, était d’obtenir de l’ONU et du médiateur Blaise Compaoré, qu’ils fassent pression sur Soro afin qu’il renonce à l’ouverture d’une enquête internationale. D’autant que “le coupable”, selon la France, était déjà trouvé. A savoir le camp présidentiel ivoirien.
Malheureusement pour Sarkozy et ses hommes, “cela n’a aucun impact sur la suite à donner à la requête du gouvernement ivoirien parce que c’est le Conseil de Sécurité qui décidera de la composition de la commission d’enquête internationale qui sera mise sur pied. Les membres de cette commission seront indépendants et ne rendront compte qu’à l’Assemblée générale (organe délibérant), via le Conseil de Sécurité”, précise la source diplomatique.
Le vendredi 29 juin 2007, l’avion présidentiel transportant le Premier ministre Guillaume Soro et sa délégation a essuyé des tirs à l’arme lourde à l’aéroport de Bouaké. Cet attentat a fait 4 morts et de nombreux blessés. Ce drame s’est passé au vu et au su des forces de l’ONUCI et de la force française Licorne. Le lendemain de l’attentat, Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces Nouvelles, a fait plané dans la presse, une lourde suspicion sur le rôle des soldats français stationnés à l’aéroport de Bouaké dans cette tentative d’assassinat du Premier ministre ivoirien. Ce dernier réclamé l’ouverture d’une enquête internationale pour faire la lumière sur cette affaire afin d’épingler les auteurs. Le conseil des ministres tenu le mercredi 11 juin dernier a entériné cette position du Premier ministre Guillaume Soro. C’est ainsi que le jeudi 12 juin, le ministre des Affaires étrangères, Youssouf Bakayoko, a saisi, au nom du gouvernement ivoirien, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon pour que les Nations Unies conduisent cette enquête indépendante. Le représentant spécial adjoint du SG de l’ONU en Côte d’Ivoire, Georg Charpentier, a réceptionné au cabinet du ministre, la saisine de l’Etat ivoirien. La balle est maintenant dans le camp des Nations unies. »



jeudi, 12 juillet 2007

«Enquête sur l’attentat contre Soro - Comment l’Elysée veut brouiller les pistes»



Le Matin d'Abidjan
— mercredi 11 juillet 2007 — http://news.abidjan.net/article/?n=256620

par
Guillaume N'Guettia

« Rien n'arrête l'Elysée qui veut blanchir la Licorne, fortement compromises dans l'attentat manqué contre le Premier ministre. Ses réseaux médiatiques se succèdent donc, pour noyer le poisson et mettre en cause le Palais d'Abidjan.

Ils remettent le couvert. Les traditionnels canaux médiatiques au service de la France officielle sont en branle. Dès les premiers moments de l'attentat manqué contre le Premier ministre, c'est l'AFP qui ''découvre'' les présumés auteurs de l'attaque. Les premières dépêches sont formelles, il s'agit d'assaillants issus de la rébellion, mécontents du nouveau cadre institutionnel issu du dialogue direct. L'opinion aura noté. Le 29 juin, l'agence de presse reste silencieuse sur la dénonciation à chaud de Konaté Sidiki et Issiaka Ouattara ''Wattao'' qui ont publiquement accusé la Licorne et l'ONUCI. Depuis, la thèse est invariablement reprise par les autres réseaux. A la suite de ''la radio du monde'', Jeune Afrique entre en scène, avec une autre variante. Le camp présidentiel est mis en cause. Dans sa dernière parution, l'hebdomadaire panafricain tente à son tour de brouiller les pistes pouvant conduire aux militaires français et onusiens. Celui qui monte au créneau est Christophe Boisbouvier, le chef de file des anti Gbagbo sur les ondes de RFI, et accessoirement collaborateur à Jeune Afrique. Dressant un tableau qui se veut des plus précis de l'attentat, où la présence de la Licorne et l'ONUCI au sein de l'aéroport est néanmoins occultée, le papier conduit à trois pistes. La première, celle ébauchée les premiers jours, mène à des éléments des forces nouvelles remontés contre Soro. " Comme le coup a eu lieu dans le fief des FN, la première hypothèse est, bien entendu, celle du complot ourdi au sein même de l'ex rébellion. Chacun sait qu'après l'accord de Ouagadougou et, surtout au lendemain de l'accession de Guillaume Soro à la primature, des anciens rebelles se sont demandé si leur chef n'allait pas les trahir ", reprend J.A pour faire chorus avec ses confrères. Pour justifier cette hypothèse, il se sert d'un document édité par ''International crisis group'' deux jours avant le bombardement du Fokker 100. L'ONG estime justement que " les choix de Soro ne sont partagés avec le même enthousiasme par tous les responsables des FN." L'assertion de Jeune Afrique est alimentée par les hésitations et atermoiements de Soro, au lendemain de l'attentat. Jouant des coudes pour ne pas fragiliser son mouvement, le Premier ministre prend le contre-pied de ses collaborateurs. Il ''blanchit'' les chefs de guerre Koné Zakaria et Chérif Ousmane, visiblement en rupture de ban, ainsi que les forces militaires internationales vertement mises en cause. Les media porte-voix de la Françafrique se servent donc de ces approches discordantes pour mettre hors d'atteinte, la France et l'ONU. Dans la foulée, une seconde idée est émise. Ibrahim Coulibaly ''IB'' dont l'ombre n'arrête pas de planer sur Bouaké, est mis en cause. L'hebdomadaire panafricain monte en épingle sa farouche opposition à Soro, pour le désigner probable coupable. Mais très vite, le sergent qui vit en exil à Cotonou au Bénin est déclaré incapable d'une action de telle envergure, malgré la confiance dont il continue de bénéficier de la part d'une frange des combattants des zones assiégées.

Détourner les regards sur la Licorne
Pour mieux disculper celui vers qui lorgnent pas mal d'Ivoiriens, l'hebdo lui donne les moyens de sa défense. IB est interrogé et comme l'on peut s'y attendre, dément : " Je n'ai rien à voir avec cet attentat (…) J'attends qu'on me cite officiellement et si jamais on m'accuse, ceux qui m'attaquent vont m'entendre. " S'il n'a pas convaincu, Boisbouvier vole à son secours.N"Depuis quelques mois, IB se sait surveillé de près. Aurait-il commis une telle imprudence ? " s'interroge l'auteur du papier, comme pour mettre fin aux soupçons qui pèsent sur le sergent déserteur. Le camp présidentiel n'a pas droit à cet honneur. Gbagbo et ses proches que vise en réalité Jeune Afrique, n'ont droit qu'à des accusations, sans possibilité de contredire les ''enquêteurs'' parisiens. C'est la troisième phase de ce qui s'apparente à une opération ''disculper la Licorne et les casques bleus''. " Si l'on suit le raisonnement de Guillaume Soro, c'est-à-dire la piste du coup venu d'ailleurs, on ne peut écarter non plus l'hypothèse du complot ourdi par le camp Gbagbo. En Côte d'Ivoire, certains observateurs n'hésitent pas à soupçonner le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo d'être lui-même compromis dans l'affaire ", accuse J.A, mettant les pieds dans le plat. Si l'hebdo panafricain concède qu'il " est difficile d'y croire " à cause du dialogue direct initié par Gbagbo, ses proches sont cloués au pilori. " En revanche certains membres de l'entourage présidentiel n'auraient pas été chagrinés si Soro avait disparu. Sa nomination à la tête du gouvernement a diminué la marge de manœuvre du FPI et la part de gâteau réservée à ses barons ", manipule cette autre caisse de résonance de la nébuleuse françafricaine. Jeune Afrique fait donc dans l'intox, pour ''mouiller'' les partisans de Gbagbo. Avec au bout toujours la même ambition : écarter l'armée française du champ de vision d'éventuels véritables enquêteurs. Là encore, c'est un refrain qui remonte au début de la crise armée qui est entonné. Kadet Bertin, le conseiller militaire du palais d'Abidjan, " censé avoir la haute main sur les commandos " est épinglé par les limiers de l'hebdomadaire panafricain. " Tout est possible. Même une infiltration en zone nord d'un commando du Sud avec la complicité de quelques éléments des FN " notent les scribes de l'Elysée qui ne s'arrêtent pas là. Reprenant un air déjà entendu dans la sphère des houphouëtistes, Boisbouvier se demande, pour crédibiliser ses charges contre la présidence de la République : "Pourquoi la présidence s'est-elle empressée de faire rentrer l'avion cible à Abidjan, le soir même du 29 juin ? " Réponse de ''JA'' déguisée en interrogation : " N'était-ce pas pour effacer les traces de l'attentat ? " Bien entendu, c'est le black out sur les explications du chef de l'Etat sur le sujet. Recevant l'équipage du Fokker 100 mardi 4 juin soit cinq jours après l'attentat, Gbagbo qui a félicité les pilotes a confié que le retour en catastrophe de l'appareil était mû par la crainte d'autres pilonnages à la roquette en pleine nuit. Mais cela, Jeune Afrique et Boisbouvier n'en ont cure. Il faut un coupable pour détourner les regards sur les militaires français. Et cela vaut bien les coutumiers assauts contre le numéro 1 ivoirien et ses partisans. »





vendredi, 06 juillet 2007

Darfour — «pédagogie médiatique», ou : comment être sûr de ne rien comprendre…



Lu sur Afrikara, un article utile : il permet de démêler quelques nœuds médiatiques habituels concernant le conflit du Darfour. Je relèverai cinq précautions de cet article, que j’ai marquées (*), précautions indispensables pour sortir un peu du flou sémantique et de l'embrouillamini de la
«pédagogie médiatique» qui prévaut habituellement concernant le Darfour.



L’article d’Afrikara
— 03/10/2006
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1416&PHPSESSID=8bdb22622f01bb890ec793b825a2209a:


« Darfour, génocide en direct : Périssent les Faibles, surtout s’ils sont Africains !

Le conflit qui a éclaté au Darfour en mai 2003 a déjà eu les pires qualificatifs possibles, de génocide pour Colin Powell, à crime contre l’humanité pour le président français Jaques Chirac, il n’a pas arrêté depuis quelques années de susciter émotions, promesses généreuses, cris d’alarme. En septembre 2006, plus de 30 000 personnes manifestaient à New York contre cette tragédie humaine, ses plus de 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés, ses milliers de femmes violées, familles torturées, razziées, villages brûlés, exécutions de masses. Dany Glover ou Georges Clooney, personnalités réputée du cinéma mondiales, n’ayant pas hésité à s’afficher pour la cause du Darfour.

Une horreur indicible qui fait pourtant son chemin malgré vents et marées. Peut-être que si il y avait quelque part une véritable volonté d’arrêter ces déplacements de populations et massacres consécutifs aux combats entre milices dites «arabes» (*) Djandjawids, soutenues par le gouvernement et «ethnies» dites «africaines» (*), cela se serait su.

Ce conflit est très emblématique des intérêts des puissants et de la situation des faibles dans la géopolitique mondiale d’aujourd’hui. L’ONU -est-ce une surprise ?- est paralysée par l’implication de deux membres du Conseil de sécurité aux côtés des autorités soudanaises : la Russie fournisseur d’armes d’une répression sans nom d’un gouvernement sur une de ses populations -de l’Ouest- et la chine qui exploite le pétrole du pays.


A cette neutralisation de l’ONU, finalement bien faiblement utile à la paix dans le monde, lorsque de surcroît ses « grands pays » ne sont pas d’accord…, précède la vieille tradition de razzias esclavagistes menées par les populations arabes sur les Noirs (*), dans un climat politique dominé par une dictature militaire islamique.


Un conflit complexe donc. Politique, les Africains -non musulmans ou pas assez (*)- ayant toujours été muselés et sujets de brimades et servitudes, s’étant mis en rébellion contre le régime islamique au pouvoir ; économique avec des oppositions pour le partage de la terre entre paysans sédentaires et nomades; et religieux-culturel -«animistes» contre musulmans (*).

Au milieu de cette catastrophe humanitaire où les conditions d’existence des déplacés s’aggravent de jour en jour, en 2004, mai 2004 selon le journal allemand Zeit, la Syrie avait profité du cheptel humain africain, pour tester sur les populations africaines du Darfour, des armes biologiques. En accord de «coopération» avec le gouvernement soudanais ! Une information passée inaperçues en son temps.


Les tribulations de l’Union africaine, de l’UE et toutes les interpellations, appels et mobilisations ne parviennent aucunement à infléchir la violence du régime central du Soudan. Il faut reconnaître que le Darfour représente un bon «produit» dans l’imagerie occidentale inconsciente du monde. Des Noirs jamais moins indignes dans les images internationales retrouvent toute leur place dans les médias occidentaux. Une place utile à montrer un négatif, utile à démontrer indirectement les zones «civilisées» où il vaudrait mieux avoir le privilège de vivre, tout en se rendant sensible aux clichés dégradants et avilissants de peuples entiers pourtant visibles sur d’autres aspects.


Prenant la place jouée naguère par l’Ethiopie et les famines, le Darfour rassure aussi ceux qui n’imaginent l’Afrique que malade, en guerre, mourante, à aider, modalité subtile de contrôle des Etats modernes et riches, tout en inculquant aux Africains la haine de soi, l’indifférence aux autres, aux valeurs, à soi.


Le Darfour rempli ainsi une mission de reproduction des imaginaires de la modernité, de la civilisation et des barbaries, avec l’aide de tous ! »


Les cinq précautions commentées :

— 1) «milices dites "arabes"»
: «dites "arabes"» (avec les guillemets), précision indispensable ;

— 2) «"ethnies" dites "africaines"» : de même que les guillemets à «arabes», les guillemets à «ethnies» et à «africaines» sont fort utiles dans la mesure où tous, localement, sont «africains», et où il n’est pas indispensable de recourir à la notion d’«ethnie» ;

— 3) «les Africains - non musulmans ou pas assez -» : la précision «pas assez» musulmans, corrigeant «non musulmans» donne cette indication fort précieuse : le véritable problème local n’est pas «ethnique», mais relève de l’intégrisme du pouvoir (pouvoir soutenu en son temps, au-delà de la Chine et de la Russie, aussi par la France et les USA ! — ceci expliquant largement cela). Le régime intégriste a ainsi tout loisir de ne pas tolérer, et les chrétiens, et les musulmans… «pas assez» musulmans (que nos médias appellent les «Noirs» pour les distinguer des «Arabes», lesquels «Arabes» sont éventuellement aussi africains, voire «noirs» que les autres ! — mais lesdits «Arabes» sont adeptes d’un islam — arabe — qu’ils considèrent plus pur…

— 4) «"animistes" contre musulmans» : on comprend à la lecture de ce qui précède que les guillemets à «animistes» sont indispensables.


À cela s’ajoute

— 5) «la vieille tradition de razzias esclavagistes menées par les populations arabes sur les Noirs», «tradition»-prétexte sur laquelle s’appuient les intégristes au pouvoir — cette «vieille tradition» servait en effet d’alibi pour des razzias s’autorisant d’une… mission civilisatrice — «les bienfaits de la colonisation» — (musulmane en l’espèce) : réduire des populations en esclavage pour leur bien !

Où les puissances onusiennes, au-delà de leurs intérêts, manifestent un certain… embarras ; tandis que nos médias, sous prétexte de simplifier les choses pour le public (mais ont-ils bien saisi eux-mêmes), ethnicisent un problème autre, et du coup, embrouillent tout.

Pendant ce temps, les musulmans «pas assez» intégristes, non seulement subissent violences et massacres, mais servent en outre d’alibi à la bonne conscience du citoyen euro-américain lambda, qui peut s’en prendre aux «Arabes», finalement bien pires qu’on l’est chez nous : c’est ainsi que nos pouvoirs, se joignant à ce concert larmoyant mais inoffensif — d’un citoyen télévisuel qui ne comprend rien (et pour cause) —, peuvent continuer à s’indigner vertueusement contre les Chinois, les Russes… et accessoirement les Africains, décidément incurables !…

lundi, 18 juin 2007

«RDR / Zemogo claque officiellement la porte — ADO perd la bataille contre la dissidence»



Le Matin d'Abidjan
— lundi 18 juin 2007 —

http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_actualite=7562
:

par
Bidi Ignace :

« 
Le germe de la division a eu raison du RDR. Malgré maintes négociations et coups d'éclat, la dissidence s'est définitivement désolidarisée.

Fini les négociations entre la dissidence conduite par Zémogo Fofana et la direction du Rassemblement des républicains (RDR). Le ''cas Zémogo'' qui n'existerait pas au sein du parti est devenu grave. La fracture est confirmée depuis hier, dans l'après-midi. En effet, Zémogo Fofana a claqué la porte et annoncé officiellement son départ. Il s'est retranché au siège de la Cafca-Ci, une structure de négoce en café-cacao, sise au II Plateaux Vallon, à quelque 500 mètres du cabinet de Alassane Dramane Ouattara, pour livrer sa déclaration de rupture. " Je viens de terminer un processus et j'ai pris la décision de quitter le RDR ", a-t-il confié. Son départ est l'expression de l'échec des nombreuses négociations, " maintes concertations ", avec la direction. La dernière négociation date du mercredi 13 juin dernier, au terme de laquelle les partisans d'ADO ne sont pas parvenus à retenir leur camarade. La dissidence est donc consommée même si le partant la veut une " séparation fraternelle ". Tant il considère comme un moyen pour lui de recharger ses batteries. Mais au profit de qui ? L'on saura plus tard la réponse à cette question. Pour la simple raison que lui-même évite encore de préciser son point de chute. Par contre, il s'explique aisément sur le motif du divorce, dû à " une seule raison : la rupture de la confiance entre (lui) et la direction du parti ". C'est pourquoi, à l'en croire, il n'a eu besoin d'aucune personne interne à cette direction pour se décider. " Je ne pars avec personne. J'ai décidé souverainement et personnellement de partir ", jure-t-il. Toutefois, le nouvel ''électron libre'' reste attaché aux idéaux de son ancien parti dont il entend poursuivre le combat. Zémogo Fofana " demeure dans les idéaux, l'élan du combat et le sens de la lutte du RDR ". Mieux, il ambitionne de rester sur la ligne de front. Alors qu'il donnait dos hier à Alassane Dramane Ouattara et ses partisans, Zémogo Fofana a exprimé une " pensée très profonde " pour les militants du RDR. Le faisant, il rend hommage aux victimes et autres anonymes qui ont perdu la vie pour le parti.

Un vrai camouflet pour ADO
Le président du RDR se trouve en ce moment hors du pays. Avant son départ, il a eu des échanges avec Zémogo. Ces échanges se sont déroulés nuitamment à la Rue Lepic, siège du parti. Le seul fait qui pouvait inquiéter le président du RDR au sortir de cette rencontre-là, ce sont bien les éclats de voix autour du compromis obtenu avec Zémogo. Rien ne devait en effet filtrer des entretiens. Mais les partisans d'ADO, tenant une conférence de presse ce jour-là, ont tenté de faire croire que Zémogo Fofana avait abdiqué. Il aurait même fait allégeance au mentor. Une réplique des pro-Zémogo s'en est suivie, qui a rétabli " la vérité ". Malgré la dissonance attestant que tout était bel et bien fini, ADO a continué à nier l'évidence, estimant que Zémogo n'est qu'un " épiphénomène ". Hier, Zémogo a donc rendu le tablier, avec un air de défiance. C'est en face des bureaux de Ouattara qu'il s'est prononcé, infligeant un camouflet au mentor. Car, du côte à côte, ce dernier a choisi, pour quitter ''la case'', le face-à-face. A preuve, c'est en face des bureaux d'ADO que Zémogo a tenu son premier point de presse. »