vendredi, 11 juillet 2008
Sus à l’opération mains-propres
Après la convocation par les ondes (de RFI) d’une députée présidente de groupe parlementaire (Mme Gbagbo) et d’un ministre d’État (P.-A. Bohoun Bouabré) à comparaître à Paris à l’occasion d’une des toujours opportunes réapparitions du serpent de mer de l’affaire Kieffer, la presse française, qui a complètement zappé les interviews-bombes (par Mediapart) du gal Poncet et de Me Balan, avocat des familles de soldats tués à Bouaké (seul le Gri-Gri international a repris cela) — la presse française, par la voix de l’inénarrable Hofnung de Libération, vend la mèche : il s’agissait bien, comme l’ont noté Djignab et Edgar Yapo, de brouiller l’opération mains-propres.
Hofnung, dans un concentré de mauvaise foi, fait mine de déplorer que l’opération soit tardive et proche des élections.
À l’appui des habituels « experts » sortis de sa manche, Hofnung espère tout haut que cela n’empêche pas que le résultat des élections ne soit pas acquis, et — moment particulièrement exquis de cette mauvaise foi dont il a le secret — tient à écrire que « les institutions financières internationales et l’Union européenne multipliaient les pressions en ce sens » depuis 2001. Il oublie simplement de préciser que, ce faisant, appuyés sans modération par les Hofnung et consorts, les financiers « internationaux » cassaient via la cassure du pays en deux, le gouvernement d'alors (qui était d’union nationale) et toute possibilité de régénération du pays, y compris en matière de lutte contre la corruption…
Quand le déroulement ultérieur de l’histoire et le cours de la justice font éclater si évidemment leur parti-pris d’alors, il est naturel pour des médias qui avaient si lourdement erré, RFI et Hofnung en tête, d’occulter les avancées de la justice concernant Bouaké et de déplorer que les choses bougent enfin. Il n’est donc pas surprenant que nul ne se soit seulement interrogé sur cette façon surprenante de convoquer à l’étranger par les ondes une parlementaire et un ministre d’État d’un pays tiers souverain et ami.
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mercredi, 09 juillet 2008
Scoop dans l’affaire Kieffer : la présidente du groupe FPI à l’Assemblée nationale ivoirienne convoquée par RFI chez un juge français…
La nouvelle est claironnée depuis hier dans les médias français (cf. article ci-dessous *) : depuis le Soir3 jusqu’à nouvelobs.com, qui titre carrément « Le juge convoque la femme du président Gbagbo » (sic).
C’est donc (par incidence) au titre de « femme du président Gbagbo » qu’elle serait convoquée.
On imagine le tollé avec un titre dans la presse ivoirienne du genre : « le juge convoque la femme du Président Sarkozy à Abidjan ».
Sauf que là, elle n’est pas seulement « la femme du Président Gbagbo », elle est aussi députée élue, au bénéfice comme telle de l’immunité parlementaire — présidente du groupe FPI majoritaire à l’Assemblée nationale ivoirienne, homologue de Jean-Marc Ayrault, comme présidente du groupe parlementaire socialiste, ou de Jean-François Copé, comme présidente du groupe majoritaire à l'AN.
On imagine le scoop : « le juge ivoirien convoque Jean-Marc Ayrault /ou Jean-François Copé à Abidjan ».
Si on y ajoute, convoqué aussi, un ministre d’État (Paul-Antoine Bohoun Bouabré) — mettons en parallèle M. Alliot-Marie par exemple : les dernières révélations sur l’affaire Bouaké-Abidjan 2004 vaudraient bien tout de même une convocation comme « simple témoin »…
Car c’est comme simples témoins que Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré sont convoqués. Nouvelobs.com ne nous avait pas habitués à de telles circonlocutions concernant celle qui se trouve être la belle-sœur de son beau-frère (lequel est réputé être le dernier à avoir rencontré Kieffer). D’habitude, cela vaut culpabilité avant tout jugement à Simone Gbagbo (qui est non seulement la belle-sœur de son beau-frère mais aussi la femme de son mari).
Cette fois nouvelobs.com tient tout de même à préciser (c’est à mon sens le vrai scoop de l’affaire) que « les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».
Malgré tout cela, « on ne s'oppose pas par principe à une convocation » a fait savoir Me Rodrigue Dadje (avocat de Mme Gbagbo) selon l’AFP, qui précise : « "Il ne faut pas qu'on donne l'impression que Mme Gbagbo fait obstruction à l'appareil judiciaire français", a souligné Me Dadje, ajoutant que "Mme Gbagbo souhaite aussi que la vérité soit faite sur ce dossier et que la page soit tournée". »
Façon de couper court à ce que l’on ressort régulièrement et qui ressemble (cette fois plus que jamais) très fort à une provocation à fin de stigmatisation médiatique : répondre "non" à une telle provocation convocation, reviendrait évidemment à servir une « preuve » médiatique de culpabilité de Simone Gbagbo.
Une convocation qui sort apparemment opportunément — pas par rapport à l’affaire Ingrid (autre disparue célèbre dont il n’a échappé à personne qu’elle avait été libérée), mais quant aux coïncidences d’agenda…
Et quand on sait par ailleurs que la convocation en question, reprise par les autres médias français, sort pour l’instant des seuls studios de RFI… Ça, c’est un scoop (cf. article ci-dessous **) !
*
* Rudy, Ségolène et Simone… ou : l’huile sur le feu médiatique
(Delugio - 09/07/2008)
1) Rudy : Libération (le 8 juillet) annonce, reprenant une dépêche AFP, l’interpellation de cinq personnes dans le cadre du déferlement de violence qui avait plongé le jeune Rudy dans le coma.
Sous-titre : « ce jeune juif avait été grièvement blessé le 21 juin lors d'affrontements intercommunautaires entre bandes dans le XIXe arrondissement de Paris ».
Tiens, se dit le lecteur, l’antisémitisme est passé à la trappe, suite probablement aux premiers résultats de l’enquête, lesquels avaient débouché concernant l’antisémitisme, on s’en souvient, sur l’idée d’une simple « incidence ».
Puis arrivant au bout de ce bref article, le lecteur découvre que les violences desdits « affrontements intercommunautaires entre bandes » sont « aggravées par le caractère antisémite de l'agression »...
Voilà un bref article à même de produire un effet catastrophique ! Car de deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une agression antisémite, et cela devrait paraître en sous-titre (au lieu d’ « affrontements intercommunautaires »).
Où il ne s’agit pas d’antisémitisme, et on évite de parler de violences « aggravées » ! Sauf à vouloir induire le soupçon selon lequel l’affiliation religieuse d’un membre des bandes lors d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » vaut traitement particulier !
Qu’est-ce qu’un tel traitement médiatique fait d’autre qu’attiser la concurrence inter-« communautaire » ? — c’est-à-dire mettre de l’huile sur le feu :
- les uns jugeront à juste titre que considérer l’antisémitisme comme simple circonstance aggravante de ce qui — si l’antisémitisme est le mobile — s’apparente à un acte genre pogrom, est tout simplement indécent.
- les autres considèreront à tout aussi juste titre que mentionner l’antisémitisme comme circonstance aggravante s’il s’agit d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » consiste à faire deux poids deux mesures selon qui reste sur le carreau lors desdits affrontements.
Voilà un emballement politico-médiatique, celui du 21 juin dernier, dont il reste au moins cette trace médiatique : le concept d’ « antisémitisme par incidence », avec effet catastrophique (à présent avéré dans un bref article de Libé) des emballements politico-médiatiques récurrents (et intéressés concernant les politiques) : les victimes de ces emballements sont de toute façon et les juifs et les Arabes / ou les « noirs ».
2) Ségolène : toujours dans Libération, reprise d’une dépêche, de Reuters cette fois. On apprend que Ségolène Royal s’est élevée contre cette façon sarkozienne de se moquer des grévistes en clamant que "désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit" — propos déjà déplorés par les syndicalistes.
L’article rapporte la vive dénonciation du propos par Ségolène Royal : « "On se croirait revenu sous l'Ancien régime où le roi s'amuse, le roi dilapide l'argent, le roi soigne ses amis, le roi enrichit ceux qui sont déjà riches", a déclaré mardi l'ex-candidate PS à la présidentielle sur RTL.
"Et pendant ce temps là, le peuple s'appauvrit", a-t-elle ajouté, précisant: "Pour lui l'argent n'a pas d'importance, puisqu'il croule sous l'argent. Il ne se rend pas compte que les gens sont désespérés."
Ségolène Royal a invité Nicolas Sarkozy à se méfier des "protestations muettes", soulignant qu'il était "très difficile aujourd'hui pour les salariés de perdre une journée de salaire sur des grèves."
Pour l'ex-candidate socialiste, les propos du chef de l'Etat témoignent d'une "méconnaissance de ce qui se passe aujourd'hui en France". »
Jusque là, la dépêche rend compte. Et voilà que l’article conclut — que le lecteur s’accroche : « Ségolène Royal a provoqué par ailleurs un tollé la semaine dernière lors d'un voyage à Québec en affirmant que Nicolas Sarkozy n'était "absolument pour rien" dans la libération d'Ingrid Betancourt.
Même à gauche, des voix se sont élevées pour condamner la présidente de la région Poitou-Charentes. »
Quel rapport avec le sujet sur les propos sarkoziens ? Aucun, ou plutôt un seul : discréditer la dénonciation en discréditant celle qui l’a portée — via le sous-entendu : Ségolène Royal s’emballe pour rien…
3) Simone : nouvelobs.com cette fois, annonce que « Le juge convoque la femme du président Gbagbo » — à propos de l’affaire Kieffer.
En fin d’article — comme la « circonstance aggravante » pour Rudy et le détour par Ingrid pour Ségolène — en fin d’article donc, on apprend, pour la première fois à ma connaissance depuis les mises récurrente de Mme Gbagbo sur la sellette médiatique, que « les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».
Depuis on sait en outre que ladite « convocation » a été émise par… RFI ! Cette nouvelle information n’a pas été répercutée, à ma connaissance, par nouvelobs.com par les autres des médias français qui s’étaient fait l’écho de ladite « convocation »…
*
** Affaire Kieffer / Ramaël outrepasse ses droits : Tchimou monte au créneau
Fraternité Matin — 10 juillet 2008 — http://www.fratmat.info/1,,,1_fgfd10,,1.php?,__=eb,,0-0&a...
par Ferro M. Bally :
« Le procureur de la République anime ce jour une conférence au moment où des convocations ont été adressées à des citoyens par des “canaux non conventionnels”. Le procureur de la République anime cette après-midi même une conférence de presse sur l’affaire Guy-André Kieffer, du nom du journaliste franco-canadien porté disparu depuis le 16 avril 2004. Féhou Raymond Tchimou a eu une séance de travail, mardi après-midi, principalement avec le conseil de Mme Simone Gbagbo, Première dame de Côte d’Ivoire, pour faire la lumière sur la présumée convocation, aujourd’hui à Paris, de la Première dame et du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, par le juge d’instruction français, Patrick Ramaël en charge de l’affaire. Pour être entendus comme témoins. Les “pseudo-convocations” ne seront pas, aujourd’hui, suivies d’effets. Mme Gbagbo et M. Bohoun Bouabré ne se rendront pas dans la capitale parisienne pour être entendus sur la disparition, dans des conditions non encore élucidées, du journaliste Kieffer. Mais l’évolution de la situation soulève deux problèmes clés. Le premier porte sur la violation du droit et des procédures normales. Car, en dépit des dispositions de la coopération judiciaire entre la Côte d’Ivoire et la France, Patrick Ramaël a été autorisé, par le ministère ivoirien de la Justice, à instruire en Côte d’Ivoire, en lieu et place de ses homologues qui exercent sur le territoire ivoirien qu’il aurait dû saisir dans le cadre de l’affaire Kieffer qu’il instruit. Ce sont ces derniers qui devraient entendre les présumés coupables, les témoins et lui transmettre, à Paris, les conclusions des auditions. Mais, comme il a, au vu et au su de tous, outrepassé ses droits, il continue sur sa lancée, sans que l’Etat ivoirien, pris au piège de ses propres turpitudes et de ses complexes, ne trouve à redire. Aussi, peut-il, comme il l’a avoué, lui-même, hier sur RFI, “passer par des canaux non conventionnels” pour convoquer Mme Gbagbo et le ministre d’Etat Bohoun. Le second problème concerne le mépris du juge français pour les institutions ivoiriennes. Mme Simone Gbagbo et M. Bohoun Bouabré sont deux personnalités de la Côte d’Ivoire. Ils n’ont certes pas le statut d’un Chef d’Etat en exercice, mais ils ont des qualités qui les mettent à l’abri de poursuites cavalières. La Première dame est député. Pour cette raison, Ramaël aurait dû, à travers les autorités ivoiriennes, écrire au Parlement ivoirien pour demander à l’entendre. Comme l’a fait justement la justice ivoirienne pour le député Abo Daniel dans l’affaire des malversations dans la filière café-cacao. L’immunité parlementaire dont bénéficie Mme Gbagbo est sans doute accordée par le système judiciaire ivoirien. Mais, de sources judiciaires, pour qu’elle puisse répondre à une quelconque convocation ou être poursuivie par une juridiction étrangère, il faut que l’Assemblée nationale lui donne une autorisation. Mais, sans doute, aux yeux du juge d’instruction français, cette institution, déclarée dissoute par le Groupe de travail international (GTI) dès sa première réunion en décembre 2005, n’existe plus.
Quant à Bohoun Bouabré, il est ministre d’Etat et n°2 de l’actuel gouvernement. C’est-à-dire que même s’il ne bénéficie pas de l’immunité propre à un ambassadeur, il représente une autorité d’un pays souverain. En le convoquant sans aucun égard et par voie de presse, c’est toute l’équipe gouvernementale de Soro Guillaume que Patrick Ramaël nargue. Car, s’il arrivait qu’il se retrouve en France dans le cadre de ses missions, le juge français pourrait pousser le pion à vouloir l’entendre. Sans mandat. C’est pour cette raison qu’à juste titre, Guédé Pépé dit James Cenach, conseiller du ministre d’Etat, a déclaré que “le gouvernement devrait protester”. Tiraillé entre des intérêts divergents et contradictoires, il ne le fera pas; se blottissant dans la position du singe de la gravure: ne rien dire, ne rien entendre et ne rien voir. C’est au milieu de cette dérive et de cette pagaille que le procureur Tchimou va intervenir. Pour mettre les pendules à l’heure? Pour redresser le tir? Tout le monde attend. »
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vendredi, 20 juin 2008
Affaire Kieffer, affaire «bombardement» de Bouaké : deux traitements médiatiques
Bizarre autant qu’étrange : chaque fois qu’un «témoin» est déniché sur l’affaire Kieffer, chargé d’un des deux scoops suivants :
— Kieffer enquêtait sur le cacao qui est une source financière importante de l’État ivoirien ;
— Kieffer a rencontré l’homme qui est le beau-frère de sa belle-sœur Simone, laquelle est la femme de son mari Laurent ;
chaque fois qu’un nouveau témoin nous apprend à nouveau une de ces deux informations (et il est certes heureux que l'on parle de Kieffer), il fait plusieurs fois la une des journaux télévisés, relayés par les grands journaux écrits.
Hier, Mediapart publiait l’interview (par Fabrice Lhomme) de Me Balan, l’avocat des familles de soldats français tués à Bouaké. Il affirme — excusez du peu :
— que Mme Alliot-Marie avance des «justifications [...] non seulement insatisfaisantes, mais surtout inexactes» — et que «Mme Alliot-Marie doit s’expliquer»…
— qu’ «il n’est pas exclu que la France soit complice d’une affaire qui aurait pu être le prétexte idéal pour se débarrasser de Laurent Gbagbo» (selon les termes de la question de Fabrice Lhomme) : «c’est une hypothèse comme une autre» ! (répond Me Balan).
Cela à l’appui de l’audition du Gal Poncet qui dit — excusez du peu — qu’il a reçu «instruction de libérer les mercenaires» — assassins présumés des soldats français, tout de même —, par deux canaux différents :
— «d’une part le canal diplomatique[…].“C’est l’ambassadeur de France qui m’a fait savoir qu’il fallait remettre ces personnes au représentant de la Russie. ”»
— «d’autre part le canal militaire. […] Le général dit avoir reçu l’ordre formel de libérer les mercenaires du général Emmanuel Beth, commandant du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). “Le général Beth n’a pu que me retransmettre un ordre qu’il avait lui-même reçu, il n’a pas pris d’initiative sur ce plan-là”»
Et une telle «bombe» médiatique — selon les termes de Th. Kouamouo qui relaie l’information — ne reçoit aucun écho dans les grands médias et journaux français. Je fouille les moteurs de recherche : rien !
Je vous assure mon cher lecteur : vous avez dit «bizarre» !
*
Cf. :
Le Gal Poncet et l'avocat des familles de soldats parlent des événements de Bouaké :
Signalée sur le blog de Théophile Kouamouo qui en donne l'essentiel sous le titre éloquent
«"Bombardement" de Bouaké : la "bombe" de Mediapart»,
une enquête de Fabrice Lhomme sur Mediapart :
«L'enquête sur le bombardement de Bouaké se heurte à la raison d'Etat».
Un résumé : ici.
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mercredi, 11 juin 2008
À Djé sur «Le génocide voilé»
Djé publie un article qui vaut d’être lu sur le livre de Tidiane N’Diaye, Le génocide voilé, éd. Gallimard, Collection Continents Noirs (272 pages - 21,50 €).
Résumé du livre :
« Les Arabes ont razzié l'Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d'hommes qu'ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains.
Cette douloureuse page de l'histoire des peuples noirs n'est apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière a commencé lorsque l'émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d'esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d'une énorme ponction humaine qui devait s'arrêter officiellement au début du XXe siècle. »
À retrouver sur le blog de Djé, une interview de France Ô : ’10 minutes pour le dire’ du 20 mars 2008 avec Tidiane N’Diaye, écrivain et anthropologue, auteur de ’Le génocide voilé’ — http://franceo.rfo.fr/article1072.html# —
« Un livre qui va faire débat… » conclut l’interviewer.
Tidiane N’Diaye s’inscrit dans la ligne des travaux de Austen auxquels renvoie avec moins de bonheur Pétré-Grenouilleau (Austen a contesté l’usage que ce dernier fait de ses recherches). Austen permet de savoir que la traite arabo-musulmane, phénomène souvent méconnu, est loin d’être pour autant quantité négligeable.
Malek Chebel s’est récemment penché sur la question. Cf. chez St Ralph : ici et ici. Cf. aussi les articles ci-dessous (*) (**).
Tidiane N’Diaye soutient que la disparition des descendants des esclaves noirs est due au fait qu’ils étaient systématiquement castrés. Voir sur le blog de Djé, des citations éloquentes.
Trois remarques :
1) L’absence de castration des esclaves déportés en Occident renvoie à la catastrophe que représente l’institution de la polygamie : les eunuques sont attachés au service du harem (pratique très connue depuis la plus haute antiquité mais rendue inutile en Occident du fait de la prohibition de la polygamie — prohibition répandue par le christianisme).
Ce qui, selon Alban Dignat, n’empêche pas qu’aux temps carolingiens, « les prisonniers slaves alimentent en grand nombre un commerce actif entre Venise et l'empire arabe du sud de la Méditerranée. Ils rejoignent en premier lieu la place de Verdun, en Champagne, où ils sont systématiquement émasculés (!). Un quart environ d'entre eux ne survivent pas à cette brutale mutilation. Les autres gagnent Venise puis, de là, sont embarqués vers les ports orientaux.
Les marchands vénitiens, bien que de religion chrétienne, ne voient pas d'objection à vendre des païens slaves aux musulmans. Venise conserve le souvenir de ce fructueux commerce dans le nom d'un quai célèbre à l'extrémité du Grand Canal : le quai des Esclavons (nom sous lequel étaient désignés à l'époque les Slaves). C'est l'époque où, dans les langues occidentales, le mot «esclave» ou «slave» se substitue au latin «servus» pour désigner les travailleurs privés de liberté.
Le trafic très particulier se tarit vers l'an 1100 du fait de la christianisation des Slaves. »
2) Cela doit induire une certaine relativisation quantitative de la pratique de la castration dans le monde arabo-musulman : tous les esclaves n’étaient pas employés au service des harems.
Quelques précisions à ce sujet trouvées sur le blog de Krathos :
« Extrait. Les eunuques du sultan :
William Lemprière, médecin anglais reçu à la fin du 18ème siècle par le sultan Sidi Mohammed, roi du Maroc, décrit les eunuques en charge du harem du sultan.
“Aussitôt que le prince eut décidé que j’entrais dans le harem de ses femmes, il ordonna qu’on me conduisit avec mon interprète. Le chef des eunuques me reçut à la porte. Il est à observer que les eunuques chargés spécialement de la garde des femmes sont issus d’esclaves nègres. La voix des eunuques a un accent particulier, elle ressemble un peu à celle des jeunes gens qui sont encore dans l’adolescence. Enfin, ces êtres mutilés offrent tout à la fois une image dégoûtante de faiblesse et de monstruosité. […]” »
Un témoignage qui laisse à penser que les esclaves voués à d’autres tâches, comme les tâches militaires par exemple, n’étaient probablement pas castrés !
Un autre extrait signalé par Krathos confirme l’idée que tous n’étaient pas castrés :
« La Moudawana d’Ibn Al Qassim, texte de référence du rite malékite, contient des dispositions liées à la propriété sexuelle des esclaves :
- Les “parties honteuses” de l’esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses enfants) et de son dos (force de travail).
- L’esclave ne peut épouser que deux femmes (contre quatre pour l’homme libre).
- L’esclave ne peut se marier sans l’accord de son maître, mais ce dernier peut l’y obliger.
- Une esclave ne peut être co-épouse avec une femme de condition libre.
- Le nombre de concubines que peut posséder un musulman n’est pas limité (contrairement au nombre de femmes légitimes et de condition libre).
3) Sur Ibn Khaldun, grand penseur musulman du XIVe siècle, souvent considéré comme un des ancêtres des Lumières : Tidiane N’Diaye note qu’Ibn Khaldun tient des propos nettement racistes, parlant d’infériorité des « noirs ».
Ibn Khaldun n’a manifestement pas remarqué que les Slaves, qui ne sont pas « noirs », sont aussi passés par là, jusqu’à recevoir le nom générique de « Slaves » (= esclaves).
Par ailleurs Ibn Khaldun, posant les bases d’une théorie raciste, est, en cela aussi hélas, l’ancêtre des philosophes des Lumières, et probablement pour les mêmes raisons : l’abandon de la référence religieuse qui à terme débouche sur la fin de l’esclavage, entraînait une alternative, pour raisons économiques (raisons du maintien de l’esclavage) : légitimer une pratique à terme disqualifiée religieusement, par des arguments d’un autre ordre : « raciaux », en l’occurrence en rapport avec le taux de mélanine !
Les idées « lumineuses » d’Ibn Khaldun triompheront plus tard. En attendant, un des facteurs (outre la castration) de « disparition » des descendants des « noirs » a pu être le « métissage » — par le viol, ou, au temps de l’affranchissement par la montée dans la hiérarchie socio-religieuse, au bout de plusieurs générations… l’islam valant à terme à son adepte un statut... relativement « élevé » (au-dessus des « dhimmis » juifs et chrétiens)…
Reste du livre que Djé signale opportunément, l’exhumation d’un tabou, levé par Tidiane N’Diaye, aspect des choses dont la recherche ne pourra pas faire l’économie.
*
* Ça existe aussi…
(Delugio - 14/09/2007)
L’anthropologue Malek Chebel publie chez Fayard «l'Esclavage en terre d'Islam. Un tabou bien gardé». Le Nouvel Obs papier de cette semaine y fait écho (ci-dessous de larges extraits de l’article). Récemment Afrikara publiait un article sur l’esclavage en Mauritanie (ci-dessous **).
Initiatives heureuses en effet, à mes yeux, que ces études.
Initiative heureuse donc, que celle de Malek Chebel. Initiative rendue courageuse aussi, par la façon devenue plus ou moins habituelle de voir exiger, au moindre propos tenu en France sur l’esclavage transatlantique, de l’atténuer immédiatement par le renvoi à l’existence du phénomène dans le monde arabe. Façon de concurrence des mémoires glissant à la concurrence des révisionnismes — habitant jusqu’au cœur des livres les plus réputés.
Il n’est pas très risqué moralement de renvoyer aux crimes qui habitent l’histoire des autres, ou de faire mine de balayer devant leur porte pour détourner le regard de devant la sienne.
Il est donc heureux que Malek Chebel, connu pour ses livres sur l’islam et sa tradition dont il se réclame, balaie les obstacles moraux posés par cette exigence concurrentielle et se penche sur cette face sombre — oh combien — de l’histoire de l’islam, et cela jusqu’à nos jours.
Extraits : Le Nouvel Observateur Nº2236 — semaine du jeudi 13 Septembre 2007 —
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/... :
« La vérité sur l'esclavage en Islam
Dans une enquête mondiale, l'anthropologue musulman révèle les pratiques d'asservissement dans le monde islamique et leur inquiétante persistance par Malek Chebel » :
« - Un combat actuel
La Mauritanie a voté le 8 août 2007 une nouvelle loi antiesclavagiste plus répressive. En mai dernier, à Marrakech, s'est également tenu le premier colloque international sur l'esclavage dans les pays arabo-musulmans, sous l'égide de l'Unesco. Et un peu partout dans le monde arabe, dans le Golfe, en Iran, en Afrique, des écrivains s'engagent, des associations, composées d'anciens esclaves ou de leurs descendants, apparaissent et militent, malgré l'hostilité des Etats. Un véritable mouvement se dessine, dont l'Occident ne mesure pas encore l'ampleur, mais qu'il faut soutenir, sans quoi le pire est toujours à venir. Ces enfants de Bamako qui courent vers les étrangers pour se livrer eux-mêmes en servitude ne nous le disent-ils pas ?
La traite atlantique avec son système triangulaire, concentrée entre le XVIe et le XIXe siècle, nous est désormais bien connue. […]
On connaît encore malheureusement trop peu la traite orientale ou musulmane, qui s'étend, elle, sur près de quinze siècles et qui a asservi des millions de Noirs (15 millions ? peut-être plus ?), mais aussi des Européens captifs de guerre, des Slaves, à l'instar des janissaires dans l'armée ottomane, ou des Circassiennes, ces femmes originaires du Caucase qui remplirent les harems du calife et des notables de Bagdad.
Parce que je suis un intellectuel musulman, un anthropologue qui défend depuis toujours le droit des personnes et qui combat les tabous de l'islam, je me sens missionné pour dénoncer ce drame de l'esclavage qui a contaminé tous les pays où l'islam a prospéré. A Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sud tunisien, en Egypte, en Arabie, en Mésopotamie, à Oman et Zanzibar, au Soudan ou à Djibouti, il n'est en effet pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d'esclaves
Le phénomène demeure encore vivace. Les marchés de chair humaine à ciel ouvert n'existent certes plus, mais que sont d'autre que des «esclaves modernes» les domestiques non rémunérés, réquisitionnés nuit et jour, fondus dans le décor des palais et des maisons bourgeoises marocaines, les ouvriers auxquels on retire leur passeport dans les pays pétroliers du Golfe, les jeunes enfants exploités en Afrique, en Inde ou en Indonésie, les femmes qu'on livre à des inconnus contre quelques billets ou lors de «mariages de jouissance», et les concubines qui subissent un asservissement sexuel dans les familles ? Sans oublier la polygamie, qui est selon moi une forme soft d'esclavage. Comment expliquer ces pratiques, si ce n'est par la survivance d'une mentalité esclavagiste au sein même de l'Islam ?
- Le Coran et les esclaves
On me dira peut-être que j'aggrave les attaques continuelles contre l'Islam ou l'on utilisera mes positions pour tenter de déculpabiliser l'Occident de son passé colonialiste. Tant pis, je cours le risque de ces récupérations idéologiques. Je parle avec ma conscience et avec l'objectivité du scientifique. Je n'en demeure pas moins scandalisé par les discours de la droite, ceux de 2005 sur les «effets positifs de la colonisation» comme celui prononcé cet été à Dakar par le président Sarkozy, qui réitère le refus du «repentir de l'homme blanc». Or il y a bel et bien eu crime. J'ajoute qu'il est tout autant nécessaire que l'Islam fasse lui aussi son travail de remise en question. Les pays musulmans ont leur propre responsabilité pour un esclavage qu'ils ont eux-mêmes fait prospérer.
Héritage de l'Antiquité, l'esclavage, lors de l'avènement de l'islam, au vif siècle, était une pratique largement répandue. La situation des hommes asservis dans le Hedjaz et dans la péninsule Arabique était alors déplorable. Le Coran, qui évoque la question dans vingt-cinq versets, a voulu y mettre fin en promulguant une politique d'affranchissement suivie par le calife Abû Bakr (mort en 634), qui consacra sa fortune personnelle au rachat et à la libération des esclaves. Mais dès Omar, le deuxième calife, elle fut contrecarrée. […]
Tout musulman sincère qui possède un esclave est […] invité à l'affranchir. Mais l'Islam n'a pratiqué qu'une politique timorée, sans réelles contraintes pour les grands propriétaires terriens et les marchands d'esclaves, les gellab en arabe (le même mot utilisé pour désigner les marchands de bestiaux !), qui ont continué à faire fructifier leur abject commerce.
C'est là qu'est la faille constitutive de l'islam qui fait de l'esclavage l'une de ses pathologies : le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. L'idée d'affranchir un esclave en vue de gagner la bénédiction du Ciel a ainsi été reléguée au second plan. […]
[Exemples de réglementation :] Au paragraphe 58 du Livre de la propriété sexuelle, extrait de la «Moudawwana» d'Ibn al-Qâsim, telle que rapportée par Sahnoun (776-854), il est par exemple écrit : «Les parties honteuses» de l'esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses enfants) et de son dos (sa force de travail).» Le grand penseur Ibn Khaldoun (1332-1406) lui-même, dans sa «Muqaddima», explique les diverses manières de choisir son «domestique». Il a fallu attendre le XVIIIe siècle vertueux et surtout l'émergence, au XIXe siècle, d'une morale universelle, impulsée par les Constitutions occidentales, pour que s'amorcent lentement des politiques d'abolition dans le bassin méditerranéen. Certains souverains réformateurs, comme Ahmed Bey, à Tunis, virent là l'occasion de rattraper la marche du progrès, mais trop souvent ces politiques furent hypocrites et peu suivies. […] »
Etc.
C’était un extrait des propos de Malek Chebel recueillis par Marie Lemonnier dans Le Nouvel Observateur (papier)
On trouvera la suite et l’article en entier au lien suivant :
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/...
Et un « appel aux dirigeants musulmans » au lien suivant :
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/...
*
** Un article sur l’esclavage en Mauritanie lu sur Afrikara – précédé d’une introduction personnelle
(Delugio - 28/05/2007)
Introduction :
Avant que le phénomène nommé – par Badinter, dit-on – «lepénisation des esprits» ne soit devenu un phénomène inaperçu, c’est-à-dire avant que Le Pen n’ait triomphé par décoloration sur ses concurrents, Jean Daniel écrivait qu’il avait rendu impossible tout débat sur l’immigration, l’ayant empoisonné (je reviens à ce point).
En attendant, l’empoisonnement est à ce point général qu’il passe désormais pour normalité ; tandis que, nous dit-on triomphalement, le Front National est laminé – à savoir qu’il est devenu hors d’usage, ses idées s’étant glissées dans tous les recoins du paysage médiatique et politique ; Ionesco avait illustré antan ce genre de phénomène par une histoire de rhinocéros…
Les choses, concernant nos rapports avec l’immigration, essentiellement celle issue de nos («ex»-)colonies étant donc réglées de la sorte, on nous somme logiquement de cesser la «repentance». Ladite «repentance» a-t-elle jamais commencé ? – Ça c’est une autre histoire. On nous exhorte quoiqu’il en soit instamment à cesser de considérer qu’il puisse y avoir quelque élément négatif dans notre histoire et dans l’œuvre de nos héros passés (ce serait «haine de soi» ; ou au contraire indécrottable présomption paradoxale – selon Finkielkraut).
J’entendais ce matin (28.05.07) sur France Culture le philosophe italien Antonio Negri affirmer que tout n’était pas forcément négatif chez Staline – non que Negri ait défendu le stalinisme ! – mais voilà son interviewer qui marque sa surprise : tout ne serait pas négatif chez Staline ? Qu’a-t-on entendu ? Et Negri de signaler qu’il n’est pas interdit de penser que tout n’est pas négatif chez Napoléon non plus (son «hochet» – la légion d’honneur – n’est-il pas toujours aussi prisé ? Je précise que cet exemple que je donne n’est pas celui qu’a choisi Negri).
Ce qui retient mon attention dans la remarque de Negri et dans l’étonnement de son interviewer, c’est que manifestement, il est difficile de trouver du positif chez Staline (pour moi aussi à ce point) ; mais qu’en revanche (et là, Negri a bien visé) pour un Français cultivé, il est presque incongru de sous-entendre que l’œuvre de Napoléon n’est pas globalement positive !
Je vois dans ce type de fonctionnement du sentiment national la racine de notre refus officiel de la «repentance». J’y vois la racine des tentatives de lois visant à expliquer aux historiens, que, comme au bon vieux temps, il faut dire du bien de l'action coloniale. J’y vois aussi les fondements enfouis du prix accordé à Stephen Smith par le jury des lecteurs de France-Télévison pour son livre «négrologique», et de celui accordé par le Sénat à l’apologie de l’Europe négrière de Pétré-Grenouilleau.
Et c’est là que je voulais en venir : comme Jean Daniel écrivait de Le Pen qu’il avait rendu impossible tout débat sur l’immigration, l’ayant empoisonné, les discours du genre de l’apologie pétré-grenouillesque risquent fort d’empoisonner le débat sur l’esclavage et de nous empêcher d’entendre ce que dénonce Akam Akamayong dans l’article ci-dessous…
L’article :
«Démocratisation en Mauritanie : Horizon éclairci pour les Négro-Mauritanien ?»
Afrikara — 22/05/2007 —
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=
1769&PHPSESSID=c048ef2b6774c7723e9faa250f685851
par Akam Akamayong :
«En 2005 un coup d’Etat renversait le colonel président Ould Taya à la tête d’une junte militaire au pouvoir depuis 1984 dans l’ancienne colonie française de Mauritanie. Un coup de force qui n’avait suscité que des réprobations de pure forme tant le régime semblait peu défendable, notamment eu égard à ce que l’on nomme couramment «le respect des droits humains et citoyens», à l’image de beaucoup trop d’autres en Afrique. La surprise est venue de la gestion de la transition, qui s’est achevée par des élections considérées par l’ensemble des observateurs supposés dignes de foi comme plutôt correctes, bien moins ostensiblement douteuses que celles de pays en processus de démocratisation en principe avancé. Et la Mauritanie, terre historique de brassages de civilisations et de cultures, de recherche hégémonique aussi, abrite des enjeux africains et afro-islamiques de la première importance, exprimés par l’âpreté de la question des Négro-Mauritaniens, populations mélanodermes encore soumise à esclavage au XXIe siècle occidental malgré trois décrets d’abolition restés lettre morte à peu de choses près.
Le président de la république qui a prêté serment sur le Coran le 25 mars 2007, M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi a donné d’emblée des signes d’ouverture sur cette épineuse et douloureuse question aux racines lointaines. En effet les accords électoraux et le soutien des membres de la communauté noire de Mauritanie, les Harratines ont permis à des Négro-Mauritaniens de conquérir des postes politiques jamais revenus à des Non-Maures. Pour la première fois un descendant d’esclaves accède à la présidence de l’Assemblé nationale, c’est le cas de Messaoud Ould Boulkheir, ancien opposant et ancien candidat à l’élection présidentielle. Un autre Négro-Mauritanien, Ba Mbaré, ancien ministre sous Ould Taya a été élu à la présidence du Sénat et Yall Zakarya se voit attribuer le ministère de l’Intérieur.
Ces nominations et élections donnent de la visibilité à cette communauté qui a régulièrement subi les violences policières et fait l’objet de soupçons récurrents de déstabilisation politiques menant à des répressions et tortures inhumaines dans les années 80-90.
La communauté des Harratines avait été très éprouvée par les violences interraciales à l’origine de l’expulsion vers le Sénégal de centaines de milliers d’entre eux en 1989. Ces réfugiés attendent toujours de retourner en Mauritanie et aucun gouvernement ne s’est empressé jusqu’ici sur ce dossier vieux d’un cinquième de siècle, l’exil d’une population vivant d’expédients n’ayant pas engendré l’intérêt régional et international que l’on aurait pu attendre de responsables politiques.
Les racines du mal se retrouvent en partie dans l’horreur du Darfour et dans les difficultés d’existence -refoulées pour beaucoup- des Noirs des pays musulmans d’Afrique à cohabitation entre Noirs et Arabes [«Arabe», concept linguistique, n’étant d’ailleurs pas forcément une couleur de peau, chose que nos médias semblent ne pas percevoir concernant le Soudan – note de Delugio]. Les populations noires ont été pendant des siècles le réservoir d’esclaves des Etats et sociétés arabes qui procédaient souvent par razzias comptables de grands et chaotiques courants migratoires vers l’Afrique centrale et australe. Le nord du Centrafrique est resté pendant longtemps prisonnier de ces bandes organisées de commerçants d’esclaves qui laissaient les villages à feu et à sac pour s’approvisionner en Noirs à esclavagiser au Soudan et ailleurs. L’esclavage des Noirs est ainsi devenu un fait normal dans les sociétés arabo-islamiques et malgré les mutations et changements vers des régimes en principe républicains, les habitudes d’asservissements ont résisté. Les expériences vécues par de nombreux étudiants et visiteurs noirs dans les pays d’Afrique du Nord corroborent l’imprégnation profonde des sociétés arabo-musulmanes de cette lecture très dépréciative des Noirs, de quelles que confessions, nationalités qu’ils soient.
D’où logiquement de profonds ressentiments visant ces cultures ancrées où la servitude des Noirs est une partie banalisée du décor socioculturel, ressentiments qui alimentent des réticences et même une hostilité à toutes les velléités de panafricanisme incluant les pays arabo-musulmans.
Reste que pour un régime politique nouvellement élu sur une rupture d’avec un passé autoritaire et de racisme d’Etat, il ne sera pas simple de faire table raz de plusieurs siècles d’un imaginaire le plus répandu dans toute une aire culturelle. L’équation sera d’autant moins triviale qu’une république islamique souhaitant affronter le préjugé racial constamment confirmé par la position des Négro-Mauritaniens au bas de l’échelle sociale, ne se hasardera pas à déconstruire brutalement une vision du Noir amalgamée pour beaucoup -y compris pour des Noirs- avec l’Islam en pratique. Le paganisme allégué, les croyances dites animistes caricaturées produisent auprès des adeptes des religions autoproclamées olympiques du monothéisme et «du Livre» des formes d’identification des figures du mal engendrant sur des fondements aussi dangereux de réelles solidarités. Les défaites des civilisations négro-africaines à l’instar du puissant royaume du Ghana détruit au XIe siècle européen par les Almoravides ont donné un arrière-fond solide aux développements de préjugés dévalorisants sur ceux qui n’étaient plus que des captifs en masse, regardés sous cette unique étiquette de vaincus politique et sociétaux
En cela le jeu politique lorsqu’il peut se dérouler dans des conditions globalement saines, permettrait, par le biais des négociations et accords électoraux des différents candidats, de faire entrer progressivement en cité des minorités indispensables à l’élaboration de majorités électorales et de gouvernement. Les mentalités acquises aux changements démocratiques devront ainsi s’adapter à des critères nouveaux de considération de l’autre, ni coreligionnaire ni impie mais concitoyen au pouvoir de vote équivalent. Un début à confirmer par l’alliance d’actions volontaristes de type «affirmative action» avec de plus symboliques et subtiles jouant sur l’imaginaire, les valeurs nationales fédératrices.»
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vendredi, 06 juin 2008
Laurent Gbagbo sur les événements de 2004 et sur l'affaire Kieffer
Interview d’Ulysse GOSSET pour France 24
Interview en entier : http://appablog.wordpress.com/2008/06/05/laurent-gbagbo-p...
Ulysse Gosset s’est entretenu avec Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire, un pays en crise depuis plusieurs années. Regardez l'entretien dans son intégralité sur le "Talk de Paris" vendredi 6 juin à 19h10, heure de Paris (GMT+2).
(
[…]
M. Laurent GBAGBO.- […] je ne me sens pas dans la peau d’un coupable. [...]
Il y a eu une guerre civile dans mon pays. L’état français, dirigé par Jacques Chirac, a pris des positions qui nous ont amenés à le suspecter légitimement. Bon !
Nous avons, dans une offensive militaire, décidé de rompre toutes les bases arrières de la rébellion. On nous a déclaré que ces bombardements ont fait des morts français.
Je m’incline encore devant les morts, mais j’ai dit qu’il fallait des enquêtes pour vérifier si ce sont nos bombardements qui ont coûté ces morts, et dans quelle situation, quelle condition. Ce n’est pas encore fait.
Là-dessus, l’armée française, présente en Côte d’Ivoire, est dirigée par le général Poncet. A-t-il reçu des ordres de Paris ou pas ? Je n’en sais plus rien aujourd’hui. Il se met à casser toutes nos flottes aériennes.
M. Ulysse Gosset.- C’était une mesure de réaction de la France…
M. Laurent GBAGBO.- Oui, oui. La réaction populaire dans la rue ne s’est pas fait attendre. Les Ivoiriens sont descendus dans la rue, outrés qu’une puissance étrangère vienne casser sa flottille militaire. Telles sont les conditions dans lesquelles, eux, ils ont certainement été agressés et sont partis.
Si on veut discuter des responsabilités, je suis prêt à le faire, mais de toutes les responsabilités. On ne peut pas dire : “Oui, ceux qui ont tout perdu”, et jouer sur les sentiments. Le droit ne joue pas sur les sentiments mais sur les faits.
M. Ulysse Gosset.- Vous, est-ce que vous seriez prêt à les indemniser personnellement en tant que chef de l’Etat ?
M. Laurent GBAGBO.- Je fais ce qui est bien pour mon pays. En tant que chef d’état, je fais ce qui est bien pour mon pays. Il y a des entreprises, je pense qu’elles sont indispensables au bien-être de mon pays, donc je les aide.
M. Ulysse Gosset.- Qu’est-ce que vous dites à tous les Français…
M. Laurent GBAGBO.- Je leur dis que ce n’est parce que j’ai décidé d’indemniser les entreprises à se réinstaller, que je considère que j’ai tort dans l’affaire. Il faut que ce soit clair. Je ne considère pas du tout que j’ai tort, et je considère même, et je le demande depuis longtemps, qu’une enquête soit ouverte sur l’ensemble des éléments.
Certains députés français ont demandé une commission d’enquête française. Elle n’a pas eu lieu cette commission, elle n’a pas fonctionné.
Si aujourd’hui, je décide d’aider à ouvrir l’école française, si je décide vraiment d’aider certaines entreprises à s’installer, dans la mesure de mes moyens, c’est parce que c’est utile pour mon pays. Cela ne vaut pas acceptation d’une culpabilité quelconque.
M. Ulysse Gosset.- Quel est message que vous adressez à ces Français expatriés, qui vivaient en Côte d’Ivoire, qui sont partis ? Vous leur dites : “Venez, c’est calme” ?
M. Laurent GBAGBO.- Je dis : venez chez vous parce qu’à part ces quelques malheureux militaires français dont on nous a signalé la mort sur le front là-bas, et pour lesquels je demande une enquête qui n’a jamais pu avoir lieu, je demande qu’on élucide ça, aucun Français n’a été détroussé en Côte d’Ivoire, aucun Français n’a été pillé, aucun Français n’a été tué, chassé.
M. Ulysse Gosset.- Il y a quand même eu de graves incidents. Des français ont été molestés et d’autres choses graves. Vous le savez bien…
M. Laurent GBAGBO.- Oui, mais je vous ai resitué le contexte, mais sur ça, je ne me sens pas coupable, pas du tout !
M. Ulysse Gosset.- Pour l’avenir, vous leur dites : “Il est temps de revenir en Côte d’Ivoire” ?
M. Laurent GBAGBO.- Voilà ! Il est temps de revenir chez vous. C’est pourquoi, Monsieur Gosset, je vous dis que les hommes qui font de la politique doivent être toujours sérieux et toujours responsables. En effet, chaque homme qui fait la politique est responsable des millions de vies, et les gens ne savent pas que les mots qu’ils prononcent, les phrases qu’ils prononcent peut amener à des débordements. Il faut que, de part et d’autre, nous soyons responsables.
Sur l'affaire Kieffer :
Réaction de la famille de GAK : ici.
[…]
M. Laurent GBAGBO.- […] Guy-André Kieffer a disparu. Nous avons fait les recherches comme nous avons pu. Nous avons fait beaucoup de recherches. Je me suis investi, effectivement, dans ces recherches tout le temps que j’ai cru qu’il s’agissait d’une affaire de disparition d’homme, qu’il fallait donc le retrouver. Je me suis rendu compte, il y a quelque temps, que s’était brandi dans certains milieux comme un chiffon rouge devant le taureau que je se suis censé être politiquement.
Chaque fois que certaines personnes sont en difficulté, ils brandissent Guy-André Kieffer. Ce n’est plus mon affaire. Je pense que c’est totalement déplacé de jouer comme ça sur des sentiments… Moi, j’ai fait mon travail de chef d’état.
M. Ulysse Gosset.- Ne serait-il quand même pas mieux que l’enquête avance et que le juge français en charge de cette affaire puisse travailler jusqu’au bout pour qu’on puisse avoir les résultats de l’enquête officielle et que la justice avance ?
M. Laurent GBAGBO.- Je ne suis pas juge.
M. Ulysse Gosset.- Seriez-vous d’accord ?
M. Laurent GBAGBO.- Est-ce que, moi, je l’empêche de travailler ?
M. Ulysse Gosset.- Je ne sais pas.
M. Laurent GBAGBO.- Il entre en Côte d’Ivoire quand il veut, il sort quand il veut. J’apprends qu’il est sorti, entré. C’est son affaire. Ce n’est plus la mienne. Depuis que j’ai su que les gens essayaient de brandir cette affaire comme un chiffon rouge politique, cela ne me regarde pas.
M. Ulysse Gosset.- Saura-t-on la vérité un jour ?
M. Laurent GBAGBO.- Je n’en sais rien ! C’est au juge de dire la vérité, pas à moi. Je ne suis pas juge. C’est le juge français, Ramaël, qui est en charge de ce dossier. Je ne suis pas Français, je ne suis pas chef d’état français et je ne suis pas juge français.
M. Ulysse Gosset.- De façon générale, ne redoutez-vous pas que certains contentieux entre la France et la Côte d’Ivoire ralentissent le processus de normalisation du rapprochement ?
M. Laurent GBAGBO.- Sur le contentieux ? Qu’est-ce que vous appelez le contentieux entre la France et la Côte d’Ivoire ? Je n’en vois pas ! Parce que si un Ivoirien disparaît en France, que je me mets à accuser Nicolas Sarkozy de l’avoir enlevé, vous comprenez que le monde ne peut plus avancer.
Vous savez comme moi qu’il y a des tas et des tas de personnes qui disparaissent, même en Europe.
M. Ulysse Gosset.- Je ne parlais pas de ça.
M. Laurent GBAGBO.- Non. Moi, je vous le dis. Vous ne parlez pas de ça, mais moi j’en parle. Il y a beaucoup de disparitions. Les petites filles qui disparaissent en Europe, les jeunes gens, il y en a beaucoup ! Accuse-t-on les chefs d’Etat de les avoir fait disparaître ?
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lundi, 02 juin 2008
Au nord de la Côte d’Ivoire : « rétrocession de communes aux maires élus » (sic)
Deux extraits de l’article ci-dessous : Il s’agit de « rétrocéder les communes aux différents maires démocratiquement élus ». En l’occurrence, « rétrocession des mairies dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat ». Simple remarque : la… prise en main des mairies avant leur « rétrocession » aux maires élus était un des effets collatéraux de l’interposition Licorne et du tant vanté — par les médias français — « accord de Marcoussis ». Une… prise en mains, qui perdure dans les villes qui n’ont pas encore bénéficié de ladite « rétrocession », et qui inclut, avec la bénédiction de la « communauté internationale » la... ponction financière non-étatique desdites communes, ce qu’en d’autres lieux, et en termes moins choisis, on appelle « racket ».
Lu dans Fraternité Matin — samedi 31 mai 2008 — http://www.fratmat.info/1,,,1_fgfd10,,1.php?,__=eb,,0-0&a...:
« Sortie de crise : Les Forces nouvelles cèdent quatre autres communes »
Article par Adjé Jean Alexis, correspondant régional :
« La gestion des communes de Sakassou, Béoumi, Diabo et Bodokro qui était aux mains des Forces nouvelles, depuis le déclenchement de la crise militaro-politique qu’a connue le pays, le 19 septembre 2002 a été cédée à ses maires, hier au secrétariat général desdites forces. Le commandant de la zone 3, le chef de bataillon Chérif Ousmane, a profité de cette occasion pour attirer l’attention du secrétariat national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO sur la prise en charge des éléments des Forces nouvelles. En attendant que le gouvernement qui s’est engagé dans ce sens dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat dégage les moyens nécessaires. Avant de dire que cela ne peut constituer un frein au respect de leurs engagements c`est-à-dire continuer à rétrocéder les communes aux différents maires démocratiquement élus. "La preuve, après la commune de Bouaké, c’est nous-mêmes qui avons rappelé au secrétaire national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO que les communes telles que Sakassou, Béoumi, Diabo et Bodokro méritent également d’être restituées à leurs maires respectifs", a-t-il laissé entendre. Le représentant du secrétaire national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO, M. Abel Djoré, a fait savoir que l’acte important qui vient d’être posé rentre dans le cadre du processus de paix en cours dans le pays. Et que chacune des parties en présence se doit de jouer sa partition pour permettre à la Côte d’Ivoire de sortir de cette crise qui n’a que trop duré. "Les Forces nouvelles, à travers leur secrétariat national chargé de l’économie et des finances ont pris l’engagement d’aller jusqu’au bout", a-t-il affirmé. Intervenant au nom de ses pairs, M. Kouadio Kouamé Eugène, le maire de la commune de Sakassou, a exprimé toute sa reconnaissance au secrétaire général des Forces nouvelles et à travers lui, tous les membres de ce mouvement qui ont pris l’engagement de leur céder l’ensemble de leurs outils de travail qu’ils détenaient. Pour lui, leur priorité est d’abord d’aller à la rencontre de leurs populations pour les sensibiliser sur ce grand changement à vient de s’opérer. Et ensuite, de se remettre rapidement au travail pour rattraper le temps perdu dans l’intérêt de leurs administrés. M. Djézou Konan, le secrétaire général de la préfecture de Sakassou, représentant le préfet de ce département, a souligné que l’acte que viennent de poser les Forces nouvelles est d’une importance capitale pour l’administration. Parce que le processus de paix qui est en cours et dont la rétrocession des mairies dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat est un maillon, rencontre pleinement l’adhésion de l’administration ivoirienne. Puis il a précisé que les éléments du Centre de commandement intégré (CCI) qui ont été désignés pour suppléer les Forces nouvelles dans le département de Sakassou dans le cadre de la sécurisation des biens et des personnes tardent à se redéployer. Cela, précise-t-il, pose problème. C’est pourquoi, il a affirmé que les populations du département ont encore besoin des Forces nouvelles pour assurer leur sécurité jusqu’à la sortie définitive de la crise. »
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vendredi, 30 mai 2008
Nouveau scoop dans l’affaire Kieffer : Boga Doudou opposant de Gbagbo !
… Opposant « notoire » pour citer précisément David Servenay annonçant sur Rue89 un « scoop » de Canal+.
Car voilà qu’on nous ressert les fameux « escadrons de la mort de Gbabgo » que d’autres journalistes avaient jusque là pris l’habitude d’évoquer avec plus de circonspection…
David Servenay, lui, qui semble ignorer qui était Émile Boga Doudou, semble ne pas savoir non plus que la justice française a condamné ses confrères qui avaient lancé le « scoop » desdits « escadrons » (en tête desquels confrères Stephen Smith du Monde — tout de même). Diffamation, pour laquelle de tels grands noms de la presse française ont dû payer au couple Gabgbo et à leurs gardes du corps des dommages et intérêts. Il y a quelque temps il est vrai : David Servenay a donc dû oublier…
À moins qu’il n’argumente à l’esbrouffe. Il n’avait pas cité Boga Doudou parmi les « opposants notoires » de son article. Il ne le mentionne qu’en commentaire, talonné par des commentateurs (Djignab et Destribat) qui lui demandent de nommer les fameux « opposants notoires » assassinés. Et comme il n’y en a pas, il nous lâche… Boga Doudou, proche de Gbagbo, haut responsable du FPI assassiné alors que la rébellion tente de renverser le gouvernement Gbagbo dont Boga Doudou est ministre de l’Intérieur ! Soit D. Servenay est très (trop) mal renseigné, soit il tente un coup d’esbrouffe (espérant que ses commentateurs soient aussi mal renseignés qu’il semble l’être ?) pour étayer son propos sur les « escadrons de la mort ».
Pour les autres victimes qu’il mentionne, il déclare le comédien télé Camara H « opposant notoire » — sauf que la notoriété de Camara H n’était pas due à son appartenance au RDR mais à son statut d’homme de télé connu !… Du coup, le voilà qui représente à lui tout seul « les artistes » (au pluriel – sic) assassinés… Son cadavre, on s’en souvient, s’est trouvé exhibé sur le terre-plein central d’une voie rapide très fréquentée, et arboré en boucle dans tous nos journaux télévisés — ce qui a alors permis aux médias français d’occulter, ou au moins de lourdement minimiser, les manifestations monstres d’Abidjan contre le coup fourré parisien de Marcoussis.
Voilà un assassinat qui, pour Gbagbo, serait revenu à se tirer une balle dans le pied, comme celui de son ancien ami Dacoury-Tabley (le troisième que mentionne Servenay, en commentaire) ; comme aussi celui du jardiner de Ouattara qui se trouve précisément être le jardinier… de Ouattara — ce qui en fait ipso facto un haut cadre de l’opposition !? pour reprendre l’interrogation de Destribat. On lira avec profit ses commentaires, ainsi que ceux de Djignab. Ils ont manifestement mis dans l’embarras D. Servenay, lequel a utilisé, ainsi que le note Destribat, et apparemment comme seule source sur ce point, un article de Jeune Afrique — du temps où le magazine était une des voix marquantes des attaques françafricaines contre la Côte d’Ivoire.
Mais alors quid de l’autre « scoop » ? — celui de Canal+ sur l’affaire Kieffer… Eh bien là, pas grand-chose, hélas.
Pour l’essentiel, ce qui était déjà de notoriété publique : la Côte d’Ivoire a acheté des armes pour se défendre, et a pour cela utilisé l’argent que lui rapporte le cacao qu’elle produit. Ce qui n’a jamais été ignoré. « Gbagbo est le premier à avoir dit que l'argent du cacao a servi à acheter des armes pour protéger l'État ivoirien. C'était en 2003, donc avant que Monsieur Kieffer ne disparaisse », note Djignab.
Un commentaire de Destribat pose la bonne question : « si la France n'avait pas fui ses responsabilités (application des accords de Défense de 1962), l'argent du cacao aurait servi à financer des projets éducatifs, de santé »... et il n’y aurait pas eu de lieu d’acheter « des armes en Ukraine, des drones et l'assistance militaire israéliens », poursuit Destribat.
C’est là qu’est le mystère de l’affaire Kieffer… Car quel sens cela a-t-il de faire disparaître quelqu’un réputé dévoiler… des faits connus ?
Quant à ce que la justice française se voit opposer des obstacles, ce n’est pas un scoop non plus, comme il n’est plus un scoop que Paris lui oppose des obstacles dans l’enquête sur la mort des soldats français de Bouaké.
Un des obstacles majeurs à l’enquête Kieffer consiste peut-être… à faire mine de bloquer sur la non-extradition de Legré ! Comme si, en inversant les choses, un Français soupçonné par la justice ivoirienne d’avoir participé à un enlèvement en France pouvait être extradé vers la Côte d’Ivoire !!!
Quant aux « témoins » qui sont en France, Jean-Tony Oulaï ou Berté Seydou, leur présence n’a pas fait avancer grand-chose. Ils ont pourtant fait eux aussi l’objet de nombreux « scoops ».
Et pendant qu’on nous ressert ce type de « scoops » sempiternels, l’enquête piétine… En revanche, il semble que les « escadrons de la mort » aient encore de beaux jours médiatiques devant eux…
À preuve, il n’en fallait pas plus pour que Hofnung sorte de son amer silence et nous donne la conclusion de ce qui à ce jour reste une énigme : Legré comme « appât » (certes au conditionnel – restons prudent) et Gbagbo comparé à Le Pen évoquant son « détail » ! Où Hofnung franchit une nouvelle étape : comme le note très bien Djgnab, il fallait « oser mettre en parallèle la négation d’un génocide » avec l’affaire Kieffer. Hofnung a osé ! « Libération ne serait-il pas un peu haineux ? » demande Djignab en titre de son article. Comme le remarque Théo en commentaire : « Contre Gbagbo, contre Chavez, à peine contre Bush... Fort avec les faibles, faible avec les forts ». Attitude qui apparemment satisfait Hofnung, mais qui n’apporte rien concernant Kieffer — même quand il nous assure que « Kieffer multipliait les scoops dans la presse locale sur les malversations présumées des caciques du régime de Laurent Gbagbo » (cf. la réponse de Djignab). (Je n’ai toujours pas trouvé le ou les articles de Kieffer en question. Un commentateur de Servenay, Paul Aymé, promet qu’ « en quelques clics sur internet, vous en trouvez au moins une quinzaine sur différents sites » — « cacao ivoirien, global witness, bitter chocolate de carol off, la lettre du continent » précise-t-il. Les moteurs de recherche ne m’ont pas fourni lesdits articles de Kieffer à ces références-là… Si quelqu’un est plus habile que moi…)
Les questions troublantes sont posées, en commentaire de l’article de Hofnung, par Bernard Kieffer : « Pourquoi l'ambassade de France et les deux représentants du Quai d'Orsay qui étaient sur place ont-ils discrédité Guy-André Kieffer ("c'était un affairiste douteux qui n'a eu que ce qu'il méritait"), sitôt son enlèvement connu ? Pourquoi Le Lidec, ci-devant ambassadeur de France, a-t-il refusé de recevoir GAK qui lui avait demandé audience quelques jours avant son enlèvement ? […] Pourquoi Joubert et Delapalme ont-ils refusé de s'expliquer devant les auteurs du reportage diffusé par Canal Plus ? […] Pourquoi le Quai d'Orsay prétend-il n'avoir aucune information sur cette affaire qui regorge d'informateurs en tout genre ? […] Pourquoi la Brigade criminelle s'est-elle vu interdire de travailler sur ce dossier en novembre 2007, alors qu'elle enquêtait depuis le début de l'affaire ? Pourquoi cette attitude plus qu'ambiguë des autorités françaises ? »
Destribat, qui se présente comme « un simple citoyen qui refuse simplement d'être pris pour un con » rappelle quelques éléments utiles :
« Tout le monde sait que c'est Gbagbo qui a demandé [à GAK] cet audit sur la filière cacao. Si comme semble le montrer l'enquête, les hautes autorités ivoiriennes sont impliquées dans cette affaire, qu'est-ce qui les empêchait dès le départ d'expulser GAK ? Lorsque les autorités ivoiriennes dénonçaient l'impartialité de RFI dans le traité de la crise ivoirienne, ils ont purement et simplement privé d'antenne la radio. […]
Jean Ziegler ventait les louanges de l’Assurance Maladie Universelle que le parti de Laurent Gbagbo a fait adopter au parlement ivoirien début 2002. Le financement de ce programme, une première dans un pays du tiers Monde, a été bouclé en parti en prélevant une taxe sur l’exportation du cacao (Gbagbo parlait de 1 à 2% à l’époque). L’AMU devait garantir à toute personne résidant sur le territoire national de bénéficier des soins gratuits. Ce programme n’a pas hélas pu se mettre en place à cause de cette sale guerre, et l’argent prévu à cet effet a servi à acheter les armes pour résister à une rébellion dont les soutiens extérieurs sont légions.
L’armée ivoirienne ? Elle n’existait que de nom. […] La Côte d’Ivoire a procédé à un réarmement important […].
Les pistes américaines et européennes, plusieurs quotidiens qu’on qualifie de proche du pouvoir l’on souvent mentionné en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens ont la conviction que l’Affaire GAK est devenue aujourd’hui un épouvantail pour faire pression sur Gbagbo à chaque fois que le processus de paix semble aller vers la résolution définitive du conflit. »
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mercredi, 28 mai 2008
Elisabeth, 12 ans, violée par dix Casques bleus en Côte d'Ivoire
La Tribune de Genève — 28 Mai 2008 — http://www.tdg.ch/pages/home/tribune_de_geneve/l_actu/mon...
Les abus sexuels commis par les soldats de l'ONU et les travailleurs humanitaires restent impunis. Une ONG dénonce. Et appelle la communauté internationale à agir enfin.
par Andrés Allemand :
«Ils m'ont attrapée, jetée à terre, violée l'un après l'autre. Je voulais m'enfuir, mais ils étaient dix. J'étais terrifiée. Quand ils ont terminé, ils m'ont abandonnée là, baignant dans mon sang...» Elisabeth* n'avait que 12 ans, en juin dernier, lorsque son chemin a croisé celui des Casques bleus pakistanais. Pour son plus grand malheur. Les soldats de l'ONU effectuaient une mission de «maintien de la paix» en Côte d'Ivoire. Dans le village de la fillette, on affirme que les militaires n'ont jamais été inquiétés.
Le récit bouleversant d'Elisabeth n'est qu'un des trop nombreux témoignages recueillis par l'ONG britannique Save The Children au cours des douze derniers mois. A en croire le rapport publié hier, des abus sexuels sont commis régulièrement par des Casques bleus, mais aussi par des travailleurs humanitaires.
Il ne s'agit pas toujours de viols. Affamés, des enfants sont contraints de vendre des faveurs sexuelles contre de la nourriture ou du savon dans des zones dévastées par la guerre ou des catastrophes naturelles. Surtout en Côte d'Ivoire et en Haïti. Les petites victimes ont parfois à peine 6 ans! «Notre enquête met au jour les actes ignobles d'un petit nombre de personnes qui abusent les enfants les plus vulnérables au monde, qu'ils sont supposés protéger», dénonce à Londres la directrice de Save The Children, Jasmine Whitbread. L'ONG affirme qu'on trouve de tels «prédateurs» dans toutes les organisations.
L'Afrique à vendre?
Elle estime que les politiques de «tolérance zéro» n'ont pas été traduites sur le terrain. L'impunité serait totale. C'est pourquoi Save The Children appelle d'urgence les acteurs internationaux à faciliter le dépôt de plaintes, afin de pouvoir sanctionner sévèrement les coupables et apporter un soutien aux victimes...
«Déposer plainte? Mais la plupart des victimes ne le feront jamais! Les abuseurs sont ceux dont elles dépendent pour se nourrir», objecte un humanitaire onusien sous le couvert de l'anonymat. «La vérité, c'est qu'il faut être extrêmement solide pour faire ce boulot. Vous n'imaginez pas comme la tentation est forte. Le continent noir est si vulnérable... Toute l'Afrique est à vendre! Dans les zones d'intervention internationale, les gens sont traumatisés. Les pires abus sont commis à l'intérieur même des familles et des communautés. Il n'y a plus ni bien ni mal. Alors si les Casques bleus n'ont pas une sérieuse formation aux droits de l'homme, s'ils n'ont pas été choisis pour leur droiture, s'ils ne sont pas régulièrement envoyés en «décompression» dans une grande ville où ils peuvent accéder à la prostitution «légale», alors certains succombent à leurs pires fantasmes.»
«Quant aux humanitaires, ne les croyez pas à l'abri de leurs pulsions!» poursuit notre interlocuteur. «Les internationaux gagnent 15 à 20 fois plus que leurs collègues locaux, qui comptent pour 90% des employés. Ceux-ci sont recrutés au sein de cette population traumatisée. Ils sont engagés sur des contrats de courte durée. L'avenir n'est jamais assuré. Pour beaucoup, la motivation humanitaire est secondaire, la corruption banalisée et le vice à portée de main. Voilà les problèmes à résoudre. Il serait temps de les affronter.»
Elisabeth est un prénom d'emprunt
07:46 Publié dans Articles de presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vingtaine, côte d'ivoire, afrique, delugio, politique, actualité, international
vendredi, 23 mai 2008
Quand la vérité rattrape le mensonge tôt levé...
Une vidéo édifiante -
le retour des investisseurs français en Côte d'Ivoire :
http://news.abidjan.net/videos/videowcat/eco_n/8963.htm
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Voir aussi sur le blog de Théo, un "Aveu de taille" du chef rebelle "Wattao" :
"Même le Président Gbagbo qui avait les moyens de nous écraser a accepté de négocier, il nous a tendu la main. Cela doit servir de leçon à tout le monde."
Le "lapsus" de Raffarin affirmant fin 2004 : « l’armée française est là pour défendre les rebelles du Nord »… « euh… et les populations » - ce lapsus n'en aurait donc pas été un...
09:25 Publié dans Analyses & commentaires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vingtaine, côte d'ivoire, afrique, delugio, politique, actualité, international
mardi, 20 mai 2008
Mamadou Koulibaly aux populations de Tiassalé
«Koulibaly Mamadou aux populations de Tiassalé - “Gbagbo ne veut plus d’un gouvernement de tout le monde”»
Notre Voie — No 2985, lundi 19 mai 2008 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :
par Robert Krassault, envoyé spécial :
« Le 3ème vice-président du Front populaire ivoirien, M. Koulibaly Mamadou, par ailleurs, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, était, les jeudi et vendredi derniers dans le département de Tiassalé. Il était porteur de plusieurs messages du président Laurent Gbagbo.
“Le président Laurent Gbagbo m’a dit de vous dire que la Côte d’Ivoire va mal et qu’il le sait. Il m’a dit de vous dire qu’il est au courant de vos plaintes et complaintes, de vos frustrations. Il m’a dit de vous dire de ne pas vous décourager, de tenir debout, d’espérer et d’avoir foi en la Côte d’Ivoire”, a expliqué M. Koulibaly Mamadou, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, 3ème vice-président du Front populaire ivoirien au pouvoir, le jeudi 15 mai dernier, aux populations de N’Douci rassemblées, pour la circonstance, au quartier Plateau Kotican et aux populations de Tiassalé qui avaient, elles, envahi aux premières heures de l’après-midi l’espace situé devant la pharmacie Akpo Joseph. Le lendemain, vendredi 16 mai, il donnait ce même message du chef l’Etat ivoirien aux populations de la nouvelle sous-préfecture de Binao-Boussoué qui avaient pris d’assaut, tôt le matin, l’espace du marché du quartier Boussoué.
Partout sur son passage, le président Mamadou Koulibaly a ainsi expliqué que le pays se porte très mal et tout dégringole. “Les entreprises ferment et donc il y a du chômage. Les entreprises ne se créent pas et donc il n’y a pas de travail pour les femmes et pour les jeunes. L’Etat, lui, a des difficultés, donc les retraites et les salaires sont difficiles à payer”, a-t-il indiqué. Il a expliqué que quand Gbagbo a pris le pouvoir, il avait promis aux Ivoiriens de faire en sorte que les enfants puissent aller à l’école. Parce que, a soutenu M. Koulibaly Mamadou, Gbagbo était convaincu qu’un pays ne peut se développer que s’il a beaucoup de gens partis à l’école. Des gens éduqués, bien formés qui apprennent dans de grandes écoles et grandes universités; des gens qui ont des compétences et puis qui ont du travail, etc.
La guerre a interrompu le programme de Gbagbo
“Malheureusement, à cause de la pauvreté, dira-t-il, on n’a pas pu faire ça pendant longtemps. On avait même dit qu’aux heures de l’école, si on trouvait un enfant dehors ou au champ, on l’attrape et on va demander à son père pourquoi l’enfant est dehors. Certains parents nous ont dit : “Mais l’école, c’est cher !”On a dit que ça va se faire gratuitement et que l’argent de l’Etat doit servir à payer l’école, puis à former les gens. Et puis le jour où il n’y aura plus d’analphabètes en Côte d’Ivoire, nous allons commencer à rentrer dans le monde du progrès et puis avancer. Malheureusement, le président Gbagbo dit qu’il n’a pas pu faire ce travail-là à savoir l’école gratuite et obligatoire, parce que la guerre est arrivée un an et demi après la prise du pouvoir”.
Le 3ème vice-président du Front populaire ivoirien ne s’est pas arrêté là. Il a aussi rappelé aux populations de N’Douci, Tiassalé et de Binao-Boussoué que Gbagbo avait aussi promis de faire la décentralisation. “Boga Doudou a fait les lois. On a tout voté. On a fait les élections. On a installé les maires. On a installé les conseils généraux; les départements ont été créés. L’idée était que si vous vouliez une école, un pont, une adduction d’eau, d’électricité, ce n’était pas la peine d’aller attendre dans le ministère, taper à la porte, aller et venir. Le président Gbagbo avait dit que si les populations, elles-mêmes, pouvaient élire le président de leur département, l’Etat ivoirien donne à ces présidents de département 3 milliards de FCFA par an. Ce n’était pas beaucoup, mais, pour commencer, c’était énorme. Malheureusement, à peine un mois installés, les départements n’ont pas fonctionné; il y a eu la guerre. Au lieu de 3 milliards par département, actuellement l’Etat ne donne que 300 millions de FCFA. Ça ne peut pas faire grand-chose. Le président Gbagbo m’a dit de vous dire qu’il n’a pas pu réaliser son programme. Il avait dit qu’il allait gouverner autrement. Mais aujourd’hui, nous voyons tous que le gouvernement ne fonctionne pas. Il a dit qu’il ne faut pas vous décourager. Il faut garder foi. Il faut garder confiance dans votre pays. Il ne faut pas penser aux difficultés locales, aux difficultés momentanées. Il ne faut pas tout abandonner. Il m’a dit de vous dire qu’il est au courant. Les difficultés dont vous parlez, il les connaît”.
Les élections vont mettre fin aux souffrances des populations
M. Koulibaly Mamadou a toutefois rassuré les militants du Front populaire ivoirien et tous ceux qui sont venus l’écouter que le mal dont souffre la Côte d’Ivoire ne peut pas perdurer. Parce qu’il a indiqué que le chef de l’Etat dit qu’il est convaincu que ces difficultés ne peuvent prendre fin qu’avec les élections. “Il n’ y a pas d’autres issues. On ne peut pas acheter des fusils pour nous entretuer. Il y a eu trop de morts déjà. Et puis 5 ans de guerre, on a vu ce que ça a coûté. Ceux qui ont provoqué souffrent. Ceux qui ont supporté souffrent. Ceux qui en ont été victimes souffrent. La Côte d’Ivoire souffre; les pays voisins souffrent. Aujourd’hui, tout le monde regrette. Le président Gbagbo dit qu’on va sortir de la crise par les élections”, a-t-il encore indiqué. Aussi le président Koulibaly Mamadou a-t-il attiré l’attention des populations de ne pas s’asseoir pour croire que quelqu’un d’autre ira voter pour elles. “Il n’y a pas d’autres votants que vous. C’est tous ceux qui sont ici et qui ont 18 ans. C’est tous ceux qui sont ici qui ont 17 ans, le temps des élections qui vont avoir au moins 18 ans. Ce sont les Ivoiriens et c’est la Côte d’Ivoire”, a précisé le 3ème vice-président du FPI. Qui a invité les populations à se rendre au bureau de vote le jour de l’enrôlement pour faire les papiers nécessaires: la carte d’électeur et la carte nationale d’identité; en se présentant devant l’agent recenseur avec son jugement supplétif ou l’extrait d’acte de naissance.
“Le président Gbagbo m’a dit de vous dire qu’il faut voter pour lui pour qu’il ait le pouvoir au premier tour afin qu’il compose son gouvernement pour sortir de la situation d’irresponsabilité dans laquelle nous sommes”, a rapporté M. Koulibaly Mamadou. Il a expliqué que si Laurent Gbagbo ne gagne pas au premier tour des élections, il sera obligé de négocier avec ses adversaires politiques. Pour le président de l’Assemblée nationale, cela veut dire que la Côte d’Ivoire restera dans la situation de gouvernement “Nzassa”. Un gouvernement mélangé. Aussi indique-t-il qu’il faut craindre pour l’avenir dans ce cas-là. “Gbagbo m’a dit de vous dire qu’il ne veut plus ça. Il veut gagner au premier tour. Il a besoin de votre soutien.Le président Gbagbo m’a dit de vous féliciter et vous remercier pour toute la patience que vous avez eue, parce que, malgré toutes ces difficultés que nous avons connues ici, les gens ne sont pas venus nous jeter des sacs de riz, de patate. On a continué à se débrouiller quand même. C’est dur, mais on se débrouille. Dieu merci ! Ça va mieux, mais on n’a pas d’idéal. Ça ne va bien. Ça va bien qu’en 2005. Mais ça va mieux qu’en 2002. C’est encore très mauvais et il nous faut serrer les coudes”, a conclu M. Koulibaly Mamadou. »
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