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« Affaire Kieffer, affaire «bombardement» de Bouaké : deux traitements médiatiques | Page d'accueil | Sus à l’opération mains-propres »

mercredi, 09 juillet 2008

Scoop dans l’affaire Kieffer : la présidente du groupe FPI à l’Assemblée nationale ivoirienne convoquée par RFI chez un juge français…




trompettes.jpgLa nouvelle est claironnée depuis hier dans les médias français (cf. article ci-dessous *) : depuis le Soir3 jusqu’à nouvelobs.com, qui titre carrément « Le juge convoque la femme du président Gbagbo » (sic).

C’est donc (par incidence) au titre de « femme du président Gbagbo » qu’elle serait convoquée.

On imagine le tollé avec un titre dans la presse ivoirienne du genre : « le juge convoque la femme du Président Sarkozy à Abidjan ».

Sauf que là, elle n’est pas seulement « la femme du Président Gbagbo », elle est aussi députée élue, au bénéfice comme telle de l’immunité parlementaire — présidente du groupe FPI majoritaire à l’Assemblée nationale ivoirienne, homologue de Jean-Marc Ayrault, comme présidente du groupe parlementaire socialiste, ou de Jean-François Copé, comme présidente du groupe majoritaire à l'AN.

On imagine le scoop : « le juge ivoirien convoque Jean-Marc Ayrault /ou Jean-François Copé à Abidjan ».

Si on y ajoute, convoqué aussi, un ministre d’État (Paul-Antoine Bohoun Bouabré) — mettons en parallèle M. Alliot-Marie par exemple : les dernières révélations sur l’affaire Bouaké-Abidjan 2004 vaudraient bien tout de même une convocation comme « simple témoin »…

Car c’est comme simples témoins que Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré sont convoqués. Nouvelobs.com ne nous avait pas habitués à de telles circonlocutions concernant celle qui se trouve être la belle-sœur de son beau-frère (lequel est réputé être le dernier à avoir rencontré Kieffer). D’habitude, cela vaut culpabilité avant tout jugement à Simone Gbagbo (qui est non seulement la belle-sœur de son beau-frère mais aussi la femme de son mari).

Cette fois nouvelobs.com tient tout de même à préciser (c’est à mon sens le vrai scoop de l’affaire) que «
les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».

Malgré tout cela, « on ne s'oppose pas par principe à une convocation » a fait savoir Me Rodrigue Dadje (avocat de Mme Gbagbo) selon l’AFP, qui précise : « "Il ne faut pas qu'on donne l'impression que Mme Gbagbo fait obstruction à l'appareil judiciaire français", a souligné Me Dadje, ajoutant que "Mme Gbagbo souhaite aussi que la vérité soit faite sur ce dossier et que la page soit tournée". »

Façon de couper court à ce que l’on ressort régulièrement et qui ressemble (cette fois plus que jamais) très fort à une provocation à fin de stigmatisation médiatique : répondre "non" à une telle provocation convocation, reviendrait évidemment à servir une « preuve » médiatique de culpabilité de Simone Gbagbo.

Une convocation qui sort apparemment opportunément — pas par rapport à l’affaire Ingrid (autre disparue célèbre dont il n’a échappé à personne qu’elle avait été libérée), mais quant aux coïncidences d’agenda

Et quand on sait par ailleurs que la convocation en question, reprise par les autres médias français, sort pour l’instant des seuls studios de RFI… Ça, c’est un scoop
(cf. article ci-dessous **) !

*

 

* Rudy, Ségolène et Simone… ou : l’huile sur le feu médiatique
(Delugio - 09/07/2008)

 

1) Rudy : Libération (le 8 juillet) annonce, reprenant une dépêche AFP, l’interpellation de cinq personnes dans le cadre du déferlement de violence qui avait plongé le jeune Rudy dans le coma.

Sous-titre : « ce jeune juif avait été grièvement blessé le 21 juin lors d'affrontements intercommunautaires entre bandes dans le XIXe arrondissement de Paris ».

Tiens, se dit le lecteur, l’antisémitisme est passé à la trappe, suite probablement aux premiers résultats de l’enquête, lesquels avaient débouché concernant l’antisémitisme, on s’en souvient, sur l’idée d’une simple « incidence ».

Puis arrivant au bout de ce bref article, le lecteur découvre que les violences desdits « affrontements intercommunautaires entre bandes » sont « aggravées par le caractère antisémite de l'agression »...

Voilà un bref article à même de produire un effet catastrophique ! Car de deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une agression antisémite, et cela devrait paraître en sous-titre (au lieu d’ « affrontements intercommunautaires »).

Où il ne s’agit pas d’antisémitisme, et on évite de parler de violences « aggravées » ! Sauf à vouloir induire le soupçon selon lequel l’affiliation religieuse d’un membre des bandes lors d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » vaut traitement particulier !

Qu’est-ce qu’un tel traitement médiatique fait d’autre qu’attiser la concurrence inter-« communautaire » ? — c’est-à-dire mettre de l’huile sur le feu :

- les uns jugeront à juste titre que considérer l’antisémitisme comme simple circonstance aggravante de ce qui — si l’antisémitisme est le mobile — s’apparente à un acte genre pogrom, est tout simplement indécent.

- les autres considèreront à tout aussi juste titre que mentionner l’antisémitisme comme circonstance aggravante s’il s’agit d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » consiste à faire deux poids deux mesures selon qui reste sur le carreau lors desdits affrontements.

Voilà un emballement politico-médiatique, celui du 21 juin dernier, dont il reste au moins cette trace médiatique : le concept d’ « antisémitisme par incidence », avec effet catastrophique (à présent avéré dans un bref article de Libé) des emballements politico-médiatiques récurrents (et intéressés concernant les politiques) : les victimes de ces emballements sont de toute façon et les juifs et les Arabes / ou les « noirs ».


2) Ségolène : toujours dans Libération, reprise d’une dépêche, de Reuters cette fois. On apprend que Ségolène Royal s’est élevée contre cette façon sarkozienne de se moquer des grévistes en clamant que "désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit" — propos déjà déplorés par les syndicalistes.

L’article rapporte la vive dénonciation du propos par Ségolène Royal :
« "On se croirait revenu sous l'Ancien régime où le roi s'amuse, le roi dilapide l'argent, le roi soigne ses amis, le roi enrichit ceux qui sont déjà riches", a déclaré mardi l'ex-candidate PS à la présidentielle sur RTL.
"Et pendant ce temps là, le peuple s'appauvrit", a-t-elle ajouté, précisant: "Pour lui l'argent n'a pas d'importance, puisqu'il croule sous l'argent. Il ne se rend pas compte que les gens sont désespérés."
Ségolène Royal a invité Nicolas Sarkozy à se méfier des "protestations muettes", soulignant qu'il était "très difficile aujourd'hui pour les salariés de perdre une journée de salaire sur des grèves."
Pour l'ex-candidate socialiste, les propos du chef de l'Etat témoignent d'une "méconnaissance de ce qui se passe aujourd'hui en France". »


Jusque là, la dépêche rend compte. Et voilà que l’article conclut — que le lecteur s’accroche :
« Ségolène Royal a provoqué par ailleurs un tollé la semaine dernière lors d'un voyage à Québec en affirmant que Nicolas Sarkozy n'était "absolument pour rien" dans la libération d'Ingrid Betancourt.
Même à gauche, des voix se sont élevées pour condamner la présidente de la région Poitou-Charentes. »


Quel rapport avec le sujet sur les propos sarkoziens ? Aucun, ou plutôt un seul : discréditer la dénonciation en discréditant celle qui l’a portée — via le sous-entendu : Ségolène Royal s’emballe pour rien…


3) Simone : nouvelobs.com cette fois, annonce que
« Le juge convoque la femme du président Gbagbo » — à propos de l’affaire Kieffer.

En fin d’article — comme la « circonstance aggravante » pour Rudy et le détour par Ingrid pour Ségolène — en fin d’article donc, on apprend, pour la première fois à ma connaissance depuis les mises récurrente de Mme Gbagbo sur la sellette médiatique, que
«
les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».

Depuis on sait en outre que ladite « convocation » a été émise par… RFI ! Cette nouvelle information n’a pas été répercutée, à ma connaissance, par nouvelobs.com par les autres des médias français qui s’étaient fait l’écho de ladite « convocation »…


*


** Affaire Kieffer / Ramaël outrepasse ses droits : Tchimou monte au créneau


Fraternité Matin — 10 juillet 2008 — http://www.fratmat.info/1,,,1_fgfd10,,1.php?,__=eb,,0-0&a...

par
Ferro M. Bally :

« Le procureur de la République anime ce jour une conférence au moment où des convocations ont été adressées à des citoyens par des “canaux non conventionnels”. Le procureur de la République anime cette après-midi même une conférence de presse sur l’affaire Guy-André Kieffer, du nom du journaliste franco-canadien porté disparu depuis le 16 avril 2004. Féhou Raymond Tchimou a eu une séance de travail, mardi après-midi, principalement avec le conseil de Mme Simone Gbagbo, Première dame de Côte d’Ivoire, pour faire la lumière sur la présumée convocation, aujourd’hui à Paris, de la Première dame et du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, par le juge d’instruction français, Patrick Ramaël en charge de l’affaire. Pour être entendus comme témoins. Les “pseudo-convocations” ne seront pas, aujourd’hui, suivies d’effets. Mme Gbagbo et M. Bohoun Bouabré ne se rendront pas dans la capitale parisienne pour être entendus sur la disparition, dans des conditions non encore élucidées, du journaliste Kieffer. Mais l’évolution de la situation soulève deux problèmes clés. Le premier porte sur la violation du droit et des procédures normales. Car, en dépit des dispositions de la coopération judiciaire entre la Côte d’Ivoire et la France, Patrick Ramaël a été autorisé, par le ministère ivoirien de la Justice, à instruire en Côte d’Ivoire, en lieu et place de ses homologues qui exercent sur le territoire ivoirien qu’il aurait dû saisir dans le cadre de l’affaire Kieffer qu’il instruit. Ce sont ces derniers qui devraient entendre les présumés coupables, les témoins et lui transmettre, à Paris, les conclusions des auditions. Mais, comme il a, au vu et au su de tous, outrepassé ses droits, il continue sur sa lancée, sans que l’Etat ivoirien, pris au piège de ses propres turpitudes et de ses complexes, ne trouve à redire. Aussi, peut-il, comme il l’a avoué, lui-même, hier sur RFI, “passer par des canaux non conventionnels” pour convoquer Mme Gbagbo et le ministre d’Etat Bohoun. Le second problème concerne le mépris du juge français pour les institutions ivoiriennes. Mme Simone Gbagbo et M. Bohoun Bouabré sont deux personnalités de la Côte d’Ivoire. Ils n’ont certes pas le statut d’un Chef d’Etat en exercice, mais ils ont des qualités qui les mettent à l’abri de poursuites cavalières. La Première dame est député. Pour cette raison, Ramaël aurait dû, à travers les autorités ivoiriennes, écrire au Parlement ivoirien pour demander à l’entendre. Comme l’a fait justement la justice ivoirienne pour le député Abo Daniel dans l’affaire des malversations dans la filière café-cacao. L’immunité parlementaire dont bénéficie Mme Gbagbo est sans doute accordée par le système judiciaire ivoirien. Mais, de sources judiciaires, pour qu’elle puisse répondre à une quelconque convocation ou être poursuivie par une juridiction étrangère, il faut que l’Assemblée nationale lui donne une autorisation. Mais, sans doute, aux yeux du juge d’instruction français, cette institution, déclarée dissoute par le Groupe de travail international (GTI) dès sa première réunion en décembre 2005, n’existe plus.
Quant à Bohoun Bouabré, il est ministre d’Etat et n°2 de l’actuel gouvernement. C’est-à-dire que même s’il ne bénéficie pas de l’immunité propre à un ambassadeur, il représente une autorité d’un pays souverain. En le convoquant sans aucun égard et par voie de presse, c’est toute l’équipe gouvernementale de Soro Guillaume que Patrick Ramaël nargue. Car, s’il arrivait qu’il se retrouve en France dans le cadre de ses missions, le juge français pourrait pousser le pion à vouloir l’entendre. Sans mandat. C’est pour cette raison qu’à juste titre, Guédé Pépé dit James Cenach, conseiller du ministre d’Etat, a déclaré que “le gouvernement devrait protester”. Tiraillé entre des intérêts divergents et contradictoires, il ne le fera pas; se blottissant dans la position du singe de la gravure: ne rien dire, ne rien entendre et ne rien voir. C’est au milieu de cette dérive et de cette pagaille que le procureur Tchimou va intervenir. Pour mettre les pendules à l’heure? Pour redresser le tir? Tout le monde attend. »





 

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