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dimanche, 08 octobre 2006

Deux articles «coupés» sur blogs.nouvelobs.com

 



Articles disparus (c’est reparti). Cela faisait longtemps (relativement) que les ciseaux de nouvelobs.com ne s’étaient pas manifestés ! C’est le retour : deux articles viennent de sauter de mon blog : http://blogs.nouvelobs.com/Delugio/.

La «coupure» du premier tend bien à confirmer ce qu’y redoute son auteur. Il s’agit d’un article du Temps intitulé «La légitimité selon Alliot-Marie». Où une telle façon de «couper» une information ne peut que renforcer l’idée que les Ivoiriens sont fondés à s’interroger sur ce qui ressemble fort à une préparation médiatique du public français concernant un possible passage à l’acte militaire : tous les efforts diplomatiques et d’ «agit-prop» menés depuis Paris en vue du renversement de Gbagbo ayant échoué lamentablement.

La «coupure» du second peut ne pas surprendre. Il s’agit d’un article du
Courrier d’Abidjan, signalant que Gbagbo vient de gagner un nouveau procès contre la presse française, à nouveau devant justice française, pour diffamation. C’est son énième procès gagné de la sorte. Il s’agit cette fois de Libération, qui est à son tour condamné aux dommages et intérêts.
Cette coupure-là relève-t-elle de la solidarité des désinformateurs ?

Les articles «coupés» :



1) Le Temps — vendredi 6 octobre 2006 - http://news.abidjan.net/article/?n=216351 :

«La légitimité selon Alliot-Marie

La messe ne pouvait se dire sans le mot de la grande prêtresse. ça y est. Mme Alliot-Marie a parlé. En usant, sans rougir, d'informations mensongères. Pour elle, des provocations contre les Forces Licorne se prépareraient. Mais, comme toujours, " la France ne se laisserait pas faire. Parce que son action est… légitime, car elle se fait au profit de l'Afrique ". Bien, Madame. Mais question : pourquoi, un pays aussi légaliste que la France, peut-il, décider de rester de force dans un pays tiers dont les responsables demandent son départ ? Comment cette France, si légaliste, a-t-elle pu renier sa signature en refusant de mettre en œuvre les accords de défense qui la lient à la Côte d'Ivoire ? Comment la France, protectrice de la légalité devant l'Eternel, a-t-elle pu légaliser une rébellion armée ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi….
Non, Madame. La France a, depuis un certain 19 septembre 2002, quitté le chemin de la légalité. La France qui a " rétabli la légalité " au Gabon, en 1967, n'a rien à voir avec la chiraquie que Mme Alliot-Marie représente. Car, à défaut d'être démocratique, cette France là, respectait ses engagements. Avant de parler de légalité, Madame, souvenez-vous, toujours, du mensonge dont vous et un certain de Villepin avez usé pour ne pas assumer vos devoirs. Drôles de " légalistes chiraquiens ", pour qui, il n'y a que les imposteurs et les bandits armés qui méritent attention et soutien !
Jean-Louis Dimaert»



2) Le Courrier d’Abidjan Parution N° 834 du Vendredi 6 Octobre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15... :

«Gbagbo gagne son procès contre Libération

Diffamation : A la suite de la publication, le 04 octobre 2004 dans le quotidien français Libération d’un article intitulé «Le coup des bougies», qui accusait le président Gbagbo d’être responsable de la mort de Jean Hélène, une citation en diffamation devant le Tribunal Correctionnel de Paris avait été délivrée à l’encontre de M. Serge July et de Libération. La Cour d’Appel de Paris vient de rendre sa décision en faveur du président ivoirien dans cette affaire.

Le 21 octobre 2003, Jean Hélène, journaliste, correspondant en Côte d’Ivoire pour RFI tombait sous les balles assassines du sergent de Police Séri Dago qui continue à ce jour de purger sa longue peine de 17 années d’emprisonnement sans bénéficier d’aucune remise de peine. Malheureusement, dans cette affaire où de nombreux observateurs avaient unanimement salué la tenue irréprochable du procès qui s’en est suivi, le quotidien Libération va publier dans sa livraison du 04 octobre 2004 un article intitulé «Le coup des bougies» qui incrimine gravement le président Laurent Gbagbo. Sous la plume de Pierre Marcelle, le quotidien Libération va intoxiquer une partie de son lectorat qui n’a pas nécessairement connaissance des circonstances de l’assassinat du journaliste Jean Hélène qui remontait de surcroît à une année. En lui faisant croire qu’un président d’une République africaine, maltraité dans les médias français, était le meurtrier d’un journaliste, soit en qualité d’auteur, soit en qualité de commanditaire. Sous l’appellation à tout le moins méprisante de «Gbagbo l’Ivoirien», Pierre Marcelle ne s’embarrasse de fioritures pour le taxer à la fois «d’assassin du journaliste Jean Hélène» avant de le voir «plausiblement impliqué dans l’opération Julia à laquelle il prêta un aéronef». Fatigué d’une presse française qui lui cherche à tous les coups noise, Gbagbo n’a pas voulu laisser passer cette affaire sous silence. Aussi, a-t-il saisi Me Pierre Haïk, Avocat à la Cour, aux fins d’engager une action en diffamation contre Serge July et la société Libération. Mais par jugement rendu le 18 novembre 2005, le Tribunal avait débouté le président Laurent Gbagbo et relaxé Serge July ; considérant que les propos poursuivis relevaient du registre de l’opinion et de la polémique et n’étaient donc pas diffamatoires. Toute chose qui a soulevé le courroux de Me Pierre Haïk qui a vivement dénoncé les procédés malhonnêtes utilisés par le Conseil du journal pour tenter de travestir la réalité de ce dossier au motif que les propos poursuivis relevaient de la «polémique» et «de la liberté d’expression» et n’étaient à ce titre pas diffamatoires. A son tour, Me Pierre Haïk a interjeté appel contre cette décision qui a donc été plaidée devant la Cour d’Appel, le 29 juin dernier. Dans un courrier que Me Pierre Haïk a adressé à son client, et dont Le Courrier d’Abidjan a obtenu copie, l’avocat de Gbagbo s’est réjoui du nouvel arrêt que la 11ème Chambre de la Cour d’Appel de Paris vient de rendre en faveur du président de la République. «Je me réjouis de cette décision tant il me semblait intolérable que des propos aussi graves puissent être impunément tenus à votre encontre dans les colonnes d’un quotidien français». Dans l’attente de la copie intégrale de l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris, Me Pierre Haïk a bien voulu donner la primeur de la décision rendue par la Cour à son client tout en exprimant sa grande joie de voir cette Cour contredire les premiers Juges. «La 11ème Chambre de la Cour vient de rendre un arrêt dans lequel elle reprend notre argumentation et infirme le jugement des premiers Juges, considère que les propos tenus à l’encontre du Président Laurent Gbagbo sont bien diffamatoires, condamne en conséquence solidairement Serge July et la société Libération à lui régler la somme de 1 Euro au titre de réparation symbolique et 1 500 Euros au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale, ordonne la publication sous quinzaine dans le journal Libération de la mention de cette condamnation». Comme on le voit bien, tout comme dans l’affaire des escadrons de la mort, Gbagbo vient une fois encore de gagner son procès contre un organe de presse au service d’une guerre à l’hivernage, perdue d’avance. Après les organes de presse, les véritables commanditaires hexagonaux de la guerre contre Gbagbo vont-ils perdre la face ?
Nazaire Séry»





samedi, 07 octobre 2006

Sommet d’Abuja : la montagne a accouché de sa souris



«Sommet sur la Côte d`Ivoire - La Cedeao maintient le suspense»

Soir Info 7 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/h/216678.html :

par Charles TRA BI :

«Il était vu comme la rencontre de la "dernière chance" pour la Côte d’Ivoire. Mais au finish, le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cecdeao) sur la crise ivoirienne, qui s’est tenu, hier vendredi 6 octobre à Abuja, en présence de 11 chefs d’Etat sur les 15 que compte l’organisation sous régionale, n’a finalement rien décidé. Ouvert par le président du Nigeria Olusegun Obasanjo et un discours du nigérien Mamadou Tandja en tant que président en exercice de la Cédéao, ce sommet, qu’on avait annoncé crucial car devait faire des propositions concrètes sur les questions qui fâchent dans le processus de paix en Côte d’Ivoire, a mis au grand jour les divergences profondes sur l’épineux dossier ivoirien. « Des propositions concrètes doivent être adoptées pour conduire à des élections démocratiques en Côte d’Ivoire », avait pourtant indiqué, en ouverture, le président nigérien, avant que les 11 chefs d’Etat ne se réunissent à huis clos. Un huis clos de plus de huit heures, dont le communiqué final laisse planer toujours le suspense sur la question ivoirienne, avant les réunions de l’Union africaine (Ua) et de l’Onu d’ici à la fin d’octobre. Dans sa dernière édition d’Afrique Soir d’hier, Rfi a indiqué que c’est le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui, le premier, est sorti de la salle du huis clos, mais s’est refusé à toute déclaration. Une demie heure plus tard, c’est le chef de l’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui, à son tour, est sorti de la salle, préférant également ne rien dire sur le huis clos. Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui, dit-on, serait sorti plus d’une fois de la salle de réunion, s’est également refusé à tout commentaire, assurant qu’il avait suffisamment parlé devant ses pairs de la Cedeao. Le président ivoirien, tout au long de son intervention, a constamment posé le problème du désarmement. Mais selon Rfi, le communiqué qui a sanctionné le sommet d’Abuja n’en dit pas un mot. Un communiqué qui s’est limité à saluer les ‘’efforts déployés par le gouvernement ivoirien pour la mise en œuvre de la feuille de route’’, avant de déplorer les "nombreux obstacles qui ont rendu impossibles l’organisation des élections à la date du 30 Octobre". Le communiqué final sorti du huis clos des chefs d’Etat de la Cedeao a réaffirmé surtout que "seule la mise en œuvre de la disposition 1633 des Nations unies, constitue, pour la Cedeao, le cadre du règlement idéal de cette crise". Enfin, les chefs d’Etat de la Cedeao ont apporté leur soutien aux forces de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) et aux forces françaises Licorne. Rappelons que le sommet d’Abuja devait notamment aborder l’épineuse question des prérogatives de l’exécutif ivoirien. L’opposition politique et armée avait demandé à la Cedeao de donner tous les pouvoirs de l’exécutif au Premier ministre de transition, Charles Konan Banny, exigeant la mise à l’écart du président Laurent Gbagbo, pour que soit installé un triumvirat de transition à la tête du pays. Le camp présidentiel ivoirien, lui, réclament le désarmement des rebelles du nord, désarmement qui reste, aux yeux du parti au pouvoir, la seule tâche qui doit conduire à l’organisation des élections en Côte d’Ivoire. Mais le communiqué final qui a sanctionné le huis clos des chefs d’Etat de la Cedeao, réunis hier à Abuja, ne s’est pas clairement prononcé sur ces questions qui restent toujours pendantes, en attendent les prochaines rencontres de l’Ua et de l’Onu.»




vendredi, 06 octobre 2006

Quelle menace sur les patriotes ivoiriens ?



 

Au jour où s’ouvre le sommet de la Cédéao à Abuja, dernière chance pour Chirac de rogner le pouvoir de Gbagbo, la France officielle passe aux menaces explicites. Que faut-il entendre dans cette reprise de voix des médias français ?

Après la gifle monumentale de la Chiraquie à l’Onu — où la diplomatie française n’a réussi ni à faire biffer la Constitution ivoirienne, ni même à faire sanctionner les leaders FPI ; alors qu’il est devenu évident au sommet de la francophonie de Bucarest qu’il ne s’agissait pour Chirac que de faire endosser par la «communauté internationale» sa volonté personnelle d’abattre le seul chef d’État du pré carré qui lui tient tête — Chirac en a dit publiquement son désespoir.

Tout cela dans un silence total des médias français ! Et voilà qu’en France, on réentend parler de la Côte d’Ivoire… pour entendre ce qui ressemble fort à des menaces, à peine voilées.

C’est à présent Alliot-Marie qui monte au créneau et donne de la voix en évoquant des «provocations» contre Licorne, Alliot-Marie fidèlement relayée par celui qui s’est fait depuis longtemps son porte-voix médiatique, Thomas Hoffnung de Libération.

Et que dit-il ? Que Gabgbo menace les immigrés ! C’est dans le titre de son article ! On croit rêver… Encore qu’on voyait la presse ivoirienne de l’opposition pro-française commencer à agiter le thème de la xénophobie — à commencer par les pro-Bédié qui ont remisé leur thème de l’ «ivoirité» suite sans doute aux conseils en communication de la Françafrique qu’ils représentent avec leur alliés ouattaristes et rebelles.

On croit rêver quand on sait que les immigrés africains en Côte d’Ivoire soutiennent largement Gbagbo — et ont même affronté au côté des patriotes ivoiriens les balles de Licorne.

Comment Hoffnung appuie-t-il la déclaration d’Alliot-Marie ? Par la même «provocation» d’Affi N’Guessan que stigmatise Alliot-Marie : Affi a relevé que les dirigeants de la Cédéao seraient bien inspirés d’être vigilants avant d’apporter leur appui aux menaces de Chirac : «La Cédéao ne doit pas oublier qu'elle a des millions de ressortissants en Côte-d'Ivoire. Chacun de ces pays doit penser à ceux-ci». «Menace sur les immigrés !» s’empresse d’écrire Hoffnung, porte-voix d’Alliot-Marie… Évidemment, les Français qui ne savent de la Côte d’Ivoire que ce qu’en ont dit les Hoffnung ne cilleront pas. Quel Français sait que les opposants aux chefs françafricains de la Cédéao soutiennent Gabgbo ? Quel Français sait que leurs ressortissants en Côte d’Ivoire, sont une source directe d’information auprès de leurs compatriotes des autres pays de la Cédéao ? Quel français sait donc qu’Affi ne met pas en garde les immigrés qui le soutiennent ! — mais les chefs françafricains qui pourraient dans leur pays faire les frais de leur soutien à Chirac ? Quel Français lit la presse d’opposition burkinabé, sénégalaise, togolaise, camerounaise — par où il pourrait savoir que l’on est désormais aux prises à un combat entre l’Afrique digne et la Françafrique ?

Où les tenants de l’Afrique digne ne s’y trompent pas : les propos d’Alliot-Marie répercutés par les Hoffnung et consort sont une menace directe contre Gabgbo et les patriotes. Cela à l’heure où toutes les manœuvres diplomatiques en vue d’un coup d’État constitutionnel ont échoué. Cela à l’heure où Paris n’a pas pu imposer le changement de l’électorat (ce que déplore naturellement Hoffnung).

Et qui visent les «provocations» dont parle Alliot-Marie ? Licorne ! Mais quel français sait que le pouvoir ivoirien demande depuis plusieurs semaines avec insistance le remplacement de Licorne par une force africaine. Qui sait que les principaux représentants d’Afrique sont d’accord ? À commencer par l’Afrique du Sud, pays présidé par celui dont la médiation a réussi.

Et pourquoi la Côte d’Ivoire demande-t-elle avec insistance le départ de Licorne ? Parce qu’il est devenu évident, pour toute l’Afrique, que Licorne n’est pas une force «d’interposition» mais une force partie au conflit !

Et Hoffnung de faire mine de s’étonner que lesdites «provocations» et «menaces» viennent d’Affi N’Guessan, «un modéré», c’est-à-dire signataire de Marcoussis — et (mais Hoffnung se garde bien de le préciser) vice-président de l’Internationale Socialiste. Et Hoffnung d’évoquer la peur qui serait celle d’Affi, à l’heure où la Côte d’Ivoire accumule les victoires diplomatiques ! S’il y a peur, ne serait-elle pas du côté de Chirac qui voit le pré carré lui échapper ? Encore que la force de frappe de Licorne que l’on refuse de retirer et qui a déjà fait ses preuves a de quoi inquiéter !

Il suffit de lire et d’écouter Affi pour savoir ce qu’il en est : Marcoussis a échoué (qui le niera ?). Marcoussis a échoué parce que Marcoussis n’était pas ce que cela prétendait être (un accord d’interposition), mais bien une façon de coup d’État françafricain. Si un Mamadou Koulibaly l’a dénoncé immédiatement en claquant la porte, Affi N’Guessan a opté alors pour jouer le jeu jusqu’au dévoilement de ce qu’il en était. Et aujourd’hui c’est devenu clair pour toute l’Afrique.

Où les reprises de voix de la nébuleuse françafricaine prennent une nette tonalité de mise en garde clairement menaçante…

 

 

 

 

jeudi, 05 octobre 2006

Processus de paix dans le cadre de Marcoussis: Affi donne les trois raisons de l'échec



Notre Voie
— 5 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :

par Boga Sivori

Le Premier ministre Affi N'Guessan, président du FPI, qui était mardi dernier, à Yopougon, dans le cadre de la tournée qu'il effectue dans le district d'Abidjan, a donné les trois raisons qui, selon lui, sont à la base de l'échec des accords de Marcoussis.

La Commune de Yopougon a reçu mardi dernier, la visite du Premier ministre Affi N'Guessan, qui effectue une tournée de sensibilisation dans le district d'Abidjan. Devant un très grand public enthousiaste et parfaitement en phase avec lui, le premier responsable du parti au pouvoir a donné les trois raisons qui, selon lui, expliquent l'échec du processus de paix issu des accords de Linas-Marcoussis.
Pour le président du FPI, la première raison de l'échec est que la situation de ni paix ni guerre arrange les rebelles. Dans la mesure où ils sont protégés par les militaires français de la force Licorne. Celle-ci constitue une barrière derrière laquelle les rebelles règnent en maîtres absolus en pillant les ressources de la partie du pays sous leur contrôle et en spoliant les populations qu'ils martyrisent. Ainsi, explique le président Affi, des gens qui dans un passé proche, n'étaient rien et n'avaient rien sont devenus subitement riches grâce aux armes qu’ils détiennent et investissent dans les pays limitrophes, notamment au Burkina Faso et au Mali. Ils ont, par ailleurs, tous les honneurs dans une zone où ils font la pluie et le beau temps. Il est évident, selon le président Affi, que de tels gens n'accepteront pas de déposer les armes par leur propre volonté, surtout qu'ils sont sûrs que rien ne leur arrivera, parce que protégés par la France. Pour le premier responsable du FPI, la force Licorne a mis à nu en novembre 2004 sa véritable mission en Côte d'Ivoire . Alors que les Forces de défense et de sécurité avaient totalement mis en déroute la rébellion dans le cadre de l'opération “Dignité” , la France a inventé une attaque d'une base militaire française à Bouaké pour détruire la flotte militaire ivoirienne. “Si les jeunes ne s'étaient pas mobilisés au prix de leur vie, on n'en serait pas là aujourd'hui. La Côte d'Ivoire serait partie en fumée”.
La deuxième raison, selon le président Affi, est que ce que vit la Côte d'Ivoire est un coup d'Etat qui a échoué et qui s'est mué en rébellion. Et donc ceux qui ont pris les armes ont pour seul objectif la prise du pouvoir. Et tant qu'ils détiennent les armes, ils espèrent réaliser leur rêve. C'est pourquoi le chef du FPI estime que le coup d'Etat n'est pas encore terminé.
Enfin la troisième raison porte sur la complicité et le soutien de Chirac à la rébellion. “C'est le plus grand problème de notre pays”, a-t-il martelé.
Pour lui, il y avait un grand malentendu dans la compréhension de l'accord de Marcoussis. Alors eux ont signé cet accord parce qu'ils pensaient qu'il apporterait la paix dans la mesure où il disait clairement que le désarmement aurait lieu dès la formation du gouvernement, pour Chirac, cet accord était un plan pour écarter en douceur le président Gbagbo du pouvoir. Et, pour le président Affi, si Chirac dit qu'il est désespéré, c'est parce que son coup a échoué.
En définitive, pour le président du FPI, le véritable problème de la Côte d'Ivoire s'appelle la France. C'est pourquoi il exhorte les Ivoiriens à se battre pour arracher leur liberté à la France, car aucun pays ne peut se développer tant qu'il est sous domination et dans l'asservissement.
Mais pourquoi donc Chirac combat Gbagbo? Pour le président Affi, il faut rechercher les raisonS dans le fonctionnement injuste du monde. “Ce monde est un monde de domination des uns sur les autres”, a-t-il fait remarquer. Il y a eu l'ère de l'esclavage où des milliers d'Africains ont été déportés pour être traités comme des sous-hommes loin de leurs terres natales. Si les Africains se sont battus pour mettre fin à l'esclavage, il a vite fait place au colonialisme. Qui est une période où ceux qui se prennent pour les maîtres du monde sont venus dominer les Africains sur place, exploiter toutes les richesses des pays africains pour aller construire les leurs. Là encore, les Africains se sont battus pour obtenir pour quelques -uns l'indépendance totale, et pour beaucoup l'indépendance sous surveillance, tel est le cas de la Côte d'Ivoire de feu le président Houphouet qui a dû céder sous la répression de la France. Ces pays regroupés au sein de la Françafrique sont des vaches à lait de la France. Et, parmi ces pays, la Côte d'Ivoire est la plus juteuse.
C'est pourquoi, selon le président Affi, Chirac pense que la Côte d'Ivoire est sa propriété privée dont il peut à volonté puiser les richesses pour faire fortune et financer son action politique. Et voilà qu'arrive un homme nouveau avec une nouvelle vision. Celle de donner à la Côte d'Ivoire sa liberté confisquée et sa dignité. Quand il arrive au pouvoir en 2000, on ne le prend pas au sérieux. On pense même que lui qui manque d'expérience gouvernementale va se casser le nez face aux nombreux problèmes que traversait le pays en ce moment. Mais voilà qu'au fur et à mesure que le temps passe, l'homme convainc et rassure les Ivoiriens sur sa gestion des affaires de l'Etat. Il engrange des victoires. Il rétablit les relations avec les bailleurs de fonds qui avaient déserté la Côte d'Ivoire depuis plus de deux ans sous Bédié. Il règle le problème de double salaire des enseignants créé par Alassane Ouattara. Il met en place le budget sécurisé qui permet au pays de fonctionner et de payer ses fonctionnaires sans aucun apport extérieur. De sorte que, de plus en plus, l'homme confirme le bien que son peuple pensait déjà de lui et fait de plus en plus corps avec lui. Ceci évidemment n'était pas de nature à tranquilliser le président français. Et, comme si cela ne suffisait pas, le président Gbagbo ne téléphone pas chaque matin à Chirac pour demander son état de santé et son avis sur tel ou tel autre sujet important concernant la Côte d’Ivoire. Il ne prend même pas la peine de lui soumettre l'ordre du jour des conseils des ministres. Dès lors, il est perçu comme un homme dangereux pour la France.
C'est pour ces raisons, a expliqué le président Affi, que Chirac fait la guerre à Gbagbo et au FPI. Car, pour lui, écraser le FPI, c'est mettre Gbagbo hors d'état de nuire. Et le président du FPI de questionner: “Devons-nous laisser faire des gens qui n'aiment les Africains que lorsqu'ils peuvent les exploiter et exploiter leur pays?” Pour lui, “nous devons nous battre, car il s'agit de notre avenir et de celui de notre pays”. Et le chef du parti au pouvoir de faire remarquer que “c'est notre mobilisation qui constitue le bouclier du président Gbagbo. Il faut que nous sachions que les sacrifices que nous avons déjà faits ne sont rien devant ce que d'autres pays ont fait pour leur liberté. L'exemple de l'Algérie est édifiant en la matière”.
Pour lui, Bédié, Ouattara et Soro ne sont que des marionnettes de la France. “Les colons travaillent toujours avec des collabos. Il nous appartient de les neutraliser”. Selon le chef du FPI, “il faut que les discours qu'ils tiennent cessent. On ne peut pas être en zone gouvernementale et être rebelle. Préparez-vous à les mettre hors d'état de nuire. Si on est rebelle, on doit être dans la zone rebelle. En zone gouvernementale, on a un seule boussole, c'est la Constitution”.
Pour le président du FPI, “l'heure est arrivée pour que le chef de l'Etat reconstitue son gouvernement. Nous avons assez de ce gouvernement de serpent, et de crapauds. C'est ce genre de gouvernements qui nous a apporté les déchets toxiques”.
Pour M. Affi, “les rebelles ont eu quatre ans de délai de grâce pour se ressaisir. Mais ils ne veulent pas la paix. Ils n'ont pas voulu saisir la main tendue. Il faut donc mettre fin au contrat ”.
Ceci n'est que la première partie du combat, selon Affi N'Guessan. La deuxième partie aura lieu après les réunions de la CEDEAO et l'UA. “Il faut que les Africains aient le courage de dire la vérité à Chirac ”, a prévenu le chef du FPI. Et au président Affi d'expliquer qu'il ne menace pas les étrangers: “ Je dis aux chefs d'Etat africains que s'ils prennent des décisions pour ménager le pays, ce sera profitable à tout le monde. On ne jette pas des pierres là où on a son canari d'huile de palme”.
En définitive, pour le président Affi, “ il faut que la force Licorne parte de la Côte d'Ivoire. Tout comme on ne veut plus de GTI ici ”.
En tout état de cause , pour lui, la finale aura lieu le 31 octobre.
Le président Affi a été reçu à son arrivée par tous les élus de la commune de Yopougon. Et il a été précédé à la tribune par le maire Gbamnan Djidan Félicien et le secrétaire de la fédération FPI d'Abidjan- Banco Zaba Zadi. Il y avait également une forte délégation d'anciens militants du RDR venus du sous quartier Port-Bouët II qui décidé depuis le passage du président Koulibaly dans leur cité de rejoindre les rangs du FPI.




mercredi, 04 octobre 2006

Une interview de Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée nationale ivoirienne (1)



L’Observateur (journal sénégalais) Vendredi 29 Sep 2006 — http://www.lobservateur.sn/articles/showit.php?id=9743&am...



Interview p


Mamadou Koulibaly Président de l’Assemblée nationale de Côte d’ivoire, No 2 du régime : «LE TEMPS DES NÉGOCIATIONS EST TERMINÉ »

Dans les milieux diplomatiques français ou proches des rebelles ou de l’opposition en Côte d’Ivoire, certains l’appellent « le Dioula de service » pour son intransigeance sur la question de l’indépendance et de la souveraineté nationale, son militantisme obstiné pour la réunification du pays et le retour à la paix, sa proximité, sa fidélité, sa loyauté au Bété au pouvoir , Laurent Gbagbo. Lui, le ressortissant du nord de ce vaste pays forestier composé de près de 75 ethnies. Un pays cassé depuis quatre ans en deux entités géographiques et politico-militaires. Entretien tous azimuts avec Mamadou Koulibaly, ce professeur d’économie à l’Université Cocody d’Abidjan. l’idéologue, le conseiller spécial du Président Laurent GBAGBO.

*

M. Coulibaly, un dioula dans l’entourage de Laurent Gbagbo, ce n’est pas étonnant, ça ?

Non, pas du tout ! parce que Laurent Gbagbo est le fondateur du Front populaire ivoirien, c’est un front qui s’est créé contre le parti unique, contre le manque de démocratie. C’est un front qui regroupe tous ceux qui sont pour la liberté, tous ceux qui sont pour le monopartisme, tous ceux qui sont contre le manque de démocratie et qui se battent ensemble. Donc, il n’y a pas de distinction, de différenciation ethnique ni religieuse.

L’opinion en général pense qu’il y a une chasse aux sorcières des ethnies du Nord par celles du Sud.

C’est de la propagande française utilisée par Alasane Ouattara et Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. Comme à l’époque, on a utilisé cette propagande pour distinguer les Mandingues de Sierra Leone ou du Libéria pour justifier la guerre qui a eu lieu au Libéria. En réalité, il y a plus de 75 ethnies en côte d’Ivoire et les ethnies sont très mélangées. Les populations du nord sont les plus dispersées sur l’ensemble du territoire ivoirien. Les musulmans, on les trouve dans tous les groupes ethniques, de même que les Chrétiens. Les Dioulas, on les trouve dans tous les partis politiques, comme les non Dioulas. Mais idéologiquement, il est plus facile pour la conquête française de faire des distinctions fondées sur les ethnies pour justifier une rébellion et asseoir la chienlit en Côte d’ivoire, ni paix ni guerre jusque pour que les intérêts français soient défendus.

Vous démentez là formellement ces thèses avancées par Alasane Ouattara et la France, comme le pensent les militants du FPI ?

C’était juste pour les besoins de la cause. Ouattara, lui-même, il faut le savoir, n’est pas un musulman.

Ah bon !

Non, non! Il porte un nom musulman. Il s’est marié aux Etats-Unis comme protestant baptiste ou évangéliste, quelque chose de ce genre là. Mais pour les besoins de la propagande en Côte d’Ivoire, on l’a fait passer pour un musulman. Soro Guillaume qui est le patron du Mpci est un chrétien, Dacoury Tabley qui est l’adjoint de Soro Guillaume est un Bété du même village que Gbagbo Laurent. Henriette Diabaté, Sg du RDR Alassane Ouattara est une Chrétienne du Sud de Jacquesville. Alors, c’est totalement fallacieux. Bon idéologiquement c’était plus correct de dire qu’il y a avait le Nord musulman qui était brimé par le sud chrétien alors que les bourreaux se trouvent dans le Sud comme dans le Nord de même que les victimes.

Lors de votre meeting à Yopougon, vous avez beaucoup utilisé les mots comme liberté, indépendance vis-à-vis de la France.

Oui, parce que la France nous a fait une entourloupe à l’ensemble de tous les Etats francophones d’Afrique au moment de l’indépendance. Elle a fait signer à la veille de l’indépendance des accords de transfert de compétences qui permettaient simplement au chef de l’Etat de transférer certaines compétences constitutionnelles de 1958 autour de la Communauté française dans les pays africains. Et ce transfert là profitait aux dirigeants africains choisis par la France pour ces pays africains. Et ces documents disent que ces chefs d’Etats africains sont désignés par De Gaulle, par l’Elysée, que pour le travail qu’on leur affecterait en tant que délégués du pouvoir français en Afrique. Et puis juste après l’Indépendance, on a fait signer à tous ces pays africains des accords de coopération qui stipulent pour l’essentiel que le commerce entre les pays africains devrait se faire exclusivement ou en priorité avec la France. Et que toutes les matières premières découvertes ou à découvrir dans ces pays africains devraient automatiquement être la propriété de la France. Pour défendre ce type d’intérêt, la France n’hésite pas à créer des maquis, des rebellions, à faire des coups d’Etat, à renverser des régimes. Pour lutter contre ce type de comportement français, il faut demander l’Indépendance de nos Etats vis-à-vis de Paris, du pacte colonial qui est signé à l’époque, il faut demander la dignité des Africains parce que la période où nous devrions travailler pour la France où nous devrions nous armer pour aller défendre la France, payer des impôts à la France devrait normalement être terminée. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui surtout avec le système de la Banque centrale, nous déposons une bonne partie de nos avoirs extérieurs nets au trésor français. C’est tout à fait scandaleux. Et c’est ce que nous dénonçons depuis avant même notre arrivée en Côte d’Ivoire.

Vous avez aussi accusé la France de piller la Côte d’Ivoire avec la complicité des personnes qui sont autour du pouvoir en place comme Charles Konan Banny.

Banny est quand même le gouverneur de la Banque centrale et il est intéressant de lui poser la question de savoir comment les casses des banques centrales ont-ils bien avoir lieu dans des zones qui étaient sous contrôle de Licorne, la force d’occupation française en Côte d’Ivoire. Comment se fait-il que la France réassure tous ces prédateurs de la production du cacao des zones occupées de Côte d’Ivoire et réexportée au port de Lomé au vu et au su de l’ONU. Pourquoi Banny, Premier ministre n’utilise pas les pouvoirs qu’il a pour arrêter ce processus. Pourquoi, il se tait sur tout cela ? j’ai comme l’impression qu’il est fortement complice aussi bien dans le blanchiment de l’argent volé que dans les casses des banques centrales que dans son silence concernant le détournement des fonds du café, du Cacao ivoiriens par les rebelles et les Français sur Bobo Dioulasso, Lomé, koudougou...Ce qui est inacceptable.

Les principaux acteurs de la crise ivoirienne se sont réunis à New York autour de Koffi Annan, excepté Gbagbo. La rencontre a tourné court, qu’est-ce qui n’a pas marché, selon vous ?

Il y a une ambiance malsaine au sein des nations unies qui consiste pour Koffi Annan et pour Jacques Chirac de considérer que les Etats africains indépendants des années 60 d’expression française sont encore des territoires non autonomes. A ce titre là, il revient à la France ancienne puissance tutélaire d’exercer le droit international de ces pays-là, de rédiger, d’intervenir et d’exercer le droit international, de parler, de plaider, de se présenter comme le vrai propriétaire de ces pays-là. Pour la France, il ne s’agit que de lopins de terres reçus en héritage de leurs arrières arrières grands-parents. Ce qui fait que toute la crise ivoirienne n’est, en réalité, qu’un tissu de mensonges montés par Paris pour reprendre en main le contrôle de l’économie ivoirienne. Et c’est choquant que Chirac puisse convoquer tous les protagonistes de la crise ivoirienne à New York et que Koffi Annan puisse donner son accord, juste pour aller suspendre la Constitution ivoirienne et réagir comme si le peuple de Côte d’Ivoire n’existait pas, comme s’il n’y avait que du bétail en Côte d’Ivoire, propriété privée de Jacques Chirac. Ce que Laurent Gbagbo a contesté. Nous nous considérons comme un peuple, une Nation avec une Constitution et nous pensons bien exercer notre souveraineté dans le cadre de la charte des Nations Unies.

Mais si le Président Gbagbo dit : je peux discuter mais je ne négocie rien du tout. Est ce que vous pensez qu’il est possible de trouver une solution définitive à la crise en Côte d’Ivoire ?

Oui, oui, je pense. Le temps de la négociation est terminé. Parce qu’il y a eu un médiateur nommé par l’Ua qui a diagnostiqué la crise, qui a fait des propositions au comité de paix et de sécurité de l’Ua qui l’a transmis au conseil de sécurité des Nations unies sur la base desquelles on a rédigé une résolution qui demandait au Président Gbagbo de remplir un certain nombre de tâches de même que les rebelles. Thabo Mbeki a convaincu le Président Gbagbo de remplir sa part de charges. Ce qui a été fait grâce à quoi d’ailleurs aujourd’hui Ouattara peut se présenter à la présidentielle. Les opposants et les rebelles ont eu des ministres dans le gouvernement. Grâce à quoi Banny est là pour que, dans un an, les élections puissent se faire. Tout a été négocié, il ne suffisait que d’appliquer les résolutions. Mais lorsque Gbagbo finit d’appliquer sa part validée par le médiateur, par l’Union africaine, par l’Onu. Et que le médiateur se tourne vers les rebelles et les opposants pour leur signifier que c’était maintenant leur tour, les opposants ont hurlé en disant qu’ils ne veulent plus voir ce médiateur,qu’il était partial etc et qu’il devait être remplacé. Et que la France intervienne pour substituer au médiateur ce qu’il a appelé le groupe de médiation (la Cdeao, les Présidents Tandjan, Obansanjo et Thabo Mbéki) c’est en ce moment que les rebelles ont interdit l’accès aux territoires sous leur contrôle à Thabo Mbéki. Et personne dans la communauté internationale n’est intervenu pour condamner ou prendre des sanctions. Le Président Gbagbo juge cela injurieux, impertinent et il faut appliquer tout ce qui a été déjà négocié car il n’ya plus rien à négocier.


Quel est l’avenir de la Côte d’Ivoire avec le départ des Forces de la Licorne ? Est-ce que cela mettra automatiquement fin à la guerre ? Les différentes parties ne se sont quand même pas retrouvé jusque-là ?

Je pense que la Licorne, c’est le bouclier de la rébellion, l’agence d’assurances tous risques des rebelles. Une fois qu’elle aura plié bagages, les populations ivoiriennes qui sont prises en otage dans le Nord comme dans le Sud vont pouvoir se libérer.

Et le Schéma Banny ?

Banny a eu les pleins pouvoirs. Gbagbo n’a utilisé ses pouvoirs que pour dégager la voie afin qu’il puisse travailler en toute tranquiliité. Malheureusement, Banny n’a pas pu désarmer les rebelles et réunifier le pays, pour assurer la libre circulation des Ivoiriens et installer l’administration sur l’ensemble du territoire. En plus de cela, il demande encore plus de pouvoirs. Il ne peut pas faire finir la guerre. Parce qu’il qu’il s’inscrit toujours dans la logique du pacte colonial. Il ne peut servir que les intérêts de la France et de Chirac. C’est ça le problème. C’est de cette logique qu’il faut sortir. Même s’il a les pleins pouvoirs et qu’il les utilise pour cet objectif là, ce sera un fiasco complet et la crise va perdurer. Ce ne sont pas des pouvoirs supplémentaires qu’il faut à Banny. On a signé des accords négociés. On est dans la phase d’application de ces accords, Banny avait en charge de passer à la réunification du pays et à l’organisation des élections. Il n’a pas été capable. La résolution 1633 arrive à terme en octobre(le 31). Le contrat qui avait engagé Banny est achevé, maintenant il doit probablement en tirer les conséquences.



mardi, 03 octobre 2006

Une interview de Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée nationale ivoirienne (2)



L’Observateur (journal sénégalais) 3 octobre 2006 — http://www.lobservateur.sn/articles/showit.php?id=9797&am... :



Interview par Jules Diop :

 

Mamadou Koulibaly: «Ce que Abidjan reproche à Dakar…»

M. le Président, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont des liens extrêmement forts sur beaucoup de plans, mais, depuis un certain temps, les relations sont crispées. Qu’est ce que Abidjan reproche à Dakar?

La Côte d’Ivoire en tant que pays et Nation ne reproche rien au Sénégal, au contraire. Le problème c’est que Dakar s’est mis à l’idée qu’il fallait s’investir dans la crise ivoirienne de façon ouverte comme pour les intérêts de Jacques Chirac. C’est ce que Chirac souhaite faire en Côte d’Ivoire que Dakar utilise comme plaidoyer.

Pourtant entre Dakar et Paris les relations ne sont pas si cordiales que çà.

Soit ! Mais il faut dire qu’il y a une course au leadership dans la sous-région que la France favorise et que Gbagbo trouve non seulement inacceptable mais un peu malsaine. Il ne faudrait pas qu’à Dakar on oublie qu’il y a plus de Sénégalais en Côte d’Ivoire qu’en France. Il y a des relations tissées entre nos deux peuples que personne ne pourrait casser.

Après les reproches faits à Dakar, ne croyez-vous pas que Gbagbo verse de l’huile sur le feu en recevant, l’ennemi public N° 1 du Sénégal, Salif Sadio ?

De la même façon que Dakar cherche à obtenir la paix en Côte d’Ivoire, Gbagbo a estimé qu’il faut qu’il comprenne mieux ce que les rebelles de Casamance veulent. Et voir alors dans ce cadre si le modèle de rébellion qu’il y a en Casamance est le même que celui de Côte d’Ivoire. L’idée étant de trouver une solution à toutes les rebellions en Afrique pour que les Africains puissent régler les crises par la démocratie et non par la prise des armes et l’accession au pouvoir par le coup d’Etat. Cela suppose qu’on voit ce qu’il y a comme rébellion et les identifier.

Cette initiative du Président Gbagbo de recevoir Salif Sadio a été considérée par Dakar comme une façon de soutenir la rébellion casamançaise.

Dans un premier temps, c’était pour comprendre. Il faut savoir que Gbagbo n’a pas « habillé » le leader casamançais, ni déroulé le tapis rouge. Il a discrètement reçu le rebelle casamançais comme la diplomatie l’exige. Dakar, lui, donne un « coup de pouce » aux rebelles ivoiriens. Sans compter d’autres faveurs encore. C’est totalement différent. Et c’est inacceptable.

Où en est-on avec l’affaire des déchets toxiques, quand on sait que des responsables impliqués ne sont pas inquiétés et que 2 camions remplis de déchets toxiques sont encore « invisibles » à Abidjan ?

Je pense que la question des déchets toxiques relève de l’empoisonnement collectif organisé par Trafigura une entreprise quasiment mafieuse dont les principaux directeurs et propriétaires sont français et très proches de Chirac et qui sont arrivés à corrompre un certain nombre de fonctionnaires et d’hommes politiques ivoiriens pour accepter sur notre territoire ce poison. Mais ceux qui sont venus avec ces déchets ne cherchaient pas de poubelle, ils cherchaient plutôt un pays à agresser, à affaiblir, à installer dans les troubles sociaux et pour pouvoir ensuite bien l’abattre comme ils ne sont pas arrivés à le faire depuis 3 ans maintenant. Le Français responsable de cette société est en prison, le gouvernement a démissionné et a été reconduit par le président de la République. Plusieurs décisions ont été prises, la suspension de différents responsables. La justice a été saisie à travers le procureur de la République, il faut lui laisser le temps de faire son travail, d’approfondir les enquêtes dans le souci de réparer le tort qui a été fait aux populations ivoiriennes.

La question des audiences foraines a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et depuis lors, elles ont été bloquées. Quel est le problème ?

Les audiences foraines sont une pratique courante en Côte d’Ivoire. Il y a une loi qui permet de faire périodiquement le point sur ceux qui sont nés en côte d’ivoire et qui n’ont pas d’extrait de naissance, les audiences foraines permettent de leur établir des jugements supplétifs. Dans le cas ivoirien, les rebelles ont voulu utiliser avec l’appui de la France ces audiences pour refaire les listes électorales. La dernière audience a eu lieu en 1998 et tous les partis politiques y étaient. Aujourd’hui le bloc rebelle pense qu’il y a 3. 500. 000 personnes qui n’ont pas d’extrait de naissance et de jugement supplétif. Ils disent aussi que ces audiences foraines doivent permettre de donner des certificats de nationalité à ces personnes. Ce qui n’est pas la fonction des audiences foraines. Ce qui est illégal et contre le code de la nationalité ivoirienne. Nous l’avons évidemment refusé. Le bloc rebelle affirme aussi que les audiences foraines devraient permettre aux gens de s’inscrire automatiquement sur les listes électorales actuelles. Ce qui signifie donc qu’on découvrirait 3 500 000 personnes qui ont plus de 13 ans et qui n’ont aucun papier d’état civil, aucune nationalité connue et qui se déverseraient dans la nationalité ivoirienne dans le seul but de participer aux élections à avenir. Pour nous c’est de la fraude, surtout qu’on a vu avec le projet pilote des Ghanéens, des Maliens et Burkinabé accéder à la nationalité ivoirienne, s’inscrire sur les listes électorales. On a vu comment même à Abidjan des non ivoiriens ont cru qu’il s’agissait d’une foire à la distribution de la nationalité ivoirienne. Cela était trop grossier et anti-constitutionnel. Ce qui a fait dire à Chirac qu’à cela ne tienne, il faut suspendre le code électoral, le code de la nationalité et reconstituer un nouvelle population que les audiences foraines version rebelle devraient permettre d’établir. Ce que nous avons totalement refusé.

Est-ce que vous pensez que le fait de mettre les différents leaders ensemble dans un futur gouvernement pourrait mettre fin à la crise comme l’a suggéré le président Bongo, à savoir Gbagbo président, Ouattara, vice-président, Soro guillaume, Premier ministre et Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale ?

Je pense que c’est de la poudre aux yeux. On a déjà essayé ce schéma parce qu’on a cru que c’était une affaire d’hommes et de places. La côte d’Ivoire n’est pas là pour gérer les destins politiques. C’est une terre de fraternité. Le schéma qui est proposé réduit la crise ivoirienne à une question de positionnement de leaders politiques ivoiriens. Ce qui est totalement faux. La question de fond est que nous voulons être libres. Qu’on impose un schéma de gouvernement : Ouattara, Soro, Bédié… à des postes de responsabilités n’entraîne pas l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Cela n’entraîne pas non plus la prise en charge de la Côte d’Ivoire par les Ivoiriens eux mêmes mais, au contraire, laisse le pays à des mains étrangères. Notre destin ne se résume pas à la destinée politique de ces 4 ou 5 personnes. La Côte d’ivoire a une vie à part de ce Gbagbo, Ouattara, Soro et Bédié cherchent.

M. le Président, on ne va pas finir cet entretien sans parler d’économie, vous même étant économiste, comment l’économie ivoirienne se porte t-elle aujourd’hui avec cette crise ?

C’est une économie en pleine crise avec croissance négative de moins 1 %. C’est une économie dont une partie de la production est détournée au profit du Mali et du Burkina Faso. Une économie dont une partie du Pnb est recyclée dans ces deux pays voisins. C’est une économie d’un pays dont une partie des citoyens est prise en otage par les rebelles. C’est une économie qui voit le chômage grossir en son sein, le coût de la vie s’élever. C’est une économie qui voit beaucoup de ses jeunes désespérer de plus en plus. Mais c’est une économie qui n’est pourtant pas en faillite. Elle arrive à avoir des institutions en place. Elle n’a plus les moyens des grands investissements pour l’emploi, le développement. Elle n’a plus les moyens d’attirer les investisseurs comme cela se faisait avant à cause de la crise. Mais elle demeure encore une économie dynamique. La partie sud dont les résultats sont officiels et contrôlée par l’Etat tient l’ensemble du pays parce que la partie nord est désormais inscrite dans une économie informelle, de contrebande et de pillage, une économie de guerre. Et tout le monde est au courant y compris les Nations unies, l’Uemoa, la Cdeao… Et dans aucun des contrats de ces Institutions, il n’est admis qu’un pays membre peut annexer une partie du territoire d’un autre pays membre et piller les ressources. L’économie de la Côte d’Ivoire est dans ce cas de figure. Et personnellement je suis déçu de toutes ces Institutions que sont l’Uemoa, la Cdeao, la Bceao parce qu’elles sont toutes créées autour d’un contrat, de Traité, d’arrangement institutionnel. Et ces traités sont violés en Côte d’Ivoire depuis bientôt cinq ans au su et vu de toutes ces Institutions et de leurs responsables mais aussi des chefs d’Etats. Et personne n’en parle. Tous font comme s’il s’agissait d’une problématique interne, Nord-Sud et Musulmans-Chrétiens en Côte d’Ivoire alors que tous savent que le coton ivoirien est recyclé au Burkina, que le cacao ivoirien est vendu par le port du Togo, que le bois ivoirien est pillé par les entreprises françaises. Je suis très déçu parce qu’on a l’impression qu’on a signé des traités de coopération, d’intégration sous-régionale mais en réalité que ce qui compte, c’est ce que veut la France et tout le monde accepte cela sans discuter même si la vérité crève les yeux.

Est-ce que la Côte d’Ivoire arrive à payer normalement les salaires de ses fonctionnaires ?

Oui, oui, nous payons les salaires. Nous essayons même de payer une partie des arriérés du service de la dette due au Fmi et à la Banque mondiale. Environ 700 à 800 milliards de f cfa par an. Mais difficilement puisque la priorité, c’est la survie de l’Etat et de ses charges.

Il y a une image d’Épinal qui vous colle à la peau, celle de gardien de la ligne dure, l’idéologue, le faucon du régime de Gbagbo, qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est une bonne réputation. Ça veut dire qu’il y a une ligne que personne n’arrivera à briser. Parce que gardée par des gens qui croient que c’est cette ligne là qui conduira à la liberté. Je ne prends pas ça mal. Je trouve d’ailleurs que c’est un hommage que l’on rend au combat pour la liberté des Ivoiriens. Et au delà de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique. Cela me fait d’ailleurs penser, en souriant, à Pétain entrain de dire à De Gaulle qu’il était un extrémiste. Et l’histoire a fini par prouver que c’est Pétain lui-même qui était un collabo. Et De Gaulle taxé d’extrémiste a, lui, défendu la grandeur de la France, la République française. Ceux qui traitent les patriotes d’extrémistes devraient penser à cela.

Quel est le message que vous lancez à la Communauté internationale ?

Il y a le droit international, le droit à l’autodétermination des peuples, il y a la charte des Nations unies, il y a les accords et les traités internationaux signés par les Etats et en aucun cas les Ivoiriens n’accepteraient qu’on les considère comme un sous peuple, un peuple pour lequel le droit international n’est plus valable. Un peuple pour lequel un chef d’Etat français peut se lever et décréter qu’il n’est plus digne d’être indépendant et qu’il mérite qu’on lui remette les chaînes aux pieds ; Je pense que la communauté internationale devrait réfléchir avant de prendre quelque engagement que ce soit accompagnant le projet macabre français.



lundi, 02 octobre 2006

«Après New York, Chirac échoue à nouveau à Bucarest»



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 829 du Samedi 30 Septembre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15... :

par
Anassé Anassé :

«Crise ivoirienne – Le XIème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie a pris fin {…} vendredi à Bucarest, en Roumanie. Le président français Jacques Chirac qui espérait la caution de l’OIF pour introduire à l’ONU une résolution plus «musclée» contre son homologue ivoirien Laurent Gbagbo, n’a pas été suivi par ses pairs.

Le moins qu’on dire, c’est que le président Laurent Gbagbo continue de mener Jacques Chirac aux points. Le président français, qui avait vertement critiqué jeudi son homologue ivoirien sur les chaînes de radio et télévision françaises (RFI et TV5), a perdu la bataille de Bucarest.
En effet, le locataire du Palais de l’Elysée espérait obtenir le soutien de la soixantaine de pays présents au XIème sommet de la Francophonie, qui a eu lieu les jeudi 28 et vendredi 29 septembre en Roumanie, pour «déshabiller Gbagbo et habiller Banny». A Bucarest, Chirac a plaidé haut et fort pour un renforcement des pouvoirs de Konan Banny. Après avoir qualifié le Premier ministre ivoirien d’«homme de sagesse qui n'est pas impliqué dans la défense d'intérêts particuliers en Côte d'Ivoire, qui incarne donc autant que faire se peut l'intérêt général», le président français a déclaré que «je serais pour ma part tout à fait favorable à ce qu'une disposition constitutionnelle lui permette d'avoir les pouvoirs les plus larges possibles». Ainsi, l’AFP révélait jeudi que «selon le projet de déclaration (finale), Paris a fait une «proposition alternative» plus musclée que la version retenue par le comité de préparation, qui regroupe les 49 Etats membres de plein droits de l'OIF». Mais au final, Chirac n’a pas été suivi par l’OIF.
L’extrait de la déclaration finale du sommet de la Francophonie se rapportant à la Côte d’Ivoire est effectivement beaucoup moins virulent à l’égard du président Laurent Gbagbo. Les participants au sommet regrettent notamment «les nombreux blocages et le manque de volonté réelle des acteurs politiques ivoiriens» de sortir de la crise, sans toutefois rejeter la faute sur le président ivoirien Laurent Gbagbo, écrit l’AFP. Ce qui n’a pas été le cas du président français Jacques Chirac, qui a traité le président ivoirien de tous les noms d’oiseaux dans un entretien jeudi soir à TV5 et RFI. Les participants au sommet de Bucarest, auquel le numéro un ivoirien n’a pas assisté, regrettent tout juste «le report des élections présidentielles initialement prévues le 31 octobre 2006 au plus tard, selon les termes de la résolution 1633 du Conseil de sécurité». Et insistent sur le fait que «l’objectif doit demeurer l’organisation d’élections libres et démocratiques», fondées sur un «processus d’identification équitable et le désarmement de toutes les forces combattantes». L’OIF inscrit donc au titre des mesures qui pourraient conduire à la sortie de crise en Côte d’Ivoire, le désarmement des rebelles. Ce qui sonne donc comme un désaveu pour le président français. De plus, la déclaration finale de Bucarest n’a pas non plus repris l’idée de «larges pouvoirs constitutionnels» à accorder au Premier ministre Charles Konan Banny, telle qu’exprimée avec force par le président Jacques Chirac, et soutenue par le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf.
Lors de la rencontre «informelle» de New York sur la Côte d’Ivoire, le 20 septembre dernier, la France avait espéré la «suspension» de la Constitution ivoirienne. Elle a échoué. Hier encore à Bucarest, Paris, par la voix de son président, a milité en faveur d’un «Premier ministre fort» et d’un «président de la République faible». Il n’a pas eu gain de cause. Chirac vole d’échec en échec dans le conflit crypto-personnel qui l’oppose au président Laurent Gbagbo. »