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jeudi, 05 octobre 2006
Processus de paix dans le cadre de Marcoussis: Affi donne les trois raisons de l'échec
Notre Voie — 5 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :
par Boga Sivori
Le Premier ministre Affi N'Guessan, président du FPI, qui était mardi dernier, à Yopougon, dans le cadre de la tournée qu'il effectue dans le district d'Abidjan, a donné les trois raisons qui, selon lui, sont à la base de l'échec des accords de Marcoussis.
La Commune de Yopougon a reçu mardi dernier, la visite du Premier ministre Affi N'Guessan, qui effectue une tournée de sensibilisation dans le district d'Abidjan. Devant un très grand public enthousiaste et parfaitement en phase avec lui, le premier responsable du parti au pouvoir a donné les trois raisons qui, selon lui, expliquent l'échec du processus de paix issu des accords de Linas-Marcoussis.
Pour le président du FPI, la première raison de l'échec est que la situation de ni paix ni guerre arrange les rebelles. Dans la mesure où ils sont protégés par les militaires français de la force Licorne. Celle-ci constitue une barrière derrière laquelle les rebelles règnent en maîtres absolus en pillant les ressources de la partie du pays sous leur contrôle et en spoliant les populations qu'ils martyrisent. Ainsi, explique le président Affi, des gens qui dans un passé proche, n'étaient rien et n'avaient rien sont devenus subitement riches grâce aux armes qu’ils détiennent et investissent dans les pays limitrophes, notamment au Burkina Faso et au Mali. Ils ont, par ailleurs, tous les honneurs dans une zone où ils font la pluie et le beau temps. Il est évident, selon le président Affi, que de tels gens n'accepteront pas de déposer les armes par leur propre volonté, surtout qu'ils sont sûrs que rien ne leur arrivera, parce que protégés par la France. Pour le premier responsable du FPI, la force Licorne a mis à nu en novembre 2004 sa véritable mission en Côte d'Ivoire . Alors que les Forces de défense et de sécurité avaient totalement mis en déroute la rébellion dans le cadre de l'opération “Dignité” , la France a inventé une attaque d'une base militaire française à Bouaké pour détruire la flotte militaire ivoirienne. “Si les jeunes ne s'étaient pas mobilisés au prix de leur vie, on n'en serait pas là aujourd'hui. La Côte d'Ivoire serait partie en fumée”.
La deuxième raison, selon le président Affi, est que ce que vit la Côte d'Ivoire est un coup d'Etat qui a échoué et qui s'est mué en rébellion. Et donc ceux qui ont pris les armes ont pour seul objectif la prise du pouvoir. Et tant qu'ils détiennent les armes, ils espèrent réaliser leur rêve. C'est pourquoi le chef du FPI estime que le coup d'Etat n'est pas encore terminé.
Enfin la troisième raison porte sur la complicité et le soutien de Chirac à la rébellion. “C'est le plus grand problème de notre pays”, a-t-il martelé.
Pour lui, il y avait un grand malentendu dans la compréhension de l'accord de Marcoussis. Alors eux ont signé cet accord parce qu'ils pensaient qu'il apporterait la paix dans la mesure où il disait clairement que le désarmement aurait lieu dès la formation du gouvernement, pour Chirac, cet accord était un plan pour écarter en douceur le président Gbagbo du pouvoir. Et, pour le président Affi, si Chirac dit qu'il est désespéré, c'est parce que son coup a échoué.
En définitive, pour le président du FPI, le véritable problème de la Côte d'Ivoire s'appelle la France. C'est pourquoi il exhorte les Ivoiriens à se battre pour arracher leur liberté à la France, car aucun pays ne peut se développer tant qu'il est sous domination et dans l'asservissement.
Mais pourquoi donc Chirac combat Gbagbo? Pour le président Affi, il faut rechercher les raisonS dans le fonctionnement injuste du monde. “Ce monde est un monde de domination des uns sur les autres”, a-t-il fait remarquer. Il y a eu l'ère de l'esclavage où des milliers d'Africains ont été déportés pour être traités comme des sous-hommes loin de leurs terres natales. Si les Africains se sont battus pour mettre fin à l'esclavage, il a vite fait place au colonialisme. Qui est une période où ceux qui se prennent pour les maîtres du monde sont venus dominer les Africains sur place, exploiter toutes les richesses des pays africains pour aller construire les leurs. Là encore, les Africains se sont battus pour obtenir pour quelques -uns l'indépendance totale, et pour beaucoup l'indépendance sous surveillance, tel est le cas de la Côte d'Ivoire de feu le président Houphouet qui a dû céder sous la répression de la France. Ces pays regroupés au sein de la Françafrique sont des vaches à lait de la France. Et, parmi ces pays, la Côte d'Ivoire est la plus juteuse.
C'est pourquoi, selon le président Affi, Chirac pense que la Côte d'Ivoire est sa propriété privée dont il peut à volonté puiser les richesses pour faire fortune et financer son action politique. Et voilà qu'arrive un homme nouveau avec une nouvelle vision. Celle de donner à la Côte d'Ivoire sa liberté confisquée et sa dignité. Quand il arrive au pouvoir en 2000, on ne le prend pas au sérieux. On pense même que lui qui manque d'expérience gouvernementale va se casser le nez face aux nombreux problèmes que traversait le pays en ce moment. Mais voilà qu'au fur et à mesure que le temps passe, l'homme convainc et rassure les Ivoiriens sur sa gestion des affaires de l'Etat. Il engrange des victoires. Il rétablit les relations avec les bailleurs de fonds qui avaient déserté la Côte d'Ivoire depuis plus de deux ans sous Bédié. Il règle le problème de double salaire des enseignants créé par Alassane Ouattara. Il met en place le budget sécurisé qui permet au pays de fonctionner et de payer ses fonctionnaires sans aucun apport extérieur. De sorte que, de plus en plus, l'homme confirme le bien que son peuple pensait déjà de lui et fait de plus en plus corps avec lui. Ceci évidemment n'était pas de nature à tranquilliser le président français. Et, comme si cela ne suffisait pas, le président Gbagbo ne téléphone pas chaque matin à Chirac pour demander son état de santé et son avis sur tel ou tel autre sujet important concernant la Côte d’Ivoire. Il ne prend même pas la peine de lui soumettre l'ordre du jour des conseils des ministres. Dès lors, il est perçu comme un homme dangereux pour la France.
C'est pour ces raisons, a expliqué le président Affi, que Chirac fait la guerre à Gbagbo et au FPI. Car, pour lui, écraser le FPI, c'est mettre Gbagbo hors d'état de nuire. Et le président du FPI de questionner: “Devons-nous laisser faire des gens qui n'aiment les Africains que lorsqu'ils peuvent les exploiter et exploiter leur pays?” Pour lui, “nous devons nous battre, car il s'agit de notre avenir et de celui de notre pays”. Et le chef du parti au pouvoir de faire remarquer que “c'est notre mobilisation qui constitue le bouclier du président Gbagbo. Il faut que nous sachions que les sacrifices que nous avons déjà faits ne sont rien devant ce que d'autres pays ont fait pour leur liberté. L'exemple de l'Algérie est édifiant en la matière”.
Pour lui, Bédié, Ouattara et Soro ne sont que des marionnettes de la France. “Les colons travaillent toujours avec des collabos. Il nous appartient de les neutraliser”. Selon le chef du FPI, “il faut que les discours qu'ils tiennent cessent. On ne peut pas être en zone gouvernementale et être rebelle. Préparez-vous à les mettre hors d'état de nuire. Si on est rebelle, on doit être dans la zone rebelle. En zone gouvernementale, on a un seule boussole, c'est la Constitution”.
Pour le président du FPI, “l'heure est arrivée pour que le chef de l'Etat reconstitue son gouvernement. Nous avons assez de ce gouvernement de serpent, et de crapauds. C'est ce genre de gouvernements qui nous a apporté les déchets toxiques”.
Pour M. Affi, “les rebelles ont eu quatre ans de délai de grâce pour se ressaisir. Mais ils ne veulent pas la paix. Ils n'ont pas voulu saisir la main tendue. Il faut donc mettre fin au contrat ”.
Ceci n'est que la première partie du combat, selon Affi N'Guessan. La deuxième partie aura lieu après les réunions de la CEDEAO et l'UA. “Il faut que les Africains aient le courage de dire la vérité à Chirac ”, a prévenu le chef du FPI. Et au président Affi d'expliquer qu'il ne menace pas les étrangers: “ Je dis aux chefs d'Etat africains que s'ils prennent des décisions pour ménager le pays, ce sera profitable à tout le monde. On ne jette pas des pierres là où on a son canari d'huile de palme”.
En définitive, pour le président Affi, “ il faut que la force Licorne parte de la Côte d'Ivoire. Tout comme on ne veut plus de GTI ici ”.
En tout état de cause , pour lui, la finale aura lieu le 31 octobre.
Le président Affi a été reçu à son arrivée par tous les élus de la commune de Yopougon. Et il a été précédé à la tribune par le maire Gbamnan Djidan Félicien et le secrétaire de la fédération FPI d'Abidjan- Banco Zaba Zadi. Il y avait également une forte délégation d'anciens militants du RDR venus du sous quartier Port-Bouët II qui décidé depuis le passage du président Koulibaly dans leur cité de rejoindre les rangs du FPI.
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