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lundi, 29 janvier 2007
Incarcération d'un jeune patriote ivoirien à Paris (suite)
Le Matin d'Abidjan :: Lundi 29 Janvier 2007 :: http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...
"INCARCERATION D'UN JEUNE PATRIOTE A PARIS - Les autorités ivoiriennes montent au créneau"
par Philippe Kouhon
(correspondant Europe) :
"Le sort de Yapo Assi Innocent, jeune patriote ivoirien arrêté à Paris il y a cinq jours, puis écroué depuis le jeudi 25 janvier dernier à la prison de la Santé à Paris, est désormais entre les mains de la justice française. " Il ne sera pas entendu à nouveau avant fin février ", nous confiait hier Me Bourdié Carine, l'avocate commise d'office par la justice française elle-même. Laquelle avocate est contestée par les parents et proches du prévenu. Qui entendent la dessaisir du dossier pour le confier à Me Françoise Cotta, très réputée en la matière. On annonce même la constitution d'un collectif d'avocats. C'est dire à quel point l'affaire est " sérieuse ". A Paris où réside le jeune patriote depuis 13 mois, la représentation diplomatique ivoirienne, à travers l'ambassadeur Kouassi Hyacinthe, s'est saisie du dossier. Joint hier au téléphone, le diplomate a dit " être très préoccupé " par cette arrestation qui " intervient au moment où le brouillard commence à se dégager entre Paris et son pays la Côte d'Ivoire ", au vu des bonnes intentions affichées par les autorités des deux pays. Depuis Nancy à l' Est de la France, où il est en déplacement, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France " a donné l'ordre de suivre le dossier ", révèle M. Koffi Fana, premier conseiller de l'ambassade. " Nous avons contacté les autorités françaises, surtout le Quai d'Orsay qui, dans pareille circonstance, nous informe immédiatement. Et depuis, nous attendons les réponses", précise-t-il. Hier après midi, quand nous nous rendions à notre ambassade sise au 102, rue Raymond Pointcaré dans le 16e arrondissement, la diplomatie ivoirienne n'avait toujours pas de retour d'info du Quai d'Orsay. " Nous allons engager une procédure d'explication. Car au vu de ce que nous avons lu dans la presse, si les dires des gendarmes et des magistrats français en charge du dossier se confirment, il n'est pas normal que pour de telles suspicions, nous ne soyons pas informés ", explique madame Sissoko, vice consul à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Aux premières heures de l'interpellation de Yapo Innocent, les gendarmes puis la juge en charge du dossier parlaient d'une " affaire d'Etat ayant trait au bombardement du camp de la force Licorne de Bouaké et manifestation de jeunes patriotes devant l'hôtel Ivoire en novembre 2004." De leur côté, les jeunes patriotes ivoiriens vivant à Paris qui s'étaient heurtés à la colère du juge Ducos le jeudi 25, jour de l'instruction de Yapo, au tribunal de grande instance de Paris, n'entendent pas baisser les bras. Constitué en comité de crise, ils entendent multiplier les actions en vue de la libération de leur camarade. " Nous allons dans les prochains jours nous mobiliser dans toute la France pour la libération de notre ami " avance, M. Adégué Amos, l'un des responsables du comité. " Je voudrais dire à tous les patriotes épris de liberté, à travers le monde entier, de se joindre à nous. Des opportunités telles que le prochain sommet France-Afrique à Cannes du 14-16 février prochain seront explorées ", rappelle -t-il. Avant de terminer : " Nous comprenons enfin que la France veut nous distraire dans ce dossier de la tuerie des Ivoiriens devant l'hôtel Ivoire. Cette interpellation manu militari suivie d'incarcération rapide de Yapo Assi est une réelle provocation à laquelle nous allons répondre. " Les prochains jours nous situeront."
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vendredi, 26 janvier 2007
Autour de Bouaké et de l'Hôtel Ivoire
Ci-dessous, lu dans Le Matin d'Abidjan, mais pas lu dans les journaux français, qui confirment cependant le malaise en dénichant un "instructeur" français des pilotes slaves des Sukhoï (tiens, on ne savait pas qu'il y avait aussi, en plus des "Slaves", des - ou au moins un - Français...). C'est L'Express qui a découvert et interviewé ledit "instructeur", L'Express repris par tous les autres qui continuent d'en rajouter dans le "révisionnisme évolutif".
On arrête (cf. ci-dessous) des patriotes ivoiriens à Paris, tout en cherchant à prévenir ce dont on laisse à penser que ça va finir par éclater concernant Bouaké : Gbagbo n'avait rien à voir - non plus peut-être que les Sukhoï (on refuse toujours l'autopsie des soldats français tués)...
Le Matin d'Abidjan - Vendredi 26 Janvier 2007 :: http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_act...:
"TRIBUNAL DE PARIS HIER
Juges français et jeunes patriotes se battent"
par Philippe Kouhon
(Correspondant Europe) :
"Interpellé tôt le mardi dernier en banlieue parisienne, Yapo Assi Innocent a passé 48h de garde à vue dans les geôles de la brigade criminelle de la gendarmerie sise à la porte de Bagnolet (20e arrondissement) au 154, boulevard Davout. Hier matin, il a été entendu par deux juges d'instructions aux affaires pénales de Paris avant d'être écroué vers 17h à la prison de la santé dans le 14e arrondissement. Madame Ducos et M. Sommerer qui ont entendu le jeune patriote se sont heurtés à un groupe de jeunes patriotes ivoiriens de Paris qui étaient présents dans les locaux du tribunal, peu avant l'instruction. Il est 10h, en effet, quand nous nous pointons au palais de la justice dans le 4e arrondissement (M° Cité). Sur place, une dizaine d'Ivoiriens attendaient. " Le jeune Yapo Assi Innocent sera bel et bien entendu ce matin à 11h dans le cabinet de la juge d'instruction, Mme Ducos ", apprend-on des services du greffe. Nous sommes conduits au 2e étage porte D rejoints par cinq autres Ivoiriens visiblement très au courant de l'affaire dont la compagne ivoirienne de Kalaï. Nous nous informons auprès de la garde d'entrée de la juge en question. " Vous n'avez pas à être là. C'est une affaire sérieuse et ici ce n'est pas une galerie publique ", nous lance , un garde visiblement sur les nerfs. " J'ai appris que mon compagnon sera assisté par un avocat commis d'office. Je souhaiterais le connaître car de mon côté j'en ai commis un autre ", explique la compagne du patriote dont nous taisons pour l'instant le nom pour des raisons de sécurité. Cinq minutes plus tard, trois autres Ivoiriens arrivent dans le hall. Et alors que le groupe échangeait avait la garde du cabinet de la juge, deux personnes sortent du cabinet, pour prendre un café dans le hall. Ce sont Mme Ducos, assisté de M. Sommerer. Nous engageons une discussion avec les deux juges qui, très vite, s'énervent devant l'intransigeance de la foule qui leur faisait comprendre que l'avocat commis d'office pour assister Kalaï et dont tout le monde ignore l'identité n'avait pas l'assentiment des proches de l'accusé. Les Ivoiriens, en majorité des jeunes gens, les informent qu'ils ont pris avocat pour défendre le mis en cause : Me Françoise Cotta. " Elle n'est pas mieux que celui que nous avons choisi pour Yapo. D'ailleurs, cet avocat fait partie des douze meilleurs du barreau ", rétorquent les deux juges. A dire vrai, ils connaissent bien l'avocate pour sa propension à défendre ceux qui sont traqués par les autorités françaises. Surtout quand ils appartiennent à des minorités. Pour une telle affaire donc, la justice française n'avait aucun intérêt à permettre que la défense du prévenu soit assurée par un avocat de la notoriété de Me Cotta. " Que reprochez-vous au jeune ", risquons-nous. "C'est une affaire de secret d'Etat. Nous n'avons aucune information à vous donner. Monsieur Yapo est majeur. Il saura se défendre", répondit l'un des juges. Et d'ajouter: " Vous devez savoir de quoi il est question si vous êtes des vrais Ivoiriens. Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est une affaire très compliquée. " Une rude discussion débute alors entre le groupe d'Ivoiriens et les deux juges. Conséquence : très vite, la gendarmerie qui s'est déployée en grand renfort éjecte la dizaine d'Ivoiriens du palais. Avec nos compatriotes, nous nous retrouvons donc dehors, malgré notre carte de presse que nous exhibions. Tant le groupe se rend au cabinet de Me Cotta Françoise. Elle accepte de nous écouter et nous promet de tout faire pour savoir davantage un peu plus tard. Rendez-vous est pris pour 18h30. Finalement, nous apprendrons que l'avocate commise d'office n'était qu'une secrétaire de conférence très intégrée dans le système. A la fin de l'audience, il s'est juste contenté de dire un mot à la compagne du prévenu : " C'est moi qui vient d'assister votre copain. Mais pour des raisons de secret professionnel, je ne vous en dit pas plus. Vous êtes libre de prendre un autre avocat… " Me Cotta qui est très réputée dans ce genre d'affaires et qui a eu le temps d'introduire une de ses substituts dans le réseau nous révélera : " J'ai eu des accrochages avec la juge Ducos. Elle fait un blocus total. J'ai dû envoyer au palais Me Talia Coquis qui rapporte que Yapo se porte bien et qu'il est incarcéré à la prison de la santé. Il ne sera pas entendu à nouveau avant février prochain. C'est une détention provisoire qui peut se tendre sur plusieurs mois. Mais j'aurai connaissance du dossier lorsque lui-même me désignera. " Et de poursuivre : " Selon les informations en ma possession, Yapo serait cité dans l'affaire de l'Hôtel Ivoire, une conséquence du bombardement du camp français de Bouaké en novembre 2004. J'ai aussi vu Me Bourdié Carine qui l'a assisté. Elle a dit que la juge d'instruction ne s'opposera pas à une demande de permis de visite." Il est 20h quand nous quittons le bureau de Me Françoise Cotta, rue du Louvre (1e arrondissement de Paris). Vu les raisons avancées pour justifier cette arrestation, il est clair que c'est l'Etat ivoirien qui est visé. Le pouvoir en place à Abidjan qui hésite à porter plainte contre la France meurtrière de Chirac est averti."
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vendredi, 19 janvier 2007
Interview/ Blé Goudé , président du Cojep ''Les rebelles vont partir d'eux mêmes''
Le Matin d’Abidjan — 14/01/2007 — http://www.lematindabidjan.com/visual_viepol.php?num_viep...
Propos recueillis par
Fabrice Tété :
«Samedi soir, sous le coup de 19h GMT, le président de l'Alliance des jeunes patriotes et secrétaire exécutif des mouvements panafricains était sur la chaîne camerounaise Canal 2 international. Blé Goudé a une fois de plus expliqué la crise ivoirienne et permis aux nombreux téléspectateurs de mieux appréhender le combat de la jeunesse ivoirienne qui commence à s'étendre au reste du continent. Un entretien que nous proposons en intégralité.
Doit-on vous appeler commandant, général ou président Blé?
Je suis Charles Blé Goudé, président du COJEP, aujourd'hui secrétaire exécutif du mouvement panafricain. L'appellation ''général'', cela est arrivé dans un contexte où la Côte d'Ivoire a été attaquée par des rebelles. Revenu de l'Angleterre, j'ai mis en place une structure qu'on appelle l'Alliance des jeunes patriotes dont l'objectif était de prendre la rue et à travers la mobilisation de masse, arrêter la rébellion. C'est-à-dire comment décourager ceux qui ont pris les armes à travers la mobilisation des masses. Telle était la problématique que j'avais posée. Voilà d'où est venu le surnom ''général'', sinon je suis Charles Blé Goudé.
Je suis le directeur de publication d'un journal nigérien qu'on appelle ''La Giffe''. Alors au Niger et un peu partout en Afrique, on vous a connu à travers les médias étrangers, notamment français, comme un fauteur de troubles, un xénophobe. Alors qui est vraiment Charles Blé Goudé ?
Celui qui sème le trouble, c'est celui qui manifeste contre les normes. Je ne pense pas que cela a été notre cas. Des Ivoiriens, en collaboration avec la France qui les manipulent et avec la complicité de certains leaders politiques, prennent des armes et attaquent la Côte d'Ivoire. A la tête de ce groupe, Soro Guillaume, un ami à moi, un ancien secrétaire général du mouvement estudiantin sous qui j'ai travaillé. Pendant que lui a les armes en main, mes amis et moi nous prenons la rue. Une, deux et trois fois, nous le faisons. Et les médias étrangers, pendant qu'ils présentent les rebelles comme des gens gentils, des gens mignons, nous présentent comme des voyous, des semeurs de troubles. Alors moi, je laisse les gens, l'opinion juger. Entre ceux qui prennent les armes et ceux qui prennent la rue, qui sont les vrais voyous ? Mais cela nous amène à comprendre l'origine de la crise ivoirienne. En fait, dans la conception du plan de déstabilisation de la Côte d'Ivoire, l'on n'avait pas compté avec les jeunes patriotes, puisque moi je n'étais pas là. Notre entrée en scène les a déroutés. C'est à partir de là qu'ils se sont organisés pour lancer cette campagne de diabolisation qui, avec le temps, est en train de changer. Puisque je parle avec le Nigérien, avec le Camerounais, cela veut dire que les choses ont évolué aujourd'hui. Je suis allé au Niger, au Cameroun, les jeunes de ces pays africains doivent comprendre que c'est un schéma classique de diabolisation de tous les leaders africains qui disent non à l'ordre ancien.
Ça fait quand même quatre ans que cette crise dure, il y a eu des réunions, un peu partout en Afrique même en Europe. Des accords ont été signés, mais c'est toujours le statu-quo, les choses n'évoluent pas, qu'est-ce qui bloque ?
Ce qui bloque, ce sont ceux qui organisent les différentes tables rondes, parce qu'en les organisant, ils ont un agenda secret qui est très différent de ce que les Ivoiriens attendent. C'est quoi un agenda secret ? C'est de faire signer des accords qui n'ont pas pour objectif de trouver une solution à la crise ivoirienne, mais plutôt de trouver des mécanismes pour humilier le chef de l'Etat ivoirien, réduire ses pouvoirs et le bouter hors pour mettre en place un genre de préfet local qui est un genre de prolongement de l'administration française en Côte d'Ivoire. Ce que nous n'acceptons pas. Alors, les gens ont peur de faire le point des accords. La table de négociations est une table de donner et de recevoir. Quand on demande au chef de l'Etat ivoirien à Marcoussis, en France, de démettre son premier ministre d'antan afin de mettre en place un nouveau premier ministre dit de consensus, ce qui a été fait, et qu'en retour on lui promet le désarmement qui jusqu'aujourd'hui n'est pas fait, qui bloque les accords ? Deuxièmement, on lui demande d'intégrer les rebelles et leurs chefs dans le gouvernement dit de réconciliation nationale, il le fait et en retour il n'y a pas de désarmement. A qui la faute ? La réunion se déplace à Pretoria où on demande au Président Gbagbo d'user de ses prérogatives en fonction de la constitution ivoirienne, notamment l'article 48, pour faire d'Alassane Ouattara un candidat. Je rappelle que M. Ouattara s'est vu refuser la participation aux élections en 1995 par Henri Konan Bédié qui est aujourd'hui son partenaire. Parce que, disait-il, il n'est pas Ivoirien. Le Président Gbagbo a donc usé de l'article 48 pour faire d'Alassane Ouattara un candidat. Ce qui n'est pas normal, parce que ceux qui ont demandé ça au Président Gbagbo doivent savoir qu'ils ont posé un acte irrégulier, un acte antidémocratique. Car la révision de cette disposition constitutionnelle devait intervenir par référendum.
L'ivoirité ayant été adoptée par référendum, on ne peut pas demander à quelqu'un ce genre de choses?
Je voulais d'abord vous dire que l'ivoirité n'a jamais été adoptée par référendum en Côte d'Ivoire. M. Henri Konan Bédié, président de la République de Côte d'Ivoire de 1993 à 1999, a mis en place ce concept d'ivoirité et il revendique la paternité de ce concept. Dans son livre qu'il a écrit intitulé ''Les chemins de ma vie'', cela est marqué là-dedans. Donc ça n'engage que lui. Malheureusement, cela a pris tout le pays et ce sont ceux qui n'ont pas cassé ces pots qui sont en train de payer. C'est pourquoi je dis que le Président Gbagbo a résolu un problème que le Président Bédié a créé avant de partir. Un genre de bombe à fragmentation qui était prête à exploser dans les mains de n'importe qui. Alassane Ouattara est candidat grâce à Gbagbo, mais le désarmement n'est pas toujours intervenu et nous partons d'accords en accords. Sans que personne ne puisse lever le petit doigt pour faire la pression sur les rebelles afin qu'ils fassent aussi leur part de sacrifice, c'est-à-dire déposer les armes, réunifier le pays pour qu'on parte aux élections.
Au Cameroun, les gens s'attendaient à voir un Blé Goudé mesurant 2 m, pour 200 Kilos. On a plutôt un monsieur de taille normale qui ne fait pas 80 Kg à vue d'œil. D'où tirez-vous cette force ?
Mais il y a grandeur et grandeur. Un grand homme n'est pas forcément celui qui est géant. Maintenant vous savez, nous sommes à la recherche en Afrique de leaders qui ont un lien historique dans leur action avec le peuple. J'ai été leader des élèves et étudiants, et à ce titre j'ai porté leurs revendications. Alors c'est cette jeunesse là aujourd'hui qui connaît notre passé, qui sait que nous n'avons jamais fléchi qui travaille avec nous. Et qui sait également que nous avons été constant dans le combat, que nous avons des convictions fermes. C'est tout, à part cela, il n'y a rien d'autre.
Il y a quelques semaines, l'ONU a pris la résolution 1721 qui est censée quand même pouvoir créer les conditions d'un retour de la paix en Côte d'Ivoire. On s'est rendu compte que l'opposition civile et armée l'a acceptée quand le camp Gbagbo et les jeunes patriotes l'ont refusée. Alors que reprochez-vous à la 1721 ?
D'abord je m'inscris en faux, le camp Gbagbo n'a pas rejeté la 1721. Le président Gbagbo non plus n'a pas rejeté cette résolution. Mais nous disons que la solution à la crise ivoirienne ne se trouve pas dans une résolution. Parce qu'une résolution qui s'écarte volontairement de la réalité ivoirienne ne peut-être appliquée. On ne peut pas rester à New York et puis prendre des décisions qui n'ont rien à voir avec la situation de crise en Côte d'Ivoire. Comment pouvez-vous comprendre qu'on parte à une réunion aussi importante du conseil de sécurité de l'ONU sans que personne ne puisse évoquer la question du désarmement, dans un conflit comme celui que nous vivons en Côte d'Ivoire, où il y a une partie contrôlée par des gens armés ? Mais pourquoi on n'en parle pas ? Il n'y a aucun paragraphe dans cette résolution qui traite du désarmement des rebelles. Ce qui est incceptable.
Cette résolution aurait été bien préparée par les Français sous prétexte que ce pays est votre ancien colonisateur ?
Mais je vous dis que cette résolution est la dernière mouture de ce que la France avait préparé. La France avait demandé la suspension de la constitution ivoirienne, la mise à l'écart du président Gbagbo. En fait, elle veut bouter hors le président de la République. Elle est poussée par la haine contre celui-ci qui est un président atypique, qui refuse d'aller dans le sens d'un sous-préfet local. Cela dit, la 1721, nous ne l'avons pas rejetée. Seulement que tous ceux qui prennent des résolutions, tiennent compte des réalités de la Côte d'Ivoire. C'est que des individus ont pris des armes et ont agressé la République. En leur donnant satisfaction par-ci par-là, en accédant à leurs requêtes, on encourage d'autres rébellions ailleurs en Afrique. Or il faut décourager toute rébellion. Si un enfant fait des gaffes tout le temps à la maison et que vous accédez à tous ses caprices, pourquoi voulez-vous qu'il arrête ? Quand Soro Guillaume et tous ses rebelles occupent une partie du pays ou il n'y a pas d'impôt qui est versé dans les caisses de l'Etat, et qu'ils sont payés par l'Etat sans qu'on leur fasse une quelconque pression, et qu'on leur déroule le tapis rouge à Paris comme dans d'autres capitales africaines, pourquoi voulez-vous qu'ils déposent les armes ? Ils ne le feront pas. A leur place, moi je ne le ferai pas. Mais s'il y a une pression réelle, une volonté manifeste de la communauté internationale et de tous ceux engagés dans la résolution de la crise à amener les rebelles à désarmer, ils vont le faire.
Guillaume Soro, vous l'avez dit, est votre ami. Est-ce que vous ne pouvez pas utiliser ces relations avec lui comme le pensent beaucoup de gens pour trouver une autre issue à la crise ivoirienne ?
Mais ceux qui pensent ainsi se trompent parce que ce n'est pas un problème de sentiments, c'est un problème d'intérêt national, mais d'intérêts particuliers surtout. Il ne sert à rien que lui et moi nous nous appellions pour parler de notre passé. Il s'agit plutôt de savoir ce qu'on peut faire pour apporter une solution à la crise ivoirienne. Pour mettre fin aux souffrances des populations. Or Soro, me semble-t-il, est déjà allé trop loin. Il a promis monts et merveilles à des jeunes gens qu'il a recrutés, qui ont fait la guerre à sa place, et qui lui ont donné tout ce qu'il possède aujourd'hui. Deuxièmement, les Français et lui ont trempé dans trop de complots. Trop de secrets les lient aujourd'hui, et Soro est devenu l'otage des Français. Avait-il de l'argent pour payer des armes, nourrir les rebelles ? Des personnes ici et là, lui ont fait des prêts, j'en suis convaincu. Il lui faut donc utiliser la partie sous son contrôle pour rembourser. Mais quand tout sera fini, un jour, il déposera les armes. Voici tant d'interpellations, d'interactions qui dépassent les relations entre lui et moi, c'est pourquoi je ne rêve pas du tout.
On vous a vu devant les chars français les mains nues en novembre 2004 avec vos partisans en train de tenir tête aux soldats français. Qu'est-ce qui se passait dans votre tête dans ces instants-là ?
A ce stade, c'est une seule chose qui a lieu d'être. C'est que notre vie n'a plus d'importance. Quand vous avez des milliers de personnes qui croient en vous, j'estime que votre vie n'est plus importante. Ceux qui sont morts devant l'Hôtel Ivoire, sur le pont De Gaulle, tués par les Français à coup de chars, ceux qui sont morts, tués par les rebelles, sont des gens qui ont des familles comme moi. Ils ont répondu à notre appel et nous ne sommes pas de ces leaders qui appellent les gens dans la rue pendant qu'ils sont cachés dans les ambassades. Alors quand nous appelons nos amis, c'est tout à fait normal que nous prenions le devant des choses. A ce moment, rien ne se passe dans nos têtes, sauf que nous voulons trouver une solution à la crise ivoirienne.
A l'issue du récent sommet du COJEP, vous avez été donc élu secrétaire exécutif du mouvement panafricain. Alors que comptez-vous faire dans l'immédiat pour pouvoir permettre aux jeunes africains d'entamer le combat que vous avez déjà engagé en Côte d'Ivoire ?
Dans l'immédiat, il faut d'abord former le secrétariat exécutif, c'est un travail d'équipe qui doit être composé de différents pays. Je vais d'abord commencer à donner des missions précises et concises à nos amis dont les pays peuvent accepter de les laisser travailler. Ensuite établir des stratégies pour que les autres puissent travailler là où il y a des difficultés. Mais je pense qu'au cours de nos travaux, nous avons tous accepté d'aller au risque. C'est vrai qu'il y a des chefs d'Etat qui ne pourront pas permettre à leurs jeunes de critiquer vertement le colonialisme, l'ancienne puissance coloniale qui est la France ou tout autre pays occidental. Il faut qu'ils comprennent que plus jamais, on doit permettre que demain soit comme hier. Et que c'est notre détermination qui amènera les autres à comprendre que l'Afrique a son mot à dire. Le premier combat, c'est de comprendre que l'on nous divise, les gens opposent la Côte d'Ivoire au Burkina Faso et pendant qu'on se bat, la France se lèche les doigts. L'on oppose le Cameroun à un autre pays et pendant qu'ils se battent, la même France se lèche les babines. Alors la solution se trouve dans la solidarité africaine, la solution se trouve dans l'union africaine, mais je ne parle pas d'une union africaine qui est le prolongement de l'Union européenne; parce que je suis encore étonné que le président de l'Union africaine avant d'être élu, est nommé depuis Paris. Comment vous expliquez que le président Sassou Nguesso pour résoudre une crise en Côte d'Ivoire, quitte le Congo et atterrit à Paris pour avoir un entretien de plus d'une heure avec Chirac avant de venir à Abidjan ? Arrêtons ce bibéronnisme politique. Pour cela, les sociétés changeant par génération, c'est notre devoir d'expliquer aux jeunes africains que le cas en Côte d'Ivoire fait partie des schémas classiques qui ont éliminé Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Kwamé N'Kruma. Mais pendant combien de temps allons-nous nous laisser manipuler par les européens qui ont peur de l'Afrique qui a été le berceau de l'humanité? Aujourd'hui, je pense que nous militons à Abidjan, c'est déjà un pas vers la révolution.
On vous attribue d'avoir dit que le palais de la République à Abidjan appartient à la France. Est-ce que cela serait vrai ?
Je ne connais pas celui qui l'a dit. Mais ce n'est pas tout à fait faux. Est-ce que quelque chose nous appartient encore en Afrique ? Je ne parle même pas de la Côte d'Ivoire. Notre électricité, notre eau, notre communication téléphonique est gérée par la France. Où sont les symboles de notre souveraineté ? Mais non contente de cela, elle veut encore nommer nos chefs d'Etat à notre place. La réponse est que les Africains doivent comprendre que ce que les Français ne peuvent pas accepter, les européens ne peuvent pas accepter chez eux, nous devons les refuser en Afrique. Je ne pense pas que les Français puissent accepter que les Allemands gèrent leur téléphone à leurs places et vice-versa. Mais ici, c'est eux qui gèrent tout et quand il y a un chef d'Etat africain qui refuse, tout de suite on le diabolise. Regardez, dès que le président Kagamé a décidé de mettre sur pied une commission d'enquête sur le génocide du Rwanda, on l'a accusé de tous les maux d'Israël. Mais en tant qu'un monsieur crédible convaincu et déterminé, il a pris la décision qui s'imposait et Paris s'est calmé du coup. Ces histoires du juge Bruguière ou quoi se sont calmées en même temps. Parce qu'il a court-circuité l'adversaire. Il faut qu'à l'image du Rwanda, les pays africains à défaut de rompre leurs relations, puissent arrêter le bibéronnisme politique et prendre le devant des choses. Ils sont élus par leur peuple et non par Paris.
M. Blé Goudé, le 05 février 2005, si ma mémoire est bonne, l'ONU avait pris des sanctions contre vous et deux autres leaders ivoiriens. On sait que vous avez encore des discours du plus en plus virulents contre la France. Ne craignez-vous pas d'autres sanctions ?
Moi je n'ai pas été mis au monde par mon père pour caresser la France. Je ne suis pas en mission sur cette terre pour caresser la France C'est pour cela que je ne vais pas quitter mon pays. Mais je dis, je ne suis pas né dans un avion et ma vie ne se limite pas à des voyages. Mon père est au village, il est dans sa plantation. Mais il y a des gens qui sont nés dans le luxe et qu'ils ne peuvent pas se passer des voyages. Je ne suis pas de ceux-là. Tant que je peux me promener en Côte d'Ivoire, me rendre dans mon village, cela me suffit. Mais bientôt j'irai en Afrique, s'ils s'amusent à continuer, je prends l'avion et j'y vais. Il appartiendra maintenant aux peuples africains de me refouler.
On a bien vu le président Mugabe du Zimbabwe lui aussi interdit de voyager par les Nations unies, mais Chirac l'a bien accueilli au sommet Franco-Afrique et là on n'a plus parlé d'interdiction, l'Onu n'a rien fait. N'est-il pas temps pour vous de voyager en Afrique ?
Je laisse d'abord les Africains comprendre le problème ivoirien parce qu'on l'a dénaturé. On a fait croire aux Burkinabés que les Ivoiriens ne veulent pas les voir en Côte d'Ivoire, mais cela est archi-faux. On se sert de l'ignorance en Afrique pour manipuler les populations parce qu'on n'a plus d'argument. Il fallait que les rebelles se trouvent une base arrière à travers les pays frontaliers à la Côte d'Ivoire, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Ghana mais ça n'a pas marché. Au Libéria, le changement de régime a permis de sécuriser la frontière. Comment donc rallier les burkinabés à leur cause ? Il faut qu'ils se fassent passer pour leurs bienfaiteurs, en posant des problèmes de cartes d'identité, de papiers en Côte d'Ivoire. Mais cela peut se résoudre. J'ai écouté le ministre de l'intérieur en France dire qu'il faut chasser les Africains qui ne sont pas en règle et qu'il faut durcir la loi. Je vois des jeunes sénégalais qui meurent chaque jour dans la mer, des jeunes maliens qui sont toujours rapatriés dans avions, attachés, cela ne choque aucunement les Africains. Mais c'est le problème ivoirien qu'on dramatise, qui choques. Ne nous trompons pas de combat et d'adversaire. Donc, je laisse les gens comprendre d'abord la nature du problème ivoirien et puis ensuite je prendrai mes responsabilités. Mais d'abord mon pays étant membre de l'Onu, j'observe pour l'heure cette décision, quitte à eux de se rendre compte qu'ils se sont trompés et on verra.
Vous avez été en prison huit fois sous les différents régimes. Quand le président Houphouet-Boigny, mourant, gouvernait, je peux imaginer que vous n'aviez que 21 ans quels étaient vos rapports avec lui ?
Non, je n'ai pas eu des rapports avec le président Houphouet-Boigny parce que j'étais encore au lycée. Ce sont plutôt mes devanciers qui dirigeaient le mouvement qui ont eu des rapports avec lui. Mais cela dit, j'étais membre du mouvement et je sais que les rapports entre lui et la FESCI n'ont jamais été tendres. Tant qu'avec Houphouet qu'avec Alassane Ouattara qui était premier ministre. C'est même ce dernier qui a dissout le mouvement estudiantin. Il était interdit d'activités en Côte d'Ivoire et être membre cette situation était un délit. On poursuivait les étudiants jusque dans leurs chambres, dans la maison de leurs parents et on les jetait en prison. Après Houphouet est venu Henri Konan Bédié et c'est avec lui que nous avons courir toute sorte de brimades, d'arrestations, de tracasseries jusqu'à ce qu'on nous enchaîne dans notre lit d'hôpital parce que malade en prison. Et c'est ceux-là qui aujourd'hui, sous l'influence de la France, parlent de démocratie. Cela choque, c'est pourquoi la majorité de la jeunesse ivoirienne ne les suit pas.
On a d'ailleurs une photo qui vous montre enchaîné sur le lit d'hôpital au CHU de Treichville. Je voudrais vous demandez ce qui s'est passé au point d'arriver-là ?
J'étais secrétaire général de la FESCI et nous étions en 1999. Les étudiants devaient poser des revendications sur la table du gouvernement. Au lieu et place des négociations, le gouvernement a brandi des menaces, et a procédé à l'arrestation d'étudiants, d'élèves, même de ceux de moins de 13 ans. Jusqu'à ce que moi-même je sois arrêté. Alors à l'issue des brimades, j'ai été malade et le pouvoir a refusé de me donner les soins adéquats. ''Médecins sans frontières'' intervient et finalement je suis admis dans un centre hospitalier de la place à Abidjan. Je n'arrivais pas à dormir et on m'avait mis sous somnifère. A mon réveil, je trouve une grosse chaîne nouée à mon pied, je demande au garde qui me surveillait, il me dit qu'il ne fait qu'exécuter les ordres qu'il a reçus. Voilà ce qui s'est passé.
Aujourd'hui quand vous voyez ces gens qui ont procédé comme ça et qui parlent de droits de l'Homme, à savoir, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, qu'est-ce que vous pensez d'eux ? Du mépris, de la haine ?
Non ! Non ! Je n'ai pas de mépris, ni de haine pour eux. Je vois simplement l'hypocrisie et la sournoiserie faites hommes. Des gens qui disent ce qu'ils ne pensent pas. Je vous ai dit que c'est M. Ouattara qui a dissous le mouvement estudiantin. Lui aujourd'hui qui fait des problèmes des étrangers son cheval de bataille, la carte de séjour en Côte d'Ivoire, c'est bien lui qui l'a introduite. L'irruption de policiers dans une mosquée pour la première fois en Côte d'Ivoire a été faite sous Alassane Ouattara à Abidjan pour contrôler les cartes de séjour des étrangers. Je suis donc surpris qu'un tel monsieur soit devenu le défenseur des étrangers. Mais seulement parce qu'il veut les utiliser comme bétail électoral. Il connaît aujourd'hui les thèmes sensibles au plan international que sont entre autres l'intégration, la xénophobie alors il joue là-dessus. Pourtant, il n'est pas étranger à cela. Parlant de démocratie monsieur Bédié, lui, a passé tout son temps à mettre des journalistes en prison. Mais pendant que nous sommes en guerre et que le pays est coupé en deux, et que Bédié et Ouattara sont les parrains de la rébellion en Côte d'Ivoire, aucun opposant n'est emprisonné, aucun journaliste non plus. Ça, ce sont les symboles de la démocratie, ce sont les repères. Quand vous allez dans le pays vous regardez la presse, elle n'est pas inquiétée. C'est un pas, l'opposition aussi mène ses activités librement. C'est également un pas. Mais la Côte d'Ivoire est en guerre et les journaux qui sont proches du pouvoir ne sont pas acceptés dans la zone des rebelles journalistes qui leurs sont proches ne sont pas inquiétés à Abidjan c'est un pas. Il faut que les Africains comprennent qu'il y a quelque chose de bizarre qui se passe en Côte d'Ivoire et que MM. Ouattara et Bédié sont en fait les bourreaux de la Côte d'Ivoire, qui ont préparé cette bombe à fragmentation. Il faut poser le problème en Côte d'Ivoire autrement, la vérité c'est que la France ne veut pas d'un chef d'Etat qui puisse lui dire non. La France veut un chef d'Etat qui est du genre lèche-bottes. Le nôtre ne l'est pas. C'est pourquoi la France a fabriqué tous ces prétextes pour l'enlever du pouvoir, mais nous n'allons pas l'accepter et nous ne l'accepterons pas. Parce que pour nous, Gbagbo est un autre Sankara, Lumumba, N'Krumah. Comment expliquez-vous que pour combattre l'ivoirité, aujourd'hui ces mêmes rebelles sont dans une coalition avec le concepteur de l'ivoirité ? ce n'est pas bizarre ça ? Les raisons profondes de la crise ivoirienne sont à chercher ailleurs, c'est tout.
Lors d'une rencontre avec les chefs traditionnels, le président Gbagbo a dit qu'il faut trouver des voies autres sans passer par les armes pour sortir de la crise. Pensez-vous que cela est possible compte tenu du point de non retour que les différentes parties ont atteint ?
Pour moi, les rebelles vont partir d'eux-mêmes, quand les populations même sous leur contrôle vont commencé à être fatiguées. Le temps a fait son effet, les gens du Nord en Côte d'Ivoire ont fini par comprendre que quand les rebelles se sont retrouvés à Marcoussis, ils n'ont posé aucun problème du Nord. Ils ont plutôt posé des problèmes de portefeuilles ministériels et depuis ils sont tranquilles. Ils ne mènent plus la guerre. Pourtant les problèmes à cette partie du pays persistent toujours. La guerre n'a rien apporté au Nord, au contraire elle l'a détruit. Plus personne ne veut rester dans cette région, mais comme c'est le Nord de notre pays, il faut reconquérir cet espace, à travers les prochaines élections. Les fils du Nord doivent comprendre que les rebelles ne travaillent pas pour leurs intérêts. Des fils du Nord ont été tués par les rebelles eux-mêmes. Ils sont connus de tous.»
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lundi, 15 janvier 2007
"Dialogue inter ivoirien de Laurent Gbagbo. Dilemme cornélien?"
San Finna - N°396 du 15 au 21 Janvier 2007 - http://www.sanfinna.com/UMP.htm
par BAZEMO Guy Hermann
Psychopédagogue
"On le croyait dépourvu de finesse, d’antécédent politique et on prédisait qu’échoué accidentellement à la présidence de la république de Côte d’Ivoire, il y aurait la vie d’un météorite. Eh bien, Laurent Gbagbo en a imposé à plus d’un au point qu’aujourd’hui, ce sont ses plus fidèles adversaires qui en viennent à lui reconnaître des qualités d’homme d’Etat.
Pour réussir la prouesse de tenir tête depuis 4 ans à une coalition internationale qui compte des puissances africaines et mondiales comme des institutions régionales et internationales de renom, il fallait effectivement qu’il ait eu des aptitudes insoupçonnées. La suite qu’il a donnée à la dernière résolution, la 1721, en est une des toutes dernières illustrations éclatantes. Il a non seulement su, encore une fois, tirer son épingle du jeu en amenant l’opinion internationale à en faire une interprétation qui lui soit favorable mais il a rebondi sur l’esprit de la 1721 avec des propositions de dialogue direct qui accrochent et qui plus est, gênent ses protagonistes.
Lorsque, après 4 ans de crise, il parle de dialogue inter ivoirien, il a tout un background qui plaide pour lui. Il a toutes les expériences ratées de Lomé jusqu’aux différentes résolutions de la maison de verre en passant par Accra, Abuja, Addis, Accra, Pretoria et nous en passons. Il n’est pas de recette amiable qui n’ait été tentée dans le cadre de ce dossier au plan international. On peut comprendre qu’au lieu de se perdre en remèdes extérieurs, administrés par de bonnes volontés externes, on consente enfin à donner sa chance au génie ivoirien en permettant que les fils du pays se retrouvent en tête à tête, les yeux dans les yeux, pour régler leurs problèmes. Le background vient aussi d’exemples qui ont eu cours dans d’autres pays : au Togo, en RDC, en RCA.. Là-bas aussi, on a fini de guerre lasse, à donner la priorité aux initiatives internes pour résoudre les problèmes internes et ça n’a pas trop mal marché.
Voilà qui explique que l’idée ne soit pas écartée du revers de la main comme cela aurait pu l’être en d’autres temps.
Mais si on ne fait pas mauvais accueil aux propositions formulées par le premier Ivoirien, c’est aussi parce que le contexte international est en mutation avancée. Kofi Annan a fait ses malles en ne laissant pas le meilleur souvenir qui soit de ses interventions dans le différend ivoirien. Jacques Chirac s’apprête dans le meilleur des cas à transporter ses pénates en Corrèze si les affaires ne le rattrapent pas. En Afrique, Amani Toumani Touré semble avoir pris ses distances... Quant à Blaise Compaoré, il a maille à partir avec son armée, ce qui en rajoute à ses multiples soucis de gouvernance de plus en plus contestée.
Par la force des choses, une tendance lourde se dégage pour une cote mal taillée, pour des voies de sortie de crise où l’on perdrait le moins de plumes possibles et au fond, ni Jacques Chirac ni Blaise Compaoré, ni la communauté internationale ne seraient mécontents que Laurent Gbagbo leur donne le prétexte d’en finir avec cette sale affaire.
Mais, disions-nous aussi, le dossier gêne comme une arête de poisson. Il en indispose plus d’un aux entournures qui le ressentent comme un dilemme cornélien. Il ressemble à un jeu où celui qui refuse, perd. Rejeter ou faire obstacle à la main tendue, c’est dans les circonstances présentes, manquer de nationalisme, d’esprit de consensus et de paix. L’accepter et permettre sa mise en œuvre, c’est reconnaître ses erreurs et voire même pour quelques-uns, s’engager dans un déclin politique certain. C’est la situation dans laquelle se trouvent non seulement la communauté internationale mais plus particulièrement tous ceux qui, à un titre ou à un autre, sont considérés comme les parrains de la rébellion. En effet, ni Jacques Chirac, ni Blaise Compaoré n’oseront aller à contre-courant de cette initiative sans confirmer les accusations qui pèsent sur eux.
Du côté de l’opposition civile ivoirienne, la perte d’influence des ténors et la désaffection croissante de l’opinion internationale par rapport au mode de gestion jusqu’à présent pratiqué dans le dossier ivoirien de même que les ralliements les plus divers de plus en plus visibles au président ivoirien, réduisent la puissance de frappe de ses leaders. Et quand on considère leur baisse d’emprise en termes de mobilisation pour contester les décisions de Laurent Gbagbo, on comprend que la surenchère ne puisse plus être leur pièce maîtresse. Enfin, ils peuvent être irrités par les propositions de Laurent Gbagbo qui les marginalisent et tout autant, par la réponse de Guillaume Soro qui les asticote et leur bat froid mais ils n’ont pas d’autre choix que de faire le dos rond sinon que d’apparaître comme des freins à la réconciliation nationale, à la paix.
Par ailleurs, cette gêne est perceptible au niveau de la rébellion elle-même. Comme l’opposition civile, elle sait qu’elle n’est plus aussi terrifiante, que sans ses appuis extérieurs, la situation ira de Charybde en Sylla. Du reste, elle voit aussi venir les choses et comprend qu’elle doit savoir les quitter avant qu’elles ne la quittent. La main tendue du président ivoirien est une occasion rêvée pour sortir d’une situation de plus en plus difficile au plan politique, économique, social, militaire.. et regagner la République.
Le « deal » à ses yeux est d’autant plus bon à conclure qu’il offre le retour sur un plateau d’argent -avec la reconnaissance du statut de fait de chef de file de l’opposition aux Forces Nouvelles- avec un possible premier Ministère à Guillaume Soro, sans compter tous les agréments qui pourraient en découler en termes d’amnistie, d’intégration des rebelles dans l’armée régulière comme dans les rouages de l’Etat... C’est on le voit, « tout bénéf » pour elle !
Charles Konan Banny, enfin, sur qui beaucoup avaient parié (notamment la France) est contraint avec le tour pris par les évènements, d’adopter un profil bas et de préparer une sortie qui lui soit honorable. Il était venu comme un tampon, comme un homme au-dessus des clivages partisans, comme un technicien pour aider son pays. Aucune des parties manifestement n’en a plus besoin, et l’opinion ne le considère plus comme l’homme de la situation. Ce qui lui reste à faire, c’est de se préparer, à défaut de se faire le chaud partisan de la main tendue, de regagner sa sinécure de la BCEAO avant qu’il ne vienne à l’idée de quelques pays de revenir sur leurs promesses de lui garder sa place au chaud, au cas où…
Voilà par conséquent un dialogue intérieur paré des vertus du consensus, mais en vérité une véritable potion amère que pour sa part, Laurent Gbagbo est prêt à avaler sans grimacer même si cela doit faire la promotion de la rébellion et parer le front de Blaise Compaoré d’un diadème de plus de pacificateur ! Pour peu que la Côte d’Ivoire y gagne en paix, le premier Ivoirien est partant !
La chose se passera-t-elle comme sur du billard ? Les bulldozers politiques que sont Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, accepteront-ils facilement de se retrouver gros jean comme devant en faisant ainsi la courte échelle au jeunot Guillaume Soro ? N’y a-t-il pas de risque de déchirure du G 7 ? La question est posée depuis le message houspilleur et un rien comminatoire au goût de certains « éléphants » de l’opposition, de Guillaume Soro, et plus encore depuis le report sine die de la rencontre à laquelle il avait convié les Houphouéttistes.
Quoi qu’il en soit, la main tendue reste toujours tendue avec un avantage politique et diplomatique pour son initiateur."
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mardi, 09 janvier 2007
«De bonnes nouvelles s’annoncent pour la Côte d’Ivoire à l’ONU»
Le Courrier d'Abidjan — lundi 8 janvier 2007 — http://news.abidjan.net/article/?n=231371
par Nazaire Séry :
«Prospective : Avant le 1er février prochain, le processus de paix en Côte d’Ivoire connaîtra sa première évaluation post R1721. Déjà, la nouvelle équipe dirigeante de l’ONU, même si elle ne met pas au centre de ses préoccupations la crise ivoirienne, est à pied d’œuvre pour trouver une issue rapide à cette situation qui perdure. Et les nouvelles en provenance de New York sont bonnes pour le régime de Gbagbo.
Depuis l’éclatement de la guerre et la gestion de la crise ivoirienne, le président Laurent Gbagbo a engagé tous azimuts de véritables batailles diplomatiques qui ont déjà porté des fruits. Mais, avec le départ de la «Maison de Verre» de New York de celui que nombre d’observateurs avertis qualifient d’animateur de la branche internationale du bloc rebelle, en l’occurrence Kofi Annan, les Ivoiriens peuvent-ils pousser un ouf de soulagement et espérer mieux, c’est-à-dire le désarmement des rebelles et la réunification de leur pays en vue de l’organisation des élections générales ?
En tout cas, il ne serait pas illusoire de répondre par l’affirmative si l’on s’en tien à la nouvelle donne et si l’on en croit des informations de première main en provenance de la «Maison de verre» de New york. Et Le Courrier d’Abidjan ne croyait pas si bien dire lorsque dans sa livraison du 3 janvier 2007, ce quotidien annonçait des mouvements sur le front extérieur de la crise ivoirienne.
Avec le départ de Kofi Annan et l’arrivée du Sud Coréen à la tête de l’organisation mondiale, les choses semblent bouger pour le pays de Gbagbo. En effet, des sources généralement bien informées à la «Maison de verre» font état de ce que les perspectives pour une sortie rapide de crise en Côte d’Ivoire sont déjà envisagées. Et la nouvelle équipe dirigée par le Sud Coréen Ban Ki-Moon y travaille déjà, même si sa priorité demeure le dossier du Darfour, pour mettre fin à la souffrance des Ivoiriens. Avec des hommes affranchis de la pesanteur française.
En préparation à la réunion d’évaluation de la crise ivoirienne qui doit se tenir avant le 1er février 2007, «les choses sont bonnes pour la Côte d’Ivoire», au dire d’un diplomate au fait de la crise ivoirienne. Même si les nouveaux hommes forts de l’ONU n’interdisent pas à la France la rédaction des projets de résolutions sur la Côte d’Ivoire-ce qui reste un combat à mener pour la dignité du peuple souverain de Côte d’Ivoire-ils n’entendent plus produire ces dites résolutions telles que écrites par la France.«Les projets de résolution de la France ne passeront plus comme des lettres à la poste. Ils seront tamisés. Un travail de nettoyage sera fait», se réjouie notre source. Si notre source indique que les nouvelles tractations à l’ONU donnent à espérer, elle ne manque pas de souligner les éléments qui fondent son optimisme. Au nombre de ceux-ci, la question de l’opportunité de la présence de la force Licorne en Côte d’Ivoire qui a été clairement posée. Et autour de laquelle un débat va s’engager bientôt. Annonçant de bonnes perspectives pour la Côte d’Ivoire, notre source a également indiqué que les cinq dernières propositions du Président de la République requièrent l’assentiment de la nouvelle équipe dirigeante qui compte les prendre en considération dans le processus de sortie de crise. Et de se féliciter du changement de l’équipe de Kofi Annan. Mais surtout de l’arrivée en second plan dans la sphère de décision internationale de la ministre tanzanienne des Affaires étrangères Asha Rose Migiro. Dont le nouveau SG de l’ONU a loué respectueusement le combat pour la défense de la cause des pays en voie de développement. Espérant qu’un vent nouveau va souffler sur la Côte d’Ivoire.»
09:00 Publié dans Articles de presse | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 02 janvier 2007
Dialogue direct avec la rébellion - que ressort-il du flou de Soro ?
Lecture de Notre Voie - 02.01.06 - http://news.abidjan.net/presse/notrevoie.htm :
"Dialogue direct avec la rébellion: Soro d’accord avec Gbagbo"
"Attendu depuis l’adresse du président de la République à la Nation, la réponse de la rébellion à la discussion directe est arrivée hier. On y découvre que les rebelles ne sont pas a priori contre le dialogue préconisé par le président de la République. Seulement, Soro Guillaume a ses vues et il les expose. C’est déjà ça. Notre Voie vous propose des extraits importants du discours tenu hier à cette occasion par Soro Guillaume.
Depuis quelque temps, il est fait écho dans la presse de négociations entre les Forces Nouvelles et le Chef de l’Etat.
Je tiens à dire que de telles négociations n’ont jamais eu lieu. En revanche, le Chef de l’Etat ivoirien a sollicité son homologue du Burkina Faso, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, pour souhaiter des négociations directes avec les Forces Nouvelles. Cette sollicitation a été reprise et rendue publique par le Chef de l’Etat lui-même, le 19 décembre 2006, dans une intervention télévisée. Je sais que les Ivoiriens sont en droit d’être surpris par ce subit revirement que rien ne laissait présager.
Quant à nous, Forces Nouvelles, depuis le début de la crise, nous avons toujours été aux rendez-vous de la concertation et du dialogue. Tantôt demandeurs, voire quémandeurs, de Lomé à New York, en passant par Linas-Marcoussis, Accra et Pretoria, nous n’avons jamais manqué une seule occasion de dialoguer. Toutes nos participations aux différents sommets sur la Côte d’Ivoire doivent être inscrites sur la longue liste de la volonté continue qui nous anime de privilégier la voie de règlement de la crise de notre pays par le dialogue. Ce dialogue aurait du venir plus tôt. Nul n’a le droit de refuser le dialogue et la concertation, si l’objectif poursuivi est la recherche de la paix. Toutefois, ce dialogue ne peut être envisagé en dehors de la Résolution 1721. Il me semble donc urgent, avec la participation de tous, de mettre en œuvre pleinement cette résolution.
Ivoiriennes, Ivoiriens,
La main tendue de l’autre camp aux Forces Nouvelles doit imposer une autocritique à l’alliance du G7. Cette alliance existe-elle vraiment encore ? Est-elle sincère ?
A l’occasion du processus de désignation d’un nouveau Premier ministre au lendemain du vote de la Résolution 1633 en octobre 2005, le remue-ménage et la multitude de candidatures issues du G7 ont mis en exergue quelques signes évidents de fébrilité. Nos alliés doivent se débarrasser du complexe de la rébellion. Seule une opposition unie dans une alliance structurée avec des objectifs communs et précis peut constituer la véritable alternative en Côte d’Ivoire. Le peuple ne nous pardonnera pas de manquer une telle opportunité.
C’est pourquoi, au nom des Forces Nouvelles, j’invite l’ensemble du G7 à une concertation urgente à ce tournant décisif de l’histoire de notre pays”.
Extrait de la déclaration
de Guillaume Soro,
le 1er Janvier 2007
à Bouaké"
"Le sens d’un OUI"
par Paul D. Tayoro :
"“Ce dialogue aurait dû venir plus tôt…Nul n’a le droit de refuser le dialogue et la concertation, si l’objectif poursuivi est la recherche de la paix”. C’est en ces termes que Soro Guillaume a répondu à l’invitation au dialogue du président Gbagbo.
Ce revirement que prend le processus de résolution de la crise recèle de nombreux espoirs de paix. D’autant que, comme le reconnaît Soro lui-même, c’est la première fois qu’une telle initiative va être prise. Pour la première fois également, le chef visible de la rébellion dit pourquoi il a pris les armes : “En effet, depuis le 19 septembre 2002, des jeunes ivoiriens, au prix de leurs vies, ont décidé de dire non à l’ivoirité et à l’exclusion”. Or, Soro Guillaume, qui est un Ivoirien ayant toujours vécu dans son pays, du moins jusqu’à l’éclatement de la guerre, sait qui est le père de cette ivoirité.
Il a largement eu le temps de cotoyer et d’écouter Bédié au cours de leurs réunions au sein du G7. Apparemment, le seigneur de Prepressou n’a pas réussi à convaincre son frère houphouétiste sur les avantages de ce concept.
Certes, Soro Guillaume a ses propres convictions sur le processus de paix et la marche du pays depuis qu’il a largement contribué à y mettre la chienlit. Mais il soutient que la paix et la réconciliation sont possibles. Même si la solution qu’il propose est choquante : la suppression de la Constitution ivoirienne ; la mise en place d’un état-major intégré pour procéder à la réunification des deux armées en présence ; la mise en œuvre du processus d’identification et la mise en place d’un nouveau cadre institutionnel.
Autant de choses qui sont logiquement impossibles tant que le désarmement n’a pas lieu. Mais il faut laisser au dialogue qui sera instauré, la chance d’aplanir les différends. Or, les rebelles ne refusent pas le dialogue. “Toutefois, ce dialogue ne peut être envisagé en dehors de la Résolution 1721. Il me semble donc urgent, avec la participation de tous, de mettre en œuvre pleinement cette résolutio”.
Soro Guillaume veut-il nous faire comprendre que cette résolution doit être appliquée, y compris dans ses points qui ne respectent pas la Constitution, alors qu’elle recommande elle-même le respect de cette constitution? Le dialogue nous le dira. Il faut y aller, car la paix doit être trouvée par les Ivoiriens, pour les Ivoiriens."
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