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vendredi, 20 juin 2008
Affaire Kieffer, affaire «bombardement» de Bouaké : deux traitements médiatiques
Bizarre autant qu’étrange : chaque fois qu’un «témoin» est déniché sur l’affaire Kieffer, chargé d’un des deux scoops suivants :
— Kieffer enquêtait sur le cacao qui est une source financière importante de l’État ivoirien ;
— Kieffer a rencontré l’homme qui est le beau-frère de sa belle-sœur Simone, laquelle est la femme de son mari Laurent ;
chaque fois qu’un nouveau témoin nous apprend à nouveau une de ces deux informations (et il est certes heureux que l'on parle de Kieffer), il fait plusieurs fois la une des journaux télévisés, relayés par les grands journaux écrits.
Hier, Mediapart publiait l’interview (par Fabrice Lhomme) de Me Balan, l’avocat des familles de soldats français tués à Bouaké. Il affirme — excusez du peu :
— que Mme Alliot-Marie avance des «justifications [...] non seulement insatisfaisantes, mais surtout inexactes» — et que «Mme Alliot-Marie doit s’expliquer»…
— qu’ «il n’est pas exclu que la France soit complice d’une affaire qui aurait pu être le prétexte idéal pour se débarrasser de Laurent Gbagbo» (selon les termes de la question de Fabrice Lhomme) : «c’est une hypothèse comme une autre» ! (répond Me Balan).
Cela à l’appui de l’audition du Gal Poncet qui dit — excusez du peu — qu’il a reçu «instruction de libérer les mercenaires» — assassins présumés des soldats français, tout de même —, par deux canaux différents :
— «d’une part le canal diplomatique[…].“C’est l’ambassadeur de France qui m’a fait savoir qu’il fallait remettre ces personnes au représentant de la Russie. ”»
— «d’autre part le canal militaire. […] Le général dit avoir reçu l’ordre formel de libérer les mercenaires du général Emmanuel Beth, commandant du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). “Le général Beth n’a pu que me retransmettre un ordre qu’il avait lui-même reçu, il n’a pas pris d’initiative sur ce plan-là”»
Et une telle «bombe» médiatique — selon les termes de Th. Kouamouo qui relaie l’information — ne reçoit aucun écho dans les grands médias et journaux français. Je fouille les moteurs de recherche : rien !
Je vous assure mon cher lecteur : vous avez dit «bizarre» !
*
Cf. :
Le Gal Poncet et l'avocat des familles de soldats parlent des événements de Bouaké :
Signalée sur le blog de Théophile Kouamouo qui en donne l'essentiel sous le titre éloquent
«"Bombardement" de Bouaké : la "bombe" de Mediapart»,
une enquête de Fabrice Lhomme sur Mediapart :
«L'enquête sur le bombardement de Bouaké se heurte à la raison d'Etat».
Un résumé : ici.
11:07 Publié dans Analyses & commentaires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : côte d'ivoire, afrique, delugio, politique, actualité, international
mercredi, 18 juin 2008
Euro 2008 - Bleu/bleu
08:10 | Lien permanent | Commentaires (4)
samedi, 14 juin 2008
Euro 2008 - Bleu/orange
La terre est bleue comme une orange...
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
19:40 | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 11 juin 2008
À Djé sur «Le génocide voilé»
Djé publie un article qui vaut d’être lu sur le livre de Tidiane N’Diaye, Le génocide voilé, éd. Gallimard, Collection Continents Noirs (272 pages - 21,50 €).
Résumé du livre :
« Les Arabes ont razzié l'Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d'hommes qu'ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains.
Cette douloureuse page de l'histoire des peuples noirs n'est apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière a commencé lorsque l'émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d'esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d'une énorme ponction humaine qui devait s'arrêter officiellement au début du XXe siècle. »
À retrouver sur le blog de Djé, une interview de France Ô : ’10 minutes pour le dire’ du 20 mars 2008 avec Tidiane N’Diaye, écrivain et anthropologue, auteur de ’Le génocide voilé’ — http://franceo.rfo.fr/article1072.html# —
« Un livre qui va faire débat… » conclut l’interviewer.
Tidiane N’Diaye s’inscrit dans la ligne des travaux de Austen auxquels renvoie avec moins de bonheur Pétré-Grenouilleau (Austen a contesté l’usage que ce dernier fait de ses recherches). Austen permet de savoir que la traite arabo-musulmane, phénomène souvent méconnu, est loin d’être pour autant quantité négligeable.
Malek Chebel s’est récemment penché sur la question. Cf. chez St Ralph : ici et ici. Cf. aussi les articles ci-dessous (*) (**).
Tidiane N’Diaye soutient que la disparition des descendants des esclaves noirs est due au fait qu’ils étaient systématiquement castrés. Voir sur le blog de Djé, des citations éloquentes.
Trois remarques :
1) L’absence de castration des esclaves déportés en Occident renvoie à la catastrophe que représente l’institution de la polygamie : les eunuques sont attachés au service du harem (pratique très connue depuis la plus haute antiquité mais rendue inutile en Occident du fait de la prohibition de la polygamie — prohibition répandue par le christianisme).
Ce qui, selon Alban Dignat, n’empêche pas qu’aux temps carolingiens, « les prisonniers slaves alimentent en grand nombre un commerce actif entre Venise et l'empire arabe du sud de la Méditerranée. Ils rejoignent en premier lieu la place de Verdun, en Champagne, où ils sont systématiquement émasculés (!). Un quart environ d'entre eux ne survivent pas à cette brutale mutilation. Les autres gagnent Venise puis, de là, sont embarqués vers les ports orientaux.
Les marchands vénitiens, bien que de religion chrétienne, ne voient pas d'objection à vendre des païens slaves aux musulmans. Venise conserve le souvenir de ce fructueux commerce dans le nom d'un quai célèbre à l'extrémité du Grand Canal : le quai des Esclavons (nom sous lequel étaient désignés à l'époque les Slaves). C'est l'époque où, dans les langues occidentales, le mot «esclave» ou «slave» se substitue au latin «servus» pour désigner les travailleurs privés de liberté.
Le trafic très particulier se tarit vers l'an 1100 du fait de la christianisation des Slaves. »
2) Cela doit induire une certaine relativisation quantitative de la pratique de la castration dans le monde arabo-musulman : tous les esclaves n’étaient pas employés au service des harems.
Quelques précisions à ce sujet trouvées sur le blog de Krathos :
« Extrait. Les eunuques du sultan :
William Lemprière, médecin anglais reçu à la fin du 18ème siècle par le sultan Sidi Mohammed, roi du Maroc, décrit les eunuques en charge du harem du sultan.
“Aussitôt que le prince eut décidé que j’entrais dans le harem de ses femmes, il ordonna qu’on me conduisit avec mon interprète. Le chef des eunuques me reçut à la porte. Il est à observer que les eunuques chargés spécialement de la garde des femmes sont issus d’esclaves nègres. La voix des eunuques a un accent particulier, elle ressemble un peu à celle des jeunes gens qui sont encore dans l’adolescence. Enfin, ces êtres mutilés offrent tout à la fois une image dégoûtante de faiblesse et de monstruosité. […]” »
Un témoignage qui laisse à penser que les esclaves voués à d’autres tâches, comme les tâches militaires par exemple, n’étaient probablement pas castrés !
Un autre extrait signalé par Krathos confirme l’idée que tous n’étaient pas castrés :
« La Moudawana d’Ibn Al Qassim, texte de référence du rite malékite, contient des dispositions liées à la propriété sexuelle des esclaves :
- Les “parties honteuses” de l’esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses enfants) et de son dos (force de travail).
- L’esclave ne peut épouser que deux femmes (contre quatre pour l’homme libre).
- L’esclave ne peut se marier sans l’accord de son maître, mais ce dernier peut l’y obliger.
- Une esclave ne peut être co-épouse avec une femme de condition libre.
- Le nombre de concubines que peut posséder un musulman n’est pas limité (contrairement au nombre de femmes légitimes et de condition libre).
3) Sur Ibn Khaldun, grand penseur musulman du XIVe siècle, souvent considéré comme un des ancêtres des Lumières : Tidiane N’Diaye note qu’Ibn Khaldun tient des propos nettement racistes, parlant d’infériorité des « noirs ».
Ibn Khaldun n’a manifestement pas remarqué que les Slaves, qui ne sont pas « noirs », sont aussi passés par là, jusqu’à recevoir le nom générique de « Slaves » (= esclaves).
Par ailleurs Ibn Khaldun, posant les bases d’une théorie raciste, est, en cela aussi hélas, l’ancêtre des philosophes des Lumières, et probablement pour les mêmes raisons : l’abandon de la référence religieuse qui à terme débouche sur la fin de l’esclavage, entraînait une alternative, pour raisons économiques (raisons du maintien de l’esclavage) : légitimer une pratique à terme disqualifiée religieusement, par des arguments d’un autre ordre : « raciaux », en l’occurrence en rapport avec le taux de mélanine !
Les idées « lumineuses » d’Ibn Khaldun triompheront plus tard. En attendant, un des facteurs (outre la castration) de « disparition » des descendants des « noirs » a pu être le « métissage » — par le viol, ou, au temps de l’affranchissement par la montée dans la hiérarchie socio-religieuse, au bout de plusieurs générations… l’islam valant à terme à son adepte un statut... relativement « élevé » (au-dessus des « dhimmis » juifs et chrétiens)…
Reste du livre que Djé signale opportunément, l’exhumation d’un tabou, levé par Tidiane N’Diaye, aspect des choses dont la recherche ne pourra pas faire l’économie.
*
* Ça existe aussi…
(Delugio - 14/09/2007)
L’anthropologue Malek Chebel publie chez Fayard «l'Esclavage en terre d'Islam. Un tabou bien gardé». Le Nouvel Obs papier de cette semaine y fait écho (ci-dessous de larges extraits de l’article). Récemment Afrikara publiait un article sur l’esclavage en Mauritanie (ci-dessous **).
Initiatives heureuses en effet, à mes yeux, que ces études.
Initiative heureuse donc, que celle de Malek Chebel. Initiative rendue courageuse aussi, par la façon devenue plus ou moins habituelle de voir exiger, au moindre propos tenu en France sur l’esclavage transatlantique, de l’atténuer immédiatement par le renvoi à l’existence du phénomène dans le monde arabe. Façon de concurrence des mémoires glissant à la concurrence des révisionnismes — habitant jusqu’au cœur des livres les plus réputés.
Il n’est pas très risqué moralement de renvoyer aux crimes qui habitent l’histoire des autres, ou de faire mine de balayer devant leur porte pour détourner le regard de devant la sienne.
Il est donc heureux que Malek Chebel, connu pour ses livres sur l’islam et sa tradition dont il se réclame, balaie les obstacles moraux posés par cette exigence concurrentielle et se penche sur cette face sombre — oh combien — de l’histoire de l’islam, et cela jusqu’à nos jours.
Extraits : Le Nouvel Observateur Nº2236 — semaine du jeudi 13 Septembre 2007 —
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/... :
« La vérité sur l'esclavage en Islam
Dans une enquête mondiale, l'anthropologue musulman révèle les pratiques d'asservissement dans le monde islamique et leur inquiétante persistance par Malek Chebel » :
« - Un combat actuel
La Mauritanie a voté le 8 août 2007 une nouvelle loi antiesclavagiste plus répressive. En mai dernier, à Marrakech, s'est également tenu le premier colloque international sur l'esclavage dans les pays arabo-musulmans, sous l'égide de l'Unesco. Et un peu partout dans le monde arabe, dans le Golfe, en Iran, en Afrique, des écrivains s'engagent, des associations, composées d'anciens esclaves ou de leurs descendants, apparaissent et militent, malgré l'hostilité des Etats. Un véritable mouvement se dessine, dont l'Occident ne mesure pas encore l'ampleur, mais qu'il faut soutenir, sans quoi le pire est toujours à venir. Ces enfants de Bamako qui courent vers les étrangers pour se livrer eux-mêmes en servitude ne nous le disent-ils pas ?
La traite atlantique avec son système triangulaire, concentrée entre le XVIe et le XIXe siècle, nous est désormais bien connue. […]
On connaît encore malheureusement trop peu la traite orientale ou musulmane, qui s'étend, elle, sur près de quinze siècles et qui a asservi des millions de Noirs (15 millions ? peut-être plus ?), mais aussi des Européens captifs de guerre, des Slaves, à l'instar des janissaires dans l'armée ottomane, ou des Circassiennes, ces femmes originaires du Caucase qui remplirent les harems du calife et des notables de Bagdad.
Parce que je suis un intellectuel musulman, un anthropologue qui défend depuis toujours le droit des personnes et qui combat les tabous de l'islam, je me sens missionné pour dénoncer ce drame de l'esclavage qui a contaminé tous les pays où l'islam a prospéré. A Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sud tunisien, en Egypte, en Arabie, en Mésopotamie, à Oman et Zanzibar, au Soudan ou à Djibouti, il n'est en effet pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d'esclaves
Le phénomène demeure encore vivace. Les marchés de chair humaine à ciel ouvert n'existent certes plus, mais que sont d'autre que des «esclaves modernes» les domestiques non rémunérés, réquisitionnés nuit et jour, fondus dans le décor des palais et des maisons bourgeoises marocaines, les ouvriers auxquels on retire leur passeport dans les pays pétroliers du Golfe, les jeunes enfants exploités en Afrique, en Inde ou en Indonésie, les femmes qu'on livre à des inconnus contre quelques billets ou lors de «mariages de jouissance», et les concubines qui subissent un asservissement sexuel dans les familles ? Sans oublier la polygamie, qui est selon moi une forme soft d'esclavage. Comment expliquer ces pratiques, si ce n'est par la survivance d'une mentalité esclavagiste au sein même de l'Islam ?
- Le Coran et les esclaves
On me dira peut-être que j'aggrave les attaques continuelles contre l'Islam ou l'on utilisera mes positions pour tenter de déculpabiliser l'Occident de son passé colonialiste. Tant pis, je cours le risque de ces récupérations idéologiques. Je parle avec ma conscience et avec l'objectivité du scientifique. Je n'en demeure pas moins scandalisé par les discours de la droite, ceux de 2005 sur les «effets positifs de la colonisation» comme celui prononcé cet été à Dakar par le président Sarkozy, qui réitère le refus du «repentir de l'homme blanc». Or il y a bel et bien eu crime. J'ajoute qu'il est tout autant nécessaire que l'Islam fasse lui aussi son travail de remise en question. Les pays musulmans ont leur propre responsabilité pour un esclavage qu'ils ont eux-mêmes fait prospérer.
Héritage de l'Antiquité, l'esclavage, lors de l'avènement de l'islam, au vif siècle, était une pratique largement répandue. La situation des hommes asservis dans le Hedjaz et dans la péninsule Arabique était alors déplorable. Le Coran, qui évoque la question dans vingt-cinq versets, a voulu y mettre fin en promulguant une politique d'affranchissement suivie par le calife Abû Bakr (mort en 634), qui consacra sa fortune personnelle au rachat et à la libération des esclaves. Mais dès Omar, le deuxième calife, elle fut contrecarrée. […]
Tout musulman sincère qui possède un esclave est […] invité à l'affranchir. Mais l'Islam n'a pratiqué qu'une politique timorée, sans réelles contraintes pour les grands propriétaires terriens et les marchands d'esclaves, les gellab en arabe (le même mot utilisé pour désigner les marchands de bestiaux !), qui ont continué à faire fructifier leur abject commerce.
C'est là qu'est la faille constitutive de l'islam qui fait de l'esclavage l'une de ses pathologies : le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. L'idée d'affranchir un esclave en vue de gagner la bénédiction du Ciel a ainsi été reléguée au second plan. […]
[Exemples de réglementation :] Au paragraphe 58 du Livre de la propriété sexuelle, extrait de la «Moudawwana» d'Ibn al-Qâsim, telle que rapportée par Sahnoun (776-854), il est par exemple écrit : «Les parties honteuses» de l'esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses enfants) et de son dos (sa force de travail).» Le grand penseur Ibn Khaldoun (1332-1406) lui-même, dans sa «Muqaddima», explique les diverses manières de choisir son «domestique». Il a fallu attendre le XVIIIe siècle vertueux et surtout l'émergence, au XIXe siècle, d'une morale universelle, impulsée par les Constitutions occidentales, pour que s'amorcent lentement des politiques d'abolition dans le bassin méditerranéen. Certains souverains réformateurs, comme Ahmed Bey, à Tunis, virent là l'occasion de rattraper la marche du progrès, mais trop souvent ces politiques furent hypocrites et peu suivies. […] »
Etc.
C’était un extrait des propos de Malek Chebel recueillis par Marie Lemonnier dans Le Nouvel Observateur (papier)
On trouvera la suite et l’article en entier au lien suivant :
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/...
Et un « appel aux dirigeants musulmans » au lien suivant :
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/...
*
** Un article sur l’esclavage en Mauritanie lu sur Afrikara – précédé d’une introduction personnelle
(Delugio - 28/05/2007)
Introduction :
Avant que le phénomène nommé – par Badinter, dit-on – «lepénisation des esprits» ne soit devenu un phénomène inaperçu, c’est-à-dire avant que Le Pen n’ait triomphé par décoloration sur ses concurrents, Jean Daniel écrivait qu’il avait rendu impossible tout débat sur l’immigration, l’ayant empoisonné (je reviens à ce point).
En attendant, l’empoisonnement est à ce point général qu’il passe désormais pour normalité ; tandis que, nous dit-on triomphalement, le Front National est laminé – à savoir qu’il est devenu hors d’usage, ses idées s’étant glissées dans tous les recoins du paysage médiatique et politique ; Ionesco avait illustré antan ce genre de phénomène par une histoire de rhinocéros…
Les choses, concernant nos rapports avec l’immigration, essentiellement celle issue de nos («ex»-)colonies étant donc réglées de la sorte, on nous somme logiquement de cesser la «repentance». Ladite «repentance» a-t-elle jamais commencé ? – Ça c’est une autre histoire. On nous exhorte quoiqu’il en soit instamment à cesser de considérer qu’il puisse y avoir quelque élément négatif dans notre histoire et dans l’œuvre de nos héros passés (ce serait «haine de soi» ; ou au contraire indécrottable présomption paradoxale – selon Finkielkraut).
J’entendais ce matin (28.05.07) sur France Culture le philosophe italien Antonio Negri affirmer que tout n’était pas forcément négatif chez Staline – non que Negri ait défendu le stalinisme ! – mais voilà son interviewer qui marque sa surprise : tout ne serait pas négatif chez Staline ? Qu’a-t-on entendu ? Et Negri de signaler qu’il n’est pas interdit de penser que tout n’est pas négatif chez Napoléon non plus (son «hochet» – la légion d’honneur – n’est-il pas toujours aussi prisé ? Je précise que cet exemple que je donne n’est pas celui qu’a choisi Negri).
Ce qui retient mon attention dans la remarque de Negri et dans l’étonnement de son interviewer, c’est que manifestement, il est difficile de trouver du positif chez Staline (pour moi aussi à ce point) ; mais qu’en revanche (et là, Negri a bien visé) pour un Français cultivé, il est presque incongru de sous-entendre que l’œuvre de Napoléon n’est pas globalement positive !
Je vois dans ce type de fonctionnement du sentiment national la racine de notre refus officiel de la «repentance». J’y vois la racine des tentatives de lois visant à expliquer aux historiens, que, comme au bon vieux temps, il faut dire du bien de l'action coloniale. J’y vois aussi les fondements enfouis du prix accordé à Stephen Smith par le jury des lecteurs de France-Télévison pour son livre «négrologique», et de celui accordé par le Sénat à l’apologie de l’Europe négrière de Pétré-Grenouilleau.
Et c’est là que je voulais en venir : comme Jean Daniel écrivait de Le Pen qu’il avait rendu impossible tout débat sur l’immigration, l’ayant empoisonné, les discours du genre de l’apologie pétré-grenouillesque risquent fort d’empoisonner le débat sur l’esclavage et de nous empêcher d’entendre ce que dénonce Akam Akamayong dans l’article ci-dessous…
L’article :
«Démocratisation en Mauritanie : Horizon éclairci pour les Négro-Mauritanien ?»
Afrikara — 22/05/2007 —
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=
1769&PHPSESSID=c048ef2b6774c7723e9faa250f685851
par Akam Akamayong :
«En 2005 un coup d’Etat renversait le colonel président Ould Taya à la tête d’une junte militaire au pouvoir depuis 1984 dans l’ancienne colonie française de Mauritanie. Un coup de force qui n’avait suscité que des réprobations de pure forme tant le régime semblait peu défendable, notamment eu égard à ce que l’on nomme couramment «le respect des droits humains et citoyens», à l’image de beaucoup trop d’autres en Afrique. La surprise est venue de la gestion de la transition, qui s’est achevée par des élections considérées par l’ensemble des observateurs supposés dignes de foi comme plutôt correctes, bien moins ostensiblement douteuses que celles de pays en processus de démocratisation en principe avancé. Et la Mauritanie, terre historique de brassages de civilisations et de cultures, de recherche hégémonique aussi, abrite des enjeux africains et afro-islamiques de la première importance, exprimés par l’âpreté de la question des Négro-Mauritaniens, populations mélanodermes encore soumise à esclavage au XXIe siècle occidental malgré trois décrets d’abolition restés lettre morte à peu de choses près.
Le président de la république qui a prêté serment sur le Coran le 25 mars 2007, M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi a donné d’emblée des signes d’ouverture sur cette épineuse et douloureuse question aux racines lointaines. En effet les accords électoraux et le soutien des membres de la communauté noire de Mauritanie, les Harratines ont permis à des Négro-Mauritaniens de conquérir des postes politiques jamais revenus à des Non-Maures. Pour la première fois un descendant d’esclaves accède à la présidence de l’Assemblé nationale, c’est le cas de Messaoud Ould Boulkheir, ancien opposant et ancien candidat à l’élection présidentielle. Un autre Négro-Mauritanien, Ba Mbaré, ancien ministre sous Ould Taya a été élu à la présidence du Sénat et Yall Zakarya se voit attribuer le ministère de l’Intérieur.
Ces nominations et élections donnent de la visibilité à cette communauté qui a régulièrement subi les violences policières et fait l’objet de soupçons récurrents de déstabilisation politiques menant à des répressions et tortures inhumaines dans les années 80-90.
La communauté des Harratines avait été très éprouvée par les violences interraciales à l’origine de l’expulsion vers le Sénégal de centaines de milliers d’entre eux en 1989. Ces réfugiés attendent toujours de retourner en Mauritanie et aucun gouvernement ne s’est empressé jusqu’ici sur ce dossier vieux d’un cinquième de siècle, l’exil d’une population vivant d’expédients n’ayant pas engendré l’intérêt régional et international que l’on aurait pu attendre de responsables politiques.
Les racines du mal se retrouvent en partie dans l’horreur du Darfour et dans les difficultés d’existence -refoulées pour beaucoup- des Noirs des pays musulmans d’Afrique à cohabitation entre Noirs et Arabes [«Arabe», concept linguistique, n’étant d’ailleurs pas forcément une couleur de peau, chose que nos médias semblent ne pas percevoir concernant le Soudan – note de Delugio]. Les populations noires ont été pendant des siècles le réservoir d’esclaves des Etats et sociétés arabes qui procédaient souvent par razzias comptables de grands et chaotiques courants migratoires vers l’Afrique centrale et australe. Le nord du Centrafrique est resté pendant longtemps prisonnier de ces bandes organisées de commerçants d’esclaves qui laissaient les villages à feu et à sac pour s’approvisionner en Noirs à esclavagiser au Soudan et ailleurs. L’esclavage des Noirs est ainsi devenu un fait normal dans les sociétés arabo-islamiques et malgré les mutations et changements vers des régimes en principe républicains, les habitudes d’asservissements ont résisté. Les expériences vécues par de nombreux étudiants et visiteurs noirs dans les pays d’Afrique du Nord corroborent l’imprégnation profonde des sociétés arabo-musulmanes de cette lecture très dépréciative des Noirs, de quelles que confessions, nationalités qu’ils soient.
D’où logiquement de profonds ressentiments visant ces cultures ancrées où la servitude des Noirs est une partie banalisée du décor socioculturel, ressentiments qui alimentent des réticences et même une hostilité à toutes les velléités de panafricanisme incluant les pays arabo-musulmans.
Reste que pour un régime politique nouvellement élu sur une rupture d’avec un passé autoritaire et de racisme d’Etat, il ne sera pas simple de faire table raz de plusieurs siècles d’un imaginaire le plus répandu dans toute une aire culturelle. L’équation sera d’autant moins triviale qu’une république islamique souhaitant affronter le préjugé racial constamment confirmé par la position des Négro-Mauritaniens au bas de l’échelle sociale, ne se hasardera pas à déconstruire brutalement une vision du Noir amalgamée pour beaucoup -y compris pour des Noirs- avec l’Islam en pratique. Le paganisme allégué, les croyances dites animistes caricaturées produisent auprès des adeptes des religions autoproclamées olympiques du monothéisme et «du Livre» des formes d’identification des figures du mal engendrant sur des fondements aussi dangereux de réelles solidarités. Les défaites des civilisations négro-africaines à l’instar du puissant royaume du Ghana détruit au XIe siècle européen par les Almoravides ont donné un arrière-fond solide aux développements de préjugés dévalorisants sur ceux qui n’étaient plus que des captifs en masse, regardés sous cette unique étiquette de vaincus politique et sociétaux
En cela le jeu politique lorsqu’il peut se dérouler dans des conditions globalement saines, permettrait, par le biais des négociations et accords électoraux des différents candidats, de faire entrer progressivement en cité des minorités indispensables à l’élaboration de majorités électorales et de gouvernement. Les mentalités acquises aux changements démocratiques devront ainsi s’adapter à des critères nouveaux de considération de l’autre, ni coreligionnaire ni impie mais concitoyen au pouvoir de vote équivalent. Un début à confirmer par l’alliance d’actions volontaristes de type «affirmative action» avec de plus symboliques et subtiles jouant sur l’imaginaire, les valeurs nationales fédératrices.»
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vendredi, 06 juin 2008
Laurent Gbagbo sur les événements de 2004 et sur l'affaire Kieffer
Interview d’Ulysse GOSSET pour France 24
Interview en entier : http://appablog.wordpress.com/2008/06/05/laurent-gbagbo-p...
Ulysse Gosset s’est entretenu avec Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire, un pays en crise depuis plusieurs années. Regardez l'entretien dans son intégralité sur le "Talk de Paris" vendredi 6 juin à 19h10, heure de Paris (GMT+2).
(
[…]
M. Laurent GBAGBO.- […] je ne me sens pas dans la peau d’un coupable. [...]
Il y a eu une guerre civile dans mon pays. L’état français, dirigé par Jacques Chirac, a pris des positions qui nous ont amenés à le suspecter légitimement. Bon !
Nous avons, dans une offensive militaire, décidé de rompre toutes les bases arrières de la rébellion. On nous a déclaré que ces bombardements ont fait des morts français.
Je m’incline encore devant les morts, mais j’ai dit qu’il fallait des enquêtes pour vérifier si ce sont nos bombardements qui ont coûté ces morts, et dans quelle situation, quelle condition. Ce n’est pas encore fait.
Là-dessus, l’armée française, présente en Côte d’Ivoire, est dirigée par le général Poncet. A-t-il reçu des ordres de Paris ou pas ? Je n’en sais plus rien aujourd’hui. Il se met à casser toutes nos flottes aériennes.
M. Ulysse Gosset.- C’était une mesure de réaction de la France…
M. Laurent GBAGBO.- Oui, oui. La réaction populaire dans la rue ne s’est pas fait attendre. Les Ivoiriens sont descendus dans la rue, outrés qu’une puissance étrangère vienne casser sa flottille militaire. Telles sont les conditions dans lesquelles, eux, ils ont certainement été agressés et sont partis.
Si on veut discuter des responsabilités, je suis prêt à le faire, mais de toutes les responsabilités. On ne peut pas dire : “Oui, ceux qui ont tout perdu”, et jouer sur les sentiments. Le droit ne joue pas sur les sentiments mais sur les faits.
M. Ulysse Gosset.- Vous, est-ce que vous seriez prêt à les indemniser personnellement en tant que chef de l’Etat ?
M. Laurent GBAGBO.- Je fais ce qui est bien pour mon pays. En tant que chef d’état, je fais ce qui est bien pour mon pays. Il y a des entreprises, je pense qu’elles sont indispensables au bien-être de mon pays, donc je les aide.
M. Ulysse Gosset.- Qu’est-ce que vous dites à tous les Français…
M. Laurent GBAGBO.- Je leur dis que ce n’est parce que j’ai décidé d’indemniser les entreprises à se réinstaller, que je considère que j’ai tort dans l’affaire. Il faut que ce soit clair. Je ne considère pas du tout que j’ai tort, et je considère même, et je le demande depuis longtemps, qu’une enquête soit ouverte sur l’ensemble des éléments.
Certains députés français ont demandé une commission d’enquête française. Elle n’a pas eu lieu cette commission, elle n’a pas fonctionné.
Si aujourd’hui, je décide d’aider à ouvrir l’école française, si je décide vraiment d’aider certaines entreprises à s’installer, dans la mesure de mes moyens, c’est parce que c’est utile pour mon pays. Cela ne vaut pas acceptation d’une culpabilité quelconque.
M. Ulysse Gosset.- Quel est message que vous adressez à ces Français expatriés, qui vivaient en Côte d’Ivoire, qui sont partis ? Vous leur dites : “Venez, c’est calme” ?
M. Laurent GBAGBO.- Je dis : venez chez vous parce qu’à part ces quelques malheureux militaires français dont on nous a signalé la mort sur le front là-bas, et pour lesquels je demande une enquête qui n’a jamais pu avoir lieu, je demande qu’on élucide ça, aucun Français n’a été détroussé en Côte d’Ivoire, aucun Français n’a été pillé, aucun Français n’a été tué, chassé.
M. Ulysse Gosset.- Il y a quand même eu de graves incidents. Des français ont été molestés et d’autres choses graves. Vous le savez bien…
M. Laurent GBAGBO.- Oui, mais je vous ai resitué le contexte, mais sur ça, je ne me sens pas coupable, pas du tout !
M. Ulysse Gosset.- Pour l’avenir, vous leur dites : “Il est temps de revenir en Côte d’Ivoire” ?
M. Laurent GBAGBO.- Voilà ! Il est temps de revenir chez vous. C’est pourquoi, Monsieur Gosset, je vous dis que les hommes qui font de la politique doivent être toujours sérieux et toujours responsables. En effet, chaque homme qui fait la politique est responsable des millions de vies, et les gens ne savent pas que les mots qu’ils prononcent, les phrases qu’ils prononcent peut amener à des débordements. Il faut que, de part et d’autre, nous soyons responsables.
Sur l'affaire Kieffer :
Réaction de la famille de GAK : ici.
[…]
M. Laurent GBAGBO.- […] Guy-André Kieffer a disparu. Nous avons fait les recherches comme nous avons pu. Nous avons fait beaucoup de recherches. Je me suis investi, effectivement, dans ces recherches tout le temps que j’ai cru qu’il s’agissait d’une affaire de disparition d’homme, qu’il fallait donc le retrouver. Je me suis rendu compte, il y a quelque temps, que s’était brandi dans certains milieux comme un chiffon rouge devant le taureau que je se suis censé être politiquement.
Chaque fois que certaines personnes sont en difficulté, ils brandissent Guy-André Kieffer. Ce n’est plus mon affaire. Je pense que c’est totalement déplacé de jouer comme ça sur des sentiments… Moi, j’ai fait mon travail de chef d’état.
M. Ulysse Gosset.- Ne serait-il quand même pas mieux que l’enquête avance et que le juge français en charge de cette affaire puisse travailler jusqu’au bout pour qu’on puisse avoir les résultats de l’enquête officielle et que la justice avance ?
M. Laurent GBAGBO.- Je ne suis pas juge.
M. Ulysse Gosset.- Seriez-vous d’accord ?
M. Laurent GBAGBO.- Est-ce que, moi, je l’empêche de travailler ?
M. Ulysse Gosset.- Je ne sais pas.
M. Laurent GBAGBO.- Il entre en Côte d’Ivoire quand il veut, il sort quand il veut. J’apprends qu’il est sorti, entré. C’est son affaire. Ce n’est plus la mienne. Depuis que j’ai su que les gens essayaient de brandir cette affaire comme un chiffon rouge politique, cela ne me regarde pas.
M. Ulysse Gosset.- Saura-t-on la vérité un jour ?
M. Laurent GBAGBO.- Je n’en sais rien ! C’est au juge de dire la vérité, pas à moi. Je ne suis pas juge. C’est le juge français, Ramaël, qui est en charge de ce dossier. Je ne suis pas Français, je ne suis pas chef d’état français et je ne suis pas juge français.
M. Ulysse Gosset.- De façon générale, ne redoutez-vous pas que certains contentieux entre la France et la Côte d’Ivoire ralentissent le processus de normalisation du rapprochement ?
M. Laurent GBAGBO.- Sur le contentieux ? Qu’est-ce que vous appelez le contentieux entre la France et la Côte d’Ivoire ? Je n’en vois pas ! Parce que si un Ivoirien disparaît en France, que je me mets à accuser Nicolas Sarkozy de l’avoir enlevé, vous comprenez que le monde ne peut plus avancer.
Vous savez comme moi qu’il y a des tas et des tas de personnes qui disparaissent, même en Europe.
M. Ulysse Gosset.- Je ne parlais pas de ça.
M. Laurent GBAGBO.- Non. Moi, je vous le dis. Vous ne parlez pas de ça, mais moi j’en parle. Il y a beaucoup de disparitions. Les petites filles qui disparaissent en Europe, les jeunes gens, il y en a beaucoup ! Accuse-t-on les chefs d’Etat de les avoir fait disparaître ?
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lundi, 02 juin 2008
Au nord de la Côte d’Ivoire : « rétrocession de communes aux maires élus » (sic)
Deux extraits de l’article ci-dessous : Il s’agit de « rétrocéder les communes aux différents maires démocratiquement élus ». En l’occurrence, « rétrocession des mairies dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat ». Simple remarque : la… prise en main des mairies avant leur « rétrocession » aux maires élus était un des effets collatéraux de l’interposition Licorne et du tant vanté — par les médias français — « accord de Marcoussis ». Une… prise en mains, qui perdure dans les villes qui n’ont pas encore bénéficié de ladite « rétrocession », et qui inclut, avec la bénédiction de la « communauté internationale » la... ponction financière non-étatique desdites communes, ce qu’en d’autres lieux, et en termes moins choisis, on appelle « racket ».
Lu dans Fraternité Matin — samedi 31 mai 2008 — http://www.fratmat.info/1,,,1_fgfd10,,1.php?,__=eb,,0-0&a...:
« Sortie de crise : Les Forces nouvelles cèdent quatre autres communes »
Article par Adjé Jean Alexis, correspondant régional :
« La gestion des communes de Sakassou, Béoumi, Diabo et Bodokro qui était aux mains des Forces nouvelles, depuis le déclenchement de la crise militaro-politique qu’a connue le pays, le 19 septembre 2002 a été cédée à ses maires, hier au secrétariat général desdites forces. Le commandant de la zone 3, le chef de bataillon Chérif Ousmane, a profité de cette occasion pour attirer l’attention du secrétariat national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO sur la prise en charge des éléments des Forces nouvelles. En attendant que le gouvernement qui s’est engagé dans ce sens dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat dégage les moyens nécessaires. Avant de dire que cela ne peut constituer un frein au respect de leurs engagements c`est-à-dire continuer à rétrocéder les communes aux différents maires démocratiquement élus. "La preuve, après la commune de Bouaké, c’est nous-mêmes qui avons rappelé au secrétaire national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO que les communes telles que Sakassou, Béoumi, Diabo et Bodokro méritent également d’être restituées à leurs maires respectifs", a-t-il laissé entendre. Le représentant du secrétaire national chargé de l’économie et des finances dans les zones CNO, M. Abel Djoré, a fait savoir que l’acte important qui vient d’être posé rentre dans le cadre du processus de paix en cours dans le pays. Et que chacune des parties en présence se doit de jouer sa partition pour permettre à la Côte d’Ivoire de sortir de cette crise qui n’a que trop duré. "Les Forces nouvelles, à travers leur secrétariat national chargé de l’économie et des finances ont pris l’engagement d’aller jusqu’au bout", a-t-il affirmé. Intervenant au nom de ses pairs, M. Kouadio Kouamé Eugène, le maire de la commune de Sakassou, a exprimé toute sa reconnaissance au secrétaire général des Forces nouvelles et à travers lui, tous les membres de ce mouvement qui ont pris l’engagement de leur céder l’ensemble de leurs outils de travail qu’ils détenaient. Pour lui, leur priorité est d’abord d’aller à la rencontre de leurs populations pour les sensibiliser sur ce grand changement à vient de s’opérer. Et ensuite, de se remettre rapidement au travail pour rattraper le temps perdu dans l’intérêt de leurs administrés. M. Djézou Konan, le secrétaire général de la préfecture de Sakassou, représentant le préfet de ce département, a souligné que l’acte que viennent de poser les Forces nouvelles est d’une importance capitale pour l’administration. Parce que le processus de paix qui est en cours et dont la rétrocession des mairies dans le cadre de l’unicité des caisses de l’Etat est un maillon, rencontre pleinement l’adhésion de l’administration ivoirienne. Puis il a précisé que les éléments du Centre de commandement intégré (CCI) qui ont été désignés pour suppléer les Forces nouvelles dans le département de Sakassou dans le cadre de la sécurisation des biens et des personnes tardent à se redéployer. Cela, précise-t-il, pose problème. C’est pourquoi, il a affirmé que les populations du département ont encore besoin des Forces nouvelles pour assurer leur sécurité jusqu’à la sortie définitive de la crise. »
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