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mardi, 22 juillet 2008

Quand le ‘spécialiste Afrique’ de ‘Libé’ prend le procureur ivoirien de la République pour son boy…



C’est Djignab qui dévoile ce symptôme-clef de l’attitude de Hofnung.

« Farfelu » : c’est la sentence que laisse tomber Hofnung quand le procureur de la République ivoirienne s’appuie sur des menaces de mort proférées pour suspecter des collaborateurs de Kieffer (pour Hofnung, cela fait « aucun élément pouvant entraîner leur mise en examen »).

« Farfelu » aussi sans doute, le fait — qu’omet naturellement Hofnung — que l’un d’eux ait concédé à RFI (cf. article ci-dessous *) avoir des raisons de lui en vouloir !

andouille1.jpgCela ne fait certes pas un coupable, mais si « le 3e substitut du procureur de St Brieuc », pour reprendre l’image de Djignab, avait ne serait-ce que la moitié de telles bases pour inculper quelqu’un, Hofnung le trouverait-il « farfelu » ?

L’obséquiosité à laquelle nous a habitués Hofnung quand il s’agit de gradés moyens de la hiérarchie française n’en laisse que peu de doutes… Ainsi Hofnung en 2004
(cf. article ci-dessous **) n’avait pas jugé « farfelu » le propos du Col Destremau — Hofnung s’en est même fait, et sans rire, le porte-voix —, selon lequel les chars français avaient encerclé la résidence de Gbagbo parce qu’ils s’étaient trompés de route !

Oui mais voilà, Destremau est un colonel français, pas le Procureur de la République (excusez du peu) d’une colonie. Avec le procureur Tchimou, on peut tout se permettre quand on est « spécialiste Afrique » d’un quotidien français qui se plie en quatre pour faire la promotion du dernier disque de Mme B.-S.

Bien sûr, pour Hofnung, il n’est pas « farfelu » non plus que la « convocation » à Paris de la présidente (Simone Gbagbo) du groupe majoritaire à Assemblée nationale et d’un ministre d’État (Bohoun Bouabré) se soit faite via RFI ! (Il n’en fait même pas mention !)

Hofnung peut ainsi montrer tout son courage contre un pays, la Côte d’Ivoire, où la presse nationale insulte le Président sans être inquiétée ; avec comme gage de courage pour Hofnung, depuis que Chirac n’est plus au pouvoir, une petite égratignure éventuelle en toute fin d’article contre l’ancien pouvoir français : « deux hauts responsables français séjournaient en Côte-d’Ivoire » au moment de la disparition de Kieffer… Cela dit, ce fait ne saurait, pour Hofnung, qu’être « une coïncidence » (sic).

Entre temps, le pouvoir ivoirien aura été traité de « clan » et la lutte contre la corruption de la filière café-cacao comme n’ayant pas d’autre sens qu’électoraliste…

Une corruption qui, il est vrai, n’aurait, dit-on, rien à envier à celle qui, dit-on, sévirait en France, où, dit-on aussi, il y aurait (qui sait ?) des pressions pour faire disculper des amis aux frais du contribuable.

Mais là, ce ne saurait être le fait de juristes farfelus…


*

 


* Affaire Kieffer : du mouvement ?


1) Interview par RFI d’un des Français dont le procureur
de la République ivoirien
a demandé la mise en examen :

(Voir l'interview commentée par Edgar Yapo)

samedi 12 juillet 2008 - Par RFI http://news.abidjan.net/h/297651.html :

« […]

Dans une interview exclusive avec notre correspondant à Abidjan, l’un des accusés, Jean-Michel Aron-Brunetière, dément formellement toute implication dans la disparition de Guy-André Kieffer.

Jean-Michel Aron-Brunetière : Je suis véritablement bouleversé de savoir que je suis mis en cause et je tiens à déclarer de la manière la plus solennelle que Monsieur le procureur de la République a dû être mal renseigné, que je n’ai absolument rien à voir avec la disparition de Guy-André Kieffer.

RFI : Est-ce que vous l’avez menacé avec un pistolet dans le bureau du PDG de la CCC ?

J.M. Aron-Brunetière : C’est une information complètement aberrante, absurde et ridicule. Jamais de la vie.

RFI : Vous n’avez jamais menacé Guy-André Kieffer de mort ?

J.M. Aron-Brunetière : Jamais de la vie.

RFI : Pourquoi est-ce que votre nom sort à votre avis ?

J.M. Aron-Brunetière : Je suis incapable de vous répondre, il est possible que cela se fasse dans la mesure où j’ai connu et côtoyé Guy-André Kieffer, qui a travaillé effectivement pour la CCC pendant quelques mois, mais je ne peux pas trouver d’autres explications.

RFI : Quels étaient vos rapports avec Guy-André Kieffer ?

J.M. Aron-Brunetière : Pas si bons que cela, je n’appréciais pas tellement l’homme.

RFI : Pourquoi ?

J.M. Aron-Brunetière : Probablement, il écrivait des articles dans des journaux sous de faux noms et personnellement ce sont des choses que je n’approuve pas.

RFI : Vous le lui avez dit ?

J.M. Aron-Brunetière : Je lui ai dit.

RFI : Comment avait-il réagi ?

J.M. Aron-Brunetière : Cela ne lui a pas plus, mais cela n’a pas dégénéré de la manière qui est rapportée aujourd’hui.

RFI : A votre connaissance, est-ce que des dirigeants de CCC ont menacé de mort Guy-André Kieffer ?

J.M. Aron-Brunetière : Je n’ai aucune possibilité de vous répondre, mais ça me paraît absurde.

[…] »


2) Dépêche de l’Agence de Presse Africaine :

« Côte d’Ivoire-France : Le juge Ramael est incompétent pour convoquer Mme Gbagbo, selon le procureur de la République »

samedi 12 juillet 2008 - Par Agence de Presse Africaine — http://news.abidjan.net/h/297650.html
:

«
Abidjan - Le procureur de la République ivoirien, Raymond Tchimou a estimé vendredi que son collègue français, Patrick Ramaël « n’est pas compétent de manière territoriale » pour convoquer madame Simone Ehivet Gbagbo dans le cadre de l’affaire du journaliste franco canadien, Guy André Kieffer, a appris APA vendredi à Abidjan.

«Nous avons appris dans la presse qu’il a convoque la première dame de la Côte d’Ivoire et le ministre Bohoun Bouabré. Mais jusque là je n’ai pas encore entendu de sa part qu’il confirmait ou infirmait cette déclaration faite dans la presse », a-t-il expliqué.

Lorsque nous étions ensemble avec lui, a poursuivi M. Tchimou « il nous a fait savoir qu’il viendrait en Côte d’Ivoire pour entendre certaines personnalités ».

«Il sait bien le cheminement. Je ne pense pas qu’un haut magistrat de ce genre puisse violer les accords de coopération existant entre nos deux pays. Cela m’étonnerait », a-t-il laissé entendre.

Selon M. Tchimou, le procureur français est obligé de passer par voie dérogatoire internationale c’est-à-dire qu’il faut qu’il demande au pays dans lequel se trouve ce citoyen, la possibilité de l’entendre.

"Et lui-même ne peut pas le faire par ce qu’il n’est pas compétent de manière territoriale », a poursuivi le procureur Tchimou à propos de son collègue français.

Il a par ailleurs demandé l’inculpation de quatre Français dans le cadre de l’enquête sur la disparition en 2004 du journaliste franco-canadien Kieffer.

«Ces donnés nous ont semblé assez crédibles. Quelqu’un qui dit va te cacher, deux jours après tu disparais. Moi je n’ai pas besoins d’aller loin. Je commence par lui demander, qu’est ce qui s’est passé. Donc en tant que magistrat nous allons ensemble chercher dans ce sens. C’est pourquoi, la collaboration avec le collègue français est nécessaire pour qu’on sache la vérité » a-t-il dit à propos d’une enquête qu’il mène en France.

«Dès lors l’inculpation de ces quatre personnes comme auteurs ou complices de l’enlèvement, de la séquestration ou de l’assassinat de Kieffer, s’impose dans le cadre de la manifestation de la vérité » a conclu le procureur Tchimou. »



3) Voir aussi :

Le blog d'Edgar Yapo : http://leblogdedgaryapo.ivoire-blog.com/archive/2008/07/1...

Le blog de Fabien de Ménilmontant : http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/07/la-justice-ivoi.html

AFP : http://news.abidjan.net/h/297647.html

nouvelobs.com : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20080712.OBS2585/kieffer__la_justice_ivoirienne_evoque_une_piste_francai.html

 

*

 

** « Une vingtaine » - II

(Delugio - 10/12/2004)

 

Après avoir changé cinq ou six fois de parole, la ministre française de la Défense, forcée d’admettre que l’armée française a tué des citoyens ivoiriens — « une vingtaine » tout au plus ! « bousculades » incluses —, tente de faire une synthèse de ses variations en expliquant (dans « Le Figaro », 08.12.04) : nos soldats, menacés, n’ont pas pu s’y prendre autrement (par exemple depuis des hélicoptères) qu’en faisant ce qu’elle a appelé « usage total de leurs armes ». Peut-être aurait-elle pu être crue plus facilement si elle avait tenu la même parole dès le départ ? Mais à présent ! Ne peut la croire spontanément que qui ne demandait qu’à être convaincu avant même ses « explications ».

Est-ce la raison pour laquelle la nouvelle stratégie de communication française semble se situer dans le registre de l’humour ?! Le journal « Libération » publie ce matin (10.12.04) une analyse appuyée sur une interview du colonel Destremau, responsable de l’opération de l’hôtel Ivoire. « Il commet une invraisemblable erreur d’orientation, explique Thomas Hofnung. En pleine nuit, la colonne de blindés s’égare et se retrouve face à la résidence du président Gbagbo : "Au lieu de tourner à gauche, notre guide situé à l’avant a fait un tout-droit et nous nous sommes retrouvés devant le palais présidentiel", raconte le colonel. » Finalement « après avoir demandé son chemin à un officier des forces ivoiriennes, le détachement parvient, vers 5 h 30, sur l’esplanade de l’hôtel Ivoire, à moins d’un kilomètre de là. Mais la rumeur d’un coup d’État contre le Président ivoirien a été lancée » explique Thomas Hofnung. Et ce n’est pas tout : le colonel Drestremau et ses troupes « découvrent, dit-ils, que les étages supérieurs (la tour en compte vingt-deux) sont occupés à plein temps par "de multiples habitants". » Mais oh surprise, ces « multiples habitants » ne sont pas les ressortissants français auxquels on pourrait s’attendre, mais divers conseillers et employés du pouvoir ivoirien ! Mais voilà : venus là pour les ressortissants français, ils découvrent cela trop tard : « la rumeur d’un coup d’État contre le Président ivoirien a été lancée. » Quelle mauvaise foi de la part des Ivoiriens ! doit-on entendre. Et quelle irrationalité !

Imaginons que des chars russes, se retrouvent, par erreur, en face du Palais de l’Élisée, puis que les troupes russes s’installent dans un hôtel des Champs Élysées dont les étages supérieurs « sont occupés à plein temps par "de multiples habitants" » employés du pouvoir français. Rationnels que nous sommes, jamais nous ne soupçonnerions une tentative de coup d’État ! Pas même si auparavant les Russes avaient décidé de régler nos problèmes avec les Corses ou les Basques et avaient consacré la partition du pays en offrant aux dits Corses ou Basques qui auraient pris les armes, le ministère de l’Intérieur et de la Défense — cela sans demander son avis au pouvoir français légal, mis devant le fait accompli. Et cela en arguant de ce que le pouvoir français officiel ferait preuve d’une exécrable « francité » en tentant de régler le problème corse ou basque. Puis, quand l’armée française aurait osé tenter de réunifier le pays, les Russes auraient détruit, pour cause de bavure déclarée « intentionnelle », toutes ses forces aériennes, puis pris les aéroports de Paris et leurs accès en tuant des manifestants tentant de s’y opposer. C’est sur ces entrefaites que les chars russes se seraient trompés de chemin pour se retrouver devant l’Élysée. Mais à ce moment, jamais, en France, ne se serait répandue « la rumeur d’un coup d’État contre le Président » !

Pour paraphraser un film français, si la situation prêtait à plaisanterie, on pourrait penser que les Ivoiriens sont fondés à se demander si, depuis les événements du 6 au 9 novembre, on a enfin retrouvé la septième compagnie !

Et la France continue de s’étonner des « rumeurs » de ce genre et de ce qu’elles peuvent être alimentées par les doutes des Ivoiriens sur la nature de la bavure, ou autre chose, déclarée « intentionnelle », de Bouaké. Très désireuse d’apaiser ces doutes et de mettre fin à ces « rumeurs », la France refuse cependant aux enquêteurs ivoiriens l’accès au site de Bouaké (cf. « L’intelligent d’Abidjan » - 01.12.04), tandis que Guy Teissier explique à l’Assemblée nationale dont il préside la Commission Défense, qu’une enquête sur les événements de Côte d’Ivoire ferait de la peine à nos soldats ! Est-on toujours dans le registre de l’humour ? Ou ne comprend-on pas qu’on risque de laisser croire aux Ivoiriens, comme permettent de le laisser penser les arguties de la ministre de la Défense, que c’est la vérité qui ferait de peine à nos soldats ?

Et on ne lésine pas sur les moyens pour empêcher quiconque de poser des questions ! L’avocat d’une Association des gendarmes d’Ouvéa, qui a porté plainte contre le Président Gbagbo, juge même scandaleux son constat selon lequel il n’a pas vu les corps des soldats français de Bouaké ! Scandaleux ? Mais que peut-il dire d’autre ? Les a-t-il vus ? Il a vu comme tout le monde la cérémonie aux Invalides autour des cercueils des soldats tués ! Il n’a rien mis en doute. Il n’a fait que constater que les corps avaient été évacués avant toute enquête, et avant même que, selon l’habitude, on puisse leur rendre hommage. Tout comme le corps de l’humanitaire américain. Et quand toute enquête semble refusée sur ce qui s’est passé à Bouaké, on est bien obligé de s’en tenir, comme il le dit, à la version de l’armée française : c’est la seule version ! On la croit puisque l’armée française le dit ainsi !

Et en France on gronde, à la limite de la menace, contre quiconque, scandaleusement, a l’audace de poser des questions ! Qu’est-il besoin d’enquête ? Il est vrai que la version de l’armée française est corroborée par un film que l’on a montré subrepticement, et qui, dit-on, confirme le témoignage d’un militaire français que l’on a présenté en train d’expliquer, gestes à l’appui, que les Sukhoï sont passés par ici, et sont repassés par là, à très basse altitude avant de faire feu. C’est là qu’apparaît ledit film montrant deux Sukhoï en piquet, lâchant des bombes (à Bouaké ? À Korhogo ? Dans le Caucase ? — pourrait demander avec indécence un sceptique). Suite à quoi ledit film montre un bulldozer affairé autour d’un char français, puis un soldat français derrière un grillage avec une blessure sur le bras. Telle est la preuve qui est proposée ! On la croit, disent quand même les sceptiques ivoiriens, puisque c’est le seul élément qu’on nous donne. Mais une enquête sur les événements de Bouaké et d’Abidjan serait-elle vraiment tout à fait inopportune ? Pas inopportune, mais indécente, risquant de vexer nos soldats !… Ah bon ? Nos soldats en seraient vraiment offusqués ? On est porté à penser que dans le doute qui s’est installé, ils seraient les premiers à préférer autre chose que cette chape de silence, depuis laquelle on demande de croire sans discuter. Même le colonel Destremau dit à « Libération » souhaiter cette commission d’enquête ! Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ! — répond notre France laïque…

Et pleins de la vénération due à l’armée française, on n’en demandera pas plus. On s’incline, ce qui certes est la moindre des choses, devant le sacrifice de nos soldats, tandis que les victimes ivoiriennes, « une vingtaine » — finalement peut-être plus, admet-on —, attendent patiemment (trois semaines) et force reportages, films, témoignages directs et menaces de plainte de la Côte d’Ivoire à la CPI, pour qu’on daigne enfin reconnaître qu’ils ont bien dû effectivement mourir ! Cela non sans qu’on les ait, au passage, implicitement traité de sauvages, comme ce manifestant décapité dont la ministre de la Défense tient à dire (mais cela semble n’être pas indécent !) qu’il était particulièrement agité, au point de s’agripper à un canon français ! Bref sa décapitation, il ne l’a pas vraiment volée…

Tandis qu’il est urgent de pleurer sur les « vraies » victimes, les Français rapatriés. Où l’on retrouve, après « la septième compagnie », un autre genre de films, un de ces vieux films coloniaux, où les Nègres tombent indistinctement les uns après les autres, après les éléphants de la scène de chasse précédente, et avant les singes menaçants de la scène suivante, sans que l’on n’ait à s’émouvoir outre mesure (ah, si ! on est censé s’émouvoir un peu de la mort accidentelle du boy noir du héros blanc attristé — preuve de son humanisme). Les vraies larmes sont réservées à la détresse de l’ami blanc du héros blanc ou à la menace que ressent la vertueuse blanche menacée par les sauvages.

Que nous a t-on resservi d’autre ces dernières semaines que ce mauvais film ? De la sympathie pour les boys qui ont sauvé leurs employeurs blancs à la démultiplication des nombres de viols. Comme si la violence subie, de part et d’autre, ne méritait pas au moins qu’on ne l’instrumentalise pas. (Et jusqu’où ne va-t-on pas ! — : « je suis très choquée de voir comment mes propos ont été déformés » se scandalise une Française violée, dans une lettre écrite à Paris, le 17 novembre 2004, publiée dans « Notre Voie » le 30.11.2004, de ce qu’on ait voulu à tout prix lui faire dire qu’elle a été victime des patriotes, ce qu’elle nie !)

La différence par rapport aux films coloniaux d’il y a soixante ans, c’est que les Africains d’aujourd’hui captent nos télévisions et lisent nos journaux — s’étonnant d’y être jugés « indécents » lorsqu’ils se posent des questions sur notre traitement de l’information. Et ils nous voient nous étonner de même de ce qu’ils puissent trouver à tout cela un arrière-goût de guerre coloniale !

 

vendredi, 11 juillet 2008

Sus à l’opération mains-propres



ben hur.jpgAprès la convocation par les ondes (de RFI) d’une députée présidente de groupe parlementaire (Mme Gbagbo) et d’un ministre d’État (P.-A. Bohoun Bouabré) à comparaître à Paris à l’occasion d’une des toujours opportunes réapparitions du serpent de mer de l’affaire Kieffer, la presse française, qui a complètement zappé les interviews-bombes (par Mediapart) du gal Poncet et de Me Balan, avocat des familles de soldats tués à Bouaké (seul le Gri-Gri international a repris cela) — la presse française, par la voix de l’inénarrable Hofnung de Libération, vend la mèche : il s’agissait bien, comme l’ont noté Djignab et Edgar Yapo, de brouiller l’opération mains-propres.

Hofnung, dans un concentré de mauvaise foi, fait mine de déplorer que l’opération soit tardive et proche des élections.

À l’appui des habituels « experts » sortis de sa manche, Hofnung espère tout haut que cela n’empêche pas que le résultat des élections ne soit pas acquis, et — moment particulièrement exquis de cette mauvaise foi dont il a le secret — tient à écrire que « les institutions financières internationales et l’Union européenne multipliaient les pressions en ce sens » depuis 2001. Il oublie simplement de préciser que, ce faisant, appuyés sans modération par les Hofnung et consorts, les financiers « internationaux » cassaient via la cassure du pays en deux, le gouvernement d'alors (qui était d’union nationale) et toute possibilité de régénération du pays, y compris en matière de lutte contre la corruption…

Quand le déroulement ultérieur de l’histoire et le cours de la justice font éclater si évidemment leur parti-pris d’alors, il est naturel pour des médias qui avaient si lourdement erré, RFI et Hofnung en tête, d’occulter les avancées de la justice concernant Bouaké et de déplorer que les choses bougent enfin. Il n’est donc pas surprenant que nul ne se soit seulement interrogé sur cette façon surprenante de convoquer à l’étranger par les ondes une parlementaire et un ministre d’État d’un pays tiers souverain et ami.



 

mercredi, 09 juillet 2008

Scoop dans l’affaire Kieffer : la présidente du groupe FPI à l’Assemblée nationale ivoirienne convoquée par RFI chez un juge français…




trompettes.jpgLa nouvelle est claironnée depuis hier dans les médias français (cf. article ci-dessous *) : depuis le Soir3 jusqu’à nouvelobs.com, qui titre carrément « Le juge convoque la femme du président Gbagbo » (sic).

C’est donc (par incidence) au titre de « femme du président Gbagbo » qu’elle serait convoquée.

On imagine le tollé avec un titre dans la presse ivoirienne du genre : « le juge convoque la femme du Président Sarkozy à Abidjan ».

Sauf que là, elle n’est pas seulement « la femme du Président Gbagbo », elle est aussi députée élue, au bénéfice comme telle de l’immunité parlementaire — présidente du groupe FPI majoritaire à l’Assemblée nationale ivoirienne, homologue de Jean-Marc Ayrault, comme présidente du groupe parlementaire socialiste, ou de Jean-François Copé, comme présidente du groupe majoritaire à l'AN.

On imagine le scoop : « le juge ivoirien convoque Jean-Marc Ayrault /ou Jean-François Copé à Abidjan ».

Si on y ajoute, convoqué aussi, un ministre d’État (Paul-Antoine Bohoun Bouabré) — mettons en parallèle M. Alliot-Marie par exemple : les dernières révélations sur l’affaire Bouaké-Abidjan 2004 vaudraient bien tout de même une convocation comme « simple témoin »…

Car c’est comme simples témoins que Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré sont convoqués. Nouvelobs.com ne nous avait pas habitués à de telles circonlocutions concernant celle qui se trouve être la belle-sœur de son beau-frère (lequel est réputé être le dernier à avoir rencontré Kieffer). D’habitude, cela vaut culpabilité avant tout jugement à Simone Gbagbo (qui est non seulement la belle-sœur de son beau-frère mais aussi la femme de son mari).

Cette fois nouvelobs.com tient tout de même à préciser (c’est à mon sens le vrai scoop de l’affaire) que «
les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».

Malgré tout cela, « on ne s'oppose pas par principe à une convocation » a fait savoir Me Rodrigue Dadje (avocat de Mme Gbagbo) selon l’AFP, qui précise : « "Il ne faut pas qu'on donne l'impression que Mme Gbagbo fait obstruction à l'appareil judiciaire français", a souligné Me Dadje, ajoutant que "Mme Gbagbo souhaite aussi que la vérité soit faite sur ce dossier et que la page soit tournée". »

Façon de couper court à ce que l’on ressort régulièrement et qui ressemble (cette fois plus que jamais) très fort à une provocation à fin de stigmatisation médiatique : répondre "non" à une telle provocation convocation, reviendrait évidemment à servir une « preuve » médiatique de culpabilité de Simone Gbagbo.

Une convocation qui sort apparemment opportunément — pas par rapport à l’affaire Ingrid (autre disparue célèbre dont il n’a échappé à personne qu’elle avait été libérée), mais quant aux coïncidences d’agenda

Et quand on sait par ailleurs que la convocation en question, reprise par les autres médias français, sort pour l’instant des seuls studios de RFI… Ça, c’est un scoop
(cf. article ci-dessous **) !

*

 

* Rudy, Ségolène et Simone… ou : l’huile sur le feu médiatique
(Delugio - 09/07/2008)

 

1) Rudy : Libération (le 8 juillet) annonce, reprenant une dépêche AFP, l’interpellation de cinq personnes dans le cadre du déferlement de violence qui avait plongé le jeune Rudy dans le coma.

Sous-titre : « ce jeune juif avait été grièvement blessé le 21 juin lors d'affrontements intercommunautaires entre bandes dans le XIXe arrondissement de Paris ».

Tiens, se dit le lecteur, l’antisémitisme est passé à la trappe, suite probablement aux premiers résultats de l’enquête, lesquels avaient débouché concernant l’antisémitisme, on s’en souvient, sur l’idée d’une simple « incidence ».

Puis arrivant au bout de ce bref article, le lecteur découvre que les violences desdits « affrontements intercommunautaires entre bandes » sont « aggravées par le caractère antisémite de l'agression »...

Voilà un bref article à même de produire un effet catastrophique ! Car de deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une agression antisémite, et cela devrait paraître en sous-titre (au lieu d’ « affrontements intercommunautaires »).

Où il ne s’agit pas d’antisémitisme, et on évite de parler de violences « aggravées » ! Sauf à vouloir induire le soupçon selon lequel l’affiliation religieuse d’un membre des bandes lors d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » vaut traitement particulier !

Qu’est-ce qu’un tel traitement médiatique fait d’autre qu’attiser la concurrence inter-« communautaire » ? — c’est-à-dire mettre de l’huile sur le feu :

- les uns jugeront à juste titre que considérer l’antisémitisme comme simple circonstance aggravante de ce qui — si l’antisémitisme est le mobile — s’apparente à un acte genre pogrom, est tout simplement indécent.

- les autres considèreront à tout aussi juste titre que mentionner l’antisémitisme comme circonstance aggravante s’il s’agit d’ « affrontements intercommunautaires entre bandes » consiste à faire deux poids deux mesures selon qui reste sur le carreau lors desdits affrontements.

Voilà un emballement politico-médiatique, celui du 21 juin dernier, dont il reste au moins cette trace médiatique : le concept d’ « antisémitisme par incidence », avec effet catastrophique (à présent avéré dans un bref article de Libé) des emballements politico-médiatiques récurrents (et intéressés concernant les politiques) : les victimes de ces emballements sont de toute façon et les juifs et les Arabes / ou les « noirs ».


2) Ségolène : toujours dans Libération, reprise d’une dépêche, de Reuters cette fois. On apprend que Ségolène Royal s’est élevée contre cette façon sarkozienne de se moquer des grévistes en clamant que "désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit" — propos déjà déplorés par les syndicalistes.

L’article rapporte la vive dénonciation du propos par Ségolène Royal :
« "On se croirait revenu sous l'Ancien régime où le roi s'amuse, le roi dilapide l'argent, le roi soigne ses amis, le roi enrichit ceux qui sont déjà riches", a déclaré mardi l'ex-candidate PS à la présidentielle sur RTL.
"Et pendant ce temps là, le peuple s'appauvrit", a-t-elle ajouté, précisant: "Pour lui l'argent n'a pas d'importance, puisqu'il croule sous l'argent. Il ne se rend pas compte que les gens sont désespérés."
Ségolène Royal a invité Nicolas Sarkozy à se méfier des "protestations muettes", soulignant qu'il était "très difficile aujourd'hui pour les salariés de perdre une journée de salaire sur des grèves."
Pour l'ex-candidate socialiste, les propos du chef de l'Etat témoignent d'une "méconnaissance de ce qui se passe aujourd'hui en France". »


Jusque là, la dépêche rend compte. Et voilà que l’article conclut — que le lecteur s’accroche :
« Ségolène Royal a provoqué par ailleurs un tollé la semaine dernière lors d'un voyage à Québec en affirmant que Nicolas Sarkozy n'était "absolument pour rien" dans la libération d'Ingrid Betancourt.
Même à gauche, des voix se sont élevées pour condamner la présidente de la région Poitou-Charentes. »


Quel rapport avec le sujet sur les propos sarkoziens ? Aucun, ou plutôt un seul : discréditer la dénonciation en discréditant celle qui l’a portée — via le sous-entendu : Ségolène Royal s’emballe pour rien…


3) Simone : nouvelobs.com cette fois, annonce que
« Le juge convoque la femme du président Gbagbo » — à propos de l’affaire Kieffer.

En fin d’article — comme la « circonstance aggravante » pour Rudy et le détour par Ingrid pour Ségolène — en fin d’article donc, on apprend, pour la première fois à ma connaissance depuis les mises récurrente de Mme Gbagbo sur la sellette médiatique, que
«
les soupçons des enquêteurs ne se portent pas directement sur les époux Gbagbo ».

Depuis on sait en outre que ladite « convocation » a été émise par… RFI ! Cette nouvelle information n’a pas été répercutée, à ma connaissance, par nouvelobs.com par les autres des médias français qui s’étaient fait l’écho de ladite « convocation »…


*


** Affaire Kieffer / Ramaël outrepasse ses droits : Tchimou monte au créneau


Fraternité Matin — 10 juillet 2008 — http://www.fratmat.info/1,,,1_fgfd10,,1.php?,__=eb,,0-0&a...

par
Ferro M. Bally :

« Le procureur de la République anime ce jour une conférence au moment où des convocations ont été adressées à des citoyens par des “canaux non conventionnels”. Le procureur de la République anime cette après-midi même une conférence de presse sur l’affaire Guy-André Kieffer, du nom du journaliste franco-canadien porté disparu depuis le 16 avril 2004. Féhou Raymond Tchimou a eu une séance de travail, mardi après-midi, principalement avec le conseil de Mme Simone Gbagbo, Première dame de Côte d’Ivoire, pour faire la lumière sur la présumée convocation, aujourd’hui à Paris, de la Première dame et du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, par le juge d’instruction français, Patrick Ramaël en charge de l’affaire. Pour être entendus comme témoins. Les “pseudo-convocations” ne seront pas, aujourd’hui, suivies d’effets. Mme Gbagbo et M. Bohoun Bouabré ne se rendront pas dans la capitale parisienne pour être entendus sur la disparition, dans des conditions non encore élucidées, du journaliste Kieffer. Mais l’évolution de la situation soulève deux problèmes clés. Le premier porte sur la violation du droit et des procédures normales. Car, en dépit des dispositions de la coopération judiciaire entre la Côte d’Ivoire et la France, Patrick Ramaël a été autorisé, par le ministère ivoirien de la Justice, à instruire en Côte d’Ivoire, en lieu et place de ses homologues qui exercent sur le territoire ivoirien qu’il aurait dû saisir dans le cadre de l’affaire Kieffer qu’il instruit. Ce sont ces derniers qui devraient entendre les présumés coupables, les témoins et lui transmettre, à Paris, les conclusions des auditions. Mais, comme il a, au vu et au su de tous, outrepassé ses droits, il continue sur sa lancée, sans que l’Etat ivoirien, pris au piège de ses propres turpitudes et de ses complexes, ne trouve à redire. Aussi, peut-il, comme il l’a avoué, lui-même, hier sur RFI, “passer par des canaux non conventionnels” pour convoquer Mme Gbagbo et le ministre d’Etat Bohoun. Le second problème concerne le mépris du juge français pour les institutions ivoiriennes. Mme Simone Gbagbo et M. Bohoun Bouabré sont deux personnalités de la Côte d’Ivoire. Ils n’ont certes pas le statut d’un Chef d’Etat en exercice, mais ils ont des qualités qui les mettent à l’abri de poursuites cavalières. La Première dame est député. Pour cette raison, Ramaël aurait dû, à travers les autorités ivoiriennes, écrire au Parlement ivoirien pour demander à l’entendre. Comme l’a fait justement la justice ivoirienne pour le député Abo Daniel dans l’affaire des malversations dans la filière café-cacao. L’immunité parlementaire dont bénéficie Mme Gbagbo est sans doute accordée par le système judiciaire ivoirien. Mais, de sources judiciaires, pour qu’elle puisse répondre à une quelconque convocation ou être poursuivie par une juridiction étrangère, il faut que l’Assemblée nationale lui donne une autorisation. Mais, sans doute, aux yeux du juge d’instruction français, cette institution, déclarée dissoute par le Groupe de travail international (GTI) dès sa première réunion en décembre 2005, n’existe plus.
Quant à Bohoun Bouabré, il est ministre d’Etat et n°2 de l’actuel gouvernement. C’est-à-dire que même s’il ne bénéficie pas de l’immunité propre à un ambassadeur, il représente une autorité d’un pays souverain. En le convoquant sans aucun égard et par voie de presse, c’est toute l’équipe gouvernementale de Soro Guillaume que Patrick Ramaël nargue. Car, s’il arrivait qu’il se retrouve en France dans le cadre de ses missions, le juge français pourrait pousser le pion à vouloir l’entendre. Sans mandat. C’est pour cette raison qu’à juste titre, Guédé Pépé dit James Cenach, conseiller du ministre d’Etat, a déclaré que “le gouvernement devrait protester”. Tiraillé entre des intérêts divergents et contradictoires, il ne le fera pas; se blottissant dans la position du singe de la gravure: ne rien dire, ne rien entendre et ne rien voir. C’est au milieu de cette dérive et de cette pagaille que le procureur Tchimou va intervenir. Pour mettre les pendules à l’heure? Pour redresser le tir? Tout le monde attend. »