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mercredi, 06 septembre 2006
Urgent... affaire déchet toxique - le gouvernement ivoirien vient de démissionner
Fraternité Matin -http://news.abidjan.net/presse/fratmat.htm - Dernière mise à jour: 21 H 31 (GMT)
URGENT.....AFFAIRE DÉCHET TOXIQUELE GOUVERNEMENT IVOIRIEN VIENT DE DÉMISSIONNERLE PREMIER MINISTRE IVOIRIEN CHARLES KONAN BANNY A PRÉSENTÉ LA DÉMISSION DE SON GOUVERNEMENT AU CHEF DE L'ÉTAT LAURENT GBAGBO LORS D'UN CONSEIL DES MINISTRES QUI S'EST TENU CE MERCERDI 6 SEPTEMBRE À YAMOUSSOUKRO. À L'ORIGINE, L'AFFAIRE DU DÉVERSEMENT À ABIDJAN DE DÉCHETS TOXIQUES EN PLUSIEURS ENDROITS PROVOQUANT LA MORT DE PLUSIEURS PERSONNES SELON DIVERSES SOURCES HOSPITALIERES. LE PREMIER MINISTRE EST CHARGER DE CONSTITUER UNE NOUVELLE ÉQUIPE GOUVERNEMENTALE.
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Déchets toxiques à Abidjan – Un début d’explication du silence des médias français ?
Voilà une catastrophe écologique majeure : le déversement de déchets hautement toxiques amenés depuis le port autonome d’Abidjan en divers endroits de la ville. Déjà des morts et nombreuses personnes gravement malades. Des familles entières ont dû fuir leur domicile.
L’affaire fait la Une de tous les journaux ivoiriens, est relevée par l’AFP,… et pas un mot en France.
Or, sans compter le fait que la gravité de la chose demanderait au moins un mot, on aurait là apparemment tout ce qu’il y a d’explosif, à un moment opportun : à quelques semaines de la rencontre de l’Onu où il va être question de la Côte d’Ivoire alors que les élections prévues ont été renvoyées sine die suite au refus rebelle de désarmer. Raison de plus de s’étonner de ce silence de nos médias pourtant d’ordinaire si prompts à relever tout ce qui peut nuire au pouvoir Gbagbo.
Les médias français ne nous ont-ils pas habitués à mettre à profit les périodes comme celle qui s’approche pour fragiliser autant que possible le pouvoir Gbagbo ? Ainsi, on nous a ressorti ces derniers temps l’affaire de la disparition de G.-A. Kieffer, pour nous livrer quelques conditionnels pas bien nouveaux — qui n’arrivent toujours pas atteindre celui qu’ils cherchent à viser, Gbagbo. À défaut de l’atteindre, ces conditionnels ont à nouveau servi à l’attaquer et à réclamer qu’il soit démis «de gré ou de force» (Hoffnung – Libération) (sic !).
Et en même temps, éclate une affaire énorme, susceptible de faire tomber bien du monde… et aucun média français ne s’en saisit ? Malgré la gravité écologique et sanitaire de la catastrophe ! Voilà qui est curieux !
Pourquoi donc un tel silence ?
Et si ce que dévoile L’inter (journal considéré comme ‘indépendant’ par les médias français) ci–dessous donnait l’explication ? À savoir : le pouvoir Gbagbo n’est probablement pas en cause ! Une attaque à ce point se révèlerait rapidement vaine — :
L’inter — http://news.abidjan.net/presse/linter.htm :
«La thèse du deal se précise. Voici le ministère incriminé»
«L’affaire du déversement des déchets toxiques à Abidjan continue de livrer ses secrets. Mieux, la thèse du deal se précise. L’Etat ivoirien par le truchement de son ministère des Transports, a accepté d’accueillir ces déchets toxiques sur le sol au détriment de la santé de ses populations. Ce, alors même que les responsables de ce navire pollueur ont pris soin d’informer les autorités ivoiriennes de la toxicité du produit qu’ils transportent. Pourquoi le ministère des Transports et le port d’Abidjan ont-ils quand même permis à ce bateau d’accoster. Le fait qui interpelle plus d’une personne c’est la célérité avec laquelle cette opération de vidange a été menée. Tout porte à croire que c’est une affaire parfaitement huilée depuis plusieurs semaines. Jugez-en vous même. Le 12 juillet 2006, la société Tommy spécialisée dans le vidange des eaux usées, l’entretien et le soudage des bateaux, reçoit son autorisation de création des mains du ministère des Transports {Ministre Innocent Kobena Anaky - Mouvement des forces de l'avenir, opposition bloc ‘houphouëtiste’}. Moins d’un mois après, soit le 09 août, le Port autonome d’Abidjan (Paa)* accorde à la société Tommy, le contrat pour le vidange du bateau ‘’Probo Koala’’. Un si gros marché pour une société qui a moins d’un mois d’existence. Dix (10) jours plus tard, le navire accoste avec son contenu toxique. Après avoir été codifié par les soins du service ‘’Point de contact’’ du port d’Abidjan, le navire devait être inspecté par les agents des affaires maritimes, direction rattachée au ministère des Transports et ceux du Ciapol, service spécialisé au ministère de l’Environnement. Mais de sources digne de foi, le navire n’aurait pas subi ces étapes. Pourquoi ? Le Ciapol affirme que les prélèvements ont eu lieu sur les sites, notamment à la décharge d’Akouédo et non pas sur le bateau ? Ce fait est des plus curieux dans la mesure où le Ciapol devait d’abord faire des analyses sur la toxicité du produit transporté avant de donner l’autorisation à la société Tommy de faire le vidange. Pourquoi, les choses se sont-elles passées ainsi ? Pourquoi, le Port a-t-il libéré le bateau alors que le Ciapol au vu des résultats de ses analyses sur les échantillons prélevés à Akouédo, a demandé la garde à vue de ce navire ? Bien des interrogations qui confirment la thèse d’un deal entre la société Tommy et le port, le ministère des Transports et même le district d’Abidjan qui a ouvert les portes de la décharge à une heure aussi avancée de la nuit.» JLG
Aurait-on là l’explication du silence de nos médias ? Silence similaire, apparemment, à celui concernant les tirs policiers sur des étudiants dont on n’a pas eu d’écho non-plus – cf. ce blog hier et l’article d’Anassé Anassé du Courrier d’Abidjan : http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14...).
* Précision importante : MISE AU POINT DU PORT AUTONOME D’ABIDJAN RELATIVE AUX DECHETS TOXIQUES DEVERSES A ABIDJAN publiée dans le Courrier d'Abidjan (6.09.06) - où il apparaît que le PAA n'est pas en cause.
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mardi, 05 septembre 2006
Pollution chimique à Abidjan et tirs à balles réelles de policiers sur des étudiants.
Silence impressionnant de nos médias. Qui fait se demander : comment fonctionnent-ils ?
Deux affaires très graves ont secoué la Côte d’Ivoire au moment où l’on nous resservait à satiété en France des conditionnels à peine modifiés depuis deux ans sur l’affaire Kieffer… Rien de bien nouveau. Rien de suffisamment significatif en tout cas, on a pu le constater, pour mobiliser de la sorte les grands quotidiens et les titres des journaux télévisés français.
En même temps, deux affaires tragiques — pollution chimique à Abidjan (ayant déjà tué) et tirs à balles réelles (faisant aussi des morts) de policiers sur des étudiants — ; deux affaires tragiques dont les échos sont affaiblis au point qu’on ne les a pas entendus…
Au moment où on a beaucoup ré-entendu parler d’une affaire connue. Comprenons-nous bien : un homme a disparu, il est bon qu’on ne l’oublie pas.
Mais pourquoi nous resservir ces nouveautés qui n’en sont pas vraiment, précisément ces-jours-ci ? À quelques semaines d’échéances importantes pour la Côte d’Ivoire. Ce qui ne peut que poser des questions, quand nos médias nous ont habitués à soulever de façon récurrente ce genre de lièvres à ces périodes, donnant l’impression — aux esprits mal tournés ! — de vouloir influencer les décideurs onusiens…
Et voilà que ressort à ce moment-là cette triste affaire dont on ne sait rien de précis, évoquant des questions de cacao. La voilà qui s’accompagne du vœu explicite, dans un grand quotidien français (Libération), de voir Gbagbo «passer la main de gré ou de force» ! Tout cela sans que l’on mentionne le trafic de cacao bien établi, celui-là, depuis la zone rebelle et exfiltré par le port du Togo dont on reçoit le chef dynastique — dans le silence de nos médias — ; trafic dénoncé par le président de l’assemblée nationale ivoirienne, et objet d’une enquête fournie, et pas réfutée, du Courrier d’Abidjan.
Au même moment, deux affaires chargées de nouveauté celles-là, hélas ; deux affaires très graves, sont passées sous silence ! À ma connaissance en tout cas, on n’en a à ce jour, pas eu écho en France :
Le déversement de déchets toxiques en grande quantité au port d’Abidjan — pollution chimique qui a déjà fait des morts et de nombreux blessés ;
Et les tirs à balle réelle par des policiers sur des étudiants, faisant de nombreux morts et blessés, cela accompagné de viols, en présence du directeur de l’école nationale de police — comme le montre un film signalé ce jour par Le Courrier d’Abidjan.
Pourquoi un tel silence ?
Développements sur les deux affaires selon deux journaux ivoiriens :
LE SCANDALE DES DÉCHETS TOXIQUES
• Deux enfants décédés
• Le désarroi des populations
Fraternité Matin — mardi 5 septembre 2006 — http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=M8GD1WbWD5L :
L’HISTOIRE D’UN BATEAU QUI TRAUMATISE
par Jean-Rock K-KIRINE :
« Plus de 528 m3 principalement d’hydrogène sulfuré (H2S), de la soude (NaOH) et du mercaptan, des produits très toxiques pouvant entraîner la mort, ont été déversés sur 7 sites répertoriés pour le moment à travers la ville d’Abidjan depuis le 19 août 2006. Ce sont la décharge d’Akouédo, le Plateau Dokui, Vridi canal, N’Dotré, proche du Banco, route d’Allépé après le corridor de la Gesco, et le bas-fond vers l’école de police.
Arrivée au Port autonome d’Abidjan (PAA), le vendredi 18 août 2006, au quai de la Pétroci, le navire russe battant pavillon panaméen, le «Probo Koala» a, durant plus de 30 heures, déchargé son contenu qu’il a dénommé «Slops» (eaux usées, contenant un peu de pétrole). Or, d’après les analyses réalisées par les laboratoires de la SIR pour le compte du CIAPOL, il s’agit bien d’hydrogène sulfuré, de soude et du mercaptan.
Le courrier électronique envoyé le 17 août 2006 au Capitaine N’Zi Kablan, donne quelques éléments de réponses quant au contenu du navire. Dans ce courrier, M. Jorge Marrero de la société Trafigura LTD, qui a affrété le navire, basée en Espagne, a précisé qu’il s’agissait de produits chimiques (Chimicals Slops). Il demandait par ailleurs au capitaine de prendre toutes les dispositions afin d’éviter tout problème environnemental.
L’affaire fait grand bruit aujourd’hui à tel point que M. Jean-Pierre Valentini, un des directeurs de la société Trafigura devrait fouler le sol ivoirien dans les toutes prochaines heures.
Le Centre ivoirien antipollution (CIAPOL) qui a pris connaissance de ce document a géré le transport des déchets. Un des plus proches collaborateurs de M. Doh André, directeur de ce centre, M. Bayé Etienne, inspecteur des installations classées, a assisté aux rotations des camions, le mercredi 23 août 2006, de 22 H à 3 H du matin. Et ce, malgré les réunions tenues au sein du CIAPOL, sur le déversement du produit toxique à travers la capitale économique. Le directeur du CIAPOL affirme n’avoir pas été, lors des réunions, informé de la teneur des produits disséminés à travers la ville. Or le 21 août 2006, M. Doh transmet par courrier N° 00261/MINEF/CIAPOL/DIR/Ads, «une mise en demeure» au commandant du navire «PROBO KOALA» lui demandant de rester à quai pour que ses services procèdent aux différents contrôles et examens du produit. A cette date, il reçoit les résultats d’analyse d’échantillon qui ont été prélevés à la décharge d’Akouédo, en provenance du navire. D’un côté, le CIAPOL joue la carte du protecteur et de l’autre il supervise les opérations de déversement à travers la ville, avec la société Tommy. Cette structure spécialisée dans le vidange des eaux usées des navires, détient un agrément probatoire délivré par le ministère des Transports, N° 169/MT/DGAMP/DTMSL du 12 juillet 2006 valable pour un an.
Le 21 août 2006, la société Tommy, par le biais des transporteurs qu’elle a sous-traité pour l’aider dans sa tâche s’est présenté à la décharge d’Akouédo avec un produit industriel, en provenance de Vridi. Et pour 500 000 F cfa, en fonction du tonnage, elle a déversé sa cargaison.
Bien qu’ayant reçu des informations sur les déchets toxiques, le district d’Abidjan a délivré des autorisations de déversement de ces types de produits à la décharge.
Selon un des transporteurs, M. Bayé Etienne, un autre responsable du CIAPOL, lui aurait demandé de verser du Grésil sur les lieux du déversement pour atténuer les odeurs. Le navire, le PROBO KOALA, aurait été refoulé avec son chargement dans cinq pays africains. Dont le dernier en date est le Nigeria. Après s’être débarrassé de sa cargaison en Côte d’Ivoire, il est en partance pour l’Estonie.
De sources informées, le navire aurait cherché pendant plus de huit mois un pays pour l’accueillir.
Le PAA, plus précisément la capitainerie, est garante des installations portuaires de la société WAIBS, consignataire du PROBO KOALA. C’est la capitainerie également qui autorise l’accostage et l’appareillage des navires. Le commandant du port, M. Bombo, qui a été entendu par la police, n’a pas plus été inquiété, même après avoir donné l’autorisation au navire de quitter le port. Malgré les courriers soupçonnant le navire d’avoir transporté des produits autres que des Slops (eaux usées).
Il faut savoir que dans le secteur industriel, l’hydrogène sulfuré intervient dans différents processus de production. Notamment dans la fabrication de fibres synthétiques ainsi que dans les cokeries et raffineries. L’hydrogène sulfuré obtenu lors du raffinage du gaz naturel est le plus souvent transformé immédiatement en soufre.
Sur le plan pathologique et toxicologique, surtout chez les hommes et les mammifères, le H2S est une substance irritante et un poison nerveux et cellulaire. Il provoque l’irritation des yeux ainsi que des organes respiratoires. L’inhalation prolongée de sulfure d’hydrogène peut causer la dégénérescence du nerf olfactif (rendant la détection du gaz impossible). L’inhalation du gaz, même en relativement faible quantité, peut entraîner une perte de connaissance. Des lésions au niveau des bronches, des nausées et, en forte concentration, des lésions des nerfs olfactifs, des convulsions, des engourdissements et finalement la mort par apnée. En général, les personnes atteintes sont par la suite allergiques au H2S. Les affections provoquées par le H2S font partie des maladies professionnelles à déclaration obligatoire dans les pays occidentaux. Chez les végétaux, les dommages sont peu importants. Les plantes utiles les plus sensibles à cette substance sont le navet, la tomate, le concombre et le soja.
Selon des études réalisées à la demande du ministère de la Santé français en 1981, et disponibles sur l’Internet «effets de l’hydrogène sulfuré sur l’homme (OMS 1981)», il existe deux seuils de toxicité des “seuils des effets létaux ” (S.E.L.) et des “seuils des effets irréversibles ”
Les résultats d’analyse montrent que les effets sont 8 à 10 fois supérieurs au seuil autorisé dans les deux cas.
Selon, les informations communiquées par le ministre de la Santé, il y a deux morts. Deux enfants d’une dizaine d’années.
D’un autre côté, il a fallu attendre cette catastrophe pour que la Société ivoirienne de raffinage (SIR) mette en place une nouvelle procédure d’enlèvement de Slops au quai PETROCI Holding. A savoir : la demande d’autorisation douanière comprenant une escorte douanière pour l’enlèvement des slops, le certificat d’origine du produit à enlever, le certificat de quantité délivré par un organisme agréé en Côte d’Ivoire. Et enfin, un document certifiant la destination finale des Slops et indiquant le nom de la société pour le compte de qui l’opération s’effectue.
Repères
Riposte. Dès les premiers instants, le Premier ministre a décidé de la mise en place d’un Comité interministériel qui s’est réuni le mercredi 30 août à la Primature sous la présidence du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, M. Paul-Antoine Bohoun Bouabré.
Interpellations. Une enquête judiciaire a déjà permis l’interpellation de six personnes. Ces objectifs sont de déterminer clairement les responsabilités.
Soins. Des dispositions sanitaires ont été prises pour accueillir les populations touchées dans les principaux centres de santé que sont le CHU de Treichville et le CHU de Cocody pour la prise en charge médicale des malades. »
Quand les policiers font le lit de la rébellion à Abidjan
Le Courrier d’Abidjan — Parution N° 806 du Lundi 4 Septembre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :
par Anassé Anassé :
« Danger – Le comportement irresponsable des policiers, qui ont attaqué le Campus jeudi et vendredi derniers, montre à quel point ce corps constitué chargé de maintenir l’ordre public est un bras séculier de la rébellion en zone gouvernementale.
Passée la vive émotion suscitée par la double barbarie policière sur le Campus, en fin de semaine dernière, l’on s’interroge encore sur les motivations réelles de tels agissements ; indignes d’un corps constitué chargé de maintenir l’ordre public.
Le jeudi 31 août 2006, une escouade d’élèves-policiers armés jusqu’aux dents, prenant prétexte de ce qu’un des leurs a été molesté lundi à la gare Sotra d’Adjamé par des étudiants, fait irruption sur le Campus universitaire de Cocody, pour se rendre justice. Pendant plus de quatre heures, ces élèves sous-officiers pensionnaires de l’Ecole nationale de Police, sise à moins de 50 mètres de l’Université de Cocody, violent les franchises universitaires. Ils saccagent tout sur leur passage, tirent à balles réelles et à bout portant sur des étudiants en pleins examens ; pourchassent - kalachs, revolvers et pistolets aux poings - tous ceux qu’ils rencontrent sur le Campus. Des cas de viols d’étudiantes sont même signalés. On se croirait dans le Far West américain, ou dans une série policière digne de «24 Heures Chrono»… Le bilan est lourd : un étudiant, répondant au nom de Assé Konan Olivier, inscrit en CBG 2ème année (Biosciences), après avoir reçu une balle dans la tête, a succombé des suites de ses blessures. Ce rodéo des policiers sur le Campus a également fait plus d’une vingtaine de blessés par balles, dont certains très graves.
Le lendemain vendredi, 1er septembre 2006, le président de la République Laurent Gbagbo reçoit dans la matinée – séparément – à son domicile, les responsables de la police, avec à leur tête, le ministre de l’Intérieur Joseph Dja Blé ; et le bureau national de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), conduit par son secrétaire général, Koffi Serges. Après plusieurs heures d’entretiens croisés – sans doute houleux -, le ministre de l’Intérieur annonce l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables. On croyait alors l’incident clos pour de bon, et le calme revenu sur le Campus, victime d’une vindicte policière hors norme. Mais, c’était mal connaître la nouvelle race de «famille kaki». Ce même vendredi en fin d’après-midi, rebelote. Les élèves sous-off refont une nouvelle descente musclée sur le Campus et dans d’autres résidences universitaires, notamment à la Cité Mermoz. En réaction à un autre accrochage survenu entre deux policiers et des étudiants, au parking de l’Université.
Depuis, des interrogations fusent de partout. Comment des élèves-policiers encore en formation peuvent-ils braver l’autorité de l’Etat, surtout après l’appel au calme lancé par leur ministre de tutelle ? Pourquoi des élèves-policiers peuvent-ils faire fi des injonctions du président de la République, chef suprême des Armées, et retourner sur le Campus pour faire régner leur loi : l’arbitraire ? Comment les élèves-policiers ont-ils pu avoir accès aussi facilement à la poudrière de leur école pour se procurer des armes de guerre, et les utiliser à deux reprises contre des civils sans être nullement inquiétés ?
De deux choses, l’une. Soit cette double expédition punitive des policiers sur le Campus démontre de la faiblesse de l’Etat et de ses institutions, à telle enseigne que le plus petit «garde floko» se croit permis de faire «sa» loi. Ou alors, ces élèves-policiers, bénéficiant de soutiens obscurs et de complicités internes, voulaient par de tels agissements, provoquer des émeutes et une insurrection à Abidjan, à l’approche du 31 octobre. Chose rêvée par le G7 pour transporter la rébellion en zone gouvernementale. L’histoire est un témoignage. Avant le 19 septembre 2002, une série d’incidents provoqués par des policiers - ils tiraient sur des chauffeurs de taxis et de gbakas pour 500 Fcfa - avait amené le gouvernement à lever les barrages sur les routes. Les assaillants en ont profité pour acheminer des armes de guerre à Abidjan, et constituer un commando pour attaquer la République. Les élèves-policiers de la présente promotion voulaient certainement rééditer l’exploit de leurs devanciers, en créant la chienlit à Abidjan pour faire le lit de la rébellion.
Certes, le directeur de l’Ecole de Police, le général Lago Daléba, a été relevé de ses fonctions. Mais le président de la République doit encore sévir. A défaut de destituer le ministre de l’Intérieur, le commissaire Joseph Dja Blé ou limoger Yapo Kouassi, le directeur général de la Police, les élèves-policiers de la présente promotion doivent être purement et simplement radiés. Car ces crimes crapuleux commis sur des étudiants aux mains nues ne sauraient rester impunis. »
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lundi, 04 septembre 2006
À l’heure où l’on tait les enquêtes de la presse ivoirienne sur le trafic de cacao depuis la zone rebelle via la Burkina vers le port de Lomé…
Tandis qu'on nous a resservi les mêmes sempiternels conditionnels sur l’affaire Kieffer... au moment où Paris reçoit Gnassingbé (information et appels à manifester 'coupés' sur blogs.nouvelobs.com) dont le port sert au passage du cacao "exfiltré" depuis les zones occupées du nord de la Côte d’Ivoire; Mamadou Koulibaly, qui a dévoilé ce trafic, confirme ses affirmations, ratifiées par l’enquête de Théophile Kouamouo du Courrier d’Abidjan.
Le reportage de Soir info sur le meeting de Mamadou Koulibaly à Anyama :
Mamadou Koulibaly : «Si ce que je dis est faux poursuivez-moi !»
Soir Info — lundi 4 septembre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=210671 :
«Le président de l’Assemblée nationale, Koulibaly Mamadou, est revenu à la charge, samedi dernier, au complexe sportif d’Anyama. Il y a deux semaines (le 20 août précisément), alors qu’il était au stade de la cité de la cola, le numéro 2 Ivoirien portait des accusations contre des responsables du Rassemblement des républicains (RDR). Le week-end dernier, profitant de la sortie officielle du groupe “ Femmes du nord engagées pour la paix ”, M. Koulibaly a enfoncé le clou. Il a mis au défi quiconque douterait de ses révélations, d’ester contre lui en justice. “ Si ce je dis est faux, poursuivez-moi ! Dites au ministre de la Justice qui est Mpci (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, une composante de la rébellion des Forces nouvelles, Ndlr) d’activer le procureur de la République pour que nous voyons clair dans cette histoire ”, a déclaré Koulibaly Mamadou, en présence de certains députés et de Charles Blé Goudé, président de l’Alliance des jeunes patriotes pour le sursaut national. “ Ils disent qu’ils vont porter plainte. Le ministre de la Justice est dioula. Il s’appelle Madou comme moi. Que Koné Mamadou qui est Mpci, que (Adama) Bictogo qui est Rdr viennent me prendre. Je les attends. Les gens d’Anyama veulent la vérité. Venez prendre Mamadou Koulibaly pour lui mettre les chaînes ”, a t-il défié dans un tonnerre d’applaudissements. “ Lorsque la presse a fait cas des déchets qui ont été déversés dans des eaux à Abidjan, le ministre de la Justice a été prompt. Immédiatement, il a saisi le procureur de la République. Mais pourquoi, il ne dit rien concernant le trafic du cacao alors que ce sont les mêmes journaux qui ont traités, à la même date, des deux affaires ? ”, s’est interrogé le député de Koumassi dont la quasi-totalité du discours a été fait en malinké. Au cours d’un meeting au stade d’Anyama, le 20 août dernier, Koulibaly Mamadou a dénoncé l’implication d’Adama Bictogo dans le trafic du café et du cacao ivoirien en direction du Burkina Faso. Selon lui, le secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques du Rdr a bénéficié de la bagatelle de 250 milliards de F cfa pour les besoins de la cause. Concernant Ally Coulibaly, le chef du Parlement l’a accusé d’avoir corrompu un monsieur pour monter de toutes pièces l’affaire du “ charnier de Yopougon ” en octobre 2002. La direction du Rdr (Amadou Gon Coulibaly, Ally Coulibaly, Amadou Soumahoro, Adama Bictogo...) avait cru bon de réagir à ces accusations, une semaine après, soit le 26 août dernier, à la gare routière d’Anyama. “ Toutes celles qui sont venues me voir ont eu un seul mot à la bouche : ‘’Nous sommes fatiguées. Nous avons été mises dans un cul-de-sac. Nous avons été trompées. Nous voulons la paix’’. Mais on ne peut avoir la paix, sans un minimum de vérité. J’ai dit quelques vérités ici, il y a deux semaines. Ceux qui ont été indexés sont venus ici. Ils n’ont pas répondu aux accusations portées contre eux. Ils ont dit qu’ils répondront après. La réponse qu’ils ont apportée a été la bastonnade de Diabaté Bêh (membre du secrétariat général du Fpi, Ndlr) à Boundiali. Son pêché aura été d’avoir participé au meeting du 20 août dernier ”, a déploré le troisième vice président du Front populaire ivoirien (FPI), Koulibaly Mamadou.
La France accusée
“ Cela fait trois ans que l’argent du coton n’est pas remis aux paysans au nord. Il est vendu dans la sous région. 50 à 60 000 tonnes du café et du cacao quittent les zones rebelles pour ces pays. Et, c’est Jacques Chirac qui donne toute la garantie. C’est l’Etat français qui gère la réassurance de ce trafic de sorte que ces produits traversent la sous région sans problème. Et, ce n’est pas gratuit. Cela permet à Chirac de financer sa campagne. Cela permet à la direction du Rdr de se faire de l’argent. Et, les populations du nord s’appauvrissent ”, a dit l’ancien ministre de l’Economie et des Finances. “ Les populations du nord ont élu des présidents de Conseils généraux dans tous leurs départements. Au lieu de développer ces départements, avec les 2 à 3 milliards de F cfa qui étaient prévus pour le budget, ils se sont alliés aux Blancs. Sans le consentement des populations, ils ont achetés des armes (...). Ils ont dit qu’ils allaient faire partir Gbagbo en un jour. En un jour, ils n’ont pas pu. Ils ont dit qu’en deux jours, ils allaient le prendre...et ils sont allés de fausses promesses en fausses promesses Cela fait quatre ans et Gbagbo est toujours là ”, a moqué le baron du parti au pouvoir. “ Ceux qui sont à Azaguié ne peuvent pas dire qu’ils n’y a pas de Dioula à Azaguié. Il y a des Dioula à Daloa. Ils viennent certes du nord, mais ils sont Dioula de Daloa. Il y a des Dioula partout en Côte d’Ivoire. Tu te dis leader et tu dis qu’il n’y a pas de Dioula à Anyama (...). Tous ceux qui disent qu’il n’y a pas de Dioula en Côte d’Ivoire ne connaissent pas la Côte d’Ivoire. Or, ils veulent diriger la Côte d’Ivoire. Que la direction sache qu’il y a des Dioula partout en Côte d’Ivoire ”, a réagi le chantre du franc-flottant. “ Ils disent qu’il n’y a pas de Dioula à la tête de l’Etat. Si tu veux être un grand, il faut aller à l’école. Or, au lieu de faire partir les enfants à l’école, ils détruisent les écoles ”, a fustigé M. Koulibaly. Qui dit douter de la thèse selon laquelle le parti de M. Ouattara défend la cause des musulmans.
“ Ce que j’ai vécu à Kong ”
Selon lui, il a été, avant la guerre, à Kong, dans le département de Ferkessédougou, par deux fois. “ La première fois, j’ai été bien accueilli par l’imam, le chef de village, le chef de canton et la population. Avant de demander les nouvelles, l’imam m’a dit d’aller faire mes prières à la mosquée. Ce que j’ai fait. Là-bas, ils m’ont fait part de leurs difficultés. Ils m’ont dit : Madou, aide-nous ! ”, a raconté le chef du parlement Ivoirien. “ Une fois à Abidjan, j’ai pris attache avec tous les cadres et élus de Kong. C’est ainsi que j’ai été à Marcory-résidentiel, chez Gaoussou Ouattara (le frère aîné du leader du Rdr, Alassane Ouattara, Ndlr). Il m’a demandé de lui permettre de préparer le voyage. Je l’ai relancé plusieurs fois. Une semaine, deux semaines, trois semaines...ne voyant pas de réaction positive, j’ai pris des caméras de la télévision et j’ai pris la direction de Kong ”, a t-il expliqué. A en croire Koulibaly Mamadou, des conseillers municipaux, sur instruction de leur maire Gaoussou Ouattara, lui ont fait voir des vertes et des pas mûres. “ Une fois à Kong, ils m’ont interdit de filmer la ville. Etant chez l’imam, l’heure de la prière arriva. L’Imam, le chef de village et le chef de canton ont demandé qu’on parte à la mosquée. Les envoyés de Gaoussou Ouattara se sont opposés. Ils ont dit que Gaoussou ne voulait pas du tout que je prie à la mosquée de Kong. Et, nous sommes restés là jusqu’à ce que la prière finisse ”, a regretté le parrain de la sortie officielle du groupe “ Femmes du nord engagées pour la paix ”. Et de poursuivre : “ Sur le chemin du retour, je suis allé chez le sous-préfet de Kong pour lui faire les civilités. Et, j’en ai profité pour faire ma prière. Quand nous avons quitté Kong, en pleine brousse, un homme à bicyclette nous barre la voie. Je descends les vitres et il me dit ceci : ‘’Je suis venu de la part des sages de Kong. Ils disent qu’ils n’ont pas du tout apprécié ce qui vient de passer. Ils me chargent de vous dire que si vous venez ici la prochaine fois, allez voir directement la famille des Coulibaly et ils verront si vous ne serez pas reçu’’ ”. Pour Koulibaly Mamadou, un parti qui dit défendre les musulmans ne se comportent ainsi. C’est pourquoi, il a demandé à tous ceux qui ont tourné le dos au Rdr -surtout à la vingtaine d’association des femmes présente à la cérémonie- d’investir les cours, les quartiers, les villages, les communes, les sous préfectures, les préfectures pour expliquer leur décision. De la sorte, s’est-il convaincu, le chef de l’Etat français verra que les musulmans et les nordistes ne soutiennent pas le Rdr. Et, la donne changera avec le retour de la paix en Côte d’Ivoire, a terminé Koulibaly Mamadou.
par Sylla ARUNA »
À remarquer, sur l’affaire Kieffer : le seul média français, à ma connaissance, à avoir confronté ses sources, les témoins, est TF1, journal de 20h00 samedi 2 septembre, présenté par Claire Chazal, qui donne ici des leçons à plusieurs journaux français, dont on doit constater qu’ils se contentent de dire, sans plus même s’en cacher, leur désir de voir le pouvoir élu ivoirien être démis «de gré ou de force» ! (cit. Libération — sic !) (Cela a été relevé sur ce blog ainsi que sur http://delugio.zeblog.com/, notamment ces derniers jours pour cette même affaire Kieffer). Le reportage de TF1 valait donc d’être mentionné : Tony Oulaï, principal mis en cause, relâché par la justice française «parce que rien n’a pu être retenu contre lui», s’y voit accorder tout simplement, lui aussi, la parole :
http://s.tf1.fr/FluxJt/jt20d02092006/jt20d02092006r05.asx (Si le lien ne s'ouvre pas, le copier et le coller, à l'onglet "fichier" de votre lecteur médias, dans "ouvrir une url").
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samedi, 02 septembre 2006
Les arcanes du plan élyséen pour la Côte d’Ivoire en regard de la réception annoncée de Faure Gnassingbé
(CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com)
Les arcanes du plan élyséen pour la Côte d’Ivoire dévoilés ?
Est-ce par naïveté ? Car on n’ira pas jusqu’à penser qu’il est chargé de mission pour cela ! Toujours est-il que Thomas Hoffnung de Libération nous livre ce qui ressemble fort au motif de l’agitation de ces derniers jours contre le pouvoir élu ivoirien — entre l’affaire Kieffer, le plan Bongo, et la proposition chiraquienne de changer l’électorat.
Développement sur : http://delugio.zeblog.com/
L’opposition française à la réception élyséenne de Faure (suivi de "lettre à J. Chirac")
À l’heure où le Président de la République française réclame la confection de nouvelles listes d’électeurs en Côte d’Ivoire, il s’apprête à recevoir à l’Élysée le Togolais Faure Gnassingbé, pour lequel les confections diverses de listes d’électeurs n’ont pas suffi à le faire accéder au pouvoir : il a fallu, pour l’y faire accéder, aussi l’appui de bourrages et vols d’urnes, l’appui de l’armée et de la violence, et la ratification de la «communauté internationale»...
La suite sur : http://unevingtaine.hautetfort.com/ (01.09.06)
L'appel à manifester contre la réception à l'Élysée du dictateur togolais, publié sur le blog de Brigitte (http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/) a disparu aussi.
On le retrouvera ici : http://www.ufctogo.com/article.php3?id_article=1475
Ou ici : http://medda.over-blog.com/
Apparemment, il ne fait pas bon de mettre en ligne certaines choses en France (?).
18:15 Publié dans Analyses & commentaires | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 septembre 2006
L’opposition française à la réception élyséenne de Faure Gnassingbé (suivi de "lettre à J. Chirac")
À l’heure où le Président de la République française réclame la confection de nouvelles listes d’électeurs en Côte d’Ivoire, il s’apprête à recevoir à l’Élysée le Togolais Faure Gnassingbé, pour lequel les confections diverses de listes d’électeurs n’ont pas suffi à le faire accéder au pouvoir : il a fallu, pour l’y faire accéder, aussi l’appui de bourrages et vols d’urnes, l’appui de l’armée et de la violence, et la ratification de la «communauté internationale».
Bonne nouvelle : diverses associations et partis politiques se mobilisent (dans le silence des grands médias français) pour protester contre cette assomption dans les ors élyséens du successeur et fils de…
Hélas, il est à craindre qu’il ne faille demander à plusieurs des organisations signataires de la lettre ouverte ci-dessous et de l’appel à manifester (publié entre autres sur : http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/) de faire encore un effort. Avec une question : si leur effort, et surtout ceux du peuple togolais aboutissaient, les organisations signataires seraient-elles capables de ne pas dénigrer le vrai pouvoir élu togolais — aujourd’hui dans l’opposition ! — dans la tâche qu’il aurait à mener pour recréer le pays ?
Le parallèle ivoirien permet, hélas, d’en douter. Dès que l’opposition à la Françafrique a pu, à grand-peine, accéder au pouvoir gagné dans les urnes, la bien-pensance parisienne (et nombre des organisations et partis signataires de l’heureux appel d’aujourd’hui en faveur du Togo) s’est dressée contre lui ! Et cela jusqu’à ce jour : au moment où elle proteste contre la réception de Faure Gnassingbé à l’Élysée, elle ne dit pas un mot contre la proposition de ce même Élysée (à laquelle souscrit Faure, n’en doutons pas : Bongo lui-même s’en est fait le porte-parole) de confectionner de nouvelles listes électorales en Côte d’Ivoire !
C’est que le pouvoir ivoirien a dû mettre les mains dans la réalité concrète, s’atteler à construire un pays en le prenant en l’état où l’avait laissé la Françafrique. Et ça, c’est une autre paire de manches… qui apparemment, non seulement indiffère la bien-pensance, mais la rebute un peu, au point de regarder cela de haut, quand ce n’est pas dénigrer ceux qui s’y attèlent.
À ma connaissance, seul le pouvoir ivoirien s’est concrètement mouillé, par les prises de positions fermes de Mamadou Koulibaly (jugé extrémiste par la Françafrique) en faveur de la vraie légalité togolaise, aujourd’hui reléguée dans l’opposition.
Ce qui pose une question : la bien-pensance parisienne (dont quelques-unes des organisations signataires de la lettre ci-dessous) cherche-t-elle le bien du peuple togolais (ou ivoirien) ou se contente-t–elle de prendre des poses avantageuses qui ne mangent pas de pain ?
Lettre ouverte à Jacques Chirac, Président de la République française
Monsieur le Président,
Nous apprenons avec amertume et consternation que vous vous apprêtez à recevoir Faure Gnassingbé en visite officielle.
La diaspora togolaise, tous les Africains et leurs amis démocrates français condamnent avec véhémence cette invitation.
Les Togolais n’ont pas oublié le rôle néfaste que vous avez joué dans la sous-région en favorisant l’accession de Faure Gnassingbé au pouvoir, alors qu’ils ont massivement voté pour le candidat unique de l’Opposition, Bob Akitani.
Les Togolais n’oublieront pas non plus de si tôt, le soutien continu de la France pendant les 40 ans de dictature de son funeste père, Gnassingbé Eyadéma.
Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que lors de l’élection truquée du 24 avril 2005, élection que le monde entier a pu suivre à la télévision quand la presse internationale en faisait écho, des dysfonctionnements graves ont été notés : vol d’ urnes par les militaires, intimidation et massacre de la population, exactions à l’endroit des journalistes et des observateurs, bourrage des urnes, etc.
Ces exactions se sont soldées par l’assassinat de plus de 1500 Togolais et de plus de 50 000 réfugiés dont la plupart se trouvent encore au Bénin, au Ghana et au Burkina Faso, fuyant la machine répressive criminelle de Faure Gnassingbé et de l’armée tribale mise en place par son défunt père avec l’aide de la France.
Monsieur le Président, vous savez sûrement que les différents rapports des organisations des droits de l’homme ont condamné les agissements de ce régime et demandent que justice soit rendue.
A ce jour, rien n’est fait pour l’instauration de la paix au Togo.
Tout cela ne vous a pas empêché de lancer une invitation officielle à Faure Gnassingbé alors que logiquement ce dernier devrait être traduit devant une Cour internationale de justice.
Monsieur le Président, sachez que les Africains et en particulier les Togolais ne sont pas dupes de votre mépris pour l’Afrique et les Africains.
Monsieur le Président, vos agissements poussent les peuples africains qui, au demeurant, sont de tempérament paisible, à choisir la voie de la violence pour se libérer. L’exemple de la Côte d’ivoire en témoigne.
Cette invitation du jeune dictateur est un affront de plus, non seulement pour le peuple togolais, mais pour l’Afrique entière.
Monsieur le Président, les Togolais n’accepteront pas le diktat de la France qui se permet de leur imposer leurs dirigeants.
Le temps du néocolonianisme est révolu même si vous continuez à penser que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie. Le peuple togolais exige la liberté : aucune manœuvre, aucune légitimation ne peut le détourner de cette aspiration.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à l’expression de nos sentiments les plus sincères.
Paris le 24 août 2006
PREMIÈRES ORGANISATIONS SIGNATAIRES :
Les Organisations de la Diaspora Togolaise en France (CDPA, CTR, RNDP, UFC, ACT, Sursaut Togo, CACIT, ARECA,TEC,GAD, Aube Nouvelle...), COFANZO (Burkina-Faso), Les Verts, Parti Communiste Français, Mouvement des jeunes socialistes, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Survie, Mouvement des Indigènes de la République, Comité de Soutien au Peuple Togolais, la Ligue Communiste Révolutionnaire, La Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (Togo), et l’Association des Travailleurs Maghrébins de France ...
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