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vendredi, 03 novembre 2006

Discours à la Nation de S.E.M. Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d'Ivoire



Ivoiriennes
Ivoiriens,
Chers amis de la Côte d'Ivoire,

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient de prendre la Résolution 1721 (2006) sur la Côte d'Ivoire. Cette résolution constitue la 19ème du genre par laquelle notre organisation universelle se penche sur la crise qui secoue la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002.

Je me suis imposé le devoir de vous rendre compte des circonstances de l'adoption de cette résolution, des enjeux contenus dans son adoption et surtout de la belle victoire remportée par la Côte d'Ivoire et avec elle tous les Etats africains.

Vous savez que, comme l'année dernière à la même époque, la CEDEAO a fait des recommandations de règlement de la crise ivoirienne à l'Union Africaine. Celle-ci, à l'issue d'une réunion de son Conseil de Paix et de Sécurité a rendu une décision sur laquelle je me suis gardé de faire des commentaires. A la suite du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine, l'ONU a été saisie pour clôturer la procédure.

Comme moi, vous avez eu connaissance du projet de résolution qui a constitué la base de travail du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ce projet contenait la grave affirmation selon laquelle: « les décisions du Conseil de Sécurité prévalent sur la constitution ivoirienne et la législation du pays».

Cette proposition posait pour la première fois la double question de la souveraineté des Etats africains indépendants et de l'égalité de ces Etats avec les autres Etats du monde.

Sur cette question fondamentale, la réponse de l'ONU est tombée: elle est claire et sans ambages. Les pays membres du Conseil de sécurité ont rejeté toute possibilité de subordination de la Constitution d'un Etat, quel qu'il soit, à une décision d'une organisation internationale, fut-elle l'ONU. Ils l'ont fait en ne retenant pas dans la présente résolution la proposition visant à soumettre la constitution d'un Etat souverain à la décision d'une organisation internationale.

Notre pays se réjouit d'avoir donné l'occasion au Conseil de Sécurité de l'ONU de trancher cette question. Nous nous réjouissons pour nous-mêmes mais aussi pour tous les pays du monde épris de liberté.

Je saisis cette occasion pour saluer les grandes puissances membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui partagent avec nous la même conception de la Constitution et de la souveraineté. Je salue également leur attachement à la charte des Nations Unies et à l'espoir qu'ils viennent de donner aux peuples du monde.

La position du Conseil de Sécurité met ainsi fin au débat sur la possibilité de remettre en cause la souveraineté d'un Etat par la suspension ou la modification de sa constitution par l'ONU.

Notre constitution sera donc appliquée.
Ivoiriennes, Ivoiriens,

Un autre débat était celui de la possibilité pour le Premier ministre de nommer aux emplois supérieurs civils et militaires de l'Etat. Ce même projet contenait en effet la phrase selon laquelle le Premier Ministre pouvait « nommer aux emplois civils et militaires». Ce débat a été également tranché par la présente résolution. Au regard de notre constitution, le Premier ministre de Côte d'Ivoire, nommé par le Président de la République, par décret, ne peut lui-même nommer par décret.

Le premier ministre ne nommera donc pas aux emplois civils et militaires de l’Etat.

Bien sûr, ce texte étant le fruit d'une véritable bataille diplomatique, c'est à nous Ivoiriens, bénéficiaires de la paix dans notre pays, qu'il appartient de poursuivre et d'achever le combat mené pour nous au Conseil de Sécurité.

C'est pourquoi, toutes les atteintes contenues çà et là encore dans le texte de la résolution et qui constituent des violations de la constitution de la République de Côte d'Ivoire ne seront pas appliquées.

Cette position, nous la défendons parce qu'elle est dans la droite ligne de celle adoptée par le Conseil de sécurité sur la question de la souveraineté nationale de la Côte d'Ivoire. Nous la défendons également parce que nous n'en sommes pas les seuls bénéficiaires. C'est une position qui profite à tous les Etats indépendants d'Afrique et du monde.

Ivoiriennes, Ivoiriens,

Je vous invite à aller plus loin. Nous devons en effet, nous rassembler et faire preuve d'imagination pour rechercher et retrouver la paix par nous-mêmes et pour notre pays.
Je l'ai déjà dit et je le répète; les autres, quelle que soit la bonne volonté qui les anime, ne pourront que nous apporter leur aide. Mille résolutions pourront être prises, elles ne seront pas couronnées de succès si nous refusons la paix. Je vous invite donc au rassemblement autour de notre constitution et des institutions de notre pays.

Depuis quatre ans vous vous battez pour que la Côte d'Ivoire reste debout. Je vous demande de rester sereins. Le moment est venu pour le Président de la République de monter en première ligne. Je suis à la barre. J'invite particulièrement notre armée, dans toutes ses composantes à protéger les populations, à défendre la Constitution et la République.

Je demande à chacune et à chacun de rester calme, de vous abstenir de toute manifestation de nature à donner le prétexte à ceux qui veulent prolonger les souffrances de notre peuple et plonger la Côte d'Ivoire dans le chaos.

Je vous demande à vous tous de vaquer à vos occupations.

Allez au travail, allez au champ, allez à l'école!

Gardez vous de toute manifestation qui servirait de prétexte à ceux qui, en restant dans leurs salons, donnent des mots d'ordre, incitent à des manifestations de rue et organisent des massacres de personnes en vue d'en faire la comptabilité en escomptant des dividendes politiques. Demeurez vigilants!

J'ai donné des instructions fermes à la police, parce que c'est sa vocation, de veiller à l'ordre public dans le district d'Abidjan, et sur l'ensemble du territoire national, avec l'appui de la gendarmerie. Leur mission est d'assurer la libre circulation des biens et des personnes, avec les moyens conventionnels, dans le respect de l'intégrité et de la vie des citoyens.

J'ai également pris un décret permettant à l'armée de leur venir en appui, s'il y a lieu, afin que durant cette période, rien ne vienne perturber la mise en œuvre des mesures nécessaires au retour de la paix en Côte d'Ivoire.

J'appelle au rassemblement de tous les Ivoiriens autour de notre constitution et de nos institutions. Notre force, dans cette bataille, c'est la solidité du lien sacré entre le Chef de l'Etat, le peuple et l'armée. Restons soudés. Dans quelques jours, je m'adresserai de nouveau à vous pour tracer avec vous le nouveau cadre de règlement de la crise ivoirienne.

Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire!

source : http://www.presidence.ci/ci/infos_details.php?srub=magazi... — Jeudi le 2 Novembre 2006



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