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jeudi, 17 août 2006

Héritage Chirac ?



Sera-ce l’expression que l’on utilisera dans quelques années pour parler de la débâcle africaine de la France ?

Depuis des mois ce blog (sur blogs.nouvelobs.com depuis nov. 2004) lance un cri d’alerte, au prix de censures intempestives. La France unanime, pouvoir et opposition — jusqu’à l’extrême gauche —, médias à l’unisson et donc suivis par le public, tous font bloc, et souvent le bloc du silence face à ce qui se passe en Côte d’Ivoire, face à ce qu’ils croient être, selon la stratégie française de communication, une interposition française humaniste.

Novembre 2004. Un présumé bombardement à Bouaké pour lequel la France
— malgré que neuf soldats français aient été tués — interdit toute enquête (rappeler cela a valu pas mal d’articles censurés sur blogs.nouvelobs.com) débouche sur la destruction des moyens militaires ivoiriens, et des manifestations monstres face à ce qui est compris en Côte d’Ivoire comme une tentative de renversement du président élu — ce qui se solde, outre l’évacuation des Français (aucun mort), par 63 morts parmi les manifestants et plusieurs centaines de blessés (plus d’un millier) suite à des tirs de l’armée française. Au lendemain de ces événements, ignorés du public français (puisque présentés comme manifestations «anti-françaises») qui ont opposé pendant quelques jours l’armée française à la population ivoirienne, la télévision française nous accorde une brève apparition de Mamadou Koulibaly annonçant à partir des événements ivoiriens un Vietnam africain, à grande échelle, pour la France. Mamadou Koulibaly est le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, ex-ministre des finances, brillant économiste, que l’on fait passer pour un dangereux extrémiste pour ne pas l’entendre. Cette brève apparition a évidemment pour fonction de conforter nos médias dans cette présentation de Mamadou Koulibaly.

Près de deux ans après, où en est-on ? Le combat ivoirien pour l’indépendance économique, le combat panafricain des patriotes ivoiriens, présenté en France comme xénophobe — stratégie française de communication oblige —, est devenu celui de toute l’Afrique (de celle qui refuse les dinosaures inféodés à la Françafrique). Les articles signalant cela font partie des plus censurés de blogs.nouvelobs.com. Et pourtant, il serait temps de sortir de cette stratégie médiatique de l’autruche !

Il y a deux semaines, ce blog reproduisait un des nombreux articles burkinabés soutenant le combat des patriotes ivoiriens (censuré sur blogs.nouvelobs.com). Je me contentai donc la semaine dernière d'y signaler simplement la sortie du livre de Blé Goudé, pour éviter la censure : signe des temps, Blé Goudé, présenté en France comme un fasciste xénophobe («anti-malien» autant qu’ «anti-burkinabé» comme il se doit) voit son combat soutenu — non seulement par l’opposition burkinabé, mais aussi — par la malienne Aminata Traoré, qui le préface, et ô ironie, vient de porter une critique virulente sur le musée Chirac du Quai Branly (encensé en France). Hier (16 août), je signalais la solidarité des parlementaires sud-africains avec Mamadou Koulibaly et les députés ivoiriens, dont la tâche avait été déclarée caduque par la France et la «communauté internationale» ! — qui avait dû reculer suite aux manifestations des patriotes (qui leur avaient valu toutefois des sanctions). À ce moment, ils avaient reçu le soutien de l’ambassadeur d’Angola Carlos Belli-Bello (dans un article censuré sur blogs.nouvelobs.com).

Carlos Belli-Bello vient de mourir — dans le silence total des médias français, mais dans les hommages généraux des résistants africains.

Exemple remarquable : l’article ci-dessous. Une journaliste camerounaise y rend un vibrant hommage à cet Angolais pour son soutien au combat des patriotes ivoiriens !

Cette chronique risque naturellement d’être rapidement censurée (sur blogs.nouvelobs.com). Il valait de tenter de la publier quand même — à titre d’alerte à l’adresse d’un peuple français totalement ignorant de telles réalités, et dès lors, de fait, complice par indifférence de la politique suicidaire autant que criminelle — et insulte à l’avenir — qui et celle de nos pouvoirs (et opposition) français…



Le Courrier d’Abidjan Parution N° 790 du Mercredi 16 Aout 2006 — http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm


medium_courrier_-_belli-bello.JPG«
Merci l’ami…»

par Nathalie Yamb :

«Hommage - «Je répondrai toujours présent, jusqu’à mon ultime souffle, à l’appel du peuple frère de Côte d’Ivoire.» C’est à travers cette phrase forte, qui traduit tout l’attachement de l’Ambassadeur de l’Angola au noble combat que mènent les patriotes ivoiriens pour la libération de leur pays, que notre consœur Nathalie Yamb rend un hommage mérité à Carlos Belli Bello.


«Je répondrai toujours présent, jusqu’à mon ultime souffle, à l’appel du peuple frère de Côte d’Ivoire» (Carlos Belli Bello). Il y a des mots qui sont difficile à écrire. Ceux-ci en font partie. Parce qu’au lieu de devoir rendre hommage à un combattant, j’aurais préféré continuer à discuter et échanger des points de vue avec lui.

C’était un résistant

Celui qui est parti samedi soir a toujours résisté. Il a combattu pour la libération de son pays, contre la rébellion instrumentalisée qui mettait en péril la stabilité de l’Angola. Il a soutenu la Côte d’Ivoire aux heures les plus sombres, dans ces instants où l’on discerne les vrais amis des faux. Face à la guerre menée par la France contre l’Etat de Côte d’Ivoire, il s’est résolument placé du côté du peuple ivoirien, petit Poucet face aux tentaculaires manipulations politico-médiatiques de la Françafrique. Peu friand de la langue de bois que l’on dit pourtant inhérente à l’exercice de la fonction diplomatique, l’homme se distinguait par ses prises de position tranchées. Toujours en faveur d’une Afrique débout, d’une Côte d’Ivoire libérée du joug colonial français.
Carlos Belli Bello était un patriote. Africain avant tout. La résistance ivoirienne, l’Afrique digne ont perdu une figure emblématique, source d’inspiration pour les nouvelles générations. Ses propos nous revigoraient, ses interventions nous rendaient une fierté que l’oppresseur s’est toujours attaché à nous arracher.

Carlos Belli Bello est mort

«J’ai simplement accompli mon devoir de combattant Africain, de combattant pour la liberté de la patrie et de vétéran de la lutte de libération Nationale en Angola», m’écrivait-il récemment. Ceux qui l’ont connu savent quel monument s’en est allé. Jusqu’au bout, il a tenu parole. Il a répondu à l’appel des Ivoiriens. La meilleure façon de lui rendre hommage, c’est de continuer sa lutte. Notre lutte. Et de vaincre. Mais pour l’instant, unis dans la profonde douleur causée par sa disparition, nous lui disons : «Merci Monsieur l’Ambassadeur, merci l’ami. Ce fut un honneur de vous avoir connu et d’avoir appartenu à la même catégorie de résistants.»



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