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samedi, 28 avril 2007

La rancune de RSF



 

Décidément RSF (Reporters au Service de la Françafrique) ne supporte pas la défaite de la coalition françafricaine en Côte d’Ivoire — et le fait savoir aujourd’hui via France 3, à l’appui du journaliste ivoirien Venance Konan, dont tout laisse à penser qu'il s'est laissé instrumentaliser par un reportage hostile à son pays.

Un reportage où, sans craindre la contradiction, quand Konan vient d’expliquer malgré lui que la presse ivoirienne est on ne peut plus plurielle, les journaux étant marqués par les opinions diverses qui traversent le pays et ses partis et courants, le reportage en conclut qu’il n’y a donc pas de liberté de la presse (sic !) !

Quant à Konan, il aurait été limogé de Frat-Mat pour y avoir émis des critiques contre Gbagbo à propos de l’affaire Trafigura (re-sic !) ! Alors puisque Konan ne peut pas s’exprimer dans la presse en Côte d’Ivoire (il s'y sentirait menacé), il va publier un livre (pour cela, pas de menace). Même son éditeur est gêné de devenir l’alibi d’un tel discours (il publie aussi Gbagbo).

Et revoilà Jean Hélène (tué à l’occasion d’un déplorable accrochage avec un policier, instrumentalisé en France de la façon que l’on sait). Et revoilà Kieffer et la filière cacao, dont le reportage omet évidemment de nous rappeler que l’enquête bloque à Paris — à propos des filières cacao, on oublie aussi volontiers
certains faits, gênants pour la Françafrique.

Retour sur le plateau télé : le représentant de RSF explique alors (CQFD) que la presse est plus libre en France qu’en Côte d’Ivoire (comparée à la Russie) (re-re-sic !) !

Apparemment, il n'a pas entendu parler — pour ne donner qu'un des nombreux exemples — de la démission du rédacteur de Paris-Match sur pression... amicale de Sarkozy auprès de son patron. Il avait eu le tort de laisser paraître dans son journal certaines informations mettant en question la merveilleuse entente conjugale, médiatisée auparavant avec soin, du couple Sarkozy...

Selon le reportage en question, le tort de la presse ivoirienne (c'est cela son absence de liberté !) c'est d'être trop plurielle (que l'auditeur avisé démêle le paradoxe). La preuve de la liberté de la presse française (point parfaite, concède le porte parole de RSF), c'est qu'elle parle d'une seule voix — étrangement accordée à celle de son unique groupe de copains propriétaires.

Bravo RSF ! Reporters au Service de la Françafrique, à n'en pas douter, est en train de gagner en crédibilité...

 



 

jeudi, 05 avril 2007

Le plaidoyer pour l’indépendance et la réconciliation de Simone Gbagbo



L’Humanité — 31. 03.2007 —
http://www.humanite.fr/journal/2007-03-31/2007-03-31-848774

Simone Gbagbo

Sur le livre de Simome Gbagbo, Paroles d’honneur. La première dame de Côte d’Ivoire parle..., Éditions Pharos, Jacques-Marie Laffont-Ramsay, 2007. 510 pages, 21 euros.

(Article repris dans Le Courrier d’Abidjan No 980 du Mercredi 4 Avril 2007 —
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=13708)

Par Jean Chatain :

«Un nouveau texte a été ratifié à Ouagadougou le 4 mars dernier, visant au règlement de la crise ivoirienne. Mettant face à face les seuls protagonistes de cette crise, cet énième accord les délivre des manoeuvres et pressions venues de différents secteurs de la communauté internationale, à commencer par l’ancienne métropole coloniale toujours présente sur le terrain. Fin février était sorti le livre signé par l’épouse de Laurent Gbagbo, par ailleurs présidente du groupe FPI (Front populaire ivoirien, le parti présidentiel) à l’Assemblée nationale. Bien que rédigé avant l’accord, il constitue néanmoins une source d’informations précieuse sur les tenants et éventuels aboutissants des affrontements en cours depuis le putsch de décembre 1999, puis la tentative de coup d’État de l’automne 2002. Le langage utilisé par la «première Dame de Côte d’Ivoire» n’est aucunement celui de la haine ethniste qui lui est prêtée par nombre de médias français : il s’apparente à un appel aux Ivoiriens non à nier leur diversité, mais à en faire un outil d’enrichissement de leur société en cours de construction depuis l’indépendance du début des années soixante. Un appel à «réconcilier pour mieux refonder», en partie alourdi par un recours parfois lassant au vocabulaire religieux. Au passage, l’auteur souligne que la thèse dite de «l’ivoirité», qui lui est si souvent jetée à la figure, est née non dans son camp, mais dans celui de l’actuelle opposition qui, jusqu’à une date récente, tenait les rênes du pays. «Certains aujourd’hui ont la mémoire courte ! Moi, je me souviens de beaucoup de choses»… De fait, Simone Gbagbo garde ses souvenirs bien ordonnés en tête. De la période d’oppression coloniale, puis de la dictature houphouëtiste, à la sanglante répression par les forces françaises de Licorne des manifestations de soutien à un chef d’État jugé «mal ciré» par Paris (novembre 2004). Élargissant son propos à d’autres nations africaines, elle martèle : «Nos pays ont accédé à l’indépendance, mais l’esprit du pacte colonial n’a pas été aboli. Nous sommes pour les dirigeants français des sous-développés dans tous les sens du terme, incapables de prendre en main notre destin. C’est la raison pour laquelle Jacques Chirac ou Villepin ou Alliot-Marie nous donnent des ordres, sans frémir ni sourciller.» Sa conclusion était indiquée dès la fin du prologue : «Il ne faut pas que notre indépendance soit une indépendance sous tutelle, nous ne voulons plus être un "pré carré" ni une "chasse gardée".» L’accord de Ouagadougou va en ce sens, qui résulte du dialogue entre Ivoiriens en présence du chef d’État voisin, le Burkinabé Blaise Compaoré, lui-même quelque peu partie prenante dans la crise ouverte en septembre 2002. Un espoir de paix est enfin né. Le proche avenir indiquera s’il peut devenir réalité.»



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