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mardi, 24 octobre 2006

«Voici la "bombe" que Paris prépare au Conseil de Sécurité»



Le Courrier d’Abidjan
— mardi 24 octobre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15464

par Théophile Kouamouo :

«Diplomatie – La France fait circuler un projet de résolution scandaleux au Conseil de Sécurité des Nations Unies, dont l’adoption créerait immanquablement le chaos en Côte d’Ivoire. Le Courrier d’Abidjan vous en livre les grands points. D’ores et déjà, le Président Gbagbo a averti que la Côte d’Ivoire ne reconnaîtrait pas une résolution ne respectant pas la Loi fondamentale de son pays.

L'image « http://unevingtaine.hautetfort.com/images/chi_consulte.JPG » ne peut être affichée, car elle contient des erreurs.Le président français Jacques Chirac n’en démord pas. Malgré le fait que ses options maximalistes – portées par des hommes de paille comme Mohamed Ibn Chambas et défendues par des bureaucrates comme Pierre Schori et Rodolph Adada, chef de la diplomatie du Congo-Brazzaville – aient été présentées et rejetées à la CEDEAO et à l’UA, il persiste et signe. Avant son départ de l’Elysée, il doit à tout prix avoir définitivement neutralisé son ennemi juré, le Président ivoirien Laurent Gbagbo.
C’est ainsi que Paris fait circuler, dans les couloirs du Conseil de sécurité des Nations unies, un projet de résolution dont Le Courrier d’Abidjan a eu connaissance.
Ce projet aligne les propositions les plus indécentes.
Premièrement, il proclame la dissolution de l’Assemblée nationale.
Deuxièmement, il affirme la dissolution de la Constitution, en exigeant que la résolution à venir soit la seule règle de droit organisant la «transition».
Troisièmement, il affirme son soutien au dernier communiqué du GTI, qui désignait la Constitution comme la source de tous les blocages, ce que les communiqués de la CEDEAO et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont refusé de faire.
Quatrièmement, il prévoit que Charles Konan Banny doit nommer aux hautes fonctions civiles et militaires, formulation qui a été proposée à l’Union africaine et rejetée.
Cinquièmement, il indique que Banny peut recruter et payer de sa caisse une force armée qui dépendrait exclusivement de lui et ne dépendrait pas du Chef suprême des armées et de l’état-major, ce qui revient à une caution internationale pour la création d’une milice.
Sixièmement, il stipule que le Premier ministre prendra des décrets-lois et ordonnances en Conseil des ministres et en Conseil de gouvernement. Ces textes seront «signés et promulgués par lui», ce qui revient à neutraliser le Président de la République. Ces textes organiseront la délivrance des certificats de nationalité et des jugements supplétifs d’acte de naissance.
Septièmement, il indique que l’identification des populations et des électeurs relève uniquement du Premier ministre et du Haut représentant de l’ONU pour les élections. Le Haut représentant de l’ONU est la seule autorité qui devra, selon ce projet, arbitrer les conflits liés aux élections. Exit le Conseil constitutionnel, vive un hold-up électoral perpétré par Charles Konan Banny et la France sous couvert des Nations unies !
Huitièmement, il indique qu’un groupe de travail Licorne-ONUCI sera créé pour restructurer les Forces de défense et de sécurité et leur inculquer – ah ! les aspects positifs de la colonisation ! – «les valeurs d’intégrité et de morale républicaine». Ce qui revient à faire des «nouvelles FDS» une création ex nihilo de l’armée française, dont elle sera une filiale au lieu d’être la gardienne d’une souveraineté nationale ivoirienne combattue par Paris.
Neuvièmement, il indique qu’une évaluation du processus de paix suivie de «décisions» doit être faite d’ici le 30 avril, c’est-à-dire juste avant le départ de Jacques Chirac du pouvoir.
Le reste est à l’avenant. La France chercherait à semer la guerre en Côte d’Ivoire qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Il est en effet question de diviser les Forces de défense et de sécurité et de les transformer en milices rivales comme au temps chaotique des Cobras, des Ninjas et des Cocoyes au Congo-Brazzaville. Après avoir imposé le putschiste et chef de milice Denis Sassou Nguesso à la tête de la médiation, la Françafrique va-t-elle reproduire les recettes utilisées dans son pays pour arracher le pouvoir à un Président élu par les moyens du chaos et de l’implosion de la capitale ? Tout se passe en effet comme si l’existence de l’Etat était le principal obstacle au «plan» et qu’il fallait le désosser afin que, du vide, Paris recrée un contenu conforme au «nouvel ordre politique».
Ce qui est tout de même le plus frappant, c’est que le projet de résolution français reprend textuellement et intégralement les revendications du RHDP (le conglomérat des partis de l’opposition à la solde de Jacques Chirac), qui ont déjà été relayées par Kofi Annan dans ses dernières déclarations hargneuses contre le Président ivoirien Laurent Gbagbo. Pour l’Histoire nous publions la lettre du RHDP à Kofi Annan, reprise mécaniquement par la France et par Annan lui-même. Elle est une preuve parfaite d’une réalité décrite par le quotidien de Douala Le Messager en ces termes : «On n’aura plus beaucoup de raisons d’en douter. Dans la crise ivoirienne, la France est devenue un belligérant, une partie au conflit. Le Président ivoirien a désormais en face de lui les trois forces qui lui font la guerre et travaillent à sa chute : l’opposition armée emmenée par Guillaume Soro, l’opposition politique représentée par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié et l’opposition diplomatique pilotée par le président français Jacques Chirac».

L’offensive de Gbagbo

Pour sa part, le président ivoirien Laurent Gbagbo ne reste pas inactif. Informé des «missiles» que la France prépare contre lui, il s’affaire à se confectionner un bouclier antimissile. Il a déjà écrit à tous les chefs d’Etat membres permanents ou non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (donc à Jacques Chirac himself), mais aussi aux Présidents des pays membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Son message est sans équivoque : toute résolution remettant en cause la Constitution ivoirienne contreviendrait aux Chartes de l’UA et de l’ONU et serait par voie de conséquence rejetée par le gouvernement ivoirien dont il est le représentant légal et légitime. Le Président Laurent Gbagbo prend également à témoin les chefs d’Etat du CPS sur le fait que leurs résolutions sont purement et simplement déchirées par la France, qui veut faire admettre au Conseil de sécurité de l’ONU ce qu’elle n’a pas pu obtenir de l’Afrique. Le numéro un ivoirien a déjà entrepris un round diplomatique et reçoit de nombreux ambassadeurs pour évoquer avec eux la nouvelle tournure que prend la crise ivoirienne. La France veut la guerre en Côte d’Ivoire. Le monde entier doit le savoir.
»


 

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