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samedi, 14 octobre 2006

«Déstabilisation du régime - Des diplomates français s’élèvent contre Chirac»



Le Matin d'Abidjan
— samedi 14 octobre 2006 — http://news.abidjan.net/article/?n=217821 :

par
Philippe Kouhon,
Correspondant Europe :


«L’acharnement du Président français et ses services sur le Président Gbagbo est mal perçu d’un grand nombre de Français dont des diplomates. Ces derniers s’élèvent contre l’attitude du Président français qui engage toute la France dans un conflit de personnes et d’intérêts malsains. Ils se sont confié à un conseiller du chef de l’Etat ivoirien.

Logé dans le tout premier cercle des proches du président ivoirien depuis seulement huit mois, M. Sylvain de Chambry, est en guerre contre les médias français. Lui-même d'origine française, le nouvellement nommé, conseiller en communication politique pour l'espace européen, pour le compte du président Laurent Gbagbo, arpente chaque jour les locaux des médias français pour " porter le message du n°1 ivoirien ."
Quoi de plus logique. Mais comment peut-on réussir une t-elle mission quand on est soit même lié par le sang et le sol avec la France ? En tout cas loin d'être un simple travail d'expert en communication, la mission de monsieur De Chambry est plus qu'une mission " d'amour que j'ai pour le personnage du chef de l'Etat ivoirien ". S'exprimant hier face aux correspondants des journaux ivoiriens en France, l'homme a dit être particulièrement séduit par la simplicité du N°1 ivoirien. " Quand à Abidjan j'ai sollicité une audience à la présidence, je m'apprêtais à voir un boulanger avec une poêle ou un boucher avec une hache."
" L'AFP et RFI sont loin d'être des médias objectifs "
Du contenu de sa mission, voici ce qu'il a dit aux journalistes : " Je suis allé moi-même devant le président lui proposer mes services. Les débuts ont été difficiles mais lorsque le contact s'est établi, j'ai été très heureux du privilège et flatté de la confiance que le président a placée en ma modeste personne. J'ai une équipe de communicants qui travaille en Côte d'Ivoire et en France. Nous décryptons tous les sujets traités dans les médias concernant la Côte d'Ivoire. En cas de contrevérité, nous apportons des rectificatifs. La fonction de communicateur a plusieurs volets. Mais nous essayons de remplir notre cahier de charge au maximum. Vu le contexte politique actuel de la Côte d'Ivoire, il est clair que les avis sont partagés selon la ligne éditoriale du média et le camp qu'on occupe. C'est pourquoi, en tant que français, et au vu de la portée ou l'audience des médias internationaux tels que RFI et l'AFP, je me suis insurgé contre la méthode employée pour rendre les informations en provenance de la Côte d'Ivoire. Si cela est fréquent pour les pays africains, je suis désolé que ces deux presses soient loin d'être des médias objectifs en ce qui concerne la Côte d'Ivoire et son président. Je l'ai maintes fois signifié à leurs différents responsables. La question de la parité se pose. Je ne peux pas supporter que la parole soit donnée à tour de bras aux rebelles et seulement une ou deux fois tous les six mois au camp présidentiel. A l'AFP (agence France presse), je regrette le trop de commentaire fait au sujet de la Côte d'Ivoire. L'AFP étant par excellence une agence, une source d'information pour plusieurs médias du monde. ". Puis de poursuivre : " l'autre volet de ma mission concerne la décrispation des relations entre la France et la Côte d'Ivoire. Pour ne pas dire le rapprochement des deux chefs d'Etat. Il n'est un secret pour personne, la crise ivoirienne dure parce que le président Chirac a décidé volontairement de bouder son homologue ivoirien. Lui-même l'a reconnu à Bucarest quand il dit ne plus se souvenir de son dernier coup de fil avec le président Gbagbo. Je ne peux pas comprendre que 72% de l'opinion ivoirienne soit favorable à un président démocratiquement élu dans un pays souverain et en face on trouve des personnes qui légitiment des acteurs d'un coup d'Etat manqué et qui s'est mué en rébellion. Mais ce que je regrette en tant que français, c'est de regarder avec impuissance mon pays soigner avec mes impôts des gens qu'on appellerait ici en occident des terroristes, alors qu'en plus de leurs salaires de ministres ivoiriens, payés par les contribuables de la seule partie sous contrôle des forces loyalistes, ces rebelles continuent de piller la zone sous leur contrôle en direction des pays limitrophes.
Beaucoup de diplomates français que j'ai rencontrés m'ont dit qu'ils ne comprennent pas non plus l'attitude de l'Elysée en Côte d'Ivoire. " M. De Chambry a par ailleurs reconnu que la parade n'est pas simple mais avec qu'un peu de conscience et de responsabilité, les deux principaux acteurs que sont Chirac et Gbagbo sauront placer en avant l'intérêt des peuples et non celui des multinationales, qui ont pour seuls objectifs de faire du bénéfice.
M. De Chambry qui se déplace régulièrement en Côte d'Ivoire dit y être le bienvenu et en sécurité. " Je me promène dans les rues d'Abidjan librement sans être escorté par des blindés. Aussi, ce que j'ai remarqué c'est qu'il y a de plus en plus de blancs en Côte d'Ivoire qui malheureusement ne parlent pas le français. C'est dommage pour la France ! " Le nouveau conseiller auprès du président ivoirien a tenu à partager en fin d'entrevue une pensée du président Gbagbo qui est la suivante : " je serai le meilleur ambassadeur de la France si elle accepte de revoir sa vision."
»