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« «Révisionnisme évolutif» | Page d'accueil | CENSURÉ SUR blogs.nouvelobs.com : «De quoi les Ivoiriens et les autres Africains francophones ont-ils besoin aujourd’hui ?» »

jeudi, 06 juillet 2006

Petit mémento en 20 points sur la crise franco-ivoirienne




Au moment où la «révision évolutive» (selon la formule
«Révisionnisme évolutif» de Th. Kouamouo) de la lecture que fait la presse française de la crise franco-ivoirienne prend le tournant tragi-comique que l’on sait, et dont Thomas Hoffnung est le dernier porte-parole, il n’est pas inutile de reproduire ce petit mémento publié en novembre 2004 dans www.ivoireforum.com (http://www.ivoireforum.com/a_la_une.asp?id=676), qui prend, avec un an et demi de recul, des allures prémonitoires…


Petit mémento en 20 points sur la crise franco-ivoirienne :

1. Saviez-vous qu’en 1999 la position française était que les conditions de nationalité ne permettaient pas à A. D. Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle ivoirienne (cf. Bernard Debré, Le Figaro, 25. 11. 1999) ?

2. Saviez-vous que le concept d’ «ivoirité» proposé contre lui par son adversaire d’alors, H. K. Bédié (allié, aujourd’hui, de ce même A. D. Ouattara et des rebelles contre L. Gbagbo), n’a en revanche jamais été accepté par L. Gbagbo ?

3. Saviez-vous que A. D. Ouattara est de ceux qui ont appelé (sous le gouvernement Guéi) à voter «oui» au référendum d’alors, avec la clause électorale de la nationalité sur la Constitution de la IIe République qui doit être à présent réformée par un autre référendum pour qu’il puisse se présenter ?
(Depuis L. Gbabgo a usé des prérogatives présidentielles que lui donne l'art. 48 de la Constitution pour lui permettre de se présenter quand même.)

4. Saviez-vous que les divers responsables du parti et du gouvernement (dénigré comme «ethnique») de L. Gbagbo (démocratiquement élu, rappelons-le), viennent des quatre coins de la Côte d’Ivoire ?

5. Saviez-vous que grâce à L. Gbagbo et au forum de réconciliation nationale qu’il a mis en place avant la tentative de coup d’État de septembre 2002, la nationalité ivoirienne a été accordée à A. D. Ouattara ?

6. Saviez-vous que L. Gbagbo avait mis en place, dans la foulée de ce forum, un gouvernement d’union nationale incluant le parti de A. D. Ouattara — avant, donc, la tentative de coup d’État de 2002, et donc avant que Marcoussis ne prétende le lui imposer en février 2003 — ?

7. Saviez-vous que les rebelles sont descendus jusqu’à Abidjan, où ils ont tué le Ministre de l’Intérieur, et qu’ils en ont été repoussés non par l’armée française, mais par l’armée ivoirienne ?

8. Saviez-vous que l’armée française a simplement bloqué tout le monde à Bouaké, Marcoussis entérinant cela, tandis que les Ivoiriens croyaient que la France mettrait au contraire en place les accords de défense scellés avec la Côte d’Ivoire ?

9. Saviez-vous que les populations du Nord ont fui en masse l’occupation rebelle et qu’on n’a pas assisté à ce mouvement en sens inverse (les populations du Nord ne se sentent donc manifestement pas persécutées au Sud !) ?

10. Saviez-vous que si l’on s’en tenait à l’affichage horaire des dépêches de presse, les deux Sukhoï ivoiriens sembleraient avoir été détruits par l’armée française quelques heures avant l’attaque (dont on ne cesse de s’étonner de l’absurdité) du camp français de Bouaké (dépêches du 6. 11. 2004 : 10 h 03 pour l’AFP, 10 h 26 pour Reuters*) ?
(La question que je posais alors sur nouvelobs.com — http://unevingtaine.wordpress.com/2009/02/18/j%E2%80%99ai... — concernant l’horaire des dépêches n’a toujours pas obtenu de réponse.)

11. Saviez-vous qu’un tel dérèglement des horloges des ordinateurs de deux agences de presse de cette importance ne peut que nourrir le doute des Ivoiriens sur la réalité de ladite attaque ivoirienne du camp de Bouaké ?

12. Saviez-vous que lorsque les Ivoiriens parlent de riposte disproportionnée, ils ne pensent pas tant à la seule destruction des Sukhoï, qu’à la destruction de tous les aéronefs ivoiriens (y compris civils), au bombardement des deux résidences présidentielles (Yamoussoukro et Abidjan), à la prise de l’aéroport et des deux ponts d’Abidjan (tout cela accompagné de tirs sur la foule), au positionnement d’une trentaine de chars autour de la résidence de L. Gbagbo, puis dans foulée à l’envoi depuis la ligne de front de dizaines d’autres chars (tout cela accompagné de tirs sur les populations qui voulaient s’opposer à cette descente des chars vers Abidjan), chars bientôt positionnés à proximité de la résidence présidentielle à l’hôtel Ivoire d’où l’armée française a de nouveau tiré sur la foule — foule sans armes, ni projectiles ou autres — ?

13. Saviez-vous que cela a été interprété (on peut concéder : de bonne foi !) comme une tentative de coup d’État ?

14. Saviez-vous que ce sont les tirs sur la foule sans armes, depuis les hélicoptères français, lors de la prise de l’aéroport, occasionnant, selon le CICR, de nombreux morts et blessés, qui ont provoqué la prise à partie de résidents français (conçue comme légitime défense, puisque la France prétextait les défendre) ?

15. Saviez-vous que sur ces entrefaites se sont retrouvés dans la foule 4000 prisonniers, évadés la prison gérée par une ministre anti-Gbagbo imposé par les accords de Marcoussis — et qu’aucun pillard n’a été arrêté par l’armée française (qui semblait donc avoir autre chose à faire) ?

16. Saviez-vous que «les médias de la haine» n’ont fait essentiellement pendant ces événements que lancer des appels aux dons de sang (il suffisait de les écouter pour le savoir) pour les blessés dont beaucoup par balles (près de 3000 d’après le CICR qui préfère ne «pas donner de précisions sur le nombre de morts ni sur les causes des décès, "afin de ne pas jeter d'huile sur le feu"», selon l’AFP — Genève, 22 nov 2004 — 18 h10) ?

17. Saviez-vous que le mythe de l’analogie rwandaise (qui fonctionne selon le syllogisme : problème politique chez les Noirs = futur Rwanda ! — Problème politique en Europe = future Shoah ?) propagée par un film distribué sous le manteau, a été ridiculisé par la diffusion en Côte d’Ivoire dudit film («Poudrière identitaire») à une heure de grande écoute (le mardi 14 août 2001 — en prime time, suivi d’un débat contradictoire relayant tous les courants d’opinion) ?

18. Saviez-vous que L. Gbagbo s’est toujours refusé à interdire les journaux d’opposition ?

19. Saviez-vous que la mise temporaire sous silence, par quelques manifestants, des médias reproduisant des propos comme ceux de responsables français qualifiant d’ «outranciers» les témoignages des témoins de faits avérés tels que décapitations par balles de l’armée française, a eu pour effet de calmer les esprits ?

20. Saviez-vous que ce qui vaut en France aux médias ivoiriens l’intitulé de «haineux» est d’avoir «excité» les lecteurs essentiellement par la reproduction de Unes et d’articles de journaux français sur la Côte d’Ivoire ?

Etc., etc. Mais qui veut savoir tout cela ? Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage !

___________________________________
* Annexe

AFP - 06/11/2004 10:03:08 :
«Les militaires français ont détruit samedi au sol sur l`aéroport de Yamoussoukro (centre de la Côte d`Ivoire) deux chasseurs-bombardiers Sukhoï de l`armée ivoirienne, a annoncé à l`AFP le colonel Philipe Mangou, du commandement ivoirien du théâtre des opérations militaires.
"Les militaires français ont détruit nos Sukhoï au sol", a indiqué le colonel Mangou sans préciser les raisons de cette action.
Celle-ci est intervenue "en rétorsion" d`un bombardement de l`aviation ivoirienne en début d`après-midi sur un cantonnement de soldats français à Bouaké (centre), le fief des rebelles, a appris l`AFP de bonne source.
Ce bombardement aurait fait "plusieurs victimes" dans les rangs français, selon cette source qui n`a pas donné plus de détails.»

Reuters - 06/11/2004 10:26:51 :
«Deux avions gouvernementaux ivoiriens ont été abattus samedi par l`armée française après avoir bombardé une position française à Bouaké, dans le nord du pays, faisant huit morts et 23 blessés parmi les militaires français, a-t-on appris auprès d`une source onusienne.
"Des sources militaires au sein des Nations unies ont dit que deux Soukhoï (des avions militaires) appartenant à l`armée ivoirienne venaient d`être détruits après que ces appareils eurent visé une cible française", a déclaré Jean-Victor Nkolo, porte-parole de la mission des Nations unies en Côte d`Ivoire.
"Huit personnes ont été tuées et 23 autres blessées. Tous étaient des soldats français" a-t-il ajouté.»




Commentaires

Mais qui donc a tué les 8 soldats de Bouaké
et fait 35 blessés, selon vous ?
Merci de votre réponse.
chayR.

Écrit par : chayR | jeudi, 06 juillet 2006

Question de chayR : "Mais qui donc a tué les 8 soldats de Bouaké et fait 35 blessés, selon vous ?"
Réponse : L'enquête, si elle aboutit, le dira. Les enquêtes, si elles aboutissent, faudrait-il dire. Celle dirigée par le procureur militaire ivoirien Ange Kessi, qui s'est vu interdire l'accès au camp français de Bouaké pendant près de deux mois. Celle de la juge française Brigitte Raynaud, dont le travail se rapprochait de celui d'Ange Kessi - et qui, suite a son remplacement, a été confiée à Florence Michon. La commission parlementaire française à la défense, présidée par l'UMP Guy Teyssier a décidé en 2004 de refuser toute enquête parlementaire (qui pourrait selon lui, être signe de défiance envers nos soldats). Les derniers développements de l'actualité montrent qu'au fur et à mesure que l'enquête progresse, les déclarations françaises de 2004, reprises par notre presse unanime comme argent comptant, se nuancent considérablement. La presse française a toujours parlé comme si on savait avant toute enquête qui a tué les huit soldats et en a blessé d'autres, pourquoi cela, qui l'a décidé et avec quelle intention!
Dans n'importe quelle autre situation, on serait contraint à plus de prudence, contraint, par exemple, de parler pour l'instant de "bombardement présumé". Ne pouvant donc pas plus que quiconque, répondre à votre question, je m'en tiens à cette réserve en attendant que l'on sache effectivement ce qui s'est passé. Je reproduis ici cet article de 2004, qui paraissait alors incongru, pour montrer qu'il l'est beaucoup moins aujourd'hui que l'Express et Libération (pour ne citer qu'eux) ont nettement nuancé leurs certitudes d'il y a un an et demi, préalables à toute enquête. Bref, je suis un cas un peu rare, il est vrai : j'attends que l'on sache...

Écrit par : Delugio | vendredi, 07 juillet 2006

@ delugio
Merci pour votre réponse qui a l'honnêteté de dire qu'elle ne sait pas ; mais aussi réponse qui fait froid dans le dos au regard des magouilles de la France-Afrique (Francs et Fric, devrait-on dire).
à vous lire.
Paix et Salutation
chayR abou riyaD.

Écrit par : chayR | samedi, 15 juillet 2006

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