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mardi, 04 juillet 2006
Événements de Bouaké — panique à bord (suite) : si l’hypothèse de L’Express était vérifiée…
Si l’hypothèse de L’Express du 18 mai 2006 (article signé Vincent Hugeux, Eric Pelletier, Romain Rosso) reprise hier (3 juillet 2006) par Thomas Hoffnung de Libération était vérifiée…
Voilà un dossier de Libération cité ce matin avec gourmandise par la plupart des journaux ivoiriens. Ceux de l’opposition de droite (politico-rebelle) — en tête desquels le journal du RDR de Ouattara Le Patriote : ici rien de surprenant : Libération est quasiment copié-collé dès le titre de la Une.
Mais la presse proche des patriotes et du FPI reproduit de même l’article de Libération d’hier. Voilà qui, du coup, pourrait surprendre, n’était ce qu’induit en fait la thèse de L’Express reprise par Hoffnung, en passe de devenir, à défaut de mieux, la thèse médiatique française officielle.
Pourquoi donc une telle jubilation de la presse «proche du pouvoir» ivoirien qui est pourtant la première cible de Hoffnung ?
C’est que l’hypothèse franco-médiatique, supposant une intention délibérée de Gbagbo concernant les événements de Bouaké, qui donc ont déclenché la réaction en chaîne de novembre 2004 : événements d’Abidjan, «guerre des six jours», le tout débouchant sur un discrédit durable de la Chiraquie dans toute l’Afrique — cette hypothèse recèle implicitement la transformation de Chirac en un débutant et un amateur, tombé plus qu’à souhait dans le piège qui lui aurait donc été tendu.
Non seulement, donc, selon ladite thèse, le pouvoir français est (au moins indirectement) présenté comme complice (plus ou moins piégé) d’un «bombardement intentionnel» de soldats français — mais puisque ledit bombardement est présenté comme piège tendu à ce même pouvoir français, visant à le faire réagir violemment pour mobiliser contre lui la population, le pouvoir français a donné plus qu’abusivement dans le panneau ! Il serait donc tombé — suite à un coup de sang de Chirac (selon l’explication de Robert Marmoz dans le Nouvel Obs en décembre 2004) — tête baissée et sans réflexion dans le piège qui lui aurait été ainsi tendu ! Et cela — oh comble ! — ne s’est pas fait à son insu, selon la presse française. L’Express croit même pouvoir préciser que les manifestations d’Abidjan avaient commencé avant !
Voilà une défense de la Françafrique qui prêterait à rire n’était la réalité dramatique de tout cela — et cela au prix d’un embrouillamini (que j’ai essayé de démêler hier), conséquence de la volonté obtuse de ne pas lâcher le postulat de base voulant qu’il y ait eu là forcément un bombardement délibéré. Et effectivement lâcher un tel postulat serait assez coûteux aussi, puisque ce postulat est la seule légitimation de l’entrée directe en 2004 de la France dans la guerre contre la Côte d’Ivoire républicaine.
Faut-il que la Françafrique soit aux abois pour en être réduite à cette seule extrémité ! — : faire du pouvoir français le complice naïf et malgré lui d’un crime délibéré, qui de plus aurait été un piège tendu contre lui et dans lequel il serait tombé tête baissée en réagissant de façon on ne peut plus prévisible !
Bref, au point où on est en est, dans tous les cas de figure, les acteurs de la Françafrique, naïfs, criminels ou criminels et amateurs de surcroît, ont de quoi être amers !
11:50 Publié dans Analyses & commentaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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