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mardi, 13 février 2007

Les porte-voix d’un Président sortant : après Pierre Péan, Brigitte Girardin



Le propos de Benjamin Silué sur le
livre-entretien de fin de mandat réalisé avec le journaliste Pierre Péan, titré «L’Inconnu de l’Elysée», vaut pour Brigitte Girardin qui affirme avec un aplomb qui confine au «toupet» : «l'après-Chirac inquiète les Africains» — propos qui devient le titre de son interview au Figaro.
Effectivement, sachant les successeurs probables de Chirac, il y a de quoi s’inquiéter… mais pas exactement pour les raisons qu’avance Brigitte Girardin !
Apparemment, le Président français a décidé de préparer une retraite vraisemblable et se donne des porte-voix !
Où, en guise de scoop, et comme en-tête de programme explicatif de l’œuvre mémorable de Chirac en Afrique (mais pas exactement pour les raisons qu’y ont vu les peuples africains — dont il connaît si bien l’âme), la
ministre déléguée au Développement nous explique d’emblée — comme la Françafrique le répète depuis sa création — que «ce que l'on appelle la ‘Françafrique’ n'existe plus depuis longtemps»… Il n’y a en effet qu’à vérifier par les faits (Benjamin Silué en rappelle quelques-uns)…
Une interview d’une énormité qui se
passe de commentaires supplémentaires — et qui vaut d’être citée intégralement ! — :


LE FIGARO
Propos recueillis par ALAIN BARLUET ET PIERRE ROUSSELIN.
Publié le 12 février 2007
http://www.lefigaro.fr/international/20070212.FIG00000029...


«Le ministre délégué au Développement évoque les thèmes qui seront évoqués au sommet France-Afrique qui s'ouvre mercredi à Cannes.



LE FIGARO. - Les relations entre la France et l'Afrique ont-elles évolué ?

Brigitte GIRARDIN. -
Ce que l'on appelle la « Françafrique » n'existe plus depuis longtemps. Nous avons désormais avec les pays africains une relation de partenariat. Nous n'imposons plus nos projets de coopération, nous en discutons. Nous nous inscrivons dans leur stratégie de développement. Avec la réforme de la coopération, nous avons mis fin au saupoudrage qui faisait que nous déversions de l'argent sans évaluer ce que nous faisions. Désormais, chaque année, nous évaluons chaque projet. C'est un respect que nous devons tant aux Africains qu'aux contribuables français. Chaque euro dépensé doit l'être avec efficacité.

En quoi notre approche de l'aide au développement a-t-elle changé ?

Nous avons changé nos méthodes. Mais surtout, nous sommes parvenus à convaincre que l'aide budgétaire, même accrue, ne suffira pas à éradiquer la pauvreté ou combattre le sida. Non seulement, nous avons donc doublé notre effort budgétaire d'aide au développement par rapport au gouvernement Jospin, mais, surtout, le président Chirac a été le premier à ouvrir la voie de financements innovants pour le développement : avec la taxe sur les billets d'avion, on dispose ainsi de ressources stables et prévisibles qui permettent d'élaborer de véritables stratégies de développement. Et au-delà de cet effort de solidarité, il y a aussi une prise de conscience qu'en aidant le Sud on s'aide soi-même. Par exemple, on ne réglera pas le problème de l'immigration clandestine uniquement par une politique sécuritaire et répressive, sans une politique de développement pour que ces populations aient des perspectives, d'emploi notamment, dans leur pays d'origine.

Peut-on parler d'un recul de la France en Afrique ?

C'est une idée répandue qui ne correspond absolument pas à la réalité. En termes d'aide, il y a un problème de visibilité dans la mesure où nous consacrons une part plus grande de nos interventions à l'aide multilatérale. Mais nous avons, en fait, quasiment triplé notre financement des projets d'aide bilatérale. Pour rectifier cette impression qui n'est pas juste, j'ai créé un nouveau logo France Coopération qui figure maintenant sur tous les projets où il y a de l'argent français.

Si la France n'est plus le « gendarme de l'Afrique », conserve-t-elle néanmoins suffisamment d'influence pour résoudre les crises ?

Que la France ne soit plus « le gendarme de l'Afrique » est une très bonne chose. Le monde a évolué. Nous avons des accords de défense et de coopération militaire que nous honorons avec les pays africains. Nous participons aussi à des opérations de maintien de la paix de l'ONU, comme en Côte d'Ivoire, ou de l'UE, en RD Congo. De plus en plus, nous intervenons aussi bien dans le cadre d'opérations de l'ONU, que des enceintes régionales africaines, ou encore en appui technique à la formation des armées africaines. En Côte d'Ivoire ou ailleurs, un même processus se dessine : les Africains prennent eux-mêmes en main leur destin et s'impliquent dans les crises régionales pour essayer de les résoudre. Ils portent ensuite leurs propositions devant l'ONU qui intervient pour les aider à sortir des crises qu'ils traversent.

En Côte d'Ivoire, cela ne fonctionne pas...

Il y a des crises que la communauté internationale n'arrive pas à résoudre parce qu'il manque le minimum de volonté des partenaires concernés d'y parvenir. On ne peut pas se substituer aux Ivoiriens et faire le travail à leur place. Espérons que la relance actuelle du dialogue aboutira à une véritable sortie de crise et à des élections libres. Et n'oublions pas que les forces de l'ONU appuyées par les soldats français de Licorne ont permis d'éviter des massacres et la guerre civile. Notre souhait comme celui de la communauté internationale est d'arriver au plus vite à une situation où la présence de Licorne et de l'Onuci ne sera plus nécessaire.

Les Africains s'inquiètent-ils d'un départ de Jacques Chirac du pouvoir ?

Pour tous les chefs d'État et les ministres africains que je rencontre, l'image de Jacques Chirac est exceptionnelle. Ils sont inquiets parce qu'ils ne veulent pas perdre le meilleur avocat qu'ils n'ont jamais eu. La dimension personnelle et affective de ses relations avec l'Afrique est unique.»