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lundi, 02 octobre 2006

«Après New York, Chirac échoue à nouveau à Bucarest»



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 829 du Samedi 30 Septembre 2006 — http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=15... :

par
Anassé Anassé :

«Crise ivoirienne – Le XIème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie a pris fin {…} vendredi à Bucarest, en Roumanie. Le président français Jacques Chirac qui espérait la caution de l’OIF pour introduire à l’ONU une résolution plus «musclée» contre son homologue ivoirien Laurent Gbagbo, n’a pas été suivi par ses pairs.

Le moins qu’on dire, c’est que le président Laurent Gbagbo continue de mener Jacques Chirac aux points. Le président français, qui avait vertement critiqué jeudi son homologue ivoirien sur les chaînes de radio et télévision françaises (RFI et TV5), a perdu la bataille de Bucarest.
En effet, le locataire du Palais de l’Elysée espérait obtenir le soutien de la soixantaine de pays présents au XIème sommet de la Francophonie, qui a eu lieu les jeudi 28 et vendredi 29 septembre en Roumanie, pour «déshabiller Gbagbo et habiller Banny». A Bucarest, Chirac a plaidé haut et fort pour un renforcement des pouvoirs de Konan Banny. Après avoir qualifié le Premier ministre ivoirien d’«homme de sagesse qui n'est pas impliqué dans la défense d'intérêts particuliers en Côte d'Ivoire, qui incarne donc autant que faire se peut l'intérêt général», le président français a déclaré que «je serais pour ma part tout à fait favorable à ce qu'une disposition constitutionnelle lui permette d'avoir les pouvoirs les plus larges possibles». Ainsi, l’AFP révélait jeudi que «selon le projet de déclaration (finale), Paris a fait une «proposition alternative» plus musclée que la version retenue par le comité de préparation, qui regroupe les 49 Etats membres de plein droits de l'OIF». Mais au final, Chirac n’a pas été suivi par l’OIF.
L’extrait de la déclaration finale du sommet de la Francophonie se rapportant à la Côte d’Ivoire est effectivement beaucoup moins virulent à l’égard du président Laurent Gbagbo. Les participants au sommet regrettent notamment «les nombreux blocages et le manque de volonté réelle des acteurs politiques ivoiriens» de sortir de la crise, sans toutefois rejeter la faute sur le président ivoirien Laurent Gbagbo, écrit l’AFP. Ce qui n’a pas été le cas du président français Jacques Chirac, qui a traité le président ivoirien de tous les noms d’oiseaux dans un entretien jeudi soir à TV5 et RFI. Les participants au sommet de Bucarest, auquel le numéro un ivoirien n’a pas assisté, regrettent tout juste «le report des élections présidentielles initialement prévues le 31 octobre 2006 au plus tard, selon les termes de la résolution 1633 du Conseil de sécurité». Et insistent sur le fait que «l’objectif doit demeurer l’organisation d’élections libres et démocratiques», fondées sur un «processus d’identification équitable et le désarmement de toutes les forces combattantes». L’OIF inscrit donc au titre des mesures qui pourraient conduire à la sortie de crise en Côte d’Ivoire, le désarmement des rebelles. Ce qui sonne donc comme un désaveu pour le président français. De plus, la déclaration finale de Bucarest n’a pas non plus repris l’idée de «larges pouvoirs constitutionnels» à accorder au Premier ministre Charles Konan Banny, telle qu’exprimée avec force par le président Jacques Chirac, et soutenue par le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf.
Lors de la rencontre «informelle» de New York sur la Côte d’Ivoire, le 20 septembre dernier, la France avait espéré la «suspension» de la Constitution ivoirienne. Elle a échoué. Hier encore à Bucarest, Paris, par la voix de son président, a milité en faveur d’un «Premier ministre fort» et d’un «président de la République faible». Il n’a pas eu gain de cause. Chirac vole d’échec en échec dans le conflit crypto-personnel qui l’oppose au président Laurent Gbagbo. »