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« Déchets toxiques. Démission du gouvernement ivoirien. Silence — pour l’instant persistant — de la presse française | Page d'accueil | «Refus du bloc rebelle d'entrer dans le nouveau gouvernement: Le plan B de Chirac en route» »

jeudi, 07 septembre 2006

Déchets toxiques. Et si l’on avait là la raison du mystérieux silence de plusieurs jours des médias français ?



Le Courrier d’Abidjan
Parution N° 809 du Jeudi 7 Septembre 2006 http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Les acteurs du trafic passent à table et s’accusent»

par Danielle Tagro, Sylvestre Konin et Théophile Kouamouo :

«Révélations – Le Port autonome attaque le ministre des Transports. La société consignataire Waibs évoque toutes les autorisations reçues par le bateau. Le propriétaire et le locataire du Probo Koala reconnaissent la toxicité des déchets déversés à Abidjan. Et accusent Tommy. L’on se rend compte aussi que Trafigura, la multinationale au centre du scandale, a été citée dans le scandale «Pétrole contre nourriture» et est liée à un proche du président français Jacques Chirac.



L’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan ne sera pas le fait divers passager que beaucoup d’intérêts tapis dans l’ombre avaient espéré qu’elle soit. Elle se présente d’ores et déjà comme une gigantesque affaire d’Etat aux ramifications internationales incroyables. Et les rats commencent à quitter le navire Probo Koala ! Un à un, les acteurs cités dans le trafic passent à table et se «balancent» les uns les autres. Qui sont-ils ? Que disent-ils ?
A la fin de la chaîne, on retrouve la société Tommy, agréée le 12 juillet en qualité d’avitailleur spécialisé en matière de vidange des navires par un arrêté du ministre des Transports, Anaky Kobena – la seule à garder le silence jusqu’ici. C’est elle qui a récupéré les déchets à bord du navire et organisé leur dispersion sauvage dans les communes d’Abidjan. Mais elle n’est pas seule. C’est au Port autonome d’Abidjan que le Probo Koala, dont le consignataire ivoirien est la société Waibs, a accosté et a été déchargé. C’est la compagnie Trafigura Ltd, spécialisée notamment dans le négoce des produits pétroliers, qui est responsable de la cargaison du bateau, qu’elle a affrété. Le bateau, qui bat pavillon panaméen, étant lui-même propriété de la compagnie grecque Prime Marine Management INC, basée au Pirée. Les aveux et explications des uns et des autres permettent, d’ores et déjà, de remonter quelque peu la chaîne de responsabilité.

Le Port autonome d’Abidjan accuse en bloc le ministre des Transports, Anaky Kobena

La ligne de défense du Port autonome d’Abidjan est centrée autour d’une interrogation : pourquoi le ministre des Transports a-t-il, «contre toute attente», donné à la société Tommy, très opportunément, un agrément (là où une seule compagnie était spécialisée dans le secteur depuis de nombreuses années), une attestation en vue de la réception du produit toxique par la décharge publique d'Akouédo et un accord d'escorte douanière, lui permettant d’exercer en toute légalité (voir article Cyrille Djedjed). L’argumentaire ainsi développé est politiquement efficace, puisqu’il réinstalle le débat dans une dichotomie camp présidentiel-opposition. Mais les procédures ISPS ont-elles été scrupuleusement respectées, de bout en bout ? Le port n’avait-il pas, en dehors de tous les démembrements de l’Etat, l’obligation de procéder à ses propres vérifications ? La question reste posée et le sera tant que des précisions techniques plus convaincantes ne seront pas données.

Le consignataire ivoirien ne veut assumer que le rôle «d’intermédiaire»

Sous réserve d’anonymat, un cadre de la société Waibs, consignataire du bateau, s’est confié au Courrier d’Abidjan. Il tient à dire que Waibs n’a pas choisi de travailler avec la compagnie Tommy, mais qu’elle lui a été imposée. «Dans la nomination que nous avons reçue, Trafigura nous a demandé de contacter la société Tommy parce qu’au préalable il y avait eu un échange entre la société Tommy et Trafigura. Compte tenu des assurances données par Tommy, Trafigura nous a dit de prendre contact avec la société Tommy dont les références sont en attache du message de nomination. Contrairement à ce que les gens disent, nous n’avons pas coopté Tommy. La société Tommy a été imposée à Waibs pour suivre ces opérations», se défend-il. Le cadre de Waibs qui s’est confié au Courrier d’Abidjan nous a montrés un ensemble d’autorisations que Tommy avait eus les autorisations, poussant sa société, qu’il qualifie de «simple tuteur» du bateau, à être rassurée. «Quand un bateau arrive, toutes les autorités du port viennent à bord pour faire des vérifications et on le déclare. Tommy a eu une autorisation de la Douane, un agrément. Tommy a eu une autorisation de la décharge, un reçu d’Akouédo et une lettre de garantie. En plus, il y avait une escorte douanière ! Si un bateau vient au port et commet une infraction, dans ce cas-là, le port nous adresse un courrier pour nous le dire et cela engage notre responsabilité. Mais notre responsabilité se limite à l’enceinte du port. Petroci a accordé au bateau l’autorisation de venir sur le quai. Ce n’était pas un navire clandestin.»
Le cadre de Waibs affirme que le Probo Koala ne transportait pas des déchets toxiques mais des slops, c’est-à-dire des simples résidus de nettoyage de cales sans grande toxicité. Ce sont d’ailleurs ces fameux slops que la compagnie Tommy avait évoqués dans ses courriers aux autorités portuaires…

Le propriétaire du bateau affirme qu’il s’agissait de déchets toxiques, et que les autorités étaient au courant

Peut-on être plus royaliste que le roi ? Le propriétaire du bateau confirme sans peine que le Probo Koala a bel et bien «vidangé» des déchets toxiques à Abidjan. «Il ne s'agissait pas d'une cargaison toxique mais de déchets de précédentes cargaisons rendus toxiques par réaction chimique», a affirmé à l’AFP M. Kouleris, directeur des opérations de la compagnie grecque. «Toute l'opération était parfaitement légale, ce que nous pouvons comprendre est que Tommy a disposé ses déchets comme elle n'aurait pas dû le faire», a-t-il dit. Il a également précisé à l’AFP que le bateau, propriété de Prime Marine Management, n'était de toute manière pas sous sa responsabilité, étant affrété depuis un an et demi par la compagnie multinationale Trafigura.

La compagnie Trafigura enfonce Tommy

La compagnie Trafigura, spécialisée dans le trading des produits pétroliers et des métaux, ne nie pas non plus la toxicité de ses déchets. «Trafigura Beheer, soucieuse, a pris connaissance du rapport établissant que le résidu de la cargaison de gazole du Probo Koala, navire affrété par le groupe, a été vidé à Abidjan de manière inconsidérée», a réagi mercredi, dans un courrier électronique envoyé à l'AFP à La Haye, la société-mère de Trafigura, basée en Hollande.
«Cela a été fait en dépit des communications émanant du groupe aux autorités (ivoiriennes, ndlr) à propos de la composition des déchets, et d'une demande écrite assortie des documents requis afin que les déchets soient traités selon les lois de ce pays», affirme ce communiqué. Trafigura, qui confirme que les déchets étaient un mélange de gazole, d'eau et de soude caustique, assure être prête à «assister de tous les moyens la nouvelle commission gouvernementale à Abidjan».

Qui est vraiment Trafigura ?

Cela ne serait-il pas trop facile, finalement, de mettre en cause une société nouvellement créée, qui a tout l’air d’une société-écran ? Trafigura, habituée des activités en mer, ne savait-elle pas que la Côte d’Ivoire ne disposait pas de stations de déballastage capable de traiter ce type de déchets toxiques ? Les données de ce type sont disponibles sur les bases de données internationales ! Pourquoi avoir choisi pour une tâche aussi délicate une étrange compagnie agréée moins d’un mois plus tôt ? Intrigant ! D’autant plus que M. Kouleris, directeur des opérations du propriétaire grec du bateau, a indiqué à l’AFP que Tommy appartenait «au groupe local Puma Energy». Or, un voyage sur le site de Puma Energy International (dont Puma Energy Côte d’Ivoire est une filiale), nous apprend qu’en l’an 2000, «Trafigura Beheer BV, l'un des partenaires présents dès la fondation du groupe, a pris la pleine propriété et la gestion de Puma qui comprend maintenant treize sociétés d'exploitation dans dix pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Australie». Mais si Puma Energy appartient à Trafigura et que Tommy appartient à Puma Energy, Tommy appartient à Trafigura ! Les enquêteurs ivoiriens gagneraient à étudier les statuts de Tommy, pour connaître ses propriétaires et les différentes connexions dont ils peuvent se prévaloir.
Trafigura n’est de toute façon pas une compagnie «propre». Cette compagnie a été citée par une commission d’enquête onusienne dans le cadre du scandale «Pétrole contre nourriture» en Irak, dans laquelle les réseaux françafricains de Jacques Chirac et de Charles Pasqua étaient mêlés. Selon le journal satirique et d’investigation français Le Canard Enchaîné et le défunt François-Xavier Verschave, Trafigura est liée à un proche ami de Jacques Chirac, Patrick Maugein, Corrézien comme lui, et qui fait partie de son réseau d’influence en Afrique. Trafigura a été créée par des anciens traders du sulfureux Marc Rich, «empereur des traders» américain, impliqué dans une fraude fiscale de 50 millions de dollars… et gracié par Bill Clinton à la fin de son second mandat ! Et Patrick Maugein est un ancien trader de Marc Rich…
Trafigura n’est pas, par ailleurs, une entreprise inconnue sur la place d’Abidjan. Cette compagnie a réalisé une grande partie du chiffre d’affaires de la Société ivoirienne de raffinage (SIR), dans le cadre de ses activités de trading. Les responsables du Probo Koala sont donc bien connus en Côte d’Ivoire, et font de bonnes affaires ici !
Il est sans doute donc logique de s’interroger. Pourquoi avoir donné, en Côte d’Ivoire, sans appel d’offres, une telle importance à une telle compagnie «à problèmes» ? Le gouvernement va-t-il faire annuler tous les contrats de cette multinationale de mauvaise réputation coresponsable, quoi qu’on dise, de cette catastrophe ?»


Bref, pas de grain à moudre dans le cadre du sport préféré de nos médias : dénigrer le combat de la résistance et des patriotes ivoiriens...


Et si, du coup,
la démission du gouvernement Banny, qui à la fois dévoile l'ampleur du scandale, et qui a sans doute surpris la Françafrique obligée de sortir du silence, se trouvait relever du compromis (n'oublions pas que Banny est là par la volonté de la "communauté internationale") ? L'article ci-dessous est utile à ce sujet :


Le Courrier d’Abidjan Parution N° 809 du Jeudi 7 Septembre 2006
http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=14... :

«
Charles Konan Banny, irresponsable jusqu’au bout !»

par
Sylvestre KONIN :

«
Quand nous disions que Charles Konan Banny était incurablement irresponsable, d’aucuns croyaient qu’il s’agissait de calomnies gratuites proférées par un «extrémiste haineux». Sa réaction d’hier dans l’affaire des déchets toxiques déversés sur Abidjan finira certainement par convaincre les plus sceptiques. Dans ce scandale inqualifiable, l’Etat a gravement dysfonctionné, et des ministres mouillés jusqu’au cou. Et que fait notre Premier ministre ? Les a-t-il contraints à la démission pour les livrer à la Justice ? Non ! Les a-t-il limogés comme il le faut parce qu’ils manquent de dignité et d’honneur pour démissionner d’eux-mêmes ? Non ! Notre cher Premier ministre irresponsable ne peut et ne veut sanctionner personne dans son fameux Gouvernement de crabes et de scorpions, pour ne fâcher ni les uns, ni les autres ! Alors que fait-il ? Il propose la démission globale de son gouvernement ! Beau à première vue ! Mais seulement pour ceux qui ont la vue courte ! Parce que la solution de Banny est une solution de lâcheté. Il refuse de sanctionner, donc il passe par l’artifice d’une pseudo sanction globale qui n’indexe personne. Et il le fait parce qu’il a reçu la garantie du Président Gbagbo de le reconduire immédiatement pour qu’il forme un nouveau Gouvernement. On reprendra donc les mêmes crabes et les mêmes scorpions, moins quelques uns ! Et nous serons donc invités à tirer la conclusion que c’était eux, les «responsables» qu’il fallait sanctionner, et qu’ils sont donc ainsi sanctionnés. Eux s’en sortiront avec la couverture de ministres que leurs différents partis n’ont pas souhaité reconduire. Voilà la comédie qui est servie à la population contaminée de façon aussi odieuse. Ce qu’il nous aurait fallu ? Que Banny renvoie les ministres impliqués, de façon responsable et sans faux-fuyant. Il faut que, sous nos tropiques, on apprenne à sanctionner individuellement les gens pour les mettre devant leurs responsabilités individuelles plutôt que de se cacher continuellement derrière des collectifs ethniques, religieux ou politiques. Et si Banny trouve la faute si grave qu’il pense que c’est tout le Gouvernement qui doit payer, il faut que ce soit pour de vrai ! Il ne doit pas nous ramener les mêmes grigous, et le Président, lui, ne doit plus les accepter ! D’ailleurs, s’il s’agissait d’une vraie démission-sanction, le Président Gbagbo aurait dû commencer par ne pas nous reconduire Banny. Il aurait dû en profiter pour nommer un Premier ministre responsable sans équivoque devant lui et lui seul, pour que, lui, soit responsable devant le peuple qui lui a fait confiance et lui a confié la sécurité des ses vies et de ses biens. Hélas, pour notre malheur, le Président Gbagbo, va reconduire ce Premier ministre irresponsable, qui à son tour, va nous reconduire à peu de choses près le même Gouvernement irresponsable et incompétent. Dans une adresse publique intitulée «Monsieur le Président, notre Etat s’effondre» publiée dans Le Courrier d’Abidjan du 29 Août dernier, j’avais averti le Président Gbagbo en ces termes : «En continuant ainsi ce laisser-faire généralisé, vous décrocherez peut-être la palme d’or du «démocrate» le plus accompli, mais vous n’aurez plus d’Etat». Aujourd’hui, plus personne n’a besoin d’analyse ni de démonstration pour constater que nous y sommes.»



Quand on lit par ailleurs la dépêche ci-dessous, on est fondé à se poser ces questions...

http://www.lintelligentdabidjan.org/Depeche2000/index.php... :
L'Intelligent d'Abidjan : Dépêche 4:26 pm

15 H 15 Le point de l’actualité avant la formation du nouveau gouvernement :

Arrivé à Abidjan en fin de matinée ce Jeudi 07 Septembre 2006,le Premier ministre reçoit depuis 14H45 le collectif des victimes des déchets toxiques. Le RHDP a annoncé une déclaration à partir de 17 H au siège du PDCI-RDA à Cocody.
Depuis 13 Heures Anaki Kobenan le leader du MFA, et ministre des Transports dans le gouvernement sortant anime une conférence de presse.
Lors de son point de presse quotidien, le porte -parole du quai d’Orsay a réaffirmé le soutien sans réserve de la France à Charles Konan Banny.


Insatisfait, cela dit, le Quai d’Orsay, comme en témoigne l’AFP citant le bloc politico-rebelle du «G7» : «
Le G7 accuse M. Banny d'avoir fait allégeance à M. Gbagbo en lui remettant sa démission, alors qu'il n'a selon elle de compte à rendre qu'à la communauté internationale» (ABIDJAN (AFP) -
jeudi 07 septembre 2006 - 22h54 - http://www.izf.net/izf/AFP2/francais/special/afrique/0609...)… Cela dans une dépêche qui stipule que «Le nouveau gouvernement ivoirien sera connu "la semaine prochaine" après une série de "consultations"»…





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